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    Plan détaillé Texte intégral I. Le nominalisme étatique atténué de Bertrand Nogaro II. Le métallisme dissident de Charles Rist Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Les traditions économiques françaises

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Questions sur la nature de la monnaie : Charles Rist et Bertrand Nogaro, 1904-1951

    Jérôme Blanc

    p. 259-270

    Texte intégral Bibliographie Références bibliographiques Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Dans la première moitié du xxe siècle, la théorie quantitative de la monnaie et la question de l’étalon-or focalisent la plupart des débats de la théorie monétaire. En filigrane, néanmoins, apparaît une interrogation sur la nature de la monnaie. Si celle-ci est longtemps considérée comme marchandise tirant ses qualités du métal précieux, ce demi-siècle est celui d’une « révolution nominaliste » (James, 1970, pp. 16-17) dont Keynes n’est que l’un des promoteurs. Le nominalisme monétaire, ou conception d’une économie constituée de phénomènes directement monétaires, était jusqu’ici confiné à la sphère juridique ; ses promoteurs sont ainsi tout d’abord considérés comme faisant du droit plus que de la science économique. L’aspect étatiste d’un certain nominalisme rebute ; on oppose en outre aux tenants du nominalisme que le droit ne saurait fonder une théorie économique. Celle-ci doit s’ancrer non sur des éléments artificiels comme la loi d’un temps et d’un espace donnés, mais sur des éléments dégagés de ces contingences. Le métal précieux qui constitue les espèces monétaires semble respecter cette condition. Cette critique est particulièrement vive face à Knapp, l’auteur emblématique de cette position1.

    2Certains textes de Bertrand Nogaro (1880-1950) et de Charles Rist (1873-1956) peuvent être lus comme représentatifs de la lutte qui se livre alors entre nominalisme et métallisme. Si leurs écrits monétaires s’échelonnent de 1904 à 1951, leur réflexion prend leur pleine puissance dans les années vingt et trente. Il s’agit ici de discuter de quel nominalisme Bertrand Nogaro se fait l’avocat et sur quel métallisme Charles Rist fonde son analyse monétaire, en mettant tous deux au regard l’un de l’autre.

    I. Le nominalisme étatique atténué de Bertrand Nogaro

    3Nogaro s’est intéressé aux relations économiques et monétaires internationales et a longuement tenté de démontrer l’inadéquation de la théorie quantitative de la monnaie à rendre compte de l’évolution monétaire contemporaine. Son optique est celle d’un nominalisme monétaire proche de celui de Knapp qui le conduit à poser un regard en rupture avec son époque sur les phénomènes monétaires2.

    La révolution nominaliste

    4Le nominalisme triomphe à partir des années trente. Selon ses moutures, il conduit simplement à considérer la monnaie comme consubstantielle au fonctionnement de l’économie, ou à la penser aussi comme une institution dont l’origine est l’État. On peut qualifier ce dernier de nominalisme étatique, étant entendu que tout nominalisme monétaire ne suppose pas nécessairement l’étatisme monétaire au sens que lui donne Knapp. Celui-ci est radicalement antimétalliste, nominaliste et étatiste. Pour lui, l’État est l’origine, le créateur, l’ordonnateur suprême du phénomène monétaire et rien ne doit l’en empêcher car c’est dans la nature de la monnaie d’être la créature de l’État. C’est un nominalisme épuré de cet étatisme forcené qui se diffuse progressivement dans la théorie économique internationale, surtout à partir des années vingt, notamment par l’intermédiaire des œuvres de Hawtrey (1935) – dont Charles Rist écrit l’avant-propos de la traduction française – et de Keynes (1930, p. 3) qui débutera son Treatise on Money par la phrase nominaliste par excellence : « Money-of-account, namely that in which Debts and Prices and general Purchasing Power are expressed, is the primary concept of a Theory of Money. » Pour ce courant nominaliste, l’État n’est pas conçu comme la fin de la société, mais est tout de même celui qui impose à l’économie le nominalisme monétaire. Il n’est pas ici question de faire une confiance aveugle dans l’État, mais de reconnaître en lui l’institution qui est à l’origine du caractère nominal, donc monétaire de l’économie.

    5Nogaro développe de telles idées dès 1908 ; après Knapp certes, mais avant d’avoir lu son ouvrage3. Son nominalisme se double d’un étatisme moins radical que celui de Knapp. Il développe ce qu’il qualifie de « théorie juridique de la monnaie » (Nogaro, 1929, p. 1935) et qui reconnaît à l’État son rôle de détermination du système monétaire, de ses instruments et des rapports entre eux. Cela signifie que, dans ces situations, le juriste pour lequel le nominalisme des contrats importe seul est plus proche de la vérité scientifique que les économistes métallistes. Les justifications de ce nominalisme sont que ce n’est pas l’étalon mais l’unité de compte qui importe dans l’économie et que la monnaie n’est pas une marchandise ; sa capacité à conserver la richesse est dès lors dépendante non de son contenu intrinsèque mais d’autres qualités.

