Le rôle central des agriculteurs dans les projets d’EnR
Apports pour une socio-anthropologie des énergies renouvelables
p. 349-356
Texte intégral
1Plus que tout autre groupe socio-professionnel, les agriculteurs sont parmi les premiers, et les plus nombreux, à avoir mis en place des énergies renouvelables (EnR) ces vingt dernières années, que ce soit individuellement ou collectivement. L’étude socio-anthropologique de communes ayant atteint une autonomie énergétique totale ou partielle en Allemagne, Autriche et France, nous montre que les agriculteurs tiennent également une place absolument centrale dans ces projets locaux, en tant qu’initiateurs ou acteurs principaux. Comment comprendre le rôle précurseur des agriculteurs dans le choix des EnR ? Et comment ce choix nous informe-t-il finalement des représentations, valeurs et rapport au monde dans lequel s’inscrit l’usage de ces techniques ?
2S’il y a bien sûr, dans l’activité agricole, des conditions matérielles propices aux EnR, celles-ci n’expliquent pas entièrement ce choix technique. Il se révèle intimement lié à l’activité agricole en tant que telle, qui s’inscrit dans une temporalité, un lieu et un rapport à la nature spécifiques, ainsi que dans un rapport particulier au risque, à la technique et à l’innovation.
3Ce « détour » par le monde agricole, permet dès lors d’expliquer les freins que peut rencontrer le choix des EnR dans les sociétés occidentales. Ni moderne, ni pré-moderne, le choix des EnR se situerait davantage dans un dépassement de ces deux rapports au monde.
Terrains et Méthodes
4L’étude de terrain porte sur quatre communes de 800 à 4 000 habitants et une Communauté de Communes1, en Allemagne, Autriche et France : Freiamt (Bade-Wurtenberg, Allemagne), Jühnde (Basse-Saxe, Allemagne), Mureck (Styrie, Autriche), Güssing (Burgenland, Autriche) et la Communauté de Communes du Mené (Côtes-d’Armor, France)2. Il s’agit de petites communes rurales, toutes relativement proches de grandes villes (moins de 90 km), qui ont en commun d’être « des territoires difficiles », pour différentes raisons : faible développement économique, vieillissement et/ou diminution de la population, faible attractivité économique et/ou touristique, sols pauvres, pollutions, etc. Ce qui n’est pas sans lien avec le développement local de projets énergétiques, comme le souligne cet élu du Mené (France) :
« On est et on a toujours été une région difficile. Je ne vais pas dire qu’on est une région arriérée, mais on est une région sans doute, moins développée, oui, que certaines autres régions. On a un climat qui est difficile parce qu’on est sur une butte, ici, le territoire du Mené, est sur une butte. C’est froid, les sols sont ingrats. La population est âgée. Donc autant de défis, autant de défis à relever quand même. Donc, oui, je pense que c’est dans la difficulté que les gens ont su se mobiliser. Et ça je crois que, ben dans un territoire facile, où les choses sont faciles, on ne pense pas forcément à toutes ces choses-là, quoi. »
5Dans toutes ces communes en effet, des installations d’énergies renouvelables (EnR) collectives ont été mises en place, qu’elles soient publiques, gérées de manière coopérative par les habitants ou sous forme de société d’économie mixte public-privé. Elles ont une autonomie énergétique totale (c’est-à-dire que leur production d’énergie est supérieure ou égale à la consommation locale) ou partielle. Néanmoins, toutes ces communes restent raccordées aux réseaux énergétiques préexistants – tel que le réseau électrique par exemple, alors que les réseaux locaux de chaleur sont, dans tous les cas étudiés, de nouvelles installations et donc de micro-réseaux fermés et autonomes. Ces installations collectives vont donc produire de la chaleur, à partir de biomasse (chaudière à bois, méthanisation), distribuée à travers les réseaux locaux. Elles peuvent également produire des agrocarburants3. L’électricité produite (méthanisation, solaire photovoltaïque, éolien, turbines hydrauliques) est quant à elle réinjectée dans le réseau national, indirectement (surplus) ou directement. À ces installations collectives s’ajoutent également des installations individuelles (solaire thermique et photovoltaïque, chaudière à bois, etc.).
Une surreprésentation des agriculteurs au sein des projets EnR
6Nous nous sommes intéressés à la genèse de ces installations collectives d’EnR, c’est-à-dire aux acteurs et processus à l’origine de ce choix technique, ainsi qu’aux implications sociales de cette autonomie énergétique locale. Les entretiens ont donc été menés principalement avec les initiateurs et acteurs centraux de ces projets, les élus, ainsi que quelques habitants, membres ou usagers, voire opposants le cas échéant.
