Médiatiques ou scientifiques ?
La légitimité des controverses climatiques traitée à travers un cadre réflexif d’analyse socio-épistémique non réductionniste
p. 61-68
Texte intégral
« Entre cette soumission au contexte institutionnel d’instrumentalisation de la connaissance scientifique et une tentative récurrente au prophétisme que relancent périodiquement les médias en demande de grandes voix, à défaut de grands discours, les sciences sociales ont la possibilité de faire valoir leur incertitude même, et à travers celle-ci de se constituer non pas en pourvoyeuses d’informations atomiques ou de représentations tutélaires, mais en propagandistes d’une problématisation raisonnée du monde vécu ».
(Berthelot, 1996, p. 249)
1Dans un entretien concernant l’exploitation des gaz de schiste, Claude Allègre qualifie de « connerie » l’éventuelle fragilité des sous-sols languedociens. Le seul problème, selon lui, concerne l’étanchéité des forages. Ces « farfelus » d’hydrogéologues montpelliérains dit-il, « devraient réfléchir à deux fois. Le premier problème de ce pays, c’est le chômage. » (Allègre, 2012) Avec sa délicatesse légendaire, réduire les hydrogéologues à des personnes dépourvues d’éthique de responsabilité, et incapables de penser le faux dilemme, sauver la France du chômage ou les nappes phréatiques d’éventuelles pollutions, relève d’une éthique de conviction moderniste ; sous-entendu : la techno-science trouvera bien une solution. Sa posture communicationnelle largement éprouvée lors des controverses climatiques, au-delà du simple buzz médiatique, n’a d’autre effet que de cristalliser les tensions dans la communauté des chercheurs injustement attaqués. Tout aussi problématique, cette forme de rhétorique empêche le déploiement d’un réel débat de fond, tant sur les enjeux politiques et sociaux que sur les incertitudes scientifiques elles-mêmes. Or, limiter l’analyse sociologique à la simple surface médiatique en se focalisant sur Claude Allègre ne permet pas de penser la complexité de ces controverses socio-scientifiques1, où des décisions politiques immédiates doivent être prises en situation d’incertitude scientifique.
2Les problèmes communicationnels des chercheurs, face à l’importance des enjeux politiques dans le cadre de la transition énergétique sur fond de crise, agissent directement sur la dynamique des controverses et leur déploiement dans l’espace public. En témoigne la lettre du journaliste de Libération Sylvestre Huet adressée début 2013 à la ministre de tutelle, dénonçant l’impossibilité d’interroger les scientifiques du B.R.G.M.2, en raison de la délégation de sa communication à une entreprise privée. En termes de balistique sociologique (Chateauraynaud, 2011a), cet épisode a provoqué un conflit ouvert et déplacé le problème un peu plus sur le plan politique. Dans ces controverses énergétiques, les arguments mobilisés s’entrecroisent (Chateauraynaud, 2011b) et présentent des similarités avec d’autres comme celle sur les O.G.M. autour des travaux de Gilles-Eric Séralini (2012). Pour rappel, le Comité d’Ethique du CNRS publiait le 12 octobre 2012, un avis en mentionnant un précédent concernant les controverses climatiques : « Un des enjeux majeurs… est précisément de créer les conditions pour que la demande légitime d’informations par les citoyens soit traitée par la communication scientifique dans le respect des méthodes usuelles de la validation des résultats, et en mettant en évidence les zones d’incertitude et le besoin d’une exploration systématique de scénarios, sans se laisser influencer par des pressions éventuelles visant à en privilégier certains ». Comment les chercheurs réagissent-ils face à ces situations ? Comme l’écrivent Laura Maxim et Pascal Mansier (2012), des travaux (Frewer et al, 2003 ; Davies, 2008) montrent que certains ont tendance à minimiser l’incertitude par crainte de panique et de confusion, alors que d’autres considèrent que l’explicitation des incertitudes et de l’ignorance renforcent l’image et la crédibilité de la science (Funtowicz and Ravetz, 1990 ; Van der Sluijs, 2002). Ainsi des contradictions apparaissent au sein de la société sur les normes de communication scientifique (Maxim et Arnold, 2012). Jeroen Van der Sluijs (2012), dans la lignée de la science « post-normale » (Funtowicz and Ravetz, 1993), considère que les conditions « normales »3 de l’activité scientifique ne sont plus réunies et propose, en pointant les limites des modèles du G.I.E.C. (Van der Sluijs, 1997 ; 2010), de faire une place plus importante à la communication des zones d’incertitudes et des points aveugles.
3Dès lors, comment aborder l’analyse de ce type de controverses, sachant que la sociologie des controverses est elle-même soumise à des controverses ? Ce texte propose dans une première partie un cadre socio-épistémique réflexif théorique d’analyse des controverses socio-scientifiques qualifié de non réductionniste, permettant d’analyser la complexité des entrelacements idéologiques, politiques, éthiques, communicationnels, sans négliger ceux épistémiques. Dans une deuxième partie, ce texte tend à démontrer que les controverses climatiques ont une réelle existence au sein des arènes scientifiques, contrairement à la doxa lui accordant une existence tout au plus médiatique. Ainsi, si la sociologie des controverses peut apporter ses propres questionnements à la sociologie de l’énergie, il est nécessaire dans le cas du climat, d’objectiver la part de normativité dans les travaux des sciences humaines et sociales et un certain manque de réflexivité.
