Ramadan et politique
On constate aujourd'hui dans les sociétés musulmanes un regain de la pratique du ramadan. Ce regain peut être interprété comme un signe de réislamisation, mais il ne s'agit pas d'un simple retour à une tradition. A travers la permanence du rite, c'est l'évolution de ses formes, le changement de ses modalités, le renouvellement de ses discours, l'exégèse de la foi qui sont à l'œuvre.
Ce qui frappe à la lecture des chapitres de cet ouvrage, c'est l'extrême adaptabilité d'une pratique religieuse...
Éditeur : CNRS Éditions
Lieu d’édition : Paris
Publication sur OpenEdition Books : 24 juin 2013
ISBN numérique : 978-2-271-07844-5
DOI : 10.4000/books.editionscnrs.2886
Collection : CNRS Sociologie
Année d’édition : 2000
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-271-05815-7
Nombre de pages : 153
François Georgeon
PrésentationLivre premier. Les politiques publiques du ramadan
François Georgeon
Chapitre premier. Les usages politiques du ramadan, de l’Empire ottoman à la république de TurquieMounia Bennani-Chraïbi
Chapitre 2. Le ramadan au Maroc : sacralisation et inversionAndreas Christmann
Bernard (trad.)
Chapitre 3. Une piété inventée : le ramadan dans les mass media syriensLivre II. Sphère privée, sphère publique
Fariba Adelkhah
Chapitre 5. Le ramadan comme négociation entre le public et le privé : le cas de la République islamique d’IranLivre III. Le temps des mobilisations
Jean-Claude Penrad
Chapitre 6. L’autre face de la lune. Figures politiques du ramadan en Afrique orientaleLeïla Cherif-Chebbi
Chapitre 7. Islam minoritaire : du rituel communautaire à la mobilisation des musulmans chinoisAkram B. Ellyas
Chapitre 8. Le ramadan en AlgérieFariba Adelkhah
Conclusion
On constate aujourd'hui dans les sociétés musulmanes un regain de la pratique du ramadan. Ce regain peut être interprété comme un signe de réislamisation, mais il ne s'agit pas d'un simple retour à une tradition. A travers la permanence du rite, c'est l'évolution de ses formes, le changement de ses modalités, le renouvellement de ses discours, l'exégèse de la foi qui sont à l'œuvre.
Ce qui frappe à la lecture des chapitres de cet ouvrage, c'est l'extrême adaptabilité d'une pratique religieuse qui est tout sauf figée et uniforme. Le ramadan est présenté dans cet ouvrage comme un rituel de changement social, d'innovation culturelle, de politique publique, voire de mobilisation politique. Il est également un temps de négociation entre sphères publique et privée dans le contexte de la globalisation.
On peut en voir l'illustration à travers l'utilisation électorale du « mois béni » en Iran ou en Turquie, sa mise à profit par le Parti de l'action démocratique en Bosnie, ou sa manipulation par les tueurs de diverses obédiences en Algérie. Sans oublier les disputes lunaires auxquelles il donne lieu entre les différentes autorités, ni sa visibilité croissante dans les sociétés ouest-européennes. Cette flexibilité du rite s'accompagne de sa polysémie : il est un moment fort d'investissement religieux, politique et économique qui permet la distinction sociale et l'individuation du croyant.
Si l'on ajoute que le ramadan est en même temps une fête carnavalesque qui introduit et canalise le désordre et la transgression, on admettra, avec les auteurs de cet ouvrage, qu'on ne peut le considérer simplement comme une norme contraignante. Sous ses auspices, la relation de l'Homme au Dieu créateur va de pair avec la création du monde par l'Homme.
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