I. HISTORIQUE DE LA GROTTE DE LASCAUX (PRINCIPALES DATES)

1– 8 septembre 1940 : découverte de l’entrée.

2– 12 septembre 1940 : pénétration dans la grotte et découverte des peintures.

3– 2-7 septembre 1949 : fouille de H. Breuil au fond du Puits, avec S. Blanc et M. Bourgon, à la recherche d’une éventuelle sépulture.

4– 11 octobre 1940 : rapport de H. Breuil à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres.

5– 1947 et 1948 : travaux d’aménagements (entrée monumentale, cheminement).

6– 26 septembre 1948 : inauguration officielle de la grotte.

7– Novembre 1948 : Lascaux, chapelle Sixtine de la Préhistoire, par F. Windels (et A. Laming).

8– 1952 : début des missions de A. Glory à Lascaux (relevés des gravures et autres travaux). Publication de « Lascaux », dans Quatre cents siècles d’art pariétal, par H. Breuil.

9– 30 avril 1955 : Lascaux ou la naissance de l’art, par G. Bataille.

10– 1957 : première constatation de la prolifération algale (« maladie verte »).

11– 1957-1959 : installation de la ventilation. Surveillance à vue des travaux par A. Glory.

12– 8 novembre 1959 : réception officielle des travaux.

13– 1959 : Lascaux. Paintings and engravings. En français : Lascaux. Peintures et gravures (1964), par A. Laming.

14– 1959-1960 : évacuation des déblais du Puits sous la surveillance de A. Glory.

15– 1960-1961 : fouille de A. Glory dans le Puits.

16– 20 avril 1963 : fermeture définitive de la grotte. Fin des missions de A. Glory.

17– 1965 : mise au point d’un nouveau système équilibrant la climatisation.

18– 29 juillet 1966 : mort accidentelle de A. Glory.

19– 1979 : Lascaux inconnu, étude pluridisciplinaire sous la direction de Arl. Leroi-Gourhan et de J. Allain.

20– 1983 : ouverture du fac-similé Lascaux II.

21– 1984 : « Grotte de Lascaux », dans L’Art des cavernes. Atlas des grottes ornées françaises, par A. Leroi-Gourhan.

22– 1990 : cinquantième anniversaire de la découverte. Colloque de Lascaux organisé par le Ministère de la Culture (non publié).

23– 1998 : redécouverte des manuscrits de A. Glory et des objets de Lascaux conservés par lui.

24– 1999 : installation d’un nouveau système climatiseur et nouvelle pollution.

25– 2003 : Lascaux retrouvé. Les recherches de l’abbé André Glory, par B. et G. Delluc.

26– 2004 : Lascaux. L’espace, le geste et le temps, par N. Aujoulat.

27– 2006 : « Lascaux » (travaux de conservation), dans « Dossier Grottes ornées », Monumental, 2.

28– 2008 : Les Recherches à Lascaux (1952-1963), par A. Glory. XXXIX^e suppl. à Gallia Préhistoire.

29– 2008 : Dictionnaire de Lascaux, par B. et G. Delluc.

II. RAPPORT DES TROUVAILLES FAITES DANS LA GROTTE DE LASCAUX, COMMUNE DE MONTIGNAC (DORDOGNE), LES 2, 3, 4, 5, 7 SEPTEMBRE 1949, PAR MM. L’ABBÉ BREUIL, SÉVERIN BLANC ET MAURICE BOURGON DANS LA FAILLE APPELÉE IMPROPREMENT « LE PUITS »

30[Transcription du brouillon manuscrit par M. Claude Blanc, fils de Séverin Blanc, revue par Brigitte et Gilles Delluc]

31Sous un sol en partie moderne, il reste une couche archéologique montant du fond actuellement connu de la faille vers la scène « Rhinocéros, homme, totem, bison éventré ».

32Cette couche, qui appartient au Paléolithique supérieur et qui nous semble être du Magdalénien ancien, est marquée par une sorte de dallage formé par des lampes entières ou brisées, souvent renversées. Ces lampes sont des pierres calcaires apportées de l’extérieur et portant soit une grande cupule naturelle peu profonde, soit une cupule aménagée.

33Sur et sous ces lampes, il y a du charbon souvent réduit en poussière mais parfois en morceaux assez gros pour que l’essence végétale employée puisse être déterminée par un spécialiste.