    La soumission de l’étalon à l’unité de compte

    6Selon Nogaro, la commune mesure des valeurs, qui est l’un des aspects de la monnaie, possède deux manifestations possibles : l’étalon des valeurs, issu de la problématique métalliste, et l’unité de compte, à laquelle il donne sa préférence. Ce qui dirige l’économie n’est pas l’étalon des valeurs, mais l’unité de compte ; contrairement à ce que développera Rist, ce n’est pas l’ancrage métallique que permet l’étalon-or qui importe, mais les unités monétaires nationales. Nogaro justifie cette position à l’aide de plusieurs arguments.

    7En premier lieu, il souligne que l’on n’évalue pas les marchandises au regard d’un poids étalon de métal pour ensuite convertir ce poids dans une unité de compte nationale, mais qu’au contraire les prix sont directement fixés ou pensés en unités de compte ; l’économie est directement monétaire. Le développement du compte en poids étalon est alors le signe d’un doute sur la stabilité de l’unité de compte, donc sur le pouvoir d’achat de la monnaie (Nogaro, 1935, pp. 387-389).

    8En second lieu, il montre que l’étalon des valeurs est dépendant de l’unité de compte, non l’inverse. À l’appui de cette thèse, il avance à nouveau plusieurs arguments, dont certains issus de l’histoire des systèmes monétaires d’étalon métallique (Nogaro, 1908). À partir de l’expérience bimétalliste du xixe siècle, il montre que les variations constatées entre or et argent ont été surprenantes, non par leur ampleur mais au contraire par la faiblesse de leur ampleur par rapport à celle à laquelle on aurait pu s’attendre. Dès la fin du bimétallisme en France, les variations entre or et argent sont devenues beaucoup plus importantes. Nogaro en conclut que, dans un système de frappe libre, ce n’est pas l’étalon métallique qui détermine l’unité de compte nationale, mais l’unité de compte nationale qui détermine le rapport à l’étalon métallique. Il y a dès lors nominalisme.

    9Un autre argument porte sur le rôle du métal précieux. Celui-ci a pour rôle d’établir le change externe des unités de compte nationales entre elles, et non de fixer une base à l’unité de compte (1935, pp. 401- 406). Ainsi peut-il écrire : « L’expérience bimétalliste nous paraît démontrer que, contrairement aux croyances du législateur, le maintien d’un rapport d’échange stable entre deux métaux, loin d’être chimérique, pouvait être réalisé par son autorité. [...] La loi peut exercer une importance décisive, non plus seulement sur le rapport de valeur entre deux métaux précieux, mais sur la détermination de la valeur de tout métal monétaire » (Nogaro, 1908, p. 656). Et de conclure : « L’autorité publique peut actuellement, dans les limites [territoriales] où elle exerce son pouvoir, faire circuler comme monnaie un objet quelconque (par exemple un billet de papier ou un jeton de métal) portant la mention d’un certain nombre d’unités en monnaie de compte » (ibid., 1908, p. 669). En des temps normaux, l’État a toute capacité à organiser les conditions monétaires de l’action des agents.

    La monnaie n’est pas une marchandise et sa capacité à conserver la richesse n’est pas déterminante

    10À l’époque de Nogaro, la fonction de réserve reçoit le rôle de fonction première, que ce soit sur le plan purement conceptuel (Rist) ou plus souvent du fait de développements théoriques spécifiques (théorie de la demande de monnaie, comme la développe Aftalion en France). Nogaro ne va pas dans ce sens. Il pousse à bout le raisonnement que beaucoup mènent partiellement, dont Aftalion. L’idée est que la réserve de valeur dépend à la fois de la fonction de paiement et de celle de compte. Le terme de Nogaro sera précisément : « C’est parce qu’elle est tout à la fois instrument d’échange et de paiement, et commune mesure des valeurs qu’elle devient instrument d’épargne, et, d’une façon plus générale, accumulateur de valeur » (1948a, pp. 8-9). Le lien habituel entre les fonctions est renversé : au lieu de concevoir les fonctions de paiement et de compte comme découlant d’une capacité de sa manifestation concrète (or et argent) à conserver la richesse, comme le fera Rist, Nogaro conçoit que la monnaie ne possède de capacité à conserver la richesse que parce qu’elle sert en même temps de moyen de paiement et d’unité de compte. Mais ce renversement est plus qu’un simple effet de rhétorique, car il signifie que non seulement la monnaie n’est pas la seule à pouvoir conserver la richesse, mais aussi que cette faculté de conservation n’est pas nécessaire ni a fortiori suffisante, pour que l’instrument qui la possède soit monnaie. En des termes modernes, on peut affirmer avec lui mais aussi Hicks que la fonction de réserve est, relativement à la définition du concept de monnaie, secondaire et non spécifiquement monétaire. L’aboutissement d’un tel raisonnement est l’abandon d’une conception en termes de monnaie-marchandise puisqu’une valeur intrinsèque n’est plus nécessaire à la monnaie. Ceci contribue à justifier une théorie juridique de la monnaie. On a vu que l’État disposait de la maîtrise du domaine monétaire, selon un raisonnement de type knappien.