Sociologie des controverses scientifiques
État des lieux de la sociologie des controverses
4Le courant rationaliste, incarné en France par Dominique Raynaud (2003) et Jean-Michel Berthelot (2002, 2008), peut être défini comme accordant aux facteurs sociaux une influence sur la détermination de la vérité, mais devant être analysée sur des temps longs. Le rationalisme ne doit pas être réduit à la caricature le présentant comme l’héritier de l’épistémologie et de l’histoire des sciences, basé sur le principe poppérien de falsificationnisme. Il existe des formes de rationalismes non-positivistes, positivistes, mais non poppériens. Le rationalisme est attaché au cohérentisme (consistance logique des énoncés) et au correspondantisme (adéquation entre la structure des énoncés et la structure du phénomène étudié).
5Le relativisme, quant à lui accorde aux facteurs sociaux une prépondérance sur la construction des savoirs scientifiques. Le constructivisme, souvent considéré comme une sous branche du relativisme, comporte aussi de nombreuses nuances (Boghossian, 2006). Il est accusé d’occulter la matérialité des faits. Ces débats renvoient à l’affaire Sokal (1997) et ses attaques notamment contre le postmodernisme et Bruno Latour. Pour autant, cette « guerre des sciences » n’est pas représentative des nuances différenciant les différents courants, et occulte leur convergence.
6Après le social turn, la sociologie des controverses s’est développée non sans débats internes avec les écoles d’Edimbourg (Bloor, 1976 ; Barnes 1977) et de Bath (Collins, 1985 ; Pinch 1986). Elle marque une évolution par rapport à la sociologie des sciences mertoniènne des années trente, qui n’abordait pas prioritairement les contenus épistémiques4. En France, Bruno Latour (1986 ; 2006) et Michel Callon (1986, 2001) vont s’inspirer des écoles britanniques et renouveler l’approche de la sociologie des sciences et des controverses en intégrant des démarches empruntées à l’ethnométhodologie, à la sémiologie et développer la théorie de l’acteur-réseau. Plus récemment, dans la lignée de la sociologie des épreuves de Boltanski et Thevenot (1991), la sociologie pragmatique, qui intègre comme postulat la prise en compte de la matérialité des faits, renouvelle l’approche sociologique des controverses. Il s’agit de suivre sur un temps long la dynamique des épreuves dans lesquelles se jouent des jeux d’acteurs et d’arguments, et de comparer les « trajectoires visées par les acteurs » (Chateauraynaud, 2011a) et celles effectivement produites.
7Un mot enfin sur la cartographie des controverses proposée par Bruno Latour. Cet outil peut s’avérer utile pour formaliser la façon dont une controverse se déploie sur Internet, mais s’avère très vite limité en matière de recherche. Pourtant Latour la considère comme un outil pour le moins puissant : « Nous cherchons en particulier à savoir si la cartographie peut permettre de clore des controverses artificiellement entretenues, comme l’a été dans le passé celle sur le caractère cancérigène du tabac. Un exemple actuel serait la controverse sur l’origine anthropique du réchauffement climatique. » (Latour, 2011). Étrange attitude de recherche qui consiste à connaître les résultats avant même toute investigation. Sans remettre en question l’apport de Latour à la sociologie des sciences, il est nécessaire de démythifier son analyse de la controverse Pasteur/Pouchet, qui reste encore citée paradoxalement en référence.
Retour sur la controverse Pasteur/Pouchet
8Comparons deux analyses de la controverse Pasteur-Pouchet, celle de Latour (1989), l’autre de Dominique Raynaud (2003).
9Par commodité, la présentation de l’analyse comparée de Latour et de Raynaud est sous forme de tableau.
10De plus, contrairement à Latour, Raynaud relève que Pasteur est un chercheur jeune (37 ans), non institutionnel, dont les travaux sont réalisés en dehors de son travail dans un laboratoire peu équipé. Inversement Pouchet est plus vieux (60 ans) et bénéficie d’un statut de chercheur confirmé. Raynaud note aussi le manque de rigueur dans les démonstrations de Latour qui occulte la dimension d’un Pouchet, virulent et dogmatique abusant de l’argument d’autorité, menant le combat dans la presse et falsifiant des documents (Pasteur, 1922, p. 345). Cette lettre falsifiée demeure pourtant la base des analyses de Latour.
