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Les stucs de l’antiquité tardive de Vouneuil-sous-Biard (Vienne)

 | 
Christian Sapin

Chapitre II. L’étude des stucs

Bénédicte Palazzo-Bertholon, Christian Sapin, Cécile Treffort and Claude Coupry

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  • 1  Une équipe de l’UMR 5594 ARTeHIS (Centre d’études médiévales, Auxerre). Avec l’aide financière du (...)
  • 2  Cet inventaire a été réalisé par A. Ollivier. Il correspond à la numérotation d’entrée des stucs d (...)
  • 3  Photographies de Chr. Vignaud, musée Sainte-Croix.

1L’étude des fragments découverts lors des trois campagnes de fouilles a été entreprise en concertation avec les inventeurs M. Aucher et M.-R. Sire. Elle a été réalisée à partir de 1999, dans le cadre d’une convention entre le musée Sainte-Croix de Poitiers et une équipe du CNRS1. Il s’agissait de la première étude systématique de cet ensemble, fragment par fragment, qui a débuté par un inventaire des pièces réalisé par le musée de Poitiers2. Chaque pièce a été numérotée et photographiée (voir Annexe B)3. L’essentiel du travail a ensuite porté sur l’identification des fragments et le dessin des pièces (G. Fèvre) en vue de leur éventuelle reconstitution. Cette approche formelle a été complétée et prolongée par des recherches sur les différentes techniques observées concernant la caractérisation des pâtes et l’étude de la mise en œuvre et de la fabrication du stuc, la stratigraphie et l’analyse des décors, le recouvrement des badigeons et des couches picturales. Les analyses physico-chimiques ont approfondi la composition des stucs, des enduits et des couches picturales dans leur état chronologique. Comme on le verra, cette approche conjointe des éléments a permis d’avancer plus rapidement dans le regroupement d’ensemble issu d’un même décor. De nombreux fragments de stucs comportaient en effet des traces des couleurs de fonds d’où ils se détachaient.

2Les possibilités de rapprochement ou de collage, augmentées par la présence des couleurs, n’existent pas toujours dans des séries de stucs et, dans de nombreux cas, comme à Genève, le travail du puzzle est plus limité. Nous insistons sur cet aspect méthodologique, car il montre l’importance des relations pouvant exister de manière beaucoup plus forte ici, en ce début du haut Moyen Âge, que dans les premiers siècles de l’Antiquité, entre stucs et peintures.

3Cette étude a été croisée avec celle des formes reconnaissables permettant d’élaborer par la suite des hypothèses de restitution. Nous avons pu distinguer rapidement dans ce travail les quatre-vingts fragments peints avec inscriptions. Ils font ici l’objet d’une étude spécifique (voir infra, p. 102). Si dans les premières approches des stucs de Vouneuil, l’épigraphie a joué un rôle plutôt déterminant dans leur datation, nous avons volontairement traité à part l’ensemble des données pour mieux les confronter dans une synthèse finale, car rien ne permettait d’emblée de les associer directement aux fragments de stucs en relief. Pour le reste, une fois établi le répertoire formel, nous avons recherché les comparaisons permettant de mieux comprendre les éléments identifiés et pouvant autoriser des hypothèses quant à leur origine, leur situation dans l’espace ou leur datation. C’est à partir de tous ces éléments que nous tenterons de mieux situer les stucs de Vouneuil dans l’ensemble des stucs de l’Antiquité tardive et des débuts du Moyen Âge en Europe.

ÉTUDE DES FORMES, MOTIFS ET CARACTÉRISTIQUES D’EXÉCUTION

4Bénédicte Palazzo-Bertholon,

5Christian Sapin

6Très rapidement, dès leur découverte, il est apparu aux responsables de la fouille, et à M.-Th. Camus, qui a pris le relais pour la première étude, qu’en dépit de leur fragmentation variant de 1 cm à plus de 20 cm, il était possible d’identifier une majorité de morceaux à des éléments architecturaux (chapiteaux, arcs, colonnettes) et différentes parties du corps (têtes, mains, bustes) de personnages. D’autres éléments comme des rinceaux, des vrilles, des marguerites, des oiseaux ou des croix, ainsi que des enduits peints ne sont que cités. Six personnages en buste étaient alors admis dans les hypothèses de restitution (Camus, 1990, p. 151). Sans remettre en cause les formes et motifs de base, le travail de ces dernières années a pu mettre un certain nombre de ces motifs en relation, offrant de nouvelles hypothèses pour une restitution d’ensemble. Au terme de ce travail, il est aujourd’hui clairement établi qu’en dépit du nombre important de pièces retrouvées (les 300 pièces connues depuis 1984- 1985 et les 2000 qui ont été ajoutées par la suite), nous n’estimons seulement qu’à 20 ou 30 % la surface recueillie. Nous ignorons cependant où peut se trouver le reste.

7Nous déclinons ci-dessous la totalité des motifs reconnus avec leurs caractéristiques techniques et leur variante. L’inventaire général des pièces décrit chaque pièce et précise sa dimension (Annexe C). La présentation est réalisée à partir des éléments les plus structurants, en progressant vers les motifs qui n’ont pu être rattachés directement aux structures décoratives restituées. Les lettres concordent avec les types identifiés. Dans l’inventaire, les numéros ajoutés correspondent à l’unité reconnue.

FORMES ET MOTIFS STRUCTURANTS

Arcades

8Il s’agit de fragments d’arcs permettant de restituer, avec les colonnettes s’y rattachant, des arcades. Elles déterminent une ou des arcatures aveugles, car les arcs s’accrochent à une paroi et peuvent encadrer des personnages (voir infra, p. 88). On en dénombre au moins cinq à partir des fragments.

Arcade de type A

9Ce type est caractérisé par un arc formé par un bandeau courbe, décoré d’une frise végétale constituée d’une suite de feuilles lancéolées ressemblant à des feuilles de laurier avec une nervure centrale soulignée par deux traits (fig. 53-54). La suite de feuilles est surmontée d’un rang de perles. Le dessin des feuilles crée un mouvement montant et descendant, qui pourrait traduire une interprétation libre de palmettes ou de jeux de feuilles d’acanthes. À la rencontre des feuilles montantes et descendantes a été créé un croissant avec une feuille lancéolée en arrière-plan.

10L’ensemble est couvert d’un badigeon blanc. Des rehauts rouges cernent les reliefs. Des traces de couches picturales rattachent ce type à plusieurs ensembles (voir infra) et le stuc présente une pâte blanche uniforme. Ces reliefs de stuc sont fabriqués en plusieurs étapes et la stratigraphie est la suivante : première couche de support (épaisseur du relief) ; deuxième couche épaisse formant la surface du relief ; le bandeau plat, les feuilles lancéolées et les perles ; un badigeon blanc couvrant sur l’ensemble. Les feuilles lancéolées et les perles sont rapportées et collées.

11Quelques fragments conservent des traces colorées (rouge, jaune, noir) à la jonction supérieure de l’arcature avec le support d’enduit. Il ne s’agit pas d’une couche picturale appliquée délibérément mais plutôt de « cou- lures » de la peinture appliquée au-dessus. Le stuc dans l’intrados de l’arcature vient parfois mourir sur l’enduit en une couche plus fine (10 mm). Dans ce cas, la partie débordante du stuc est peinte comme l’enduit. Les couleurs présentes sur ce type d’arcature A sont le rouge, le jaune, le noir et le vert clair. Des taches bleues sont également visibles, mais elles sont présentes aussi sur les cassures et sont accidentelles – datées après la mise au jour des fragments par la fouille.

Fig. 53 – Arcade de type A (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 53 – Arcade de type A (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 54 – Arcade de type A (dessin et restitution G. Fèvre, CEM).

Fig. 54 – Arcade de type A (dessin et restitution G. Fèvre, CEM).

Fig. 55 – Arcade de type B1 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 55 – Arcade de type B1 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

12Dimensions : intrados, environ 0,60 m ; largeur : 0,10 m ; extrados, environ 0,80 m.

13On peut restituer cinq arcades de type A, au fond vert pâle, gris sombre, gris clair, orange, noir (gris sombre), numérotées de A1 à A5.

Arcade de type B

14Ce type est caractérisé par un arc (exemple no 1.23 collé avec no 1.24), formé par un bandeau courbe, décoré d’une frise végétale constituée d’une suite de feuilles lancéolées surmontée d’un rang de cavités circulaires d’environ 4 cm de diamètre (fig. 55-56). On y trouve le même mouvement des feuilles que dans le type A.

15Ce type d’arcade B est le seul à présenter une pâte grise et non blanche. L’ensemble est couvert d’un badigeon blanc et largement rehaussé d’une couche picturale rouge, avec en particulier un cerne sur le contour des feuilles, un filet séparant la frise de feuilles du rang régulier de cavités, les cavités elles-mêmes. Ces dernières, qui pour certaines ont pu perdre leur fond, devaient, par le renforcement de ces couleurs, traduire la présence illusoire de cabochon. Le revers des fragments porte la trace de l’enduit de type E1, ainsi que quelques fragments d’os servant à fixer les stucs dans l’enduit de support. Du point de vue technique, une stratigraphie est propre à cette arcature : enduit de type E1 ; première couche de stuc gris (S2, épaisseur de base) ; deuxième couche de stuc gris (S2, modelé de surface du bandeau) ; troisième couche de stuc blanc, pour réaliser les reliefs décoratifs (S1, palmettes et surface supérieure et saillante du bandeau).

Fig. 56 – Arcade de type B2 (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 56 – Arcade de type B2 (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

16L’analyse physico-chimique de ces couches de stuc gris (S2), en comparaison avec le stuc blanc employé partout ailleurs (S1), permettra d’en connaître la composition et la spécificité.

17Parmi les arcades de type B, on distingue :

  • type B1, avec des cernes et traces picturales rouge et ocre jaune (largeur de l’ouverture de l’intrados : 1,10 m ; hauteur du bandeau : 0,18 m) ;

  • type B2, avec des traces picturales noires (largeur d’ouverture de l’intrados : environ 1,10 m ; hauteur du bandeau : 0,165 m).

18On peut restituer une arcade de type B1 et une arcade de type B2.

Bandeaux droits

19Le bandeau décoré (nos 1.312, 1.318 et 1.471) est composé de plusieurs éléments droits qui comportent le même type de décor de feuilles lancéolées et leur largeur est identique à celle des arcs des arcades. Certains fragments peuvent s’y rattacher mais d’autres pourraient appartenir à des bandeaux séparant des décors peints. On ne repère aucune trace de couleur sur ces fragments, simplement badigeonnés de blanc en surface.

20Hauteur : 0,10 m, sans rang de perles (fig. 57).

Chapiteaux

21Une vingtaine de fragments de chapiteaux ont été reconnus. Nous proposons un classement de leurs formes à partir d’éléments distinctifs : traitement de l’abaque et du dé, traitement de la corbeille (fig. 59-60). Le croisement de ces éléments a permis de proposer sept types. Compte tenu de l’aspect fragmentaire des pièces, il n’est pas exclu que cette typologie arbitraire puisse être resserrée. L’abaque est traité, dans tous les cas, par des effets géométriques de croisillons ou de chevrons.

Fig. 57 – Bandeaux droits (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 57 – Bandeaux droits (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 58 – Retombée des arcs (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 58 – Retombée des arcs (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 59 – Chapiteau de stuc de type F (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 59 – Chapiteau de stuc de type F (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Les différents types

Type A

22Quatre ensembles de type A ont été retrouvés.

23Le type A correspond à la présence d’un dé central simplement incisé d’une croix de Saint-André au centre d’une plaquette de stuc en surépaisseur (fig. 60). L’abaque est nu et la corbeille comporte un rang de trois feuilles lancéolées de même type que celles des arcades. Contrairement au chapiteau de type B, il n’y avait pas d’autres motifs de part et d’autre de la croix.

24Ces éléments de chapiteau correspondent à des colonnes sculptées en relief. L’une d’elles conserve des traces de couleur sur les bords du chapiteau (type A3 ; nos 1.379, 1.18, 1.33), qui correspondent au décor de l’enduit. Sur le côté gauche, du orange et du vert, et sur le côté droit, du jaune et du rouge en fond et un cerne noir par-dessus. Le même fragment conserve un badigeon orangé appliqué sur toute la surface du stuc, en couverture du chapiteau.

25La demi-colonnette (type A1 : 1.1892), associée au chapiteau 1.53, est fixée au revers sur l’enduit de type E4. De chaque côté de la colonnette, les angles sont rabattus et rehaussés d’un cerne gris et jaune, correspondant au décor de l’enduit appliqué en limite du fût.

Type B

26Dans le type B, la croix de Saint-André est doublement incisée sur le dé et la corbeille comporte un traitement de feuilles à plusieurs folioles, liées entre elles à la base. On peut en dénombrer six se rattachant à cette forme, dont un fragment appartenant à un angle à 90o.

27Le chapiteau de type B4 (nos 1.480, 1.65, 1.61 et 1.1477) est de grande dimension (200 mm de hauteurx150 mm de largeur) et sans trace de couleur.

28Un autre exemple de chapiteau dont il manque l’abaque, ressemble au précédent (type B5 : nos 1.38 et 1.62).

Type C

29Le type C correspond à une partie supérieure de la corbeille traitée à plat avec un simple espace quadrangulaire limité par un rang de perles. Les feuilles sont de type lancéolé. Quatre ensembles appartiennent à ce type (nos 1.626 et 1.40 ; 1.29, 1.449 et 1.544 ; 1.468 ; 1.455).

30L’exemple C1 n’est pas orné de feuilles et présente une face lisse et sans décor. Sa base est composée de deux boudins superposés et un simple badigeon blanc couvre sa surface. Au revers, une fine couche de badigeon a permis de fixer le stuc sur son support.

Type D

31Le type D est déterminé par l’abaque traité en chevron et la corbeille possède deux rangs de feuilles à folioles détachées. Deux pièces appartiennent à ce type (nos 1.470, 1.483 et 1.495 ; 1.69).

32Ce fragment présente un côté droit biseauté, qui forme un angle et termine le panneau décoratif qui se développait vers la gauche. Un rehaut rouge souligne le contour de la corniche et du chapiteau sur toute la hauteur conservée. Le chapiteau est orné de feuilles semblables aux chapiteaux de type B. Ce chapiteau mesure près de 200 mm de hauteur et 150 mm de largeur au maximum. Il est associé à l’arcade de type B1.

Type E

33Le type E, de dimension étroite, comporte des feuilles lancéolées et un étroit abaque traité en chevron avec un motif de trois triangles incisés au centre (nos 1.59 ; 1.1893).

Fig. 60 – Types de chapiteaux en stucs (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 60 – Types de chapiteaux en stucs (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
Type F

34Le type F (fig. 59), seul exemple, présente l’association d’une corbeille à un rang de feuilles lancéolées, l’abaque à décor de chevron et le dé avec croix de Saint-André (nos 1.1894). L’astragale est composé de deux boudins.

35C’est un chapiteau d’assez grande dimension (205 mm de hauteurx117 mm de largeur). Au revers, son angle est de 90o.

Type G

36Il correspond à un simple fragment d’abaque montrant une série de triangles : chapiteau fragmentaire de petite taille et de faible épaisseur (no 1.558). Des traces de couleur sont conservées à la surface : un badigeon orangé couvrant et un rehaut rouge à la base du chapiteau. Le fragment est composé d’un bandeau horizontal et d’un décor de chevrons au-dessus. Le badigeon orangé est posé sur un badigeon blanc couvrant l’ensemble. L’épaisseur est réalisée à partir de trois couches de stuc superposées.

Colonnes

37Il s’agit de demi-colonnes – ou colonnettes, compte tenu de leur dimension – d’applique, dont on ne possède pratiquement pas de pièces entières (fig. 61).

38Parmi les demi-colonnes à cannelures, on distingue :

  • des demi-colonnes à cinq cannelures (nos 1.395 ; 1.401). Cet ensemble est le mieux représenté en nombre. Ces fragments présentent un revers plat et lisse et un relief important (largeur : 0,072 m ; section : 0,032 m). Certains fûts de demi-colonnes portent les traces d’un rehaut de couleur sur le bord. Ces traces colorées correspondent au cerne de couleur séparant l’enduit peint et le stuc en relief. Les fûts de colonne sont fabriqués avec trois couches de plâtre superposées, dont on distingue les limites en coupe ;

  • deux autres demi-colonnes à cinq cannelures (nos 1.400 ; 1.1890 et 1.1891/nos 1.679 ; 1.402 ; 1.410 ; 1.411 ; 1.397 ; 1.685 ; 1.686 et 1.399). Elles sont surmontées d’un chapiteau, dont la base est composée de deux tores superposés. On conserve deux exemples de ces bases de chapiteau (0,032 m environ). Présence de traces colorées (noir, rouge et orangé) ;

  • des demi-colonnes à trois cannelures (nos 1.34 ; 1.678). Ces fragments sont plus épais et plus plats (largeur : 0,075 m ; section à dos plat). La demi-colonne est couverte d’un badigeon blanc couvrant et les bordures sont rehaussées de rouge, de chaque côté. Les fûts sont constitués de deux couches de stuc superposées ;

  • des demi-colonnes à trois cannelures avec un haut-relief et un revers à angle droit (no 1.391). Ces fragments ont des cannelures à facettes, comme les demi-colonnes à trois cannelures, mais le revers forme un angle à 90o. L’épaisseur est constituée de deux couches de stuc au moins et peut-être plus (0,105 m ; 0,07 m).

39Il existe une grande diversité de colonnes lisses, dont la largeur, l’épaisseur, le galbe et l’aspect du revers varient beaucoup :

  • les demi-colonnes lisses en quart-de-rond (110o) (nos 1.580 et 1.668). Les fragments sont couverts d’un simple badigeon blanc épais. On relève quelques traces de peinture (gris, noir, jaune clair) sur la bordure des fûts. La limite avec le fond d’enduit peint est rehaussée d’un cerne gris ;

  • les demi-colonnes lisses en quart-de-rond (angle ouvert) (nos 1.691 et 1.649). Celles-ci ne conservent pas de traces colorées, mais seulement un badigeon blanc couvrant ;

  • les demi-colonnes lisses en quart-de-rond de grande dimension (l. : 0,10 m ; ép. : 0,07 m) (nos 1.654 et 1.677). Ces fragments sans couleur présentent un angle droit (90o) au revers. Le petit côté se situe à droite, de sorte que l’on ait un angle côté droit, comme le plus petit module du même type ;

  • les demi-colonnes lisses à revers plat (nos 1.659 et 1.612). La demi-colonne est couverte d’un badigeon blanc couvert par endroits de traces colorées orangées ténues ;

  • les demi-colonnes lisses à revers plat et facettes en surface (no 1.771). Semblables aux précédentes, elles présentent un traitement de surface particulier : de légères facettes sont pratiquées au doigt ;

  • les demi-colonnes lisses à revers plat avec des traces noires sur le fût (no 1.662). Ces éléments sont regroupés car ils présentent un traitement de surface caractéristique, qui les distingue des autres. Il peut s’agir de colonnes, mais aussi d’un autre élément du décor (bandeau ou élément de jambe ?) ;

  • les demi-colonnes lisses à revers plat et tracé rouge sur le galbe (nos 1.572, 1.568 et 1.569). Comme l’ensemble précédent, ces fragments présentent les mêmes caractéristiques pour le traitement de surface (colonnes, jambes des personnages ou autre ?).

Fig. 61 – Types de demi-colonnes (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 61 – Types de demi-colonnes (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Les extrémités de demi-colonnes

40On distingue de nombreux éléments pouvant constituer soit la base, soit le départ du chapiteau terminant le haut de la demi-colonne. Certains éléments présentent de grandes coulures de badigeon blanc (nos 1.667 et 1.738). D’autres conservent les mêmes coulures sur une première couche de badigeon rehaussée de rouge (no 1.577). Les traces colorées décelées sur les bords des demi-colonnes constituent de précieux indices pour le regroupement des éléments fragmentaires : rehaut rouge et noir sur un seul côté de la demi-colonne (no 1.629).

41Certains éléments indiquent plus précisément la terminaison de la demi-colonne par deux tores superposés (no 1.739), et peut-être un départ de feuille au-dessus (nos 1.795 et 1.745).

LES MOTIFS DES PANNEAUX

Canthares

42Deux canthares peuvent être restitués (fig. 62-63). Ils sont en stuc à pâte blanche avec des rehauts noirs et des traces picturales rouges. Le premier est constitué de quatre pièces : deux pour la base et deux pour la partie supérieure avec quatre godrons ; sa hauteur dépasse 0,20 m (nos 1.703 ; 1.706 ; 1.200 et 1.631). Le second, de même type, mesure 0,18 m de hauteur et comprend trois pièces (nos 1.798 ; 1.633 et 1.636).

Feston végétal à écailles

43Ces festons, sorte de guirlandes de stuc, sont composés d’écailles façonnées et collées sur un boudin de stuc formant le support (fig. 64). Ce boudin présente un revers formant un angle ouvert de 60o environ. Le stuc composant le boudin de support est légèrement jaune dans la masse, tandis que les palmettes sont façonnées dans un stuc bien blanc : des pâtes de composition différente ont été employées pour le support et les motifs décoratifs. Le motif, ainsi monté, est couvert d’un badigeon blanc épais. Le revers du feston est composé d’un angle et montre qu’il était appliqué comme encadrement. Des traces de peintures subsistent en bordure sur un seul côté. Cet indice fournit la preuve que le feston servait à encadrer un panneau peint.

44Certains fragments conservent le mortier d’accrochage au revers : il s’agit de l’enduit de type E1, ce qui permet d’associer ces motifs décoratifs à l’ensemble des stucs et enduits peints. L’emplacement du type E1 montre l’articulation entre les guirlandes avec les panneaux d’enduit peint (fig. 65a et b).

Fig. 62 – Canthare (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 62 – Canthare (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 63 – Canthares, restitution (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 63 – Canthares, restitution (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Stipes de palmier

45Les tiges de palmier sont composées d’un tronc terminé par quelques feuilles naissantes au sommet (fig. 66). Le stuc est appliqué sur l’enduit, qui est ensuite peint. La position de ce motif montre clairement qu’il sert d’encadrement à l’instar des guirlandes d’écailles.

Pampres

46L’identification de ce motif est possible grâce aux colonnettes ornées des mêmes grappes, mais agrémentées de rinceaux (fig. 67-68). Les grappes de raisin isolées présentent un revers plat, qui était collé sur l’enduit à l’origine. Les rinceaux étaient probablement peints sur le fond de l’enduit et seules les grappes étaient en relief, blanches sur un fond de couleur. Certaines de ces grappes conservent les traces de l’enduit de type A1 au revers, ce qui confirme leur appartenance au décor. Ces grappes sont réalisées sur un disque de stuc façonné et la surface est imprimée de petits cercles (représentant les grains de raisin) incisés à l’aide d’un genre de paille. Deux « outils » ont été employés pour pratiquer ces petits cercles : l’un de 7 mm de diamètre et l’autre de 5 mm seulement. On remarque que le diamètre de 7 mm est le même que celui mesuré sur les grappes de raisin des colonnettes ; aussi, ces deux variantes d’un même motif peuvent-elles être contemporaines. Les plus grosses grappes appliquées sur l’enduit sont de dimensions supérieures aux grappes des colonnettes. Au revers, des traces d’accrochage sont visibles, sous la forme de petites encoches irrégulières pratiquées dans l’enduit, afin de fixer le stuc. Celui-ci est appliqué encore frais sur la paroi.

Fig. 64 – Festons à écailles (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 64 – Festons à écailles (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

47Quelques traces de couleur sont visibles sur le bord des grappes de raisin : un tracé rouge et un tracé noir. La stratigraphie de surface est composée d’un badigeon blanc associé à un contour rouge en bordure des

Fig. 65 – Rinceaux et feuillage : a) cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers ; b) dessin et DAO G. Fèvre, CEM.

Fig. 65 – Rinceaux et feuillage : a) cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers ; b) dessin et DAO G. Fèvre, CEM.

Fig. 66 – Stipes de palmier (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 66 – Stipes de palmier (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

48motifs. Puis un deuxième badigeon blanc est appliqué sur le premier et un contour noir est alors peint. Le deuxième badigeon blanc est épais de sorte qu’il bouche les espaces entre les grains de raisin. La stratigraphie de surface, avec deux campagnes successives de peinture, est visible sur d’autres fragments de décor (feuillages de stuc sur enduit peint).

Rosettes

49On conserve deux fragments de rosettes en stuc (fig. 69a et b). Leur diamètre est de 90 à 100 mm. Des pétales de stuc ont été retrouvés et associés, pour certains, les uns aux autres. On remarque que les rosettes ne possédaient pas toutes le même nombre de pétales : quatre, six (nos 1.932 ; 1.1420 et 1.1075) ou huit (no 1.1907) pétales selon le cas.

50Les fragments de pétales restants montrent que l’on avait au moins deux rosaces supplémentaires dans le décor, voire plus. Les rosettes sont fabriquées à partir d’une galette de stuc aplatie puis découpée sur le pourtour en formant le bord des pétales. Les pétales sont séparés par une incision partielle pratiquée dans le stuc (2 à 3 mm de profondeur). Un badigeon blanc recouvre l’ensemble et le contour des pétales est soigneusement souligné d’un tracé rouge.

51Les rosettes sont appliquées sur deux couches d’enduit superposées : le type E1, lui-même collé sur un enduit indéterminé pour l’instant.

Entrelacs

52On conserve trois fragments d’enduit (fig. 70) avec un décor d’entrelacs en relief (stuc) (nos 1.3 ; 1.1768 et 1.1062). L’enduit de type E1 est lissé puis incisé en délimitant l’emplacement des motifs de stuc à appliquer. Les bandes de stuc sont fixées sur l’enduit probablement avec un badigeon. Puis l’enduit et le stuc sont recouverts de blanc et le contour des motifs en stuc est rehaussé de rouge, afin de renforcer le relief. Les entrelacs sont appliqués sur l’enduit de type E1, légèrement incisé en limite des stucs.

Disques plats

53On trouve plusieurs exemples de disques de stuc collés sur l’enduit (fig. 71) (nos 1.927 ; 1.1393 ; 1.1738 ; 1.1740 ; 1.1757 ; 1.1414 ; 1.1762). Le support est généralement composé d’une seule couche (type E1), dans certains cas appliquée sur un enduit plus ancien. Pour la plupart, ils sont dissociés de tout autre élément de décor : seul un fragment conserve un disque entouré de chaque côté par une palmette (no 1.927). Cet échantillon est orné au centre d’un point rouge peint, sans incision. Un autre exemple montre un disque associé à un rinceau de stuc, dont on trouve par ailleurs de nombreux fragments (no 1.1738). Le disque est cerné de noir et le rinceau cerné de rouge, ce qui constitue des indices précieux pour associer les deux éléments de décor dans un ensemble cohérent.

54Les autres disques, en revanche, présentent un petit trou pratiqué à l’aide d’une pointe au centre du disque et des incisions superficielles à la manière de tracés préparatoires. Le petit trou au centre du disque peut avoir servi à planter la pointe d’un compas pour tracer le contour du disque. Les autres incisions restent sans explications précises pour le moment. Ces traitements de surface sont visibles sur les disques sans badigeon de surface ou bien lorsque ce dernier est très fin. Il est fort probable que ces tracés soient systématiques, mais qu’ils soient dissimulés sous l’épaisse couche de badigeon blanc dans les autres cas.