    11Par ailleurs, la nature de la monnaie n’est pas, selon Nogaro, d’être une marchandise. Plus précisément, si elle a émergé comme marchandise, son concept en diffère car il n’est pas nécessaire que la monnaie satisfasse des besoins déterminés (Nogaro, 1935, p. 386). Le fait de devenir la marchandise employée parmi toutes comme instrument d’échange hisse la monnaie hors du simple statut de marchandise. Ainsi la monnaie n’est pas essentiellement une marchandise, mais simplement un « objet que l’on reçoit en échange de marchandises ou de services, en vue de l’échanger ultérieurement » (ibid., p. 389). Ce qui fait que l’on utilise une monnaie n’est pas sa qualité intrinsèque de marchandise, mais la supposition qu’elle est acceptée partout et qu’à l’avenir elle conservera son pouvoir d’achat. Or pour Nogaro la monnaie métallique ne donne pas toutes les garanties à la stabilité puisque le métal lui aussi est instable ; ce faisant, il contredit ses propres principes selon lesquels seule l’unité de compte importe car l’unité de compte détermine le rapport à l’étalon et non l’inverse. Mais au-delà de cette contradiction, il affirme l’impossibilité, dans un système purement nominal, de l’ancrage du pouvoir d’achat de la monnaie. Il recherche alors des solutions à son instabilité de principe.

    Réflexions sur l’instabilité monétaire

    12L’aboutissement du raisonnement nominaliste de Nogaro est l’idée de l’indexation des contrats. Nogaro a toujours refusé le mécanisme des clauses monétaires, en particulier la clause-or qui permet de stipuler dans les contrats la monnaie de paiement dans laquelle le règlement final sera effectué (Nogaro, 1929, pp. 948-967). Cela suppose en effet une discrimination parmi les monnaies de paiement du pays considéré, ce qui ne peut qu’accentuer les agios des uns et les primes des autres. Ces clauses or ont du reste été refusées par la jurisprudence française. D’autres stipulations sont refusées par Nogaro, à savoir celles qui substituent à l’unité de compte nationale une autre unité de compte dans les contrats.

    13Nogaro souhaite pouvoir substituer à ces procédés un mécanisme qui, dans sa version minimale, permet de passer des contrats dont on connaît par avance la stabilité réelle du paiement final, et qui dans sa version maximale complète l’unité de compte dont la valeur varie par un mécanisme compensateur afin d’assurer la stabilité des contrats. La question est donc ici celle d’un mécanisme de maintien du pouvoir d’achat de la monnaie, que le droit monétaire ne peut assurer (ibid., p. 970 sq.).

    14Ce mécanisme est pensé de telle sorte qu’aucun moyen de paiement soit pénalisé et que l’unité de compte nationale continue d’être employée. La valeur de la monnaie ne peut se définir que par référence au niveau général des prix ; on doit alors pouvoir la corriger par un indice de ce niveau général des prix. Sa version minimale s’exprime dans la passation de contrats ainsi indexés ; sa version maximale dans l’observation de l’hyperinflation hongroise de 1946-1947, lors de laquelle est créé le pengoë fiscal, unité de compte définie comme la correction de l’unité de compte nationale par l’indice de hausse des prix (Nogaro, 1948a, pp. 155-165 et 269-271 ; 1948b). Nogaro développe de la sorte l’idée d’une « monnaie index » qui serait stable car corrigée d’un indicateur de dépréciation monétaire. Ces développements restent malheureusement à l’état d’ébauche et ne permettent pas l’élaboration d’une doctrine constructive de la monnaie qu’il ne cesse pourtant de réclamer.

    15Au fond, le nominalisme de Nogaro ainsi que l’accent qu’il met, vers la fin de sa vie, sur le principe des monnaies index, tend à substituer à sa hiérarchie première des fonctions monétaires qui met en avant l’intermédiaire des échanges, une hiérarchie fondée sur l’unité de compte. Il va en cela beaucoup plus loin que Knapp dont le nominalisme n’aura guère servi qu’à dresser un panorama des moyens de paiement. Keynes, qui se sera inspiré de Knapp et de Hawtrey, aura cependant tiré cette conclusion plus tôt que Nogaro et aura surtout, sur ces bases, développé une analyse approfondie de l’économie monétaire, sous la forme d’une Théorie générale.

