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L’encyclopédie ou la création des disciplines

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Martine Groult

Deuxième partie. Les sciences des arts et de la nature

Rôle et statut de l’image dans l’Encyclopédie

Madeleine Pinault Sørensen

Texte intégral

1L’Encyclopédie est au cœur de la vie et de la pensée de Diderot de 1746 à 1771, date de parution du dernier volume de planches. Au cours de ces années, tout en écrivant d’autres textes, le chantier encyclopédique occupe Diderot de près et de loin et c’est ainsi que son œuvre personnelle est émaillée de réflexions acquises lors de ses lectures en vue de la rédaction ou de la correction de tels ou tels articles.

2Pour mieux comprendre la fabrique des volumes de planches de l’Encyclopédie, il faut prendre en compte les phases essentielles de la formation de la documentation nécessaire à la fois pour les textes et les planches. L’histoire de la fabrication des planches de l’Encyclopédie se découpe en trois phases d’esprit très différent et bien distinctes : la première est de courte durée puisqu’elle ne comprend que les événements des années 1744 et 1745, la deuxième, les années 1745-1759, et la troisième période s’étale de 1759 à 1772, date de la publication du dernier volume de planches. Cette étude à partir de bases précises montre très clairement que Diderot n’avait aucune « philosophie » en ce qui concernait les volumes de planches et qu’il a travaillé au coup par coup en fonction des sources qu’il avait à sa disposition. Les planches de l’Encyclopédie vont nous montrer très clairement que la réflexion de Diderot et de ses collaborateurs ne s’est pas portée sur ce sujet, qu’il s’agisse des sciences ou des métiers, mais sur l’image, ou plus précisément sur la manière de représenter et d’expliquer un sujet à partir d’une image. L’image va prendre au fur et à mesure de la publication de l’Encyclopédie une place essentielle au point qu’elle peut être désignée comme une partie intégrante de l’ouvrage, non seulement du point de vue chronologique mais surtout du point de vue intellectuel.

3Trois points sont abordés ici : le premier concerne la formation de la documentation des encyclopédistes, le deuxième la présentation des volumes de planches, le troisième, les explications des planches. Ces trois points vont nous permettre de voir quel rôle Diderot a donné à l’image.

La documentation réunie pour le chantier Encyclopédique

  • 1 Ce point, trop important pour être pris en compte dans cet article, a fait l’objet d’une communicat (...)
  • 2 Signé Ludovicus Dempsey Dublin Sculpsit 1739 dans l’édition de Dublin, R. Gunne, 1742, conservée à (...)

4Au moment, le 16 octobre 1747, où Diderot devient directeur avec Jean Le Rond d’Alembert (1717-1783) de l’Encyclopédie, une importante documentation a déjà été réunie par la première équipe formée d’André-François Le Breton (1708-1779), Gottfried Sellius (1704-1767) et John Mills (vers 1716- ?), puis par l’abbé Jean-Paul Gua de Malves (1712-1786), le premier directeur. Elle comprend les planches gravées de la Description des Arts et Métiers 1, dont nous connaissons la liste par le petit carnet noir de René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757) conservé aujourd’hui à la Newberry Library de Chicago, des papiers venant de l’Observatoire, qui ne sont peut-être pas tous sur l’astronomie, ceux réunis par Sellius dont on ignore le contenu, ceux de Samuel Formey (1711-1797) qui ne contiennent vraisemblablement pas de dessins, des 20 planches de la Cyclopœdia de Ephraïm Chambers (1680 ?-1740), placées dans le premier volume où figure également un Frontispice qui reprend la gravure de Sébastien Leclerc (1634-1714)2. Les planches de la Cyclopœdia n’abordent que quelques sujets qui formeront les bases du projet initial des Libraires de donner deux volumes de planches. Chaque sujet comporte une planche différente ; ce sont l’architecture, les sciences exactes qui comprennent l’algèbre et l’analyse, les coniques, la gnomonique, la géométrie, la mécanique, l’optique, la perspective, la pneumatique, l’arpentage, la trigonométrie, l’hydraulique et l’hydrostatique que l’on retrouve dans la première partie du volume V des planches, l’astronomie, la géographie, l’hydrographie, l’histoire naturelle, les fortifications et l’héraldique. Une planche est consacrée à des Miscellany comme la presse à imprimer ou le pantographe. Une planche reproduit A ship of War of the third Rate With Rigging etc. at Anchor et au-dessous une coupe d’un bateau de premier rang, que l’on retrouve dans le chapitre « Marine ». Les planches de la Cyclopœdia sont dans leur majorité copiées sur des modèles antérieurs. Pour celles en quatre parties consacrées à l’anatomie, ce sont naturellement les planches de la célèbre De Huntani Corporis Fabrica (Bale, J. Oporinum, 1543) d’Andréas Vesalius (1514-1564) qui servent de modèles.

5Le graveur de la Cyclopœdia n’ayant vraisemblablement pas reçu d’indications précises, les planches ne sont pas conçues d’une manière didactique et le plus souvent elles comportent plusieurs parties qui s’enchevêtrent ; ainsi celle consacrée au « Blason » contient 90 figures serrées les unes contre les autres, ce qui la rend pratiquement illisible. L’Encyclopédie conserve beaucoup de figures de la Cyclopœdia mais de nombreux changements seront apportés pour remédier à ces inconvénients ne serait-ce qu’en multipliant les planches. Par exemple, les planches concernant la partie mathématique seront décomposées dans l’Encyclopédie, ce qui permet un allégement et une plus grande lisibilité : la seule planche de la Cyclopœdia consacrée à la « Géométrie » est dans l’Encyclopédie décomposée en cinq planches contenant 105 figures. Il en va de même pour la « Trigonométrie » en deux planches de 31 figures. Certains changements apparaissent dans l’Encyclopédie par rapport à leur modèle : ainsi la figure 89 consacrée à l’altitude et publiée dans la planche V de la « Géométrie » de l’Encyclopédie montre un phare alors que c’est une tour qui est représentée dans l’ouvrage de Chambers. Dans l’une des planches de la « Perspective », le personnage vêtu à la mode du xviie siècle est devenu une figure drapée à l’antique dans l’Encyclopédie (cf. ici p. 43). Dans les planches sur l’anamorphose, l’homme de Chambers est devenu une femme dans l’Encyclopédie. Bien d’autres exemples pourraient être proposés.

  • 3 Londres, 1704, 1708, D. Brown, 1710,1736, 2 volumes ; Supplément, 1744. C’est la première encyclopé (...)

6À ces planches essentielles pour la formation de l’Encyclopédie s’ajoutent les figures que l’on trouve dans le Lexicon Technicum, or an Universal English Dictionary ofthe Arts and Sciences de John Harris (1667 ?-1719)3 traitant de l’héraldique, de la géométrie et de l’hydraulique. Des tableaux sont consacrés aux caractères chimiques, aux principes de fortifications, aux tables d’astronomie, des longitudes et des latitudes, d’arithmétique. Plusieurs planches sont placées hors texte et sont consacrées à des instruments scientifiques, l’anatomie humaine avec une planche consacrée à la myologie et à l’ostéologie en quatre figures et une autre au système sanguin, aux cinq ordres architecturaux, aux fortifications. La planche consacrée au Vaisseau de Premier rang est très proche, comme l’était également celle de la Cyclopædia, de celle déjà citée, publiée dans le chapitre « Marine ». Les planches sont accompagnées d’explications mais des renvois sont également faits dans les articles. L’auteur présente la planche sur le système général des artères comme originale mais celle de l’artère cervicale gauche est copiée sur un mémoire de Bergerus publié dans les Acta Eruditorum – sans doute ceux de Leipzig (1698, p. 295).

7Les planches du Spectacle de la Nature, ou Entretiens sur les particularités de l’Histoire naturelle qui ont paru les plus propres à rendre les jeunes gens curieux et à leur former l’esprit (8 t. en 9 volumes parus entre 1732 et 1750 chez la Veuve Estienne à Paris) de l’abbé Noël Pluche (1688-1761) sont également l’une des bases de celles de l’Encyclopédie. Ces planches sont variées et portent aussi bien sur les sciences exactes, l’histoire naturelle, les métiers. Elles sont gravées par des artistes réputés, Jacques-Philippe Le Bas (1707-1783), Pierre Fillœul (1696-après 1754), Jean-Baptiste Guélard (vers 1733- vers 1755). Madeleine Basseporte (1701-1780) donne des dessins pour les planches d’histoire naturelle, certaines gravées par Louise-Madeleine Hortemels (1713-1767) qui devient par la suite Madame Charles-Nicolas Cochin (le père). Les planches du Spectacle de la Nature comptent dans la genèse de celles de l’Encyclopédie puisqu’elles sont un intermédiaire en quelque sorte entre celles-ci et celles de la Description des Arts et Métiers, dont elles sont souvent inspirées. Parmi celles qui sont très proches des deux publications, citons « l’Ourdissoir » et « le Tour des Diamantaires » gravées toutes par Le Bas. Diderot mentionne l’abbé Pluche dans son article *Bas à propos du métier à faire les bas mais aussi de la relation entre discours et planches :

... par où entamer ce discours ? Comment faire exécuter ces Planches ? La liaison des parties demanderait qu’on dit et qu’on montrat tout à la fois ; ce qui n’est possible, ni dans le discours, où les choses se suivent nécessairement, ni dans les Planches, où les parties se couvrent les unes les autres.
Ce sont apparemment ces difficultés qui ont détourné l’utile et ingénieux auteur du Spectacle de la Nature d’insérer cette machine admirable parmi celles dont il nous a donné la description : il a senti qu’il fallait tout dire ou rien... (art. Bas, p. 98a).

