Introduction

1Dès 1995, le Centre d’études d’histoire de la Défense (CEHD) avait amorcé une série de colloques sur les questions d’armement en France après la Seconde Guerre mondiale. L’armement était en effet le parent pauvre des études en histoire militaire. On s’intéressait volontiers aux opérations militaires, aux doctrines, aux rapports politico-militaires, aux différentes armées. Les recherches sur les questions d’armement étaient curieusement délaissées. La faute n’en était pas seulement aux chercheurs. La technicité du sujet, la difficulté d’accès aux sources constituent des freins importants à une recherche bien nécessaire. Car, à l’évidence, les armements sont indissociables des armées, et n’a-t-on pas imputé aux déficiences de l’armement les revers militaires ? En outre, l’étude des armements est passionnante en ceci qu’elle se trouve au carrefour des questions militaire, financière, technique ou industrielle.

2Le colloque de juin 1995 sur l’armement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1945-1947) et celui de septembre 1997 sur l’armement au temps de la IV^e République ont fait l’objet de publications1.

3Voici les actes du troisième colloque consacré au début de la V^e République, plus exactement à la période allant de la fin des années 1950 à la fin des années 1960.

4Trente ans après, il s’agissait de profiter de la conjonction exceptionnelle de l’ouverture de certaines archives (à l’exception regrettable des procès-verbaux des comités de défense) et de la présence encore active de témoins privilégiés des événements. Pour autant, le sujet n’est pas entièrement neuf. En particulier, dans le domaine nucléaire, plusieurs études ou actes de colloque ont ouvert la voie : « l’Arme nucléaire et ses vecteurs »2 et « La France et l’atome »3 qui rassemble quelques contributions du Groupe d’études français d’histoire de l’armement nucléaire et indique les autres. Encore davantage que pour la période directement postérieure à la guerre, ce début de la V^e République constitue un tournant capital. L’armement y est à la fois le fer de lance et l’enjeu d’une modernisation qui concerne toute l’économie de la société française. Les bases de la France du dernier tiers de siècle s’y trouvent définies. C’est dire l’importance des études ici rassemblées. Afin d’enrichir le volume, il a paru nécessaire de retenir, à côté des textes qui ont été soigneusement revus par les auteurs, quelques extraits des débats auxquels ont donné lieu des interventions en séance.

5Le colloque et les actes n’auraient pas pu être réalisés sans le concours du Comité pour l’histoire de l’armement, des services historiques des armées, et l’aide d’un comité d’organisation scientifique animé par Carole Labarre et, pour la mise au point des textes, de Valéry Baude et Philippe Legendre. Que les uns et les autres trouvent ici le témoignage de la reconnaissance du CEHD.