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Pourquoi exhumer ?
L’anthropologie du funéraire face au forensic turn
p. 205-223
Texte intégral
1Déterrer des cadavres n’est pas une pratique nouvelle, elle est attestée dans bien des contextes historiques et culturels différents. Depuis les travaux fondateurs de l’anthropologue Robert Hertz, nous savons en effet que les cérémonies funéraires sont toujours accomplies en plusieurs étapes, et qu’elles peuvent inclure une série de ré-inhumations successives articulées autour d’un principe structurant de « double funérailles » (Hertz, 1905). Pour autant, notre modernité a vu émerger une pratique nouvelle, celle de déterrer simultanément plusieurs dizaines, plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de corps ou de squelettes.
2Cette pratique réalisée à grande échelle a été principalement repérée dans différentes situations de violences de masse, ayant généré des dépôts initiaux simultanés et massifs, le plus souvent clandestins ou palliatifs à de véritables funérailles ; elle s’est traduite par la constitution de nouveaux champs disciplinaires (la forensic anthropology et la forensic archaeology notamment) nés de l’application des savoirs et des savoir-faire de l’archéologie funéraire et de l’anthropologie biologique aux contextes judiciaires et, plus largement, aux contextes de mortalité de crise, offrant ainsi de nouveaux futurs à « l’anthropologie de terrain » (Duday et al., 1990).
3Ce phénomène nouveau dans l’histoire de l’humanité a largement modifié les usages funéraires contemporains, au point de représenter un véritable tournant médico-légal (forensic turn) dans le champ mortuaire (Anstett et Dreyfus, 2015). Il pose la question de la motivation de ces déterrements, comme celle des logiques qui président aux instrumentalisations le plus souvent tardives des restes humains ; il place l’anthropologie du funéraire face à de nouveaux questionnements et nous impose à ce titre de tenter d’en comprendre ses ressorts.
Les prémisses du forensic turn
Collectes sauvages et collections ostéologiques au xixe siècle
4Le pillage des sépultures est probablement aussi ancien que la sépulture elle-même. À partir du milieu du xixe siècle, on assiste toutefois dans les pays occidentaux et au sein d’espaces placés sous leur domination, à une intensification de l’ouverture de sites funéraires anciens, tout particulièrement aux États-Unis où le pillage des cimetières amérindiens atteint alors un niveau inégalé (Platt, 2011). Ces pillages s’accompagnent d’une tendance nouvelle : celle d’un intérêt porté non seulement au mobilier funéraire et à la culture matérielle, mais aussi aux squelettes eux-mêmes, qui va au-delà d’une simple curiosité morbide. Cette généralisation des pillages coïncide en effet avec la multiplication des collectes de trophées humains, dans le contexte largement mondialisé des guerres de colonisation menées à la même époque en Afrique, en Asie et en Amérique latine par les armées européennes (Harrison, 2012).
5Ensemble, les pillages de sites funéraires et les récoltes de trophées humains permettent la formation des premières grandes collections ostéologiques : en Grande-Bretagne ou en France, tout autant qu’en Allemagne – les universités de Fribourg et Berlin accueillant ainsi les milliers de pièces anatomiques issues du génocide perpétré contre les populations Herrero et Nama par les troupes du général von Trotha (Stoecker et al., 2013) – ou encore aux États-Unis, l’université de Berkeley se vantant auprès du magasine Life en 1948, photographies à l’appui, de disposer de plus de 10000 squelettes d’Indiens, la plupart complets. Ces collections donnent alors progressivement naissance à l’anthropologie physique qui établit à partir de là ses premiers protocoles d’étude des squelettes (Spencer, 1997). À la fin du xixe siècle, le déterrement en masse n’est donc plus ni une nouveauté ni un problème, et il ne suscite ni émotion collective, ni opprobre) ; pour autant, la collecte des restes humains préalablement enterrés n’est pas encore systématisée ou organisée. Le contexte des deux guerres mondiales va alors offrir une configuration véritablement matricielle au déploiement et à la standardisation de ces pratiques.
