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    Plan détaillé Texte intégral Les jeux du stade La nudité athlétique ? Trois types d’épreuves Courses de l’hippodrome Notes de bas de page

    Olympie

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Les épreuves

    p. 62-101

    Texte intégral Les jeux du stade La nudité athlétique ? Trois types d’épreuves La course à pied Les sports de combat Le pentathlon Organisation du pentathlon Courses de l’hippodrome L’hippodrome d’Olympie Les compétitions équestres Notes de bas de page

    Texte intégral

    Les jeux du stade

    1Pendant longtemps, jusqu’au milieu du vie siècle av. J.-C, il n’y eut pas de véritables installations sportives à Olympie pour des Jeux qui restaient essentiellement régionaux, comportant un nombre d’épreuves très limité.

    2Peut-être avait-on aménagé une vague piste de course entre l’emplacement du stade encore visible actuellement et l’autel de Zeus, près duquel devaient arriver les concurrents. Les spectateurs quant à eux étaient probablement massés sur les contreforts du mont Kronion.

    3Avec le développement des jeux et l’augmentation du nombre des pèlerins, il devint nécessaire de créer un véritable stade, avec une surface allongée suffisamment plane pour que les athlètes puissent s’y produire. On le désigne par « stade I » ; il fut réalisé vers 560 av. J.-C. ; encore très rudimentaire, on avait mis à profit le relief naturel offert par le terrain : les fouilles y ont mis au jour un talus utilisé par les spectateurs ayant très peu d’élévation. Son orientation était franchement est-ouest. Il fut remplacé à la fin du vie siècle par le « stade II » dont la pente méridionale réservée au public atteint 3 mètres, le petit côté ouest, plan, étant ouvert sur l’Altis. C’est d’ailleurs la caractéristique de ces deux premiers stades que d’être situés de plain-pied avec le sanctuaire. Ce n’est plus le cas avec le « stade III1 » – celui que l’on peut voir encore de nos jours. S’il a la même orientation sud-ouest/nord-est que le « stade II » et la même situation à l’est du sanctuaire, il a en revanche été déplacé de 12 mètres vers le nord et de 75 mètres vers l’est. Il se place donc désormais résolument hors de l’enceinte sacrée. Cette disposition nouvelle, qui peut s’expliquer par la nécessité de gagner de la place dans un sanctuaire de plus en plus encombré, est peut-être aussi le signe d’une certaine « laïcisation » des Jeux. Au milieu du ive siècle av. J.-C, date de la construction du « stade III », les compétitions d’Olympie, si elles s’inscrivent toujours dans un contexte éminemment religieux, ont acquis une sorte d’autonomie en tant que telles.

    4La piste du stade constitue un rectangle de 212 mètres de long sur une largeur variable : 28,60 mètres aux extrémités, 30,70 mètres au milieu. Elle est couverte d’un mélange de terre et de sable, et est limitée à l’est et à l’ouest par deux longues bordures de calcaire blanc de 45 centimètres de large, qui sont les lignes d’arrivée et de départ des coureurs. La distance qui les sépare correspond aux six cents pieds de la course simple, c’est-à-dire, à Olympie, 192,24 mètres.

    5La piste est entourée par une longue rigole de pierre ponctuée à intervalles réguliers de bassins. Ceux-ci, alimentés par de nombreuses sources, fournissent une eau fraîche aux athlètes et aux spectateurs exposés à la canicule.

    6Quant aux pentes destinées à recevoir le public, elles entourent désormais le stade de toutes parts : au nord le mont Kronion2, et, sur les trois autres côtés, des remblais artificiels. Ces derniers seront rehaussés un peu plus tard, offrant ainsi une capacité de quarante à cinquante mille spectateurs, qui jouissent d’un confort très relatif car à aucun moment de son histoire le stade d’Olympie ne comportera de gradins. Rien n’était prévu pour permettre une vue parfaite des concours, les spectateurs devant rester debout ou au mieux s’asseoir sur l’herbe, et cette caractéristique archaïque prévaudra jusqu’à la fin de l’Antiquité, alors que de nombreux stades connaîtront les aménagements nécessaires (extrémités semi-circulaires, gradins de pierre). Seuls, à Olympie, les Hellanodices jouissent d’une tribune digne de ce nom, estrade de pierre équipée de sièges, placée sur le versant méridional. En face d’elle, sur le long côté nord du stade, se trouve l’autel de Déméter Chamyné. Jusqu’au milieu du iie siècle de notre ère, cet autel était extrêmement simple. À cette date, l’épouse d’Hérode Atticus occupant la fonction de prêtresse de Déméter, le riche évergète athénien la dota d’un bel édicule de marbre mouluré, d’où elle pouvait regarder les compétitions.

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    La ligne de départ
    Les longs côtés du stade sont légèrement convexes. Au fond, on distingue la colline de Pise.

    7Si le public accède au stade par des chemins aménagés au sommet des talus, les athlètes et les officiels y pénètrent par une étroite allée située à l’angle nord-ouest. L’exhaussement du versant occidental rendit nécessaire de couvrir cet accès, aux environs de 200 av. J.-C. Cette krypté est un tunnel de 32 mètres, bien appareillé et voûté, que Pausanias désigne sous le nom d’« entrée secrète ». C’est le lieu d’où émerge la solennelle procession des juges, et où les athlètes attendent, impatients et anxieux, le moment où ils devront s’affronter sous les acclamations d’une foule en délire.

    La nudité athlétique ?

    8Avant de décrire les différents types d’épreuves qui ont lieu dans le stade, évoquons brièvement le problème de la nudité athlétique. Sur la foi de textes antiques peu soucieux d’exactitude technique (même les auteurs qui abordent l’athlétisme sous cet angle précis, comme Philostrate ou Lucien, cherchent davantage à faire œuvre de rhétorique) ou de représentations iconographiques tributaires de conventions à tendances idéalisantes, tout le monde croit et écrit que les athlètes concouraient totalement nus. Or, il faut souligner que le mot grec gymnos, qui est à l’origine du terme gymnastique, s’il signifie en effet « nu » peut tout autant être traduit par « peu vêtu ». Nul doute que les athlètes, comme tout travailleur de force, ont pris l’habitude de se dévêtir pour l’exercice. Jusqu’à une époque assez avancée pourtant, ils portent une sorte de pagne ou de slip, le perizoma, parfois représenté sur des vases à figures noires. Au moment où l’idéalisation artistique est la plus forte – c’est-à-dire à l’époque classique – ce léger vêtement disparaît des représentations figurées. Est-ce à dire, pour autant, que les concurrents s’affrontent absolument nus ? Il faut être très peu sportif pour le croire raisonnablement… D’ailleurs, certains vases attiques, même au v siècle, montrent que ce n’est pas tout à fait le cas : on peut y voir des athlètes en train de pratiquer la pseudo-infibulation qui maintient leurs parties viriles, grâce à une sorte de suspensoir attaché ensuite autour des reins. Ce détail est rarement représenté car, dans sa véracité « fonctionnelle », il ne correspond pas à la nudité héroïque qui est désormais de convention.

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    Pentathlètes au gymnase
    Un discobole, deux sauteurs avec les haltères, un coureur et deux pédotribes s’exercent dans un gymnase identifiable par les vêtements roulés sur aies sièges et l’éponge accrochée au mur (Musée du Louvre.)

    9Rappelons enfin que les concurrents ont tout le corps couvert d’huile saupoudrée d’une poussière jaune, grise ou brun-rougeâtre, qui leur donne un aspect encore plus sculptural. Ils sont donc nus, mais enduits d’une pellicule grasse et colorée, et dotés d’un instrument indispensable à l’exercice, le suspensoir.

    Trois types d’épreuves

    10Les athlètes qui pénètrent dans le stade vont s’y affronter dans des disciplines très particulières. Nul sport d’équipe ni jeu de balle ; hautement individuelles, les épreuves sont bien plus empreintes du caractère de compétition que d’un esprit ludique.

    11On peut les répartir en trois groupes : celles qui opposent des athlètes « légers » (différents types de course à pied) ; les sports de combat dits « lourds » (lutte, pugilat, pancrace) ; le pentathlon, où les concurrents doivent bénéficier des qualités inhérentes aux deux premières catégories (rapidité, endurance, souplesse, agilité et force).

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    L’indispensable suspensoir
    Une des rares représentations d’un athlète attachant son suspensoir, accessoire indispensable à tout exercice athlétique. On remarque l’aryballe et le strigile suspendus au mur, le lit de repos ou la banquette destinée à recevoir les vêtements. (Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.)

    La course à pied

    12C’est l’un des sports que les Grecs pratiquent le plus. Courir est d’ailleurs une des fonctions essentielles de l’homme depuis ses origines, à la chasse comme à la guerre. Cette activité imprègne si totalement la vie quotidienne des Hellènes qu’elle était considérée comme la plus ancienne discipline des Jeux. Des héros mythologiques y excellent, à commencer par Achille « aux pieds légers », le meilleur coureur de l’armée achéenne.

    13À Olympie, les épreuves de course à pied sont au nombre de quatre : la course simple ; la course double ; la course longue ; la course en armes.