8À cet ouvrage à caractère encyclopédique, il faut ajouter le Grand Dictionnaire géographique et critique (9 tomes parus en 10 vol. de 1726 à 1739 à La Haye) de Antoine-Augustin Bruzen de La Martinière (1662-1746) ou encore les Principes de l’Architecture, de la Sculpture, de la Peinture et des autres Arts qui en dépendent. Avec un Dictionnaire des Termes propres à chacun de ces Arts d’André Félibien (1619-1695) illustré de planches et qui est l’un des ouvrages de base pour les articles.

  • 4 Paris, Archives nationales, U 1051 ; Louis-Philippe May, « Documents nouveaux sur l’Encyclopédie : (...)

9Des achats de livres ou de manuscrits par les Libraires associés suivront comme le montre le « Livre de dépenses et recettes de la Société de Messrs Le Breton, David, Laurent et Briasson »4. On y trouve une série entière des Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres auxquels seront empruntées des figures dans le texte comme le « tableau des mesures itinéraires anciens, et de leurs rapports entre elles et avec les mesures modernes », extrait d’un Mémoire de Joseph-Balthasar Gibert (1711- 1771) publié dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, qui illustre l’article Itinéraires (t. VIII, p. 935).

10Une série depuis 1711 des Mémoires de l’Académie royale des Sciences est remise à Diderot. Ces mémoires prennent à partir de 1702 le titre de Histoire de l’Académie royale des Sciences avec les Mémoires de Mathématiques et de Physique pour la même année tirez des registres de cette Académie et qui comprennent deux parties : la première est une sorte d’éphéméride de l’année écoulée, la deuxième est consacrée aux mémoires les plus importants écrits par les académiciens et leurs correspondants. Chaque volume est enrichi de planches gravées d’après les dessins des artistes appointés par l’Académie, Philippe Simonneau (1685-après 1753) ou John Ingram (1721-1773). Ces Mémoires fournissent en grande partie des compléments aux planches de la Cyclopcedia de Chambers, lesquelles sont presque totalement reprises dans la partie mathématique publiée dans le tome V. On retrouve les travaux de Blaise Pascal (1623-1662) et de Gilles de Roberval (1602-1675) dans les planches d’« Arithmétique », ceux de Philippe de La Hire (1640-1718) dans la planche IV de l’« Optique », de Jean-Jacques Dortous de Mairan (1678-1771) pour la « Physique », Joseph Sauveur (1653-1716) pour celles de la « Musique ». Plusieurs planches du chapitre « Horlogerie », publié dans le volume IV, sont tirées des travaux de Joseph Saurin (1655-1735), de Charles-Etienne-Louis Camus (1699-1768) et de Julien Le Roy (1686-1759). D’autres mémoires servent pour les planches d’histoire naturelle comme on le verra plus loin. Les emprunts faits aux Mémoires sont référencés soit dans une forme complète, soit de manière abrégée.

  • 5 Sept volumes publiés par Jean-Gaffin Gallon (1706-1775), pour les six premiers à Paris, G. Martin, (...)
  • 6 Diderot se sert également des mémoires consacrés à d’autres machines présentées à l’Académie royale (...)

11Plusieurs sources sont trouvées dans une autre publication de l’Académie royale des Sciences, les Machines et inventions approuvées par l’Académie royale des Sciences depuis son établissement jusqu’à présent, avec leur description dessinées et publiées du consentement de l’Académie de M. Gallon 5dans lesquelles Diderot puise, notamment, la figure de la machine arithmétique de Pascal (volume IV, 1735) et son article Arithmétique, machine (t. I, 1751, p. 680-684)6.

12Les planches publiées dans le Dictionnaire Universel de Médecine de Chirurgie, de Chymie, de Botanique, d’Anatomie, de Pharmacie et d’Histoire naturelle (Paris, Briasson, 1746-1748), de Robert James (1705-1776), traduit de l’anglais par Diderot, Marc-Antoine Eidous (1710-1780/1790) et François-Vincent Toussaint (1715-1772), revu, corrigé et augmenté par Julien Busson (1717-1781) sont la source, augmentées de quelques figures de travaux récents, des planches de la « Chirurgie » (Planches, t. III, 1763).

  • 7 Les dessins de Le Masson du Parc, augmentés de ceux exécutés pour le Traité des Pêches de Duhamel d (...)

13S’ajoutent à cette liste les trois célèbres emprunts faits le 13 août 1748 par Diderot au Cabinet des estampes du Roi, à savoir, l’Art du Tourneur du Père Charles Plumier (1646-1706) publié à Paris chez J. Certeen 1701 (BnF, Estampes, Ld 11 Petit-Fol.), sur lequel nous reviendrons car il n’est pas sûr que Diderot ait retenu, en 1748, pour le « Tourneur », un aussi grand nombre de planches que celui qui a été publié. Le deuxième volume est la Description de ce qui a été pratiqué pour fondre en bronze d’un seul jet la figure équestre de Louis XIV, élevée par la Ville de Paris dans la Place de Louis Le Grand, en 1699. Ouvrage français et latin enrichi de planches en Taille-douce de Germain Boffrand (1667-1754) publié chez G. Cavelier à Paris en 1743 (BnF, Estampes, Le 27 Petit-Fol.) qui servira pour les planches de la « Fonte des statues équestres ». Le troisième et dernier est le Recueil des figures et pièces du métier à bas (BnF, Estampes, Lh 32), que l’on retrouvera copié presque sans changements dans le tome II, complété par les planches du métier à faire les bas gravées pour la Description des Arts et Métiers par Pierre de Rochefort (vers 1673-après 1728). Les deux volumes du père Plumier et de Boffrand sont rendus le 13 décembre de la même année tandis que Diderot ne rapporte, selon une note du garde Hugues-Adrien Joly (1718-1800) qui succède à De La Croix (?-1750), que le 10 juillet 1750 le métier à faire les bas. D’autres emprunts sont faits au département des Imprimés de la Bibliothèque royale, grâce à la générosité de son garde, l’abbé Claude Sallier (1685-1761). Sont également traités à cette époque des chapitres importants comme les « Pêches » et la « Marine » à partir des manuscrits appartenant au Fonds de la Marine. Pour les « Pêches », Diderot et Louis-Jacques Goussier (1722-1799) travaillent ensemble sur les manuscrits de l’inspecteur Le Masson du Parc7, pour les planches de la « Marine » sur le fonds même du Service hydrographique de la Marine et principalement sur l’Album Colbert (Vincennes, Service Historique de la Marine, SH. 141).

14Comme on peut le constater, les lectures de Diderot sont à cette époque variées. Diderot, dans son article Encyclopédie (p. 635-648), cite des ouvrages qu’il a consultés : les Philosophical Transactions, les Actes des Curieux de la Nature, l’Encyclopédie allemande, le Recueil de règlements sur les Arts et métiers de Londres, les ouvrages appelés en Angleterre les Mystères, le fameux règlement des Piémontois sur leurs manufactures, les registres des douanes, plusieurs inventaires de maisons de grands seigneurs et de bourgeois, tous les traités sur les arts en général et en particulier, les règlements de Commerce, les statuts des Communautés, tous les recueils des Académies dont le discours préliminaire et les premiers volumes viennent de paraître.

  • 8 Londres, J. Martyn et J. Allestry, 1665, 3 volumes, avec des volumes 4 et 5 de compléments pour les (...)

15Dans cette liste, ce sont les Philosophical Transactions, giving accompt ofthe présent Undertakings, Studies, and Labours of the Ingenious in many considérable parts ofthe world publiées sous l’égide de la Royal Society de Londres qui retiennent notre attention puisqu’elles comprennent des planches. Diderot en reçoit plusieurs volumes des Libraires8. Les Transactions sont reprises et citées dans de nombreux articles et plusieurs fois dans les planches de l’Encyclopédie, notamment dans celles du volume V consacrées à la partie mathématique. C’est dans ces Philosophical Transactions que l’on trouve dans la livraison de 1693 un texte de Martin Lister (1639-1712), intitulé « The Manner of making Steel and his Temper » capital pour l’article * Acier (t. I, p. 100- 108). C’est aussi aux Transactions que l’on emprunte pour le chapitre « Musique » un texte de Thomas Salmon (1648-1706).

Les volumes de Discours, le Prospectus et le DP

16Le Prospectus, publié en 1751, annonce dix volumes in-folio, dont deux de planches en taille-douce, qui doivent être publiés de juin 1751 à décembre 1754. Diderot présente dans ce Prospectus les huit volumes de « matière » de deux cent quarante feuilles chacun et les deux de six cents planches en taille-douce avec leurs explications qui formeront les tomes IX et X. Ces deux volumes de planches seront les derniers à paraître en décembre 1754, en même temps que le tome VIII. Dans le Prospectus, Diderot souligne l’importance plus grande donnée aux arts mécaniques que dans la Cyclopœdia de Chambers mais ne cite pas la Description des Arts et Métiers.

17Le premier volume de texte de l’Encyclopédie paraît le 28 juin 1751. Dans le DP, d’Alembert fournit un grand nombre d’indications sur les matières traitées à la fois dans les volumes de discours et dans ceux de planches. D’Alembert, comme Diderot, présente le projet comme le tableau des connaissances humaines liées en ordre et en insistant sur son côté novateur notamment à l’égard des Arts mécaniques qui occupent une place importante. Dès le début de la publication, le choix éditorial semble acquis, d’un côté les volumes de texte, de l’autre les volumes de planches, mais on voit que certains articles comportent des figures copiées directement de la source utilisée. Il s’agit de tables, de tableaux ou des figures d’objets. Quelques exemples peuvent être fournis avec l’article Logemens du Camp des Romains illustré par le plan du « Campement d’une armée romaine composée de 16800 hommes de pié, et de 1800 chevaux, contenant en quarré 2016 piés et un tiers de pié » sorti du Parfait Capitaine, autrement l’Abrégé des guerres de Gaule des Commentaires de César (Paris, J. Houzé, 1636) de Henri Ier, duc de Rohan (1579-1638), d’autres avec des matières qui se prêtent à des démonstrations graphiques.