La matrice des deux guerres mondiales
6Le bilan humain du premier conflit mondial est extrêmement meurtrier : plus de 10 millions de morts dont 7 millions de « disparus », c’est-à-dire de personnes déclarées décédées mais dont le corps n’a pas été retrouvé et n’a pas fait l’objet d’un traitement funéraire documenté. Le sort du cadavre des victimes est alors très variable et nombre d’entre eux restent encore à ce jour enfouis sans être précisément localisés. Toutefois, certains corps font, dans un premier temps, l’objet de dépôts au sein de sépultures d’urgence situées sur le front (souvent collectives), alors que d’autres sont inhumés à l’arrière, avec un soin plus important apporté à l’individualisation des inhumations.
7Dans un second temps, sur les champs de bataille comme à l’arrière, les corps suscitent des recherches et exhumations entreprises le plus souvent à l’initiative des familles, durant la guerre et dans l’immédiat après-guerre. Nombres d’exhumations sont ainsi réalisées de façon privée, illégale et clandestine, initiant un processus de grande ampleur (Pau, 2016) et générant en France une série de dispositions législatives spécifiques visant à les encadrer. Adoptées à partir de 1920, ces dernières sont pour partie toujours en vigueur. Les déterrements (de corps ou de restes humains non inhumés) et les exhumations (de corps inhumés) sont également organisés à l’instigation de l’institution militaire et de l’État afin de constituer des nécropoles nationales éventuellement pourvues d’ossuaires. Ces exhumations institutionnalisées se traduisent par l’élaboration de protocoles techniques et administratifs, si ce n’est de savoir-faire, spécifiques.
8Un quart de siècle plus tard, le bilan humain du second conflit mondial se traduit par plus de 70 millions de morts, dont 50 millions de civils et des dizaines de millions de disparus militaires et civils qui vont faire – eux aussi – l’objet d’intenses recherches. En Europe, plusieurs missions nationales de recherche des corps de déportés et de combattants disparus sont organisées à partir de 1945 par la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas ou encore l’Italie. Chacune de ces missions, qui opère dans la durée (la mission française restera active jusqu’en 1956) et sur des territoires très vastes allant des marges occidentales de l’Allemagne à la frontière polono-biélorusse, va procéder à plusieurs dizaines de milliers d’exhumations visant à identifier, ré-inhumer et éventuellement rapatrier les restes de ses concitoyens.
9Au-delà d’une simple amélioration des savoirs de la médecine légale, le déploiement de ces missions va donner lieu à la généralisation d’une administration laïque – voire d’une bureaucratie – des exhumations, qui semble largement détachée de tout enjeu religieux mais qui n’est pas sans déboucher, par endroit, sur de véritables conflits d’appropriation. La consolidation d’un savoir-faire proprement militaire des exhumations de masse connaît dès lors une progressive institutionnalisation avec, dans certains pays, la création de services spécifiquement dédiés à la recherche des combattants disparus.
10Dans la zone Asie-Pacifique, puis sur tous les terrains d’intervention des armées états-uniennes, un commandement militaire assume ainsi depuis le début des années 1940 la mission spécifique de retrouver et identifier les missing in action (combattants disparus au combat). Créé à l’issue de l’attaque de la base militaire de Pearl Harbour, le JPAC (Joint POW/ MIA Accounting Command) a été transformé en janvier 2015 en une agence gouvernementale, la DPAA (Defense POW/MIA Accounting Agency), toujours basée à Hawaï, qui bénéficie d’un financement annuel de plus de 100 millions de dollars. Elle emploie au total plus de 500 permanents pour la recherche et l’identification des prisonniers de guerre et des combattants états-uniens disparus, ce qui en fait le plus important et le plus ancien centre d’anthropologie médico-légale au monde. Ce savoir-faire scientifique aborde à partir des années 2000, dans le monde entier, un tournant techniciste avec l’utilisation de tests ADN pour l’identification de restes de combattants (Capdevila et Voldman, 2002).
Pratiques civiles et technologies du déterrement de masse
11Par-delà la configuration matricielle offerte par la prise en charge des ravages des deux guerres mondiales, les pratiques de déterrement à grande échelle vont ensuite connaître à partir des années 1980 une étape essentielle de leur développement, liée à la consolidation et à la légitimation d’un savoir-faire civil et non plus militaire de l’exhumation, sur les terrains latino-américains puis européens. Deux étapes importantes participent alors à la progressive mondialisation des exhumations de masse.