Rinceaux et feuillages

55Ce motif constitue l’ensemble le plus important en nombre par rapport aux autres motifs inventoriés en stuc sur l’enduit de type E1 (fig. 65a et b). La technique d’application est toujours la même et l’épaisseur des feuillages varie de 3 à 7 mm pour la terminaison des feuilles. Pour les rinceaux, en revanche, l’épaisseur est plus importante. Bien que l’on dispose de nombreux fragments, les collages sont difficiles à établir. Cependant, le collage d’un stipe de palmier à côté d’un feuillage montre l’association des deux motifs dans le même décor.

Fig. 67 – Pampres, demi-colonnette (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 67 – Pampres, demi-colonnette (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 68 – Pampres, éléments plaqués (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 68 – Pampres, éléments plaqués (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 69 – Rosettes : a) exemple de rosette à huit pétales (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) relevé de deux rosettes (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 69 – Rosettes : a) exemple de rosette à huit pétales (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) relevé de deux rosettes (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 70 – Motif d’entrelacs cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 70 – Motif d’entrelacs cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 71 – Disque plat (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 71 – Disque plat (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

56On observe trois variantes de stratigraphies dans le traitement de surface de ces éléments de décor :

  • première stratigraphie (no 1.919) : enduit type E1 ; feuillages (3-5 mm d’épaisseur) ; badigeon blanc couvrant l’enduit et le stuc ; badigeon jaune entre les feuillages de stuc ; rehaut rouge pour cerner le contour des feuillages. L’enduit lissé est couvert d’un tracé préparatoire (légère incision) pour délimiter la peinture et les applications de stuc. Dans certains cas (no 1.804 par exemple), le tracé préparatoire est peint en noir, y compris par-dessus les incisions. Certains fragments portent un rehaut mélangé de rouge et de noir et paraissent plus abîmés que les autres (nos 1.1045 ; 1.1502 et 1.838) ;

  • deuxième stratigraphie (no 1.6) : enduit type E1 ; feuillage en stuc (7-8 mm d’épaisseur pour l’extrémité des feuilles) ; badigeon blanc couvrant l’enduit et les stucs ; badigeon rouge couvrant l’enduit, entre les feuillages réservés en blanc ; cerne noir en contour des feuillages. Le tracé préparatoire est réalisé avec de fines incisions, mais sans tracé noir sur cet ensemble. Les rinceaux sont plus épais que la terminaison des feuilles (10-12 mm d’épaisseur). Les feuilles, comme les branches, ont reçu un cerne noir par-dessus le badigeon rouge (appliqué sur le badigeon blanc) dans les zones d’enduit sans stuc ;

  • troisième stratigraphie : enduit type E1 ; feuillage en stuc rapporté (en épaisseur de 4 mm pour les feuilles et 10 mm pour les rinceaux) ; badigeon blanc sur l’enduit et les stucs ; rehaut rouge en contour des feuilles. L’enduit lissé présente un tracé préparatoire composé de fines incisions et d’un tracé rouge (sinopia). Puis le badigeon blanc, couvrant l’enduit et les stucs, est appliqué. Le rehaut rouge sert enfin de contour aux feuillages et rinceaux, mais certaines zones d’enduit sont également couvertes de rouge uniformément.

Crosses de rinceau

57Certains rinceaux portent des ramifications qui s’enroulent à leur terminaison (fig. 72a et b). Ce motif appartient au décor végétal de rinceau et de feuillage. Le stuc est appliqué sur l’enduit de type E1, mais on distingue deux traitements de surface différents :

58– première stratigraphie : enduit de type E1 ; tracé préparatoire noir ; badigeon jaune ; rehaut noir et rouge ;
– seconde stratigraphie : enduit type E1 ; badigeon blanc ; rehaut rouge.

Croix pattées

59Un collage de deux fragments (nos 1.12 et 1.9) permet d’identifier avec certitude une croix pattée en stuc, appliqué selon la technique habituelle sur l’enduit de type E1 (fig. 73a et b). Les autres fragments associés (nos 1.1204 ; 1.757 ; 1.1179 ; 1.874 ; 1.1459 et un fragment sans numéro d’inventaire) sont également appliqués sur le type E1 ou bien décollés sans trace au revers. Le traitement de surface est très varié d’un fragment à l’autre.

60Le collage principal (nos 1.12 et 1.9) présente la stratigraphie suivante : enduit type E1 ; badigeon blanc couvrant l’enduit et le stuc ; badigeon couvrant orange et rehaut rouge qui cerne les contours de la croix ; badigeon gris bleu ajouté ensuite autour de la croix (il déborde sur le rehaut rouge des contours).

61Les quatre autres fragments conservés présentent un traitement de surface variable :

  • le no 1.1204 est un stuc sur enduit, composant l’extrémité d’un bras de croix. Le stuc est couvert d’un badigeon blanc, peint ensuite en orange et noir en surface et un rehaut rouge et noir pour le contour (sur les côtés) ;

  • le no 1.757 présente à la surface des traces orange usées (badigeon ou motif ?) et le contour de la croix semble être également cerné de couleur orange ;

  • le no 1.1818 (pl. 21) peut être associé aux fragments du collage principal (nos 1.12 et 1.9). Le fragment semble avoir été orné en surface de points orangés alignés et le contour est également souligné d’orange. Ce fragment n’est pas une terminaison de croix : les deux bords sont parallèles et proviennent certainement d’un bras de la croix ;

  • le fragment sans numéro d’inventaire est badigeonné de blanc et porte un simple rehaut rouge sur le bord.

Fleurons ou calices cernés de noir

62Ce motif comprend une dizaine d’exemples de stuc épais de 20 à 50 mm (fig. 74). Les uns sont rapportés sur l’enduit de type E1 et les autres sont fixés à l’aide de fragments d’os. Le motif est composé de trois feuilles regroupées à la base par un bandeau ou un nœud. L’une présente trois feuilles lisses (no 1.1511) et les autres ont la feuille centrale nervurée (no 1.803). Chaque contour est cerné de noir et la bordure extérieure est soulignée de rouge. Ce motif appartient à un décor végétal, comme terminaison ou départ de tiges.

Fig. 72 – Crosses et rinceaux : a) crosse et rinceau (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) plusieurs crosses et rinceaux (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 72 – Crosses et rinceaux : a) crosse et rinceau (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) plusieurs crosses et rinceaux (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 73 – Croix pattées : a) vue d’une croix pattée (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) planche avec une croix pattée et fragments de branche (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 73 – Croix pattées : a) vue d’une croix pattée (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) planche avec une croix pattée et fragments de branche (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 74 – Fleurons et calices (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 74 – Fleurons et calices (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

63Plusieurs des motifs décrits ont pu être regroupés dans des « panneaux » sans que l’on puisse réellement reconstituer les relations entre les formes (voir Annexe F).

64de support (de type 4) à l’aide d’entailles d’os, comme pour les arcatures. Seuls les pieds des personnages n’ont pas été identifiés parmi les fragments disponibles.

65Les couleurs observées sur les visages et les livres/ rouleaux tenus par les personnages sont comparables à celles employées sur les enduits peints, ce qui semble logique compte tenu de l’homogénéité du décor. La caractérisation physico-chimique des pigments permettra néanmoins de conforter cette observation.

LES PERSONNAGES

Personnage no 1

66Les éléments de drapé, de main et de visage ont été rassemblés et ont fait l’objet de nombreux collages. Parmi ces personnages, deux ne sont pas rehaussés de rouge comme les autres, mais de noir ; ce qui a permis une reconstitution plus aisée. L’étude et le comptage des mains permettent de proposer la présence de onze personnages au moins dans le décor. Les épaisseurs différentes des stucs ont permis également de réunir des ensembles. Les éléments étaient fixés dans l’enduit

67Appliqué à l’origine sur un fond d’enduit peint vert pâle avec un livre ouvert dans la main droite, il est constitué de plusieurs éléments (fig. 75) (Archéologie de la France, 1989, no 239.4 ; Exner, 1996a, p. 57 ; Sapin, 2004, no 31) :

  • tête composée de trois pièces (nos 1.1722 ; 1.1721 et 1.1720). Stuc à pâte blanche, couvert d’un badigeon blanc. Des rehauts rouge, orange, jaune et noir sont conservés. Fond : vert pâle. Dimensions : H. : 0,795 m ; l. : 0,150 m ; ép. : 0,06 m ;

  • fragment de tissu (no 1.965). Stuc à pâte blanche avec badigeon blanc. Dimensions : H. : 0,07 m ; l. : 0,08 m ; ép. du stuc : 0,008 m ; ép. de l’enduit : 0,012 m ;

  • fragment de négatif du bâton (?). Enduit peint avec en surface des tracés préparatoires incisés et des traces d’arrachement du stuc. Un badigeon blanc recouvre le stuc, puis un fond monochrome vert pâle. Des rehauts orangés apparaissent sur le fond vert pâle et le rehaut rouge, en bordure du stuc disparu, est également conservé. Dimensions : H. : 0,078 m ; l. : 0,055 m ; ép. : 0,025 m ;

  • partie inférieure du personnage composée de six pièces (nos 1.1142 ; 1.150 ; 1.1164 ; 1.268 ; 1.1157 et 1.148). Stuc à pâte blanche et rehauts rouges (H. : 0,25 m ; l. : 0,107 m ; ép. : 0,028 m) et numéros associés 1.710 et 1.373 (H. : 0,135 m ; l. : 0,150 m ; ép. : 0,025 m) ;

  • fragment de robe (no 1.1920). Stuc à pâte blanche, couvert d’un badigeon blanc, avec des rehauts rouges. Dimensions : H. : 0,21 m ; l. : 0,195 m ; ép. : 0,045 m ;

  • fragment de tissu retombant (no 1.752). Stuc à pâte blanche avec badigeon blanc et rehauts rouges. Sur le côté du fragment apparaissent des traces de coulure vert pâle. Dimensions : H. : 0,056 m ; l. : 0,048 m ; ép. : 0,02 m ;

  • fragment de livre ouvert, tenu par une main droite, et haut du bras composé de deux pièces (nos 1.1914 ; 1.377 et 1.173). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc, avec des rehauts rouges, jaunes et orangés. Dimensions : H. : 0,18 m ; l. : 0,31 m ; ép. : 0,052 m.

Fig. 75 – Éléments du personnage no 1 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM)

Fig. 75 – Éléments du personnage no 1 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM)

Personnage no 2

68Fragment de main avec volumen composé de deux pièces (nos 1.87 et 1.86 ; fig. 76). Stuc à pâte blanche, avec badigeon blanc et rehaut rouge. Sur le côté droit, des traces grises sont visibles à la jonction avec le fond gris. Dimensions : H. : 0,115 m ; l. : 0,195 m ; ép. : 0,06 m. Sept pièces non jointives peuvent être associées à ce personnage. Une croix en avait été rapprochée à titre d’hypothèse pour l’exposition de 2004 (Sapin, 2004, no 32).

Personnage no 3

69Il est constitué de plusieurs éléments (fig. 77a et b) :

  • tête (nos 1.1723 ; 1.1724 et 1.1725). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc. Plusieurs parties du visage (chevelure, oreille, contour des yeux, narines, bouche et cou) sont traitées en rouge et d’autres (sourcil, iris et pupille) en noir (Archéologie de la France, 1989, no 239.1 ; Sapin, 2004, no 33). Dimensions : H. : 0,187 m ; l. : 0,154 m ; ép. : 0,09 m ;

  • fragment d’épaule droite (no 1.1900). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et d’un rehaut rouge au-dessus (H. : 0,115 ; l. : 0,094 m ; ép. : 0,075 m) associé à un fragment de bras (no 1.101) (H. : 0,11 cm ; l. : 0,065 ; ép. : 0,045 m) ;

  • fragment de coude (nos 1.80 et 1.81). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et d’un rehaut rouge au-dessus. Une esquille d’os servant de cheville de fixation est visible sur l’extérieur du coude. Dimensions : H. : 0,122 m ; l. : 0,007 m ; ép. : 0,004 m ;

  • fragment de tissu (no 1.369). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et d’un rehaut rouge au-dessus. Dimensions : H. : 0,05 m ; l. : 0,05 m ; ép. : 0,35 m ;

  • fragment de main tenant un volumen (no 1.1915). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc. Un rehaut rouge et un rehaut noir sont visibles sur le rouleau. Dimensions : H. : 0,135 m ; l. : 0,115 m ; ép. : 0,066 m ;

  • fragment d’épaule gauche (no 1.92). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc associé à un rehaut rouge. Sur le bord gauche du stuc, une trace orange résulte et témoigne du fond du panneau. Dimensions : H. : 0,120 m ; l. : 0,062 m ; ép. : 0,047 m ;

  • fragment de coude gauche, au niveau de la pliure (no 1.91). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc associé à un rehaut rouge. Sur le bord gauche, une trace orange résulte et témoigne du fond du panneau. Dimensions : H. : 0,118 m ; l. : 0,105 m ; ép. : 0,045 m ;

  • main gauche tenant un bâton (no 1.89). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc associé à un rehaut rouge. Présence de traces orange sur le haut de la main provenant du fond d’enduit peint. Dimensions : H. : 0,186 m ; l. : 0,062 m ; ép. : 0,03 m ;

  • fragment de tissu composé de deux pièces (nos 1.849 et 1.1776). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc, associé à un rehaut rouge. Le fond d’enduit peint est de couleur orange. Dimensions : H. : 0,08 m ; l. : 0,07 m ; ép. : 0,02 m ;

  • fragment de tissu (frange ?), sans numéro d’inventaire. Enduit peint couvert d’un badigeon blanc associé à quatre filets rouges pouvant figurer les franges du tissu. D’autres traces, orangées cette fois, proviennent du fond du panneau. Dimensions : H. : 0,049 m ; l. : 0,053 m ; ép. : 0,021 m.

Fig. 76 – Éléments du personnage no 2 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 76 – Éléments du personnage no 2 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Personnage no 4

70Fragment de drapé de personnage composé d’un ensemble de sept pièces (fig. 78). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges (nos 1.1148 ; 1.298 ; 1.723 ; 1.85 ; 1.341 ; 1.273 et 1.90). Dimensions : H. : 0,467 m ; l. : 0,235 m ; ép. : 0,05 m.

Personnage no 5

71Fragment de buste (fig. 79) et partie de vêtement, avec main droite, composés de onze éléments (nos 1.260 ; 1.368 ; 1.770 ; 1.155 ; 1.78 ; 1.109 ; 1.169 ; 1.247 ; 1.362 et 1.149 + 15 autres fragments associés) (Sapin, 2004, no 35). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. Des traces de préparation

Fig. 77 – Personnage no 3 : a) tête (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) éléments du personnage no 3 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 77 – Personnage no 3 : a) tête (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) éléments du personnage no 3 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 78 – Éléments du personnage no 4 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 78 – Éléments du personnage no 4 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 79 – Éléments du personnage no 5 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 79 – Éléments du personnage no 5 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

72de couleur noire apparaissent sous le badigeon blanc. Dimensions : H. : 0,29 m ; l. : 0,25 m ; ép. : 0,026 m.

Personnage no 6

73Personnage reconstitué à partir d’ensembles formés de plusieurs éléments recollés (fig. 80) (Sapin, 2004, no 36) :

74– épaule droite composée de deux pièces (nos 1.243 et 1.1786). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. Les traces d’une première application de couleur sont visibles : il s’agit de rehauts rouges appliqués directement sur le stuc (préparation ?). Dimensions : H. : 0,058 m ; l. : 0,133 m ; ép. : 0,036 m ;

75Les trois ensembles suivants sont jointifs :

  • une épaule gauche et le bras gauche jusqu’au coude composés de quatre pièces (nos 1.1190 ; 1.768 ; 1.93 et 1.358). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. Les traces d’une première application de couleur sont visibles : il s’agit de rehauts rouges appliqués directement sur le stuc (préparation ?). On signale également la présence de taches bleues datant des premières conditions de stockage. Dimensions : H. : 0,220 m ; l. : 0,078 m ; ép. : 0,032 m ;

  • fragment d’avant-bras gauche (no 1.97). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. Les traces d’une première application de couleur sont visibles : il s’agit de rehauts rouges appliqués directement sur le stuc (préparation ?). Dimensions : H. : 0,085 m ; l. : 0,078 m ; ép. : 0,04 m ;

  • fragment de vêtement avec extrémité de volumen formé de sept pièces (nos 1.363 ; 1.182 ; 1.347 ; 1.240 ; 1.338 ; 1.351 et 1.286). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. L’extrémité du volumen comporte des traces de fond vert pâle surmonté d’une couche orange. Dimensions : H. : 0,305 m ; l. : 0,214 m ; ép. : 0,04 m ;

  • fragment de buste composé de quatre pièces (nos 1.84 ; 1.159 ; 1.94 et 1.179). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. Certains plis en creux ont reçu un badigeon beige. Les traces d’une première application de couleur sont visibles : il s’agit de rehauts rouges appliqués directement sur le stuc (préparation ?). Par ailleurs, une coulure épaisse du badigeon blanc apparaît à la surface. Dimensions : H. : 0,172 m ; l. : 0,144 m ; ép. : 0,042 m ;

  • fragment de robe avec motif de cordelette formé de deux pièces (nos 1.269 et 1.159). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. Des tracés préparatoires apparaissent également sur l’enduit. Dimensions : H. : 0,099 m ; l. : 0,061 m ; ép. : 0,019 m ;

  • fragment d’un bas de robe formé de deux pièces (nos 1.1180 et 1.1146). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. Dimensions : H. : 0,08 m ; l. : 0,053 ; ép. : 0,018 m.

Fig. 80 – Personnage no 6 avec vue insérée d’un élément disparu (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 80 – Personnage no 6 avec vue insérée d’un élément disparu (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

© CNRS ÉDITIONS, Paris, 2009

Personnage no 7

76Personnage reconstitué à partir de cinq pièces (nos 1.1913 ; 1.261 ; 1.275 ; 1.367 et 1.263 + 13 fragments associés). Fragment de buste avec un bras tenant un volumen (fig. 81a et b) (Sapin, 2004, no 37). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. Sur le volumen, des traces de jaune et de croisillons vert pâle sont conservées. Au revers, un fragment d’os correspondant à une cheville de fixation et négatif d’une autre fixation est également conservé. Dimensions : H. : 0,36 m ; l. : 0,195 m ; ép. : 0,04 m.

Personnage no 8

77Il est composé de trois pièces (nos 1.285 ; 1.1916 et 1.1917 + 15 pièces associées). Fragment de drapé avec l’extrémité de tissu à franges (fig. 82) (Sapin, 2004, no 38). Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et associé à des rehauts rouges. Dimensions : H. : 0,225 m ; l. : 0,16 m, ép. : 0,03 m.

Personnage no 9

78Personnage avec tracé noir (fig. 83) (Sapin, 2004, no 39). Fragment composé de huit pièces en deux ensembles. Stuc à pâte blanche, couvert d’un badigeon blanc et associé à un rehaut noir partiel. Le revers est plat et lisse avec des esquilles d’os comme cheville et l’enduit d’accrochage.

Fig. 81 – Personnage no 7 : a) un seul élément (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) autres éléments (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 81 – Personnage no 7 : a) un seul élément (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) autres éléments (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 82 – Éléments du personnage no 8 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 82 – Éléments du personnage no 8 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

79– 1er ensemble (nos 1.1912 ; 1.278 et 1.277) : main tenant un volumen et drapé. Dimensions : H. : 0,305 m ; l. : 0,17 m ; ép. : 0,056 m ;

80– 2e ensemble (nos 1.635 ; 1.433 ; 1.50 ; 1.256 et 1.428) : drapé. Dimensions : H.: 0,192 m ; l. : 0,172 m ; ép. : 0,044 m.

Personnage no 10

81L’existence de ce personnage (fig. 84) est supposée à partir de deux fragments de main et drapé cerné de noir (nos 1.1536 ; 1.244 et 1.262).

Personnage no 11

82Trois fragments de personnage sur un fond gris clair pourraient déterminer un onzième personnage (nos 1.282 ; 1.2062 et 1.1147) : fragments de vêtements et drapés.

83D’autres fragments de personnages sans possibilité de collage ou de relation évidente n’ont pu être rattachés à un individu particulier (voir Annexe B).

LES ANIMAUX

84Au moins deux individus peuvent être identifiés (fig. 85a et b). D’autres fragments pourraient appartenir à la croupe d’un animal (cerf ?) (nos 1.147 et 1.95), et certains éléments semblent provenir de têtes d’oiseaux (nos 1.359 ; 1.1175 ; 1.07 et 1.1753) (pl. 15).

Agneau no 1

85Fragment d’un agneau composé de trois pièces présentant un traitement de toison. Stuc à pâte blanche et badigeon blanc, rehaut rouge à la jonction des membres et du fond. Au revers, fond lisse avec traces d’enduit d’accrochage :

86– fragment de torse (nos 1.251 et 1.453) : H. : 0,114 m ; l. : 0,094 m ; ép. : 0,036 m ;

Fig. 83 – Éléments du personnage no 9 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 83 – Éléments du personnage no 9 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 84 – Éléments du personnage no 10 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 84 – Éléments du personnage no 10 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

87– fragment d’arrière-train (no 1.248). Des traces préparatoires sont visibles sous la toison : H. : 0,095 m ; l. : 0,147 m ; ép. : 0,035 m.

Agneau no 2

88Fragment d’un agneau composé de deux pièces présentant un traitement de toison. Stuc à pâte blanche couvert d’un badigeon blanc et d’un rehaut rouge à la jonction des membres et du fond. Au revers, fond irrégulier avec des traces d’enduit d’accrochage :

  • fragment de torse (no 1.250) ? : H. : 0,112 m ; l. : 0,085 m ; ép. : 0,039 m ;

  • fragment de cuisse gauche (no 1.330) : H. : 0,073 m ; l. : 0,064 m ; ép. : 0,04 m.

UN AMÉNAGEMENT ARCHITECTURAL

  • 4  L’étude des graffiti, comme celle des inscriptions, a été confiée à C. Treffort.

89Un ensemble d’enduits peints correspond au fond d’une niche ou bien d’un cul-de-four, en raison de la forme concave des fragments (fig. 86). Le décor est assimilé à un drapé ou à une conque stylisée, en rouge et orangé sur fond blanc. Il pourrait s’agir d’un drapé blanc, dont les plis seraient soulignés en rouge avec des zones (d’ombre ?) orangées. Quelques collages permettront vraisemblablement de restituer le décor dans son ensemble, mais nous ne disposons que d’une partie des fragments ornant le dispositif. Deux fragments de cet ensemble portent des graffiti d’écriture cursive, gravés dans l’épaisseur du badigeon blanc à l’aide d’une pointe fine4.

Fig. 85 – Éléments d’animaux : a) élément d’agneau (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) éléments d’agneaux avec restitutions (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 85 – Éléments d’animaux : a) élément d’agneau (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) éléments d’agneaux avec restitutions (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 86 – Fragments d’aménagement architectural, niche (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 86 – Fragments d’aménagement architectural, niche (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

LE DOSSIER ÉPIGRAPHIQUE DE VOUNEUIL-SOUS-BIARD, TÉMOIN DE L’INTRODUCTION DU CULTE DE MARTYRS ROMAINS EN AQUITAINE AU VIIIe SIÈCLE

90Cécile Treffort

  • 5  Il faut signaler également deux fragments d’enduits peints (nos 1.1932 et 1.2500) portant des trac (...)
  • 6  Au fil de l’étude, les échanges de points de vue avec F. Blondel, J. Hiernard et D. Simon-Hiernard (...)

91Parmi les fragments de stucs découverts lors des fouilles effectuées à Vouneuil-sous-Biard, plusieurs portent des lettres peintes, essentiellement en rouge sur fond blanc5. De taille variable, ces éléments épigraphiques sont d’autant plus précieux qu’ils représentent les plus anciens témoignages textuels liés à l’histoire du site. L’étude épigraphique s’impose comme préalable, afin d’établir le texte malgré ses importantes lacunes et d’étudier l’écriture particulière utilisée dans ces inscriptions pour en proposer une datation. Une analyse archéologique est également indispensable afin de déterminer la position initiale de ces inscriptions dans l’édifice qui les a accueillies et de définir leur rapport topographique et chronologique aux autres éléments de stuc qui composaient le décor6. La dernière partie de ce dossier, plus générale, tentera de dégager quelques éléments d’interprétation historique de l’ensemble.

ANALYSE ÉPIGRAPHIQUE

92Les fragments épigraphiques, au nombre de quatre-vingt-un avant recollage, se présentent presque tous sous la forme d’un bandeau plat, d’une largeur d’environ 8,5 cm, lissé en haut et en bas, ce qui exclut l’hypothèse d’une superposition de lignes d’écriture. On peut donc supposer une inscription linéaire courant le long d’un mur plat.

93Les éléments de stucs inscrits se décomposent en trois ensembles d’importance variable. Pour les deux premiers, représentés chacun par trois fragments très réduits, une étude épigraphique est rendue impossible par la modicité des fragments parvenus jusqu’à nous. Il importe de les mentionner, car ils complètent le paysage épigraphique du monument. Cependant, seul le troisième ensemble, numériquement le plus important, sera traité de manière détaillée.

Stuc à pâte blanche, petite écriture noire souple

  • 7  On y distingue le haut de trois lettres et le bas d’une quatrième.

94Le premier ensemble est composé de trois pièces dont deux inscrites (fig. 87a et b)7. Il porte témoignage de trois lettres amputées de leur partie haute ou basse. Cet ensemble se distingue des autres par la finesse des fragments (moins de 1 cm d’épaisseur), par les couleurs utilisées – inscription en noir sur fond blanc de stuc, surmonté d’un filet rouge et souligné d’un filet orange –, ainsi que par le module et la forme des lettres, au tracé souple. En outre, le haut d’une des lettres suggère qu’il s’agit d’un A de même forme, très caractéristique, que celle des A du bandeau principal. Même si l’on ne doit pas exclure une distinction chronologique, l’identité des couleurs avec celles employées dans le second état du décor – noir, rouge et orange, le blanc en plus – tendrait à suggérer une contemporanéité des deux. Il faudrait alors envisager une différence liée à la nature du support, la finesse du stuc, du décor et de la calligraphie pouvant s’accorder, par exemple, avec un dispositif liturgique ou d’aménagement de l’espace intérieur.

Fig. 87 – Écriture noire sur stuc à pâte blanche : a) relevé G. Fèvre, CEM ; b) cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers.

Fig. 87 – Écriture noire sur stuc à pâte blanche : a) relevé G. Fèvre, CEM ; b) cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers.

Fig. 88 – Petite écriture rouge sur stuc à pâte grise (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 88 – Petite écriture rouge sur stuc à pâte grise (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Stuc à pâte grise et badigeon blanc, petite écriture rouge anguleuse

95Le deuxième ensemble est composé d’une pièce (fig. 88). La pâte grise du stuc est identique à celle qui compose l’encadrement de la porte principale. L’inscription devait donc lui être directement associée. Cependant, la modicité des fragments conservés interdit d’en déterminer la position exacte. L’écriture, qui prend place sur un badigeon blanc, est peinte du même rouge que l’inscription principale. Nous pourrions avoir là les restes d’une petite inscription prenant place à proximité immédiate de la porte principale et relevant de la même phase que la réfection du décor et l’inscription du bandeau principal. Le badigeon blanc – absent sur les autres fragments – aurait alors été rendu nécessaire par la couleur grise du stuc et, peut-être, par sa porosité.