    14La course simple, ou stadion, est un sprint sur la longueur du stade, comme son nom l’indique. C’est elle qui – officiellement – occupa seule les treize premières olympiades, et, des origines jusqu’à la fin de l’Antiquité, le vainqueur de cette épreuve donna son nom à l’olympiade. C’est ainsi que nous connaissons le nom du premier olympionike de l’Histoire, Koroibos d’Élis. Le stade3 d’Olympie permet à vingt coureurs de s’affronter simultanément pour cette épreuve. Étant donné la distance (ici 192 mètres environ, en général moins de 200 mètres), les coureurs sont, à l’instar des sprinters de notre époque, dotés d’une morphologie assez puissante, avec des cuisses très musclées. Philostrate4 en décrit le type idéal : « Quant aux coureurs du stade, les meilleurs sont ceux de taille moyenne […] car l’excès de taille nuit à la fermeté du maintien, comme pour les plantes […]. Ces athlètes doivent encore être solidement bâtis, attendu que, pour bien courir, il faut commencer par savoir bien se tenir debout. »

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    La krypfé
    Entrée de la krypté, étroit passage voûté qui, à partir de l’époque hellenistique reliait le stade au sanctuaire.

    15Pour la course double ou diaulos, où la distance à parcourir équivaut à notre 400 mètres, les athlètes présentent le même morphotype, leur allure correspondant à celle d’un sprint prolongé.

    16Les peintures sur vase permettent d’identifier au premier coup d’œil les coureurs du stadion et du diaulos. Si l’on y remarque très souvent une distorsion par rapport à la réalité en cela que, par exemple, bras droit et jambe droite sont en avant simultanément – ce qui n’est jamais le cas–, en revanche les peintures rendent bien le mouvement du sprinter : allure saccadée et bondissante, genoux hauts, bras aidant l’accélération par un ample mouvement de balancier, mains ouvertes.

    17Le type et l’allure des coureurs du dolichos sont sensiblement différents. Ces coureurs de fond, qui s’affrontent sur des distances allant de sept à vingt-quatre stades – ce qui les rapproche d’épreuves actuelles comme le 1 500 ou le 5 000 mètres –, sont généralement plus sveltes et leur style est moins nerveux. Les genoux sont moins levés, le buste est légèrement penché en avant, les bras plus près du corps ne se balançant qu’au terme de la course pour l’accélération décisive. Ce dernier détail peut d’ailleurs faire confondre, dans les représentations figurées, sprinters et coureurs de fond en phase finale – comme l’a très justement remarqué J.-P. Thuillier5.

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    Le stade depuis l’extrémité orientale
    On voit bien au premier plan la ligne d’arrivée, insérée dans la piste sablonneuse et, au fond à droite, la krypté. Sur le côté droit, les pentes du Kronion.

    18La quatrième et dernière épreuve de course à pied, à Olympie, est la course en armes ou hoplitodromos. Cette discipline qui ne fait son apparition qu’en 520 av. J.-C. (65e olympiade) est exclusivement réservée aux hommes faits6. Ils s’y affrontent harnachés du casque et des jambières – celles-ci finiront par être supprimées ultérieurement – et portant le lourd bouclier de bronze. On conservait en permanence au temple de Zeus vingt-cinq boucliers ronds ayant le même poids, à l’intention des coureurs. La distance parcourue par les hoplitodromes est, à Olympie, de 400 mètres (diaulos), mais ailleurs elle peut être plus longue (800 mètres à Némée, 3 000 mètres à Platées, cité qui fournit le plus de champions dans cette catégorie).

    19D’autres types de course à pied, tels l’hippios de 800 mètres ou la lampadodromia (course de relais aux flambeaux) existent mais, à Olympie, on se limite aux quatre disciplines décrites ci-dessus. Quant au marathon moderne, inspiré par la légende du coureur annonçant aux Athéniens la victoire sur les Perses en 490 av. J.-C, il n’existe pas dans l’Antiquité.

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    Coureur de stadion
    Les sprinteurs sont bien reconnaissables à leur allure saccadée, genou haut et large mouvement de balancier des bras accentuant la vitesse. (Musée du Louvre.)

    20Parmi les différences fondamentales entre la course antique et celle de notre époque, il faut mentionner la nature du sol. A Olympie, comme dans tous les stades antiques, les athlètes courent sur le sable, ce qui est beaucoup plus difficile que d’évoluer sur la terre battue, même si ce sable devait être tassé. Si l’on se base sur les représentations figurées – qu’il faut se garder de prendre toujours à la lettre – les Grecs couraient pieds nus. Pourtant certains auteurs antiques (tel Pollux7) mentionnent qu’ils portent des chaussures, sortes de demi-bottes lacées par devant, désignées sous le nom d’endromis. Hésychius précise même que le mot viendrait de dromos. De fait, il y a peut-être eu des époques où les athlètes couraient pieds nus et d’autres où ils étaient chaussés. A l’appel du héraut, chaque concurrent prend place sur la ligne de départ, pour une série éliminatoire. Les athlètes courant simultanément constituent ce que l’on appelle une taxis – et sans doute y-a-t’il eu, comme aujourd’hui, des séries éliminatoires, notamment lorsqu’il y avait plus de concurrents que la capacité du stade ne pouvait en aligner. Les vainqueurs de chaque taxis se retrouvent pour une nouvelle course, jusqu’à la finale d’où sortira le champion. Toutes ces épreuves consécutives ont lieu dans la même journée, ce qui suppose chez les concurrents une endurance tant nerveuse que physique – aujourd’hui c’est loin d’être le cas, les séries s’échelonnant sur plusieurs jours. De toute façon, le nombre des compétiteurs devait être assez faible pour tenir en une seule journée, et un certain écrémage avait certainement lieu à Elis, pendant la période préliminaire. En attendant la course, les athlètes se livrent à toutes sortes de mouvements préparatoires (échauffement, assouplissements, etc.). Ils peuvent aussi attendre leur tour dans la kryptè, sur les murs de laquelle ils gravent parfois des graffiti, tels que ceux qu’on voit encore au stade de Némée.

    21Contrairement à notre époque où les sprinters démarrent dans des starting-blocks, les mains au sol, les coureurs antiques, quelle que soit la distance à parcourir, se présentent au départ debout, pieds rapprochés, les jambes légèrement fléchies et les bras tendus en avant. Nous avons vu qu’une longue bande de pierre, munie d’une saignée dans son axe permettant une meilleure prise des pieds à l’impulsion initiale, leur sert de ligne de départ. Cette limite, ou gramme, est pourvue de petits poteaux (en bois ou en bronze) délimitant l’emplacement des concurrents. Le signal est donné par une sonnerie de trompette suivie du cri lancé par un héraut (« apite ! ») les coureurs démarrant très probablement sur la troisième syllabe de ce cri. Mais les faux départs sont fréquents et les contrevenants sont fortement réprimandés par les juges, quand ils ne subissent pas des coups de bâton ! Dans un premier temps, on essaie de pallier cet inconvénient en tendant une corde devant les athlètes. Le dispositif n’étant pas absolument satisfaisant, on en met au point un nouveau, l’hysplex. L’invention apparaît probablement dans la première moitié du ve siècle, aux Jeux Isthmiques. Chaque poteau est équipé d’une légère barrière retenue par une corde. A quelques mètres derrière les coureurs, prêts à bondir, un arbitre maintient les cordes tendues, bloquant ainsi les barrières. Au signal de départ, il lâche simultanément toutes les cordes, ce qui a pour effet immédiat de laisser retomber les barrières. Les coureurs peuvent alors s’élancer. Cette innovation8 entraînera une légère modification de l’attitude de départ, notamment au niveau des bras qui sont désormais moins tendus en avant. Cela dit, il est peu probable que ce dispositif ait été utilisé à Olympie, où l’on n’en a pas trouvé la moindre trace archéologique, contrairement à Corinthe.

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    Hermès au repos
    Le messager des dieux, protecteur des voyageurs, est aussi – et on ne le souligne que trop rarement – la divinité tutélaire des gymnases, particulièrement invoqué par les athlètes « légers ». (Kunsthistorisches Museum, Wien.)

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    Coureurs de dolichos
    Sur cette amphore panathénaïque du iv siècle av. J.-C, on remarque l’inexactitude dans le parallélisme des mouvements de jambes et de bras : on ne court jamais ainsi. (British Museum.)

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    Coureur en position de départ
    Qu’il s’agisse d’un sprinteur ou d’un coureur de fond, la position est la même : debout, une jambe légèrement fléchie, les mains tendues en avant du corps. Instant de tension et de concentration extrêmes où l’athlète attend le signal. (Musée d’Olympie.)