Le rôle historique et pivot de l’EAAF
12C’est en effet en Argentine en 1984 qu’est créée l’EAAF (Equipo argentino de antropología forense – l’équipe argentine d’anthropologie médico-légale) sous la houlette scientifique du médecin légiste et anthropologue américain Clyde Snow (Bellelli et Tobin, 1985). L’objectif initial de cette équipe, qui mobilise pour la première fois conjointement les savoirs de l’anthropologie biologique et les savoir-faire de l’archéologie funéraire, dans un double contexte judiciaire et humanitaire, est de permettre la découverte du corps des quelque 9000 disparus de la junte militaire au pouvoir de 1976 à 1983. En Argentine, le retour des morts – permis par l’exhumation et l’identification des victimes de la violence d’État – opère alors une véritable mise au jour de l’expérience collective de la dictature, et participe à de profondes transformations sociétales mais aussi juridiques à travers la création de « procès pour la vérité », destinés à permettre l’établissement des faits délictueux ou criminels sans pour autant permettre la condamnation de leurs responsables.
13Le savoir-faire technique tout autant que le modèle initié par l’EAAF (celui d’une ONG capable d’assurer une expertise médico-légale techniquement fiable et politiquement indépendante) est ensuite progressivement exporté et transposé à différents terrains latino-américains concernés par l’expérience de la violence de masse et des massacres de grande ampleur. Ainsi la FAFG (Fundación de antropología forense de Guatemala) naît-elle au Guatemala en 1997, l’EPAF (Equipo peruano de antropología forense) est-elle créée au Pérou en 2001, le GIAF (Grupo de investigación en antropología forense) est-il fondé en Uruguay en 2005. Le fait de déterrer des victimes se répand progressivement comme une étape incontournable des processus de justice transitionnelle, voire dans certains cas des processus funéraires collectifs (Robin Azevedo, 2015). Au-delà de la consolidation d’un savoir-faire, c’est bien à la montée en puissance d’un nouveau champ disciplinaire (forensic anthropology) que participe dès lors l’EAAF, qui va étendre son influence sur les cinq continents, et permettre une large exportation et une véritable mondialisation du forensic turn.
L’épisode Yougoslave et l’irruption de la technologie
14Les conflits armés nés de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, qui marquent les années 1990, constituent quant à eux le théâtre d’un important changement d’échelle. Car si l’Amérique latine a été le lieu du déploiement spatial de la pratique du déterrement de masse, les Balkans ont pour leur part été le lieu de son déploiement quantitatif. Les guerres de Slovénie (1991), de Croatie (1991-1995), de Bosnie (1992-1995) et du Kosovo (1998-1999) ont causé en effet près de 300000 morts (civils aux deux tiers) et 4 millions de déplacés, concentrés sur un territoire grand comme un tiers de la France. Marqués par les crimes contre l’humanité commis par diverses milices paramilitaires, et par le génocide de Srebrenica, ces conflits armés qui impliquent également des armées régulières s’accompagnent de massacres de civils et de la dissimulation des cadavres au moyen de fosses primaires, et parfois secondaires ou tertiaires (Jessee et Skinner, 2005).
15À l’issue des conflits, des centaines d’exhumations sont réalisées dans des cadres judiciaires nationaux mais également internationaux, tels que ceux des procès instruits par le TPIY (tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie), qui mobilisent de nombreux experts internationaux. Ces exhumations sont réalisées à grande échelle ; en Bosnie, elles sont conduites dès 1995 par le MPI (Missing Persons Institute) et l’ICMP (International Commission for Missing Persons) et permettent de retrouver et d’identifier environ 70 % des quelque 30000 disparus répertoriés à la fin de la guerre. À partir de 2000, l’utilisation systématique de tests ADN accélère encore les procédures de recherche et permet d’accroître le nombre d’individus identifiés, qui sont restitués à leurs familles et le plus souvent ré-inhumés individuellement et nominativement dans un cadre privé et religieux.