7Alors que nous postulions un rôle déterminant des élus locaux dans l’émergence de ces installations, il s’est avéré que les initiateurs et acteurs de ces projets étaient principalement les habitants, et tout particulièrement les agriculteurs. C’est-à-dire que, dans la plupart des communes, l’idée de ces projets et leur concrétisation est venue des citoyens, à travers la mise en place de coopératives agricoles, citoyennes ou mixtes. Parmi les communes étudiées, seule Güssing (Autriche) a atteint une autonomie énergétique par volonté politique de son maire, au moyen d’actions et projets municipaux. Les habitants ont cependant été associés à ces installations, à travers leurs montages financiers : des sociétés d’économie mixte public (municipalité) / privé (investissements citoyens). Une majorité municipale (51 %) était néanmoins préemptée (et conservée) pour garantir l’intérêt collectif et le pouvoir décisionnel, notamment pour fixer le prix de l’énergie4.
8Hormis cet exemple donc, dans les autres communes, ces projets collectifs ne furent pas initiés par les élus locaux, mais par des habitants, et tout particulièrement des agriculteurs. Ainsi, sur les cinq communes étudiées, les agriculteurs-éleveurs représentent 63 % des initiateurs de ces projets EnR et 62,5 % des présidents des coopératives ou associations qui régissent ces installations EnR. Tous entretiens confondus (initiateurs, acteurs, élus, habitants, usagers, opposants, etc.), un tiers des interviewés se sont avérés être des agriculteurs-éleveurs.
9Les projets initiés dans toutes les communes ont été aidés et soutenus par les élus de manière plus ou moins active. Il faut cependant noter que, dans ces petites communes, les fonctions municipales sont rarement exclusives, les élus conservant en effet souvent leur emploi principal. Mais les cas de figure où les initiateurs ou acteurs centraux avaient une « double casquette » (maire et agriculteur par exemple) se sont finalement peu présentés5. Néanmoins les acteurs, ici comme ailleurs, appartiennent toujours simultanément à différents groupes sociaux (un groupe professionnel, un groupe politique, un groupe associatif, amical, etc.), ce qui n’est pas sans influence sur les genèses de ces projets, la diffusion ou le foisonnement des initiatives.
10Les agriculteurs rencontrés ne sont pas des néoruraux, ils sont originaires du monde agricole et ont repris l’exploitation familiale (de l’un ou l’autre conjoint, lorsqu’il s’agit d’un couple d’exploitants). Les types de culture et d’élevage sont variables selon les acteurs rencontrés et les régions, avec une petite prépondérance d’agriculteurs-éleveurs (vaches à lait et à viande, porc, veaux de boucherie), qui cultivent céréales et fourrages pour leurs animaux. Tous produisent en agriculture conventionnelle même si les pratiques peuvent différer : il y a une coexistence de pratiques traditionnelles et modernes, biologiques et intensives, c’est-à-dire une complexité des pratiques agricoles sur laquelle nous reviendrons plus loin.
11Bien que les agriculteurs constituent un groupe socio-professionnel hétérogène, à travers l’activité agricole comme profession spécifique, on observe un certain nombre de valeurs et pratiques partagées, sans pour autant nier les particularités individuelles et aplanir ce groupe social en un tout homogène. Nous employons le terme d’« agriculteur » qui, bien que faisant référence aux transformations survenues avec la modernisation de l’agriculture et la disparation de la société paysanne traditionnelle (Mendras, 1984) et ayant parfois une connotation négative (figure de l’agriculture intensive), nous apparaît néanmoins plus approprié que celui de « paysan », ré-enchantant ou nostalgique d’un passé révolu. Le terme d’« agriculteur-paysan » (Deléage, 2005 b) nous semble plus proche de la réalité du monde agricole, bien qu’il ne s’adresse, pour son auteur, qu’aux pratiques d’agriculture durable. Or, comme nous le verrons, le monde agricole n’est pas manichéen, il se révèle hétérogène et complexe, ne correspondant tout à fait ni à l’une ni à l’autre de ces images. Une nouvelle définition et représentation de ce métier en mutation s’avère dès lors nécessaire, où « il ne s’agit pas de réinventer le paysan, mais bien de dépasser l’agriculteur » (Hervieu, 1996, p. 119).
12Ainsi la surreprésentation des agriculteurs dans les projets locaux d’EnR ne signifie pas que tous les agriculteurs soient pro-EnR, mais cela nous a amené à interroger plus particulièrement le lien entre activité agricole et choix des EnR.
L’activité agricole : inscription dans un lieu, une temporalité et un rapport à la nature spécifique
13Il y a tout d’abord, bien sûr, dans l’activité agricole, des conditions matérielles propices aux énergies renouvelables : des ressources en biomasse, bois, lisier (méthanisation, chaufferies bois-biomasse, agro-carburants), des terres (éolienne), de grandes surfaces de toit sur les hangars et bâtiments agricoles (solaire thermique et photovoltaïque), etc. Mais cela ne permet pas d’expliquer pourquoi ce groupe socio-professionnel a, plus que tout autre – et notamment d’un grand nombre de petites et moyennes entreprises aux conditions matérielles identiques (déchets de production valorisables en énergie, surfaces foncières, grandes toitures, etc.) – choisi d’installer des EnR. Au-delà des seuls projets collectifs, les agriculteurs sont en effet parmi les premiers (et les plus nombreux) à avoir mis en place des EnR, que ce soit individuellement sur l’exploitation ou en petit collectifs (regroupement à 2-3 exploitants pour l’installation d’une éolienne, d’une micro-centrale de méthanisation, etc.). Ce rôle tout à fait précurseur des agriculteurs dans le choix et les installations d’EnR apparaît intimement lié à l’activité agricole en tant que telle.