    22Dans le cas du stadion, les athlètes, n’effectuant qu’une longueur, partent à l’extrémité orientale de l’arène, pour arriver à l’ouest, côté sanctuaire. Ce détail est important, car il est religieux : on court vers l’autel et le temple de Zeus même si, depuis le ive siècle, le stade est séparé de l’Altis. C’est d’ailleurs de ce côté que se trouve la tribune des hellanodikai. Pour les autres courses, le parcours est multiple, les athlètes doivent donc démarrer côté ouest pour pouvoir y achever leur prestation : c’est le cas du diaulos et de l’hoplitodromos (où il s’agit d’un aller-retour) et des distances de dolichos correspondant à un nombre pair d’allers-retours. Le stade d’Olympie se trouve ainsi pourvu de deux lignes de départ à l’est et à l’ouest. Mais un autre problème subsiste, sur lequel les auteurs ne s’accordent guère, au sujet de ces courses à multiples allées et venues : le profil du parcours et la prise des virages. Certains historiens contemporains, se fondant essentiellement sur les peintures sur vases (pas toujours réalistes…), pensent que les coureurs tournaient autour d’un unique poteau central9. D’autres pensent que les coureurs bénéficiaient d’un double couloir, notamment pour le dolichos ; et nous l’avons nous-même cru jusqu’à aujourd’hui. Mais notre expérience réalisée à Olympie, au printemps 2004, nous porte à croire que le scénario variait selon le type de course. Pour le stadion, chaque coureur avait un couloir délimité par les petits poteaux (kampteres) dont les marques sont encore visibles. Pour le diaulos, on peut imaginer que les athlètes tournant sur une courte distance autour d’un poteau, utilisaient chacun un double couloir. Mais pour le dolichos, épreuve beaucoup plus longue, il est très probable que les concurrents partaient groupés (comme c’est le cas aujourd’hui pour les coureurs du 1 500 ou du 5 000 m) et évoluaient autour de deux poteaux placés au milieu de chaque ligne marquant l’extrémité du stade.

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    Coureurs de dolichos
    Les athlètes sont des hommes mûrs (andres) et l’on en voit même un, le dernier, d’un certain âge. Ils s’apprêtent à contourner une borne unique – tricherie ou convention du peintre, car dans les faits, chaque coureur courait dans son couloir, (vie siècle av. J.-C). (Northampton, Castle Ashby).

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    Course d’hoplites
    Bien qu’il s’agisse d’une épreuve de demi-fond avec handicap, une certaine gesticulation règne ici, ce qui semble indiquer qu’on est dans la phase finale de l’épreuve où les athlètes accélèrent. (Musée archéologique, Naples.)

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    Hoplitodrome au départ
    La position est proche de celle des autres coureurs à pied, mais le bras gauche est encombré par le lourd bouclier de bronze (hoplon). L’homme porte encore, dans cette peinture du début du ve siècle av. J.-C, les cnémides – jambières de métal –qui seront abandonnées par la suite. (Musée du Louvre.)

    Les sports de combat

    23Ils consistent en trois disciplines : la lutte, le pugilat et le pancrace. Leur violence – surtout pour les deux derniers – plaît au caractère belliqueux des Grecs, et cet affrontement au corps à corps présente un lien évident avec la préparation militaire. Parmi tant d’autres auteurs antiques, Philostrate y fait allusion lorsqu’il évoque le combat des Thermopyles « dans lequel les Lacédémoniens, voyant leurs épées et leurs lances brisées, luttèrent longtemps avec les mains désarmées10 ». Ces épreuves sont dites « lourdes » non seulement parce qu’elles sont particulièrement éprouvantes, mais aussi parce que les concurrents n’y sont classés que par âge et non par catégorie de poids. Cette règle absurde a pour conséquence de privilégier les gros qui semblent y être majoritaires. Toutefois, il ne faut pas s’imaginer tous les athlètes de combat comme des poids lourds. Quiconque a pratiqué ce type de sport sait que l’efficacité réside certes dans la force mais aussi dans l’agilité, la rapidité à frapper ou à esquiver, l’endurance, enfin et surtout dans la détermination qui n’a rien à voir avec le gabarit.

    Athlètes fameux
    Les concurrents qui s’affrontèrent à Olympie pendant douze siècles étaient tous de très haut niveau. Pendant longtemps originaires d’Élide puis du Péloponnèse, les vainqueurs sont, à partir de l’époque classique, issus de toutes les parties du monde grec. Du fait même de leurs nombreuses victoires sur des adversaires incarnant l’élite athlétique de leur temps, quelques personnalités de champions connurent une renommée extraordinaire.
    Certains furent des champions illustres aux innombrables victoires, tel le coureur Leónidas de Rhodes, vainqueur durant quatre olympiades consécutives au stadion, au diaulos et à la course en armes ; ou le gigantesque Polydamas de Skotoussa, pancratiaste qui, pour rivaliser avec Héraclès, tua un lion à mains nues, et mourut écrasé par l’effondrement d’une grotte dont il essayait de soutenir la voûte. D’autres eurent un destin encore plus légendaire. C’est le cas du lutteur Milon de Crotone, dont la force était telle qu’il en fut victime : ayant voulu écarter de ses mains les deux parties d’une souche où l’on avait enfoncé des coins, la fente se referma sur ses doigts, le retenant prisonnier sans défense contre les loups qui le dévorèrent. Quant à Théagènes de Thasos, titulaire de 1 400 victoires au pancrace, au pugilat et au dolichos, on le disait fils d’Héraclès. Enfin la vie de certains champions confine au merveilleux, comme celle de Damarchos de Parrhasie qui hantait les montagnes d’Arcadie, métamorphosé en loup ; ou celle du pugiliste Euthymos de Locres, qui purgea sa région natale du démon à qui, chaque année, on devait sacrifier une vierge.
    Tous ces athlètes fabuleux furent héroïsés après leur mort – souvent tragique ou mystérieuse – et certains bénéficièrent d’un culte. Leur fortune est certes exceptionnelle, mais elle reflète le prestige dont étaient auréolés les olympioniques.

    24La lutte (palè). Ce sport très ancien, dans lequel se sont illustrés de nombreux héros mythologiques, comme Héraclès ou Thésée, avait la faveur de Platon : « La lutte vise à entretenir la vigueur, la beauté dans les membres et autres parties du corps en leur donnant le degré de flexion et d’extension voulu…11 » Tout Grec pratique la lutte dès l’âge de sept ans à la palestre (qui lui doit son nom). Il existe deux sortes de lutte : la lutte debout ou orthopalè et la lutte au sol ou kato palè, cette dernière étant réservée au pancrace. Les compétitions de lutte, en tant qu’épreuve spécifique ou intégrée au pentathlon, ne présentent que l’orthopalè. Selon un processus qui est également appliqué aux deux autres sports de combat, la formation des paires s’effectue par tirage au sort. Chacun prend dans une urne d’argent un morceau de bois de la taille d’une fève, portant une lettre gravée. Ceux qui ont tiré la même lettre devront s’affronter, le scénario étant renouvelé jusqu’à la finale où les deux meilleurs restent en lice. En cas de nombre impair de candidats, celui qui tire une lettre sans correspondance s’assied et attend que les autres aient combattu. Il est ainsi privilégié par le hasard – ou par les dieux – car il affrontera ses adversaires dans un plus grand état de fraîcheur. On appelle ce chanceux ephedros, et certains vainqueurs tiennent à souligner qu’ils ont triomphé sans avoir bénéficié de cet avantage.

    25Comme pour les autres épreuves lourdes, les matchs se déroulent sans interruption, du moins officiellement. En effet, il arrive quelquefois qu’un athlète demande un bref arrêt, du fait de ses blessures ou pour reprendre souffle. La victoire est obtenue par abandon de l’adversaire qui reconnaît sa défaite en levant le doigt, ou, ce qui est plus fréquent à la lutte, lorsqu’un des deux combattants impose trois chutes à son rival. Par chute, on entend le fait de toucher le sol du dos ou des épaules, mais certains arbitres considèrent qu’un genou à terre est une chute, sauf si les deux lutteurs le font en même temps. L’expulsion de l’espace réservé au combat (skamma) est également considérée comme une chute. Ce lieu (qui n’est ni un ring ni un tatami) est simplement une partie du stade délimitée par une ligne tracée dans le sol, lequel a été au préalable remué à la pioche pour l’ameublir.

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    Héraclès
    La divinité athlétique par excellence. Son importance est grande à Olympie notamment comme protecteur attitré des disciplines « lourdes », en particulier de la lutte. (Kunsthistorisches Museum, Wien.)

    26Si la palè, que les Anciens désignaient comme « laborieuse et flexueuse », exige une bonne musculature générale et une extrême souplesse, elle nécessite d’abord – comme de nos jours – une grande force dans les bras et l’encolure. L’attitude au début du combat est déterminante, une position en appui solide sur les jambes légèrement fléchies et la base des orteils diminuant les risques d’être poussé en avant ou en arrière, et permettant la mobilité.

    27Les athlètes se précipitent tête contre tête « comme des béliers » et tentent de maîtriser les avant-bras ou la nuque de leur antagoniste, avantage qui permettra une prise ultérieure. Les plus courantes sont le retournement de bras suivi d’une saisie par derrière, du soulèvement et de la projection au sol ; le tour de hanche ; le fait de pousser la tête de l’adversaire vers le bas, de manière à le déséquilibrer puis à le retourner ou à lui appliquer une prise de jambe ; la bascule où l’on saisit son rival sous l’épaule ; le « nelson » ; l’attaque au genou dans l’estomac (qui ne doit pas être un coup mais une pression déstabilisante), etc. L’on ne connaît qu’un seul cas d’accident mortel : à la 74e olympiade (484 av. J.-C), un des lutteurs se brisa le cou en chutant. En tout état de cause, chutes et prises ont dû être souvent douloureuses, notamment pour la colonne vertébrale et les côtes.

