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  • Première partie. Les vases
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    Plan détaillé Texte intégral Réflexions méthodologiques menées à partir des recherches antérieures sur l’utilisation des récipients en terre cuiteÉlaboration d’un protocole d’analyse pluridisciplinaire de la fonction des poteriesÉtude de cas : les poteries de Kovačevo Notes de bas de page

    Fonction des contenants et des outils en céramique

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Première partie. Les vases

    p. 11-61

    Texte intégral Réflexions méthodologiques menées à partir des recherches antérieures sur l’utilisation des récipients en terre cuite Terminologie Construction d’un cadre analytique Les critères fonctionnels jugés pertinents Élaboration d’un protocole d’analyse pluridisciplinaire de la fonction des poteries Stratégie d’échantillonnage Observation et enregistrement préliminaire des vases Caractérisation approfondie des indices fonctionnels en laboratoire Étude croisée et comparée des paramètres céramologiques Étude de cas : les poteries de Kovačevo La typométrie des récipients La forme La taille La contenance Relations entre caractères formels et métriques des pots Taille et volume des différentes gammes fonctionnelles de vases Dimensions des récipients munis de préhensions Les traces d’utilisation Les traces par suppression de matières Abrasions des bases Usure des fonds Abrasion des boutons perforés Usure des panses Les traces par apport de matières Les résidus noirs Les encroûtements beiges Relations entre les différentes traces d’utilisation Usure des bases de vases ayant livré des résidus noirs Abrasion des bases de vases ayant livré des résidus beiges Usure des bases de vases ayant livré des fonds usés Abrasion des bases de vases ayant livré des préhensions usées La caractérisation des services en céramique Les vases à base usée Les vases à fond usé Les vases à préhensions usées Le vase à panse usée Les vases ayant livré des résidus noirs Les vases ayant livré des résidus beiges Les vases ne présentant aucune trace d’usage Synthèse des résultats La composition des services en céramique Le comportement des producteurs de poteries Le comportement des utilisateurs de récipients en terre cuite Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Comme l’ont montré plusieurs enquêtes ethnographiques, les études ciblées sur la fabrication des poteries offrent un point de vue à la fois différent et complémentaire de celles œuvrées sur la fonction des céramiques (De Boer et Lathrap, 1979 ; Sillar, 2000). Les premières cherchent à déterminer comment les vases ont été produits. Elles tournent leur regard vers les producteurs de céramiques. Les secondes visent à établir pourquoi les populations préhistoriques ont confectionné des récipients en terre cuite. Elles s’intéressent davantage aux consommateurs de poteries.

    2Dans les années 1960-1970, la fonction des céramiques a principalement été discutée au travers de leur morphologie. Les classifications typologiques alors établies scindaient les services de vases en grandes catégories dont les dénominations renvoyaient souvent à des fonctionnements spécifiques : bouteilles, bols, assiettes, plats à pain, gobelets ou encore faisselles (Balfet et al., 1989). À partir des années 1980, l’usage des poteries a aussi été abordé sous l’angle de leurs propriétés physiques : résistance aux chocs thermiques et mécaniques, imperméabilité ou encore efficacité de chauffe des poteries (Braun, 1983 ; Steponaitis, 1984). Ces différentes caractéristiques, évaluées sur la base de l’analyse des pâtes céramiques et des traitements de surface des récipients en terre cuite, ont permis de distinguer des vases plus adaptés à la cuisson d’aliments et à la conservation de liquides. Ce n’est qu’au début des années 1990 que les recherches se sont intéressées aux traces d’utilisation formées à la surface des poteries (Skibo, 1992 ; Heron et Evershed, 1993). S’agissant des témoins les plus directs de la fonction des céramiques préhistoriques, leur étude a débouché sur des interprétations fonctionnelles plus précises.

    3Les recherches ciblées sur l’utilisation des récipients en terre cuite ont révélé tout le potentiel informatif de l’étude des usages de la poterie. L’analyse fonctionnelle des services en céramique est, en particulier, susceptible d’apporter des connaissances sur l’alimentation des sociétés préhistoriques. Elle permet non seulement d’établir la nature des denrées consommées sur les sites (Regert et al., 1999), mais aussi d’appréhender les modes de conservation, de préparation et de consommation des mets au Néolithique (Martinez, 1993 ; Tsirtsoni, 2001). L’étude fonctionnelle des assemblages céramiques peut, en outre, informer sur certaines productions techniques. Elle est à même d’éclairer la fabrication de substances colorantes, odoriférantes ou adhésives retrouvées dans les céramiques (Maniatis et al., 2001 ; Lucquin et al., 2007 ; Decavallas, 2007). En informant sur les pratiques alimentaires et techniques, l’analyse fonctionnelle de récipients en terre cuite est à même d’enrichir nos connaissances sur la structure socio-économique des groupes préhistoriques. Elle est une base solide pour définir des entités culturelles (par exemple Bats, 1988 et 1994 ; Gorgues et Sanchez, 2009). L’utilisation des céramiques dispose, de ce fait, d’un fort potentiel informatif pour aborder l’histoire des sociétés néolithiques.