Une société de l’« aléa » ou son rapport à la nature
14Les EnR inscrivent leur utilisateur dans une certaine dépendance vis-à-vis des phénomènes naturels : la présence de vent ou de soleil (énergies de flux), les cycles de croissance et de renouvellement de la biomasse (énergies de stock telles que le bois), etc. Cet « aléa » de la production énergétique est un frein à la fois pratique (intermittence concrète de la production) et symbolique (dépendance à la nature) à l’adoption des EnR, dans une société qui a justement construit sa modernité sur la libération des contraintes naturelles et climatiques, et ce, tout particulièrement dans la société urbaine (Hervieu, Viard, 2001). Or cette dépendance à la nature et aux conditions météorologiques est inhérente à l’activité agricole. Si elle peut être qualifiée de « société de l’aléa », c’est bien parce que « le monde agricole reste sur ce point largement incertain où la météo décide de l’activité de chaque journée et le climat d’une forte part des résultats du travail des hommes » (Hervieu, Viard, 2000). La modernisation de l’agriculture a certes réduit cette dépendance à la nature, mais elle est loin de l’avoir annulée ; la majorité des agriculteurs ne cultivant pas sous serres et hors sol. Si les EnR font sens, c’est parce qu’elles s’inscrivent dans la continuité de ce rapport particulier qu’entretiennent les agriculteurs à la nature, qui « travaillent avec elle », comme l’explique cet interlocuteur :
« C’est pas l’homme qui commande, c’est la nature qui commande. Et, la nature faut apprendre à la connaître, apprendre à la dompter. Même si, elle est souvent difficile à dompter. Mais surtout apprendre à la connaître. Et, en tant qu’agriculteur, c’est vrai que, ben nous, je dirais qu’on connaît ces choses-là hein… Puisque nous, on travaille avec la nature. On ne va jamais faire le foin quand il pleut. On ne va jamais travailler la terre quand il pleut. Ben on attend que ce soit sec, qu’il fasse beau… »
Temporalités et spatialités
15On comprend dans cet extrait que ce rapport particulier à la nature, l’est également au temps. L’activité agricole s’inscrit ainsi dans un rapport au temps qui est celui de l’aléa, de l’attente, et finalement dans un « temps long », puisque ce travail quotidien va être rythmé par des cycles saisonniers, annuels voire pluriannuels (sylviculture, élevage). L’agriculteur entretient ainsi un rapport au temps qui s’inscrit fondamentalement dans le long terme. C’est par exemple une des rares professions où il courant d’investir sur plus de vingt ans, quand ce n’est pas au profit de la génération suivante.
16Néanmoins, cette projection dans le « long terme » ou cette inscription dans un « temps long » ne peut pas, ou pas seulement, s’expliquer par la transmission familiale des exploitations, qui est bien moins systématique. En effet, parmi tous les agriculteurs rencontrés, un seul a transmis son exploitation à l’un de ses enfants. Dans les autres exploitations, il n’y aura pas de reprise familiale, soit parce que les enfants se sont orientés vers des métiers différents, soit par absence de filiation. Si la faible part de transmission familiale montre que, de ce point de vue, la société paysanne traditionnelle a bel et bien disparu (Mendras, 1984), elle s’explique néanmoins par différents facteurs : la forte dévaluation de ce métier, l’investissement de cette génération d’agriculteurs pour laquelle « dans les familles, à l’école, c’était le plus mauvais, ou le moins bon à l’école, qui restait à la ferme »6, pour que leurs propres enfants aient le choix et fassent des études (G.R.E.A., 1996), leur peu de confiance dans l’avenir de l’agriculture7, etc. Les jeunes agriculteurs le sont aujourd’hui par choix, et non par devoir ce qui, loin de constituer un échec, implique néanmoins une revalorisation de la profession pour susciter les vocations. Mais l’absence de transmission familiale ne remet pas en cause, tout comme sa présence ne peut à elle seule justifier, cette inscription dans un temps long. Celle-ci semble bien davantage liée à ce travail avec la nature et aux cycles longs du vivant. Un rapport particulier au temps, qui s’exprime aussi, et d’une autre manière, dans cet extrait d’entretien avec un agriculteur-maire :
« Ça met du temps [dynamique locale] et, moi, de ce côté-là je suis très optimiste parce que… pour moi les énergies renouvelables, c’est pas quelque chose qu’on doit avoir tout de suite en tournant la clé. On doit prendre le temps, on doit et on a le temps, de s’organiser pour faire, pour produire du renouvelable. C’est bien ça le renouvelable. De toute façon ça va être renouvelable. On sait que c’est renouvelable, donc prenons le temps de bien faire les choses. Et quand notre projet sera bien monté, bien réfléchi… On a la matière. Donc organisons-nous en amont et puis, on prend le problème. Mais pour moi, les énergies renouvelables, il n’y a pas de précipitation à avoir. Où il y a précipitation à avoir, ben oui, c’est quand on veut tout tout de suite, qu’on tourne la clé de la voiture, qu’elle ne démarre pas, voilà, on est stressé. »
17Il demeure enfin une forte sédentarité dans cette profession, puisque « les paysans sont, de par leur situation de transformateur de la nature, forcément d’un pays, d’une région, d’un lieu, c’est-à-dire “attachés” à une terre et à la Terre » (Deléage, 2005 a). Ainsi, malgré la modernisation de l’agriculture, la plupart des agriculteurs composent toujours avec les contraintes naturelles, qu’elles soient climatiques, temporelles ou spatiales et se distinguent, de ce point de vue, du reste de la société moderne. L’agriculteur n’est donc pas tout à fait un entrepreneur comme les autres. A travers son activité professionnelle, il s’inscrit dans un rapport singulier au temps, à l’espace et à la nature, dans lequel le choix des énergies renouvelables fait sens.