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    Deux scènes de lutte
    La scène du haut représente la bascule, où l’on saisit son adversaire sous l’épaule ; l’autre montre l’athlète de gauche prenant l’avantage ; logiquement, la phase suivante devrait voir le lutteur de droite soulevé du sol, la tête en bas. (British Museum.)

    28Si la victoire reste indécise ou qu’aucun des protagonistes, au terme de la journée – ou plutôt de la finale – n’a terrassé trois fois son adversaire, la couronne est offerte à Zeus.

    29Le pugilat (pygmè). Cet « ancêtre » de la boxe anglaise est le plus violent des trois sports de combat antiques. Si Apollon en est le dieu protecteur, sous le vocable d’Apollon « Pyktès », Héraclès passe pour en être l’inventeur, Pollux étant également considéré comme un pugiliste fameux. Philostrate12 situe à tort chez les Spartiates l’origine du pugilat, la pugnacité requise par l’exercice expliquant peut-être cette erreur. L’épreuve n’apparaît qu’à la 23e olympiade, et c’est un Grec d’Asie, Onomastos de Smyrne – le premier vainqueur –, qui en aurait codifié les règles : « Onomastos écrivit des lois sur le pugilat, lois qui sont encore en vigueur chez les Éléens, grâce à la sagesse de ce pugiliste…13 » La brutalité de ce type de combat, qui peut provoquer des accidents mortels, laisse des traces évidentes. Comme les boxeurs actuels, et même davantage, les pugilistes se signalent par le nez cassé, les arcades sourcilières écrasées, les pommettes tuméfiées et tailladées de cicatrices, les oreilles en « chou-fleur ». Néanmoins les peintures sur vases les montrent généralement avec un visage régulier et inexpressif, où seule l’effusion de sang rappelle la violence de l’action représentée.

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    Phase initiale d’un assaut de lutte
    Les antagonistes, front contre front, tels des béliers, cherchent à s’assurer une bonne prise de bras, dont l’issue du combat dépend en grande partie. (Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.)

    30Parfois, à l’entraînement, on utilise des gants rembourrés, les sphairai, assez proches des nôtres. Le plus souvent, et toujours lors des concours, les pugilistes arment leurs poings et leurs avant-bras de longues lanières de cuir plus ou moins rugueux (himantes ou myrmex, ce dernier terme évoquant les morsures cruelles des fourmis). Ce bandage renforcé, qui enserre les phalanges et la main – sans empêcher de fermer le poing, le pouce restant libre –, assure la solidité du poignet et peut monter jusqu’au coude. C’est l’accessoire caractéristique des pugilistes jusqu’à la fin de l’époque classique. À partir du ive siècle av. J.-C, les himantes ne vont cesser de se durcir, étant agrémentés de bandes de cuir tranchantes par-dessus les jointures et formant une sorte de gant souvent renforcé de métal (hymantes oxeis), pour aboutir au redoutable caestus de l’époque romaine, véritable « coup de poing américain ». Cette radicalisation est sans doute à mettre en rapport avec la prolétarisation de ce sport (à l’origine assez aristocratique semble-t-il) et avec le professionnalisme croissant de l’athlétisme en général et des sports de combat en particulier. Plus les « gants » seront lourds, plus les accidents mortels seront fréquents, et L. Robert a pu souligner, pour l’époque romaine, la quasi-identité du vocabulaire pugilistique avec celui de la gladiature. Le caractère sacrificiel, encore plus fort dans cette discipline que dans les autres, n’a peut-être pas été assez souligné. Rappelons que si, à l’entraînement, les pugilistes portent parfois un casque de cuir (amphotides), dans le stade il n’en est rien, et les coups sont effroyables. L’esprit agonistique du pugilat n’apparaît nulle part mieux que dans une épitaphe d’Olympie en l’honneur d’Agathos d’Alexandrie, tué à trente-cinq ans : « Il est mort ici dans le stade, en plein combat du pugilat, après avoir adressé à Zeus cette prière : la couronne ou la mort. »

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    Préparation au combat
    Pugiliste en train d’attacher ses lanières de cuir (himantes ou myrmex) avant le combat. (Kunsthistorisclies Museum, Wien.)

    31Contrairement à ce que l’on écrit trop souvent, le pugilat n’est pas l’exact équivalent de la boxe. Il existe un certain nombre de différences non négligeables, en particulier sur le plan technique, même si les points communs sont nombreux. Il n’y a pas de ring, malgré la délimitation d’une certaine aire de combat. Les arbitres veillent à ce que l’on n’en sorte pas, et empêchent tout corps à corps – refuge fréquent du boxeur épuisé. L’attitude générale diffère sensiblement de la boxe moderne : la garde est généralement haute, les attaques étant portées principalement à la tête ; le bras frappeur est replié derrière la nuque, prêt à la détente, l’autre, tendu en avant servant à parer. Il semble bien que l’on use davantage de blocages que d’esquives et que les coups soient directs, ce qui sur ces points rapproche le pugilat du karaté japonais, plus que de la boxe. Le jeu de jambe n’est pas sans importance, et certains pugilistes sont très mobiles, s’efforçant par exemple de placer l’adversaire face au soleil. Mais les Grecs sont plus des « cogneurs » que des « stylistes »…

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    Scène de pugilat
    L’image montre bien la garde haute. A gauche, un arbitre ou un entraîneur ; à droite, un pugiliste qui regarde le combat, tenant en main les himantes. (Musée du Louvre.)

    32Le match n’a pas de durée limitée, et ne connaît pas de round au gong salvateur. Il se termine par abandon ou mise hors de combat, la victoire n’étant jamais obtenue « aux points ». Il arrive parfois qu’à la fin du jour, si aucun des combattants n’avoue sa défaite (en levant le doigt) ou n’est terrassé, l’on ait recours à la redoutable procédure appelée klymax : après tirage au sort, chacun, à tour de rôle, porte un coup que son adversaire ne peut ni parer ni esquiver, le vainqueur étant celui qui frappe le plus fort, et « encaisse » le mieux. Le pancrace (pankration). Philostrate prétend que « de tous les exercices auxquels on se livre dans les Jeux publics, le pancrace est le plus en honneur…14 ». Il est vrai que cette discipline, qui apparaît à la 33e olympiade, est pleine de péripéties, nécessitant à la fois les qualités propres à la lutte et au pugilat. Mais si elle combine des traits spécifiques à ces deux épreuves, elle présente également des aspects qui ne figurent ni dans la palè ni dans la pygmè. Les athlètes combattent à poings nus, sans himantes, ni cestes : de très rares exemples de pancratiastes munis de ces accessoires sont dus à l’inadvertance des créateurs d’images. Contrairement aux pugilistes, les combattants du pankration se servent aussi de leurs pieds pour frapper. À la différence des lutteurs, ils pratiquent, en plus de l’orthopalè, la kato palè ou lutte au sol, se roulant férocement dans la poussière du stade.

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    Pugilistes
    On remarque qu’ils sont équipés des himantes oxeis et que les coups sont portés à la tête. A gauche, un ephedros qui attend son tour. (British Museum.)

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    Tête de pugiliste
    Trouvé à Olympie, ce fragment de statue date probablement des environs de 330 av. J.-C. Il s’agit peut-être d’une œuvre du sculpteur athénien Silanion, représentant l’athlète Satyros. Quoi qu’il en soit, outre la vérité brutale de cette puissante image de « boxeur », on est ici en présence d’un véritable portrait. (Musée national d’Athènes.)

    33En fait, presque tous les coups sont permis. Deux choses seules sont interdites (sauf à Sparte) : les doigts dans les yeux et le nez ; les morsures. Encore les athlètes ne s’en privent-ils pas, et dans la fureur du combat, il arrive que les pancratiastes – que les auteurs antiques comparent à des lions – transgressent le règlement et se voient corrigés par les arbitres, qui n’interviennent qu’à ce moment-là, armés de leur long bâton fourchu. Lucien, dans son Anacharsis, décrit une scène de pancrace : « Ceux-là debout, et couverts aussi de poussière, se frappent, se donnent des coups de pied, et s’élancent l’un sur l’autre. En voici un qui semble être sur le point de cracher toutes ses dents. Le malheureux vient […] de recevoir un coup de poing dans la mâchoire ; sa bouche est remplie de sang et de sable. Eh, mais !, le gymnaste ne les sépare point. Il ne fait pas finir le combat ; au contraire, il encourage celui qui a porté le coup, et lui donne des éloges. » Encore cette scène se passe-t-elle à la palestre – donc à l’entraînement – et non dans la tension de la compétition, devant une foule déchaînée… Pour user de comparaisons contemporaines, il nous semble que le pancrace, loin d’être une sorte de catch comme le répètent volontiers des historiens peu au fait des arts martiaux, constituerait plutôt un mélange de boxes anglaise, américaine et thaïlandaise, de karaté et de lutte, le tout constituant une formidable bagarre beaucoup plus saignante que le catch ! Toutefois, malgré sa violence, le pankration est moins dangereux que le pugilat. Si les blessures y sont nombreuses, les accidents mortels y sont plus rares. Le physique du pancratiaste paraît aussi moins marqué que celui du pugiliste, sans doute grâce à l’absence de gants durs et aussi du fait que la tête n’est pas la principale cible. La morphologie des athlètes du pancrace est également moins puissante que celle des lutteurs et des pugilistes15. Certes la force est primordiale, et un gabarit imposant constitue un avantage « de poids », mais le pancrace nécessite plus de souplesse, de nervosité, d’agilité, comme le montre bien Philostrate16 : « […] ils se retournent facilement, prennent toutes sortes de positions, sont robustes, légers, rapides et tenaces, échappent facilement à beaucoup de manœuvres embarrassantes et difficiles à éviter… » A partir de l’époque hellénistique et surtout à l’époque romaine, les pancratiastes, comme les autres sportifs de combat, lorsqu’ils sont des professionnels, ce qui est de plus en plus le cas, présentent un trait caractéristique dans leur aspect extérieur : ils ont le crâne rasé, le sommet seul étant garni d’une petite touffe de cheveux, le cirrus.