Stuc à pâte blanche, grande écriture rouge anguleuse

  • 8  Plusieurs fragments ont ainsi été décollés les uns des autres depuis la photographie publiée dans (...)
  • 9  On peut ajouter à la liste deux fragments aujourd’hui égarés (no 1.1851 et 1.1935), qui ne portaie (...)

96Le troisième et principal ensemble est composé d’éléments inscrits à la peinture rouge sur un bandeau horizontal de stuc blanc d’environ 8 à 9 cm de hauteur (fig. 89-91). Certains fragments épigraphiques avaient été rapprochés dès leur découverte, puis assemblés et collés avec un plâtre très solide qui cache souvent les raccords. L’observation du degré de correspondance des cassures des fragments concernés, des négatifs des moellons à l’arrière des pièces ou du tracé des lettres sur la face inscrite a permis de déterminer les associations probables et d’éliminer celles qui se sont avérées douteuses8. La transcription donnée dans le catalogue (Annexe E) tient compte de ces dernières vérifications et concerne l’ensemble des vestiges portant des traces de lettres, qu’elles soient reconnaissables ou non, afin de donner au lecteur un panorama complet de la documentation à notre disposition. Les fragments ont été classés en deux séries consécutives, en fonction de leur taille, dans l’ordre croissant des numéros d’inventaire, selon le plus petit numéro entrant dans la série en cas de collage9. Parmi la trentaine de pièces reconstituées, nous mentionnons ici les plus significatives :

  • 10  La dernière lettre étant fragmentaire, la lecture AT est une restitution fondée sur la longueur to (...)

97– C1 : ...]i.tibvrti. caeciliae. maximi. filicissimi. agat10[...
– C2 : ...]st. valer[...
– C3 : ...]ae. filothei[...

  • 11  Voir la contribution de Chr. Sapin dans ce volume, chap. III.

98Malgré le caractère partiel de l’inscription, les quelques éléments reconstitués sur une longueur importante permettent de reconnaître une énumération de noms propres dont la nature évoque indubitablement des saints romains, Tiburce, Cécile, Maxime, Félicissime et Agathe ou Valérien. Cette identification ne concorde pas avec les propositions d’interprétation du décor, qui verraient plutôt dans les personnages des prophètes ou des apôtres11. Il est alors nécessaire de s’interroger sur la contemporanéité du décor et du texte. Pour l’inscription, une proposition de datation ne peut faire l’économie d’une étude paléographique précise.

Fig. 89 – Grande écriture rouge sur stuc à pâte blanche (dessin et DAO G. Fè vre, CEM).

Fig. 89 – Grande écriture rouge sur stuc à pâte blanche (dessin et DAO G. Fè vre, CEM).

© CNRS ÉDITIONS, Paris, 2009

Fig. 90 – Détail des inscriptions C2 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 90 – Détail des inscriptions C2 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 91 – Détail des inscriptions C3 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 91 – Détail des inscriptions C3 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

REMARQUES PALÉOGRAPHIQUES

  • 12  Ce qui explique les variations de forme et de module des lettres qui composent cette longue inscri (...)

99Le bandeau principal, qui supporte les lettres peintes en rouge, a été réalisé en stuc à pâte blanche. Quelques incisions visibles autour ou près des caractères inscrits pourraient suggérer une préparation préalable (nos 1.1697 à 1.700 [C1]), sans que celle-ci soit toutefois systématique. Les incisions représentent des repères ponctuels plus que des véritables lettres d’attente : le texte semble avoir été calibré section par section12. L’inscription a été tracée au pinceau, à main levée, et n’est pas exempte d’accidents ou de repentirs. La surface qui l’a accueillie n’étant pas, ou plus, parfaitement plane, la peinture rouge a parfois coulé dans les creux. À plusieurs endroits, la surface qui supporte les lettres apparaît non pas blanche mais rouge pâle, comme si on avait corrigé quelque erreur en l’essuyant imparfaitement pour la réécrire immédiatement après.

100L’inscription n’a donc pas été préparée de façon rigoureuse. On n’observe aucune réglure et les lettres s’inscrivent librement dans le cadre déterminé par le bandeau de stuc lui-même irrégulier. Le peintre, manifestement, savait bien écrire et a tracé ses lettres d’une manière naturelle n’excluant pas une réelle recherche calligraphique. Les mots sont séparés systématiquement par un point simple. Aucun des fragments conservés ne porte d’abréviation ou d’enclavement de lettres, mais on observe plusieurs conjonctions de lettres, cinq doubles (deux fois AE, MA, TO, HE, AT) et une triple (HAR).

101D’un point de vue paléographique, l’écriture du bandeau principal associe plusieurs traits qui lui confèrent une véritable originalité. Mis à part les A et les L, les autres lettres adoptent le ductus de capitales romaines au module souvent très large (sensible en particulier dans les H, M, T et X). On peut remarquer les C et les S très arrondis, les M dont les traits intermédiaires descendent à mi-hauteur dans la ligne d’écriture et les R dont la barre oblique s’ancre assez haut sur la haste verticale, à la jonction d’une boucle relativement petite. On ne peut rien dire de la forme du seul O présent, dont l’allongement peut être lié au fait qu’il sert de corps vertical au T conjoint. Toutes ces lettres, relativement classiques dans leur ductus, ont en revanche reçu à chacune de leurs extrémités des empattements triangulaires marqués, ce qui donne à l’écriture une silhouette générale très anguleuse. Cette impression est accentuée par l’usage de L de type mérovingien – avec une barre oblique s’ancrant en retrait sur la haste verticale – et surtout de nombreux A formés d’un losange carré reposant sur deux fûts verticaux, aux angles également ornés d’empattements fortement marqués. Cette forme très particulière n’a pour l’instant aucun équivalent connu.

DATATION PALÉOGRAPHIQUE

  • 13  Les inscriptions de cette époque présentent en effet une graphie encore très classique, comme on p (...)
  • 14  En attendant une publication exhaustive, voir Le Blant, 1892.

102La caractérisation de cette écriture oblige à s’interroger sur sa datation. L’inscription peinte de Vouneuil ne peut, en aucun cas, être contemporaine du premier état de décor, daté de la fin du ve s. ou du début du vie s.13 Si la forme des L exclut la période carolingienne, l’absence d’autres lettres aux traits horizontaux ou intermédiaires ancrés en retrait sur la haste verticale – comme par exemple le E, le F ou le N – interdit d’y reconnaître une inscription typiquement mérovingienne, contemporaine des épitaphes gravées aux vie-viie s. sur les couvercles des sarcophages poitevins conservés au baptistère Saint-Jean de Poitiers et provenant de la région14.

  • 15  Poitiers, musée Sainte-Croix, inv. no A 897 20 ; éd. CIFM, no 91, p. 115-116.
  • 16  Angers, SDA, no inv. resp. SM-L.011 et 004 ; dessins publiés par D. Prigent et J.-Y. Hunot (1996, (...)
  • 17  Nantes, musée Dobrée, inv. no 900.7.1 ; notice dans Nantes. Musée Th. Dobrée. Art mérovingien, Par (...)
  • 18  Une nouvelle étude épigraphique (C. Treffort) est actuellement réalisée dans le cadre de l’analyse (...)

103Le module assez large des lettres pourrait en revanche convenir à une période intermédiaire, fin du viie s. ou du viiie s. L’esthétique générale et la recherche calligraphique mises en œuvre ici, qui privilégient des tracés anguleux, évoquent les inscriptions lapidaires de la seconde moitié du viiie s. conservées à Poitiers – épitaphe de Mumlenau15 (fig. 92) –, à Angers – épitaphes d’Autbertus et Ermdramnus16 (fig. 93 et 94) – ou à Nantes – épitaphe anonyme17 (fig. 95). Cependant, l’absence d’inscriptions régionales attribuables à la première moitié du viiie s. ne permet pas d’exclure cette période un peu plus ancienne. En outre, la prudence doit être de mise lorsque l’on compare des inscriptions peintes, qui relèvent d’un geste de scribe, et des textes lapidaires, réalisés par la main d’un sculpteur. Or, les seules inscriptions peintes relevant de cette période dans la région sont celles découvertes par le père de La Croix à l’hypogée des Dunes (La Croix, 1883). Malheureusement, celles-ci ont en grande partie disparu ou sont trop dégradées pour permettre une étude sérieuse ; d’autre part, elles ne sont pas datées avec précision18, ce qui limite la portée d’une éventuelle comparaison.

Fig. 92 – Épitaphe de Mumlenau de Poitiers (relevé C. Treffort).

Fig. 92 – Épitaphe de Mumlenau de Poitiers (relevé C. Treffort).
  • 19  Une datation du milieu du viiie s. avait déjà été évoquée dans l’ouvrage de M.-Th. Camus (1992, p. (...)
  • 20  Filicissimi pour Felicissimi, Filothei pour Philothei.
  • 21  Voir Sapin, 2004, no 36, p. 78-79 (personnage no 6) et no 52, p. 88-89 (panneau V). L’hypothèse de (...)

104Pour toutes ces raisons, l’analyse paléographique permet de proposer, pour la réalisation de cette inscription linéaire, une datation large du viiie s., avec une légère préférence pour la seconde moitié19. Les caractéristiques orthographiques perceptibles dans les quelques textes reconstitués ne contrediraient pas une telle datation20. L’attribution de cette inscription au viiie s. pose le problème de la discordance chronologique entre la date attribuée au décor primitif (fin ve-vie s.) et celle proposée pour l’écriture du texte, discordance qui pourrait cependant trouver sa correspondance dans la divergence apparente, relevée précédemment, entre l’identification des personnages de stucs (apôtres ou prophètes) et l’inscription de noms de martyrs. Il est alors essentiel de procéder à une analyse archéologique du bandeau de stuc ayant reçu l’inscription, afin de vérifier si le texte n’aurait pas été ajouté, dans un second temps, à un décor préexistant. L’hypothèse pourrait alors concorder avec les observations faites sur le décor, à savoir l’existence de deux états de mise en couleur, parfaitement perceptibles en particulier sur le personnage no 6 et le panneau V21.

Fig. 93 – Épitaphe d’Erdrammus d’Angers (relevé SAD-49).

Fig. 93 – Épitaphe d’Erdrammus d’Angers (relevé SAD-49).

Fig. 94 – Épitaphe d’Autbertus d’Angers (relevé SAD-49).

Fig. 94 – Épitaphe d’Autbertus d’Angers (relevé SAD-49).

Fig. 95 – Épitaphe de Vertou (relevé C. Treffort).

Fig. 95 – Épitaphe de Vertou (relevé C. Treffort).

MISE EN PAGE DE L’INSCRIPTION

  • 22  On doit également noter que si certains noms appartiennent à des femmes (Agathe, Cécile et peut-êt (...)

105Une des remarques principales concerne la mise en page de l’inscription, c’est-à-dire la manière particulière dont elle prend place dans le champ qui lui a été attribué au sein du décor. Il faut, en effet, noter que les sept noms identifiables de manière certaine (C1, C2 et C3 ; fig. 89 et 96) recouvrent une partie de bandeau d’une longueur d’environ deux mètres, soit à peu près la surface occupée par trois personnages sous arcades et les espaces intermédiaires correspondants. Les noms de saints sont collés les uns contre les autres et non disposés sous chacune des figures, comme on aurait pu s’y attendre si le programme iconographique initial et les inscriptions relevaient de la même phase. La disposition du texte est donc indépendante de celle des personnages et relève d’une logique différente à mettre en relation avec l’écart chronologique déjà relevé22.

  • 23  Voir en particulier les remarques de L. Traube (1907).
  • 24  Huit pièces : nos 1.741 ; 1.746 ; 1.764 ; 1.765 ; 1.1445 ; 1.1449 ; 1.2498 et 1.2499.

106La reconstitution d’une section inscrite d’environ 1,30 m de longueur montre que les fragments épigraphiques proviennent, pour une grande part, d’un même pan de mur, ce qui minore le caractère supposé aléatoire de leur conservation. Parmi les éléments du bandeau, ceux qui portaient les noms des saints ont pu être détachés du mur avec plus de soin que les parties anépigraphes, eu égard au statut très particulier des nomina sacra dans la société du haut Moyen Âge23. Un traitement volontairement différent pourrait expliquer le faible développé des fragments conservés du bandeau resté vierge d’inscription, dont la longueur n’excède pas 35 cm24.

Fig. 96 – Détail de l’inscription C3 (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 96 – Détail de l’inscription C3 (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
  • 25  Sapin, 2004, p. 70 (surface de 5 mx4,80 m).

107En mettant bout à bout tous les fragments, significatifs ou non, épigraphiques ou non, du bandeau concerné, on obtient en effet un développé de plus de 4 m de longueur. Or, les stucs inscrits ou provenant du décor à personnages et arcades ont été découverts ensemble dans le même contexte archéologique et présentent des traces identiques d’impact destinées à les décoller de leur support. On peut donc supposer que malgré un éventuel choix dans les fragments conservés, la proportion des pertes par rapport à l’état d’origine est identique. Si l’on applique le pourcentage d’environ 80 %, proposé à partir de l’étude du décor, le bandeau de stuc ayant reçu l’inscription pouvait, initialement, se développer sur près de 20 m de longueur, cette estimation s’accordant avec les dimensions proposées pour la salle qui accueillit à l’origine le décor25. Il nous manque donc environ seize mètres de développé du bandeau horizontal dont nous ne savons rien. Il est cependant difficile de penser qu’il était recouvert uniformément d’une écriture aussi dense que celle présente sur les fragments conservés. On pourrait alors imaginer qu’un seul côté de la salle a reçu une inscription (soit près de 5 m) et que le reste du bandeau horizontal, sur les trois autres côtés, est demeuré blanc depuis l’installation du décor de stuc jusqu’à sa destruction. Si cette hypothèse n’est pas la seule envisageable, elle a le mérite de s’accorder avec l’ensemble des observations archéologiques et épigraphiques évoquées précédemment. Pour l’étayer de manière plus assurée, il s’avère nécessaire de s’interroger sur l’emplacement et la chronologie relative du bandeau horizontal et de l’inscription par rapport au reste du décor.

RELATIONS ENTRE LE BANDEAU ÉPIGRAPHIQUE ET LE RESTE DU DÉCOR

  • 26  Nos 1.1940 à 1.1944 (C12) et 1.1933 ; 1.1934 ; 1.1939 ; 1.1955 et 1.1956 (dernière partie de C1).
  • 27  Peinture rouge sur le rebord supérieur : grande inscription C1. Aplats de couleur beige sur le reb (...)
  • 28  Notamment les fragments nos 1.1955 ; 1.1956 et sans no (dernière partie de C1).

108Le bord inférieur de deux éléments inscrits prouve la présence d’éléments préexistants sur lesquels le bandeau est venu s’installer26. En outre, les rebords supérieur et inférieur ont reçu un badigeon blanc épais et des traces d’applications de couleur27, qui, ne recouvrant pas la surface plane, laissent supposer qu’elles proviennent du décor voisin. L’observation du revers peut compléter l’analyse. En effet, plusieurs fragments portent la trace, en partie basse, de l’enduit qui a servi à installer le décor de stuc (enduit E1). En partie haute, en revanche, plusieurs négatifs de moellons, avec les marques de taille en arête de poisson, sont visibles28.

109D’après l’ensemble de ces observations, on peut imaginer le scénario suivant pour la mise en place des stucs à la fin du ve s. ou au début du vie s. : les décorateurs commencent par installer, en partie basse, l’enduit de fixation et le décor inférieur de stuc, puis le bandeau horizontal au-dessus ; enfin, ils appliquent une nouvelle couche d’enduit et la partie haute du décor de stuc, avec les personnages sous arcade. Les observations faites parallèlement sur le personnage no 6 et le panneau V montrent que, dès ce premier état (voir supra, p. 82), le décor fut complété par un rehaut de couleur appliqué directement sur le stuc. L’installation du bandeau horizontal, à cheval sur l’enduit E1 et le mur nu, peut avoir eu une raison technique, celle de renforcer la fixation des panneaux de stucs sur la paroi. Sans remettre en cause son rôle dans la structuration générale du décor, il faut donc reconnaître que la raison d’être du bandeau était, à l’origine, d’assurer la cohérence et la solidité de l’ensemble des stucs ornementaux ; l’accueil d’une éventuelle inscription ne s’imposa que dans un second temps.

  • 29  Par exemple le A du fragment constitué par les nos 1.693 à 1.696 (C3).

110Toujours suivant les observations faites sur le personnage no 6 et le panneau V, on sait que le badigeon blanc épais, déjà évoqué et dont on décèle des traces sur les rebords inférieur et supérieur du bandeau, relève, quant à lui, de la phase de réfection du décor. Sur l’inscription, on remarque à certains endroits des coulures blanches, de badigeon, ou rouges, de peinture, parfois importantes, au point de rendre méconnaissables certaines lettres29.

111On pourrait alors imaginer, pour le viiie s., le déroulement suivant : à la faveur d’un important changement religieux – apport de reliques, modification de vocable ou transformation du statut des desservants, par exemple –, on inscrit, sur une partie du bandeau horizontal blanc, un texte mentionnant des saints romains ; on badigeonne ensuite de blanc l’ensemble du décor et on le repeint pour l’harmoniser avec l’inscription, mettant en œuvre, pour le texte et le décor, une esthétique commune privilégiant les contrastes, les tracés vigoureux et une gamme chromatique intense.

112L’ensemble des observations évoquées ci-dessus montre que le bandeau de stuc est dépendant, d’un point de vue structurel, du décor à arcatures et personnages qui se distribue au-dessus et au-dessous. Au moment de son installation, le bandeau horizontal devait renforcer la fixation des panneaux de stuc sur le mur ; laissé blanc, il servit également, comme les éléments de colonnettes ou d’arcade, à figurer une architecture fictive en structurant la surface de figuration des personnages. On est alors à la fin du ve s. ou au début du vie s. L’inscription des lettres doit, quant à elle, être mise en relation avec la réfection du décor et sa seconde mise en couleur dans le courant du viiie s.

  • 30  Parmi d’autres exemples, pensons au plus remarquable, le Panthéon à Rome, temple païen devenu Sant (...)

113Cette proposition de deux états successifs, conforme en tous points aux observations archéologiques, est la seule qui puisse raisonnablement expliquer la discordance chronologique entre la mise en place du décor (datée par14C des fixations osseuses et par analyse stylistique) et l’inscription du texte (datée par l’analyse épigraphique) ainsi que l’opposition entre la figuration de prophètes ou d’apôtres et l’inscription de noms de martyrs. L’ajout d’un texte au sein d’un décor ancien, pour en modifier le sens deux siècles après, n’a jamais été observé, à notre connaissance, dans des édifices médiévaux. En revanche, l’installation d’une nouvelle inscription dans un édifice à l’occasion d’un agrandissement, d’une réfection ou d’un changement de destination est une pratique connue30. Avant de se livrer à une interprétation de ce type, il est toutefois indispensable de procéder à une analyse philologique du texte, afin de déterminer le plus précisément possible son sens général.

ANALYSE PHILOLOGIQUE

114La faible proportion et le caractère parfois très fragmentaire des vestiges conservés empêchent d’avoir une vision d’ensemble du texte, qui est venu compléter le décor et en changer le sens. Certains éléments ne portent qu’une partie de lettres et d’autres, trop ténus, ne permettent même pas de les reconnaître. Pour les associations de lettres qui ne sont pas clairement précédées ou suivies d’un point, il est impossible de déterminer si l’on se trouve au début, au milieu ou à la fin du mot : ainsi en est-il, par exemple, de...]har[... (C4), ...]cha[... (C6), ...]ecla[... (C11) ou...]fici[... (C12). Même lorsqu’un point permet de distinguer la fin du mot, les associations de lettres ne sont pas forcément assez significatives pour pouvoir reconstituer le mot entier, comme c’est le cas pour...]is.m[... (C13), par exemple.

115Cependant, le caractère relativement cohérent des trois sections, qui, après reconstitution, mesurent plus d’une trentaine de centimètres de longueur, permet d’étayer un commentaire à la fois philologique et historique. En effet, on peut y reconnaître une série de noms propres, masculins ou féminins, au génitif ou datif, précédé d’un mot dont la terminaison en -st suggère un verbe conjugué au présent, troisième personne du singulier. Ces trois ensembles sont les suivants :

116...]i.tibvrti. caeciliae. maximi. filicissimi. agat[... (C1)

117...]st. valer[... (C2)

118...]ae. filothei[... (C3)

  • 31  Passion de sainte Cécile : BHL 1495. Pour une vision globale de l’historique du culte, voir la not (...)

119Si l’on considère que ces éléments sont tombés, comme nous l’avons évoqué précédemment, d’un seul pan de mur, on peut essayer de les rapprocher en envisageant des lacunes minimes. La plus longue section correspond, indubitablement, à une liste de noms de saints, même si leur qualificatif n’est pas explicité par une apposition. Saint Valérien étant associé à Tiburce dans la Passion de sainte Cécile31, il paraît logique que l’un suive l’autre dans cette inscription. Placer le fragment...]st Valer[... en premier est d’autant plus légitime que c’est le seul à porter la terminaison d’un verbe qui pourrait marquer le début de la série. Quant à Philothée, qui lui aussi correspond manifestement à un nom de saint, il pourrait prendre place un peu plus loin, à une distance impossible à déterminer. Si l’on adopte ici aussi l’hypothèse d’une assez grande proximité, on peut alors proposer la restitution suivante :

120...]st Valer[ian]i Tiburti Caeciliae Maximi Filicissimi Agat[h]ae Filothei[...

121À cette liste, à peu près assurée, on pourrait éventuellement ajouter un dernier nom, suggéré par le rapprochement de deux fragments (C10 et C11) qui malheureusement ne collent pas, mais pourraient donner : ...]ae T[h]ecla[...

  • 32  De locis sanctis martyrum quae sunt foris civitatis Romae, c. 12, éd. Itineraria..., p. 317.

122Il est difficile de concevoir un verbe au singulier s’accordant avec une énumération qui appelle nécessairement le pluriel, sauf si l’on imagine un id est, formule permettant dans certains textes d’annoncer une liste. Pour illustrer cette hypothèse, il suffira d’un seul exemple extrait d’un itinéraire romain du haut Moyen Âge qui évoque, en ces termes, l’église située sur la voie appienne : Iuxta eandem viam quoque ecclesia est multorum sanctorum id est Ianuarii qui fuit de VII filiis Felicitatis major natu, Urbani, Agapiti, Felicissimi, Cyrini, Zenonis fratris Valentini, Tiburti, Valeriani [* et Maximi], et multi martyres ibi requiescunt32. Ce texte, dans lequel on reconnaît quelques martyrs cités à Vouneuil, montre également que le qualificatif de saint pouvait être non pas apposé à chaque nom, mais placé au début de la liste, servant pour l’ensemble. L’inscription de noms de saints sur les murs d’un édifice religieux évoque inévitablement soit le dépôt de reliques, soit une dédicace particulière. On pourrait alors imaginer, pour l’inscription de Vouneuil, un début comme Haec domus est multorum sanctorum, id e]st Valeriani, Tiburti..., ou bien Haec ecclesia dedicata est in honore multorum martyrum, id e]st Valeriani, Tiburti..., ou encore Hic sunt conditae reliquiae sanctorum martyrum, id e]st Valeriani, Tiburti...

  • 33  D’autant qu’aucune de ces formulations particulières ne donne place aux autres fragments textuels (...)

123Ces propositions ne sont bien évidemment données qu’à titre indicatif33, afin d’aider le lecteur à replacer la section d’inscription, dont le texte est assuré, dans un ensemble plus large lui donnant sens. Une recherche systématique dans les textes concernant les dédicaces ou dépôts de reliques du haut Moyen Âge est cependant rendue délicate par l’absence d’outil de travail performant ou même d’éditions exhaustives. Il faut donc limiter là les hypothèses et s’attacher à analyser les éléments conservés, tout en gardant à l’esprit le caractère périlleux de l’exercice.

COMMENTAIRE HISTORIQUE

  • 34  « Saints Domnin, Théotime, Philothée, Timothée et Auxentius, martyrs (♱ 307) », in Vies des saints (...)

124La partie conservée se présente comme une énumération de noms de saints dont l’identification est susceptible de nous éclairer sur la raison de leur inscription à Vouneuil, au viiie s. Parmi ces différents saints, le moins bien connu est sans doute Philothée, qui souffrit sa passion avec Domnin, Théotime, Timothée et Auxence au ive s. en Palestine. Le récit de leur martyre, rapporté par Eusèbe de Césarée, passa ensuite dans le martyrologe romain à la date du 5 novembre34. Aucune précision n’est toutefois connue quant à la circulation de leurs reliques et à la diffusion de leur culte dans l’Occident latin.

  • 35  Grégoire II, c. X (Liber pontificalis, p. 402) : Eo namque tempore moribus certe Honesta et nomine (...)

125Agathe, si c’est bien elle, est beaucoup plus célèbre. Jeune vierge chrétienne, elle est martyrisée en Sicile au milieu du iiie s. Fêtée le 5 février, elle connaît un culte important et son nom est même intégré dès le vie s. dans la liste des saints du canon de la messe. Sainte Agathe est déjà vénérée à Rome depuis longtemps lorsque le pape Grégoire II (715-731) lui dédie le monastère et l’église issus de la transformation de la maison de sa mère35.

  • 36  « Sainte Thècle, martyre (ier s.?) », in Vies des saints..., t. 9, p. 477-482.
  • 37  Notitia ecclesiarum urbis Romae, no 28 (Via Ostiensis) : « Et sic vadis ad sanctum Paulum via Osti (...)

126Si l’on accepte l’hypothèse de la présence de Thècle dans la liste de Vouneuil, nous aurions là une deuxième vierge martyre, l’une des plus célèbres, légendaire peut-être, assurément l’une des plus anciennes : Thècle de Séleucie (en Asie mineure), instruite par saint Paul lui-même, fêtée le 23 septembre36. En Italie, elle est vénérée anciennement près de Paul, sur la voie d’Ostie, ainsi que le rapportent les plus anciens itinéraires romains conservés37.

  • 38  « Sainte Cécile, vierge et martyre (♱ ?) », in Vies des saints..., t. 11, p. 731-759.
  • 39  Sixtus II (Liber pontificalis, p. 155) : « Qui vero sepultus est in cimiterio Calisti, via Appia ; (...)
  • 40  Grégoire III, c. XIII (Liber pontificalis, p. 420) : Etiam et cymiteria beatorum martyrum Ianuarii (...)
  • 41  Zacharie, c. XXV (Liber pontificalis, p. 434) : Huius temporibus defunctus Theodorus maior filius (...)
  • 42  Hadrien Ier, c. LXXVIII (Liber pontificalis, p. 509) : Necnon et ecclesiam beati Tiburtii et Valer (...)