Vers un cadre d’analyse sociologique des controverses socio-scientifiques
11Comme le souligne Michel Callon : « Un discours, seul, ne rend jamais visible. Ce sont les instruments, les méthodes qui y parviennent. Un discours sans instrument ne peut être qu’incantatoire, dénonciateur, ou répéter ce que tout le monde sait déjà sous une forme un peu plus attrayante, un peu plus chatoyante. » (Callon, 1999, p. 70). Voici les grandes lignes d’un cadre théorique qui tend à articuler les approches relativiste et rationaliste. Selon Berthelot, appelant à une approche non réductionniste, certains arguments constructivistes ou relativistes sont recevables. Pour lui, l’opposition se situe principalement au niveau de l’adhésion, c’est-à-dire la question de la réception par les pairs et de sa temporalité. Selon Berthelot, il existe une réelle difficulté à considérer une théorie comme vraie dans le sens où la science revient constamment sur ses acquis. Dans la même veine, De Fornel et Lemieux (2007, p. 17) considèrent que le constructivisme et le naturalisme « doivent être reconnus comme appartenant à une seule et même matrice ». Il apparaît judicieux de considérer que la construction des savoirs scientifiques dépend en partie et provisoirement des conditions sociales dans lesquelles ils émergent, sans pour autant occulter la matérialité des faits qui, en imposant des épreuves aux chercheurs, remet en question le consensus établi.
Latour (1989) | Raynaud (2003) | |
L’influence du parisianisme de Pasteur contre le provincialisme de Pouchet | Pouchet est victime du provincialisme par rapport à Pasteur, c’est à travers la victoire de Pasteur la province qui est victime d’ostracisme. (p. 438) | Les membres de l’académie des sciences présentés comme Parisiens sont en fait provinciaux. D’autre part, Pouchet, grâce à son père avait lui aussi des relations à Paris, connaissant intimement plusieurs membres de l’Académie. De plus, il a fondé la Société zoologique d’acclimatation (p. 50). |
Correspondant versus membre de l’Académie des sciences | Il existe une asymétrie dans le sens ou Pasteur est un membre de l’Académie des sciences et Pouchet un correspondant. Ainsi Latour pense que les commissions réunies en 1862 et 1864 « ne sont composées que de collègues de Pasteur qui sont à peu près tous convaincus à l’avance » (p. 435). | Au moment des expériences et de l’envoi de son mémoire le 15 juin 1862, Pasteur n’est pas membre de l’Académie. Il ne sera élu que le 2 décembre 1862. |
Eloigné versus proche de l’empereur | Pasteur est favorisé par rapport à sa proximité avec l’empereur, et aurait bénéficié de soutiens, notamment celui du général Favé, (p. 442). | Raynaud balaie (p. 53) toutes les affirmations de Latour et démontre des approximations dans le travail historique. Au moment de la controverse, Pasteur ne jouit d’aucune proximité avec l’empereur. |
Chercheur de bonne foi versus de mauvaise foi | En analysant la conférence du 7 avril 1864, Latour (p. 433) considère que Pasteur aurait été de « mauvaise foi » en qualifiant les thèses de son adversaire comme teintées d’athéisme. | Raynaud démontre qu’il n’en est rien, Pasteur dit ainsi dans cette même conférence : « Il n’y a ici ni religion, ni philosophie, ni athéisme, ni matérialisme, ni spiritualisme qui tienne […] C’est une question de fait ». (Pasteur, 1922, p. 345) Raynaud démontre que ce serait plutôt le contraire et que c’est : « Pouchet – et non Pasteur – qui porte l’entière responsabilité de la confusion des forums constituant et officieux de la controverse ». |
12Ce cadre théorique a été construit au fur à mesure de la recherche, sans a priori théorique, et dans le souci constant d’une volonté de formalisation qui reste à stabiliser, et susceptible de varier en fonction des controverses socio-scientifiques analysées. Malgré les limites auxquelles ce cadre n’échappe pas, et qu’il faut questionner, l’effort de conceptualisation des outils d’analyse des controverses socio-scientifiques est nécessaire pour se détacher d’une certaine façon, sans totalement y échapper, d’une certaine forme de normativité. Le cadre se décompose en deux parties, la première plutôt rationaliste et la deuxième pragmatique. Elles s’articulent entre elles grâce à l’enquête menée sur le terrain. La méthodologie présentée est l’application de ce cadre d’analyse dans le cas des controverses climatiques.
13J’emprunte à Cyril Lemieux (2007, p. 195) sa définition d’une controverse comme ayant une structure triadique. Elle renvoie à des situations où un différend est mis en scène devant un public tiers composé plus ou moins de pairs. Il s’agit d’analyser les contraintes argumentatives et stratégiques (Lemieux, 2007, p. 202) qui opèrent lors de la publicisation des controverses, et d’opérer une sorte de carottage dans l’investigation de recherche en considérant la controverse comme un espace feuilleté, entre les coulisses privées de la controverse, le off, dans lequel « les contraintes argumentatives ne pèsent pas avec la même intensité sur l’action collective » (Lemieux, 2007, p. 202). Lemieux propose une deuxième direction, consistant « à analyser ce qui empêche une controverse de se déployer pleinement au niveau argumentatif, c’est-à-dire de n’être régulée uniquement que par des contraintes argumentatives publiques » (Lemieux, 2007, p. 203.)