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    Scène de pancrace
    Le combat commençant par des coups (poings, pieds, tête éventuellement) se terminait généralement par une sauvage lutte pouvant se dérouler au sol – contrairement à la lutte classique. Les seules interdictions étaient les morsures et les doigts dans les yeux ; c’est pourquoi l’on voit ici un paidotribe intervenir brutalement contre l’athlète de droite. (British Museum.)

    34Comme pour le pugilat, le temps de l’assaut de pancrace n’est pas limité et ne connaît pas d’interruption ; la victoire est obtenue par la mise hors de combat de l’adversaire, ou son abandon.

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    Pancratiaste (bronze d’époque romaine)
    L’athlète, à la forte musculature et aux cheveux ramenés en chignon (cirrus) sur le dessus de la tête, lance une attaque de pied, typique de ce sport où presque tous les coups étaient permis. (Musée du Louvre.)

    35Il est arrivé que des athlètes triomphent aux trois « épreuves lourdes », dans la même olympiade. Ce cas, rarissime, leur vaut une gloire immense et ils sont surnommés « descendants ou rivaux d’Héraclès ». Notons enfin que, dans les sports de combat, lorsqu’aucun athlète n’était déclaré vainqueur – le cas s’est produit – la couronne était offerte à Zeus.

    Le pentathlon

    36Comme son nom l’indique, il s’agit du rassemblement de cinq épreuves : la course du stade, le saut, le lancer du disque, celui du javelot et la lutte. L’institution mythique de cette discipline combinée était traditionnellement attribuée au héros Jason, mais son apparition historique se situe à Olympie en 708 av. J.-C. (18e olympiade). Étant donné l’endurance qu’elle nécessite, elle est réservée aux hommes faits, et la tentative, en 628 av. J.-C, d’introduire le pentathlon pour enfants se limitera à la 38e olympiade. La course du stade et la lutte, si elles font partie du pentathlon, constituent également des disciplines à part entière dont il a déjà été question. Ce n’est pas le cas des trois autres épreuves qui, comme concours, ne se situent que dans le pentathlon.

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    Saut en longueur
    On voit bien le pentathlète, dans une position statique, amorcer le mouvement de balancier, haltères en mains, qui lui permettra d’améliorer l’efficacité de son saut. (Musée du Louvre.)

    37Le saut en longueur (halma). Pour les Grecs, il s’agit d’une épreuve de lancer au même titre que le javelot et le disque, le corps humain étant propulsé comme un objet. Si, à l’entraînement, divers types de sauts peuvent être pratiqués, lors des Jeux seul le saut en longueur est retenu. Son déroulement a suscité de nombreuses controverses chez les spécialistes, principalement au sujet des distances franchies par les athlètes et du rôle des haltères. Comme le montrent tant de documents figurés, le balancement des bras munis de ces accessoires de forme et de poids variables (le plus souvent 2 kilogrammes environ), en pierre ou en métal, augmentait la longueur du ou des sauts. Des textes antiques, notamment au ve siècle, mentionnent des distances de 55 pieds (plus de 16 mètres). Il faut être bien ignorant des réalités du sport pour se demander sérieusement si ces performances furent réalisées en un seul saut. E. N. Gardiner pensait que le saut simple avec élan avait quand même été de règle. D’autres, considérant que les textes reflétaient la réalité, ont opté pour le triple saut avec élan. Mais quiconque a déjà pratiqué cette discipline sait que des haltères y seraient un gros handicap17. Voilà pourquoi l’hypothèse la plus plausible est celle formulée par J. Ebert : un saut sans élan à cinq appuis successifs et sans interruptions. Des expériences ont été réalisées dans ce sens au xxe siècle et confirment que ce type de saut est pratiquement exécutable, avec des résultats de plus ou moins 16 mètres. Les documents figurés ne s’opposent nullement à cette dernière hypothèse18, à laquelle certains textes antiques semblent faire allusion19. Les peintures sur vase montrent en outre très fréquemment des aulètes dont les flûtes rythment les bonds des sauteurs. Les expériences modernes ont souligné l’utilité des haltères : il y a une différence d’environ un mètre, sur la longueur totale réalisée20, entre les séries effectuées avec ou sans ces accessoires ; d’autre part, le mouvement de balancier, accentué par ces poids21, permet un allongement successif des distances par rapport au premier saut.

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    Le pentathlon
    Sur cette base de statue de la fin de l’archaïsme, on voit des athlètes du pentathlon, représentés au début de l’action ou juste avant : ici, les lutteurs s’empoignent, tête contre tête. (Musée archéologique, Athènes.)

    38Au gymnase, les athlètes s’élancent à partir d’une ligne de départ matérialisée par une poutre (bater) sur un espace de terre meuble (skamma). Dans le stade, il est difficile de préciser la nature du dispositif – qui devrait être semblable – et son emplacement exact. Peut-être n’était-il pas très difficile d’aménager rapidement, le jour de l’épreuve, une surface de saut. Les distances réalisées sont mesurées à l’aide d’une toise appelée kanon.

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    Le pentathlon
    Coupe avec figuration de pentathlètes : lanceurs de javelot et sauteurs en longueur. On remarque la présence de juges ou d’autres athlètes plantant les semata, petits piquets indiquant le point d’impact du trait ou la longueur du saut. (Musée du Petit Palais.)

    39Le lancer du disque (diskobolia). Si dans la mythologie Persée passe pour l’inventeur de cette discipline, son origine se situe vraisemblablement dans le jet de pierre, l’un des premiers procédés auxquels recourt l’homme, pour chasser ou se défendre, devenu à l’époque homérique un sport de détente connu sous le nom de lithobolos. Le lancement du disque proprement dit est mentionné dans les jeux funéraires en l’honneur de Patrocle, puis lorsque Ulysse assiste aux concours athlétiques des Phéaciens.

    40L’instrument (diskos ou solos) est en métal, le plus souvent en bronze. Plus épais en son centre qu’à la périphérie, il est de diamètre et de poids variables, ceux-ci ayant tendance à diminuer à partir du ve siècle. Les différences de poids des disques conservés de nos jours (1,2 à 5,7 kilogrammes), ainsi que de diamètre (16,5 à 34 centimètres) correspondent sans doute aux diverses classes d’âge dans les jeux. Toutefois, il est possible que les plus lourds soient des objets votifs, le poids standard se situant probablement autour de 2 kilogrammes. Les disques sont souvent décorés d’une inscription ou d’un motif incisé ou en léger relief (cercles concentriques, méandre, svastika, chouette, dauphin, athlète, etc.).

    41Le poète latin Stace22 prétend qu’avant le lancer, le disque est enduit de sable pour en améliorer la prise. Le concurrent prend place dans l’aire de lancement (balbis) délimitée à l’avant et sur les côtés. Les nombreuses représentations de discoboles montrent bien les diverses attitudes de l’athlète. Après avoir évalué la distance, et le poids de l’objet qu’il fait passer d’une main à l’autre, il commence par lever le disque à deux mains au-dessus de sa tête. Puis, se baissant, jambes écartées et fléchies, il rejette très loin derrière lui le bras porteur, exécutant des sortes de mouvements balancés, rythmiques, auxquels tout le corps participe. Soudain, dans un brusque mouvement de rotation il se relève, imprimant alors la formidable extension qui impulse au lancer sa force et sa trajectoire. Le point d’impact est indiqué par un petit piquet (sema) fiché en terre.

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    Athlète du pentathlon
    Le jeune homme, aux proportions parfaites des adeptes de cette belle discipline, arbore le disque dont le lancer constitue un des cinq éléments. A ses pieds, la pioche servant à ameublir le terrain d’exercice. (Musée du Louvre.)

    42Rappelons que ce sport était considéré comme dangereux, et que la mythologie fournit des exemples d’accidents mortels causés par la chute du disque.

    43Le lancer du javelot (akontismos). Cette épreuve si ostensiblement proche de la guerre ou de la chasse confirme le lien étroit entre l’athlétisme et ces deux aspects fondamentaux de la vie grecque antique. Toutefois, s’il existe au gymnase des cibles pour l’entraînement au tir de précision, lors des compétitions c’est la puissance du jet qui, seule, est prise en compte. Comme pour le saut et le lancer du disque, une toise sert à mesurer les distances réalisées, la meilleure étant marquée par un petit piquet.