Les EnR : des techniques en rupture avec l’idéologie moderne
18L’usage des EnR se caractérise en effet par son inscription dans un lieu en se greffant sur un phénomène naturel (vent, soleil), un rapport particulier à la nature (dépendance aux cycles et conditions météorologiques) ainsi que dans une temporalité spécifique de par l’intermittence de la production d’énergie, mais également parce que ce choix nécessite une projection dans un « temps long », que ce soit en terme de rentabilité de ces installations (de dix à vingt ans) ou de leur impact positif sur l’environnement. Si ce choix technique fait sens dans le monde agricole, parce qu’en continuité avec des pratiques quotidiennes, il s’oppose à l’idéologie de la modernité qui s’incarne dans les techniques et modes de vie contemporains. À savoir, justement, cet arrachement aux contraintes de temps, de lieu et d’espace que permet l’usage des énergies fossiles et fissiles, en délocalisant la puissance de son lieu d’extraction, mobilisable dès lors en tout temps et tout lieu (Gras, 2003). Et c’est bien parce qu’il y a une rupture radicale dans le rapport au monde que sous-tend l’usage des EnR et celui des énergies fossiles et technologies modernes, que ce choix technique peine à se généraliser dans la société englobante.
L’activité agricole : entre tradition et modernité
19Alors bien sûr, cet arrachement n’est jamais totalement réalisé, ce que l’activité agricole nous rappelle si bien et ce, malgré la « révolution verte ». Si l’usage des EnR, techniques pour la plupart préindustrielles, se situe dans un rapport au monde qui n’est pas celui de la modernité, leur choix ne révèle-t-il pas que quelque chose résiste, ou a résisté à l’adoption totale des valeurs de la société industrielle pour une part du monde agricole tout du moins ? En lieu et place d’une adhésion totale aux valeurs modernes que sous-tendait l’agriculture productiviste et intensive, il y aurait plutôt une coexistence de valeurs – mais aussi de pratiques – modernes et traditionnelles.
20La mise en œuvre de politiques publiques incitatives, que ce soit en Allemagne, Autriche, ou France, a notamment joué un rôle dans le développement des EnR, avec l’obligation et la garantie d’achat de l’énergie à un prix fixe sur une durée de vingt ans. L’installation d’EnR permet ainsi d’avoir un revenu stable ou, à terme, un complément de retraite, ce qui est loin d’être négligeable dans l’activité agricole où les revenus fluctuent en fonction des prix des matières premières. En ce sens, le choix des EnR lie valeurs modernes et traditionnelles. Il nous montre également que les agriculteurs ont adopté un certain nombre de pratiques et valeurs de la société industrielle (l’importance du revenu, de la rentabilité de l’installation, l’investissement, le recours à l’emprunt ; Mendras, 1984), tout en conservant des pratiques et valeurs de la société traditionnelle (inscription dans un lieu et dans un « temps long », un rapport particulier à la nature et à l’autonomie). Si la « fin des paysans » a bien eu lieu (Mendras, 1984), ceux-ci n’auraient cependant pas entièrement adhéré à l’idéologie moderne que sous-tendait l’agriculture productiviste et intensive.
