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Économies contemporaines du cinéma en Europe

 | 
Claude Forest

Deuxième partie. Les industries cinématographiques européennes

Le Luxembourg

Texte intégral

Tableau XLII – Luxembourg
Principaux indicateurs cinématographiques

Tableau XLII – LuxembourgPrincipaux indicateurs cinématographiques

1Plus petit territoire européen (3 000 kilomètres carrés pour 420 000 habitants), le Luxembourg ne possédait plus que 17 salles durant la dernière décennie, contre 52 il y a quarante ans, sa fréquentation étant passée de 5 millions d’entrées (1956-59) à un minimum de 510 000 en 1989. L’étroitesse géographique du marché explique que toute variation de l’offre influe fortement et immédiatement sur la consommation, ce qui s’est produit en 1997 avec la création de l’unique multiplexe du duché, le Kinépolis du groupe Utopia (10 écrans), principal opérateur du pays qui regroupe plus des trois quarts des recettes nationales, ce multiplexe provoquant la fermeture d’un des neuf établissements ; les trois exploitants présents sur le marché (Utopia, CDAC, Kursaal/Caramba) se partagent les sept mono-salles et le complexe de cinq écrans survivants. Cette création a sans conteste permis de doubler une fréquentation qui s’était stabilisée depuis dix ans et avait commencé à s’accroître l’année précédente, permettant au Luxembourg d’enregistrer l’une des meilleures fréquentations annuelles en salles de l’UE.

2Si la faiblesse de la production nationale – un à trois films par an jusqu’à une période récente – implique une domination de son marché par les cinématographies étrangères, la place laissée aux Américains est certes importante, mais peu éloignée de celle d’autres pays (80 à 90 % des entrées), alors qu’elle accueille favorablement les productions européennes (15 à 20 % de pdm). La distribution physique des films est assurée par des distributeurs belges, l’étroitesse du marché ayant interdit l’existence durable d’une société nationale de distribution.

Sources : M.Gyory et G. Glas, MEDIA Salles
Figure 98 – Fréquentation et parc de salles au Luxembourg : 1955-1999

3Si le cinématographe Lumière arrive dès 1896 et que les salles fixes apparaissent en 1907, les quelques tournages qui s’effectueront ensuite sur le territoire seront extrêmement limités, ainsi que les cinéastes. Il faut mentionner la notable exception de l’après-guerre, celle de M. Philippe Schneider qui joua, seul, le rôle de conservateur, producteur, réalisateur, mais principalement de documentaires ou de publicités. Il faudra attendre 1968 pour qu’apparaisse le premier long-métrage de fiction national, et 1981 pour voir le premier film tourné en langue luxembourgeoise. Si les amateurs existent bien, jusqu’à la fin du xxe siècle il n’est pas possible de parler de production professionnelle, ni d’industrie du cinéma au Luxembourg.

4À l’exception de quelques commandes de films publicitaires, l’État a été également absent jusqu’en 1988, tant dans la réglementation que dans le soutien financier à l’industrie.

5La première institution de l’État dans le domaine audiovisuel a été le Centre national de l’audiovisuel (CNA) créé par la loi du 18 mai 1989, placé sous la tutelle du ministère de la Culture. Sa mission est essentiellement culturelle, patrimoniale (archivage, ouverture aux chercheurs et au public), de dépôt légal et de promotion.

6Sur le plan économique, il faudra attendre la loi du 11 avril 1990 pour que soit créé le Fonds national de soutien à la production audiovisuel le (FONSPA), rattaché au ministère de la Culture via l’administration du CNA. Sa mission est de promouvoir et d’encourager la production, coproduction et distribution d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles, et il fonctionne sur le mode de l’aide sélective inspirée de l’avance sur recettes française. Son budget est alimenté par une dotation de l’État et par des dons entraînant des avantages fiscaux pour les donateurs.

7Pour favoriser l’investissement dans le secteur, différentes lois (dites « des certificats d’investissement audiovisuel ») vont instaurer à partir de 1988 un régime spécial pour ces certificats, permettant d’importantes réductions fiscales pour les personnes physiques (jusqu’en 1993) et morales qui apportent des fonds dans la production audiovisuelle. Le principe en est un abattement sur le revenu (limité à 30 % de ce revenu imposable) et constitue donc une mesure d’abri fiscal (tax shelter). Modifié en 1993, puis en 1999, son succès même a nécessité l’introduction de renforcements dans son utilisation (obligation de tourner en studio au Luxembourg, etc.), l’essentiel de la production audiovisuelle luxembourgeoise étant cependant constituée de téléfilms et de documentaires. Sur les dix premières années de fonctionnement de l’aide, le FONSPA a soutenu plus de la moitié des 210 œuvres audiovisuelles produites, le tiers d’entre elles étant produites par une société, SAMSA, un autre tiers par trois sociétés, et le dernier tiers par une cinquantaine d’entreprises, souvent créées pour un seul projet.

Source : FONSPA
Figure 99 – Production audiovisuelle Luxembourgeoise : 1989-1999

8Si cette aide a indéniablement permis d’accroître la production luxembourgeoise, force est de reconnaître qu’elle n’a pas encore favorisé l’émergence d’une cinématographie nationale. Les réalisateurs luxembourgeois, compte tenu de l’étroitesse du marché national, préfèrent travailler pour la télévision, et les ambitions des producteurs doivent clairement être tournées vers l’international pour survivre.

Table des illustrations

Titre Tableau XLII – LuxembourgPrincipaux indicateurs cinématographiques
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/3367/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 278k
Légende Sources : M.Gyory et G. Glas, MEDIA SallesFigure 98 – Fréquentation et parc de salles au Luxembourg : 1955-1999
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/3367/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 196k
Légende Source : FONSPAFigure 99 – Production audiovisuelle Luxembourgeoise : 1989-1999
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/3367/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 213k

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