127Enfin, la série des martyrs romains cités dans l’inscription de Vouneuil semble très cohérente. Il existe plusieurs saints anciens du nom de Maxime. Cependant, associé à Tiburce et Valérien, il évoque les martyrs de Rome du iiie s. dont la passion est liée à celle de sainte Cécile, citée également dans l’inscription et fêtée le 22 novembre38. Avant son supplice, celle-ci réussit en effet à convertir à la foi chrétienne Valérien, son fiancé et Tiburce, le frère de ce dernier. Allant au supplice, ils convertissent, à leur tour, Maxime et tous trois, après avoir été martyrisés le 14 avril, sont ensevelis dans le cimetière de Prétextat, sur la voie appienne. En ce même lieu, furent décapités et ensevelis en 258 les diacres Félicissime et Agapit, fêtés le 6 août, compagnons du pape Sixte, martyrisé quant à lui dans le cimetière de Calliste39. Au viiie s., le pape Grégoire III (731-741) « refit à neuf les toits des monuments funéraires des bienheureux martyrs Janvier, Urbain, Tiburce, Valérien et Maxime, qui étaient tombés en ruine40 ». Son successeur, Zacharie (741-752), reçoit d’un certain Théodore un oratoire situé sur la voie tiburtine et dédié à sainte Cécile. Le pape s’applique à agrandir et à décorer l’édifice. Ce sanctuaire, aujourd’hui disparu, était encore conservé au moment de la rédaction de la notice de Zacharie dans le Liber pontificalis41. Un peu plus tard, Hadrien Ier (771- 795) « restaura et réunit en un seul [les édifices] que les temps anciens avaient flétris : l’église des saints Tiburce, Valérien et Maxime, la basilique de saint Zénon et le monument funéraire des saints Urbain pape, Félicissime et Agapit, et Janvier et Cyrin martyrs, au-delà de la porte appienne42 ».

  • 43  Cf. Dubois, Renaud, 1976 : aux dates du 5 février (Agathe), du 14 avril (Tiburce, Valérien et Maxi (...)
  • 44  Cf. Dubois, 1965 (Subsidia hagiographica) : aux mêmes dates que dans la note précédente.
  • 45  Cf. Dubois, Renaud, 1984 : aux mêmes dates que dans la note précédente.
  • 46  Voir le tableau récapitulatif dans Dubois, Lemaître, 1993, p. 85-86.

128Si l’on excepte Philothée, dont le culte est très mal renseigné pour l’Occident, les saints martyrs dont les noms sont inscrits sur les murs de l’édifice de Vouneuil sont célèbres et vénérés anciennement en Occident. Tous, sans exception, font l’objet d’une notice dans le martyrologe de Bède43, d’Usuard44 ou d’Adon45. Ils sont présents anciennement dans la tradition liturgique romaine : pour chacun (sauf pour Thècle), il existe une messe dans les plus anciens sacramentaires conservés (gélasien, Paduense et Hadrianum46). En outre, le culte de ces martyrs anciens et célèbres semble avoir connu un renouveau dans la première moitié du viiie s. à Rome, à l’occasion de travaux réalisés autour de leurs reliques ou en leur honneur par différents papes : Grégoire II (715-731) en édifiant une église Sainte-Agathe, Grégoire III (731-741) en refaisant à neuf les monuments funéraires de Tiburce, Valérien et Maxime, Zacharie (741-752), enfin en agrandissant et embellissant un oratoire dédié à sainte Cécile. La coïncidence est troublante et oblige à s’interroger sur d’éventuels liens avec l’édifice de Vouneuil.

129En ce domaine, il faut veiller à ne sombrer ni dans un excès ni dans un autre. Si rapports il y eut, ceux-ci ne furent sans doute ni directs, ni réguliers. Pour établir un lien éventuel, il faut s’éloigner d’une perspective trop locale pour faire appel à un contexte large, mettant en jeu la grande Histoire, celle des rapports politico-religieux entre l’Aquitaine – qui s’étendait alors de la Loire aux Pyrénées –, la Neustrie et la papauté.

  • 47  Synthèse élaborée à partir des ouvrages suivants : Auzias, 1937 et Rouche, 1979.
  • 48  Cf. Liber pontificalis, p. 401 : Eodem tempore nefanda Agarenorum gens cum iam Spaniarum provincia (...)
  • 49  Lettre V, de Grégoire à Charles (éd. PL 89, col. 582) : Conjuro te per Deum vivum et verum, et per (...)

130Dans l’Aquitaine du viiie s. s’opposent, en effet, deux forces contradictoires47. D’un côté, les « princes » aquitains Loup, Eudes, Hunald ou Waïfre militent pour une véritable indépendance régionale. De l’autre, les maires du palais puis rois francs Charles Martel, Pépin le Bref et Charlemagne convoitent, pour des raisons en grande partie économiques, cette opulente Aquitaine, qui offre, entre autres, marbre, sel et argent en abondance. Si le début du siècle favorise une autonomie de fait des princes aquitains, l’année 731 marque un coup d’arrêt au processus. À cette date, Eudes subit un important revers militaire devant Toulouse face aux musulmans venus du sud des Pyrénées. La nouvelle de cette défaite, arrivée jusqu’à Rome par un courrier d’Eudes, paraît assez importante aux yeux des Romains pour qu’elle soit enregistrée dans la notice consacrée au pape Grégoire II par le Liber pontificalis48. Suite à ce revers, Eudes doit demander secours à Charles Martel, qui, attiré par les richesses de l’Aquitaine et désireux d’une revanche contre Eudes, répond à l’appel et bat les musulmans en 732 près de Poitiers. Cette victoire marque à la fois la fin des ambitions d’Eudes et le début des espoirs pontificaux. Grégoire III, alors en lutte contre les Byzantins et menacé par les Lombards, fait en effet appel à Charles Martel pour obtenir son aide, accompagnant ses missives de présents divers, en particulier une relique insigne, la clé de Saint-Pierre49. La réponse positive de Charles ne s’accompagne toutefois pas d’actes et les relations en restent au stade épistolaire.

131La mort d’Eudes en 735 ne marque pas un coup d’arrêt définitif au particularisme aquitain et son fils Hunald finit par être reconnu duc des Aquitains par Charles Martel, en échange d’un serment de fidélité. En 741, Hunald se révolte contre les fils de Charles, Carloman et Pépin. La riposte ne se fait pas attendre et Hunald doit réitérer son serment de fidélité. Il se retire l’année même dans un monastère de l’île de Ré, laissant à son fils Waïfre son duché libre de tout serment et de toute sujétion. En 752, il quitte son monastère d’Aquitaine pour un autre situé à Rome, où le frère de Pépin, abdiquant en 747, a également pris l’habit religieux. Waïfre reprend la lutte, aidé un temps par Grifon, le demi-frère de Pépin. Dans les années 760 et suivantes, ce dernier, accusant Waïfre d’avoir usurpé les biens des églises de Neustrie et d’Austrasie situées en Aquitaine, organise plusieurs campagnes militaires et prend au fur et à mesure toutes les cités de la région, en commençant par celles du Nord, dont Poitiers. En 768, à la mort de Waïfre, l’Aquitaine perd son dernier princeps. Pépin, fatigué et malade, ne lui survit que quelques mois et l’Aquitaine passe alors sous l’autorité de Charlemagne, unique souverain à partir de 771.

  • 50  Pour Angoulême, cf. Paris, BnF, lat. 816, éd. P. Saint-Roch, Liber sacramentorum Engolismensis, Tu (...)

132Ces faits d’armes, qui ont laissé un souvenir très négatif en Aquitaine, n’ont pas empêché Pépin de développer en parallèle une politique religieuse, qui préfigure celle de son fils Charlemagne. Souhaitant réformer l’Église franque et unifier sa liturgie, il cultive des liens étroits avec la politique pontificale, ce qui aboutit en 754 à son sacre par le pape Étienne II. À la suite de cet événement, Pépin organise deux expéditions militaires contre les Lombards et permet, par sa victoire, la constitution du Patrimoine de saint Pierre. Pépin contribue également à l’introduction de la liturgie romaine en Gaule en faisant compiler à Flavigny le sacramentaire gélasien du viiie s., afin de le diffuser dans l’ensemble du royaume. Deux manuscrits de la fin du viiie s. ou du ixe s. attestent la présence de cet ouvrage, qui contient les messes pour les saints mentionnés à Vouneuil, à Angoulême et à Limoges50.

133La politique initiée par Pépin le Bref est poursuivie par son fils Charlemagne qui, devenu seul roi à la mort de son frère Carloman, mène conjointement opérations militaires et réformes religieuses. Charles porte une attention toute particulière à l’Aquitaine à partir de 778, date du massacre de son arrière-garde par les Vascons à Roncevaux, qui dut s’accompagner de quelques mouvements de révolte dans la région. Dès 779, Charlemagne y place des vassi dominici et des comtes francs qui remplacent systématiquement l’aristocratie locale. En 781, il érige l’Aquitaine en royaume au profit de son fils, né trois ans plus tôt dans le palais royal de Chasseneuil près de Poitiers, le petit Louis. L’enfant est envoyé à Rome pour recevoir l’onction royale du pape Hadrien – en même temps que son frère Pépin sacré roi d’Italie –, puis promené en armes dans tout son royaume. Louis (futur le Pieux) étant bien trop jeune pour régner, Charles garde la haute main sur le pays. Il y installe partout des comtes, des abbés et des vassaux d’origine franque et organise administrativement le royaume, qui bénéficie directement de ses réformes religieuses. Comme son père, Charlemagne souhaite une unification et une romanisation de la liturgie de son royaume. Il fait venir de Rome un antiphonaire et le sacramentaire grégorien, appelé à une diffusion importante et rapide dans l’Empire après 800. La romanisation de l’Église franque prend d’autres formes, notamment par le développement de cultes ou l’accueil de reliques d’origine romaine.

  • 51  Annales de Xanten, 839 (éd. MGH, SS, II, p. 226) : Eo anno venerunt corpora sanctorum Felicissimi (...)
  • 52  Reliques remises par le pape Grégoire IV à l’abbé Gotzbald de Niederalataich, futur abbé de Würtzb (...)
  • 53  Raoul de Fulda, Miracles des saints translatés à Fulda (sous appellation erronée de Vie de Raban M (...)
  • 54  Raoul de Fulda, Miracles des saints translatés à Fulda (éd. MGH, SS, XV, p. 336 et 338) : Detulit (...)

134Parmi les reliques emmenées au nord des Alpes à l’époque carolingienne, celles de Félicissime semblent avoir eu un certain succès, soit en compagnie d’Agapit, à Freden en Westphalie en 83951 ou, dans les mêmes années, à Isarhofen en Bavière52, soit seul : un de ses bras est fourni par Deusdona en 835 à l’abbaye de Fulda53. En 838, Raban Maur reçoit également à Fulda les reliques de sainte Cécile ainsi que de Tiburce et Valérien54.

135Sans imaginer forcément à Vouneuil une intervention directe du souverain ou un apport de reliques provenant en droite ligne de Rome, il est permis de penser que l’ajout de l’inscription – qui accompagne une remise au goût du jour de l’ensemble du décor ancien – manifeste un changement de sensibilité religieuse lié au contexte de romanisation carolingienne.

136L’enjeu de ces quelques textes peints est donc bien plus important qu’on ne pouvait l’imaginer à première vue. Au milieu du viiie s., l’édifice devait encore se présenter avec son décor de stuc de tradition antique, organisé en plusieurs registres séparés par un bandeau blanc, anépigraphe, et représentant des personnages anonymes sous des arcades. À l’occasion d’un changement culturel important, on ajoute une inscription mentionnant des saints martyrs romains, dont le culte se diffuse alors, favorisé par le contexte de collaboration entre Pépin le Bref ou Charlemagne avec la papauté.

137L’ajout d’une inscription dans un édifice peut indirectement modifier le sens de son décor. À Vouneuil, aucun nom de saint n’a été placé en relation directe avec un personnage. On n’a donc pas voulu changer leur identité ni les personnaliser. Cependant, l’inscription du texte, dans un programme décoratif rénové, peut avoir contribué à détourner la perception de figures humaines auparavant anonymes vers une identification précise. En revêtant de nouveaux habits et en prêtant indirectement leurs corps aux saints martyrs de Rome, les personnages de stucs de l’église de Vouneuil, accompagnés de l’inscription, exposent une nouvelle conception ecclésiologique, celle qui permet, en 800, la restauration de l’Empire.

LES TECHNIQUES

138Bénédicte Palazzo-Bertholon

LA MISE EN ŒUVRE DU DÉCOR

  • 55  Par commodité, on désigne sous le terme générique de « pâte », les mortiers, les enduits et les st (...)

139L’étude des stucs et des enduits peints provenant de Vouneuil a commencé par le tri des fragments, afin d’établir une typologie des pâtes55. Cette première typologie, définie sur des critères macroscopiques, montre qu’il existe dix sortes de mortiers différents sortis de la fouille dirigée par M.-R. Sire.

  • 56  Pour le protocole d’étude, voir Palazzo-Bertholon, 2000, p. 223- 230. Il a été appliqué sur différ (...)
  • 57  Voir Annexe D pour la description de la typologie des dix ensembles de mortiers et d’enduits.

140Compte tenu du grand nombre de fragments, nous avons renoncé à l’établissement d’une fiche descriptive pour chacun des enduits et nous avons simplement regroupé ensemble les fragments semblables. Le regroupement des pâtes a été effectué à l’œil nu, selon des critères prédéfinis, puis à partir de lames minces étudiées sous microscope optique et électronique56. Le descriptif de la typologie a été consigné en annexe57, afin de centrer notre discours sur la problématique des seuls enduits associés aux stucs.

141L’étude conjointe des enduits peints et des stucs a fait rapidement apparaître que le décor de stuc était associé à deux types d’enduits de couleur rose, appelés E1 et E2. En effet, l’observation systématique des stucs a montré que le mortier accroché au revers des reliefs correspondait toujours à ces deux types d’enduits et à aucun autre. Aussi, pouvons-nous dire que le décor de stuc a été réalisé conjointement à un seul état d’enduit regroupant les types E1 et E2, très proches d’ailleurs par leur composition.

142Ces deux enduits présentent un mortier de couleur rose, avec de nombreux nodules blancs de liant dans l’épaisseur, une charge sableuse et des petits grains noirs assimilés à du charbon de bois. Ce mortier contient également de nombreux grains rouges, dispersés dans la masse. L’enduit E1 présente une couleur plus claire que l’enduit E2 : leur composition est comparable, mais la proportion de la charge et du liant varie légèrement. Par la stratigraphie, on sait également que E2 a été appliqué par endroits sur E1 et certains fragments conservent les deux couches en superposition. L’observation attentive des supports et des surfaces montre qu’il existe une unité picturale entre les couches de peintures observées sur E1 et sur E2. L’enduit E2, moins bien représenté en nombre que l’enduit E1, apparaît, en définitive, comme une reprise d’enduit ponctuel et marginal, dans le cadre général de la réalisation du décor. Par ailleurs, l’absence de couche picturale entre les deux enduits confirme leur appartenance à une même campagne d’ornementation.

143L’enduit de support (E1 et E2) est soigneusement lissé en surface et conserve des tracés préparatoires peints, réalisés en noir ou en rouge selon les zones. Ces tracés peints préparatoires sont associés à de fines incisions gravées dans l’enduit frais. En outre, un arrachement blanchâtre à la surface, résidu d’un collage disparu de stuc, apparaît à certains endroits, recouvrant les tracés rouge et noir, comme les incisions.

144L’étude précise de ces tracés préparatoires a fait apparaître qu’il s’agissait de la mise en œuvre du décor mural dans son ensemble, selon la chronologie suivante :

  • l’enduit est dressé sur la maçonnerie, avec une épaisseur d’un à plusieurs centimètres selon les zones. Dans certains cas, l’enduit a été appliqué directement sur la maçonnerie et le négatif des joints du mur apparaît, saillant, au revers de l’enduit. Dans d’autres cas, le revers de l’enduit présente une surface lisse, régulière et peu épaisse, témoignant de l’application de l’enduit sur une surface déjà préparée, c’est-à-dire une maçonnerie soi gneusement jointoyée137. L’enduit est alors serré et soi- gneusement lissé à la surface ;

    • 58  L’exemple des sinopia identifiées sur les murs de Corvey illustre cette mise en place des éléments (...)

    le décor est ensuite mis en place sur l’enduit encore frais, à l’aide des trois codes choisis : tracé noir, tracé rouge et incisions fines à la pointe. Cette sinopia, car on peut l’appeler ainsi, contient, dès sa conception, l’intégralité du projet décoratif. L’étude du dessin préparatoire montre en effet que les tracés rouges et noirs correspondent à la mise en place générale du décor : panneaux décoratifs, motifs ornementaux, personnages58, arcatures, etc. Les incisions fines dans l’enduit frais semblent, en revanche, délimiter plus spécifiquement les zones destinées à recevoir les stucs. De nombreuses incisions sont en effet visibles sur les fragments d’enduits ayant perdu leur ornement de stuc et témoignent ainsi de la mise en place des reliefs sur la paroi enduite. Ces indices préparatoires montrent donc que le décor de stuc et de peinture fut pensé et projeté en un seul et même temps. De plus, les tracés préparatoires noir et rouge ne sont pas associés sur les mêmes fragments : ils semblent correspondre l’un et l’autre à des panneaux différents. On dispose, par exemple, de deux panneaux d’enduit orné de stuc avec la même composition de rinceaux et feuillages blancs sur un fond jaune. Le premier panneau présente une teinte jaune clair, pour le fond, associée à un tracé préparatoire rouge, tandis que le second panneau conserve un fond jaune foncé et un tracé préparatoire noir. La seule comparaison des teintes jaunes en surface ne suffit pas à distinguer deux panneaux parmi ces fragments, car le jaune foncé peut correspondre au bas du panneau, plus sale que le haut ou bien à des conditions de conservation différentes dans le sol. En revanche, la correspondance du tracé préparatoire avec la teinte de surface constitue un indice plus fiable pour proposer la restitution de deux panneaux différents au lieu d’un seul ;

  • les reliefs de stucs sont alors modelés et fixés sur l’enduit, avant de recevoir un traitement coloré. Ces deux volets de la réalisation du décor seront développés dans les paragraphes suivants.

LA FABRICATION DES STUCS

145Comme nous l’avons montré précédemment, le décor de stuc est associé à un seul état d’enduit composé de deux variantes E1 et E2.

146L’observation attentive des fragments de décor en stuc – à l’échelle macroscopique – a montré également quelques différences :

147– la grande majorité des stucs présente une pâte blanche homogène, sans charge apparente à cette échelle d’observation, que nous appelons S1 ;
– un petit ensemble de fragments présente en revanche une pâte grise appelée S2 et composée de très petits grains noirs, qui colorent la masse du stuc de manière homogène.

  • 59  Un petit fragment de bordure, qui conserve peut-être un morceau d’inscription, présente la même pâ (...)

148Après le regroupement des fragments à pâte grise, nous avons constaté que le stuc de type S1 était apparenté à un seul et même type d’arcature (type B)59, qui constitue donc un élément isolé du reste, du point de vue technique. Nous pouvons restituer deux arcatures identiques avec leurs chapiteaux, composés de cette pâte grise.

149Autre différence notoire, cette arcature est beaucoup plus saillante que les autres, plus épaisse et donc plus lourde. Par ailleurs, bien qu’elle utilise les mêmes motifs, de facture semblable (feuilles lancéolées), que les autres arcatures, elle est plus richement ornée, avec une série de cavités placées au-dessus de la frise de feuilles. De plus, cette arcature est la seule à être rehaussée de rouge, à l’intérieur des cavités et sur le pourtour des feuilles lancéolées. Elle se distingue, donc à plusieurs points de vue, des autres arcatures inventoriées dans le décor.

  • 60  Voir l’illustration de VSB 15 sur la lame mince, qui montre ce badigeon entre les deux dernières é (...)

150L’étude en coupe d’une section complète avec une feuille lancéolée à la surface montre néanmoins que le motif n’est pas constitué de stuc gris, mais de stuc blanc, de type S1. Aussi, le décor en surface de l’arcature est-il traité différemment de son épaisseur et cet indice nous fait envisager l’hypothèse suivante : l’arcature ajourée (type B) est réalisée dans son épaisseur, avec une composition un peu différente (S2), mais le décor appliqué en surface est identique aux autres arcatures et il est constitué de la même pâte S1. L’étude de fragments constitués exclusivement de stuc blanc S1 montre la même chose (VSB 15) : le relief décoratif appliqué en surface arrive dans un second temps et il est fixé au support – qui a probablement séché entre-temps – avec un badigeon blanc60. Aussi, a-t-on probablement mis en place dans un premier temps l’épaisseur de cette arcature, puis on l’a décorée dans un second temps seulement, au même moment que les autres, avec la même pâte S1 et les mêmes motifs. Cette observation indique que la mise en place des hauts-reliefs a été réalisée en deux temps : la structure des arcatures dans leur épaisseur d’abord, puis la réalisation des motifs ornementaux à la surface. Il apparaît également que l’arcature ajourée (type B) est contemporaine des autres, malgré sa différence de composition, qui n’est pas un indice différentiel de datation, mais une information technique.

Les reliefs

151Quel que soit le type de pâte, les stucs présentent les mêmes caractéristiques de fabrication et de mise en œuvre. On distingue les bas-reliefs des hauts-reliefs, pour lesquels les ouvriers ont eu recours à des techniques différentes.

152Les hauts-reliefs sont fabriqués en plusieurs couches superposées (trois généralement) pour une épaisseur de 5 cm et plus (fig. 97). Les couches ne présentent à l’œil nu aucune différence et l’application en plusieurs couches s’explique par le séchage nécessaire de chaque épaisseur. Dans quelques cas, on conserve un badigeon de chaux entre les deux dernières couches appliquées, mais les couches profondes sont superposées le plus souvent directement, sans badigeon de liaison.

153Pour les arcatures, les frises de feuilles de laurier sont réalisées à partir d’une bande de stuc de quelques millimètres d’épaisseur, qui est collée sur la courbe de l’arcature puis sculptée. À l’aide d’un outil tranchant, les bordures sont éliminées et les nervures des feuilles sont incisées dans le stuc frais. Le cordon de perles, qui surplombe la frise de feuilles lancéolées, est réalisé plus simplement : des petites billes de stuc sont roulées à la main puis collées sur l’arcature avec une légère pression des doigts et un lait de chaux. Cette technique, simple et rapide, explique que certains fragments de stuc aient perdu une bonne partie de leurs perles, mais leur négatif reste néanmoins visible sur le support.

Fig. 97 – Vue des couches de stuc (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 97 – Vue des couches de stuc (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
  • 61  Les grains de raisin ne peuvent pas avoir été réalisés avant la mise en place de la grappe sur le (...)

154Les demi-colonnettes, quant à elles, sont réalisées en plusieurs couches, à l’instar des arcatures. Si l’on prend l’exemple des colonnettes ornées de pampres, on distingue en coupe deux couches de stuc superposées constituant le relief de la colonnette. La première couche appliquée – de couleur plus claire que les suivantes – constitue l’ossature du relief. La deuxième couche appliquée forme le galbe de la colonnette, arrondit et lisse sa surface. Une troisième couche est constituée par les rinceaux et les grappes de raisin qui s’accrochent au support grâce à un badigeon de chaux. Les rinceaux sont formés de petits boudins roulés, tandis que les grappes sont moulées probablement avant d’être collées encore fraîches sur le galbe du fût. Les grains de raisin sont réalisés par impression dans le stuc frais – empreintes de 1 à 3 mm de profondeur – d’un genre de paille de 6 à 7 mm de diamètre, alors que le relief est en place sur la colonnette61. Un badigeon blanc épais recouvre enfin la surface de la colonnette et dissimule le collage des motifs (rinceaux et grappes) sur le fût.

Le mode de fixation

  • 62  Poitiers, thermes de la rue Arthur-Ranc, cf. Sapin, 2004, p. 34, notice no 4 (D. Simon-Hiernard et (...)
  • 63  Nous remercions particulièrement le professeur Louis de Bonis (université de Poitiers, Laboratoire (...)

155Les hauts-reliefs tiennent sur l’enduit de support grâce à un système de chevilles en os fixées au revers des stucs et enfoncées dans l’enduit de support (fig. 98). Lors de la fouille, plus d’une cinquantaine de ces esquilles d’os ont été rassemblées et de nombreux exemples restent aujourd’hui fixés au revers des fragments de stuc. Dans les sources antiques (Vitruve, livre VII, chapitre III), on préconise généralement la fixation des enduits et des stucs avec des chevilles de bois – comme à Sanxay (Sapin, 2004, p. 32, notice no 1 : D. Simon-Hiernard et M. Tisseuil) – ou bien des clous – comme au revers des stucs de Curçay-sur-Dive (Sapin, 2004, p. 35, notice no 5 : D. Simon-Hiernard) –, mais il n’existe pas, semble-t-il, de référence écrite pour les chevilles en os. Pourtant, ce mode d’accrochage est utilisé dans la région Poitou-Charentes dès l’Antiquité. On a identifié plusieurs sites, en effet, où les enduits ou les stucs étaient fixés par des esquilles osseuses, parmi lesquels ceux de Mayré (Allag, 1983) et de Poitiers62. Ces fragments d’os sont difficiles à identifier, en raison de leur petite taille et du choix que leurs fabricants ont fait d’os longs sans leur terminaison, chère aux archéozoologues. Seuls trois d’entre eux ont été identifiés comme un os de cheval, un os de bovin et un os d’ovin ou de caprin63. Cette diversité laisse imaginer que les chevilles étaient façonnées à partir de reliefs de repas ou de dépouilles animales.

Fig. 98 – Éléments en stuc (coude) avec esquille en os (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 98 – Éléments en stuc (coude) avec esquille en os (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 99 – Décor de disque plat avec tracé de compas (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 99 – Décor de disque plat avec tracé de compas (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

156Les bas-reliefs présentent une épaisseur de 5 à 10 mm en moyenne, en une seule couche appliquée sur les enduits E1 et E2. Plusieurs techniques ont été repérées pour leur mise en forme :

157– les bas-reliefs ne présentent aucune trace d’accrochage au revers. Celui-ci est très lisse, marqué simplement de petites traces blanches témoignant d’un lait de chaux ayant collé le relief sur l’enduit E1 ou E2 ;

Fig. 100 – Fragment de grappe de raisin montrant la régularité des empreintes du moule (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 100 – Fragment de grappe de raisin montrant la régularité des empreintes du moule (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 101 – Décor de feston à écailles : a) cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers ; b) relevé G. Fèvre, CEM.