  • 9 Par exemple, Lustrine pour la Manufacture en Soie, IX, p. 751-754 avec des figures d’armures, p. 75 (...)
  • 10 Par exemple, Frottement, VII, pp. 345-354, fig. 347 : régulateur et balancier ; fig. 350 : descript (...)
  • 11 Par ex., Mat, X, p. 185 : Méthode pour trouver les diamètres moyens entre le plus grand et le plus (...)
  • 12 Par ex., Mesures, X, p. 408-425, Table des Mesures, p. 416, 417, 418,420,421, 422, 423 ; Itinéraire (...)
  • 13 Abrégé, partie de l’Orgue, I, p. 36-37, fig. 37 ; Diapason, IV, p. 943-944 : tableau du système dia (...)

18Le tissage est l’une des matières pour lesquelles on trouve plusieurs figures9, l’« Horlogerie »10, la « Marine »11, les « Mesures »12 ou encore la « Musique »13. Un bel exemple de figures dans le texte est donné par l’« Orfèvrerie » avec l’article Resingue :

branche de fer, pointue et pliée par un bout, et arrondie et courbée par l’autre. C’est sur cette dernière partie qu’on met la pièce qu’on veut relever. La resingue, comme on le voit, fait le même effet qu’un levier par le moyen des vibrations.

19La resingue est ordinairement fichée par sa queue recourbée ou dans un billet de bois, ou retenue dans les machoires d’un étau (t. XIV, p. 173).

20Suit une explication en quatre points :

  1. Corps de cafetière ou burette sur la resingue.

  2. Resingue.

  3. Marteau frappant sur le bout de la resingue.

  4. Billot de bois.

21La figure publiée dans le texte est différente des deux figures de resingues, une petite et une grande, qui sont publiées dans la planche XIV du chapitre « Orfèvre grossier » (Planche, VIII, 1771, figures 45 et 46) et qui sont complétées par la figure d’un ouvrier (b) qui retreint un vase de la vignette de planche I de ce même chapitre. L’explication correspondante ne donne pas la manière de se servir de l’outil mais seulement une indication des deux parties qui la forment : le tasseau et la pointe.

22Le parti d’inclure des figures dans le texte est continu tout au long des volumes de discours y compris ceux publiés après la parution des volumes de planches.

La présentation des volumes de planches

23À la suite de l’interdiction de l’Encyclopédie, des négociations s’engagent entre les Libraires-associés et Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes (1721- 1794), directeur de la Librairie. Elles aboutissent le 8 septembre 1759, à un nouveau privilège accordé à Le Breton pour « l’impression et la publication d’un recueil de mille planches gravées en taille-douce sur les Sciences, et les Arts libéraux et mécaniques, avec les explications des figures, en quatre volumes » (DPV, Pièces annexes, p. 21-45). En fait, le nombre des volumes de planches passe de deux avec six cents planches, à quatre, avec au total mille planches. Les souscripteurs des sept volumes de texte peuvent acquérir les quatre volumes de planches pour la somme de 112 livres, les autres devront débourser 360 livres (voir t. IX, 1771, l’Avis du Libraire qui donne des renseignements sur les conditions financières concernant les volumes de planches). La publication définitive comprendra onze volumes, regroupant deux mille huit cent quatrevingt-cinq planches

  • 14 Copie envoyée dans une lettre à ses parents et amis de Langres (6 janvier 1755) ; BnF, Mss. Fonds V (...)

24Diderot devient le seul directeur de l’entreprise. Son rôle est triple : il est non seulement auteur, directeur de la publication des volumes VIII à XVII de discours mais aussi directeur des onze volumes de planches. L’augmentation du nombre de volumes et de planches amène Diderot à y travailler beaucoup plus qu’aux volumes de texte abandonnés au fil des ans au courageux et fidèle chevalier Louis de Jaucourt (1704-1780). Dans le traité passé alors entre Diderot et les Libraires, il est stipulé que Diderot sera « comme il l’a été précédemment, éditeur de toutes les parties de l’Encyclopédie, etc. donnera à chacune, à l’édition des planches et à l’ouvrage en général tous ses soins, etc. »14. On voit que la contribution en articles de Diderot baisse dès qu’il a en charge les volumes de planches.

25En tant que directeur des onze volumes de planches – il ne participe pas au Supplément (douzième volume) –, Diderot supervise l’entreprise, donne ses directives aux dessinateurs, des explications parfois longues de planches, rectifie les articles et les planches qui ne lui conviennent pas, vérifie plus ou moins – moins que plus – si les appels de figures sont justes, si les figures correspondent bien à la description qui en est faite dans les explications, ce qui est presque impossible compte tenu de l’ampleur du chantier. On remarque dans la conception des volumes de planches des différences assez conséquentes. Au début de l’entreprise, Diderot, plein d’entrain, propose des volumes intéressants très riches quant aux modèles proposés, puis, son intérêt diminue. Au cours du chantier encyclopédique, Diderot prend conscience de l’importance des images dans la diffusion du savoir. La nécessité qu’il ressent d’accompagner le texte par des figures se retrouve plusieurs fois dans ses textes, à commencer par l’article Encyclopédie déjà cité, dans lequel il évoque son différend avec le graveur Jean-Baptiste-Michel Papillon (1698-1776). Ce constat entraîne parfois le retrait du texte mais dans l’esprit de Diderot, celui-ci demeurera toujours indispensable. Ce nouvel aspect de l’Encyclopédie entraîne fatalement une redistribution du travail, et Diderot va devoir gonfler les volumes de planches et trouver des sujets nouveaux à traiter. C’est probablement à cette époque que des changements importants dans la conception de ces volumes interviennent, plus dans le contenu que dans l’ordre adopté qui reste en gros alphabétique.

26Les volumes de planches annoncés en même temps que ceux de texte sont, dès le début de l’entreprise, considérés, dans l’esprit des éditeurs, comme complémentaires des volumes de texte mais, petit à petit, ceux-ci sont détachés de la publication pour former des volumes séparés. Ils le seront totalement après l’interdiction des volumes de discours puisque, comme le remarque Robert Darnton, dans le Recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts mécaniques avec leur explication rien n’indique un « lien précis » avec l’Encyclopédie (Darnton, 1982, p. 44, note 26). Les volumes de planches paraissent officiellement de 1762à 1771 avec Approbation et Privilège du Roi.

Distributions, États et Tables des volumes de planches

27La Table alphabétique des Matières contenues dans les Onze Volumes du recueil de Planches sur les Sciences et les Arts Libéraux et Méchaniques publiée dans le volume XI montre en fait peu de déviation dans l’ordre alphabétique sauf en ce qui concerne les chapitres regroupés sous une vaste appellation comme les Mathématiques ou l’Histoire naturelle, qui occupe tout le volume VI. Quelques exemples montrent que l’on a regroupé sous une même appellation des sujets différents mais très proches : « Baigneur » et « Barbier » sont traités avec « Perruquier », « Blanchissage des Cires » avec « Cirier », « Chaux, Four et préparation » et « Coupe des Pierres » avec « Architecture », « Cidre », « Conservation des Grains » et « Tabac » avec « Agriculture », « Écriture » avec « Caractères », « Forge des Étaux » avec « Taillandier », « Étoffes de Laine » est traité deux fois dans « Draperie » au t. III et « Passementerie » au t. XI, « Filets à pêcher » (Fabrique des) en tous genres à « Pesches », « Fonte des Statues équestres » avec « Sculpture », « Gazier », « Marli », « Rubanier », « Soies » et « Tisserand » sont regroupés dans le tome XI. « Ancres, forge des Ancres » n’est pas classée à « Forge » mais à « Marine ». À propos de « Fonderie », il est d’ailleurs indiqué : « À l’égard des autres Arts dont la Fonderie est partie accessoire, il faut voir l’article des Arts où cette manœuvre sera décrite, et surtout aux mots Forge, Fer, Plomb, etc. le mot Fonte ».

28Cette Table fait apparaître les grandes catégories qui sont : Les sciences de l’homme avec l’anatomie et la chirurgie (qui pourrait être considérée aussi comme un art mécanique), les sciences exactes qui occupent toute la première partie du tome V ; à l’intérieur de ces Mathématiques, une esquisse de classement se dessine, avec la « Géométrie », la « Trigonométrie », l’« Arpentage et le Nivellement », l’« Algèbre », les « Sections coniques », l’« Analyse », la « Mécanique », l’« Hydrostatique, Hydrodynamique et Hydraulique » les « Machines hydrauliques », l’« Optique », la « Perspective », l’« Astronomie », les « Instruments astronomiques », la « Géographie », la « Construction des globes », la « Gnomonique », la « Navigation », la fabrication des instruments, les « Mathématiques », la « Physique » et la « Pneumatique ». L’« Histoire naturelle » composée des règnes animal, végétal et minéral et de la métallurgie est regroupée en un seul volume. Les Arts militaires avec l’« Artillerie », les « Fortifications », l’« Armurier » sont publiés dans le t. I et la « Marine » dans le t. VII. Les Beaux-Arts sont regroupés en grandes catégories : l’« Architecture », le « Dessein », la « Gravure », la « Peinture » et la « Sculpture ». Un important chapitre est consacré aux « Théatres », un autre aux machines de théâtre alors qu’il n’existe pas de chapitre sur les bâtiments publics qui sont présentés dans l’« Architecture », un autre aux antiquités. Une série sur les arts d’agrément s’adresse au public de l’Encyclopédie : le « Blason », l’« Escrime », le « Manège », les « Chasses » et la « Chorégraphie ».