    II. Le métallisme dissident de Charles Rist

    16Une pensée monétaire plus traditionnelle à l’époque que celle de Nogaro est à l’œuvre chez Charles Rist, qui la présente avec une grande force de conviction. Dans ses écrits monétaires, que l’on distinguera ici de son activité pratique en la matière4, il adopte un point de vue profondément historique et interroge les « grands anciens » avant de poser ses propres conceptions monétaires, qu’il affirme dissidentes des positions classiques5.

    17Elles sont dissidentes du métallisme classique car Rist réhabilite la position de Tooke relative à la monnaie de papier qui l’opposa à Ricardo (Rist, 1951a, p. 170 sq.). Comme Tooke, il estime que les billets de banque et les chèques permettent de régler les échanges, mais ne sont pas de la monnaie : ce sont du crédit. Seule la fonction de paiement, permise par la monnaie métallique et par le papier-monnaie à cours forcé (quel que soit son avis, par ailleurs, sur celui-ci) permet de parler de monnaie. Cette distinction monnaie/crédit ainsi reprise est une « vieille idée devenue neuve », titre de l’un de ses articles (Rist, 1951b). Elle repose sur l’idée que la monnaie n’est pas un simple « bon d’achat » (Rist, 1951a, p. 346). C’est pourtant ce que met en valeur Nogaro, insistant pour définir la monnaie sur la fonction générale de circulation dont le paiement n’est qu’un cas particulier.

    18Les conceptions ristiennes sont aussi en porte-à-faux vis-à-vis du nominalisme qui se répand progressivement grâce à des auteurs comme Hawtrey ou Keynes dans le monde anglo-saxon et Nogaro en France. En particulier, si Nogaro assimile la « mesure des valeurs » à l’unité de compte, Rist l’assimile à l’étalon des valeurs. Ceci correspond à une logique métalliste : seul l’étalon peut être l’instrument de comparaison des valeurs. Rist est avec Rueff l’un des tenants les plus tardifs en France d’une monnaie métallique à valeur intrinsèque (monnaies d’or ou d’argent) et d’un étalon-or. Néanmoins l’évolution des faits, sans doute plus que celle de la pensée, conduira Rist à réviser dès 1945 sa position exposée en 1938.

    La soumission de la monnaie à sa fonction de réserve

    19Rist met la fonction de réserve de valeur au cœur de sa pensée de la monnaie. Comme Nogaro (mais plus clairement) et par ailleurs comme l’ensemble des auteurs de l’époque (dont Keynes qui écrit en 1936 que la monnaie réalise un pont entre le présent et l’avenir), il souligne que cette fonction introduit le temps dans la monnaie. Mieux, elle est pour lui la clef du monétaire. Ce qui permet véritablement de parler de monnaie est la fonction de réserve de valeur ; seule elle permet que s’établisse une « monnaie pleine » ou parfaite.

    20La pensée d’une monnaie pleine, qui n’est pas nouvelle, repose sur une double hiérarchisation des fonctions monétaires, que reprend Rist, en vertu de laquelle la fonction de paiement mais aussi celle d’étalon des valeurs supposent celle de réserve de valeur ; dès lors le comportement des agents vis-à-vis de la fonction de réserve de valeur des monnaies détermine celui vis-à-vis des deux autres fonctions monétaires (Rist, 1951a, p. 353). Cette double hiérarchisation se réalise en deux étapes.

    21En premier lieu, la fonction de mesure des valeurs est soumise à celle de paiement. Rist par exemple déduit, à partir de l’existence de monnaies métalliques à valeur intrinsèque, qu’un instrument peut être à la fois moyen de paiement et étalon des valeurs. Cela nécessite d’affirmer, ce que fait fréquemment Rist, que ce qui sert à mesurer les valeurs est le moyen de paiement lui-même, et que l’unité monétaire nationale, représentant un poids fixe de métal étalon, ne possède aucune existence autonome et digne d’intérêt pour l’économiste. On ne voit plus dès lors qu’une chose, le métal, à partir duquel en effet on calcule et on paie. N’ayant plus en vue ni l’émetteur du moyen de paiement, ni la réalité des pratiques monétaires dans lesquelles on compte et mesure en unité de compte nationale, il est possible d’assimiler les deux fonctions au métal, et, par un ultime raccourci, de hiérarchiser les deux fonctions en estimant que le moyen de paiement sert d’étalon des valeurs.

    22En réalité, ce qui sert d’étalon n’est pas le moyen de paiement mais le métal qui le constitue. Rist développe explicitement le raisonnement qui conduit à ce raccourci. Autre problème, sa théorie monétaire présente le caractère hybride d’une théorie qui affiche son antidichotomie, mais dont l’un des principes de base consiste en l’effacement de l’unité de compte au profit de l’étalon métallique ; cela signifie que la monnaie est un voile posé sur les échanges réels.