Les agriculteurs, au-delà des idées reçues
21Une « résistance » qui pourrait être liée au travail avec le vivant : il est peut-être ici plus difficile qu’ailleurs de penser « l’arrachement » à la nature lorsque l’on est si dépendant des cycles et des phénomènes naturels. Certes, un certain nombre d’agriculteurs semble avoir parfaitement adhéré à l’idéologie moderne, en pratiquant et revendiquant des modes de production très intensifs, où la domination du vivant est totale. Mais ceux-ci ne sont pas nécessairement majoritaires – bien que plus visibles et probablement plus influents – même si cela reste difficile à chiffrer : la taille des exploitations n’est en effet pas une indication fiable, puisque cela ne peut s’évaluer qu’au regard des pratiques de production et du sens que ces pratiques ont pour les agriculteurs. Ainsi, des modes de production intensifs peuvent être mise en œuvre sur de petites exploitations, tandis que de moyennes ou grandes exploitations peuvent adopter des modes de production plus traditionnels (comme cela peut être le cas en agriculture biologique par exemple). Plusieurs agriculteurs rencontrés, font aussi coexister, sur une même exploitation, ces deux modes de production, comme nous l’explique l’un d’entre eux :
« Nous sur l’exploitation, on avait, on a, parce que c’est mon fils qui a repris la suite ; ben, on a deux jambes aussi. On a une jambe que je qualifierais de la jambe industrielle hein, de l’agriculture industrielle, à travers une production, oui, industrielle de veaux de boucherie. Donc 500 veaux de boucherie,… en batterie, enfin ça a évolué mais ça c’est l’agriculture industrielle. Et de l’autre côté on a une agriculture plutôt… plutôt artisanale, hein. Avec un, enfin deux troupeaux de vaches allaitantes, et puis, on fait la commercialisation. On transforme la viande et on vend notre viande directement au consommateur. Donc vous voyez, deux productions totalement différentes, sur la même exploitation. Ben, qui arrivent, à faire un équilibre financier et, ben, globalement on s’y retrouve quoi. Y a aucun problème on s’y retrouve. »
22Ainsi cet agriculteur, en faisant coexister un mode de production industriel pour l’agro-industrie et un mode plus traditionnel, « artisanal », pour le cercle familial, amical et la vente directe, « s’y retrouve » non seulement au point de vue financier, mais également du sens de ses pratiques, dans lesquelles modernité et tradition se mélangent. Et, au sein même d’un seul mode de production, les acteurs peuvent faire coexister des pratiques que l’on penserait antagoniques : soigner, au sein d’un élevage intensif, son cheptel à l’homéopathie, ou encore produire de manière « biologique » tout en considérant ses pratiques comme relevant de l’agriculture conventionnelle8.
23Ainsi, le monde agricole n’est pas homogène et le manichéisme qui oppose « paysans » et « intensifs », voire postule la disparation totale des premiers par les seconds, est une représentation de ce groupe social qui correspond peu à ce qu’il est. Celui-ci est sociologiquement plus complexe qu’il ne paraît, justement parce qu’il est bien difficile de catégoriser les agriculteurs, en ce que leurs systèmes de valeurs et de représentations mêlent des valeurs que l’on voudrait antagoniques : par des emprunts, résistances et finalement mélange de valeurs traditionnelles et modernes, dont la composition différera d’un acteur à l’autre.
24Si les acteurs rencontrés, ne peuvent être considérés comme représentatifs du monde agricole dans son ensemble, en ce qu’ils n’en constituent qu’une infime partie, ils font néanmoins voler en éclat les prénotions, comme les nommait Durkheim (1894), ou catégories généralement admises sur les agriculteurs.
25L’étude du lien entre EnR et monde agricole permet donc à la fois de réinterroger ce groupe social – renouvelant les questionnements d’une sociologie rurale quelque peu délaissée, et de comprendre les représentations et rapports au monde dans lesquels s’inscrit l’usage de ces techniques, expliquant par là les freins et ressorts de leur choix dans la société contemporaine.
26Ainsi le choix des EnR s’inscrirait, tout comme certaines pratiques agricoles, ni tout à fait du côté de la modernité, ni de la tradition, mais plutôt dans un « dépassement »9 de ces deux rapports au monde.
L’activité agricole, un rapport singulier au risque, à la technique, à l’innovation et au vivant
27Mais le rôle précurseur des agriculteurs dans les installations d’EnR tient aussi au rapport singulier qu’il y a dans cette profession, au risque, à la technique, à l’innovation et au vivant.