29Les premiers volumes contiennent des États, des Tables qui donnent de nombreuses informations sur l’ordre de présentation des sujets adoptés comme si on était vraiment soucieux d’insister sur sa pertinence. Au début de la publication du tome I, sans doute le plus pensé et le plus soigné de toute la publication, on trouve une Distribution des mêmes planches, non selon l’ordre alphabétique mais selon celui des Sciences, des Arts, et des Métiers : l’« Anatomie », l’« Architecture », les « Antiquités », l’« Agriculture et économie rustique » et pour terminer les Métiers qui sont classés par ordre alphabétique ; les sujets cités en premier s’intercalent entre les Métiers selon l’ordre alphabétique. Le même principe est retenu dans l’annonce des « Planches contenues dans le second volume que l’on donnera incessamment » : dans une première partie sont regroupés la « Chymie », la « Chirurgie », les « Caractères », le « Dessein », le « Blazon », la « Chorégraphie » et les « Chasses ». Dans la seconde tous les métiers sont par ordre alphabétique.

30Dès la parution du volume I des planches, un grand nombre de celles-ci sont gravées. Au-dessous de l’annonce des planches du deuxième volume publiée dans le tome I, une note indique :

Ces planches sont toutes gravées et l’on pourra les voir chez les Libraires-associés, avec la plupart de celles qui sont relatives aux Sciences, Arts et Métiers, telles que Pêches, Marine et Fabrique des ancres, Émailleur, Plombier, Papeterie, etc. et autres objets qui formeront les trois volumes suivants.

31Un État par ordre alphabétique des Matières qui formeront le complet de ce Recueil général est publié dans le tome II ; il répète que les dessins sont prêts et pour la plupart déjà gravés. Cet État ne fait pas apparaître de grands changements par rapport aux volumes publiés : « Filassier » ne paraît pas, « Fileur d’or » paraît avec le « Tireur d’or », « Jouailler » avec l’« Orfèvre jouailler », « Passementier » avec le « Rubanier ». L’« Histoire naturelle » est annoncée dans ses trois règnes avec les « Phénomènes singuliers de la nature » mais à la lettre M apparaissent la « Minéralogie » et la « Métallurgie » qui seront en définitive incluses dans le volume consacré à l’Histoire naturelle. Dans cette partie devaient figurer des planches sur les ardoisières du Nivernois, qui ne paraîtront pas et qui seront remplacées par celles d’Anjou. La « Machine à gaudronner la vaisselle » annoncée à la lettre M peut être identifiée avec le « Tour à tourner la vaisselle contournée » qui paraît dans la planche XVII du chapitre « Orfèvre grossier » (Planche, VIII, 1771). Le frontispice par Charles-Nicolas Cochin le Fils (1715-1790) est annoncé en fin de texte sous le titre d’Académie des Sciences, Arts et Métiers (cf. ici début d’ouvrage).

32Dans le volume IV, il est indiqué que des Arts et autres matières sont renvoyés aux volumes suivants comme si déjà il y avait trop de planches pour ce volume présent : ces planches sont celles de la « Fonderie en statues équestres, des canons, des cloches, du sable et plomb à giboyer ». Les planches de la « Fonderie en statues équestres » ne paraîtront pas avec la « Fonderie » mais avec la « Sculpture en tous genres » dans le tome VIII. Les autres sont celles relatives à la gravure qui paraîtront dans le tome V, le « Gazier » sera publié beaucoup plus tardivement dans le tome XI et l’« Histoire naturelle » occupera entièrement le tome VI. Les lignes finales indiquent une nouvelle fois :

Toutes ces matières sont prêtes. On peut en voir les Desseins & les Planches chez les Libraires associés. On ne les a renvoyées aux Volumes suivans, que parce que le nombre de Planches qu’elles fournissent ne quadroit point avec celui qu’on avoit à publier, pour remplir le premier engagement qu’on a pris avec le Public.
À la fin de la Table des matières du tome V, on peut lire que :
L’Histoire naturelle, la Fonderie en statues équestres, le Hongrieur, le Maroquinier, le Gazier, l’imprimerie et autres Arts qui manquent dans les Volumes qu’on a publiés, se trouveront dans les Volumes qui doivent suivre ; en sorte que le Recueil entier contiendra au-delà même de la matière annoncée au troisième Volume p. 8. C’est l’impatience du Public & quelquefois l’analogie des choses qui ont déterminé à abandonner l’ordre alphabétique qu’on s’était proposé de suivre.

33À la lumière de tous ces renvois, on voit bien les hésitations, les remises en question dues sans aucun doute au « gonflement » de certaines matières au détriment d’autres.

Le volume VI consacré à l’Histoire naturelle

34Le cas du volume VI consacré à l’« Histoire naturelle » est particulièrement intéressant. Au départ, l’histoire naturelle ne devait sans doute pas être très importante comme l’indique très clairement l’Avertissement donné en entrée aux explications des planches :

Dans le temps qu’on a projeté de faire le Dictionnaire raisonné des Sciences et des Arts, on n’a pas prévu que le nombre des Volumes serait aussi considérable. On ne comptait donner pour la partie d’Histoire naturelle, qu’un petit nombre de Planches qu’on a fait dessiner avant l’impression de l’Ouvrage. On a coté ces Planches pour pouvoir les citer dans le texte de cet Ouvrage, et on a imprimé à chaque article qui a rapport aux Planches, les cotes et les citations de ces Planches d’après le petit nombre de figures qu’on voulait représenter. Quand ces Planches ont été faites, on s’est aperçu que le nombre en était trop petit, et qu’il fallait, pour que le Public pût tirer un plus grand avantage de la partie de l’Histoire Naturelle, l’augmenter et représenter non seulement ce qu’il y avait de plus intéressant dans les trois règnes de l’Histoire naturelle, mais encore tout ce qui pouvait être nécessaire pour l’intelligence des discours généraux qui traitent des divisions méthodiques. Cette augmentation de Planches a été très-considérable, et pour pouvoir mettre un ordre dans les figures citées et celles qui ont été faites après coup, il a fallu changer celui qu’on avait établi pour les Planches citées dans le corps de l’Ouvrage, et en former un nouveau. Ce changement a interverti entièrement l’ordre des citations de toutes les anciennes figures, de sorte qu’on n’en pourrait presque consulter aucune, si l’on n’avait recours à la Table suivante, au moyen de laquelle il sera fort aisé de retrouver toutes les figures qui ont été citées.

  • 15 L’Historiæ conchyliorum Liber Primus Qui est de Cochleis Terrestribus, Londres, chez l’auteur, 1685 (...)
  • 16 De Historia Piscium Libri quator... Cum appendice historias et observationes... Oxford, Theatro She (...)

35Suit effectivement une Table de renvois établie à partir de la numérotation initiale qui renvoie à la numérotation finale. Des indications sur les sources des planches sont également données. Il s’agit pour les quadrupèdes, de l’Histoire Naturelle, Générale et Particulière. Avec la description du Cabinet du Roi (Imprimerie royale, 1749-1767, 15 volumes) de Georges Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) et Louis-Jean-Marie Daubenton (1716-1800), pour les divisions méthodiques, les animaux quadrupèdes et les oiseaux, de l’Ornithologia, sive Synopsis methodica sistens avium divisiones in ordines, sectiones, généra, species, ipsarum que varietas..., Ornithologie, ou Méthode contenant la divison des oiseaux en ordres (Paris, C-J-B. Bauche, 1760, 6 t. en 7 vol.) de Mathurin-Jacques Brisson (1723-1806), pour les insectes, de l’Histoire abrégée des insectes, dans laquelle ces Animaux sont rangés suivant un ordre méthodique (Paris, Durand, 1764) d’Etienne-Louis Geoffroy (1727-1810), pour les coquilles, des ouvrages de Martin Lister15 et pour les poissons de ceux de Francis Willughby (1635-1672)16. Aucune planche de ce volume n’est originale en dépit de l’affirmation de Y Avertissement, « Les dessins ont été faits d’après nature autant qu’il a été possible ».

36Des renseignements sur l’évolution de ce volume sur l’histoire naturelle nous sont donnés dans les articles : dans celui consacré au Coton (p. 306-315). Diderot fait un renvoi aux planches sur le « Coton », classées en 1754, date de la parution du volume de Discours auquel appartient l’article, au chapitre « Histoire naturelle » ; or, ces mêmes planches sont publiées dans le tome I mais dans le chapitre « Agriculture » (Planche, I, 1762). On se trouve devant l’un des changements indiqués dans Y Avertissement, changement effectué non pas en fonction de la nature physique du coton, ce qui devrait le classer effectivement en Histoire naturelle, mais de son utilisation dans la petite industrie familiale. Dans l’explication de la planche IV du « Métier à faire la toile de coton », le nota indique aussi que dans le texte de l’article, « ce sont des lettres majuscules, et dans les Planches on a mis des lettres minuscules ».

  • 17 Louis-Jean-Marie Daubenton (1716-1800) renvoie aussi à l’ouvrage du père Jean-Baptiste Du Tertre (1 (...)