14Le processus d’analyse consiste à suivre, dans un premier temps, les catégories définies par Dominique Raynaud (2003). Le principe fondamental est d’analyser des oppositions épistémologiques opérées par les scientifiques dans les revues à comité de lecture. En prenant appui sur les travaux de Spencer Weart (2003) et à l’aide de Web of Knowledge, il est possible d’analyser, en les restituant dans le contexte historique, les différents points controversés, en partant des travaux d’Arrhénius (1896). C’est ce que Dominique Raynaud appelle l’« incrémentation épistémologique ». Cette étape consiste à radiographier les controverses climatiques dans la littérature scientifique primaire, et constitue le socle du reste de l’analyse.
15Le processus d’analyse consiste ensuite à sélectionner une série d’acteurs5 des controverses. Ces acteurs sont classés suivant cinq catégories, construites dans un but opératoire, et dont la pertinence et l’objectivité nécessitent une interrogation6. Le choix des acteurs s’opère avec une attention particulière afin de ne pas céder à un biais médiacentrique7. Conformément au modèle proposé par Cyril Lemieux, les deux premières catégories concernent les scientifiques produisant des articles publiés dans des revues à comité de lecture, pour la première en rapport direct avec les phénomènes climatiques (Scientifique Climatologue), et pour la deuxième tous les autres (Scientifique non Climatologue, dont la communauté des SHS). La troisième catégorie (Acteur Public) concerne les autres personnes scientifiques ou non, personnages politiques ou médiatiques, bloggeurs, journalistes qui ne rentrent pas dans les deux premières catégories. Par exemple Claude Allègre se situe dans cette troisième catégorie. Enfin pour analyser le plus finement possible les controverses climatiques, il est nécessaire de considérer séparément les deux dernières catégories : Académie des Sciences et Expert. En effet, ces entités produisent des documents en leur nom. C’est le cas des rapports annuels destinés au G8, ou le rapport suite au huis clos d’octobre 2010, ou les différents rapports du GIEC. Ces documents, bien que rédigés par des scientifiques appartenant aux deux premières catégories, ont une place spéciale. De façon opératoire, afin d’objectiver les aspects discursifs d’une part (un même acteur ne produit pas les mêmes discours suivant les forums dans lesquels il s’exprime, d’autant plus s’il ne signe pas les documents en son nom propre) et inter-discursifs d’autre part (ces textes font l’objet de négociations, voire aussi de controverses lors de leur rédaction), il est nécessaire de les prendre en compte séparément. Le rôle de l’Académie des Sciences et du GIEC étant très différent, il est important de ne pas les amalgamer dans la même catégorie.
16Le corpus de textes en distinguant, pour la première catégorie, les articles publiés dans les revues à comité de lecture et les autres formes de vulgarisation plus ou moins savantes, est ensuite construit par recherche sur les pages personnelles Internet, les moteurs de recherche comme Europresse, Factiva, CAIRN, Persée, Revue. org, Gallica pour les académies, Google Scholar et Google. Ce corpus fait l’objet d’une analyse qualitative, complétée par une analyse informatisée à l’aide des logiciels lexicométriques Prospero et Lexico. Le corpus est complété par des sources audios et vidéos dans lesquelles les acteurs produisent des discours dans différents forums, constituants, quand les acteurs s’expriment dans les arènes scientifiques et plus ou moins hybrides, lorsqu’ils interviennent ailleurs comme dans les espaces politiques et médiatiques. Plusieurs limites émanent d’une telle démarche. Il existe une dissymétrie en volume de publications suivant les acteurs et leur niveau d’engagement, et des groupes opposés. Il est important de souligner que certains chercheurs, dont les travaux ont une influence sur les controverses publicisent peu leurs travaux en dehors des arènes scientifiques. L’analyse des discours des climatologues dans l’espace public se limite aux acteurs mobilisant un public plus large. De plus, alors que l’approche internaliste se situe à l’échelle internationale, la deuxième partie du processus d’analyse fait un focus sur le cas français, ce qui constitue aussi une autre limite.
17Pour articuler les deux premières étapes, l’analyse est complétée par une enquête auprès des acteurs concernés : scientifiques, journalistes, personnages politiques, citoyens à travers les membres des collectifs8. L’enquête consiste à mener une série d’entretiens individuels semi-directifs sous couvert d’anonymat. Ils permettent d’une part de recouper les différents points de vue épistémiques. D’autre part, ils permettent de restituer la singularité des représentations et le sens que les acteurs donnent aux controverses. Ces entretiens comportent trois axes de questionnement : la trajectoire disciplinaire et la sensibilité environnementale ; les représentations des points controversés, des incertitudes et de la légitimité des controverses ; la représentation du rôle de chercheur, les aspects communicationnels, idéologiques, politiques et éthiques. Une grille d’analyse commune à tous les entretiens permet d’uniformiser le traitement. L’enquête se poursuit par un entretien collectif9 qui, dans une perspective réflexive, consiste à présenter les premiers éléments de l’analyse en cours ; six axes de questionnements ont été abordés : (1) les premiers résultats d’analyse bibliométrique des controverses climatiques ; (2) les aspects communicationnels ; (3) le rôle des chercheurs et l’expertise ; (4) une synthèse des travaux issus de la science post-normale de Jeroen Van der Sluijs ; (5) le bilan de Rio+20 ; (6) les autres aspects énergétiques comme les gaz de schiste, le nucléaire ou les énergies renouvelables. Il ne s’agit pas de recréer artificiellement les controverses, mais d’obtenir des données de recherche qui intègrent la posture du chercheur enquêteur pour analyser les réactions des chercheurs confrontés aux premiers résultats de l’enquête10.