28Cette « société de l’aléa » entretient en effet un rapport particulier au risque, en ce qu’elle dépend des conditions météorologiques qui vont bien entendu influer sur le résultat du travail de plusieurs mois ou années, mais aussi des prix de vente, tout aussi fluctuant en fonction des cours des matières premières. Le risque, inhérent à cette profession, en est même constitutif comme nous l’explique cet agriculteur :
« Aujourd’hui, on est arrivé à quelque chose qui me plaît de moins en moins, au niveau de la fonction d’agriculteur. C’est qu’aujourd’hui, le poids de l’agroalimentaire est trop trop lourd et, nous les agriculteurs, on devient des gens intégrés. Je dirais quelque part des OS, hein, de la grande distribution, puisque c’est eux qui sont en tête de gondole, c’est le coup de le dire, et puis de l’agroalimentaire. Donc on devient des gens intégrés. Et ça, ça ne me plaît pas du tout. Parce que la fonction d’entrepreneur dans ce genre de chose, ben elle diminue totalement. Elle n’a plus tant lieu d’être. On vous amène les produits, on vous dit “fais ci, fais ça, fais ci, fais ça”… Ça, ce n’est pas le rôle de l’agriculteur tel que je le conçois. Pour moi le rôle de l’agriculteur, c’est quelqu’un qui doit être d’abord un entrepreneur. Qui doit risquer ses propres deniers. »
29De cette habitude à composer avec le risque et l’aléa, le monde agricole s’avère d’une grande capacité d’adaptation et d’innovation (Béguin, et al., 2011). Celles-ci sont intimement liées à la polyvalence que requiert ce métier et à une certaine habitude de l’autonomie, comme le poursuit notre interlocuteur :
« Les gens qui font ce métier-là, ce sont des entrepreneurs et ce sont des gens qui sont capables de s’adapter très vite. Ils ont une capacité d’adaptation… certainement plus vite qu’ailleurs […] C’est un métier qui requiert plein de connaissances, hein. Faut être entrepreneur, faut être technicien, faut être comptable. Faut connaître un peu de droit… C’est un métier très, très complexe aujourd’hui […]
Mais l’agriculteur c’est quelqu’un de très polyvalent, hein. Il va aussi bien faire de l’électricité, de la soudure, de la chaudronnerie… On n’est pas toutes les cinq minutes à appeler tel ou tel spécialiste pour faire le boulot. On s’y met quoi. Parce que chez nous, enfin, chez nous, en général dans l’agriculture, on a quand même un problème, c’est que nos installations, elles tombent en panne souvent le samedi, quand c’est pas le dimanche. [Rires] Alors bon, vous imaginez bien que si vous avez un bâtiment, qu’il faut de la ventilation, qu’il y a un problème d’eau ou un problème de chauffage, vous n’allez pas trouver beaucoup de monde le dimanche, hein, même le samedi maintenant. Alors donc, article 22, on se débrouille, voilà. C’est pour ça, c’est vrai, on touche un petit peu à tout, mais, voilà, on est des généralistes, pas forcément hyper… pas spécialisés en tout, c’est normal. »
30On comprend dès lors que cette « débrouille » s’inscrit dans une culture technique, qui est proche du « bricolage » chez C. Lévi-Strauss (Lévi-Strauss, 1962). Elle repose sur la possibilité de savoir-faire autodidactes, garants d’une certaine autonomie d’action. Or les convertisseurs EnR sont des techniques appropriables, car maîtrisables et réparables par un individu ou un groupe sans connaissances techniques pointues10. Elles se situeraient donc plutôt du côté de l’« outil convivial » (Illich, 1973), que de celui des technologies modernes, « verrouillées » pour l’utilisateur et comme enfermées dans des « boîtes noires » (Gras, 2003).
31Mais ces techniques sont également les médiations d’un rapport particulier à la nature (dépendance aux conditions climatiques, aux cycles naturels, etc.) et au vivant, dont l’analogie entre EnR et animaux est signifiante. La cuve de méthanisation (où fermente la biomasse) est en effet appelée un « digesteur », ce qui peut s’expliquer par le fait que « ce processus complexe [décomposition de matières organiques par des bactéries] est à l’œuvre dans le système digestif des humains et animaux » (Lhomme, 2004, p. 175). Aussi la méthanisation nous a souvent été décrite de cette manière :
« Un méthaniseur, c’est une panse de vache », « c’est une digestion bactérienne, c’est exactement pareil », « c’est la nature ! ».
32Une analogie récurrente entre méthanisation et vache ressort ainsi fortement du terrain, que ce soit en Allemagne, Autriche ou France, et que deux exemples illustrent particulièrement. Le premier se situe dans une commune allemande, où un couple d’agriculteurs dont l’activité consistait en la production de viande bovine a dû cesser son activité suite à la crise sanitaire de la « vache folle ». Leur cheptel a été entièrement abattu et ils n’avaient plus de perspectives dans cette filière. Ils ont donc cherché une reconversion de leur activité, et ont mis en place une micro-centrale de méthanisation sur leur ferme11. Lors de l’entretien, la comparaison entre vaches et énergie, ainsi qu’entre le travail pour la production de l’un et de l’autre, sera constante. Cette agricultrice expliquera ainsi produire aujourd’hui exactement les mêmes cultures et dans des quantités identiques (même nombre d’hectares qu’auparavant), mais qu’au lieu de servir à nourrir les vaches, ces cultures servent aujourd’hui à « nourrir » le digesteur12. Une comparaison semblable sera faite, dans une commune autrichienne, par l’opérateur de méthanisation – chargé de la fermentation, c’est-à-dire du bon équilibre de bactéries, pour que le rendement énergétique soit le plus constant et le plus efficace possible – qui, pour expliquer à quel point ce travail « d’équilibre » était précis et fragile, disait de la gestion du digesteur qu’elle était aussi pointue et minutieuse que l’alimentation (la ration) d’une vache. Ces exemples illustrent bien la représentation qu’ont les acteurs de ces techniques et le rapport particulier au vivant qui est à l’œuvre dans l’usage de celles-ci.