37On peut faire la même remarque avec l’article Murex (p. 868-869) terminé par de Jaucourt par un renvoi à « l’Histoire naturelle éclaircie, où les curieux trouveront de très-belles Planches de ce genre de coquillages », qui est une référence à l’ouvrage d’Antoine-Joseph Dezallier d’Argenville (1680-1765), collaborateur de l’Encyclopédie cité plus haut, L’Histoire naturelle éclaircie dans une de ses parties principales, la Conchyliologie (Paris, De Bure l’aîné, 1742 et 1757). Ce qui laisse supposer que les planches de coquilles telles que l’on peut les voir dans l’Encyclopédie n’étaient pas encore élaborées à l’époque où de Jaucourt rédige son article, époque qui se situe en amont de 1765. La conception des planches d’Histoire naturelle intervient après 1754 puisque dans l’article Crabe (p. 424)17, un renvoi est fait à la planche XII de l’ouvrage de Georg Everard Rumpf, plus connu sous le nom de Rumphius (1626-vers 1693 ?), le Thésaurus Imaginumpiscium testaceorum (Leyde, p. van der Aa, 1711), ouvrage qui sert effectivement pour les planches des crustacés.

38Pour ce volume, plusieurs mémoires académiques servent pour les planches et les articles d’histoire naturelle. Les Encyclopédistes n’ont pas réellement de manière de travailler et choisissent un mémoire à la fois pour le texte et la planche, ou pour le texte seul, ou encore pour la planche seule. Dans l’article Quinquina (t. XIII, p. 716-719), de Jaucourt renvoie à un mémoire de Charles-Marie de La Condamine (1701-1774), établi à partir d’un « Mémoire des divers points historiques et physiques » transmis par Joseph de Jussieu (1704-1779), son compagnon de voyage au Pérou, et publié dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences (Paris, La Compagnie des Libraires, 1738, p. 226-243). La Condamine fait allusion aux branches fleuries de l’arbrisseau rapportées à Loxa qui lui servent « à mettre au net » son dessin et à le « colorier d’après nature ». C’est à partir de ce dessin que Philippe Simonneau grave les deux planches publiées avec ce mémoire. L’une, la planche 5, sert de modèle sans changement à la figure de l’Encyclopédie dans laquelle on voit la branche entière ; la deuxième planche montre des détails.

39Un mémoire de Brisson paru, lui aussi, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences (pp. cit., 1759, p. 99), sert pour la figure 1 représentant un buccin des environs de Montpellier et reproduite à la planche LXIV des Coquillages. L’explication nous indique que « M. Brisson a examiné ce coquillage avec grand soin » et renvoie au mémoire académique, lequel donne la date de la source.

  • 18 [Note de l’éditeur : On assiste au même phénomène dans les volumes de discours avec les articles tr (...)

40Toute la partie sur la minéralogie et la métallurgie est une création du baron Paul d’Holbach (1723-1789), responsable entièrement de cette partie à la suite du départ de A.J. Deferht (1723 ?-1774 ?) pour le Danemark. Dans les articles sur la minéralogie qu’il rédige, d’Holbach ne fait que peu appel aux figures mais il va faire un choix complet et complexe de planches sur les différentes parties qui composent le règne minéral et qui va nécessiter la publication d’un Avis aux Relieurs Sur l’Ordre des Matières contenues dans ce Volume. Dans les sept collections qui débutent le règne minéral, on voit des planches de divers échantillons, puis des vues de glaciers, de volcans. Suit la minéralogie composée d’une multitude de petits chapitres sur les différentes matières qui composent la terre. Trois chapitres comportent des nota qui s’imposent par le fait qu’ils indiquent des planches copiées sur celles de la Description des Arts et Métiers et dont la numérotation ne correspond pas à celle donnée dans les articles d’explication des planches comme : Salpêtre, Extraction & Raffinage, Salines, Fontaines salantes et Ardoiserie d’Anjou 18. Le fait que la plupart des planches de la minéralogie soient signées par La Rue les situent en 1765 date à laquelle celui-ci accompagnait Diderot au Salon.

  • 19 Planches, 1768, État alphabétique des matières contenues dans ce sixième volume, p. 8. Cet État con (...)

41Trois chapitres sont publiés en raison des liens d’amitié de Diderot avec certains encyclopédistes : le chapitre sur les ardoisières de la Meuse est rédigé par Guillaume Viallet (1728-1771 ?), également auteur des planches, cité pour la première fois en 1759 dans la correspondance de Diderot. Les planches sur les ardoises d’Anjou sont inspirées des planches de la Description des Arts et Métiers et d’un manuscrit appartenant à Jean-Rodolphe Perronet (1708-1794), cité lui aussi dans la correspondance de Diderot à partir d’août 1762. L’explication des deux planches consacrées au basalte d’Auvergne est due à Nicolas Desmarest (1725-1815) connu de Diderot dès octobre 176019. Avec toute sa diversité d’approches et de participations, le volume VI est sans doute l’un des plus intéressants de toute la publication.

Les derniers volumes

42Les derniers volumes sont d’une inspiration beaucoup moins riche que les premiers mais les matières sont cependant toujours classées par ordre alphabétique et conçues selon les mêmes principes. Il est certain que Diderot s’est lassé de son rôle de directeur des volumes de planches d’autant plus que Goussier a déserté le chantier et que les dessinateurs qui le remplacent, Lucotte, notamment, n’ont pas les mêmes rapports privilégiés avec lui. On retrouve dans chacun de ces volumes les mêmes catégories : planches inspirées par la Description des Arts et Métiers ou par des ouvrages antérieurs. Certains chapitres sont gonflés artificiellement pour multiplier les planches : ainsi, celles du « Tourneur et Tours » publiées dans le volume X et largement copiées sur l’Art de Tourneur du père Plumier. Ces planches ne sont pas exécutées lors de l’emprunt de cet ouvrage par Diderot mais plus tard puisqu’elles sont signées Lucotte qui remplace Goussier après 1760-1762. En revanche, des chapitres semblent originaux, ainsi les chapitres qui traitent des arts de la tapisserie, « Manufacture de Tapis de Pié façon de Turquie », « Tapissier », « Tapissier de Haute-Lisse des Gobelins », « Tapissier de Basse-Lisse des Gobelins » publiées dans le tome IX et de la « Teinture des Gobelins », « Teinture en soie ou de rivière » publiées elles dans le tome X qui paraissent procéder d’une véritable enquête effectuée sur place par un artiste nommé Radel sur lequel les documents manquent.

  • 20 Dans l’article Encyclopédie, Diderot cite parmi les ouvrages dont il s’était servi « le fameux règl (...)

43L’Avis du Libraire publié dans le neuvième volume se termine par un aveu de Diderot : « Les Arts nous ont trompés si souvent par la multiplicité des Planches qu’ils ont fournies jusqu’à présent, que malgré la bonne volonté des Artistes que nous avons employés, malgré nos désirs et l’attention que nous avons apportée à nous resserrer, le nombre s’en est continuellement accrû. Plus sûrs aujourd’hui de la quantité que doit produire ce que nous avons encore à publier, nous osons promettre de bonne heure dans l’été prochain de 1772 tout ce qui nous reste en deux divisions », c’est-à-dire le tome X consacré aux métiers commençant par les lettres T et V et le tome XI entièrement consacré aux différentes techniques de tissage, le Tisserand, le Gazier, le Passementier, le Faiseur de marli et Rubanier et les Soieries « en partant des premières manœuvres, et descendant jusqu’aux dernières opérations du métier à étoffes ». Ce volume est le résultat de l’importante documentation amassée par Diderot depuis le début de l’entreprise ; on sait par exemple, toujours grâce au Placet que les Libraires-Associés envoient, le 21 août 1747, au comte d’Argenson, qu’un ouvrier s’était présenté à Vincennes pour se faire payer du travail qu’il avait fait sur l’art et les figures du chiner des étoffes. Un grand nombre de planches sont inspirées par celles de la Description des Arts et Métiers. Dans les explications des planches, des références sont faites au Tour de Jacques de Vaucanson (1709T782), au moulin du Piémont20 et au rouet de Lyon. Dans le paragraphe introductif à l’explication des planches, il est indiqué : « Nous devons à un habile Dessinateur, très versé dans la fabrique, les différentes armures de la seconde et troisième Section ». Diderot ne donne pas de nom. Dans le DP, d’Alembert cite plusieurs manufacturiers et ouvriers qui ont donné des mémoires ou des conseils à Diderot : Buisson pour la teinture, la draperie, les étoffes et la soie, La Bassée pour la passementerie, Douet pour tout ce qui touche la gaze, Bonnet et Laurent pour la soie. Ce qui donne une date très tôt pour les sources d’informations et un délai de plus de vingt ans en ce qui concerne la date de parution.

Éléments de datation

44Dès la parution du DP, des planches sont prêtes comme celles de la « Poudre » (Planche, VI, 1768, Métallurgie), du « Papier » (V, 1767, Papeterie) et du « Sucre » (I, 1762, Agriculture et Œconomie rustique), toutes dérivées de celles de la Description des Arts et Métiers et sans doute aussi celles des « Mathématiques » (V, 1767) puisque Diderot en donne comme auteur d’Alembert qui déserte le chantier après 1757.

45Dans l’article Couvent (p. 420) Jacques-François Blondel (1705-1774) faisait renvoi à des planches qui seront données pour illustrer l’architecture et qui doivent représenter les dessins de l’abbaye de Corbie par François Franque (1701-1786) et celle de Clairvaux par Matthieu Le Carpentier (1709-1773). À la p. 8 de l’explication des planche de l’« Architecture » parues dans le tome I des planches, le même Blondel indique « nous nous sommes décidés sur celle de Panthemont, aussi du dessein de M. Franque, et préféré l’hôtel de ville de Rouen par M. Le Carpentier, afin de jeter plus de variété dans cette collection ». Ailleurs, quelques notes prises dans les articles nous donnent des renseignements très précis : dans l’article Cornier (p. 255) en Charpente et Menuiserie, un renvoi est fait à la planche IV, figure 11 du Menuisier mais cette figure ne correspond pas en définitive à la planche publiée.