Fig. 101 – Décor de feston à écailles : a) cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers ; b) relevé G. Fèvre, CEM.
  • les motifs simples sont découpés dans une bande de stuc régulière, plate et lissée – paraissant travaillée au rouleau, comme une pâte à tarte –, qui est ensuite découpée sur toute l’épaisseur et collée sur l’enduit de support. C’est le cas par exemple des rosettes de stuc à quatre, six et huit pétales dont l’épaisseur ne dépasse pas 7 mm. Pour les disques plats, le contour a été réalisé au compas, dont on conserve la trace de l’axe sous la forme d’un petit trou laissé par la pointe au centre du motif (fig. 99). Les entrelacs sont réalisés à partir d’un simple cordon de stuc découpé et fixé sur l’enduit avec un badigeon blanc ;

  • le modelage est également utilisé pour certains éléments comme les grappes de raisin appliquées directement sur l’enduit (fig. 100). L’identification de ces éléments décoratifs de stucs, séparés de leur support, n’a été possible que par analogie avec les pampres des colonnettes. Sans cela, leur interprétation aurait été bien délicate. Quelques grappes de grande dimension portent au revers, en plus du badigeon de chaux, les traces de petites encoches pratiquées au préalable dans le support, afin d’améliorer l’adhérence d’un relief dont le poids devient significatif. La surface est ensuite traitée à l’aide d’une paille, à l’instar des pampres des colonnettes. Deux diamètres de paille ont été employés pour le décor des grappes : 6-7 mm comme sur les colonnettes et 5 mm. La correspondance du diamètre de paille entre les grappes des colonnettes et celles appliquées sur l’enduit conforte l’hypothèse d’une réalisation conjointe des deux parties de décor ;

    • 64  Voir par exemple le no 1.1258 (vue en coupe). Le mortier conservé sur le côté illustre bien l’arti (...)

    certains éléments de bas-reliefs présentent néanmoins une fabrication plus complexe, telle que les guirlandes d’écaille qui servent d’encadrement à certains panneaux d’enduit peint (fig. 101a et b). Ces éléments de décor présentent une âme de stuc constituant l’épaisseur du cadre et les palmettes, qui paraissent modelées à la main, sont ensuite collées à la chaux sur l’âme de stuc64. Le support a une couleur un peu jaune tandis que les palmettes sont faites d’une pâte plus blanche, mais un badigeon blanc épais recouvre l’ensemble du cadre et dissimule des variations de teinte.

Fig. 102 – Détail d’un décor de feuillage, panneau II (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 102 – Détail d’un décor de feuillage, panneau II (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

La mise en couleur (ensemble stuc et enduit)

158La dernière étape dans la réalisation du décor d’enduit et de stuc est le traitement de la surface (fig. 102). Tout d’abord, l’ensemble des fonds et des stucs en relief est recouvert d’un badigeon blanc couvrant toute la surface. De manière générale, les stucs sont réservés en blanc, sauf pour quelques motifs tels que le livre ouvert, les croix pattées, les visages et l’oiseau. On ne peut pas parler d’un, mais de plusieurs badigeons blancs, dont l’aspect, l’épaisseur et le nombre de couches varient selon les zones. La variété de ces badigeons blancs a d’abord paru déconcertante :

  • le premier badigeon appliqué à l’ensemble du décor d’enduit et de stuc est couvrant, mais d’une épaisseur régulière et appliqué avec soin. Ce badigeon constitue une surface de « finition » pour les reliefs de stuc et une surface de « préparation » pour les fonds d’enduit, qui reçoivent ensuite les aplats colorés ;

  • d’autres badigeons succèdent au premier dans certaines zones de décor. Ainsi, les reliefs de stuc présentent généralement une seconde couverture blanche, plus épaisse et appliquée sans soin, formant de nombreuses coulures à la surface ;

  • un badigeon blanc épais – en deux ou trois couches parfois – est également appliqué sur certains fonds E1 et E2. La surface qui en résulte est irrégulière et presque bosselée à certains endroits. Cet aspect de surface est caractéristique de certains fragments de petite dimension, qui conservent des couleurs moins bien représentées en surface, telles que le rose, le marron et le bleu clair.

159Aussi, l’inventaire de ces badigeons a montré, dès le départ, une variété qui laissait envisager la succession de plusieurs états de surface.

160Ensuite, les fonds de couleur sont réalisés sur l’enduit, autour des reliefs de stuc. La palette de couleurs employées pour le décor est assez étendue, mais elle présente peu de nuances. Ainsi, on dénombre onze couleurs différentes, plus le blanc, et seulement deux couleurs présentent deux tonalités différentes chacune (le jaune et le vert). Par ailleurs, on dispose d’un seul cas où la superposition de deux couches picturales a été utilisée pour réaliser la couleur visible (le marron). Cet inventaire ne prend en compte que les couleurs et leur application, et les considérations stratigraphiques associées à ces couleurs ne seront traitées que dans la dernière partie de ce chapitre consacrée aux caractérisations physico-chimiques (voir infra, p. 132-142). En effet, l’observation à l’œil nu nous avait permis de distinguer plusieurs badigeons blancs, parfois superposés en deux ou trois couches, et certaines couleurs telles que le bleu clair, le rose ou le marron, qui étaient appliquées sur un badigeon blanc plus épais qu’ailleurs, laissant envisager plusieurs états de mise en couleur. Cependant, seule l’analyse stratigraphique des couches picturales au microscope nous a permis de repérer précisément les différentes séquences de la peinture et les conclusions sur le sujet clôturent le chapitre suivant.

161Diverses teintes sont présentes sur le décor d’enduit et de stuc :

  • le rouge est la couleur la plus souvent représentée sur l’ensemble de Vouneuil. Il est employé comme couverture de fond en aplat, associé aux stipes de palmier par exemple. Il est utilisé par ailleurs, très fréquemment aussi, pour souligner les formes des stucs – plis des vêtements par exemple – et à la jonction des fonds avec les motifs en relief. Il est également employé pour peindre les lettres en capitales romaines de la grande inscription du bandeau de stuc ;

  • l’orangé est largement présent sous la forme de fond (personnage no 3), de rehaut sur les visages des personnages, dans un panneau plat à décor de tiges et de fleurettes ainsi que dans le décor concave de la niche (fig. 103) ;

  • le vert présente deux tonalités différentes dans le décor : un vert foncé, utilisé comme rehaut sur le contour d’une arcature à fond orangé, dans les petits motifs fragmentaires de stucs ornés de franges peintes et pour les tiges du décor sur panneau plat : tiges végétales et fleurettes orange ; un vert clair, employé principalement comme fond du personnage no 1 et comme rehaut ponctuel sur le volumen du personnage no 7, par exemple ;

  • le jaune présente, comme le vert, deux tonalités différentes : un jaune clair et un jaune foncé. Ces deux jaunes sont employés comme fond dans les panneaux à décor végétal de rinceaux et de feuillages. Un fragment orné d’une crosse végétale est également conservé en liaison avec la reconstitution du personnage no 3 (sur le côté droit) ;

  • le gris clair est employé comme fond, autour de la croix pattée par exemple et derrière le personnage no 11 ;

  • le gris foncé est employé comme fond également, à l’arrière du personnage no 2 ;

  • le bleu clair est particulièrement lumineux, mais on conserve peu de fragments de ce type. Il est appliqué sur l’enduit, sous forme de fond – pour autant que la surface conservée nous permette d’en juger – et, dans certains cas, il est associé au vert foncé répertorié plus haut ;

  • le marron est la seule couche picturale réalisée par la superposition de deux couleurs : une sous-couche noire en dessous et une couche rouge par-dessus ;

  • le noir est largement employé sur le décor, généralement sous la forme de rehaut. Il souligne le contour des motifs de fleurons blancs par exemple, renforce la pupille des visages, recouvre en stratigraphie un rehaut rouge à la jonction du stuc avec l’enduit de support dans certains panneaux végétaux – crosse dans l’angle de l’arcature, panneau à fond jaune, jouxtant le personnage no 3 – et souligne les plis de vêtements des personnages no 9 et 10, dans une forme préparatoire qui ne semble pas achevée. Par ailleurs, le petit fragment d’écriture cursive est également tracé en noir (Sapin, 2004, p. 85, notice no 44 : C. Treffort) ;

  • le rose clair est présent sur quelques petits fragments d’enduit seulement, sous la forme d’aplat – pour autant que la surface conservée nous permette d’en juger.

Fig. 103 – Fragment incurvé avec décor peint : niche (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).

Fig. 103 – Fragment incurvé avec décor peint : niche (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
  • 65  Tel que le fond blanc accompagnant les motifs de disques plats et de palmettes cernés de rouge.

162Les fonds de couleur ne présentent chaque fois qu’une seule couche picturale en aplat – certains fonds, peu nombreux, sont également laissés blancs65. La réalisation de ces fonds est simple et rapide, en une seule couche monochrome. Ce qui est vérifié sur les panneaux à motifs végétaux, tels que les rinceaux et les feuillages sur fond jaune, les stipes de palmier et les rinceaux à feuillages sur fond rouge. Les fonds des personnages, en revanche, présentent un traitement plus « sophistiqué » avec un fond monochrome et monocouche, mais agrémenté de petites touches décoratives en surface. Ainsi, le fond vert clair du personnage no 1 est orné de virgules orangées simulant peut-être un décor de faux marbre.

163Puis, de manière systématique, sur les panneaux végétaux, les arcades et les personnages, la jonction du stuc et du support d’enduit est rehaussée d’un cerne de couleur différente du fond. Ce tracé a pour objectif de souligner et d’accentuer le relief du motif appliqué, en choisissant, dans cette optique, une couleur plus sombre que celle du fond. Plusieurs associations « fond-cerne » sont connues à partir des fragments :

  • rehaut rouge sur fond blanc, sur fond jaune, sur fond gris clair (croix), sur fond gris foncé ;

  • rehaut vert sur fond orangé ;

  • rehaut noir sur fond blanc (fleurons), sur fond jaune clair, sur fond rouge et associé au fond jaune clair, en superposition sur des rehauts rouges antérieurs ;

  • rehaut orangé sur fond vert clair, sur fond gris clair.

164Cependant, certains éléments ornementaux de stuc sont réellement agrémentés de peinture, c’est-à-dire décorés avec de la couleur, à l’instar de la croix pattée, du livre ouvert et des rouleaux que tiennent les personnages. Pour ces quelques motifs, les peintres ne se sont pas contentés d’aplats monochromes, mais ont soigné le détail des objets par une association de couleurs différentes, leur conférant ainsi une esthétique supérieure au reste. La tentation est grande d’associer la force symbolique des éléments concernés – croix pattée, livre ouvert et rouleaux – avec le soin tout particulier que les artistes semblent leur avoir réservé.

LA RECONSTITUTION DU DÉCOR : INDICES TECHNIQUES ET MÉTHODE DE RECOUPEMENT

Indices techniques

165Préalablement à l’étude technique du décor, il est important de signaler les traces de pics conservées sur certains stucs et enduits peints. Ces stigmates témoignent en effet de la destruction manifeste et volontaire de ce décor et non d’une dégradation accidentelle, d’un abandon du lieu ou d’un incendie fortuit.

166La reconstitution d’un décor fragmentaire de stuc relève de la même démarche que celle appliquée aux enduits peints et différents critères d’observations sont pris en compte.

167Pour l’enduit qui reçoit le stuc :

  • la nature, l’épaisseur et la stratigraphie du support (typologie des enduits et mortiers conservés) ;

  • les traces d’accrochages conservées sur l’avers (côté stuc) et le revers de l’enduit (côté maçonnerie) ;

  • les tracés préparatoires conservés à la surface de l’enduit, puis la stratigraphie des badigeons et des couches picturales appliqués par-dessus.

168Pour le stuc :

  • la nature, l’épaisseur et la stratigraphie visible en coupe ;

  • les traces d’accrochages conservées au revers des reliefs de stuc ;

  • les indices de mise en œuvre (traces d’outils, incisions, tracé au compas...) ;

  • la stratigraphie du traitement de surface (badigeons et couches picturales).

  • 66  L’inventaire et le tri des éléments décoratifs ont été réalisés par A. Olivier, du musée Sainte-Cr (...)

169L’ensemble de ces aspects est traité conjointement à la reconstitution du décor, sous la forme d’un puzzle complexe, pour lequel on ne dispose pas de toutes les pièces et surtout dont on ne connaît pas le motif au départ. Dans le cas de Vouneuil, les stucs ont été regroupés d’abord par type de motif, afin d’évaluer le corpus et la fréquence de chaque élément inventorié66. Puis, les fragments ont été rapprochés à partir de leur traitement coloré, avec l’hypothèse de travail selon laquelle les éléments portant les mêmes associations de couleur peuvent appartenir à un même ensemble décoratif. La nature et l’épaisseur du support, l’épaisseur du stuc et son traitement de surface constituent des critères déterminants pour reconstituer le puzzle. Les stucs de Vouneuil représentent environ 2 500 fragments de toutes tailles, qui correspondent à 20 % ou 30 % au mieux du décor, ce qui est peu pour restituer l’ensemble. En parallèle à ce travail, G. Fèvre a réalisé le relevé des stucs. Sur la base d’une comparaison avec d’autres scènes de personnages connus pour l’Antiquité et le Moyen Âge, l’étude minutieuse des fragments lui a permis de reconstituer ce qu’il restait des onze individus différenciés.

170La reconstitution du puzzle fragmentaire ne suffisait pas pour autant à restituer l’articulation des éléments de décor ainsi identifiés. Différents indices techniques nous ont alors aidés à poursuivre la restitution du décor, malgré les nombreuses lacunes de pièces :

  • les coulures de badigeon, nombreuses sur les stucs en haut-relief – arcades, personnages, colonnettes et chapiteaux – ont permis d’orienter les fragments dans le bon sens. Cet indice fut déterminant pour les fragments de demi-colonnes, mais il fut décisif pour les arcades, dont les fragments ont pu ainsi, dans certains cas, être replacés sur un demi-cercle d’après le sens des coulures (arcade de type B, en particulier) ;

  • le collage de plusieurs fragments d’arcade a permis d’obtenir une longueur suffisante au calcul du rayon de cet élément architectural et de restituer ainsi l’emprise de l’arcade sur le mur ;

  • l’observation précise des arrachements en bordure de chaque stuc nous renseigne sur sa relation avec d’autres éléments de décor. Ainsi, le bandeau de stuc qui supporte l’inscription peinte en capitales romaines conserve par endroits (au revers) des traces d’arrachement ou de joint, selon le cas, qui fournissent des indications sur la position de ce bandeau sur la paroi ;

    • 67  La restitution des différentes arcades et des éléments associés (panneaux à décor végétal et perso (...)

    ce sont les traces de couleurs conservées en bordure des stucs (fonds et rehauts) qui ont permis de reconstituer en grande partie l’articulation du décor. En effet, chaque fragment de stuc conserve, en bordure, des traces du fond coloré et/ou des rehauts appliqués à la jonction du relief avec le fond. Les éléments ont été triés d’après les traces de couleurs qu’ils conservent, en bordure de l’intrados et de l’extrados pour les arcatures, par exemple. Ces indices recoupés avec l’épaisseur du stuc et son traitement de surface permettent de regrouper, au sein d’une typologie, les éléments appartenant aux différentes arcades et panneaux67. Cette méthode nous a permis d’établir la connexion entre certains personnages, leur traitement de fond, les colonnettes et l’arcade correspondante au-dessus. Par extension, à partir d’un module de base constitué d’un fond, d’une arcade et de colonnettes, les traces conservées sur chaque côté de ces colonnettes indiquent la couleur des panneaux situés de part et d’autre. Grâce au recoupement de ces traces colorées avec les indications techniques fournies par les fragments de stucs, la reconstitution du décor devient alors possible.

L’étude stratigraphique des enduits et des stucs peints

La stratigraphie des supports

  • 68  Pour la caractérisation des enduits autres que les enduits E1 et E2, voir infra et Annexe D.

171L’étude de la stratigraphie du décor a été réalisée au moyen de coupes préparées en lames minces et en sections polies dans une trentaine d’échantillons d’enduits peints et de stucs. Cette phase prolonge un premier tri des fragments à l’œil nu, à partir d’une grille d’enregistrement, dont nous avons consigné les résultats en annexe68. Chaque type d’enduit a été placé dans une typologie macroscopique et préparé afin d’être plus finement caractérisé. L’étude comparative des échantillons en coupe présente quelques connexions permettant de dresser une chronologie relative à partir de la typologie des enduits (tabl. II-III).

172L’enduit B1 est antérieur au décor principal constitué des enduits E1 et E2, et sa surface présente un tracé rectiligne noir sur fond blanc. D’après les fragments disponibles, il s’agirait d’un décor en faux appareil noir sur fond blanc.

173L’enduit E1, quant à lui, ne conserve pas d’enduit au revers, à l’exception du VSB 20, qui est appliqué sur un enduit de tuileau, au même titre que le décor de stuc composé d’un décor de faux marbre vert ponctué de fleurettes orange (VSB 03). Ce panneau plat de stuc appliqué sur un enduit de tuileau est unique en son genre dans l’ensemble que nous étudions. Pourtant, la composition du stuc identique au type S1, sur lequel nous reviendrons dans le chapitre suivant, l’accrochage d’enduit de tuileau et les couleurs employées – vert et orange associés – montrent clairement que ce panneau appartient au premier décor. Traité différemment, par la technique et le décor de surface, il ornait probablement un espace différent des panneaux de rinceaux, des arcatures et des personnages.

Tabl. II – Vouneuil-sous-Biard (Vienne). Stratigraphie des stucs.

Tabl. II – Vouneuil-sous-Biard (Vienne). Stratigraphie des stucs.

174La présence de mortier de tuileau sur de nombreux fragments, soit d’enduit A1, soit de stuc S1, montre que le décor a été appliqué sur une structure liée au mortier de tuileau.

175Les stucs de type S1 sont appliqués sur les enduits E1 et E2 et appartiennent au même état initial du décor.

176Les enduits E1 et E2 appartiennent au même état de décor, contemporains des stucs. L’enduit lissé E1 est le mieux représenté en nombre et il est également présent sous la forme de gros fragments portant au revers le négatif des maçonneries sur lesquelles il a été appliqué. L’enduit E2 est appliqué en revanche en fines couches, soit directement sur l’enduit lissé E1, soit sur un autre support, mais son épaisseur est toujours inférieure à 4 cm. La stratigraphie E2 sur E1 montre clairement que les deux enduits sont contemporains. Aucun badigeon ni décor antérieur ne sont visibles sur E1 et il semble que l’on ait simplement ajouté cette couche fine d’enduit E2 au moment de la réalisation du décor de peinture et de stuc, c’est-à-dire dans le prolongement de l’application de l’enduit E1 sur les parois de l’édifice disparu. Les autres enduits, antérieurs et postérieurs, contiennent un sable de nature différente, en tant que charge (voir infra, p. 127-132 et Annexe D).

Tabl. III – Vouneuil-sous-Biard (Vienne). Stratigraphie des enduits peints.

Tabl. III – Vouneuil-sous-Biard (Vienne). Stratigraphie des enduits peints.

177L’enduit B6, qui ne porte pas de décor mais un simple badigeon blanc, est un état postérieur au décor d’enduit et de stuc.

178L’enduit B2, enfin, reçoit l’enduit B3, mais ces deux échantillons ne portent pas de décor significatif et ne sont pas raccordés à la stratigraphie du décor d’enduit et de stuc.

179En résumé, le décor de stucs et d’enduits peints a été appliqué dans certaines parties sur un enduit antérieur orné de faux joints noirs sur fond blanc (B1). En d’autres endroits, il est posé sur un mortier de tuileau lissé (VSB 20 et 03), ou bien directement sur la maçonnerie, dont nous conservons le négatif au revers. La plupart des fragments, cependant, présentent un revers lisse, sans référence au support. Aussi, ces informations indiquent que le décor de stuc a été appliqué sur un ensemble de murs hétérogènes, qui conservaient les traces d’enduits antérieurs, comme des maçonneries à pierre vue. La présence des enduits B2 et B3, superposés en stratigraphie mais non corrélés au décor, montre que le remblai contenait des éléments disparates de destruction, provenant de l’espace qui nous intéresse ici, mais pas uniquement. L’enduit B6 est le témoignage d’une reprise ponctuelle sur l’enduit E2 : il n’a été trouvé que très rarement et semble correspondre à un ajout de matière provenant d’une autre gamate, au moment de la fabrication du décor. Enfin, le négatif d’un appareil rectangulaire bien taillé avec les traces de taille laissées par l’outil apparaît également. Les modules conservés au revers ne correspondent pas aux pierres étudiées sur les structures conservées dans la crypte archéologique et traitées dans les chapitres précédents.

La stratigraphie des couches picturales : mise en évidence de deux campagnes de peinture

180L’étude attentive des stucs et des enduits peints a soulevé, à plusieurs reprises, la question du nombre de couches picturales et de campagnes de mise en couleur de ce décor. En effet, l’observation des badigeons blancs de surface a montré une superposition d’applications monochromes (blanches) et une différence d’aspect de surface selon les cas : lisse, régulière et transparente par endroits ou épaisse, avec des coulures grossières, par ailleurs. Sachant que les badigeons sont fréquemment appliqués en plusieurs couches, il s’agissait principalement de distinguer ces couches et de trouver des indices repérables entre les phases de mise en œuvre.

181Certains reliefs de stuc sont manifestement repris de plusieurs couleurs différentes, comme la crosse conservée dans l’angle du panneau du personnage no 3. D’abord cerné d’un trait rouge, le relief de stuc est ensuite repassé au noir, par-dessus le rouge. Ce double traitement des cernes n’est pas systématique dans les panneaux végétaux, mais leur présence – même ponctuelle – nécessite d’être expliquée (fig. 104).

182Les visages, dont la couche superficielle a disparu par endroits, montrent une application de couleur antérieure et les plis de vêtements portent également les traces de plusieurs badigeons blancs et cernes de couleur dans les plis. La présence d’une sinopia sous le décor définitif est chose courante et l’ensemble de Vouneuil présente d’ailleurs des traces de sinopia sur tous les panneaux. Cependant, l’emploi de couleurs différentes en superposition pour le traitement des éléments du visage est une question différente de celle des tracés préparatoires.

183Le visage du personnage no 3 présente des proportions un peu différentes des autres visages conservés de manière fragmentaire : il est plus large, plus épais et son contour plus arrondi que les autres. Bien que les autres visages soient conservés de manière lacunaire, la forme et les proportions des visages sont homogènes. Par ailleurs, une couche de stuc semble avoir été ajoutée à la surface du visage de ce personnage, dont un petit bourrelet est visible à la jonction de la tête avec le support.

184La réalisation de lames minces dans certains fragments de stucs et d’enduits peints a permis d’approcher plus systématiquement la stratigraphie des couches picturales et d’expliquer les observations faites sur les fragments bruts. À partir des 32 échantillons préparés en coupe, nous avons inventorié les couches superposées sur l’enduit et le stuc : badigeon ou couche picturale, épaisseur et couleur pour chacun.

185Les échantillons d’enduit de type E1 sont d’abord recouverts d’un badigeon blanc appliqué en deux ou trois couches (tabl. III). L’épaisseur de ces badigeons est variable : de 130 à 400 μm d’épaisseur en moyenne, elle peut atteindre 1000 μm dans certains cas (VSB 11). La couche picturale est alors appliquée sur cette préparation. L’épaisseur de la couche picturale est très variable d’un fragment à l’autre : de 12 μm pour le jaune (VSB 31) à 90 μm pour le gris (VSB 12). Deux échantillons de cet ensemble conservent une deuxième campagne de mise en couleur visible en stratigraphie : sur la première couche picturale, un nouveau badigeon blanc est appliqué en une ou deux couches. Dans le cas du VSB 22, le nouveau badigeon blanc constitue la couche de finition, qui « blanchit » la surface, et dans le VSB 33 le badigeon est recouvert d’une couche picturale rouge.

Fig. 104 – Les deux états de mise en couleur de la tête du personnage no 1 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

Fig. 104 – Les deux états de mise en couleur de la tête du personnage no 1 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).

186Les échantillons d’enduit E2 sont moins nombreux et présentent une stratigraphie de surface un peu différente (voir tabl. III). En effet, l’épaisseur des badigeons blancs est plus importante (entre 1 000 et 1 900 μm) et l’application des badigeons est plus irrégulière que sur l’enduit E1, sans doute parce que la préparation du badigeon est plus épaisse. Deux échantillons conservent également en stratigraphie la superposition des deux campagnes de peinture : le VSB 24 témoigne d’un premier décor de couleur rouge et vert appliqué sur un badigeon blanc de préparation, puis un deuxième badigeon blanc recouvre cet état en trois couches, avant de recevoir une couche picturale dont nous n’avons que des traces ; ensuite un nouveau badigeon blanc par-dessus, qui correspond peut-être à un repentir du peintre. Le VSB 05 présente, quant à lui, un premier badigeon appliqué en deux couches, puis un deuxième état de peinture, avec un second badigeon blanc en deux couches également, recouvert alors d’une couche picturale noire et rouge.

187Les échantillons de stucs préparés en coupe fournissent des informations complémentaires à ceux des enduits. Ainsi, l’ensemble des stucs à pâte blanche (S1) présente une application de badigeon blanc à la surface du stuc (voir tabl. II), dont l’épaisseur est nettement inférieure à celle enregistrée sur les enduits E1 et E2 : de l’ordre de 35 à 170 μm selon les cas. Un échantillon témoigne également de la succession de deux campagnes de mise en couleur : le VSB 01, qui présente d’abord un badigeon blanc en une couche surmonté d’une autre couche picturale rouge et noire, puis un second badigeon blanc (en une couche également), qui reçoit alors un rehaut noir.

188La stratigraphie des surfaces, tant sur les enduits peints que sur les stucs associés, montre donc que certaines parties du décor conservent deux états de peinture. La mise en perspective de ces résultats, par un retour au décor dans son ensemble, permet de mieux comprendre la chronologie relative de ces mises en couleur, que nous résumons ainsi :

189– le premier décor. Les enduits de support de type E1 et E2 et les stucs appliqués dessus reçoivent un badigeon blanc couvrant : monocouche et généralement fin sur les reliefs, en plusieurs couches et plus épais sur les fonds. Ce badigeon blanc remplit deux rôles différents. Il correspond, d’une part, à une couche de finition sur les stucs, car les reliefs de ce décor sont réservés en blanc – à quelques exceptions près (visages, livre ouvert, croix, rouleaux) – et, d’autre part, à une couche de préparation sur les enduits de fond E1 et E2, afin de recevoir les couches picturales couvrantes. Les fonds d’enduit sont peints, à partir d’une palette diversifiée : jaune clair et jaune foncé, vert clair et vert foncé, rouge, rose, gris, orange, marron, noir, blanc et bleu. Les contours des reliefs sont rehaussés d’un cerne de couleur : rouge sur les fonds blanc, jaune, gris et vert clair ; vert foncé sur les fonds orange ;

  • 69  Voir supra, p. 102-114, le « dossier épigraphique ».
  • 70  Voir la restitution confrontée du visage (1.1720 ; 1.1721 et 1.1722) avec les deux états (fig. 104(...)

190– le second décor. Il est identifié par l’application d’un ou deux badigeons sur la couche picturale du premier décor, repérés sur les coupes d’enduit et de stuc étudiées au microscope. Ce blanchiment concerne uniquement les reliefs et les fonds blancs, afin de les « rafraîchir ». On remarque que les fonds colorés, en revanche, ne sont pas blanchis. Le contour des stucs est rehaussé, par endroits, de nouveaux cernes colorés : les motifs végétaux cernés de rouge dans le premier décor sont repassés en noir dans le second état ; les personnages sont rehaussés de rouge sur le contour des reliefs et dans les plis du vêtement, comme dans le premier état. Les motifs décoratifs peints dans le premier état sont préservés : ainsi, le livre ouvert et les rouleaux gardent leur traitement initial. Seul le contour des motifs est rehaussé par un cerne rouge, à la jonction avec le fond pour dissimuler, sans doute, les débordements de blanc dû au second blanchiment et harmoniser l’ensemble. Certains motifs sur fond blanc, non colorés dans le premier état, sont cernés de rouge dans le second état, à l’instar des arcatures ajourées, blanches dans un premier temps, puis rehaussées de rouge dans un second temps. Par contre, les visages sont entièrement repeints : la couleur beige des rehauts du premier état est remplacée par du rouge et du noir et certains détails du visage, laissés blancs dans le premier état, sont alors peints. Les inscriptions peintes en capitales romaines sont ajoutées sur le bandeau de stuc, simplement blanchi dans un premier temps. Celles-ci sont introduites dans le décor lors du second état de mise en couleur69. Notons que la palette colorée employée dans le second état est réduite par rapport au premier : seuls le blanc, le rouge, l’orange et le noir sont employés. C’est peut-être la raison pour laquelle on a conservé les fonds d’enduit colorés. Par ailleurs, on remarque une volonté affirmée d’accentuer le contraste entre le fond et le relief, par l’emploi de couleurs plus foncées que dans le premier état : certains contours non rehaussés dans le premier état le sont dans le second ; certains rehauts rouges sont repassés en noir ; les visages, traités légèrement avec des teintes douces au départ, sont repris ensuite avec force, en rouge, orange et noir70.