33Mais, si l’on peut considérer, quelque part, que produire de la viande, c’est aussi produire de l’énergie (pour l’organisme humain), il s’agit néanmoins de réalités différentes, c’est-à-dire qu’un digesteur n’est pas une vache. Aussi, bien que cette agricultrice considère que son travail soit aujourd’hui plus facile (moins de fatigue et de contraintes – elle n’a plus à se réveiller la nuit pour un vêlage – ou de contrariétés (lorsqu’une bête est malade), cette reconversion, « forcée », apparaît néanmoins douloureuse. Cette analogie ne signifie en effet pas qu’une technique puisse être équivalant à un animal, mais qu’il y aurait « quelque chose » de comparable dans le rapport au vivant qu’elle implique. Ce rapport au vivant n’est cependant pas dénué de valeurs modernes : la conception technicisée d’une ration de bétail est relativement récente. L’idée qu’une ration doive être optimisée pour augmenter la production d’un animal (sa production de lait, par exemple) et qu’elle relève donc d’un savoir d’expert, vient de l’industrialisation de l’agriculture et de l’introduction des experts agricoles dans les exploitations (Mendras, 1984).
34Ce rapport singulier au risque, à la technique, à l’innovation et au vivant explique donc également pourquoi le monde agricole a, plus que tout autre groupe socio-professionnel, installé des EnR.
Produire de l’énergie dans l’activité agricole
Un monde organisé
35Mais un autre facteur explique le rôle central des agriculteurs dans les installations d’EnR et notamment dans les projets collectifs : « à la différence d’autres secteurs sociaux et économiques, le monde agricole possède beaucoup d’atouts pour rebondir, notamment le fait d’être organisé » (Hervieu, 1996, p. 120). Les corporations (syndicats, coopératives) mais aussi les formations et organisations professionnelles (lycées agricoles, Chambres d’agriculture, FNGDA – Fédération nationale des groupements de développement agricole, etc.) ont en effet souvent inspiré, informé, diffusé voire structuré ces projets. Ces organisations vont en effet être des passerelles et supports aux projets EnR collectifs et coopératifs. Un certain nombre d’initiateurs de projets collectifs se sont en effet inspirés ou appuyés sur des structures existantes, notamment coopératives, telles que les Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA). Ainsi certaines installations d’EnR ne regroupant que des agriculteurs (une huilerie de colza par exemple) sont gérées sous forme de CUMA – la limite de cette forme juridique étant qu’elle n’a pas de but lucratif, ce qui peut poser problème pour certaines installations d’EnR où il y a revente d’énergie ; et beaucoup le sont plus généralement sous forme de coopérative.
36Ces réseaux et groupements professionnels peuvent ainsi amener à voir les EnR comme des solutions alternatives à des problèmes communs. Le projet de méthanisation du Mené est par exemple né d’une réflexion collective sur la gestion des excédents structuraux (lisiers et fumiers) qui posent particulièrement problème en Bretagne (excédents de fertilisants, nitrates, algues vertes, etc.). De manière générale, de nombreux projets EnR collectifs ont émergé de problématiques agricoles et/ou environnementales locales spécifiques.
37Ce groupe socio-professionnel bénéficie en effet d’une bonne diffusion des informations, innovations et expérimentations (nationales et internationales), à travers une presse spécialisée très abondante et suivie13, mais aussi à travers les publications des divers syndicats et organismes professionnels.
38L’organisation de cette profession n’est donc pas sans lien avec l’émergence de ces projets locaux et les formes juridiques retenues.
Des questions éthiques
39Si les installations d’EnR font sens dans le monde agricole et représentent parfois une solution aux problèmes spécifiques auxquels cette profession peut être confrontée, la production d’énergie dans les exploitations agricoles soulève néanmoins des questions éthiques. La reconversion totale d’exploitations agricoles en productions énergétiques modifie en effet le rôle et le métier d’agriculteur. Une nouvelle dénomination caractérise même ce changement : l’agriculteur, Landwirt, devient Energiewirt ou « énergiculteur »14. L’utilisation de certaines plantes alimentaires pour la production d’énergie (céréales, légumineuses, etc.) que ce soit pour les agrocarburants, méthaniseurs ou chaufferies, soulève également des contestations et débats. Le fort développement de la méthanisation en Allemagne a ainsi eu pour conséquence inattendue l’augmentation du prix des terres agricoles (de par la rentabilité assurée des méthaniseurs, due à la garantie des prix d’achat de l’énergie), entraînant aussi parfois une augmentation du coût des céréales. La transformation de l’agriculteur en « énergiculteur » soulève donc de vives contestations au sein même du monde agricole qui, pour une part tout du moins, ne souhaite pas perdre son rôle nourricier et utiliser des denrées alimentaires pour produire de l’énergie. L’alimentation a beau être, du point de vue du biologiste, de l’énergie transformée et la source d’énergie du corps humain, du point de vue des représentations, il s’agit de catégories ontologiquement séparées.