  • 21 Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) ; J. Proust, « Précisions nouvelles sur les début (...)

46Des éléments de datation des planches sont donnés par les dates de la collaboration de Goussier qui commence à travailler avec Diderot en 1747 et cesse entre 1760 et 1762. Ce qui entraîne la datation de certaines planches, celles du tome XI par exemple, avant cette date alors que le volume paraît dix ans plus tard. D’autres sont précisément datées en fonction de la date de la source comme nous l’avons déjà vu dans certaines planches d’« Histoire naturelle » ou comme celle de la planche X cotée A de l’« Horlogerie », représentant une « Montre ordinaire et ses développements », Jean Romilly (1714-1796) indique qu’il a fait une découverte à ce sujet et mentionne un Extrait des Registres de l’Académie Royale des Sciences du 10 mai 1758 relatif à cette découverte à propos d’une montre du « Sieur Romilly, horloger », signé Etienne Mignot de Montigny (1714-1782), Camus cité plus haut, et Jean-Paul Grandjean de Fouchy (1707-1788), Secrétaire perpétuel de l’Académie royale des Sciences. C’est à propos d’une invention apportée à l’échappement en tant que terme d’Horlogerie que Diderot est amené à faire part du différend intervenu d’abord entre M. Caron21 et l’horloger Le Paute (soit Jean-Baptiste, 1727-1802, soit Jean-André, 1709-1789), puis entre Caron et de Romilly. Il le fait dans une addition * Échappement de M. Caron fils, corrigé (t. V, p. 238-239 ; DPV, t. VIII, p. 33-35) qu’il donne à l’article Échappement (p. 232-239) de Le Roy, du fait que Le Roy, membre de l’Académie royale des Sciences, est dans l’incapacité de donner un jugement alors que l’affaire n’est pas encore jugée par le tribunal de l’Académie royale des Sciences.

  • 22 Pierre Tarin (1721-1793 ?), anatomiste ; SVECkafker3, p. 360-362. La première partie porte l’* de D (...)

47Le classement des planches était choisi dès le départ de l’entreprise comme le prouvent les explications des vingt-deux planches publiées dans l’article Anatomie de P. Tarin (t. I, p. 416-431)22. Ces planches étaient comprises comme un complément essentiel à l’article. Elles étaient alors considérées comme trop longues pour être publiées comme explication mais en fait elles seront reprises pratiquement sans changement comme explications des planches publiées. Dans l’Avertissement précédant les explications de ces planches publiées dans le tome I, Diderot indique :

L’Anatomie, cette Partie de la Physique qui donne la connaissance du corps humain, devait paraître avec distinction dans un Dictionnaire des Sciences. C’est principalement par les Planches qu’elle pouvait être recommandable. M. Tarin, chargé de l’Anatomie, s’était appliqué à chercher dans chaque auteur les figures reconnues pour les meilleures. Sa collection devant présenter toutes les parties du corps humain, il ne paraissait pas qu’il y eût rien de mieux à faire pour la satisfaction du Public, que de puiser avec discernement dans les sources, et que d’en tirer ce qu’il y aurait de préférable. Les connaisseurs ont applaudi au choix, et toute l’Anatomie devait être comprise en vingt-deux planches, comme on le voit par la description qui en a été donnée dans le premier tome de l’Encyclopédie, à l’article anatomie. On a représenté aux libraires associés qu’il était difficile de suivre ce premier plan sans réduire beaucoup d’objets qui perdraient par là leur principal mérite. Ils se sont décidés sur le champ à multiplier les cuivres, et à donner la même suite de figures dans une disposition plus étendue. Le nombre des Planches a été augmenté d’un tiers, en doublant la moitié de celles qu’on s’était d’abord engagé de fournir. Ils se sont fait un devoir de n’épargner ni soins ni dépenses pour attirer à leur entreprise la protection qu’elle mérite.

48Puis dans le détail des planches :

Nous avons préféré à chaque planche, donner sa description, plutôt que de donner comme dans l’Encyclopédie le détail des planches les unes après les autres.

49Le chapitre comprendra 33 planches soit onze de plus que prévu en 1751, ce qui correspond tout à fait à la politique adoptée lors de la mise en chantier des volumes de planches.

Les explications

50Les planches sont toutes accompagnées d’explications dont d’Alembert présente la place donnée dans le DP :

Nous avons distribué dans les Sciences et dans les Arts libéraux les figures et les Planches, selon le même esprit et la même œconomie que dans les Arts mécaniques ; cependant nous n’avons pu réduire le nombre des unes et des autres, à moins de six cens. Les deux volumes qu’elles formeront ne seront pas la partie la moins intéressante de l’Ouvrage, par l’attention que nous aurons de placer au verso d’une Planche l’explication de celle qui sera vis-à-vis, avec des renvois aux endroits du Dictionnaire auxquels chaque figure sera relative. Un lecteur ouvre un volume de Planches, il aperçoit une machine qui pique sa curiosité : c’est, si l’on veut, un moulin à poudre, moulin à sucre, moulin à papier, moulin à soie, etc. il trouvera ensuite une explication succincte de ces machines avec des renvois aux articles Poudre, Papier, Sucre, Soie, etc. » (p. xl ; DPchampion, p. 156-157)

51On voit que le parti adopté est alors d’imprimer les explications au verso des planches et non de les présenter en pages séparées comme ce sera le cas dans la version définitive.

52Dès le début de la publication des volumes de planches, Diderot explique très clairement le rôle qu’il donne aux explications dans un nota ajouté à l’État du tome II, après l’avoir déjà fait dans les articles *Art et *Bas. Dans ce nota, Diderot écrit :

Il ne faut pas confondre, comme quelques journalistes ont fait, l’explication des Planches d’un art avec le traité de l’art. L’explication n’est qu’une pure et simple nomenclature des machines et des outils. Le traité de l’art comprend la suite et le détail des opérations, leur raison, la définition des termes, l’exposition du mécanisme des instruments, leur usage et leur description. L’explication s’exécute en peu de mots ; le traité de l’art est ordinairement un discours très circonstancié et très étendu : pour s’en convaincre, on n’a qu’à comparer les articles bas au métier, Draperie, Manufacture en chapeau, Brasserie, etc. avec les explications des Planches de ces arts. L’explication, quand elle ne sert pas de supplément à l’ouvrage publié et aux volumes à publier, n’est qu’un renvoi à cet ouvrage. L’explication n’est pas toujours de celui qui a fait l’art, parce qu’elle pouvait être bien faite par un autre ; et réciproquement l’art n’est pas toujours de celui qui a fait l’explication. Par exemple, j’ai fait les arts du Batteur d’or, du Chamoiseur et du Mégissier, du Bonnetier, du Coutelier, de la dentelle, etc. ; et c’est un autre qui en a expliqué les Planches.

53Diderot reprend cet avertissement dans les tomes IV et VI. Dans le nota du tome V, il écrit :

Ces explications des Planches sont plus ou moins étendues, selon que la matière a été traitée plus brièvement ou plus au long dans les Volumes de discours auxquels elles servent de supplément en un grand nombre d’endroits, comme on aura lieu de s’en apercevoir. Avec une légère attention, on se convaincra que nous allons souvent fort au-delà de nos engagements, ce qui n’est pas l’ordinaire des ouvrages souscrits.

54Un exemple de différence entre les explications des États et les explications elles-mêmes est donné dans le tome V, contenant deux parties très distinctes, les sciences mathématiques et les arts mécaniques. Les planches sont rangées par sujet et à l’intérieur du sujet par numéro de planche ; chacune d’elles est résumée : par exemple l’Algèbre est composée de deux planches ; la première est « relative à la construction des équations, à leur résolution par le Géomètre, à l’analyse de situation, à la trisection de l’angle, aux tablettes de l’aveugle Saunderson, à la transformation des axes de la courbe. La planche II représente la "Machine arithmétique de Pascal” ». Il en ira de même pour les explications des arts mécaniques. Il s’agit de pré-explications destinées à clarifier l’esprit et l’œil du lecteur qui risquerait de se perdre dans les explications imprimées de manière serrée. Vient ensuite une Table des Matières contenues dans cette quatrième Livraison, ou cinquième volume qui résume brièvement les sujets abordés : ainsi l’« Analyse » est présentée comme le « Calcul différentiel et intégral ». Pour les Arts mécaniques, le « Marbreur de papier » traité en deux planches nous fournit un bon exemple de raccourci. Dans la planche I, sont représentés un « Attelier », un « ouvrier qui travaille », des « outils, pinceau, tamis, baquet, couleurs, molette, ramassoire, chassis, suite des manœuvres » ; dans la planche II, on voit la « suite des outils, baquets, mouvette, pinceau, peignes, pointe, étendoir, etc ». En revanche, dans l’explication, les taches des ouvriers sont plus clairement définies : c’est un « Ouvrier qui passe l’eau de la gomme », un « Ouvrier qui broie les couleurs », un « Ouvrier qui jette les couleurs », un « Ouvrier occupé à faire des frisons », un « Ouvrier qui applique une surface de papier sur la surface de l’eau pour la marbrer ».

55Il ne semble pas que Diderot ait de parti pris dans la rédaction des explications dans lesquelles on remarque beaucoup de différences dans la forme comme dans la présentation. Le point commun entre elles est qu’à chaque numéro ou lettre porté sur les planches correspond une explication.

  • 23 Voir F. Bacon, Du progrès et de la promotion des savoirs, avant-propos, traduction et notes par Mic (...)