16Dans le contexte de l’ex-Yougoslavie, la pratique de l’exhumation de masse de même que l’utilisation élargie des tests ADN suscitent une réflexion critique de la part des experts comme des sociétés civiles (Crossland et Joyce, 2015) au vu des multiples enjeux – judiciaires autant que sociétaux – liés à la recherche et à l’identification des victimes de crimes de masse. Mais ces enjeux ne sont pas les seuls à générer des tensions.
La prévalence d’enjeux politiques multiples
Banques ADN, questions politiques et géopolitiques
17En Argentine et en Bosnie – mais aussi ailleurs –, les déterrements à grande échelle sont accompagnés de procédures d’identification des victimes qui ont pris appui sur la création de banques ADN. Dans ces deux premiers contextes, le recours à des tests ADN pour l’identification de restes humains exhumés est désormais quasiment systématique même lorsqu’ils sont inutiles. La création tout autant que l’administration de ces « banques » singulières et pionnières en leur genre, donnent alors à lire l’importance des enjeux proprement politiques sur lesquels reposent ces pratiques.
18Dans le cas argentin, la Banque nationale de données génétiques (Banco nacional de datos genéticos), est un établissement public autonome créé en 1987 par l’État argentin, placé sous l’autorité directe du ministère de la Science, de la Technologie et de l’Innovation, pour permettre l’identification d’enfants kidnappés pendant la dictature, devenus des adultes en quête d’identité. Les statuts de la banque ont ensuite été modifiés en 2009 pour permettre l’extension de ces recherches et l’utilisation des échantillons déposés pour l’identification des restes humains exhumés.
19Dans le cas bosniaque, c’est un département de l’ICMP (la division pour la coordination et l’identification) localisé à Tuzla, qui collecte les échantillons de sang des personnes en recherche de disparus, afin de faciliter la reconstitution des victimes dont le cadavre a pu être éparpillé entre plusieurs fosses secondaires ou tertiaires ; les restes humains retrouvés sont ainsi systématiquement testés et dotés d’un code-barre permettant aux anthropologues médico-légaux de recomposer les squelettes une fois les identifications ADN effectuées (Jugo et Wastell, 2015). Mais l’ICMP, fondée en 1996 à l’initiative des États-Unis, n’a acquis son statut d’organisation intergouvernementale (IGO) qu’en décembre 2014. De 1996 à 2015, l’organisation qui a été en charge de la collecte, du stockage et de l’analyse des échantillons ADN prélevés en Bosnie, fonctionnait comme une agence gouvernementale américaine (GO), et posait donc de facto la question de la souveraineté du jeune État bosniaque en matière de contrôle des données extraites à partir des échantillons d’ADN collectés sur son sol.
20Les enjeux biopolitiques qui sous-tendent les pratiques d’exhumation – entendues comme un processus long et complexe qui s’étale depuis le moment du déterrement jusqu’à celui de la restitution des restes aux familles – vont donc bien au-delà d’une nécro-politique focalisée sur la maîtrise de l’administration de la mort, telle que dessinée par Achile Mbembe (2003) il y a une quinzaine d’années déjà. C’est en effet bien autour du contrôle des restes humains et des morts, que s’articulent désormais les enjeux nécro-politiques contemporains en Europe, en Amérique latine, tout autant qu’en Afrique et en Asie (Ferrándiz et Robben, 2015). Ces enjeux portent sur le contrôle de l’identité des morts, sur celui des espaces où ils reposent, leur circulation et leur devenir, tant il est vrai que nombre d’entre eux demeurent longtemps anonymes et dès lors soumis aux seules logiques institutionnelles de pouvoir. Le gouvernement des morts, et l’importance des enjeux politiques et géopolitiques qui sous-tendent la mise en place des procédures de recherche des victimes de crimes de masse ou de catastrophes, représente à ce titre probablement l’une des plus importantes transformations du champ funéraire contemporain (Stepputat, 2014).