    44La technique ne semble pas être différente de celle utilisée de nos jours. Après quelques pas d’élan à vive allure, le bras lanceur replié en arrière, l’autre tendu en avant, l’athlète s’immobilise brusquement et projette le javelot dans un mouvement auquel participe tout le corps.

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    Athlètes du pentathlon
    Devant des pentathlètes, dont l’un s’apprête à lancer le disque et l’autre court, un jeune homme fatigué se repose, assis par terre. (Musée du Louvre.)

    45Si le mot akontion a donné son nom à la discipline, il désigne en fait toute espèce de javelot. Le terme exact pour celui du pentathlon est apotomas, ce qui signifie lance de dimension réduite. L’extrémité peut être constituée par une pointe de métal très effilée, emboîtée dans le manche. Il y a parfois des accidents, comme celui qu’évoque Antiphon dans la Tétralogie, où il se demande s’il faut l’imputer à la maladresse du lanceur ou à l’imprudence de la victime traversant le champ de tir. C’est pourquoi le plus souvent les javelots sont de simples tiges en bois affûtées et lestées, d’une longueur variant entre 1,50 mètre et 2 mètres.

    46La différence essentielle avec le javelot moderne réside dans l’usage de l’ankyle. Cette lanière d’environ 40 centimètres est enroulée autour du centre de gravité du javelot (généralement au milieu), et se termine par une boucle dans laquelle l’athlète introduit un ou deux doigts. Durant la trajectoire, il semble que l’ankyle augmente le mouvement de rotation du projectile, sa stabilité et donc sa distance. Mais cette lanière devait surtout faire office de propulseur lors du jet.

    Organisation du pentathlon

    47Deux choses sont quasi sûres : le vainqueur était qualifié de « triple-vainqueur », ce qui implique que trois victoires constituaient la condition sine qua non pour triompher au pentathlon ; on commençait par les trois épreuves spécifiques de cette discipline (disque, javelot, saut), dans un ordre qui a d’ailleurs pu varier.

    48Comment remportait-on le pentathlon ? La question est délicate, et de nombreuses hypothèses ont été formulées. Certains pensent qu’il fallait obligatoirement une victoire à la lutte, oubliant qu’une triple victoire pouvait être obtenue avant, arrêtant dès lors le concours. D’autres affirment qu’on prenait en compte le nombre de secondes places, ce qui est assez incompatible avec la mentalité grecque. D’autres encore envisagent la possibilité de « triades » éliminatoires sur les quatre premières épreuves, les vainqueurs s’affrontant à la lutte. Mais dans cette hypothèse, on aurait pu aboutir à un vainqueur à la lutte ne comptant en tout que deux victoires. Quant à J. Ebert, il a établi un système s’appuyant sur les textes antiques, et qui a l’adhésion de nombreux historiens : au cours de séries, on aurait éliminé tout athlète ayant été vaincu trois fois par un même concurrent. Mais, compte-tenu du fait que les textes ne s’accordent pas toujours (ou peuvent être sujets à caution) cette solution nous paraît extraordinairement compliquée, difficilement réalisable et somme toute assez peu vraisemblable.

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    Lancer du disque
    Statuette, probablement votive, d’un pentathlète s’apprêtant à lancer le disque. (Musée archéologique, Athènes.)

    49La tentative d’archéologie expérimentale opérée sous notre direction à Olympie, en avril 2004, nous incite à opter pour un système assez simple, plus cohérent et mieux adapté aux conditions d’un grand concours panhellénique. Nous avons pu vérifier, sur le terrain et avec de vrais athlètes, que « cela marche », comme disent les Anglo-Saxons. Voici donc le scénario que nous proposons. Il est effectivement plus que probable que les concurrents s’affrontaient d’abord en séries, au disque, au javelot et au saut. Si un athlète emportait d’emblée ces trois épreuves, il était couronné. Si c’était le cas pour plusieurs compétiteurs (du fait qu’il y avait des séries), on les opposait à la course, le vainqueur de cette dernière étant proclamé, avec alors quatre victoires, ce qui semble avoir été rare. Sinon, à l’issue des trois premières épreuves, tous les vainqueurs – qu’ils aient obtenus une ou deux victoires – se retrouvaient pour la course. Enfin, si cette dernière n’avait toujours pas permis de dégager un triple vainqueur, on opposait les double-vainqueurs dans une sorte de finale, à la lutte, dont le meilleur était, avec trois victoires, proclamé et couronné.

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    Le pentathlon
    Trois des disciplines composant le pentathlon : saut en longueur (haltères), lancer du javelot et lancer du disque. (ive siècle av. J.-C, British Museum.)

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    Le discobole
    Le discobole plante l’un des piquets (semata) servant à indiquer le point d’impact du disque. Près de lui, on remarque la pioche servant à ameublir le sol du terrain de sport. Enfin la svastika, gravée sur le diskos, laisse à penser que les disques ornés n’étaient pas seulement votifs ou honorifiques, mais pouvaient aussi être utilisés. (Musée du Louvre.)

    50Pour conclure, ajoutons que le pentathlon passe pour former les hommes les plus beaux. Si, chez Platon (Les Lois), le pentathlète est dépeint avec quelque dédain comme le type d’homme qui atteint en tout une honnête moyenne, on reconnaît généralement que cette discipline, développant force et agilité, faisant travailler l’ensemble de la musculature, est la plus favorable à la santé.

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    Amphore panathénaïque de pentathlète
    Cette superbe peinture montre, fait rarissime, le discobole dans la phase ultime de son mouvement quand, après le geste de balancier, tout son corps se redresse pour accompagner le jet du disque. A gauche, un juge des Jeux, dont le hiératisme accentue encore, par contraste, le dynamisme du pentathlète. (Musée archéologique, Naples.)

    51Citons à ce propos Philostrate23 : « Celui qui veut se livrer au pentathle doit être plutôt lourd que léger, et plutôt léger que lourd, d’une taille élancée, solidement bâti, peu chargé de muscles et libre dans les mouvements. Qu’il ait les jambes plutôt longues que moyennes, les lombes souples et agiles, à cause des brusques retours sur soi-même que l’on doit faire dans l’exercice du javelot ou du disque, ainsi que pour le saut… » Nous verrons plus loin que les athlètes du pentathlon sont ceux qui ont le plus inspiré les artistes.

    Courses de l’hippodrome

    L’hippodrome24 d’Olympie

    52S’il existe un certain nombre de textes décrivant ou évoquant ce lieu des compétitions équestres, ils n’en sont pas moins insuffisants et souvent obscurs. Quant aux vestiges archéologiques, ils sont quasi inexistants, l’Alphée ayant complètement détruit et ensablé le site de l’hippodrome. Seule, au sud-est, une mystérieuse « série de blocs » a été dégagée, éventuel vestige d’une voie d’accès, lors d’un réaménagement antique. On sait en effet qu’après une destruction provoquée par le fleuve, l’hippodrome a été remanié au ve siècle. Toute restitution est donc essentiellement conjecturale.

    53L’hippodrome, parallèle au stade, est au sud de celui-ci (les talus pour les spectateurs s’appuyant l’un sur l’autre). Il est donc situé entre le stade et l’Alphée, d’où une position vulnérable près d’un cours d’eau aussi turbulent. Dans l’Antiquité, une vaste chaussée renforçait le talus méridional, le protégeant des inondations. La longueur de la piste est d’environ 780 mètres ; c’est la mesure consacrée pour la course équestre, équivalant à quatre stades (hippios). La largeur devait être d’un stade (de l’ordre de 600 pieds). Contrairement à celle du stade, dont nous avons vu qu’elle est rectangulaire, la forme de l’arène de l’hippodrome est arrondie à l’extrémité est. L’hippodrome s’appuyait à l’ouest au portique25 d’Agnaptos ; de part et d’autre de cet édifice se trouvaient les voies d’accès du public, chars et cavaliers arrivant quant à eux par l’est, du côté de la colline de Pise. La tribune des hellanodikai se trouvait au nord-ouest, là où finissaient les parcours. Le profil des courses consistait dans le contournement de deux bornes distantes de trois stades, peut-être reliées par un mur et placées dans l’axe longitudinal de l’arène. La borne de l’ouest, ou « de l’intérieur » était celle de l’arrivée ; elle était ornée d’une statue en bronze d’Hippodamie, s’apprêtant à couronner Pélops du bandeau de la victoire.

    54C’est essentiellement sur le dispositif de départ (aphesis) que se sont attardés les auteurs antiques, en particulier Pausanias. Il nous dit que ce dispositif avait la forme d’un éperon de navire (embolon) dont la pointe était tournée vers la piste tandis que la base longeait le portique d’Agnaptos. L’intérieur de cet espace à peu près triangulaire, en partie couvert – du côté de la pointe de l’éperon – en partie à l’air libre – côté portique – était encombré d’autels. Les divinités honorées étaient Poséidon Hippios, Héra Hippia, les Dioscures, Ares Hippios et Athéna Hippia, la Bonne Fortune, Pan, Aphrodite et enfin les Nymphes Acmènes qui président à l’instant décisif de la lutte. Au milieu de l’embolon, on érigeait à chaque olympiade un autel en briques crues blanchies à la chaux, sur lequel était placé un aigle de bronze aux ailes déployées. A la pointe de l’éperon, une colonne supportait un dauphin de bronze.