56Pour coter les planches, les auteurs utilisent des signes particuliers ; par exemple, dans l’explication de la planche publiée dans l’article Anatomie, déjà cité, comme dans celle publiée avec la planche première de l’« Anatomie », représentant le squelette vu par-devant, gravée d’après la planche 21 de l’Humani Corporis Fabrica de Vesalius, sont utilisées les lettres minuscules et majuscules, puis après le z, des chiffres jusqu’à 21, puis deux lettres grecques, le chiffre 22, de nouveau deux lettres grecques, des chiffres de 23 à 34, six lettres grecques, les chiffres 35 et 36, quatre lettres grecques, les chiffres 37 et 38, quatre signes, enfin les chiffres 39 et 40. Cette utilisation de signes différents vient déjà de Vesalius lui-même qui numérotait les cotes et utilisait les lettres pour les autres os. La complexité des abréviations se retrouve dans plusieurs explications de planches dans lesquelles on voit des lettres doubles, voire triples, certaines en capitales, d’autres en minuscules. On peut se demander si cette manière de faire n’est pas également inspirée par le code imaginé, pour envoyer des messages secrets, par Francis Bacon (1561-1626) énoncé discrètement dans The two books of the proficience and advancement of Learning human and divine (160 5)23, puis de manière plus claire et plus complète dans son De Dignitate augmentis scientiarum libri IX (1623).

57Certaines explications sont très détaillées comme celles de la planche VIII consacrée aux Artères d’après l’Anthropologia Nova, or a New System of Anatomy describing the Animal œconomy and a short rationale of many distempers incident to Human Bodies (3e éd. 1727) de James Drake qui occupent presque les trois colonnes de texte de la page. D’autres se retrouvent également dans le sous article Machines hydrauliques (dans l’entrée Hydraulique, p .361-364) de Dezallier d’Argenville qui fait suite à l’article Hydraulique de d’Alembert (p. 360-361), tandis que Diderot indique qu’il est l’auteur des explications relatives aux planches du même sujet. Les planches présentées par Diderot sont les mêmes que celles retenues par Dezallier d’Argenville : machines de Marly et de Nymphenbourg, moulin à vent de Meudon, pompe du réservoir de l’égout, machine de M. Dupuis et pompe à bras. Diderot ajoute des planches sur le moulin à eau tandis que Dezallier d’Argenville décrit la machine hydraulique appliquée au Pont-Notre-Dame dont les planches sont publiées dans le tome III au chapitre « Charpente ». Diderot écrit à la fin des explications du t. V et nous le répétons :

Ces explications des Planches sont plus ou moins étendues, selon que la matière a été traitée plus brièvement ou au plus long dans les Volumes de discours auxquels elles servent de supplément en un grand nombre d’endroits, comme on aura lieu de s’en apercevoir. Avec une légère attention, on se convaincra que nous allons souvent fort au-delà de nos engagements, ce qui n’est pas l’ordinaire des ouvrages souscrits.

58On voit ici un changement d’optique important par rapport aux premiers volumes de planches. À la fin de ces explications, Diderot rend également compte des remarques faites par Antoine de Parcieux (1703-1768), « notre Censeur », concernant les figures de deux machines hydrauliques, celles de Marly et du moulin du Villebon. Diderot en ajoute une troisième à, savoir que la « Pompe à cheval de Madame de la Ferriere, à Clichi, qui fait aller trois pompes, sans rouet ni lanterne, par une manivelle à un seul coude, à l’imitation du moulin à vent de Vilbon, méritoit certainement d’avoir place dans ce Recueil, parce qu’elle est simple et solide ». Et Diderot conclut : « Nous convenons de la justesse de M. de Parcieux qui se montre en tout habile homme et homme de bien, grand Mécanicien et excellent Citoyen. Nous le remercions de ses critiques, et nous regrettons de n’avoir pas été continuellement aidé de ses lumières et de ses conseils ».

59La rédaction et la forme des explications évoluent au fur et à mesure de la publication des volumes. Les explications des premiers volumes comprennent des renseignements très précis sur le sujet représenté, ainsi par exemple l’explication de la planche III de l’« Agriculture », consacrée à la charrue à tourne-oreille dans laquelle on voit la charrue en perspective avec tous ses éléments décrits avec leurs noms propres et la concordance avec les figures. Ces précisions s’appliquent aussi à la manière d’utiliser les outils ou de faire comme dans la planche consacrée à la « Manière de brûler les terres [où] sont décrites les manières de labourer différentes selon les charrues qu’elle soit à versoir, ou à tourne-oreille ».

60Les auteurs des premiers volumes développent leurs explications dans des textes courts mais bien structurés et qui informent clairement le lecteur : dans la planche 1re de la « Manufacture de Tabac », le haut de la planche représente un « atelier de l’époulardage où l’on fait le triage des feuilles, et où l’on sépare les manoques, pour les distribuer par sortes dans les cases FG » ; le milieu de la planche représente un atelier de la mouillade. Dans l’explication de la figure 2 on voit un « ouvrier monté sur un amas de feuilles ». L’explication se porte surtout sur le lieu :

On voit par la figure que cet atelier est placé au rez-de-chaussée ; que le pavé est formé par de grandes dalles de pierres un peu inclinées vers celles du milieu E, qui sont creusées en caniveau pour laisser écouler l’eau superflue (…). Les parois de cet atelier sont couvertes de fortes planches, pour empêcher que les tas de feuilles ne touchent les murailles.

  • 24 L’article équation de l’horloge, t. V, p. 855, est la même chose que l’équation du temps, article s (...)

61Certaines explications sont franchement complexes et l’on peut se demander si le lecteur de l’Encyclopédie a pu se donner la peine de les comprendre et surtout s’il les a comprises. Pour les « Moulins à vent et à eau pour moudre le blé », publiés dans l’« Agriculture », l’explication fournit un tableau de concordances des figures entre les quatre premières planches, avec des figures numérotées en lettres ou en chiffres. La lecture de ce tableau est d’autant plus difficile que les planches ne peuvent pas être regardées ensemble par le lecteur et qu’elles se succèdent, alors que vraisemblablement le rédacteur des explications ne pouvait travailler qu’avec les quatre planches devant lui. Cette manière de pratiquer disparaît complètement dans les derniers volumes. Les explications du chapitre « Horlogerie » sont extrêmement techniques et ne relèvent pas en fait de la vulgarisation. Ces explications sont longues et peu lisibles, si bien qu’une Table est publiée en tête. Les travaux cités sont ceux des plus éminents horlogers du temps, Julien Le Roy, Dauthiau, Ferdinand Berthoud (1725-1807), Henri Sulli (?-1728) et Hullot (vers 1715-1781). Goussier donne lui-même une planche sur des « Machines pour remonter les ressorts de Montres et de Pendules et Outils pour mettre les Roues de Montres droites en Cage ». Certaines de ces planches regroupent plusieurs planches, ce qui est l’une des causes de la difficulté de lecture de ce chapitre. Ainsi, la planche IX consacrée à la pendule à équation regroupe en fait 10 planches, numérotées de O à Z, toutes décrites à l’article Équation 24. D’autres planches sont gratifiées de doubles et de triples lettres. Ces explications contiennent aussi des renvois aux articles, à des figures d’autres planches ou à des tableaux publiés dans le corps des explications. La complexité de ce chapitre est d’ailleurs reconnue d’emblée dans le court texte qui précède la Table :

Comme la partie de l’Horlogerie a été successivement augmentée, et qu’il convenait de rapprocher les unes des autres Planches qui contiennent des matières ou des ouvrages de même espèce, on a pris le parti d’intercaler les nouvelles Planches dans les anciennes ; mais pour ne pas troubler l’ordre des numéros sous lesquels elles étaient citées, et par lesquels ces anciennes Planches sont fréquemment désignées dans l’Encyclopédie, on a coté les nouvelles du même numéro que les anciennes qu’elles suivent, en les désignant par 1. suite, 2. suite, 3. suite, etc. de telle ou telle Planche ; et pour prévenir toute confusion, on a ajouté à chaque Planche un nouveau caractère ou une nouvelle signature à l’angle inférieur et extérieur de chacune, composée des lettres de l’alphabet dans leur ordre naturel, répétées autant qu’il a été nécessaire, ainsi qu’il est marqué dans la table suivante.

62Suit la table qui comprend trois parties, les numéros de la planche, la nouvelle cote ou signature, la matière que contiennent les planches.

63Une autre variété est fournie dans l’État publié dans le tome IV, à l’article Peinture en émail qui comprend deux planches : la première contient des figures des « cabinet du peintre, opérations, outils, peintre peignant, opération de passer au feu, fourneau, moufle, détails de la mousse et du fourneau » numérotés de 1 à 10 ; un nota indique « qu’on n’a pas séparé dans l’explication des Planches cette Première Planche de la suivante ; celle-ci commence à la figure 11 ». La deuxième planche est consacrée aux outils de l’émailleur.

64Les explications de planches sont ponctuées de notes qui nous renseignent sur l’élaboration des volumes de planches. Ces renseignements nous montrent très clairement que les Encyclopédistes ont été obligés de multiplier le plus souvent le nombre de planches. Ainsi, dès le tome I, à propos de la « Culture et du travail du chanvre », on lit un Nota qui nous indique :

On s’était proposé de ne donner qu’une Planche sur le chanvre, partagée en trois divisions ; on a été obligé d’en donner deux ; et pour leur conserver du rapport avec les citations, la première est cotée Planche première, première et seconde division... La seconde l’est, Planche première, troisième division.

65En fait, le dessinateur de l’Encyclopédie travaille à partir des planches de l’ouvrage d’Henry Duhamel du Montceau (1700-1782), le Traité de la fabrique des manœuvres pour les vaisseaux ou l’Art de la Garderie (Paris, Imprimerie royale, 1er volume, 1747 et 2e volume, 1769) dont il reprend les planches en choisissant dans l’une un détail, dans l’autre un autre.