De la légitimité des controverses climatiques
Posture de recherche
18Ce travail de réflexivité est essentiel et incontournable « pour maintenir le contact avec les savoirs, les engagements et les valeurs éprouvées lors des enquêtes, et pour partager ces savoirs, ces engagements et ces épreuves dans la communauté des recherches sur les sciences ». (Le Marec, 2010, p. 114). D’un point de vue épistémologique, la posture préalable à l’enquête est de considérer qu’il demeure une part d’incertitude quant à la responsabilité des émissions carbonées d’origine anthropique dans les changements climatiques par nature complexes et chaotiques. Dans le cadre d’une science en train de se faire, les climatosceptiques ont toute légitimité à faire valoir leurs arguments et à exprimer des doutes. Ce doute, propre à l’activité scientifique, est instrumentalisé par des lobbies majoritairement à des fins mercantiles. Le très large consensus dans la communauté des climatologues est un élément d’appréciation tangible pour orienter les décisions politiques qui, indépendamment de la responsabilité humaine, doivent converger vers une plus grande sobriété énergétique. L’homme ne tient sans doute pas suffisamment compte de son environnement, mais l’alarmisme est un frein à la construction d’une opinion raisonnée. De plus, la posture de recherche quand le sociologue entame son terrain avec pour objet une controverse ne peut être neutre, et constitue plutôt un terrain miné. Aussi, dans le souci constant de ne pas externaliser les acteurs, la posture réflexive de recherche consiste à soumettre les analyses aux intéressés et, avec leur accord, d’intégrer leurs commentaires. L’objectif est de créer une relation de confiance pour enrichir les données de l’enquête et limiter les biais liés à la posture de l’enquêté (demeurant dans une posture de maîtrise communicationnelle) et de l’enquêteur (dont la nécessité de produire des données de recherche exploitables peut occulter le caractère inductif de sa démarche).
Une courte reconstruction sociohistorique des controverses climatiques
19Cette partie, bien que synthétique, démontre l’existence de débats contradictoires et controversés au sein des arènes scientifiques depuis le xixe siècle, jusqu’à nos jours. L’histoire de la climatologie débute avec les Lumières par les travaux d’Horace de Saussure, Joseph Fourier et John Tyndall. Percevant le réchauffement climatique positivement, Svante Arrhenius au tout début du xxe siècle affronte les oppositions de Knut Angströms (1900) et Robert Wood11 (1909) sur le rôle du CO2 dans l’« effet de serre ». La communauté scientifique enterre alors les travaux d’Arrhénius considérés comme non valides. Ils seront réhabilités par Guy Stewart Callendar dans les années 1940. Il s’avère que les calculs d’Arrhénius, qui ne disposait pas des moyens suffisants, sont faux. Cependant, son hypothèse corrélant l’influence du CO 2 et la température, extrêmement hardie pour l’époque, reste totalement d’actualité. Dans les années 1930, Milutin Milankovitch (1930) théorise l’influence des fluctuations de l’orbite terrestre sur les climats. Ses travaux resteront dans l’oubli jusqu’à ce que James Hays (1976) les réhabilite. Un climatologue impliqué dans le GIEC, dit à propos de cette question : « Par exemple, le fait que les changements d’orbite terrestre jouent un rôle clé dans la dynamique glaciaire-interglaciaire du climat ne fait aucun doute ; par contre, la manière exacte dont ils jouent (rôles respectifs de l’excentricité, de la précession et de l’obliquité, interaction avec l’état du climat lui-même : effet de serre et volumes de glace) reste un objet d’études et de débat scientifique vif ». Après la Deuxième Guerre mondiale et jusqu’à la première conférence sur le climat en 1979 à Genève, les représentations sociales sont dominées par le sentiment de peur d’un grand refroidissement planétaire. Les publications scientifiques sont très hétérogènes, mais tendent cependant majoritairement en faveur d’un réchauffement (sans pour autant l’attribuer à l’homme), malgré le fait que d’autres travaux envisagent soit un refroidissement, soit un équilibre (Peterson, et al., 2008). À partir des années 1980, la problématique climatique se politise, et voit la création du GIEC en 1988, le sommet de la Terre de Rio de 1992 et l’émergence du principe de précaution, pour aboutir en 1997 au protocole de Kyoto. C’est dans ce contexte que Michael Mann (1998 ; 2004) publie dans Nature, des courbes (en forme de crosse de hockey) qui figurent dans le rapport du GIEC de 2001 reconstituant les températures du passé, et les concentrations de CO2. Elles vont être controversées (McIntyre ; McKitrick, 2003, 2005) et être à l’origine d’une crise