    55Examinons maintenant l’organisation du départ. Le long des deux côtés de l’aphesis (qui mesuraient environ 130 mètres) étaient aménagées des stalles où prenaient place chars et chevaux. Au signal donné par une trompette, le magistrat chargé du départ et placé au centre du dispositif, actionnait un mécanisme. Celui-ci faisait descendre le dauphin et monter l’aigle, ce qui avertissait immédiatement le public du commencement de la course. Simultanément, les cordes ou barrières de bois placées devant les deux derniers concurrents s’abaissaient, et ils s’élançaient. Lorsqu’ils arrivaient à la hauteur des deux candidats placés devant eux, ceux-ci démarraient à leur tour, et ainsi de suite. Ce système, compliqué en apparence, permettait de compenser l’inévitable injustice qui aurait résulté d’un départ en ligne droite, même inclinée, la principale difficulté étant le contournement de la borne. Les concurrents situés à l’extérieur auraient été trop pénalisés par rapport à ceux que le sort aurait placés à gauche de la ligne de départ. Alors qu’avec ce dispositif les concurrents de l’arrière compensent leur handicap en arrivant au galop à la hauteur de ceux qui sont devant eux. Outre cette volonté d’équitabilité, le but est aussi de réduire le nombre de faux départs. Enfin, il y a incontestablement un souci d’esthétique : l’effet des animaux de bronze signalant le coup d’envoi, les trompettes, la synchronisation de ces démarrages successifs, dans la poussière soulevée et sous les cris de la foule, devaient constituer un spectacle extraordinaire. L’inventeur du dispositif d’Olympie, l’Athénien Kléiotas, en fut auréolé de gloire. Sculpteur s’adonnant aussi à l’architecture, il eut de nombreuses statues. Sur l’une d’elles, placée à l’Acropole d’Athènes, une inscription évoquait fièrement sa création, datant probablement du iiie siècle av. J.-C.

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    Ornement de casque
    Détail d’un casque trouvé à Olympie et montrant sur le couvre-joue un beau motif de cavalier allant au pas, en argent finement ciselé. (Musée archéologique, Olympie.)

    56Un phénomène particulièrement troublant est mentionné par les auteurs antiques, au sujet de l’hippodrome d’Olympie. Il concerne un autel de forme ronde situé en bordure de piste, à l’est, que l’on appelle Taraxippos. Mais laissons la parole à Pausanias : « C’est sur ce côté […] que se trouve l’épouvantail des chevaux, nommé Taraxippos […] ; lorsque les chevaux passent en courant auprès de cet endroit, une forte terreur les saisit, sans que l’on puisse en connaître la cause ; ils courent en désordre et il arrive souvent que les chars se fracassent et que les conducteurs soient blessés. Aussi font-ils des sacrifices au Taraxippos, et ils le prient de leur être favorable26. » Ce mystère frappait l’imagination des Grecs qui lui attribuaient des causes diverses, essentiellement légendaires. Pour certains, le Taraxippos est un tombeau, soit d’un prétendant d’Hippodamie tué et enterré là par Œnomaos ; soit d’Olénios, un cavalier fameux de l’Élide ; soit de Daméon, compagnon d’Héraclès, inhumé avec son cheval. Pour d’autres, c’est un cénotaphe – tombeau vide – érigé par Pélops en l’honneur de Myrtilos, le cocher d’Œnomaos. D’autres encore croient que c’est l’esprit d’Œnomaos lui-même qui se venge de sa mort en effrayant les chevaux. De manière générale, on suppose que des objets funestes ont été enterrés à cet endroit, et que leur action provoque la panique. On constate là l’existence de superstitions concernant les courses équestres, que l’on retrouvera, au moins aussi fortes, chez les Romains. Pausanias quant à lui pense que Taraxippos est l’un des surnoms de Poséidon dieu des chevaux. Il ajoute qu’il est redouté en d’autres endroits, comme à l’Isthme ou à Némée, mais que « cependant, celui d’Olympie effraie les chevaux plus que tous les autres ».

    57Des historiens modernes se sont penchés sur cette énigme, lui cherchant une explication rationnelle. On a notamment écrit que les chevaux courant vers l’est – et les courses commençant tôt le matin – ils étaient éblouis par le soleil levant ; ou encore qu’ayant contourné la borne ils étaient alors affolés par leur ombre. Tout cela n’est guère convaincant, les chevaux grecs étant en principe habitués aux feux et aux ombres d’un astre familier de ces latitudes… Ce phénomène demeure pleinement mystérieux d’autant qu’aucune logique appliquée au contexte de ces courses ne paraît pouvoir l’élucider.

    Les compétitions équestres

    58Tout d’abord, relevons l’importance du cheval dans l’imaginaire grec. Rappelons que l’un des mythes fondateurs du sanctuaire d’Olympie, celui de Pélops, consiste essentiellement en une course de chars dont le vainqueur est un protégé de Poséidon, dieu des chevaux. La légende trouve un écho dans les nombreuses figurines équestres, en terre cuite ou en bronze, découvertes dans l’Altis. Ajoutons que cheval et char sont des symboles aristocratiques par excellence, non seulement par référence homérique, mais aussi du fait que seuls les plus riches en possèdent. Les compétitions équestres sont bel et bien des concours de privilégiés, rois, tyrans, ou membres des plus illustres familles, auxquels la victoire ajoute un lustre supplémentaire27. La plupart du temps, ils ne sont que propriétaires de l’attelage ou du cheval de course, que pilotent ou montent des professionnels. Ces derniers, s’ils sont parfois associés à la gloire de leur « patron », ne passent qu’au second plan, et c’est toujours le propriétaire – qui peut être une femme – qui est couronné d’olivier et proclamé vainqueur, le cavalier ou l’aurige ne recevant qu’une bandelette de laine. On ne tient d’ailleurs compte que de la performance des chevaux et, à la différence des courses modernes, un cheval démonté, s’il finit la course en tête, entraîne la victoire de son maître. On dit souvent que les courses équestres constituent le moment le plus brillant de la fête olympique. Néanmoins, la première n’apparaît qu’à la 25e olympiade, en 680 av. J.-C. ; d’autres s’y ajouteront successivement, certaines de manière éphémère. A l’époque impériale, les compétitions hippiques se raréfieront, alors que les épreuves athlétiques garderont tout leur prestige. On peut les diviser en deux catégories, les courses montées et les courses attelées.

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    Courses de l’hippodrome
    Montant à crû et nus (ce dernier trait relevant sans doute de la convention…), les cavaliers fustigent leurs montures à l’aide d’une sorte de petit fouet. (British Museum.) En dessous, un cavalier au pas est précédé d’un juge et suivi d’un personnage portant un trépied. Peut-être s’agit-il du défilé triomphal qui suit la victoire. (British Museum.)

    59Les courses montées. La première en date est celle des chevaux adultes (keles) introduite à la 33e olympiade (648 av. J.-C), à laquelle on ajoutera, en 256 av. J.-C, les poulains (poloi). Entre-temps, de 496 à 444, on pourra assister à une curieuse course, la kalpè, exclusivement réservée aux juments. Cette épreuve de trot a pour caractéristique qu’à une certaine distance de la ligne d’arrivée, le cavalier descend de sa monture et court à ses côtés en la tenant par les rênes.

    60Les courses montées sont avant tout des courses de vitesse, car il semble bien que les cavaliers ne contournent qu’une seule fois la borne, effectuant ainsi une longueur de six stades. Elles ne comportent aucun saut, ni de fossés, ni d’obstacles. Les cavaliers montent à cru ou sur une couverture, et n’ont pas de selle à proprement parler. Une autre différence avec l’équitation moderne est l’absence d’étriers. Les cavaliers usent parfois d’éperons à pointe simple, et d’une cravache ou d’un fouet. Les courses montées, bien qu’appréciées, paraissent avoir moins suscité la passion du public que les compétitions de chars, et les textes antiques y font moins souvent allusion.

    61Toutefois Pindare les a célébrées, comme dans la Ière Olympique où il évoque le succès d’un cheval du tyran Hiéron « […] quand il bondit sur les bords de l’Alphée, sans avoir besoin de l’éperon, et conduisit à la victoire son maître, le roi de Syracuse, ami de l’art équestre. » Le prix d’un coursier de qualité reflète d’ailleurs l’intérêt que l’on porte à l’épreuve : en 421 av. J.-C, l’un d’eux est acheté 1 200 drachmes – quatre fois le revenu annuel d’un ouvrier de l’époque.

    62Les courses de chars. L’épreuve reine, celle qui ouvre le festival hippique, est la course de quadriges, attelages de quatre chevaux (tethrippon). Les chevaux sont adultes, et doivent avoir six ans pour les étalons, cinq pour les juments. Epreuve la plus spectaculaire, elle est en outre la plus longue, les concurrents devant effectuer douze fois le tour des bornes28, ce qui équivaut à une distance d’environ 14 kilomètres. C’est aussi la plus ancienne compétition équestre d’Olympie – du moins officiellement – puisqu’elle est introduite en 680 av. J.-C.