66On trouve aussi des renvois à d’autres chapitres : le nota qui accompagne l’unique planche du « Four à Chaux » indique : « On trouvera dans les Planches VII et VIII de la Maçonnerie (art. Architecture) d’autres détails du four à chaux ». Ailleurs, on voit bien que le rédacteur s’est directement inspiré, sans beaucoup de changement de texte de son modèle ; ainsi l’explication de la « Machine pour arracher de gros arbres et les souches avec leurs racines, inventée par Pierre Sommer du canton de Berne » qui remplit plus d’une colonne.

67Les explications des planches sont courtes mais sont parfois complétées par des textes repris de manuscrits, celui appartenant à Perronet conservé aujourd’hui à l’École nationale des Ponts et Chaussées, l’autre à la Bibliothèque Mazarine comprenant des « Questions et Réponses sur les carrières d’ardoises rédigées par M. de Magnanville, Intendant de la généralité de Tours », contemporain du travail effectué par l’ingénieur de Jean de Voglie (vers 1723-1777) pour les planches sur les ardoisières d’Anjou. L’explication des deux planches sur le basalte d’Auvergne est due à Nicolas Desmarest (1725-1815) qui publie, dans ce court texte consacré aux prismes articulés, le résultat de ses recherches fondamentales sur le basalte puisqu’il en affirme l’origine volcanique. Cette explication est l’un des rares textes de l’Encyclopédie qui concorde avec l’actualité et qui soit réellement de première importance.

68À travers les planches de l’Encyclopédie, on prend vraiment conscience que Diderot a compris l’image comme un moyen, voire une discipline, de diffusion des connaissances au même titre que l’écrit. Le rôle des planches de l’Encyclopédie est également important pour la formation des idées esthétiques de Diderot. Dans les années 1747-1750, on ne trouve guère d’écho dans l’œuvre de Diderot des diverses formes d’art. Son intérêt se porte alors essentiellement sur les sciences et la philosophie. Mais peu à peu grâce à l’Encyclopédie, il acquiert en travaillant aux planches une culture artistique et iconographique qu’il ne possédait pas auparavant. C’est au contact des images choisies pour l’Encyclopédie que Diderot apprend à lire, à regarder, à analyser, à disséquer une œuvre d’art et à comprendre le pouvoir pédagogique que chacune porte en elle. (8)

Notes

1 Ce point, trop important pour être pris en compte dans cet article, a fait l’objet d’une communication intitulée « La genèse des planches », au colloque organisé par Sylviane Albertan-Coppola à l’université de Valenciennes (15 mars 2002) sur La Philosophie en images : le projet des Lumières à travers les planches de l’Encyclopédie. Édition à paraître aux Publications de l’Université de Valenciennes.

2 Signé Ludovicus Dempsey Dublin Sculpsit 1739 dans l’édition de Dublin, R. Gunne, 1742, conservée à la BnF, Imprimés ; Philip Stewart, « Sur le frontispice (français) de Chambers », Gazette des Beaux-Arts, janvier 1995, p. 31-40. Sur Chambers, voir Lael Ely Bradshaw, « Ephraim Chambers’Cyclopœdia » in SVECkafker3, p. 123-140 ; voir ici même l’article d’Ellen Moerman.

3 Londres, 1704, 1708, D. Brown, 1710,1736, 2 volumes ; Supplément, 1744. C’est la première encyclopédie anglaise. Sur Harris voir : Lael Ely Bradshaw, « John Harris’Lexicon Technicum » in SVECkafkerl, op. cit., p. 107-121.

4 Paris, Archives nationales, U 1051 ; Louis-Philippe May, « Documents nouveaux sur l’Encyclopédie : Histoire et sources de l’Encyclopédie d’après le registre de délibérations et de comptes des éditeurs et un mémoire inédit », Paris, 1938, extrait de la Revue de Synthèse, tome XV, Synthèse Historique, VIII, Paris, février 1938, p. 7-110.

5 Sept volumes publiés par Jean-Gaffin Gallon (1706-1775), pour les six premiers à Paris, G. Martin, J.– B. Coignard fils, H.-L. Guérin, 1735.

6 Diderot se sert également des mémoires consacrés à d’autres machines présentées à l’Académie royale des Sciences et publiées elles aussi dans les Machines approuvées : volume II, 1735, p. 131 et V, 1735, p. 103-115, 117-119, 121-123.

7 Les dessins de Le Masson du Parc, augmentés de ceux exécutés pour le Traité des Pêches de Duhamel du Montceau, étaient dans leur majorité conservés chez l’un des descendants de Marcel Jeanson (1885- 1942) ; ils ont été mis en vente publique à l’Hôtel des Ventes de Neuilly, Claude Aguttes, Commissaire-Priseur, 10 octobre 2001, n° 201.

8 Londres, J. Martyn et J. Allestry, 1665, 3 volumes, avec des volumes 4 et 5 de compléments pour les années 1700-1720, 6 et 7 pour les années 1719-1733, 8, 9,10 pour les années 1732-1750. Diderot reçoit en 1749 dix volumes, in-4° (format erroné, il s’agit de in-8°), ce qui est loin de représenter une édition complète de la série. J. Proust propose qu’il s’agisse des Memoirs... being a new abridgement of the Philosophical Transactions, 1695-1735, fait par Badham, Londres, 1738-1741. Une deuxième édition a lieu à Londres en 1745 ; J. Proust, « La bibliothèque de Diderot », Revue des Sciences Humaines, Paris, A. Colin, avril-juin 1958, p. 261.

9 Par exemple, Lustrine pour la Manufacture en Soie, IX, p. 751-754 avec des figures d’armures, p. 752- 753 ; Damas, IV, p. 615-616 avec des figures d’armures ; Coton, IV, p. 306-316, fig. p. 311, 312 et 313 ; Satins, XVI, p. 686-689.

10 Par exemple, Frottement, VII, pp. 345-354, fig. 347 : régulateur et balancier ; fig. 350 : description d’une montre ; Révolution, XIV, p. 238-239 article de Romilly avec figures dans le texte ; Ressort de cadran, XIV, p. 187, fig. T ; Ressort ou grand ressort, XIV, p. 186-187, planche 10, fig. 48.

11 Par ex., Mat, X, p. 185 : Méthode pour trouver les diamètres moyens entre le plus grand et le plus petit.

12 Par ex., Mesures, X, p. 408-425, Table des Mesures, p. 416, 417, 418,420,421, 422, 423 ; Itinéraires : tableau des mesures itinéraires anciennes, et de leurs rapports entre elles et avec les mesures modernes ; Poids (Physique’), XII, 1765, p. 849-859, avec plusieurs tableaux sur les poids.

13 Abrégé, partie de l’Orgue, I, p. 36-37, fig. 37 ; Diapason, IV, p. 943-944 : tableau du système diatonique.

14 Copie envoyée dans une lettre à ses parents et amis de Langres (6 janvier 1755) ; BnF, Mss. Fonds Vandeul, Lettres à sa famille ; Diderot, Correspondance, recueillie, établie et annotée par Georges Roth, Paris, Les Éditions de Minuit, I, 1955, p. 185-186.

15 L’Historiæ conchyliorum Liber Primus Qui est de Cochleis Terrestribus, Londres, chez l’auteur, 1685- 1692 ; VHistoriæ sive Synopsis methodicæ Conchyliorum quorum Omnium Pictura, ad vivum delineata, eschibetur, Londres, chez l’auteur, 1684-1692.

16 De Historia Piscium Libri quator... Cum appendice historias et observationes... Oxford, Theatro Sheldiniano, 1686, avec des ajouts de John Ray (1627-1705).

17 Louis-Jean-Marie Daubenton (1716-1800) renvoie aussi à l’ouvrage du père Jean-Baptiste Du Tertre (1610-1687), l’Histoire générale des Antilles habitées par les Français, Paris, T. Jolly, 1667.

18 [Note de l’éditeur : On assiste au même phénomène dans les volumes de discours avec les articles traduits de Chambers. Ici les articles des planches copiés de la Description des Arts et Métiers conservent leur numérotation propre, si bien que le même article de planche dans l’Encyclopédie ne comporte pas une numérotation correspondant à celle de l’Encyclopédie. Pareillement, les articles traduits de Chambers sont traduits avec les renvois inscrits par Chambers. Ainsi souvent, les articles de l’Encyclopédie issus la Cyclopœdia ont des renvois qui ne correspondent pas aux articles de l’Encyclopédie.]

19 Planches, 1768, État alphabétique des matières contenues dans ce sixième volume, p. 8. Cet État contient également un hommage appuyé à Catherine II de Russie, p. 7-8.

20 Dans l’article Encyclopédie, Diderot cite parmi les ouvrages dont il s’était servi « le fameux règlement des Piemontois sur leurs manufactures ».

21 Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) ; J. Proust, « Précisions nouvelles sur les débuts de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais », Studifrancesi, n° 19, Turin, s.n., 1963, p. 85-88.

22 Pierre Tarin (1721-1793 ?), anatomiste ; SVECkafker3, p. 360-362. La première partie porte l’* de Diderot, p. 409-416.

23 Voir F. Bacon, Du progrès et de la promotion des savoirs, avant-propos, traduction et notes par Michèle Le Doeuff, Paris, Gallimard, 1991, notamment p. 182-183.

24 L’article équation de l’horloge, t. V, p. 855, est la même chose que l’équation du temps, article suivant, p. 855-856, suivi de équation du centre, ibid., p. 856-857, qui renvoie au suivant Équation du mouvement des planètes, p. 857-871, dont l’auteur est Ferdinand Berthoud (1727-1807), qui explique dans cette partie les divers mécanismes présentés dans les planches.

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