institutionnelle aux États-Unis, par la mobilisation du Congrès. Ce graphique est utilisé comme une preuve de la responsabilité de l’homme, notamment par Al Gore. Lors de l’entretien collectif, un climatologue travaillant au sein du GIEC dit « […] je dois le dire, un gars comme Steve McIntyre qui est un statisticien, qui a fait le boulot, c’est-à-dire il a pris les données sources, il a été gratté, il a fait les calculs, il montre qu’il y a des trucs faux. […] En fait il reprend les programmes de traitement, il les vérifie, il reprend les données sources, en fait il fait le boulot qu’un bon reviewer d’un journal devrait faire et ne fait pas, c’est dramatique, mais c’est comme ça. […] Il a un rôle extrêmement simple, très désagréable pour ceux qui sont contestés ». Malgré des tentatives de reconstruction de ces courbes avec d’autres indicateurs (Mann, 2008, 2009), la controverse persiste. L’analyse bibliométrique montre que des travaux privilégiant l’hypothèse « solariste » (Gray, 2010 ; Lockwood, 2011, 2012) continuent de s’opposer à ceux de Mann qui n’expliquent pas par exemple la réponse climatique au niveau équatorial. Un climatologue confirme que, malgré les controverses à propos de la « hockey stick », le réchauffement a une structure spatiale et une amplitude à l’échelle hémisphérique sortant de la gamme du dernier millénaire. Des travaux récents (Page, 2013)12 consistent à élaborer des reconstructions à l’échelle locale. L’influence du soleil et la formation des nuages sont une autre source de controverse (Svensmark ; Friis-Christensen, 1997 ; Svensmark, 2012). Le CERN, suivant l’expérience CLOUD, teste actuellement la validité de ces travaux. Les premiers résultats tendent à montrer qu’il est possible de mettre en évidence un phénomène de nucléation dû à un flux de rayons cosmiques dans les basses couches de l’atmosphère ; mais ce phénomène, en raison de la taille des noyaux, ne semble pas être prépondérant. En toile de fond des controverses climatiques, les modèles13 sont l’élément majeur d’opposition, notamment celle de Richard Lindzen (2011). Des travaux en cours montrent la volonté de réduire les incertitudes et d’améliorer les modèles concernant la formation des nuages.
Les controverses climatiques médiatiques ou scientifiquement légitimes ?
20Qu’en est-il de la représentation des chercheurs travaillant sur le climat, de la légitimité des controverses ? Pourquoi certains leur accordent-ils une existence tout au plus médiatique ? Levons déjà un premier écueil. Comme le souligne Jean-Baptiste Comby, le fait de penser que les climato-sceptiques ont gagné la guerre médiatique et de l’opinion relève : « d’une part d’un effet loupe et, d’autre part, de croyances “médiacratiques” » (Comby, 2012, p. 158).
Chez les climatologues : une controverse légitime
21L’analyse montre que les climatologues, y compris les « anthropo-réchauffistes »14 ne délégitiment pas les controverses climatiques15. Il existe plusieurs controverses. Ainsi, Valérie Masson-Delmotte écrit que « le doute fait intimement partie de la démarche scientifique, rendant délicate la réaction dès chercheurs en sciences du climat face à des mises en cause profondes et habiles » (Masson-Delmotte, 2012, p. 56). Jean Jouzel pense que « nous ne cachons jamais le fait que nous avons beaucoup d’incertitudes » (Jouzel, 2011, p. 31). Un climatologue « anthropo-réchauffiste » dit ainsi, lors d’un entretien individuel : « Non, non, je dis toujours la controverse est légitime, il n’y a aucun problème là-dessus » ; et de poursuivre : « La controverse est légitime, on se pose beaucoup de questions, mais il faut aussi savoir avancer… C’est absolument faux de dire que le GIEC dit « le débat est clos », par exemple sur l’attribution du réchauffement climatique, il y aura de nouveau un chapitre dans le 5e rapport du GIEC… Quand j’entends dire que le GIEC dit que le débat est clos, ce n’est pas vrai ». Lors des entretiens, seul un climatologue, tout en reconnaissant que les controverses sont « normales » en science, considère que chaque point controversé a été « réfuté par a + b », mais il concède que sur le soleil, « il y a un certain nombre de questions ouvertes ». Concernant le cas de la France, les controverses climatiques qui ont connu une intensité record fin 2009 se sont transformées en crise institutionnelle en avril 2010, en raison de la virulence des attaques de Claude Allègre contre le GIEC et les climatologues, du déploiement des discours sceptiques dans l’espace public, et du sentiment de discrédit éprouvé par la communauté des climatologues. L’intensité des controverses a joué un rôle régulateur limitant le déploiement d’un point de vue argumentatif sur le plan axiologique au détriment du plan épistémique.
