Atlas de l'Égypte contemporaine
| ,Partie 1. Géohistoire et géopolitique
1956 : l’agression tripartite
Texte intégral
1er janvier | 25 mars | 26 juillet | 29 octobre | 5 novembre |
Fin du condominium anglo-égyptien sur le Soudan | Fermeture de la base britannique de Moascar | Nationalisation du canal | Invasion du Sinaï par Israël | Débarquement franco-britannique |
11956 est une année charnière dans l'histoire contemporaine du pays. Elle est scandée par l’adoption d’une constitution par référendum – lors duquel les femmes votent pour la première fois –, l’accès de Gamal Abdel Nasser à la Présidence, le retrait des dernières troupes britanniques qui marque l’accès à une indépendance réelle, et la nationalisation du canal de Suez à l’origine d’une guerre. Celle-ci est désignée comme « crise » ou « expédition de Suez » côté français, ce qui euphémise sa dimension coloniale. Grâce à son leader, l’Égypte (26 millions d’hab.) s’affirme comme chef de file du combat anti-colonialiste et du nationalisme arabe.
Le discours d’Alexandrie
2En 1955, Nasser signale la livraison d’armes tchécoslovaques à l’armée égyptienne, payées avec du coton, dans la perspective d’une guerre avec Israël. Suite à cette affaire qui survient dans un contexte de Guerre froide, les États-Unis retirent leur offre d’aide financière pour la construction du haut barrage d’Assouan. Une semaine plus tard, lors du 4e anniversaire de la Révolution, Nasser effectue dans sa ville natale d’Alexandrie, place de la Liberté, un discours radiodiffusé : il annonce devant une foule en liesse la nationalisation de la Compagnie du canal de Suez, symbole de la domination étrangère, afin de financer le barrage.
La guerre et les déplacés
3Après le discours anti-impérialiste de Nasser, Britanniques et Français s’allient avec Israël pour renverser le raïs et reprendre le contrôle du canal où transite l’essentiel du pétrole en direction de l’Europe. La France veut aussi empêcher le soutien de Nasser au FLN algérien. Tsahal envahit le Sinaï jusqu’à Charm al-Cheikh et pénètre à Gaza, sous administration égyptienne depuis 1949 ; fin octobre, des raids aériens franco-britanniques bombardent l’aviation égyptienne au sol ainsi que Port Saïd, avant d’occuper la ville (novembre). Des milliers d’habitants fuient, surtout vers Alexandrie. Un cessez-le-feu survient le 6 novembre sous la pression américaine et soviétique, prélude au retrait forcé des troupes étrangères, en décembre. Une Force d’urgence des Nations unies (FUNU) est dépêchée pour séparer les belligérants, dont les soldats sont équipés de casques bleus. L’Égypte triomphe politiquement, la résistance nationale est célébrée en chansons par Oum Kalsoum et Abdel Halim Hafez.
Déclin du cosmopolitisme
4La guerre de Suez affecte la diversité culturelle, avec le départ massif des juifs, mais aussi des communautés étrangères. En novembre, le ministère des Affaires religieuses désigne les juifs d’Égypte comme « ennemis de l’État » : entre 25 000 et 40 000 personnes quittent leur pays, abandonnant biens et entreprises. Les capitaux, les institutions et les propriétés des Anglais et des Français résidant en Égypte sont séquestrés. Alexandrie, « perle de la Méditerranée », incarne la nostalgie d’un passé multiculturel perdu avec l’exil des étrangers.
Table des illustrations
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Titre | 1.6 Destruction et départ des civils à Port Saïd en octobre 1956 |
Crédits | © Bibliotheca Alexandrina |
URL | http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/37382/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 639k |
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Titre | 1.7 La guerre de Suez |
Crédits | novembre 2016 © Karine Bennafla |
URL | http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/37382/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 2,2M |
© CNRS Éditions, 2020