34Entre ces lampes, nous avons recueilli d’assez nombreux fragments osseux tachés de charbon et de rouge ocreux : esquilles d’os longs, épiphyses, fragments de côtes, purée de bois de cervidés, comme bois de cervidés. La détermination exacte des espèces animales semble impossible [B. Delluc lit : « possible », mais la photocopie n’est pas très bonne].

35Nous avons mis au jour :

1. Une sagaie courbe à section circulaire, pointue à un bout, émoussée à l’autre bout et portant une ligne très fine menée parallèlement à l’axe de la pièce. Les divers morceaux mis bout à bout ont une longueur totale de 45 cm tandis que la corde de l’axe de cette sagaie mesure 42 cm.
2. Une sagaie de même genre mais droite de 24 cm portant six lignes convergeant vers un point central indiqué [avec un schéma de la sagaie à étoile].
3. Deux sagaies plus petites et incomplètes, de la grosseur des épingles aurignaciennes ou solutréennes.
4. Des fragments d’épingles ou de sagaies altérées.
5. Des fragments de sagaies ornées à section ovale.
6. Trente éclats, lames ou lamelles de silex. Trois de ces pièces semblent avoir eu l’un de leurs bords enrobé dans une matière pulvérulente (mastic desséché ?). L’une de ces trois [pièces est] à bord abattu et c’est ce bord qui est enrobé.

36Nous avons l’impression de nous trouver en présence de vestiges matériels de cérémonies rituelles.

37Nos travaux nous ont permis de nous rendre compte que d’autres peintures pariétales noires ont existé dans la partie inférieure de la faille que cachaient les dépôts modernes. Il sera nécessaire de nettoyer les terres qui recouvrent les parois pour essayer de déchiffrer ces peintures.

38Les dépôts stériles sont très épais, la faille est très étroite, l’évacuation des déblais sera longue et délicate. Leur criblage est indispensable. Il est possible que les travaux ultérieurs nous amènent à un niveau bien inférieur à celui du niveau actuel.

39Le travail est délicat et la pauvreté de l’air en oxygène augmente la difficulté de la tâche. Toutefois, au cours d’un arrêt de travail nous avons tous les trois senti l’existence d’un léger courant d’air venant du fond de la galerie. Cela joint à d’autres observations que nous avons faites nous incite à penser que nos travaux doivent nous faire découvrir la véritable entrée. Le déblaiement d’une galerie en voûte obstruée (à droite du bison) par le sable et l’argile pourrait nous amener soit vers la sortie, soit vers les galeries actuellement connues.

40Nous avons le ferme espoir de trouver un jour des fossiles types qui nous permettront de fixer définitivement l’âge des peintures et gravures de la grotte, nos trouvailles actuelles étant insuffisantes pour que nous puissions en tirer des conclusions définitives.

41Nous serions heureux qu’une somme de cinquante mille francs soit mise à notre disposition, pour nous donner les moyens de continuer nos recherches en employant de la main d’œuvre chargée d’évacuer les déblais et de les cribler.

42Nous croyons qu’un tel crédit couvrirait tous les frais à engager par nous si nos hypothèses sont exactes.

43Les Eyzies, le 15 novembre 1949 S. Blanc

III. LISTE MANUSCRITE DU DÉPÔT EFFECTUÉ PAR CLAUDE BLANC AU MUSÉE NATIONAL DE PRÉHISTOIRE DES EYZIES, LE 3 SEPTEMBRE 1992

44Pièces remises à Monsieur Cleyet-Merle, conservateur du Musée des Eyzies

45Pièces provenant des fouilles effectuées par Monsieur Séverin Blanc, dans la grotte de Lascaux en 1948-1949

Le 16 juin 1992

461 grande sagaie (450 mm) avec décor

471 grande sagaie (220 mm) avec décor

481 sagaie à biseau simple (90 mm) sans décor

491 sagaie biconique (140 mm) sans décor

501 sagaie à rayures longitudinales (80 mm)

511 sagaie à rayures multiples (50 mm)

521 coquille de sipho percée

Le 3 septembre 1992

5314 fragments d’os divers

5416 morceaux d’ocre

551 morceau de sagaie (70 mm) sans décor

561 pointe sagaie (50 mm) émoussée, sans décor

571 pointe sagaie (40 mm) sans décor

581 baguette de débitage (125 mm)

5931 outils de silex

601 galet (percuteur ?)

61Ceci représente la totalité des pièces que j’avais en dépôt depuis le décès de mon père et que je remets au Musée des Eyzies.

62Le Bugue, le 3 septembre 1992 C. Blanc et J.-J. Cleyet-Merle