Chez les non-climatologues
22Les travaux de Naomi Oreskes (2004), basés sur une analyse bibliométrique avec ISI database, sont régulièrement cités en référence pour prouver qu’il n’existe pas de controverse scientifique au sein de la communauté scientifique concernant l’origine anthropique du réchauffement climatique. Pielke (2005) montre que le fait de chercher avec « global climate change » induit un biais qui ne permet pas d’objectiver ses conclusions. Selon lui, sur 11000 articles obtenus à partir de la phrase clé « climate change », 10 % remettent en question les positions du GIEC. Par exemple, les travaux d’Oreskes ne mentionnent pas les travaux de Svensmark (1997), dont l’analyse bibliométrique montre qu’il a été cité 1108616 fois dans les revues à comité de relecture. Nombreux sont les chercheurs, comme Amy Dahan, Jean-Pierre Dupuy ou Dominique Bourg, qui n’accordent aucune légitimité aux controverses climatiques d’un point de vue scientifique. Isabelle Stengers écrit : « Cette “vérité qui dérange”, comme elle a été bien nommée, s’est désormais imposée. La controverse entre scientifiques est close, ce qui ne signifie pas que les contradicteurs ont disparu » (Stengers, 2009, p. 15). Certains acteurs ont une perception négative des controverses à cause des éventuels blocages politiques qu’une hypothétique confusion crée dans l’opinion publique : « Lorsque cette controverse est scientifiquement fondée et qu’elle vise à enrichir les connaissances, les effets sont positifs. Lorsqu’en revanche elle cherche à créer de la confusion, elle peut avoir des effets d’autant plus dévastateurs que la science est perçue comme vulnérable… Les débats organisés dans les médias mettent alors en scène une fausse symétrie entre science – incertaine jusqu’à un certain point, mais où le traitement de l’incertitude est lui-même l’objet d’une démarche scientifique – et des discours qui n’empruntent à la science que pour la manipuler. » (Henry, Tubiana, 2012, p. 15). Bruno Latour, n’est pas en reste : « On comprend bien la capacité de nuisance des climato-sceptiques : avec un grain de scepticisme, vous pouvez freiner tout un train de décisions politiques » (Latour, 2010). Cette crainte pousse certains acteurs à penser que le citoyen n’a pas son mot à dire dans le débat. Lors d’un entretien, un chercheur dit ainsi : « madame Michu n’a pas son mot à dire dans la controverse ». La radicalité des prises de position de la communauté des SHS pousse certains acteurs à ne pas vouloir employer le mot controverse pour lui préférer celui de polémique. Les entretiens font ressortir que des pressions sont exercées sur les chercheurs en les taxant de climato-sceptiques, en raison de l’utilisation du mot « controverse », fut-il employé entre guillemets. Ceci témoigne encore de la vivacité et de la radicalité des positions de certains acteurs alors que les controverses climatiques semblent pour l’instant moins vives dans l’espace public.
23À l’opposé, sans surprise, les climato-sceptiques mettent en avant l’incertitude pour légitimer l’existence de la controverse. Dans un entretien, un chercheur dit : « nous, on n’y croit pas trop aux modèles parce qu’il y a trop d’incertitude ». Il pense que l’appartenance à certaines institutions scientifiques ou courants épistémologiques limite leurs degrés de liberté : « je pense qu’eux, ils ont moins de liberté que nous on peut avoir ». Un clivage apparaît dans le groupe des climato-sceptiques, entre ceux qui, comme Claude Allègre, sont porteurs d’un message normatif, plutôt d’ordre politique, alors que d’autres justifient leur climato-scepticisme par des considérations uniquement épistémologiques. Rares sont les chercheurs qui adoptent une position neutre et considèrent que les controverses sont non seulement nécessaires, mais essentielles au bon fonctionnement démocratique, sans être considérés comme climato-sceptiques : « L’affaire du climat nous rappelle que nous avons un double besoin de démocratie […] Les controverses ne sont pas le signe d’un dysfonctionnement de la démocratie. Bien au contraire : elles doivent être interprétées comme le moteur des processus d’apprentissage collectif qui permettent non seulement de formuler les questions qui tourmentent les citoyens, mais également d’imaginer et de tester des solutions acceptables, tout en laissant ouverte la possibilité de transformation des identités des acteurs concernés, c’est-à-dire de leurs attentes et de leurs intérêts. » (Callon, 2011, p. 16).
