Tableau XXX – Belgique
Principaux indicateurs cinématographiques

L’industrie cinématographique belge contemporaine

1Petit pays de 31 000 kilomètres carrés pour 10 millions d’habitants, la Belgique est l’un des pays européens qui ont le plus souffert du désintérêt des spectateurs pour le cinéma. En accueillant plus de 116 millions au début des années cinquante, elle s’est stabilisée à moins de 20 millions d’entrées au cours des années quatre-vingt-dix. Après son minimum de 1988 (15,6 millions d’entrées annuelles, soit 1,6 entrée annuelle en moyenne par habitant), la fréquentation s’est significativement redressée depuis pour retrouver son niveau des années soixante-dix.

2Le volume de la production belge n’a cessé de croître pour passer d’une poignée de films, il y a trois décennies, à une douzaine au cours des années quatre-vingt, et au double la décennie suivante. Ce redressement quantitatif a essentiellement été dû à la multiplication des coproductions, entre régions d’abord, puis avec les autres pays grâce au soutien des institutions européennes.

3La Belgique est historiquement le second pays d’Europe à avoir développé des multiplexes, deux des plus grands étant sur son sol, et ce développement a sans conteste aidé à la stabilisation puis à la reprise de la fréquentation. Depuis longtemps, le parc de salles et les entrées se sont concentrés autour de quelques villes, la capitale Bruxelles représentant 15 % des écrans, mais le tiers des entrées ; quatre autres villes représentent 45 % des entrées nationales (Anvers, Charleroi, Gand et Liège). La partition linguistique du pays (le tiers des habitants est francophone, les deux tiers néerlandophones) se retrouve également au niveau de l’exploitation cinématographique, la région wallonne (francophone) représentant un peu plus du tiers des écrans, mais moins du tiers des entrées, la région flamande (néerlandophone) la moitié du parc, mais moins de 40 % des entrées.

4Le parc est passé de 1 585 écrans à son apogée de 1957 à 500 écrans en 1980, pour continuer à légèrement décroître jusqu’à 429 en 1991, puis remonter à nouveau vers 500 écrans au début du xxi^e siècle, bien que la vague de fermeture des établissements n’y soit toujours pas achevée (135 établissements en 1999). La course aux grands équipements, qui sont les seuls à avoir progressé lors de la dernière décennie, n’a donc pas compensé les fermetures, certaines d’entre elles étant provoquées par leur apparition même, à l’instar du mouvement lié à l’apparition des complexes au début des années soixante-dix. La première génération de salles, les mono-écrans, ne représente désormais qu’un peu plus du tiers des établissements tandis que les multiplexes rassemblent 44 % des écrans (1999).

5La faillite (1993) d’un groupe d’exploitation appartenant au baron Heylen a renforcé la concentration belge et provoqué une situation quasi duopolistique, l’UGC se partageant la Belgique avec le groupe d’Albert Bert. La société Bert-Clayes, présente sur tout le territoire sous l’enseigne Kinépolis, possède 107 écrans (1998) mais en programme une centaine (le quart du parc) qui enregistrent la moitié des entrées nationales. Elle a construit les plus grands multiplexes d’Europe et possède la majorité de ceux implantés en Belgique : le Kinépolis de Bruxelles (25 écrans dont un Imax, plus grand établissement d’Europe – 2000), le Métropolis d’Anvers (24 écrans, 8 500 fauteuils, 3 millions d’entrées en 2000), les Kinépolis d’Haaselt et de Liège (14) et le Decascoop de Gand (12). Le groupe est particulièrement présent en Flandre (deux tiers des entrées totales) et à Bruxelles (la moitié des entrées), mais a délaissé la région wallonne, ne possédant que des établissements à Liège, dont un multiplexe (1,5 million d’entrées en 1999). ĽUGC-Belgique est le second groupe du pays, implanté depuis longtemps à Bruxelles (plus de 40 % des entrées) avec trois grands établissements dont l’UGC-De Brouckère, premier multiplexe situé en centre-ville qui a d’ailleurs connu toutes les évolutions : mono-écran à l’origine, puis grand complexe de 8 écrans avant de passer à 12 écrans, comme l’UGC Toison d’or. De facto, les deux principaux groupes s’accordent sur la programmation bruxelloise et se partagent les films à potentiel commercial. Dans cette ville, les autres cinémas indépendants sont des mono-écrans et des petits complexes qui représentent moins de 10 % des entrées. Gaumont avait créé un multiplexe dans le centre-ville d’Anvers en 1997, mais avec des résultats décevants (un million d’entrées en 1999 pour 23 millions d’euros investis) qui l’ont forcé à vendre son établissement à l’UGC (2000).