La société contre l’État, le contre-exemple espagnol
21Pour autant, l’administration des morts ne saurait se réduire à un jeu fermé entre des États ou des institutions. Les communautés locales et les sociétés civiles concernées par les violences révèlent en effet d’étonnantes capacités de résistance à des logiques politiques ou géopolitiques de captation des morts imposées d’en haut. Ainsi, l’exemple espagnol montre à quel point des individus et des collectivités numériquement peu nombreuses peuvent participer à changer l’ordre politique et judiciaire, et venir bouleverser le champ des pratiques funéraires en imposant des exhumations là où elles sont refusées par l’État. Ensemble, la guerre civile et la période franquiste (1936-1939/1943-1974) ont en effet provoqué plus de 400000 morts (la moitié de non-combattants), dont une part correspond à des exécutions arbitraires qui se sont accompagnées d’inhumations clandestines, au point que les fosses communes parsèment littéralement le pays. Un nombre limité d’exhumations officielles furent ordonnées pendant la période franquiste ; elles visaient principalement à retrouver les vainqueurs de la guerre afin notamment de remplir les ossuaires du monument du Valle de los Caidos. Mais les lois d’amnisties votées en 1969 et en 1977, et une période de transition démocratique fondée sur un déni des violences passées, ont durablement prévenu la possibilité de chercher et retrouver les perdants de la guerre civile.
22Dans le prolongement de l’exhumation éminemment transgressive entreprise publiquement sous le regard des caméras, en octobre 2000, par le journaliste Emilio Silva, qui souhaitait ré-inhumer les ossements de son grand-père dans un cimetière, on assiste à partir du début des années 2000 à une multiplication d’exhumations réalisées par de simples citoyens. Ces déterrements, qui conservent pendant plusieurs années un caractère sauvage car initiés en dehors de toute procédure judiciaire, aboutissent en une vingtaine d’années à l’ouverture de près de 600 fosses, et à l’exhumation de quelque 3500 individus. À un premier niveau, leur impact social a été majeur car elles ont permis un retour dans le débat public espagnol de la question du traitement des morts de la période franquiste. Mais elles ont aussi eu un impact législatif direct, à travers le vote en octobre 2007 d’une loi sur la mémoire historique (Ley de memoria histórica), restaurant la légalité des exhumations, ainsi qu’un impact administratif, à travers la publication en septembre 2011 dans le Journal officiel de l’État espagnol, d’un protocole visant à instaurer de bonnes pratiques en matière d’exhumations des victimes de la guerre civile et de la dictature.
23Finalement, les initiatives engagées par de simples citoyens ont ainsi participé à bouleverser l’espace des pratiques mortuaires telles qu’elles étaient jusque-là définies par l’État en intégrant le déterrement comme l’une des étapes d’un ordre funéraire réinventé.
24Tenter de comprendre les ressorts des pratiques d’exhumations de masse, oblige donc à prendre en compte un ensemble d’enjeux qui dépassent le cadre ordinaire des rituels funéraires. Les déterrements ont ainsi désormais lieu à différentes échelles et dans une grande variété de pays et de contextes, et le recours à l’exhumation s’effectue à chaque fois pour des motifs qui peuvent faire prévaloir des enjeux locaux ou au contraire internationaux, de nature politique, sociétale ou religieuse. La multiplication de demandes de plus en plus spécifiques a progressivement donné naissance à une offre de prestation de service diversifiée, qui contribue désormais à constituer un véritable marché mondial de l’exhumation, au sein duquel les économies de la valeur matérielle et immatérielle se combinent d’une façon complexe, et qu’il conviendrait également d’étudier pour en comprendre les arcanes.
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Références bibliographiques
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Immatérialités de la mort
Ce livre est cité par
- Clavandier, Gaëlle. Charrier, Philippe. (2021) Les supports numériques comme amplificateur des normes dans le processus de reconnaissance des décès périnataux. Frontières, 32. DOI: 10.7202/1083217ar
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- Cherblanc, Jacques. Gamba, Fiorenza. (2022) Éditorial. Études sur la mort, n° 157. DOI: 10.3917/eslm.157.0005
Ce chapitre est cité par
- Duterme, Clara. (2023) The stories bones tell. Collaboration between forensic teams and victims’ relatives in the interpretation and ritual accompaniment of human remains in Guatemala*. Death Studies, 47. DOI: 10.1080/07481187.2022.2131051
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