Tableau XXIX – Autriche
Principaux indicateurs cinématographiques

L’industrie cinématographique autrichienne contemporaine

1Petit pays du centre de l’Europe (8 millions d’habitants sur 84 000 kilomètres carrés), après le minimum historique de 1992 (9,3 millions d’entrées), l’Autriche accueille désormais 15 millions de spectateurs, contre 76 millions il y a trente ans, mais 122 millions lors de son maximum de 1958, ses 1 250 salles ayant été divisées par trois depuis, malgré une pose dans la désaffection des salles de 1976 à 1984. Avec moins de 1,9 sortie annuelle par habitant (1999), le rythme de fréquentation autrichien demeure sous la moyenne européenne, malgré une stabilité du prix des places sur la décennie et un prix relatif parmi les plus faibles d’Europe.

2La fréquentation a redémarré en 1993 comme dans la plupart des pays européens, et cela en l’absence même d’apparition de grands complexes ou de modernisation du parc. Le premier complexe a ouvert ses portes en 1979, mais jusqu’en 1994 le pays ne comptait que trois établissements de plus de 6 écrans, dont le plus grand, le Kolosseum de Vienne, ne comprenait que 8 écrans, le premier complexe étant apparu à Vienne en 1979. La fermeture des établissements n’avait toujours pas cessé à la fin du xx^e siècle, même si le nombre d’écrans s’est stabilisé après son minimum de 1995 (379 écrans pour 250 établissements), importance des mono-écrans (75 % des établissements), qui ne cessent de fermer leurs portes, et le faible nombre de grands complexes appelaient une restructuration du parc qui n’a réellement débuté qu’à la fin des années quatre-vingt-dix.

3Le marché autrichien est fortement concentré, tant géographiquement que pour ses entreprises d’exploitation cinématographique. Avec seulement le quart des habitants et le tiers des écrans, quatre villes regroupent les deux tiers des entrées ; Vienne en enregistre à elle seule 40 % et trois autres villes plus de 20 % (Linz, Graz et Innsbruck). Cette concentration géographique tend à s’accentuer puisque les principales implantations de grands complexes (sept sur neuf en 1999) se sont effectuées dans ces villes.

4Jusqu’à la fin du xx^e siècle, l’exploitation a été contrôlée par un duopole, qui représentait la moitié des écrans et les trois quarts des entrées.

5Constantin Film est la principale société cinématographique autrichienne, qui intègre les fonctions de distribution, d’exploitation et de programmation. Elle programme 36 % des écrans nationaux et regroupe la moitié des entrées ; elle possédait 69 écrans et en programmait 142 au total (1996). Elle est par ailleurs l’un des principaux distributeurs autrichiens (et celui qui importe le plus de films français).

6Kiba – Wiener Stadthalle est la seconde entreprise d’exploitation, programme 15 % des écrans et enregistre le quart des entrées, mais la moitié sur Vienne où elle est le plus fortement implantée depuis sa création en 1926 par la municipalité. Kiba travaille principalement avec UIP et accessoirement avec les autres Majors états-uniennes, mais programme à 90 % des films de ce pays.

7L’arrivée des Américains à Vienne (UCI Kinopalast, 9 écrans) fin 1994, puis à Graz (UCI, 8 écrans, 1995), qui sont rapidement devenus le quatrième groupe du pays, a poussé l’exploitation nationale à réagir pour rattraper son retard sur les autres pays européens en matière d’équipement. Le premier véritable multiplexe (le Hollywood Megaplex, 12 écrans) a été construit par les Autrichiens en 1995 à Pasching, près de Linz ; il sera suivi de deux autres (12 et 10 écrans) à Vienne et à Wals en 1996, et d’un autre (11 écrans) à Graz en 1998, permettant à un troisième groupe, Kinobetriebs, de prendre une dimension nationale (14 % de pdm en 1997).

8La saisonnalité est assez forte avec un rapport du simple au double entre le mois le plus faible (juin) et le meilleur (décembre). La concentration des entrées sur quelques films est significative, les dix premiers titres représentant plus du tiers des entrées, huit ou neuf sur dix étant américains. Les films américains représentent la moitié des titres diffusés (120 à 140 par an), mais les trois quarts des entrées. La sortie d’un film de ce pays comporte une trentaine de copies en moyenne (5 à 50), celle d’un film français quatre ou cinq. Parmi les dix premiers succès annuels qui représentent environ le tiers des entrées annuelles (30 % en 1998), un film national arrive à se glisser, surtout depuis le sursaut de la production enregistré au début de la dernière décennie1. Les principaux distributeurs de la vingtaine de films français sont Constantin (les deux tiers des entrées de ces films) et Polyfilm (≈ 20 % des entrées).

Le soutien de l’État à l’industrie cinématographique

9En Autriche, le soutien public au cinéma provient essentiellement de l’État fédéral, un cinquième des aides étant issu des provinces ou des communes. L’intervention publique est significative (22 millions d’euros en 1995), les deux tiers étant des aides directes. Le ministère fédéral de l’Éducation, des Arts et du Sport est le principal intervenant public autrichien via son département Cinéma, Vidéo et Photographie qui gère toutes les interventions concernant ces domaines, principalement grâce au Fonds pour le film autrichien (Österreichischer Filmförderungsfunds – ÖFF – avec un budget de 11 millions d’euros en 1999), mais également par la coordination des travaux du Conseil consultatif en matière de cinéma, des cinémathèques, etc. Les services culturels des provinces accordent des aides sélectives, diverses et très inégales : Vienne en représente le tiers, suivie de Salzbourg et du Tyrol (la moitié), les cinq autres provinces n’y contribuant que modestement.

Au niveau fédéral

10Les aides à la promotion sont définies par une loi de novembre 1980, et plus de la moitié de la totalité des aides consiste en une subvention sélective à la production, attribuée par l’ÖFF, qui permet de financer 20 à 40 % du budget de cinq ou six films annuels (la télévision intervient en général en coproduction sur ces projets soutenus). Le ministère aide également les films innovateurs (films à faible budget, expérimentaux, etc.) qui peuvent être subventionnés lors de l’écriture des scénarios.

Au niveau régional

11Chaque région intervient spécifiquement : la Haute-Autriche subventionne la production de films à valeur culturelle et l’aménagement de laboratoires. Le Tyrol soutient la production de documentaires et de films culturels, tandis que les films de fiction et documentaires se référant à la province sont soutenus au Vorarlberg ; la ville de Vienne intervient par des commandes de films, sous réserve de retombés économiques favorables à la région, particulièrement l’utilisation des studios de Rosenhügel rénovés avec l’aide de la ville en 1994.

Mesures indirectes

12Le taux de TVA sur les tickets dans les salles est réduit à 10 % ; il en est de même pour l’activité des producteurs et pour les transferts de droits d’auteurs.

13Il n’existe pas de taxe fédérale pour les cinémas, mais les provinces peuvent appliquer au cinéma la taxe ordinaire sur les spectacles (de 0 à 10 % suivant les provinces) et instaurer une redevance en faveur des mutilés de guerre (taux de 0 à 10 %).

14Les délais de diffusion des œuvres cinématographiques sont peu favorables aux salles : deux mois avant une exposition sur une chaîne de télévision par abonnement, quatre à six mois en vidéo, huit mois avant leur diffusion sur une chaîne de télévision ordinaire.