Conclusion
24Ce texte, à travers le cadre conceptuel d’analyse qu’il propose, dont le stade de développement ne permet pas encore une réelle formalisation, permet de mettre en lumière un décalage entre la réalité des débats au sein de la recherche scientifique concernant le climat, les incertitudes, les points aveugles, la façon dont la communauté des SHS s’en empare et son déploiement dans l’espace public. Ce qui met en avant l’importance du travail de mise au jour des incertitudes, des points de controverse au sein des arènes scientifiques, pour pouvoir ensuite étayer dans un souci constant de réflexivité, une analyse en profondeur des jeux d’acteurs et d’arguments. La grande difficulté réside dans le fait d’accepter une mise en tension permanente, dans la posture de recherche entre des points d’externalisation et d’internalisation, et de repenser les accommodations au niveau du terrain au fur et à mesure que l’enquête avance. Fort d’une approche pragmatique évitant l’essentialisation et la naturalisation des controverses, il faut appréhender l’objet dans sa dynamique, sans occulter le fait que l’analyse elle-même peut avoir une influence. Dans cet esprit, l’état des lieux présentant un clivage entre la communauté des chercheurs en climatologie et ceux des autres champs disciplinaires se confronte à cette limite. De plus le format de ce texte ne permet pas de développer les raisons de ce décalage : l’influence du GIEC, la discursivité des discours des chercheurs et la façon dont ils communiquent en off, l’influence des médias qu’il s’agit de prendre avec recul, la façon dont les réseaux s’articulent, etc. Pour finir, la question restant à poser est : est-il possible, au pays de Descartes, d’aborder dans l’espace public ce type de débat tel que la science « post-normale » le propose, c’est-à-dire à la lumière des doutes, des incertitudes et des points aveugles et non à travers la caricature des marchands de doute ? Ce type de cadrage au-delà de l’analyse propre de l’objet agit comme un révélateur, au sens photographique, pour les sciences sociales. En effet, elles restent encore partagées entre, d’un côté, un rôle visant à aider les pouvoirs publics à rationaliser et légitimer les choix politiques, et de l’autre une visée plus fondamentale, moins utilitariste17, permettant de s’émanciper des aspects normatifs par un travail de réflexivité afin de tendre réellement vers des critères de scientificité qu’elles cherchent encore à légitimer. Pour reprendre les propos de Cyril Lemieux à ce sujet, « si aujourd’hui on veut être révolutionnaire, il faut oser faire des sciences sociales » (Lemieux, 2011). Osons !
Notes de bas de page
1 Plusieurs définitions des controverses sont employées. Doit-on parler de controverses scientifiques, socioscientifiques, sociotechniques, sociales à caractère scientifique ? La dénomination controverse socioscientifique est préférée aux autres, car elle permet implicitement de ne pas établir de césure entre la science et la société.
2 Bureau de Recherche Géologiques et Minières.
3 En référence au vocable de science normale utilisé par Kuhn (1962).
4 Merton est souvent présenté comme ayant délaissé les contenus épistémiques. Cette vision doit être nuancée considérablement, car Merton a bien développé une sociologie de la connaissance (Merton, 1938).
5 Le processus, suivant les quatre principes du programme relativiste, tend notamment à symétriser les débats et accorder une part égale aux groupes opposés. Il est nécessaire ensuite de discuter des limites d’une catégorisation des deux camps qui peut s’avérer opérante mais non significative et des biais introduits par la symétrie des débats.
6 Un des moyens d’interroger la pertinence des catégories est de comparer les résultats en faisant varier le corpus de textes avec les logiciels de traitement lexicométrique (présentés dans la suite du cadre d’analyse). Les êtres fictifs et la construction par le chercheur des catégories est le principe fondamental du logiciel Prospero. Pour plus d’informations vous pouvez consultez le lien suivant : http://socioargu.hypotheses.org/category/prospero-2-0.
7 Sandrine Bony, par exemple, absente des arènes médiatiques, en tant que climatologue publiant dans les revues scientifiques, et collaborant au sein du GIEC, est un acteur influent.
8 En juin 2013, l’enquête a été menée auprès de treize chercheurs et deux journalistes scientifiques.
9 A titre d’exemple, j’ai réalisé un entretien collectif avec huit des treize chercheurs, le 19 avril 2013, dans les locaux de l’Institut des Sciences et Communication du CNRS
10 Cette posture réflexive a permis de créer un entretien de plus de 2 heures, sans tension, ni accrochage, dans une atmosphère décontractée et conviviale.
11 L’analyse de la bibliographie montre que Wood ne cite pas directement les travaux d’Arrhenius et inversement.
12 Pour plus d’information : http://www.nature.com/ngeo/journal/v6/n5/full/ngeo1797.html.
13 Pour plus d’information lire le chapitre 3 de Van der Sluijs (1997) concernant les modèles climatiques.
14 Les « anthropo-réchauffistes » correspondent à la catégorie des personnes opposées aux climato-sceptiques. Ils considèrent qu’il existe suffisamment de preuves tangibles pour attribuer l’essentiel du réchauffement aux activités humaines. Cette catégorie opposant climato-sceptiques et « anthropo-réchauffistes » est purement opératoire, l’enquête montre qu’elle est pertinente avant tout dans les moments intenses de la controverse.
15 L’article n’aborde pas la discursivité des discours ni une tendance, chez les « anthropo-réchauffistes », à minimiser les incertitudes, voire à les effacer ; leur registre argumentatif glisse vers l’emploi du terme risque au lieu d’incertitude.
16 Chiffre relevé le 15 décembre 2012.
17 Qui a plus de mal à attirer les financements d’une recherche dont le pilotage institutionnel a plutôt tendance à se faire à vue.
Auteur
LIRDEF, Université Montpellier 2
Professeur de Sciences-Physiques dans le secondaire à Montpellier. Il s’est ensuite intéressé à l’épistémologie, l’histoire et la philosophie des sciences et la construction des savoirs scientifiques, et a complété sa formation en sociologie afin d’analyser, d’un point de vue socio-épistémique, les controverses climatiques (Thèse en cours de réalisation sous la direction de Jean-Bruno Renard, Pr. De Sociologie Montpellier 3).
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