    63Les premières courses de biges, attelages de deux mules (apene), figurent au programme des Jeux durant treize olympiades, de 500 à 444 av. J.-C. La particularité de cette épreuve est la position assise du cocher. Les mules effectuent un parcours d’environ 7 kilomètres. Les Grecs de Sicile sont particulièrement doués dans cette discipline, où ils fournissent les trois quarts des vainqueurs. En revanche, ce ne peut être une spécialité éléenne, car une antique malédiction frappe l’élevage des mules sur le territoire d’Élis. Pourtant, il ne semble pas qu’en Grèce propre l’apene ait existé autre part qu’à Olympie. À la 84e olympiade, aucun candidat ne s’étant présenté, l’épreuve fut supprimée, et ne fut jamais rétablie. La course de biges, mais avec des chevaux, réapparaît en 408. Cette épreuve, appelée synoris, se déroule sur six ou huit tours d’arène – les textes antiques varient sur ce point – c’est-à-dire de 7 à 9 kilomètres environ.

    64Courses de quadriges et de biges pour chevaux adultes seront complétées, en 384 et 268 av. J.-C, par leurs équivalentes pour poulains, qui s’affrontent sur des distances moins longues. Toutefois, même si la synoris des poulains ne comporte que trois tours (environ 3,5 kilomètres), les courses de chars sont avant tout des épreuves d’endurance par rapport aux courses montées.

    65L’attelage du bige consiste en une caisse très légère mais richement ornée, posée sur un moyeu et deux petites roues, généralement à quatre rayons renforcés ; puis en un timon, tiré par les deux chevaux équipés d’un joug dorsal solidaire du timon. Ce joug enserre la pointe de l’épaule le plus souvent, et contrairement à ce que l’on a longtemps cru, il n’est que rarement placé au garrot. Quand il s’agit d’un quadrige, les chevaux extérieurs n’ont qu’un joug et ne sont pas rattachés au timon du char. Pour ce qui est de la conduite, le mors de bride n’apparaît qu’à l’époque romaine. Jusque-là c’est le filet qui est utilisé, mais il peut être durci pour obtenir des actions plus sévères. L’aurige tient deux guides par cheval, ce qui fait huit au tethrippon.

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    Course de quadriges
    Les auriges, vêtus d’un long chiton blanc, se penchent en avant, l’aiguillon à la main et les rênes tendues. Les chars se touchent presque, roues à roues ; l’habileté des cochers consiste à ne pas se faire accrocher, tout en serrant au plus près la borine qu’il va falloir contourner. (Musée archéologique, Tarquinia.)

    66Les attelages en lice n’excèdent pas la dizaine, ce qui dans le cas des quadriges constitue tout de même un rassemblement de quarante chevaux. La lutte est sans merci, notamment aux passages de bornes où la difficulté de la conduite est encore plus grande. On aiguillonne alors le cheval extérieur pour que son accélération accompagne le mouvement d’ensemble, tout en exerçant une action compensatrice qui empêche le char de basculer sur la gauche. Un passage de l’Oreste de Sophocle illustre parfaitement ce moment crucial : « Au bout de la piste, chaque fois qu’il devait doubler la borne, Oreste, bien maître de son attelage, la frôlait du moyeu, rendant la main sur la droite au cheval extérieur, et retenant celui de gauche… » Le but est en effet de tourner le plus court possible et il faut aux auriges une adresse, un sang-froid et un coup d’œil extraordinaires pour se faire un chemin parmi les autres équipages, et contourner la borne au plus près sans s’y accrocher.

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    Le franchissement de la borne
    Cette image d’un quadrige le montre vu de trois-quart, au moment crucial du franchissement de la borne, ici réduite à sa plus simple expression. (British Museum.)

    67N’oublions pas qu’une fois arrivé à l’extrémité orientale de l’hippodrome, l’effet du Taraxippos se fait sentir sur les chevaux, déjà excités par la course, les coups de fouet et les hurlements de la foule. Les accidents sont donc très fréquents – et souvent graves – et Pindare peut évoquer, en 462, une épreuve où un seul concurrent, le vainqueur, arrive indemne.

    68Après le dernier tournant, la trompette retentit, signalant aux attelages encore en ligne qu’ils approchent de l’arrivée. C’est alors un spectacle merveilleux que de voir les beaux coursiers, avec leur harnachement étincelant, accélérer dans un ultime effort pour la victoire. La gloire de celle-ci est tellement grande qu’elle constitue aussi, pour certains hommes d’État comme Alcibiade ou Philippe de Macédoine, une publicité politique. Dans le cas du tethrippon, on s’honore même d’une seconde ou d’une troisième place, fait contraire à l’esprit de l’agôn grec et qui prouve la renommée de cette course.

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    Course de quadriges
    L’image souligne l’allure des chevaux (galop) et la légèreté du char. Il fallait à l’aurige un grand sens de l’équilibre et une bonne expérience pour se maintenir, à grande vitesse et debout, sur un tel véhicule. (Musée du Louvre.)

    Notes de bas de page

    1 Stade Plan, 22

    2 Mont Kronion Plan, 18

    3 Stade Plan, 22

    4 Philostrate, Gymnastique, 33.

    5 J.-P. Thuillier, Les Jeux athlétiques dans la civilisation étrusque, pp.323-324.

    6 Nous avons peu d’informations sur les courses de jeunes garçons – l’autre catégorie d’âge à Olympie. Certains auteurs pensent qu’ils s’opposaient sur des distances plus courtes que celles réservées aux hommes. Il semble d’ailleurs que seule la course du stade leur était accessible.

    7 Pollux, III, 155.

    8 Autel de Zeus Plan, 19

    9 C’est le cas d’H. A. Harris, Sport in Greece and Rome, p. 31.

    10 Philostrate, Gymnastique, 11. Il reprend en écho le passage d’Hérodote.

    11 Platon, Lois, VII.

    12 Philostrate, Gymnastique, 9.

    13 Ibid., 12.

    14 Ibid., 11.

    15 Cf. la belle statue du pancratiaste Agias, vainqueur aux Jeux pythiques (musée de Delphes).

    16 Ibid., 36.

    17 Or, ils ne sont jamais présentés comme un inconvénient, mais comme un moyen d’améliorer le saut (cf. par exemple, Philostrate, Gymnastique, 55).

    18 Si certains montrent des sauteurs courant avec leurs haltères, cela peut très bien représenter un saut simple avec élan au gymnase, hors compétition. On sait d’ailleurs que les athlètes peuvent utiliser les haltères, à l’entraînement, pour d’autres exercices que le saut (échauffement, musculation, etc.).

    19 Pindare, Ve Néméenne ; Philostrate, Gymnastique, 55.

    20 Gymnase Plan, 2

    21 Stade Plan, 22

    22 Stace, Thébaïde, VI.

    23 Philostrate, Gymnastique, 31.

    24 Hippodrome Plan, 25

    25 Portique d’Agnoptos Pion, 24

    26 Pausanias, Élide, II, 20.

    27 Quelquefois, c’est une cité qui prend en charge les frais d’un équipage.

    28 Pindare, IIIe Olympique.

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    1 Stade Plan, 22

    2 Mont Kronion Plan, 18

    3 Stade Plan, 22

    4 Philostrate, Gymnastique, 33.

    5 J.-P. Thuillier, Les Jeux athlétiques dans la civilisation étrusque, pp.323-324.

    6 Nous avons peu d’informations sur les courses de jeunes garçons – l’autre catégorie d’âge à Olympie. Certains auteurs pensent qu’ils s’opposaient sur des distances plus courtes que celles réservées aux hommes. Il semble d’ailleurs que seule la course du stade leur était accessible.

    7 Pollux, III, 155.

    8 Autel de Zeus Plan, 19

    9 C’est le cas d’H. A. Harris, Sport in Greece and Rome, p. 31.

    10 Philostrate, Gymnastique, 11. Il reprend en écho le passage d’Hérodote.

    11 Platon, Lois, VII.

    12 Philostrate, Gymnastique, 9.

    13 Ibid., 12.

    14 Ibid., 11.

    15 Cf. la belle statue du pancratiaste Agias, vainqueur aux Jeux pythiques (musée de Delphes).

    16 Ibid., 36.

    17 Or, ils ne sont jamais présentés comme un inconvénient, mais comme un moyen d’améliorer le saut (cf. par exemple, Philostrate, Gymnastique, 55).

    18 Si certains montrent des sauteurs courant avec leurs haltères, cela peut très bien représenter un saut simple avec élan au gymnase, hors compétition. On sait d’ailleurs que les athlètes peuvent utiliser les haltères, à l’entraînement, pour d’autres exercices que le saut (échauffement, musculation, etc.).

    19 Pindare, Ve Néméenne ; Philostrate, Gymnastique, 55.

    20 Gymnase Plan, 2

    21 Stade Plan, 22

    22 Stace, Thébaïde, VI.

    23 Philostrate, Gymnastique, 31.

    24 Hippodrome Plan, 25

    25 Portique d’Agnoptos Pion, 24

    26 Pausanias, Élide, II, 20.

    27 Quelquefois, c’est une cité qui prend en charge les frais d’un équipage.

    28 Pindare, IIIe Olympique.

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