191Parmi les échantillons préparés en lame mince, le VSB 22 illustre cette superposition des décors peints avec l’enduit E1 lissé, recouvert d’un fin badigeon blanc supportant une couche picturale noire (fig. 105). La couche picturale est alors recouverte d’un second badigeon épais et irrégulier, couvert d’une fine application colorée (rose clair) à la surface. En lumière naturelle, l’enduit apparaît nettement avec sa charge abondante, puis les deux badigeons séparés par la frange noire de la couche picturale intermédiaire. En lumière polarisée, la charge de quartz contenue dans l’enduit apparaît en blanc et les deux badigeons se détachent plus nettement, la couche inférieure (premier décor) étant plus claire que la couche supérieure (second décor) appliquée sur la couche picturale noire. La deuxième couche picturale rose claire à la surface du second badigeon correspond à un fin liseré lumineux à la surface.

LES ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES

192Bénédicte Palazzo-Bertholon

COMPOSITION DES ENDUITS

  • 71  Voir le protocole d’étude et les fiches d’enregistrement correspondantes dans Palazzo-Bertholon, 2 (...)

193La préparation de nombreux échantillons en lames minces a permis d’établir, nous l’avons vu dans les paragraphes précédents, la subsistance de deux décors peints superposés associés à l’ensemble d’enduit et de stuc qui nous intéresse ici. Après avoir réalisé une typologie macroscopique de l’ensemble des fragments d’enduits trouvés associés au décor détruit, dans le remblai fouillé, nous avons réalisé des lames minces sur certains échantillons, afin d’en caractériser la charge et le liant71. Nous avons distingué les enduits et les stucs de la manière suivante :

  • les enduits associés au décor de stuc peint E1 et E2 ;

  • les enduits dissociés du décor E3, B1, B2, B3, B4, B5 et B6 ;

  • les enduits de tuileau C1 et C2 ;

  • les stucs S1, S2 et S3.

Fig. 105 – VSB 22 E1, stratigraphie de l’enduit, lumière naturelle et polarisée.

Fig. 105 – VSB 22 E1, stratigraphie de l’enduit, lumière naturelle et polarisée.

L’enduit E1

  • 72  Les échantillons appartenant à ce groupe sont les suivants : VSB 02 ; 04 ; 20 ; 08 ; 06 ; 16 ; 07  (...)
  • 73  Ce traitement des surfaces est visible sur les VSB 11 ; 07 ; 12 ; 33 ; 31 ; 06 ; 08 ; 02 et 04. L’ (...)

194L’enduit E1 est soigneusement lissé avant de recevoir les badigeons de surface et les couches picturales (épaisseur totale comprise entre 3 et 6 mm). Ce groupe est largement représenté parmi les échantillons préparés en lame mince et en section polie72, et la stratigraphie de cet ensemble est constituée d’une couche d’enduit E1 couverte d’un badigeon blanc, appliqué en deux ou trois couches73.

  • 74  Les cutanes sont constituées d’un grain de quartz enrobé d’une gangue d’oxyde de fer.

195L’enduit E1 présente une charge composée essentiellement de quartz et d’oxydes de fer combinés entre eux sous la forme de cutanes74. Cette composition est caractéristique des terrasses géologiques locales, repérées sur le haut du village de Vouneuil-sous-Biard, et la richesse de la charge en oxydes de fer donne à la pâte sa couleur rouge caractéristique.

196Cette coupe sur le VSB 08 illustre les caractéristiques de cet enduit associé au décor de stuc (fig. 106). La surface est soigneusement lissée et la charge est composée de gros grains aux contours irréguliers. La matrice est largement teintée de rouge par les oxydes.

197En lumière polarisée, les oxydes paraissent orangés et lumineux dans l’enduit de support E1. Les badigeons contiennent de la calcite, soit en plaquettes (charge), soit en petits grains résultant de la carbonatation du liant de chaux (fig. 107).

198L’enduit de type E1 est donc caractérisé par un sable quartzeux (quartz et oxydes de fer) provenant de terrasses anciennes. Les figures présentent un faciès érodé, la matrice est homogène et possède peu de fissures, avec un liant de chaux. La surface de l’enduit, enfin, est soigneusement lissée.

L’enduit E2

199L’enduit E2, quant à lui, présente la même charge argileuse que l’enduit E1, riche en cutanes, mais les oxydes de fer sont moins nombreux et la surface est traitée différemment : elle est grossièrement égalisée et non soigneusement lissée comme l’enduit E1. Cet ensemble d’échantillons, représenté ici par le VSB 05, comporte une couche de stuc contenant une charge de calcite (10 à 20 mm d’épaisseur, fig. 108).

200L’enduit E2 est caractérisé par sa charge contenant quartz et oxydes de fer. L’échantillon E5 a reçu une fine couche de stuc avant d’être badigeonné de blanc, en deux applications. On distingue également en surface la couche picturale continue rouge, de la couche picturale noire, plus lacunaire. L’enduit – en couche inférieure sur la stratigraphie relevée – accuse de nombreuses fissures visibles en lumière naturelle.

201En lumière polarisée (fig. 109), les fissures apparaissent en noir et la distinction des couches est plus nette encore. La fine couche de stuc, entre l’enduit E2 et les badigeons de surface, présente une charge abondante de calcite. Les couches picturales, comme les oxydes de fer contenus dans l’enduit de support, apparaissent dans les teintes orangées.

Fig. 106 – VSB 08 E1, stratigraphie de l’enduit, lumière naturelle.

Fig. 106 – VSB 08 E1, stratigraphie de l’enduit, lumière naturelle.

Fig. 107 – VSB 08 E1, stratigraphie de l’enduit, lumière polarisée.

Fig. 107 – VSB 08 E1, stratigraphie de l’enduit, lumière polarisée.

Fig. 108 – VSB 05 E2, stratigraphie de l’enduit, lumière naturelle.

Fig. 108 – VSB 05 E2, stratigraphie de l’enduit, lumière naturelle.

Fig. 109 – VSB 05 E2, stratigraphie de l’enduit, lumière polarisée.

Fig. 109 – VSB 05 E2, stratigraphie de l’enduit, lumière polarisée.

202Ce cliché en lumière naturelle montre la structure de l’enduit E2, avec une matrice colorée et fissurée, associée à une charge abondante. Nombreux sont les oxydes de fer mélangés à une charge sableuse (fig. 110).

203En lumière polarisée, la charge sableuse apparaît constituée principalement de quartz et d’oxydes de fer (fig. 111).

204Le type d’enduit E2 est donc caractérisé par le même sable (quartz et oxydes de fer) que le type E1, mais les fissures dans la matrice sont plus nombreuses et la charge présente un faciès plus anguleux en ce qui concerne les quartz. Le liant employé est également la chaux. En revanche, la surface, à la différence de l’enduit E1, est égalisée grossièrement et non soigneusement lissée.

COMPOSITION DES STUCS

  • 75  Je tiens à remercier le laboratoire ERM (Études Recherche Matériaux) de Poitiers, et tout particul (...)
  • 76  Sur cette question, voir Palazzo-Bertholon : « La nature des stucs entre le ve et le xiie siècle d (...)

205Nous avons distingué trois types de stucs à partir des caractéristiques macroscopiques et microscopiques75. Ces caractéristiques ont pu être rapprochées d’autres ensembles contemporains76.

Fig. 110 – VSB 05 E2, détail de la charge : cutanes, lumière naturelle.

Fig. 110 – VSB 05 E2, détail de la charge : cutanes, lumière naturelle.

Le stuc S1

  • 77  Les produits organiques dans les matériaux archéologiques sont difficiles à identifier, car ils on (...)

206Le stuc S1 (VSB 01 ; 03 ; 15 ; 10 ; 13 et 37) est constitué d’une pâte blanche faite de chaux mélangée à une fine charge calcaire sous la forme de calcite. La charge calcaire est composée principalement de fragments de calcite, qui apparaissent plus nombreux dans le stuc que dans le badigeon intermédiaire qui lie les couches entre elles. Cette charge peut être une poudre de marbre, comme le préconise Vitruve (livre VII, chapitre III), mais la présence de quelques fragments de calcaire à bioclastes laisse supposer la présence conjointe d’un calcaire plus ordinaire, ajouté en tant que charge fine, c’est-à-dire une charge de calcaire micritique à oolithes réduit en poudre. L’ajout de produits organiques dans la préparation est possible mais elle ne peut pas être mise en évidence77.

  • 78  Voir infra, la nature du sable identifié dans les enduits E1 et E2.

207Par ailleurs, le mélange contient peu d’impuretés : des cutanes78, nombreuses dans le VSB 10 et des oxydes de fer dans les VSB 03 et 01, quelques grains de silice ou de charbon de bois (VSB 03). Certains échantillons (VSB 10 et 13) présentent de nombreuses fissurations dans le matériau. Ces fissures sont le résultat du retrait consécutif à la prise – au durcissement et au séchage – du matériau. Elles sont remplies pour la plupart de cristaux formés après la prise du mortier.

Fig. 111 – VSB 05 E2, structure de l’enduit, lumière polarisée.

Fig. 111 – VSB 05 E2, structure de l’enduit, lumière polarisée.

208Les plaquettes de calcite sont colorées dans les teintes irisées de bleu et de rose (fig. 112-113). Nombreuses dans les couches de stuc en haut et en bas du cliché, elles sont absentes dans le badigeon intermédiaire, qui apparaît de ce fait plus sombre au centre. De petits grains arrondis de nodules de liant carbonaté – moins lumineux – sont visibles en revanche dans cette couche intermédiaire.

  • 79  L’analyse élémentaire du VSB 15 met en évidence les rapports suivants : Ca = 94,48 % ; Si = 1,96 % (...)
  • 80  L’analyse élémentaire met en évidence les rapports suivants : Mg = 7,31 % pour 79,84 % de Ca dans (...)

209Dans cet ensemble de stuc de type S1, deux échantillons ont fait l’objet d’une analyse chimique poussée à la sonde couplée au MEB, afin de caractériser le liant contenu dans ces reliefs (VSB 15 et 01). L’analyse chimique de la matrice témoigne de l’emploi d’un liant de chaux79. On remarque la présence de nodules riches en silicates de magnésium, mais la chaux employée est légèrement magnésienne à l’état naturel, car les nodules de chaux analysés contiennent une part significative de magnésium80. La charge calcaire, à la différence de la chaux, ne contient pas de magnésium : on a donc employé des calcaires de nature différente pour le liant et pour la charge.

Fig. 112 – VSB 15, stuc SI en coupe, lumière naturelle.

Fig. 112 – VSB 15, stuc SI en coupe, lumière naturelle.
  • 81  L’analyse élémentaire met en évidence les rapports suivants : Ca = 91,27 % ; Si = 2,77 % ; Mg = 2, (...)

210Le VSB 01, quant à lui, est un bas-relief constitué d’une seule couche de stuc mise en forme. Sa composition chimique est semblable à celle du VSB 15 et la chaux employée est également magnésienne81.

Le stuc S2

  • 82  L’échantillon que nous avons choisi ne comporte pas le rehaut rouge caractéristique de ce type d’a (...)

211Le stuc S2 (VSB 14) est constitué d’une pâte grise caractéristique qui est employée pour les arcatures ajourées et rehaussées de rouge avec les chapiteaux associés (type B). Cette pâte contient des petits grains gris qui colorent la masse du stuc dans les couches inférieures. La couche de surface en revanche (de 1 à 5 mm d’épaisseur) est réalisée avec une pâte blanche de type S1. Le stuc est ensuite recouvert d’un badigeon blanc de 3 mm d’épaisseur en moyenne, rehaussé de rouge par endroits82.

212En lumière naturelle (fig. 114), le matériau montre de nombreuses vacuoles et une charge constituée de grains de calcaires à oolithes, avec quelques grains d’oxydes de fer, de silice et de brique. Ce type de calcaire est le même qui compose la charge du stuc S1. Cet indice semble confirmer la contemporanéité de fabrication entre les stucs S1 et S2.

213En lumière polarisée (fig. 115), les vacuoles du matériau (en noir) et les limites de superposition des couches de stuc (zones de contact) apparaissent clairement. Les grandes plaquettes de calcite appartiennent à la charge, tandis que les cristaux plus petits relèvent de la carbonatation du liant.

Fig. 113 – VSB 15, stuc SI en coupe, lumière polarisée.

Fig. 113 – VSB 15, stuc SI en coupe, lumière polarisée.
  • 83  L’analyse élémentaire présente les rapports moyens suivants : Ca = 94,55 % ; Si = 1,78 % et Mg = 1 (...)
  • 84  Il pourrait s’agir en effet de charbon de bois résiduel dispersé dans la chaux lors de la cuisson (...)

214Un second échantillon de stuc à pâte grise a été préparé en lame polie, afin de compléter l’analyse chimique de la fraction fine, considérée comme la fraction liante du matériau. Le VSB 14bis apparaît sous la forme d’un stuc en faible relief, appliqué en trois couches également superposées. La couche inférieure blanche est un épais badigeon de chaux qui fixe le relief au support d’enduit, non conservé au revers. La couche médiane constituant le relief est de couleur grise, tandis que la couche de surface est blanche, de nouveau. Ce stuc présente les mêmes caractéristiques que les deux échantillons précédents : le liant est une chaux magnésienne semblable83 et la charge est un calcaire broyé, qui ne contient pas de magnésium. Les mêmes silicates de magnésium sont présents et aucun composant ne permet d’expliquer la coloration grise de la matrice. Aussi, retenons-nous l’hypothèse d’une coloration due à du charbon de bois finement diffusé dans la matrice84.

215En résumé, les stucs S1 et S2 présentent un ensemble techniquement homogène, bien que la couleur de la matrice puisse varier du blanc au gris. La charge est composée d’un calcaire broyé sans magnésium, tandis que la chaux aérienne est légèrement magnésienne. Ces échantillons illustrent l’homogénéité technique de ce décor, malgré les différences apparentes.

Fig. 114 – VSB 14, stuc S2, vue générale du stuc, en lumière naturelle.

Fig. 114 – VSB 14, stuc S2, vue générale du stuc, en lumière naturelle.

Le stuc S3

  • 85  Le calcaire oolithique est une roche contenant des oolithes, petits corps sphériques d’environ 1 m (...)

216Le stuc S3 (VSB 36) est constitué d’une pâte de couleur blanche qui contient une charge caractéristique de calcaire oolithique85, associée à quelques cutanes et quelques oxydes de fer. Quelques fibres végétales ont également laissé leur trace dans la matrice. Cette charge abondante est parfaitement identifiable sur les lames présentées ci-dessous, en lumière naturelle et polarisée.

217Contrairement aux S1 et S2, le S3 ne possède pas de badigeon blanc à la surface : la couche picturale est appliquée directement sur le stuc, à fresque. L’inscription (en noir) et le décor associé (en orange) sont réalisés sur le fond clair de l’enduit et, du point de vue épigraphique (voir supra, p. 102), cette petite inscription cursive présente des caractéristiques tout à fait différentes de la grande inscription en capitales rouges (VSB 37).

218La faible porosité de cet échantillon contraste avec les S1 et S2 analysés plus haut (fig. 116). Les quelques pores visibles en coupe sont remplis de recristallisations secondaires. L’épaisseur de ce stuc peint n’est également pas comparable, puisque ce fragment d’inscription ne mesure que quelques millimètres d’épaisseur, contre plusieurs centimètres pour les autres types.

219Aussi, le stuc S3 est caractérisé par une épaisseur particulièrement réduite (fig. 117), une application en une seule couche et une porosité nettement inférieure aux types précédents. La charge de ce stuc est pourtant comparable aux types S1 et S2, avec ce calcaire oolithique si fréquent dans les enduits et les stucs du site de Vouneuil-sous-Biard.

Fig. 115 – VSB 14, stuc S2, vue générale du stuc, en lumière polarisée.

Fig. 115 – VSB 14, stuc S2, vue générale du stuc, en lumière polarisée.

LA CARACTÉRISATION DES SURFACES : BADIGEONS ET COUCHES PICTURALES

220Claude Coupry

221, Bénédicte Palazzo-Bertholon

  • 86  Laboratoire Études Recherche Matériaux, à Poitiers (Damien Marchand et François Rassineux). Voir s (...)
  • 87  Laboratoire CNRS, à Thiais (Claude Coupry et Françoise Froment, que nous ne manquons pas de remerc (...)

222L’étude des stucs de Vouneuil-sous-Biard est le résultat d’une collaboration étroite entre chercheurs de disciplines communes ou complémentaires, car la caractérisation des préparations et des couches picturales fait appel à différentes méthodes présentant chacune des propriétés diverses. Dans le cadre de cette étude, deux méthodes ont été associées : l’analyse chimique par une sonde couplée au microscope électronique à balayage (MEB)86 et la microspectrométrie Raman87.

L’analyse au microscope électronique à balayage couplé à une sonde de Castaing

223Les échantillons d’enduits et de stucs peints sont préparés en lame mince polie dans le sens de la coupe, afin d’observer la stratigraphie des supports et des surfaces. La lame est d’abord observée au microscope optique, en lumière naturelle et polarisée, afin de caractériser la charge et de repérer les zones plus spécifiques à analyser au MEB : localisation de grains particuliers de la charge, de la superposition éventuelle de badigeons et de couches picturales. Puis la lame est métallisée et placée dans la chambre du MEB et l’on procède à l’analyse chimique des différentes zones d’intérêt : couches picturales, badigeons, figures particulières. On utilise un grossissement moyen de 50 à 60 fois pour repérer la stratigraphie de la coupe, puis de 400 à 800 fois pour étudier le faciès des grains et choisir les zones d’analyse chimique.

Fig. 116 – VSB 36, stuc S3. Vue générale, en lumière naturelle.

Fig. 116 – VSB 36, stuc S3. Vue générale, en lumière naturelle.
  • 88  Il ne distingue pas la gœthite chauffée de l’hématite, par exemple.

224Cette méthode présente l’avantage de fournir une analyse chimique élémentaire semi-quantitative – voire quantitative dans certaines conditions – des supports comme des surfaces du matériau. Pour ce qui concerne l’analyse des pigments, les oxydes métalliques sont bien mis en évidence, mais les composants argileux, notamment des terres vertes, sont plus délicats à caractériser. Par ailleurs, le carbone n’étant pas dosé, les noirs à base de matières brûlées sont difficiles à identifier. La caractérisation élémentaire obtenue au MEB ne fournit pas certaines indications d’ordre technologique : ainsi, il ne permet pas de distinguer un produit chauffé d’un produit qui ne l’est pas88.

225Les limites du MEB concernant la caractérisation des pigments nous conduisent à faire appel à une autre méthode tout à fait complémentaire de celle-ci : la microspectrométrie Raman. Les analyses sont réalisées selon le cas, soit sur la même lame mince, soit sur un échantillon brut prélevé sur une partie du matériau identique.

Fig. 117 – VSB 36, stuc S3. Vue générale, en lumière polarisée.

Fig. 117 – VSB 36, stuc S3. Vue générale, en lumière polarisée.

L’analyse en spectrométrie Raman

226Cette technique ne demande aucune préparation des échantillons et n’entraîne aucune altération. Les fragments de peinture murale ou les lames minces sont déposés tels quels sur la platine de l’appareil. L’analyse est réalisée en éclairant la zone à étudier avec une lumière laser. L’information obtenue est moléculaire et permet d’identifier sans ambiguïté la nature chimique de l’échantillon, caractérisant l’organisation des éléments identifiés par MEB, d’où la complémentarité de ces deux techniques.

227La microspectrométrie Raman est une technique d’analyse de surface et lorsque des couches sont superposées, l’identification de leurs composants demande une inclusion pour une coupe stratigraphique. Elle offre deux avantages majeurs pour l’étude de couches picturales : elle est totalement non destructive et la zone analysée peut avoir un diamètre de l’ordre du micromètre, d’où la possibilité d’étudier de façon sélective dans une couche picturale des grains de pigments repérés en couleur réelle.

228Les avantages de ces deux méthodes nous ont conduits à présenter de manière conjointe les résultats pour chaque couleur. Ce choix permet de fournir le maximum d’informations sur les pigments rencontrés, tout en illustrant la complémentarité des approches.

Fig. 118 – VSB 05, analyse élémentaire de la couche picturale rouge.

Fig. 118 – VSB 05, analyse élémentaire de la couche picturale rouge.

Fig. 119 – VSB 08, analyse élémentaire de la couche picturale rouge.

Fig. 119 – VSB 08, analyse élémentaire de la couche picturale rouge.

L’identification des pigments

229Les pigments identifiés par les analyses physico-chimiques sont présentés en fonction de leur couleur, qui correspond au critère de discrimination visuelle.

Rouge

230Le rouge est une couleur largement présente dans le décor de Vouneuil-sous-Biard, soit sous la forme de fond monochrome – dans les panneaux végétaux associés aux stipes de palmier ou dans les rinceaux et feuillages –, soit sous la forme de rehauts – sur le contour des reliefs, sur les drapés et les visages des personnages. Parmi les échantillons analysés, trois couches picturales rouges ont été caractérisées (VSB 05 ; 08 et 16) et leurs spectres conduisent à des compositions voisines.

231Ainsi, la couche picturale rouge du VSB 05 est composée d’aluminium (Al), de silicium (Si) et de potassium (K) combinés au fer (Fe), qui serait en accord avec un minéral argileux tel qu’une ocre rouge (fig. 118). D’autres éléments peuvent être détectés, pour la présence desquels on ne peut que suggérer une interprétation.

Fig. 120 – VSB 08, localisation du point d’analyse dans la couche picturale rouge appliquée sur le badigeon.

Fig. 120 – VSB 08, localisation du point d’analyse dans la couche picturale rouge appliquée sur le badigeon.

232L’échantillon VSB 08 (fig. 119-120) présente une couche picturale rouge foncé contenant des argiles (Al, Si, K) associées au fer, avec un peu de calcium (Ca) et des traces de soufre (S) et de magnésium (Mg). La présence de calcium apporte peu d’informations. Il peut s’expliquer par une proportion plus grande de calcite liée aux conditions d’enfouissement ou à la technique de préparation du pigment dans certains cas, mais il ne peut rendre compte de la teinte plus foncée de l’échantillon. L’absence de manganèse exclut l’hypothèse d’une terre d’ombre, c’est-à-dire une ocre rouge contenant un oxyde noir de manganèse.

Fig. 121 – VSB 16, analyse élémentaire d’un grain de pigment dans la couche picturale rouge.

Fig. 121 – VSB 16, analyse élémentaire d’un grain de pigment dans la couche picturale rouge.

Fig. 122 – VSB 16, analyse élémentaire de la couche picturale rouge.

Fig. 122 – VSB 16, analyse élémentaire de la couche picturale rouge.

233Le VSB 16 présente également une teinte rouge foncé, dont la composition est marquée par le fer associé aux éléments caractéristiques des argiles (Al, Si, K). La proportion plus importante de silicium peut être expliquée par la présence d’un grain de sable dans la zone étudiée (fig. 121-122). L’analyse élémentaire du VSB 16 fournit un autre résultat intéressant du point de vue technologique. La charge de l’enduit est composée de nombreux grains de quartz recouverts d’une gangue d’oxydes de fer, que l’on appelle des cutanes. L’examen d’un grain de cutane contenu dans l’enduit présente le même type de spectre en analyse élémentaire que ceux obtenus en surface dans la couche picturale rouge. À partir de cette observation, on peut envisager que le pigment rouge utilisé en surface soit obtenu par lavage des sables ferrugineux, dont la fraction grossière serait employée comme charge dans l’enduit et la fraction fine en surface comme pigment.

234Les trois échantillons portant une couche picturale rouge contiennent le même type de pigment, à savoir une ocre. L’analyse élémentaire au MEB ne permet pas de préciser sous quelle forme moléculaire se présente cette ocre (gœthite ou hématite), mais la spectrométrie Raman en revanche permet de préciser cette première caractérisation. Le spectre Raman obtenu sur la couche rouge VSB 16 possède toutes les raies caractéristiques de l’oxyde de fer rouge ([Fe2O3] hématite). Il permet également d’expliquer les variations de teinte rouge foncé. L’observation visuelle sous microscope montre des grains microscopiques rouge foncé et brun rouge. Les spectres Raman, obtenus de façon ponctuelle sur chacune de ces catégories de grain, comportent, outre le spectre de l’oxyde de fer rouge, la bande Raman caractéristique de l’oxyde noir ([Fe3O4] magnétite) en proportion plus ou moins importante. Un tel mélange peut être obtenu par chauffage d’une ocre jaune (fig. 123).

Fig. 123 – Spectre Raman caractérisant un mélange d’oxydes de fer, rouge et noir.

Fig. 123 – Spectre Raman caractérisant un mélange d’oxydes de fer, rouge et noir.

Jaune

235La couleur jaune est employée comme fond monochrome dans deux panneaux végétaux de rinceaux et de feuillages. Deux échantillons ont été analysés par MEB : VSB 31 et VSB 16, qui présentent une composition élémentaire similaire, à base d’aluminium, de silicium et de fer, c’est-à-dire celle d’une ocre, associée dans les deux cas à quelques éléments différents (Mg pour VSB 31 et Ca, Na et S pour VSB 16).

236Le spectre Raman permet d’identifier dans ces échantillons l’oxyde jaune de fer (fig. 124) : la gœthite [FeO(OH)], parfois associée à l’hématite, sous la forme de grains rouges, observés sous microscope optique et analysés de façon ponctuelle. La transformation de la gœthite en hématite est possible par chauffage (dès 250oC), mais aucune des deux techniques employées ne permet la distinction entre une hématite naturelle et une gœthite chauffée. Il faudrait recourir pour cela à une technique plus lourde, telle celle que propose M.-P. Pomiès, en microscopie électronique par transmission (fig. 125) (Pomiès, 1997).

Orange

237Au même titre que le rouge, l’orange est aussi largement présent dans le décor étudié. Il est employé notamment en fond monochrome à l’arrière d’un personnage (personnage no 3) ou bien en rehaut sur les visages et pour de petits motifs peints – franges et fleurettes par exemple.

238Deux échantillons portant une couche picturale de couleur orange ont été analysés par MEB : les VSB 08 et VSB 13. Dans les deux échantillons, la couche orange présente une teinte semblable. Ils possèdent la même composition, essentiellement du plomb, associé à du calcium, contenu pratiquement dans tous les échantillons (fig. 126-127). Le spectre de la couche picturale orange sur le VSB 08 montre la présence associée de plomb avec du calcium (fig. 128-129).