    23En second lieu, la fonction de paiement est soumise à la fonction de réserve de valeur. Dès lors que l’on considère la monnaie métallique comme l’essence de la monnaie, on peut déduire, avec Rist, que la fonction de réserve de valeur est inhérente à la monnaie, puisque le métal précieux, même imparfaitement stable, est l’étalon le plus stable qui soit. La monnaie métallique à valeur intrinsèque apparaît alors comme l’essence de la monnaie car elle seule assume à la fois non seulement les deux fonctions de paiement (qui est un cas particulier de l’échange) et d’étalon, mais aussi la conservation de la valeur. Cette essence se présente ainsi sous la forme du rassemblement de la « triade » de fonctions sur un même instrument : on aboutit à une monnaie pleine, ou parfaite, face à laquelle tous les autres types de moyens de paiement ou intermédiaires des échanges paraissent des pis-aller (monnaie représentative, c’est-à-dire monnaie de banque ou de papier représentant un dépôt métallique), voire des solutions catastrophiques (papier-monnaie).

    24Cette position justifiant la notion de « monnaie pleine » est développée par Rist en 1938. En définitive, la monnaie n’est pas un simple ensemble de fonctions qui peuvent être distinguées dans la réalité, ce que l’on peut qualifier avec Louis Baudin de « complexe fonctionnel » (Baudin, 1947, p. 2), mais quelque chose qui, pour être définie comme monnaie, doit nécessairement unifier les trois fonctions traditionnelles. La monnaie pleine, qui réalise cette unification, est la seule monnaie véritable. Elle repose avant tout sur la fonction de réserve de valeur qui est selon Rist « la plus importante de toutes, et celle qui est probablement à l’origine de toutes les autres » ; elle est une « assurance contre les incertitudes de l’avenir » (1951a, pp. 347-348) qui concourt à la confiance dans la monnaie. Lui donnant une place aussi capitale, Rist critique la plupart des économistes qui au xixe siècle ont laissé de côté cette fonction au xixe siècle, hormis Tooke et levons notamment. En réalité, dans le modèle néoclassique issu de la filiation Walras/Pareto et qui s’impose progressivement, la mise en avant de la fonction d’intermédiaire des échanges est fondée sur sa capacité essentielle lorsque les échanges par troc se trouvent scindés en deux par la monnaie : celle de constituer une bonne réserve de valeur. Cette qualité est sous-jacente, mais nécessaire.

    Évolution de la position de Rist

    25Cette position théorique que Rist affirme avec force en 1938 dans la première édition de son Histoire des doctrines évolue néanmoins au fil de ses écrits. Dès 1945, il amende la position théorique de 1938. Entre-temps, il a dû tenir compte pour partie de la propagation des idées nominalistes, déjà largement entamée en 1938, et qui, dans les années quarante, à la suite de l’impossibilité de revenir à la convertibilité or des monnaies et des événements de la guerre qui ont nécessité l’établissement d’une économie et d’une monnaie dirigées, paraît avoir triomphé.

    26Sa nouvelle conception monétaire est cependant encore imprégnée de l’idée de monnaie pleine (1945, pp. 188-204, puis 1951a, pp. 416-417). Désormais, il affirme que « les deux premières fonctions suffisent à définir la monnaie » (1951a, pp. 416-417), c’est-à-dire la fonction d’intermédiaire des échanges et d’étalon des valeurs. Pour s’expliquer, Rist fait appel à une distinction entre « la monnaie vue du dedans », c’est-à-dire du point de vue de l’utilisateur, et « la monnaie vue du dehors », c’est-à-dire du point de vue d’un observateur idéal. Pour celui-ci, la monnaie est « unité de prix » ou « monnaie de compte » ainsi qu’« instrument de paiement ». Il est curieux de voir combien les termes employés par Rist sont différents en 1945 par rapport à ceux employés en 1938. Ils entérinent l’évolution nominaliste de la discipline. Ce qui est plus curieux encore est que ces nouveaux termes, sous la plume de Rist, ne réapparaissent pas dans la partie révisée de la seconde édition de son Histoire des doctrines (1951a)... En effet ils seraient incompatibles avec les termes employés tout au long de l’ouvrage. À défaut de réécrire beaucoup de ses développements, Rist préfère alors ajouter un addendum (Rist, 1951a, pp. 416-417) où il reprend, très succinctement, l’idée développée en 1945 et qui est plus moderne. Dans cette nouvelle vision, la réserve de valeur n’apparaît comme nécessité qu’aux yeux de l’utilisateur, non aux yeux de l’observateur idéal. Pour cet utilisateur, la monnaie est alors un instrument général d’acquisition et une réserve générale de valeur. Ces deux caractères de généralité sont variables selon la qualité de la monnaie. Cette qualité est supérieure pour une monnaie métallique, très inférieure pour un papier-monnaie ; il reste que, selon les divers degrés de cette qualité, le caractère général de la réserve de valeur et de l’instrument d’acquisition varie, ce qui provoque une satisfaction plus ou moins grande chez l’utilisateur, donc conduit de sa part à un désir d’encaisse plus ou moins grand.

