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Économies contemporaines du cinéma en Europe

 | 
Claude Forest

Deuxième partie. Les industries cinématographiques européennes

Le Danemark

Texte intégral

Tableau XXXII – Danemark
Principaux indicateurs cinématographiques

Tableau XXXII – DanemarkPrincipaux indicateurs cinématographiques

Situation contemporaine

1Petit pays de 5 millions d’habitants, victime d’une désaffection de ses salles qui a suivi une pente moins vive qu’en d’autres nations, le Danemark n’a enrayé la baisse des entrées que récemment (1992-1995). Après avoir perdu les quatre cinquièmes de ses entrées en quarante ans (59 millions, au maximum de 1953 ; 11 millions en 1999), son actuelle fréquentation annuelle moyenne (≈ 2 entrées par habitant) est demeurée inférieure à la moyenne européenne. Les variations récentes de la fréquentation s’opèrent sans lien avec la taille ou la composition du parc, qui n’a cessé de se restreindre jusqu’en 1995, tant en nombre d’établissements que d’écrans, ce qui est rare en Europe de l’Ouest. Les fermetures nettes d’établissements ont d’ailleurs touché les mono-écrans comme les petits complexes jusqu’à cinq écrans, pour atteindre le minimum de 1995 avec 309 écrans au total, dont 100 en mono-écran et 60 en complexes de deux écrans.

2À la fin du xxe siècle, le parc n’avait toujours pas achevé sa mutation, et l’étroitesse géographique du pays (43 000 kilomètres carrés) limite les implantations de grands complexes, même si Copenhague abrite l’un des plus anciens multiplexes d’Europe, le Palads Teatret (17 écrans, 2 300 fauteuils), qui appartient à la Nordisk Film, ainsi que le second plus important du pays, à Odense (9 écrans). Les complexes représentent 40 % des établissements, et les 10 % les plus performants rassemblent 60 % des entrées.

3La concentration dans l’exploitation s’est vue renforcée ces dernières années, d’abord au niveau géographique puisque les trois premières villes (Copenhague, Odense, Aarhus) rassemblent moins du cinquième de la population mais plus de la moitié des entrées et recettes (53 % en 1999). La concentration économique augmente également : les trois premiers circuits (Nordisk Films, Dagmar Scala, Biograf Kompagniet) qui rassemblaient moins du cinquième des écrans en 1995 en représentaient le tiers en 1999 et généraient 53 % des entrées. La Nordisk, premier exploitant (15 % des écrans, 30 % des entrées en 1998), est aussi distributeur et a connu de nombreux rebondissements au début des années quatre-vingt-dix (affaire Paretti/Crédit Lyonnais), Pathé en ayant pris le contrôle (Pathé Nordisk Film Distribution), puis la MGM. De son côté, l’alliance entre Warner et Metronome a permis au nouveau groupe de posséder 4 à 5 % du parc, rivalisant avec Aalborg, cinquième circuit de même taille.

Source : Danish Film Institute
Figure 71 – Fréquentation et pdm des films au Danemark : 1980-1999

  • 1 Notamment Lars Von Trier (prix technique à Cannes en 1984 et palme d’or 2000), Gabriel Axel (oscar (...)

4La fréquentation la plus forte se situe traditionnellement durant les premiers mois de l’année (janvier à mars), la plus faible à la fin du printemps (mai et juin). Le marché est entièrement dominé depuis la fin des années quatre-vingt par les films états-uniens dont l’irrégulière pdm varie aujourd’hui entre 60 et 85 %, alors qu’elle était minoritaire avant 1982, le cinéma danois représentant alors le quart des entrées. La fréquentation générale suit globalement celle des films danois, dont la pdm varie désormais entre 8 et 25 %, ce qui constitue une performance non négligeable avec une production de seulement dix à vingt titres par an, mais une série de récompenses internationales a attiré l’attention sur une nouvelle génération d’artistes1. La part relativement plus faible qu’elle laisse au cinéma américain est due en partie à cette surprenante résistance du cinéma national, mais également au bon accueil fait aux autres cinématographies européennes (10 à 15 % de pdm chaque année) qui placent leurs titres en tête du B-O. La pdm du film français (5 à 20 titres par an) demeure cependant très modeste (2 à 4 % par an) et, comme ailleurs, extrêmement tributaire de quelques titres ; l’essentiel du catalogue est distribué par de petits distributeurs (Camera Films, All Right Films, Ost For Paradis, etc.).