Fig. 124 – VSB 31, analyse élémentaire de la couche picturale jaune en surface.

Fig. 124 – VSB 31, analyse élémentaire de la couche picturale jaune en surface.

Fig. 125 – Échantillon VSB 16bis, couche 2.

Fig. 125 – Échantillon VSB 16bis, couche 2.

Fig. 126 – VSB 13, couche picturale orange vue en coupe, grossissementx10.

Fig. 126 – VSB 13, couche picturale orange vue en coupe, grossissementx10.

Fig. 127 – VSB 08, vue en coupe de la stratigraphie, avec l’enduit en partie basse, puis les badigeons et la couche picturale (fine) à la surface.

Fig. 127 – VSB 08, vue en coupe de la stratigraphie, avec l’enduit en partie basse, puis les badigeons et la couche picturale (fine) à la surface.

239L’identification formelle du pigment utilisé est aisément rendue par spectrométrie Raman : le minium [Pb3O4] est associé probablement à un badigeon de chaux [CaCo3]. Deux autres oxydes de plomb peuvent être utilisés comme pigment. Ils correspondent tous deux à la même formule chimique PbO, avec deux formes cristallines différentes : le massicot et la litharge, l’un jaune et l’autre rouge, mais la spectrométrie Raman exclut leur présence dans cette couche orange (fig. 130). Le minium existe à l’état naturel, la meilleure qualité venant d’Asie comme l’indique Pline, mais il était fréquemment fabriqué par chauffage du carbonate de plomb ou du plomb lui-même, d’autant que le pouvoir couvrant du produit artificiel était supérieur à celui du « produit spontané que l’on extrait des mines », si l’on en croit Vitruve.

240Durant l’Antiquité romaine, la présence de ce pigment semble peu courante en peinture murale. Néanmoins, des analyses récentes montrent son utilisation sur quelques sites. Le décor de Vouneuil-sous-Biard, en revanche, l’utilise très largement, en grands aplats de fond et en rehauts. Malgré l’humidité importante du lieu, la couleur n’a subi aucune altération.

Blanc

241Quatre échantillons portant un badigeon blanc ont été analysés : VSB 13 ; 14 ; 08 et 05. Ces couches blanches appliquées entre le support et les couches picturales présentent une composition semblable, riche en calcium. Parfois, le spectre au MEB ne montre que du calcium en accord avec l’emploi d’un carbonate de calcium d’une grande pureté (fig. 131-132). Ce résultat est confirmé par le spectre Raman qui identifie la calcite et elle seulement (fig. 133).

Noir

242Le noir est employé généralement en rehaut, sur le contour des stucs, afin d’en souligner le relief : fleurons ou panneaux végétaux à rinceaux et feuillages. Il est utilisé également dans la peinture des visages et dans les plis du vêtement des personnages nos 9 et 10.

  • 89  La graphitisation est la transformation vers une structure cristalline particulière du carbone, le (...)

243Aucun élément n’a été identifié au MEB. Par élimination, il doit s’agir d’un pigment à base de noir de carbone, ce que confirme le spectre Raman. En effet, le spectre montre sans ambiguïté qu’il s’agit de noir de carbone. Celui-ci est obtenu par chauffage selon différentes méthodes : noir de suie ou calcination de divers produits – bois, os, huile (fig. 134). L’aspect du spectre Raman et la finesse relative de la bande vers 1 600 cm–1 montrent que le produit utilisé a atteint un bon pourcentage de graphitisation89. Du graphite pratiquement pur a été identifié dans un rehaut noir posé sur un badigeon blanc. Faut-il y voir un matériau différent approprié à une technique particulière ? Dans les deux spectres de noir de carbone, on peut noter la présence d’une bande vers 1 085 cm–1, témoignant de la présence constante de calcite (fig. 135).

Fig. 128 – VSB 08, composition élémentaire de la couche picturale orange.

Fig. 128 – VSB 08, composition élémentaire de la couche picturale orange.

Fig. 129 – VSB 13, analyse élémentaire de la couche picturale orange.

Fig. 129 – VSB 13, analyse élémentaire de la couche picturale orange.

Fig. 130 – Spectre Raman obtenu sur la couche picturale orange (VSB 13) identifiant le minium Pb3O4.

Fig. 130 – Spectre Raman obtenu sur la couche picturale orange (VSB 13) identifiant le minium Pb3O4.

Fig. 131 – VSB 13, analyse élémentaire du badigeon blanc.

Fig. 131 – VSB 13, analyse élémentaire du badigeon blanc.

Fig. 132 – VSB 08, analyse élémentaire du badigeon blanc de surface.

Fig. 132 – VSB 08, analyse élémentaire du badigeon blanc de surface.

Fig. 133 – Spectre Raman du badigeon blanc de surface (VSB08) identifiant la calcite.

Fig. 133 – Spectre Raman du badigeon blanc de surface (VSB08) identifiant la calcite.

Fig. 134 – Spectre Raman d’une couche picturale noire (VSB 16bis, couche 2) identifiant le noir de carbone.

Fig. 134 – Spectre Raman d’une couche picturale noire (VSB 16bis, couche 2) identifiant le noir de carbone.

Fig. 135 – Échantillon no 1.1561, stuc à pâte blanche, badigeon blanc/rinceau noir.

Fig. 135 – Échantillon no 1.1561, stuc à pâte blanche, badigeon blanc/rinceau noir.

Vert

  • 90  Voir fig. 77a et b, et description.

244Le vert est largement représenté dans le décor, avec deux tons différents : un vert clair et un vert foncé. Le vert clair est appliqué en fond à l’arrière d’un des personnages (personnage no 1) et employé plus ponctuellement sur quelques motifs (livre ouvert et croix pattées). Le vert foncé est par contre employé comme rehaut sur le contour des reliefs – arc de type A2 associé au personnage no 3 –, sur le panneau végétal peint de tiges et de fleurettes orange et sur les motifs à franges90.

245L’observation en microscopie électronique de la couche picturale vert clair (VSB 10) montre en imagerie qu’elle contient des minéraux en structure de feuillets – forme lamellaire des particules rencontrées –, vraisemblablement des argiles, d’autant que l’analyse élémentaire, correspondante à cette couche vert clair, présente une association de Al, Si, Mg, Fe et K, en accord avec une terre verte. Ce résultat ne permet pas d’en préciser la nature – glauconie, céladonite ou chlorite (fig. 136a et b ; fig. 137).

246La spectrométrie Raman ne retient pas l’hypothèse des chlorites. La couche de couleur vert foncé (VSB 13) observée en lumière naturelle sous binoculaire permet de distinguer, associés aux grains verts, des grains marron qui, sous cet effet, accentuent probablement la teinte (fig. 138).

247L’analyse chimique obtenue sur cette couche présente un spectre de terre verte avec, semble-t-il, deux compositions d’argiles : l’une avec du potassium (K) et un rapport Al/Si très déséquilibré (#1) et l’autre avec un rapport Al/Si presque équivalent (= 1), sans potassium. L’étude en spectrométrie Raman est seule en mesure d’interpréter ces différences (fig. 139). La finesse relative des bandes indiquerait plutôt la présence de céladonite. En effet, ce minéral d’origine volcanique est relativement bien cristallisé tandis que la glauconie, d’origine sédimentaire, a une composition et une structure moins régulières ; de ce fait, son spectre Raman est mal défini. Néanmoins, un lien direct avec la composition chimique, très proche pour ces deux argiles, est difficile à établir.

248La distinction des terres vertes est une question importante, car elle fournit des informations sur les usages des peintres et sur la provenance des matières premières. Deux minéraux constituent principalement les terres vertes : la céladonite et une glauconie. La céladonite est un minéral bien défini, d’origine volcanique. Il se rencontre sous une forme relativement pure et plutôt en petites quantités. À l’opposé, les glauconies, d’origine sédimentaire, sont beaucoup plus répandues et présentent des caractéristiques pigmentaires variables, notamment pour la couleur et l’opacité. En Europe, les principales sources de céladonite étaient à Brentonico, dans le massif de Monte-Baldo, en Italie – qui a donné le vert de Vérone – et l’île de Chypre (Petit et al., 1995, p. 352).

249Aussi, la présence de glauconie traduit-elle l’emploi d’une terre verte locale, au même titre qu’une ocre rouge ou jaune commune. L’emploi de céladonite en revanche, exprime le choix d’un produit importé, donc plus coûteux.

Bleu

250Le bleu est une couleur rare dans le décor étudié. Seuls quelques fragments nous sont parvenus, soit bleus, soit avec des éléments de décor bleu et vert foncé. L’observation en coupe sous la loupe binoculaire montre clairement la présence de grains dans la couche de surface (VSB 06). Ces grains sont assez gros (10 μm environ) et leur forme est anguleuse, résultat d’un probable broyage du pigment (fig. 140-142).

  • 91  On le trouve exceptionnellement au ixe s. dans les peintures murales de Santa Maria Antiqua à Rome (...)

251L’analyse élémentaire qualitative de ces grains bleus montre la présence de silicium, de cuivre et de calcium. Cette composition suggère le pigment du bleu égyptien, CaCu Si4O10. Ce produit, apparu en Égypte vers 3000 av. J.-C., est utilisé dans tout le Bassin méditerranéen, au moins jusqu’au viie s. de notre ère, pour des couches picturales de différentes natures91. C’est un composé de synthèse, dont, curieusement et en dépit d’une production nécessairement très importante au vu de son usage, aucun texte égyptien ne rapporte le procédé de préparation. Ce sont deux auteurs latins, Vitruve puis Pline, qui en rapportent la fabrication. Le cuivre peut être introduit sous différentes formes : cuivre pur, alliage métallique ou dérivé du cuivre, comme la malachite ou le carbonate de cuivre, dont il existe des mines en Égypte.

Fig. 136 – VSB 10 : a) stratigraphie du stuc, badigeon et couche picturale verte (grossissementx5) ; b) zoom de la couche picturale verte (grossissement x 10).

Fig. 136 – VSB 10 : a) stratigraphie du stuc, badigeon et couche picturale verte (grossissementx5) ; b) zoom de la couche picturale verte (grossissement x 10).

Fig. 137 – VSB 10, analyse élémentaire de la couche picturale vert clair (grain).

Fig. 137 – VSB 10, analyse élémentaire de la couche picturale vert clair (grain).

Fig. 138 – VSB 13, couche picturale verte avec grains de pigment arrondis, dans la couche (grossissementx5).

Fig. 138 – VSB 13, couche picturale verte avec grains de pigment arrondis, dans la couche (grossissementx5).

Fig. 139 – Spectre Raman obtenu sur une couche picturale vert foncé (VSB 06) identifiant une terre verte.

Fig. 139 – Spectre Raman obtenu sur une couche picturale vert foncé (VSB 06) identifiant une terre verte.

Fig. 140 – VSB 06, stratigraphie du stuc, badigeon et couche picturale bleue (grossissementx5).

Fig. 140 – VSB 06, stratigraphie du stuc, badigeon et couche picturale bleue (grossissementx5).

Fig. 141 – Vue au MEB de la même coupe du VSB 06, avec badigeon de support et la couche picturale bleue.

Fig. 141 – Vue au MEB de la même coupe du VSB 06, avec badigeon de support et la couche picturale bleue.

252De plus, la présence associée d’étain (Sn) semble confirmer l’hypothèse d’une fabrication à base de bronze, comme d’autres publications l’ont déjà mis en évidence (Filippakis et al., 1976) (fig. 143). Une des analyses des grains bleus montre la présence de cuivre et d’étain, ce qui indique que le cuivre a été introduit dans la préparation sous forme d’un alliage cuivre-étain, c’est-à-dire de bronze. Quand l’analyse ne montre que la présence de cuivre, il n’est pas possible de préciser si le produit de départ était la malachite ou le cuivre natif (fig. 144 et tabl. IV).

Fig. 142 – Spectre d’un grain bleu (VSB 06) contenu dans la couche picturale.

Fig. 142 – Spectre d’un grain bleu (VSB 06) contenu dans la couche picturale.

Fig. 143 – Spectre d’émission d’un grain contenu dans la couche picturale, association de cuivre et d’étain.

Fig. 143 – Spectre d’émission d’un grain contenu dans la couche picturale, association de cuivre et d’étain.

Fig. 144 – Spectre Raman obtenu sur un grain bleu, identifiant le bleu égyptien.

Fig. 144 – Spectre Raman obtenu sur un grain bleu, identifiant le bleu égyptien.

SYNTHÈSE GÉNÉRALE SUR LES ASPECTS TECHNIQUES DU DÉCOR DE STUCS ET D’ENDUITS PEINTS

253L’étude technique du décor de stucs et d’enduits peints a fourni un certain nombre d’informations utiles à la compréhension et à la connaissance de cet ensemble.

L’établissement dune chronologie relative

254Les nombreux fragments d’enduits et de stucs offrent quelques connexions stratigraphiques utiles à l’établissement d’une chronologie relative :

  • à partir de la typologie proposée (voir supra, p. 123), l’enduit B1 est antérieur au décor principal constitué des enduits E1 et E2 et sa surface présente un décor en faux appareil noir sur fond blanc. L’enduit E1, quant à lui, ne conserve pas d’enduit au revers, à l’exception du VSB 20, qui est appliqué sur un enduit de tuileau, sans décor en surface ;

  • par ailleurs, le décor de stuc orné de faux marbre vert ponctué de fleurettes orange (VSB 03) est appliqué également sur un enduit de tuileau, mais de nature différente. Bien que ce panneau plat de stuc se distingue du reste du décor, sa composition (S1) et les pigments employés (vert et orange associés) montrent clairement qu’il appartient au premier décor. Traité différemment – par la technique et le décor de surface –, il ornait probablement un espace différent ;

  • de plus, la présence de mortier de tuileau au revers de certains fragments, soit d’enduit A1, soit de stuc S1, indique que le décor a été appliqué sur une structure partiellement liée avec ce mortier. En revanche, les stucs de type S1 sont appliqués sur les enduits E1 et E2 ;

  • l’enduit lissé E1 est le mieux représenté en nombre et il est également présent sous la forme de gros fragments portant au revers le négatif des maçonneries sur lesquelles

Tabl. IV – Vouneuil-sous-Biard (Vienne). Analyse des enduits au MEB et en spectrométrie Raman.

Tabl. IV – Vouneuil-sous-Biard (Vienne). Analyse des enduits au MEB et en spectrométrie Raman.
  • il a été appliqué. En revanche, l’enduit E2 est appliqué en fines couches, soit directement sur l’enduit lissé E1, soit sur un autre support, mais son épaisseur est toujours inférieure à 4 cm. La stratigraphie E2 sur E1 montre en effet que les deux enduits sont contemporains. Aucun badigeon ni décor antérieur n’est visible sur E1 et il semble que l’on ait simplement ajouté cette couche fine d’enduit E2 au moment de la réalisation du décor de peinture et de stuc, c’est-à-dire dans le prolongement de l’application de E1 sur les parois de l’édifice disparu. Les deux types d’enduits présentent par ailleurs la même charge rouge de sable à cutanes, tandis que les autres enduits, antérieurs et postérieurs, renferment majoritairement une charge fluviatile puisée non sur les terrasses anciennes, mais sur les bords de la Boivre toute proche (200 m) ;

  • 92  Dans la mesure où cet exemple est isolé, nous sommes tentés d’y voir une reprise ponctuelle.

255– l’enduit B6, qui ne porte pas de décor mais un simple badigeon blanc, est un état postérieur au décor d’enduit et de stuc92. Quant à l’enduit B2, il reçoit l’enduit B3, mais ces deux échantillons ne portent pas de décor significatif et ne sont pas raccordés à la stratigraphie du décor d’enduit et de stuc.

256Aussi, la stratigraphie, les indices techniques et la composition des matériaux témoignent de la contemporanéité des enduits E1, E2 et des stucs S1 et S2. Mais les liaisons avec les autres types d’enduits retrouvés dans le remblai sont réduites. Ceci prouve que la fosse qui contenait les stucs a recueilli des gravats provenant de différents bâtiments sans connexions entre eux et que le décor était appliqué soit directement sur l’appareil du mur, soit ponctuellement sur un enduit de tuileau.

Les étapes de réalisation du décor

257La réalisation du décor de stucs et d’enduits peints se divise en plusieurs étapes :

  • l’enduit E1 est appliqué soit sur les maçonneries, dont on conserve le négatif sur le revers de certains fragments, soit sur des mortiers ou des enduits antérieurs. Certaines zones de l’enduit E1 sont reprises en surface et portent l’enduit E2, appliqué en couche fine (inférieure à 3 cm d’épaisseur) ;

  • puis les reliefs de stuc sont appliqués dans les zones délimitées par le tracé préparatoire, qu’il s’agisse des petits motifs décoratifs peu épais (15 mm au plus) collés à la chaux, ou bien des arcatures et des personnages, dont le relief peut atteindre de 5 à 10 cm, fixés à l’aide de chevilles en os ;

  • les parois ainsi préparées (les enduits E1 et E2, comme les stucs S1 et S2) reçoivent alors un badigeon blanc uniforme, appliqué en deux à trois couches selon les zones ;

  • le badigeon blanc reçoit alors le décor peint, sous la forme de fonds colorés et de rehauts, qui précède un second état de peinture.

  • 93  Les échantillons appartenant au premier décor sont les VSB 11 ; 14 ; 10 ; 13 ; 31 ; 16 et 06. Les (...)

258En ce qui concerne la mise en œuvre du décor initial93, le dessin préparatoire est conservé dans l’enduit frais, sous la forme de tracés rouges et noirs, associés à de fines incisions pratiquées à la surface. Ces lignes tracées dans l’enduit frais témoignent de la contemporanéité des enduits, des stucs et du décor qui les recouvre. Plus précisément, les incisions semblent délimiter les zones destinées à recevoir les reliefs de stuc, tandis que les tracés rouges et noirs structurent la composition générale de la peinture.

  • 94  La composition des badigeons a été vérifiée sur plusieurs échantillons (voir tabl. IV).

259Le badigeon blanc initial et les couleurs qu’il reçoit constituent le premier état du décor de l’ensemble enduits et stucs. La palette de couleurs qui compose ce premier décor est variée : jaune clair et jaune foncé, rouge médian et rouge foncé, rose, orange, marron, noir, gris, vert clair et vert foncé et bleu. La peinture est donc appliquée selon la technique à sec, sur un badigeon blanc de chaux94. Seul le dessin préparatoire – tracé rouge et noir + incisions – est réalisé selon la technique à fresque, c’est-à-dire sur l’enduit encore humide.

260Parmi les pigments employés dans ce premier décor, nous identifions des ocres naturelles pour les couleurs rouge et jaune (hématite, gœthite, magnétite), mélangées à un lait de chaux (carbonate de calcium) formant le liant de la couche picturale. Le noir de carbone est employé pour les cernes noirs appliqués autour des reliefs, comme pour le fond gris préparé à partir d’un mélange de noir et de blanc. Les terres vertes (glauconie et céladonite probablement) sont diluées dans un liant de chaux, afin d’obtenir une teinte plus ou moins soutenue et le minium (oxyde de plomb) est largement employé pour la couleur orange, très présente dans ce décor. Le bleu égyptien enfin, fabriqué à partir de bronze, est utilisé pour les rares zones bleues identifiées dans un décor de drapé. Les pigments employés dans le premier décor sont donc particulièrement diversifiés.

261Ce premier décor est ensuite recouvert d’une seconde mise en couleur. La gamme colorée du second état est plus réduite que pour le premier : le jaune, le vert, le bleu, le rose, le rouge foncé ont disparu de la palette et seuls sont employés le noir (de fumée), le rouge (hématite) et le orange (minium) avec du blanc (carbonate de calcium) pour le badigeon de propreté.

262Le second décor n’est séparé du premier que par un badigeon blanc appliqué en une ou deux couches. Par ailleurs, il ne recouvre pas systématiquement l’ensemble des stucs et des enduits, mais il reprend certaines parties seulement du programme. L’état fragmentaire de l’ensemble ne permet pas de localiser précisément les parties reprises et d’en tirer quelques enseignements archéologiques sur la modification du décor in situ. En revanche, nous constatons que :

  • les fonds colorés (jaune, vert, gris, rouge, rose, marron, bleu) du premier décor n’ont pas été recouverts et nous parviennent dans leur état d’origine ;

    • 95  Exemple du fragment no 1.18 dessiné par G. Fèvre et associé au morceau d’arcature no 1.33 et au ch (...)

    certains petits motifs de stuc ont été blanchis dans la seconde phase, puis cernés d’un nouveau contour qui en accentue le relief : c’est le cas des rinceaux, des feuillages, des stipes, etc., qui ornaient probablement les panneaux végétaux. Dans le cas de ces panneaux à faible relief, les cernes rouges dans l’état initial sont remplacés par un cerne noir95. Dans le cas d’autres motifs appliqués sur un fond blanc (fleurettes et rinceaux), les lignes de contour des motifs sont faites en rouge, sur un état initial apparemment blanc ;

  • les arcatures ont été blanchies de nouveau, à l’instar des personnages qui reçoivent un badigeon épais et couvrant, bien visible en stratigraphie. L’arcature ajourée, blanche dans son état initial – comme les autres arcatures –, est alors rehaussée de rouge : l’intérieur des cavités est badigeonné de rouge et le contour des feuilles lancéolées composant la frise est également cerné de rouge ;

  • les lignes fortes des drapés sont soulignées en rouge, de la même façon que cette dernière arcature, sur le modèle des rehauts du premier décor ;

  • les éléments de stuc peints, tels que le livre ouvert, les rouleaux tenus par les personnages et les croix pattées, conservent leur mise en couleur initiale, avec des rehauts beige, vert clair et orange. Le second état s’ajoute au premier, illustré par le tracé rouge qui souligne simplement le contour du livre ouvert et des rouleaux.

263Les visages des personnages sont entièrement repeints. Grâce à l’écaillement des badigeons et des couches picturales supérieures, nous conservons la superposition des deux mises en couleur. Le visage du personnage no 1 présente l’exemple le plus saisissant de cette reprise colorée :

  • dans l’état initial, le traitement des cheveux, du sourcil et du contour de l’œil est réalisé avec un coloris beige associé au fond vert clair qui déborde contre l’oreille gauche ;

  • dans le second état, en revanche, les rehauts sont réalisés en rouge vif et en noir. Les sourcils sont traités en noir, afin de surligner le regard. Par ailleurs, ce ne sont plus seulement les cheveux et le contour de l’œil qui sont soulignés, mais aussi le dessin de l’oreille, les narines, les lèvres et la délimitation du cou. Le second décor vise à souligner toutes les lignes fortes du visage et l’association de l’orange et du rouge avec le noir durcit fortement l’expression des personnages.

264À travers cet exemple, il semble que le second décor ait eu pour objet de rafraîchir les stucs avec un badigeon blanc de propreté et de mettre au goût du jour la présentation des personnages, avec des traits plus accentués. L’effet obtenu, à travers le traitement des visages, paraît conforter cette hypothèse de renforcement général des lignes du décor, sur une base antérieure réactualisée. En d’autres termes, la douceur évoquée par le premier décor, avec ses teintes pastel et ses contours délicatement rehaussés – de vert, de rouge, d’orange –, contraste avec la sévérité du second état de peinture aux cernes rouges et noirs, qui durcissent et assombrissent la perception des personnages comme des panneaux végétaux.

Fig. 145 – Relevé du décor de l’autel de l’hypogée des Dunes par le père de La Croix.

Fig. 145 – Relevé du décor de l’autel de l’hypogée des Dunes par le père de La Croix.

Les éléments de datation

265L’étude technique du décor apporte enfin quelques éléments de réflexion sur la datation de l’ensemble, qui seront pris en compte dans l’évaluation finale de cette étude.

266Tout d’abord, les stucs sont fabriqués à base de chaux, c’est-à-dire selon la recette traditionnelle employée dans le monde romain. Au Moyen Âge et plus précisément après le viiie s., la chaux est remplacée par le plâtre, qui se généralise au xie s. (Palazzo-Bertholon, in Sapin, 2007, p. 13-48). Ensuite, les reliefs sont fixés avec des chevilles en os. Cette pratique n’est pas connue en dehors de la région, mais elle est bien représentée sur les sites antiques du Poitou-Charentes. Puis la mise en évidence, par la stratigraphie, de deux états de peinture montre que le décor de stuc a perduré et témoigne de deux vocabulaires esthétiques différents, à travers les couleurs et le traitement choisis. Ainsi, la première mise en couleur est riche par ses couleurs et douce dans ses tonalités. L’usage du bleu égyptien fait référence à la peinture antique, qui utilisa abondamment ce pigment, tandis que l’emploi du minium en fond de panneau, comme en rehauts, évoque davantage le haut Moyen Âge (fig. 145). Le rouge est largement présent dans les peintures de l’hypogée des Dunes à Poitiers, mais, à la différence des stucs de Vouneuil, le minium est remplacé par du vermillon, en complément de l’ocre. La seconde mise en couleur est un « rafraîchissement » assorti d’une mise au goût du jour de l’ensemble. Il est probable que l’on fasse l’économie des fonds de couleur en les préservant et que l’on ne reprenne que les fonds blancs et les contours des reliefs systématiquement cernés, soit de rouge, soit de noir. Pour cela, la palette employée est réduite au blanc, orange, rouge et noir. En ce qui concerne les personnages, les plis des vêtements sont soulignés de rouge et l’expression des visages est modifiée : douce et bucolique dans le premier état, elle devient sévère et hiératique dans le second état de peinture, comme si l’on avait cherché à renforcer l’impact visuel de l’ensemble par le choix de ces teintes, qui tranchent sur le blanc du badigeon renouvelé. L’ajout des inscriptions peintes en capitales romaines sur un bandeau de stuc, au moment du « rafraîchissement » de l’ensemble, accompagne, sans aucun doute, la volonté de donner un sens nouveau à ce décor d’enduits et de stucs peints.

Notes

1  Une équipe de l’UMR 5594 ARTeHIS (Centre d’études médiévales, Auxerre). Avec l’aide financière du SRA de Poitou-Charentes et de la Société des Amis du musée Sainte-Croix de Poitiers.

2  Cet inventaire a été réalisé par A. Ollivier. Il correspond à la numérotation d’entrée des stucs dans les collections du musée Sainte-Croix.

3  Photographies de Chr. Vignaud, musée Sainte-Croix.

4  L’étude des graffiti, comme celle des inscriptions, a été confiée à C. Treffort.

5  Il faut signaler également deux fragments d’enduits peints (nos 1.1932 et 1.2500) portant des traces de graffiti anciens. Cependant, une partie de l’enduit a disparu et il ne reste que les traits les plus profondément entaillés par l’outil, ce qui rend illisibles ces vestiges d’à peine quelques millimètres de hauteur.

6  Au fil de l’étude, les échanges de points de vue avec F. Blondel, J. Hiernard et D. Simon-Hiernard m’ont permis d’affiner mon analyse. Les relectures attentives de R. Favreau, de G. Pon et de J. Guyon m’ont également été précieuses. Je tiens à les en remercier, ainsi que B. Palazzo-Bertholon et Chr. Sapin, pour notre longue et fructueuse collaboration.