    27Dans cette nouvelle vision théorique, Rist, en conservant sa préférence pour la monnaie métallique à valeur intrinsèque, est amené à réduire sa vision d’une nécessaire monnaie pleine, à tenir compte d’une variété bien plus grande de phénomènes monétaires et à faire quelques concessions au nominalisme monétaire. Surtout, il réconcilie le point de vue du théoricien, qu’il est, avec celui du praticien, qu’il a été notamment lors de son passage à la Banque de France et qui a eu une très grande influence sur sa conception de la monnaie, et il résout ainsi pour partie la dualité de ses conceptions.

    Réserve de valeur et confiance

    28La monnaie apparaît en effet sous le double signe de la marchandise, chose matérielle par excellence, et de la confiance.

    29En premier lieu, la conception métalliste de Rist suppose que la monnaie est une marchandise. Comme medium composé de métal précieux, la monnaie apparaît effectivement comme une marchandise employée dans des échanges réels qui, certes, pourraient se passer d’elle, mais plus difficilement. Le choix de ce medium se réalise parmi les marchandises traitées en troc. La capacité de conserver la valeur, mais aussi les qualités de divisibilité et de transférabilité de la marchandise choisie sont essentielles. Le métallisme néoclassique considère ce choix. Une fois qu’il est effectué, la réflexion sur la monnaie s’arrête : tout est dit, cette marchandise un peu spéciale, quelle que soit son origine et sa forme, est neutre, et le reste de la théorie économique n’est plus qu’analyse réelle.

    30Mais Rist nuance cette idée. Il refuse l’idée selon laquelle la monnaie serait une marchandise comme les autres. Toute marchandise possédant des caractéristiques propres, la monnaie, comme marchandise, a elle aussi des spécificités. L’argument de Rist laisse passer le principe même de la marchandise, qui a été analysé par Marx par exemple. En outre, Rist s’attache à montrer, reprenant Menger, que la monnaie est recherchée, comme les autres marchandises, autant pour s’en défaire que pour la conserver. Mieux : la monnaie est la seule marchandise qui n’est jamais consommée, et qui donc est toujours, à terme, remise sur le marché. À ce titre, elle est d’autant plus marchandise (Rist, 1951a, pp. 345-346). « La monnaie métallique est donc un bien économique désiré comme tous les biens économiques, et il s’agit justement de savoir quelles sont les qualités de ce bien qui le font désirer. » D’où les interrogations sur les fonctions de la monnaie (Rist, 1951a, p. 347). Ces qualités de la monnaie la définissent alors comme marchandise distincte des autres.

    31En second lieu, ces qualités qui la distinguent des autres marchandises s’identifient en particulier dans la capacité d’être réserve de valeur. Rist estime que ceux qui, comme Pantaleoni, mettent au premier plan de leur raisonnement la confiance, ne font que masquer l’essentiel du problème qui se trouve dans la fonction de réserve de valeur. Lui-même met donc au premier plan cette fonction et croit ainsi dévoiler ce qu’est la confiance. Or c’est en réalité l’inverse qui se produit : s’intéressant avant tout à la réserve de valeur, Rist lie cette capacité à la valeur intrinsèque de la monnaie et néglige ainsi la confiance. Il peut dès lors s’accorder formellement avec Simiand (1934, p. 46) lorsque ce dernier affirme que « l’or, à ce jour, n’est que la première des monnaies fiduciaires », c’est-à-dire la plus répandue des monnaies dont l’usage est assis sur la confiance. Simplement, le sens de cette proposition est renversé : pour Rist, il y a confiance dans les monnaies d’or car l’or conserve le mieux possible la richesse de leurs détenteurs ; pour Simiand au contraire, l’or conserve le mieux la richesse car il reçoit la confiance la plus grande de tous.

    32Ainsi, si Rist ne nie pas la confiance, il est néanmoins conduit à la mettre au second plan derrière une capacité de conservation de la richesse, capacité conçue comme objective car ancrée sur le matériau qui constitue le moyen de paiement. De ce fait, Rist sous-estime la capacité de confiance que possède notamment le papier-monnaie dans des situations normales, comme l’a expliqué Nogaro.

    Conclusion

    33La définition de la monnaie est finalement assez consensuelle : pour Nogaro comme pour Rist, la monnaie est un pouvoir d’achat généralisé (Nogaro, 1948a, pp. 7-8 ; Rist, 1951a, p. 373). Mais elle est obtenue à partir de positions propres à chacun. Rist a des développements fort intéressants à ce sujet, mais, malgré le changement de son optique en 1945, il demeure en retrait face au nominalisme monétaire que développe Nogaro dès 1908 et qui semble plus pertinent pour analyser la réalité monétaire contemporaine. Nogaro est cependant relativement peu disert quant aux solutions à apporter à la question de la stabilité nécessaire du pouvoir d’achat de la monnaie.