Source : Danish Film Institute
Figure 72 – Origine des films distribués au Danemark : 1986-1999

5Globalement, le nombre de nouveaux films mis en distribution a sévèrement diminué, pour passer de 200-250 titres annuels dans les années quatre-vingt à 120-180 durant la dernière décennie. Les deux tiers d’entre eux sont de nationalité américaine, et il est logique que parmi les principaux distributeurs apparaissent les filiales de Majors états-uniennes (Buena Vista, UIP, Warner). Une entreprise allemande, Constantin, est également présente, ainsi que la dernière entreprise nationale d’importance, la Nordisk, qui enregistre des résultats inégaux. La concentration des entrées et recettes est extrêmement forte, les deux premiers distributeurs en réalisant près de la moitié, les cinq premiers plus de 90 %.

6Au niveau de la production cinématographique, la Nordisk Film s’est rapidement assuré une position dominante au sein de l’audiovisuel, en connaissant son apogée mondial à l’époque du cinéma muet ; depuis, son champ d’action se limite aux pays Scandinaves. Elle possède une cinquantaine de cinémas, dont les plus importants sont situés au centre de Copenhague, qui constituent sa principale source de rentabilité devant la production cinématographique et la distribution de films et de cassettes vidéo. La Nordisk Film s’est développée à partir du cinéma et est désormais présente dans l’ensemble de l’audiovisuel et sur les nouveaux marchés multimédias. Le changement du nom de Nordisk Film en Nordisk Film & TV A/S en 1997 entérine l’importance croissante de la production de télévision.

Sources : Danish Film Institute, Unijrance
Figure 73 – Pdm des distributeurs (recettes 1996 à 1999)

Le soutien de l’État à l’industrie cinématographique

7Le Film Act de 1972 a posé les fondements de la structure de la production danoise, notamment en assignant au Danish Film Institute, institution d’État indépendante, la mission de soutenir des films à risques ayant valeur artistique.

8L’aide à la production de l’Institut danois du film est la mesure la plus importante financièrement : elle est proportionnelle au budget de production (ou à l’investissement danois dans une coproduction) et prend la forme soit d’un prêt sans intérêts, soit d’une garantie de prêt. Une aide analogue peut être accordée par le Fonds de coproduction de la RTV danoise. Un soutien aux scénarios est accordé à des producteurs de films ou à des auteurs de scénarios sous la forme de prêts sans intérêts destinés à être remboursés sur les recettes du film qui sera réalisé à partir du scénario.

9Le distributeur qui importe des films de valeur artistique peut se faire rembourser tout ou partie des frais de copie, traduction, sous-titrage et marketing. Il existe également une aide à l’exploitation qui consiste en une subvention à l’équipement ou à la modernisation de salles.

10Le taux de TVA sur le prix des places de cinéma est de 25 % depuis 1991, auquel s’ajoutent des droits musicaux à hauteur de 1 % de la recette guichet. Il n’existe pas de taxe locale ou nationale spécifique au cinéma.

11Le délai de sortie en vidéo est de douze mois pour les films danois, de six mois pour tous les autres ; pour la télévision, de dix-huit mois pour les films danois et d’au moins ce délai pour les autres films.

Notes

1 Notamment Lars Von Trier (prix technique à Cannes en 1984 et palme d’or 2000), Gabriel Axel (oscar du meilleur film étranger en 1988), Bille August (palme d’or à Cannes en 1988), etc.

Table des illustrations

Titre Tableau XXXII – DanemarkPrincipaux indicateurs cinématographiques
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/3357/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 271k
Légende Source : Danish Film InstituteFigure 71 – Fréquentation et pdm des films au Danemark : 1980-1999
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Légende Source : Danish Film InstituteFigure 72 – Origine des films distribués au Danemark : 1986-1999
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/3357/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 257k
Légende Sources : Danish Film Institute, UnijranceFigure 73 – Pdm des distributeurs (recettes 1996 à 1999)
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/3357/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 267k

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