7  On y distingue le haut de trois lettres et le bas d’une quatrième.

8  Plusieurs fragments ont ainsi été décollés les uns des autres depuis la photographie publiée dans l’article de M.-Th. Camus (1992, p. 72).

9  On peut ajouter à la liste deux fragments aujourd’hui égarés (no 1.1851 et 1.1935), qui ne portaient que des lambeaux de lettres non reconnaissables.

10  La dernière lettre étant fragmentaire, la lecture AT est une restitution fondée sur la longueur totale de la barre horizontale qui somme à gauche la lettre A, faisant penser à une ligature avec un T qui suggère Agat[hae. On ne doit pas exclure entièrement l’idée d’une ligature avec un P, qui permettrait de lire Agap[eti, que l’on attend logiquement après Félicissime, son compagnon de martyre. Toutefois, la maîtrise du trait exclut une simple maladresse, et aucun cas de ligature AP ou AR n’est connu avec un trait horizontal aussi développé à gauche pour l’époque considérée. C’est pourquoi nous préférerons, dans le cours de cet article, la lecture finale AT.

11  Voir la contribution de Chr. Sapin dans ce volume, chap. III.

12  Ce qui explique les variations de forme et de module des lettres qui composent cette longue inscription.

13  Les inscriptions de cette époque présentent en effet une graphie encore très classique, comme on peut le voir en particulier dans les exemples publiés dans le Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule, antérieures à la Renaissance carolingienne, Paris, 3 vol. parus : t. 1, N. Gauthier, Première Belgique, 1975 ; t. 5, F. Descombes, Viennoise du Nord, 1985 ; t. 8, F. Prévot, Aquitaine première, 1997.

14  En attendant une publication exhaustive, voir Le Blant, 1892.

15  Poitiers, musée Sainte-Croix, inv. no A 897 20 ; éd. CIFM, no 91, p. 115-116.

16  Angers, SDA, no inv. resp. SM-L.011 et 004 ; dessins publiés par D. Prigent et J.-Y. Hunot (1996, p. 35).

17  Nantes, musée Dobrée, inv. no 900.7.1 ; notice dans Nantes. Musée Th. Dobrée. Art mérovingien, Paris, Éditions des musées nationaux, 1964 (Inventaire des collections publiques françaises, 10), no 261 (D. Costa).

18  Une nouvelle étude épigraphique (C. Treffort) est actuellement réalisée dans le cadre de l’analyse archéologique dirigée par B. Bertholon-Palazzo.

19  Une datation du milieu du viiie s. avait déjà été évoquée dans l’ouvrage de M.-Th. Camus (1992, p. 71).

20  Filicissimi pour Felicissimi, Filothei pour Philothei.

21  Voir Sapin, 2004, no 36, p. 78-79 (personnage no 6) et no 52, p. 88-89 (panneau V). L’hypothèse de tracés de « préparation » n’est plus retenue aujourd’hui.

22  On doit également noter que si certains noms appartiennent à des femmes (Agathe, Cécile et peut-être Thècle), aucun des fragments de décor retrouvés n’appartient clairement à une figure féminine, même si le caractère partiel de la conservation des stucs interdit de considérer cette remarque comme un argument définitif.

23  Voir en particulier les remarques de L. Traube (1907).

24  Huit pièces : nos 1.741 ; 1.746 ; 1.764 ; 1.765 ; 1.1445 ; 1.1449 ; 1.2498 et 1.2499.

25  Sapin, 2004, p. 70 (surface de 5 mx4,80 m).

26  Nos 1.1940 à 1.1944 (C12) et 1.1933 ; 1.1934 ; 1.1939 ; 1.1955 et 1.1956 (dernière partie de C1).

27  Peinture rouge sur le rebord supérieur : grande inscription C1. Aplats de couleur beige sur le rebord inférieur : no 1.693 à 1.695 (C3).

28  Notamment les fragments nos 1.1955 ; 1.1956 et sans no (dernière partie de C1).

29  Par exemple le A du fragment constitué par les nos 1.693 à 1.696 (C3).

30  Parmi d’autres exemples, pensons au plus remarquable, le Panthéon à Rome, temple païen devenu Santa Maria Rotunda sous le pape Boniface IV.

31  Passion de sainte Cécile : BHL 1495. Pour une vision globale de l’historique du culte, voir la notice détaillée dans : « Sainte Cécile. Vierge, martyre (?) », in Vies des saints..., t. 11, p. 731-759.

32  De locis sanctis martyrum quae sunt foris civitatis Romae, c. 12, éd. Itineraria..., p. 317.

33  D’autant qu’aucune de ces formulations particulières ne donne place aux autres fragments textuels conservés, qui présentent les associations de lettres suivantes : ...]har[..., ...]ia[..., ...]cha[..., ...]- ma[..., ]iv[..., ...]fici[..., ...]is. m[..., ...]t[..., ...]d[...

34  « Saints Domnin, Théotime, Philothée, Timothée et Auxentius, martyrs (♱ 307) », in Vies des saints..., t. 11, p. 174-175.

35  Grégoire II, c. X (Liber pontificalis, p. 402) : Eo namque tempore moribus certe Honesta et nomine pontificis mater sub hac vita substracta est. Post cuius obitum domum proprium in honore sanctae Christi martyris Agathae, additis a fundamento cenabulis vel quae monasterii erant necessaria a novo construxit ; praedia illic urbana vel rustica pro monachorum obtulit necessitate. Fecit autem in eandem ecclesiam beatae Agathae ciburium ex argento...

36  « Sainte Thècle, martyre (ier s.?) », in Vies des saints..., t. 9, p. 477-482.

37  Notitia ecclesiarum urbis Romae, no 28 (Via Ostiensis) : « Et sic vadis ad sanctum Paulum via Ostiensi. Et in australi parte cerne ecclesiam sanctae Teclae supra montem positam, in qua corpus eius requiescit in spelunca in aquilone parte » ; De locis sanctis martyrum..., no 6 (Via Ostiensis) : « Prope quoque basilicae Pauli ecclesia sanctae Teclae est ubi ipsa corpore iacet » ; cf. Itineraria..., respectivement p. 309 et p. 316.

38  « Sainte Cécile, vierge et martyre (♱ ?) », in Vies des saints..., t. 11, p. 731-759.

39  Sixtus II (Liber pontificalis, p. 155) : « Qui vero sepultus est in cimiterio Calisti, via Appia ; nam vi diaconos supradicti sepulti sunt in cimiterio Praetextati ». Voir également « Saint Sixte II, pape. Saints Félicissime, Agapit et leurs compagnons, martyrs (♱ 258) », in Vies des saints..., t. 8, p. 105-110.

40  Grégoire III, c. XIII (Liber pontificalis, p. 420) : Etiam et cymiteria beatorum martyrum Ianuarii, Urbani, Tiburtii, Valeriani et Maximi, eorum tectum in ruinis positum a novo perfecit.

41  Zacharie, c. XXV (Liber pontificalis, p. 434) : Huius temporibus defunctus Theodorus maior filius Megisti cata Xanthi, ob veniam suorum delictorum, praedium [...] situm [...] via Tiburtina, in quo et oratorium sanctae Cecilie esse dinoscitur, beato Petro dereliquid. Quod ipse beatissimus papa magne constructionis fabricis atque picturis decoravit ampliavitque in eo fines ex omni parte [...] ; quae et domus cultu sanctae Caeciliae usque in hodiernum diem vocatur.

42  Hadrien Ier, c. LXXVIII (Liber pontificalis, p. 509) : Necnon et ecclesiam beati Tiburtii et Valeriani atque Maximi seu basilica sancti Zenoni una cum cymiterio sanctorum Urbani pontificis, Felicissimi et Agapiti atque Ianuarii seu Cyrini martyribus, foris porta Appia, uno coherentes loco, quae ex priscis marcuerunt temporibus, noviter restauravit.

43  Cf. Dubois, Renaud, 1976 : aux dates du 5 février (Agathe), du 14 avril (Tiburce, Valérien et Maxime), du 6 août (Félicissime et Agapit), du 23 septembre (Thècle) et du 22 novembre (Cécile, Valérien et Tiburce).

44  Cf. Dubois, 1965 (Subsidia hagiographica) : aux mêmes dates que dans la note précédente.

45  Cf. Dubois, Renaud, 1984 : aux mêmes dates que dans la note précédente.

46  Voir le tableau récapitulatif dans Dubois, Lemaître, 1993, p. 85-86.

47  Synthèse élaborée à partir des ouvrages suivants : Auzias, 1937 et Rouche, 1979.

48  Cf. Liber pontificalis, p. 401 : Eodem tempore nefanda Agarenorum gens cum iam Spaniarum provinciam per X tenerent annos pervasam, undecimo anno Rodanum conabantur fluvium transire, Francias occupandum ubi Eodo praeerat. Qui facta generali Francorum monitione contra Sarracenos, eos circumdantes interemerunt. Trecenta enim septuaginta quique milio uno sunt die interfecti, ut eiusdem Eodonis Francorum ducis missa pontificis epistola continebat ; mille tantum quingentos ex Francis fuisse mortuos in eodem bello dixerunt, adiciens quod anno praemisso in benedictione a praedicto viro eis directis tribus spongiis quibus ad usum mensa pontificis apponuntur, in hora qua belllum committebatur, idem Eodo, Aquitaniae princeps, populo suo per modicas partes tribuens ad sumendum, ex eis ne unus vulneratus est nec mortuus ex his qui participati sunt.

49  Lettre V, de Grégoire à Charles (éd. PL 89, col. 582) : Conjuro te per Deum vivum et verum, et per ipsas sacratissimas claves confessionis beati Petri, quas vobis ad regnum direximus, ut non praeponas amicitam Longobardorum amori principis apostolorum...

50  Pour Angoulême, cf. Paris, BnF, lat. 816, éd. P. Saint-Roch, Liber sacramentorum Engolismensis, Turnhout, Brepols, 1986 (CCSL, 159). Pour Saint-Martial de Limoges, voir F. Combaluzier, « Un gélasien de Saint-Martial de Limoges (ixe siècle) : Paris, BnF, ms. lat. 2026, fol. 121-122 », Ephemerides liturgicae, 73 (1959), p. 425- 430.

51  Annales de Xanten, 839 (éd. MGH, SS, II, p. 226) : Eo anno venerunt corpora sanctorum Felicissimi et Agapiti atque sanctae Felicitatis in locum qui dicitur Fredenna.

52  Reliques remises par le pape Grégoire IV à l’abbé Gotzbald de Niederalataich, futur abbé de Würtzburg. Cité dans R. Aubert, « Félicissime », in DHGE, Paris, t. 16, 1967, col. 860-862, citant un fragment de la Translatio, éd. Neues Archiv, 15 (1887), p. 235.

53  Raoul de Fulda, Miracles des saints translatés à Fulda (sous appellation erronée de Vie de Raban Maur dans les AA. SS, Feb. I, p. 521 ; éd. MGH, SS, XV, p. 332) : Altera autem die Deusdona diaconus et germanus frater illius nomine Theodorus laicus primo mane cum abbate ac duobus presbyteris, quorum ego alter eram, [seorsum] basilicam ingressi, loculum aperuerunt et singulorum ossa sanctorum sicut in pulvinis semotim conditam fuerant, proferentes, abbati dederunt, ... videlicet... brachium Felicissimi diaconi...

54  Raoul de Fulda, Miracles des saints translatés à Fulda (éd. MGH, SS, XV, p. 336 et 338) : Detulit ita [...] ossa quoque sanctae Ceciliae virginis, quae sponsum suum fratremque eius Christo lucrata martyres fecit, et ipsa deinde martyrizata, ignem quidem superans, sed ferro occisa, [...] necnon et ossa sanctorum Tiburtii et Valeriani atque Maximi [...] Locus est a monasterio Fuldensi decem et eo amplius distans ad boream nomine Rathesdorph (Rasdorf) [...] in quo pulchram et divinis officiis congruentem noviter exstruxit ecclesiam [...] in quam [...] ossa beatae Ceciliae virginis et sanctorum martyrum Tiburtii et Valeriani intulit atque in sarcophago saxeo post altare posuit... À ce sujet, on peut également consulter l’ouvrage de H. Röckelein, 2002.

55  Par commodité, on désigne sous le terme générique de « pâte », les mortiers, les enduits et les stucs.

56  Pour le protocole d’étude, voir Palazzo-Bertholon, 2000, p. 223- 230. Il a été appliqué sur différents sites, dont certains ont été publiés : « L’étude des mortiers et des enduits des cryptes de Saint-Germain et Saint-Étienne d’Auxerre », in Sapin (dir.), 1999, p. 45-57 et p. 242-248 ; « L’étude des enduits et des mortiers de la cathédrale Saint-Jean-de-Maurienne », in Parron-Kontis (dir.), 2002, p. 126-142 ; « L’apport des analyses chimiques à l’étude des enduits peints, l’exemple des peintures murales gallo-romaines du boulevard Vaulabelle à Auxerre », in Actes du XVIe séminaire de l’AFPMA, Auxerre, 24-25 octobre 1997, Dijon, 2003, p. 31-42.

57  Voir Annexe D pour la description de la typologie des dix ensembles de mortiers et d’enduits.

58  L’exemple des sinopia identifiées sur les murs de Corvey illustre cette mise en place des éléments de décor : cf. Sapin, 2004, p. 188-189 (notice de U. Lobbedey).

59  Un petit fragment de bordure, qui conserve peut-être un morceau d’inscription, présente la même pâte grise, mais il s’agit probablement d’un fragment inférieur de cette arcature.

60  Voir l’illustration de VSB 15 sur la lame mince, qui montre ce badigeon entre les deux dernières épaisseurs.

61  Les grains de raisin ne peuvent pas avoir été réalisés avant la mise en place de la grappe sur le fût, car les légères empreintes de la paille dans le stuc frais seraient endommagées.

62  Poitiers, thermes de la rue Arthur-Ranc, cf. Sapin, 2004, p. 34, notice no 4 (D. Simon-Hiernard et M. Tisseuil).

63  Nous remercions particulièrement le professeur Louis de Bonis (université de Poitiers, Laboratoire de paléontologie) pour son aimable collaboration et pour l’identification de ces ossements.

64  Voir par exemple le no 1.1258 (vue en coupe). Le mortier conservé sur le côté illustre bien l’articulation de l’encadrement de stuc avec l’enduit peint E1. La vue en coupe permet également de distinguer l’âme de stuc des palmettes rapportées et collées à la surface.

65  Tel que le fond blanc accompagnant les motifs de disques plats et de palmettes cernés de rouge.

66  L’inventaire et le tri des éléments décoratifs ont été réalisés par A. Olivier, du musée Sainte-Croix à Poitiers, que nous remercions ici.

67  La restitution des différentes arcades et des éléments associés (panneaux à décor végétal et personnages) est présentée dans la dernière partie de cet ouvrage (voir infra, chap. III, p. 147).

68  Pour la caractérisation des enduits autres que les enduits E1 et E2, voir infra et Annexe D.

69  Voir supra, p. 102-114, le « dossier épigraphique ».

70  Voir la restitution confrontée du visage (1.1720 ; 1.1721 et 1.1722) avec les deux états (fig. 104).

71  Voir le protocole d’étude et les fiches d’enregistrement correspondantes dans Palazzo-Bertholon, 2000.

72  Les échantillons appartenant à ce groupe sont les suivants : VSB 02 ; 04 ; 20 ; 08 ; 06 ; 16 ; 07 ; 12 ; 33 ; 31 ; 09 et 11.

73  Ce traitement des surfaces est visible sur les VSB 11 ; 07 ; 12 ; 33 ; 31 ; 06 ; 08 ; 02 et 04. L’épaisseur totale des badigeons blancs superposés représente entre 3 et 6 mm selon les échantillons.

74  Les cutanes sont constituées d’un grain de quartz enrobé d’une gangue d’oxyde de fer.

75  Je tiens à remercier le laboratoire ERM (Études Recherche Matériaux) de Poitiers, et tout particulièrement François Rassineux et Damien Marchand, pour leur précieuse collaboration lors de l’analyse de ces échantillons.

76  Sur cette question, voir Palazzo-Bertholon : « La nature des stucs entre le ve et le xiie siècle dans l’Europe médiévale : confrontation de la caractérisation physico-chimique des matériaux aux contextes géologiques, techniques et artistiques de la production », in Sapin, 2007, p. 13-48.

77  Les produits organiques dans les matériaux archéologiques sont difficiles à identifier, car ils ont généralement disparu après plusieurs siècles. De plus, la diffraction de rayons X n’est pas une méthode apte à les mettre en évidence.

78  Voir infra, la nature du sable identifié dans les enduits E1 et E2.

79  L’analyse élémentaire du VSB 15 met en évidence les rapports suivants : Ca = 94,48 % ; Si = 1,96 % ; Mg = 1,57 %.

80  L’analyse élémentaire met en évidence les rapports suivants : Mg = 7,31 % pour 79,84 % de Ca dans un cas et Mg = 10,55 % pour 74,1 % dans l’autre cas.

81  L’analyse élémentaire met en évidence les rapports suivants : Ca = 91,27 % ; Si = 2,77 % ; Mg = 2,63 %. La charge calcaire, quant à elle, est composée à 98,7 % de calcium, sans magnésium.

82  L’échantillon que nous avons choisi ne comporte pas le rehaut rouge caractéristique de ce type d’arcature.

83  L’analyse élémentaire présente les rapports moyens suivants : Ca = 94,55 % ; Si = 1,78 % et Mg = 1,75 %.

84  Il pourrait s’agir en effet de charbon de bois résiduel dispersé dans la chaux lors de la cuisson de la pierre, dans les fours.

85  Le calcaire oolithique est une roche contenant des oolithes, petits corps sphériques d’environ 1 mm de diamètre, formés par la précipitation de couches minérales concentriques. Ces motifs sont aisément reconnaissables en microscopie optique, ou même à l’œil nu.

86  Laboratoire Études Recherche Matériaux, à Poitiers (Damien Marchand et François Rassineux). Voir supra, note 156.

87  Laboratoire CNRS, à Thiais (Claude Coupry et Françoise Froment, que nous ne manquons pas de remercier ici).

88  Il ne distingue pas la gœthite chauffée de l’hématite, par exemple.

89  La graphitisation est la transformation vers une structure cristalline particulière du carbone, le graphite.

90  Voir fig. 77a et b, et description.

91  On le trouve exceptionnellement au ixe s. dans les peintures murales de Santa Maria Antiqua à Rome (Osborne, Rasmus Brandt, Moranti [dir.], 2005).

92  Dans la mesure où cet exemple est isolé, nous sommes tentés d’y voir une reprise ponctuelle.

93  Les échantillons appartenant au premier décor sont les VSB 11 ; 14 ; 10 ; 13 ; 31 ; 16 et 06. Les échantillons relevant du second décor sont les VSB 05 et 08.

94  La composition des badigeons a été vérifiée sur plusieurs échantillons (voir tabl. IV).

95  Exemple du fragment no 1.18 dessiné par G. Fèvre et associé au morceau d’arcature no 1.33 et au chapiteau no 1.379. Mais la partie gauche du panneau n’a pas été reprise : le fond orange et le cerne vert ont été maintenus tels quels.

List of illustrations

Title Fig. 53 – Arcade de type A (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 54 – Arcade de type A (dessin et restitution G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 55 – Arcade de type B1 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/47580/img-3.jpg
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Title Fig. 56 – Arcade de type B2 (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 57 – Bandeaux droits (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 58 – Retombée des arcs (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 59 – Chapiteau de stuc de type F (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 60 – Types de chapiteaux en stucs (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 61 – Types de demi-colonnes (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 62 – Canthare (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 63 – Canthares, restitution (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 64 – Festons à écailles (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 65 – Rinceaux et feuillage : a) cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers ; b) dessin et DAO G. Fèvre, CEM.
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Title Fig. 66 – Stipes de palmier (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 67 – Pampres, demi-colonnette (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 68 – Pampres, éléments plaqués (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 69 – Rosettes : a) exemple de rosette à huit pétales (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) relevé de deux rosettes (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 70 – Motif d’entrelacs cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 71 – Disque plat (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 72 – Crosses et rinceaux : a) crosse et rinceau (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) plusieurs crosses et rinceaux (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 73 – Croix pattées : a) vue d’une croix pattée (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) planche avec une croix pattée et fragments de branche (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 74 – Fleurons et calices (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 75 – Éléments du personnage no 1 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM)
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Title Fig. 76 – Éléments du personnage no 2 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 77 – Personnage no 3 : a) tête (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) éléments du personnage no 3 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 78 – Éléments du personnage no 4 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 79 – Éléments du personnage no 5 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 80 – Personnage no 6 avec vue insérée d’un élément disparu (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
Credits © CNRS ÉDITIONS, Paris, 2009
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Title Fig. 81 – Personnage no 7 : a) un seul élément (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) autres éléments (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 82 – Éléments du personnage no 8 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 83 – Éléments du personnage no 9 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 84 – Éléments du personnage no 10 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 85 – Éléments d’animaux : a) élément d’agneau (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers) ; b) éléments d’agneaux avec restitutions (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 86 – Fragments d’aménagement architectural, niche (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 87 – Écriture noire sur stuc à pâte blanche : a) relevé G. Fèvre, CEM ; b) cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers.
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Title Fig. 88 – Petite écriture rouge sur stuc à pâte grise (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 89 – Grande écriture rouge sur stuc à pâte blanche (dessin et DAO G. Fè vre, CEM).
Credits © CNRS ÉDITIONS, Paris, 2009
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Title Fig. 90 – Détail des inscriptions C2 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 91 – Détail des inscriptions C3 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 92 – Épitaphe de Mumlenau de Poitiers (relevé C. Treffort).
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Title Fig. 93 – Épitaphe d’Erdrammus d’Angers (relevé SAD-49).
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Title Fig. 94 – Épitaphe d’Autbertus d’Angers (relevé SAD-49).
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Title Fig. 95 – Épitaphe de Vertou (relevé C. Treffort).
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Title Fig. 96 – Détail de l’inscription C3 (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 97 – Vue des couches de stuc (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 98 – Éléments en stuc (coude) avec esquille en os (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 99 – Décor de disque plat avec tracé de compas (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 100 – Fragment de grappe de raisin montrant la régularité des empreintes du moule (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 101 – Décor de feston à écailles : a) cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers ; b) relevé G. Fèvre, CEM.
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Title Fig. 102 – Détail d’un décor de feuillage, panneau II (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Fig. 103 – Fragment incurvé avec décor peint : niche (cliché Chr. Vignaud, musée de Poitiers).
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Title Tabl. II – Vouneuil-sous-Biard (Vienne). Stratigraphie des stucs.
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Title Tabl. III – Vouneuil-sous-Biard (Vienne). Stratigraphie des enduits peints.
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Title Fig. 104 – Les deux états de mise en couleur de la tête du personnage no 1 (dessin et DAO G. Fèvre, CEM).
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Title Fig. 105 – VSB 22 E1, stratigraphie de l’enduit, lumière naturelle et polarisée.
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Title Fig. 106 – VSB 08 E1, stratigraphie de l’enduit, lumière naturelle.
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Title Fig. 107 – VSB 08 E1, stratigraphie de l’enduit, lumière polarisée.
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Title Fig. 108 – VSB 05 E2, stratigraphie de l’enduit, lumière naturelle.
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Title Fig. 109 – VSB 05 E2, stratigraphie de l’enduit, lumière polarisée.
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Title Fig. 110 – VSB 05 E2, détail de la charge : cutanes, lumière naturelle.
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Title Fig. 111 – VSB 05 E2, structure de l’enduit, lumière polarisée.
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Title Fig. 112 – VSB 15, stuc SI en coupe, lumière naturelle.
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Title Fig. 113 – VSB 15, stuc SI en coupe, lumière polarisée.
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Title Fig. 114 – VSB 14, stuc S2, vue générale du stuc, en lumière naturelle.
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Title Fig. 115 – VSB 14, stuc S2, vue générale du stuc, en lumière polarisée.
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Title Fig. 116 – VSB 36, stuc S3. Vue générale, en lumière naturelle.
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Title Fig. 117 – VSB 36, stuc S3. Vue générale, en lumière polarisée.
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Title Fig. 118 – VSB 05, analyse élémentaire de la couche picturale rouge.
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Title Fig. 119 – VSB 08, analyse élémentaire de la couche picturale rouge.
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Title Fig. 120 – VSB 08, localisation du point d’analyse dans la couche picturale rouge appliquée sur le badigeon.
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Title Fig. 121 – VSB 16, analyse élémentaire d’un grain de pigment dans la couche picturale rouge.
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Title Fig. 122 – VSB 16, analyse élémentaire de la couche picturale rouge.
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Title Fig. 123 – Spectre Raman caractérisant un mélange d’oxydes de fer, rouge et noir.
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Title Fig. 124 – VSB 31, analyse élémentaire de la couche picturale jaune en surface.
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Title Fig. 125 – Échantillon VSB 16bis, couche 2.
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Title Fig. 126 – VSB 13, couche picturale orange vue en coupe, grossissementx10.
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Title Fig. 127 – VSB 08, vue en coupe de la stratigraphie, avec l’enduit en partie basse, puis les badigeons et la couche picturale (fine) à la surface.
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Title Fig. 128 – VSB 08, composition élémentaire de la couche picturale orange.
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Title Fig. 129 – VSB 13, analyse élémentaire de la couche picturale orange.
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Title Fig. 130 – Spectre Raman obtenu sur la couche picturale orange (VSB 13) identifiant le minium Pb3O4.
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Title Fig. 131 – VSB 13, analyse élémentaire du badigeon blanc.
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Title Fig. 132 – VSB 08, analyse élémentaire du badigeon blanc de surface.
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Title Fig. 133 – Spectre Raman du badigeon blanc de surface (VSB08) identifiant la calcite.
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Title Fig. 134 – Spectre Raman d’une couche picturale noire (VSB 16bis, couche 2) identifiant le noir de carbone.
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Title Fig. 135 – Échantillon no 1.1561, stuc à pâte blanche, badigeon blanc/rinceau noir.
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Title Fig. 136 – VSB 10 : a) stratigraphie du stuc, badigeon et couche picturale verte (grossissementx5) ; b) zoom de la couche picturale verte (grossissement x 10).
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Title Fig. 137 – VSB 10, analyse élémentaire de la couche picturale vert clair (grain).
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Title Fig. 138 – VSB 13, couche picturale verte avec grains de pigment arrondis, dans la couche (grossissementx5).
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Title Fig. 139 – Spectre Raman obtenu sur une couche picturale vert foncé (VSB 06) identifiant une terre verte.
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Title Fig. 140 – VSB 06, stratigraphie du stuc, badigeon et couche picturale bleue (grossissementx5).
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Title Fig. 141 – Vue au MEB de la même coupe du VSB 06, avec badigeon de support et la couche picturale bleue.
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Title Fig. 142 – Spectre d’un grain bleu (VSB 06) contenu dans la couche picturale.
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Title Fig. 143 – Spectre d’émission d’un grain contenu dans la couche picturale, association de cuivre et d’étain.
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Title Fig. 144 – Spectre Raman obtenu sur un grain bleu, identifiant le bleu égyptien.
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Title Tabl. IV – Vouneuil-sous-Biard (Vienne). Analyse des enduits au MEB et en spectrométrie Raman.
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Title Fig. 145 – Relevé du décor de l’autel de l’hypogée des Dunes par le père de La Croix.
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