Avant-propos à la troisième partie
p. 129-130
Texte intégral
1Foucault a forgé de très nombreux concepts qui ont depuis essaimé dans plusieurs disciplines. Pouvoir, discipline, biopolitique, gouvernementalité, plus particulièrement, ont été élaborés par Foucault alors qu’il était au contact d’une série de problèmes que se posaient les sciences sociales des années 1960 aux années 1980 : le rapport aux structures, les formes de gouvernement, les contestations du pouvoir. On peut par exemple entrevoir derrière la pratique conceptuelle de la notion de pouvoir, une ligne constructive qui a permis aux historiens, aux sociologues, mais aussi aux théoriciens des Cultural Studies de penser la diversité des formes d’assujettissement et de libération. À l’inverse, d’autres ont préféré reprocher à Foucault le fait de dissoudre la subjectivité des acteurs dans l’anonymisation des forces à l’œuvre. Le pouvoir, tel que Foucault l’a théorisé, n’en finit pas de structurer ces débats. Le doublet « discipline-sécurité » s’est désormais imposé dans les études urbaines même si initialement il a été posé par Foucault dans un dialogue avec les historiens. C’est aussi le triptyque « politique, santé, médecine » qui met au jour une chronologie fine de la médecine sociale. Centrée sur le xviiie siècle et précédant la grande rupture décrite dans Naissance de la clinique, la conceptualisation foucaldienne permet de décrire un social travaillé, de toutes parts, par les questions de santé et l’investissement somatique. La constitution théorique de la notion d’« infamie » est tout aussi importante aujourd’hui. Le philosophe a bien saisi, par les archives qu’il compulse et met en avant, que c’est d’abord le droit qui qualifie l’infamie à l’époque moderne, avant que la littérature ne vienne lui contester ce monopole d’assignation.
2Ce travail propre à Foucault d’ériger de nouveaux concepts opératoires est particulièrement visible pour le concept de parrèsia, ce « dire-vrai » de l’époque antique. En effet, si Foucault, prisonnier de son temps et de sa formation, rejette les options rhétoriques de la parrèsia, il envisage cependant tous les usages de cette éthique déployée dans l’ordre politique et religieux.
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