Conclusion
40Le rôle précurseur des agriculteurs dans les installations d’EnR nous invite à renouveler notre regard sur cette profession, trop rapidement catégorisée et mise au banc des accusés de la modernité, alors qu’elle est peut-être une de celle qui a le moins adhéré à ses valeurs. Le monde agricole se révèle en effet complexe et hétérogène, et de ce fait dynamique, avec une très forte capacité d’adaptation – il risque, essaye, bricole– et donc d’innovation. Aussi l’étude du choix des EnR dans l’activité agricole contribue à la fois à une compréhension des freins et ressorts de ce choix technique dans nos sociétés industrielles, c’est-à-dire à une socio-anthropologie des EnR ; tout en réinterrogeant ce groupe socio-professionnel aujourd’hui, réactualisant par-là l’intérêt d’études rurales contemporaines.
Notes de bas de page
1 De 6 309 habitants sur sept communes.
2 Réalisés en 2008 et 2011, ces terrains ont été étudiés au moyen de méthodes qualitatives : observations et entretiens semi-directifs, dans la langue maternelle des interviewés (allemand et français).
3 Au moyen de presses à huile (colza) et d’installations de retraitement d’huiles usagées essentiellement.
4 Cette commune étant dotée de régies municipales, l’idée est d’éviter toute spéculation du prix de l’énergie, au détriment des citoyens et entreprises locales.
5 Lors de l’enquête de terrain, un seul maire était retraité du monde agricole (France). Cela aurait pu jouer un rôle plus significatif, puisqu’en France notamment, le nombre de maires agriculteurs a été historiquement très important et le reste quelque peu : ils représentaient en effet 56,4 % en 1953 (c’est-à-dire 20 800 maires), 45,4 % en 1971 et 36,5 % en 1983 (Nevers, 1987). La représentation des agriculteurs maires a continué de diminuer, puisqu’ils ne représentent aux élections de 2008 que 15,6 % (soit 5 715 maires sur 36 635), mais constituent tout de même le groupe socio-professionnel le plus important après les retraités (32,4 %) et devant les cadres et professions intellectuelles supérieures (15 %) ; source : Ministère de l’Intérieur, bureau des élections et des études politiques ; http://www.collectiviteslocales.gouv.fr/files/files/dgcl_v2/08_chapitre-7.pdf).
6 Extrait d’entretien avec un agriculteur.
7 En effet, en 1998, 24 % des chefs d’exploitation se disent incertains et 50 % inquiets de l’avenir des agriculteurs en général (Hervieu et Viard, 2001, p. 115, sondage Cevipof-Ministère de l’agriculture et de la pêche réalisé par CSA). Les résultats auprès des aides familiaux et des agriculteurs retraités étaient sensiblement identiques, à 1 % près.
8 Pratiques observées lors du terrain.
9 Expression que nous empruntons à E. Deléage (2005 a) qui en circonscrit néanmoins l’usage aux pratiques d’agriculture durable.
10 A l’exception du solaire photovoltaïque, qui repose sur une industrie chimique lourde pour sa fabrication et est peu réparable par son utilisateur.
11 Celle-ci produit de l’électricité dont le surplus est revendu au réseau, et de la chaleur envoyée sur un micro-réseau auquel sont raccordées les maisons voisines, qui règlent donc leur consommation de chaleur au couple d’agriculteurs.
12 Auxquels s’ajoute du fumier, apporté par les agriculteurs voisins et qui leur est rendu sous forme d’amendement à épandre sur les champs.
13 Le Syndicat National de la Presse Agricole et Rurale (SNPAR) regroupe ainsi 152 titres départementaux, régionaux et nationaux. Selon une étude commandée par ce syndicat, plus de 80 % des éleveurs et agriculteurs ont lu au moins un titre de presse agricole nationale au cours de la dernière période de parution, et lisent en moyenne deux titres nationaux sur cette période (étude VisioMediagri 2011, réalisée par ADquation ; http://www.presseagricole.com/index2.php?page=enquetes_lecteurs.php).
14 Ce terme n’est pas une simple traduction, mais émerge dans le monde agricole francophone, ainsi en février 2008, La France Agricole a sorti un numéro spécial intitulé « Énergiculteur ».
Auteur
Socio-anthropologue au CETCOPRA (Centre d’étude des techniques, des connaissances et des pratiques). Elle enseigne la sociologie et l’anthropologie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses recherches portent sur les énergies renouvelables, l’auto-production locale dans les communes rurales, les changements énergétiques et sociaux, la construction sociale de l’énergie, les représentations et les usages énergétiques. ldobigny@gmail.com
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