6A côté de ces deux groupes présents sur tout le territoire, il existe quelques sociétés régionales, dont Drieghe, le groupe Carpentier, ou Rastelli, essentiellement présent à Louvain (16 écrans, 5 % des entrées nationales), Jean Hanne, en monopole sur Charleroi (5 établissements, 26 écrans dont le Carollywood de 14 écrans, 2 % de part de marché), et le distributeur Belga en Wallonie (15 écrans, 3 % des entrées).

La distribution des films

7Chaque année, 300 à 500 titres sont distribués en Belgique, parmi lesquels près de la moitié sont américains (148 sur 311 en 1997). La production belge est très fluctuante, mais de faible niveau (8 à 30 titres chaque année) et ne représente qu’une infime part des entrées globales (2 à 4 %), essentiellement dominées par les films américains (70 à 80 %) qui trustent chaque année sept à neuf des dix premières places du B-O. La part de marché des films français (80 à 100 titres par an) avoisine les 10 %, dont le tiers est réalisé dans la ville de Bruxelles. Leurs distributeurs sont principalement des petites structures, comme Les Films de l’Élysée (3 % des entrées belges en 1997, mais 29 % des films français), Alternative ou Cinéart, même si occasionnellement un major y participe (comme Buena Vista, 27 % des entrées des films français en 1997).

8Les principaux distributeurs sont des filiales de Majors états-uniennes, les trois premiers réalisant les deux tiers des entrées (Buena Vista, Columbia et UIP), les cinq premiers 80 à 90 %.

Le soutien de l’État à l’industrie cinématographique

9Trois régions (Wallonie, Flandre, Bruxelles) à caractère socio-économique ont été créées par la Constitution belge, ainsi que trois Communautés (francophone, néerlandophone, germanophone) à caractère essentiellement linguistique et culturel. Chacune est dotée d’un Conseil, qui a le pouvoir de légiférer par décrets, et d’un exécutif. Les compétences de la Communauté française s’étendent à la Wallonie et à Bruxelles (francophone), celles de la Communauté flamande à la Flandre et à Bruxelles (néerlandophone), celles de la Communauté germanophone étant circonscrites aux Cantons de l’Est. Dans le domaine des industries culturelles, l’octroi des aides automatiques au cinéma ainsi que la publicité dans les médias de l’audiovisuel ont été transférés aux Communautés depuis 1991. Le ministère de la Communauté française gère les aides au cinéma, à la vidéo, aux télévisions communautaires et à la presse ainsi que l’octroi des dotations à la RTBF.

10Un Centre du cinéma et de l’audiovisuel de la Communauté française de Belgique a été créé en 1994 et est financé par le budget de la Communauté française et par les contributions réglementaires des chaînes de télévision (17 millions d’euros en 1998). Le tiers est consacré à l’aide sélective à la production. Côté flamand, l’étroitesse du territoire et des débouchés exclut la rentabilité des budgets et limite les fonds publics attribuables, même si un fonds d’aide à la création, spécifique à la Wallonie et calqué sur les aides régionales françaises, vient d’être institué (1999).

11Au niveau national, le ministère des Affaires économiques a pour compétence l’aide économique automatique et les conventions de coproductions internationales. L’aide à la production revêt deux formes :

• des aides sélectives qui s’adaptent aux différents stades de l’élaboration d’un film et peuvent se cumuler. Elles concernent des films culturels belges dont le projet et le scénario sont rédigés en langue française et dont le tournage doit avoir lieu en Belgique. Elles sont octroyées sous forme d’avances sur recettes remboursables sur les recettes nettes du film après récupération par le producteur de son apport personnel.
• l’aide automatique à la production concerne tous les films exploités en salles et reconnus comme belges (en fonction de la nationalité du producteur, du personnel technique et du lieu de tournage). Elle est versée aux producteurs, sans obligation de réinvestissement, sous forme de primes proportionnelles aux recettes des cinq premières années d’exploitation des films diffusés dans les salles belges (sans dépasser le coût du film).

12Une subvention à la promotion et à la diffusion en Belgique francophone est versée à des festivals nationaux et internationaux de longs ou courts métrages ainsi qu’à des associations de promotion cinématographique ; il existe par ailleurs une aide aux ciné-clubs et à la diffusion de films non commerciaux.

13Une aide automatique à l’exploitation a été mise en place, via un pourcentage de 0,5 % de la recette brute accordé à l’exploitant de la salle pour tout film projeté (long ou court métrage) qui a été reconnu comme belge. De même, un pourcentage de 0,15 % est accordé pour toute projection d’un film auquel a été reconnue la nationalité de l’un des autres États membres de la CEE.

14Pour la TVA, le prix net des billets de cinéma est taxé au taux réduit de 6 %. Il n’existe pas de taxe nationale spéciale pour le cinéma, mais des taxes locales sur les spectacles (de 0 à 18,7 %).