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Évolutionnisme et fixisme en France

 | 
Cédric Grimoult

Annexes

Annexe 2

Texte intégral

Geoffroy part de ses a priori : son aveu dans une lettre inédite

1Les deux textes qui suivent, inédits jusqu’à présent, peuvent être consultés à Caen, où je me suis rendu sur les indications laissées par F. Bourdier dans son article de 1967.

2Ms in folio 178, bibliothèque municipale de Caen, n° 92, lettre d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire à Jacques-Armand Eudes-Deslongchamps (reproduite sans correction d’ordre orthographique ou syntaxique).

3Le naturaliste normand a découvert les premiers spécimens de fossiles téléosauriens en 1817. Ceux-ci furent envoyés à Cuvier qui en donna une première interprétation au début des années 1820. Lorsque Geoffroy entreprend de combattre la fausse détermination de ces « crocodiles » que l’anatomiste parisien identifie comme des gavials du Gange, il s’en remet à Eudes-Deslongchamps, qui, d’étudiant en médecine, est devenu paléontologue.

« Paris, 29 mars 1831
Bon et savant collaborateur
je vous avais mandé [?] que je voulais écrire un mémoire
sur nos téléosaurus ; mais le dépit s’en est allé
je promettais beaucoup : pour expliquer la région jugu-
 – temporale de vos vieux habitans, j’entreprenais une
description de toutes les conformations du même ordre,
mais c’était bien des détails. Alors projet d’un exorde (?) :
prouver qu’ils n’étaient pas inutiles [...]
car l’abondance des réflexions m’a jetté
dans l’établissement d’un écrit spécial- mais du moins
celui-ci est si bien fini qu’il a été lu hier à l’académie.
je puis dire qu’il a dominé les mauvaises habitudes de la
situation et du bruit et que l’académie a écouté avec le
plus profond silence.
le titre est « du degré d’influence du monde ambiant
pour modifier les formes animales, composant le caractère
philosophique des faits différentiels ».
j’avais dit dans la sixième période du savoir zoologique
que toutes les différences venaient coïncider avec un plan unique.
aujourd’hui, j’ouvre les faits d’une septième période car cher-
 – cher à démontrer que son centre bien reconnu au point de
porter, par un plan nouveau d’études pour un systhème
philosophique de toutes les différences et plus encore de tout ce qui les cause
je ne crois point avoir jamais abordé un sujet plus élevé. »

4Le dernier passage montre que Geoffroy en est venu, grâce à la paléontologie, à trouver la cause des ressemblances qui unissent les êtres vivants. Celle-ci, à laquelle le texte fait allusion, est bien sûr l’unité de descendance, c’est-à-dire la généalogie.

5Étienne Geoffroy Saint-Hilaire est donc bien devenu transformiste entre 1825 et 1831, et son principe d’anatomie morphologique des analogues est une théorie qui se trouve à la base de ses conceptions transformistes.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

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