    34La question du legs de ces deux auteurs à la pensée de la monnaie demeure. Il en est très peu question dans les ouvrages de référence anglo-saxons et même français actuels. Nogaro est surtout connu pour ses critiques de la théorie quantitative et Rist pour son exposé brillant des théories monétaires de l’histoire.

    35Le nominalisme nogarien, il est vrai, n’a pu concurrencer la thèse d’un étatisme radical développée par Knapp, dont l’imagination conceptuelle détourna l’attention du fond de l’ouvrage6. Il est en outre resté bien en deçà du nominalisme keynesien qui est la base d’une théorie générale de l’économie. Par ailleurs, lorsque les thèses de Nogaro paraissent enfin sous forme d’ouvrage, le nominalisme a déjà gagné les esprits. Hawtrey le développe, Keynes s’en empare7. Le nominalisme triomphe déjà.

    36Rist, quant à lui, paraît mener un combat perdu d’avance. Son analyse intervient à une époque où émerge partout ce qu’on qualifie alors de « monnaie dirigée ». Hicks (1988, p. 138), beaucoup plus tard, rendra hommage à Rist en soulignant l’actualité de son analyse dans le contexte, nouveau, de la crise de l’économie keynésienne ; mais ce qui est alors considéré comme une position intéressante de Rist l’est plus d’un point de vue normatif (quel type de système monétaire doit être mis en place) que positif (quelle est la nature de la monnaie ?). En effet, comme l’affirme James (1970, p. 17), « si le métallisme est abandonné comme explication de ce qu’est nécessairement la monnaie, il conserve encore de fervents partisans en tant que fondement d’une politique monétaire ». C’est la distinction qu’avait effectuée Schumpeter (1983, I, pp. 403-404) entre un métallisme théorique et un métallisme pratique.

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    Hicks, J. (1987). La crise de l’économie keynésienne. In Revue française d’économie (Vols. 2, Issues 4, pp. 3-21). PERSEE Program. https://doi.org/10.3406/rfeco.1987.1157
    Keynes, J. M. (1971). A Treatise on Money (1–). Palgrave Macmillan UK. https://doi.org/10.1007/978-1-349-00804-9
    Hicks, John. “La crise de l’économie keynésienne”. Revue française d’économie. PERSEE Program, 1987. https://doi.org/10.3406/rfeco.1987.1157.
    Keynes, John Maynard. A Treatise on Money. []. Palgrave Macmillan UK, 1971. https://doi.org/10.1007/978-1-349-00804-9.
    Hicks, John. “La crise de l’économie keynésienne”. Revue française d’économie, vol. 2, no. 4, PERSEE Program, 1987, pp. 3-21. Crossref, https://doi.org/10.3406/rfeco.1987.1157.
    Keynes, John Maynard. A Treatise on Money. [], Palgrave Macmillan UK, 1971. Crossref, https://doi.org/10.1007/978-1-349-00804-9.

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    Notes de bas de page

    1 Voir Blanc (1998b).

    2 Les ouvrages de Nogaro auxquels nous ferons référence dans ce texte sont Nogaro (1904), (1906), (1908), (1929), (1935), (1948a) et (1948b). L’ouvrage de 1935 est la seconde édition de celui publié dès 1924 qui contenait lui-même des recherches publiées en 1906 et 1908 dans la Revue d’économie politique ; l’ouvrage de 1948 est la seconde édition de celui publié en 1945 et qui reprend, sous une forme plus immédiatement didactique, ses thèses développées en 1924 et 1935.

    3 Dans une note de son article de 1908 dans la Revue d’Économie Politique (Nogaro, 1908, p. 666, n. 1) ; voir aussi Nogaro, 1935, p. 406, n. 1, il affirme être parvenu à des conclusions similaires par ses propres moyens et n’avoir lu Knapp qu’au moment où il corrigeait les épreuves du texte.

    4 Rist fut très actif en matière de politique monétaire. Il fut appelé en consultation après la Première Guerre mondiale auprès de certains gouvernements comme celui du Portugal ou de la Roumanie. Il entra au Comité des Experts en 1925 puis fut nommé Sous-gouverneur de la Banque de France, qu’il quitta en 1929. Il participa activement au plan de stabilisation du franc de 1928.

    5 Nous ferons ici référence à Rist (1951a) dont la première édition avait paru en 1938, à Rist (1951b) et Rist (1945). Rist (1951a) reprend la première édition, lui surajoute un chapitre issu de l’histoire écoulée depuis, quelques addenda dûment indiqués et quelques menues modifications du texte initial qui n’en altèrent pas le sens.

    6 Blanc (1998b).

    7 Ainsi par exemple Keynes modifie entre juillet 1922 et octobre 1923 un texte de son Tract on Monetary Reform. Il insère la phrase : « Yet money is simply that which the State declares from time to time to be a good legal discharge of money contracts. » On peut y reconnaître la trace de Knapp, dont Keynes encourage, à cette époque, la traduction.

    Auteur

    Jérôme Blanc

    Centre Auguste et Léon Walras

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    1 Voir Blanc (1998b).

    2 Les ouvrages de Nogaro auxquels nous ferons référence dans ce texte sont Nogaro (1904), (1906), (1908), (1929), (1935), (1948a) et (1948b). L’ouvrage de 1935 est la seconde édition de celui publié dès 1924 qui contenait lui-même des recherches publiées en 1906 et 1908 dans la Revue d’économie politique ; l’ouvrage de 1948 est la seconde édition de celui publié en 1945 et qui reprend, sous une forme plus immédiatement didactique, ses thèses développées en 1924 et 1935.

    3 Dans une note de son article de 1908 dans la Revue d’Économie Politique (Nogaro, 1908, p. 666, n. 1) ; voir aussi Nogaro, 1935, p. 406, n. 1, il affirme être parvenu à des conclusions similaires par ses propres moyens et n’avoir lu Knapp qu’au moment où il corrigeait les épreuves du texte.

    4 Rist fut très actif en matière de politique monétaire. Il fut appelé en consultation après la Première Guerre mondiale auprès de certains gouvernements comme celui du Portugal ou de la Roumanie. Il entra au Comité des Experts en 1925 puis fut nommé Sous-gouverneur de la Banque de France, qu’il quitta en 1929. Il participa activement au plan de stabilisation du franc de 1928.

    5 Nous ferons ici référence à Rist (1951a) dont la première édition avait paru en 1938, à Rist (1951b) et Rist (1945). Rist (1951a) reprend la première édition, lui surajoute un chapitre issu de l’histoire écoulée depuis, quelques addenda dûment indiqués et quelques menues modifications du texte initial qui n’en altèrent pas le sens.

    6 Blanc (1998b).

    7 Ainsi par exemple Keynes modifie entre juillet 1922 et octobre 1923 un texte de son Tract on Monetary Reform. Il insère la phrase : « Yet money is simply that which the State declares from time to time to be a good legal discharge of money contracts. » On peut y reconnaître la trace de Knapp, dont Keynes encourage, à cette époque, la traduction.

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    Ce livre est cité par

    • Béraud, Alain. Steiner, Philippe. (2018) The New Palgrave Dictionary of Economics. DOI: 10.1057/978-1-349-95189-5_1997
    • (2016) Jacques Rueff. DOI: 10.3917/oj.minar.2016.01.0355
    • Chatriot, Alain. (2002) L'espace de l'histoire La démocratie sociale à la française. DOI: 10.3917/dec.chatr.2002.01.0391
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    • Béraud, Alain. Steiner, Philippe. (2008) The New Palgrave Dictionary of Economics. DOI: 10.1057/978-1-349-95121-5_1997-1
    • Lemercier, Claire. (2003) L'espace de l'histoire Un si discret pouvoir. DOI: 10.3917/dec.lemer.2003.01.0386
    • Merrer, Pascal Le. (2011) L’affirmation de l’économie comme discipline scientifique : une histoire française particulière. Tracés. DOI: 10.4000/traces.5313

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    Blanc, J. (2000). Questions sur la nature de la monnaie : Charles Rist et Bertrand Nogaro, 1904-1951. In P. Dockès, L. Frobert, G. Klotz, J.-P. Potier, & A. Tiran (éds.), Les traditions économiques françaises (1‑). CNRS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.43912
    Blanc, Jérôme. « Questions sur la nature de la monnaie : Charles Rist et Bertrand Nogaro, 1904-1951 ». In Les traditions économiques françaises, édité par Pierre Dockès, Ludovic Frobert, Gérard Klotz, Jean-Pierre Potier, et André Tiran. Paris: CNRS Éditions, 2000. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.43912.
    Blanc, Jérôme. « Questions sur la nature de la monnaie : Charles Rist et Bertrand Nogaro, 1904-1951 ». Les traditions économiques françaises, édité par Pierre Dockès et al., CNRS Éditions, 2000, https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.43912.

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    Dockès, P., Frobert, L., Klotz, G., Potier, J.-P., & Tiran, A. (éds.). (2000). Les traditions économiques françaises (1‑). CNRS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.43597
    Dockès, Pierre, Ludovic Frobert, Gérard Klotz, Jean-Pierre Potier, et André Tiran, éd. Les traditions économiques françaises. Paris: CNRS Éditions, 2000. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.43597.
    Dockès, Pierre, et al., éditeurs. Les traditions économiques françaises. CNRS Éditions, 2000, https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.43597.
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