    4Malgré cette dynamique de recherches, d’importants développements méthodologiques restaient à entreprendre dans le domaine des approches fonctionnelles de poteries. L’examen approfondi de la littérature révélait, entre autres, le manque criant d’études couplant les différents témoignages de l’usage des céramiques : forme, dimensions, volume, résidus ou encore usures des poteries. Or, le croisement des critères fonctionnels les plus diagnostiques ouvrait de nombreuses perspectives.

    5Morphométrie et traces d’utilisation des récipients en terre cuite s’avéraient, en effet, complémentaires pour restituer la fonction des poteries (Rice, 1990 ; Tite, 1999). Leur analyse combinée impliquait, toutefois, l’élaboration d’une approche fonctionnelle pluridisciplinaire des services en céramique.

    Réflexions méthodologiques menées à partir des recherches antérieures sur l’utilisation des récipients en terre cuite

    6La synthèse des travaux sur la fonction des récipients en terre cuite a permis d’orienter certains définition d’une terminologie indispensable à la construction d’un cadre analytique.

    Terminologie

    7La diversité des définitions du terme fonction dans les études céramologiques a révélé l’absence de consensus terminologique au sein de la communauté scientifique (Rice, 1990 ; Bats, 1996). Ce flou terminologique a freiné la construction d’un cadre analytique permettant de restituer la fonction des céramiques de façon systématique.

    8Considérant la poterie comme un outil à l’instar d’autres chercheurs (Braun, 1983), il a été choisi d’appliquer la terminologie définie par les anthropologues des techniques pour décrire les multiples facettes de l’utilisation d’un objet archéologique (Sigaut, 1991). Celle-ci établit une distinction entre :

    • La fonction qui correspond à « l’ensemble des finalités techniques, économiques et sociales pour lesquelles l’objet est utilisé ».
    • Le fonctionnement qui renvoie à « la façon dont celui-ci est mis en action ».

    9De telles définitions forcent à dissocier les objectifs de l’utilisation des récipients - le pourquoi - des manières dont ils sont employés pour répondre aux besoins de la population - le comment. Elles ont été à la base d’une réflexion visant à élaborer un cadre analytique performant pour appréhender la fonction des pots.

    Construction d’un cadre analytique

    10En distinguant fonction et fonctionnement, les anthropologues ont montré qu’« un couteau ne sert pas à couper, mais en coupant. […] Pour déterminer sa fonction, il faut savoir ce qui a été coupé et avec quel geste » (Sigaut, 1991). Ainsi, la fonction d’un récipient ne pouvait être déterminée qu’en établissant préalablement son contenu et son mode de fonctionnement (fig. 3). La combinaison des deux éléments permet théoriquement d’établir la fonction des pots à chacune de leur utilisation, qu’elles soient identiques ou non. Dans le cas de variations, il faut chercher à identifier les multiples contenus et modes de fonctionnement qui se sont succédé durant la vie des récipients. Nous nous sommes dès lors interrogés sur les indices les plus discriminants des deux paramètres en question.

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    Fig. 3 : Cadre analytique permettant d'établir la fonction des récipients en terre cuite.

    Les critères fonctionnels jugés pertinents

    11Comme l’ont montré plusieurs études, le contenu originel des céramiques archéologiques peut surtout être établi à partir de l’analyse chimique de résidus minéraux et organiques (Evershed et al., 1992). Différentes substances ont, par ce biais, été identifiées dans des vases préhistoriques : graisses animales sous-cutanées, produits laitiers, cire d’abeille, huiles végétales, brai de bouleau, sel, ocre ou encore minerai de cuivre (par exemple Carozza et al., 1997 ; Dudd et al., 1999 ; Maniatis et Tsirtsoni, 2002 ; Copley et al., 2003 ; Weller, 2004 ; Regert, 2007). Le contenu originel des récipients en terre cuite peut, dans une moindre mesure, être déduit de la forme et des traitements de surface des céramiques. Ainsi, l’aménagement de goulot ou de bec verseur est un indice de la présence de liquide (Rice, 1987). Il en va de même pour les revêtements internes de poteries qui ont été appliqués dans le but d’imperméabiliser les parois poreuses des céramiques. Si d’autres critères sont susceptibles d’éclairer le contenu des vases archéologiques, ils ne livrent qu’exceptionnellement des informations sur cet aspect des productions céramiques. C’est notamment le cas des contextes de découverte des récipients en terre cuite et des usures de poteries (Martin et al., 1964 ; Arthur, 2003).

    12Le mode de fonctionnement des céramiques archéologiques est, quant à lui, surtout accessible par le biais de l’analyse tracéologique des usures de vases (Reid et Young, 2000 ; Skibo et Blinmann, 1999). Leur étude approfondie a notamment permis de restituer les procédés de transformation du contenu des poteries. Elle a aussi livré des indications sur la durée et fréquence d’utilisation des céramiques, leur manutention ou encore leur mode de suspension au Néolithique (Vieugué, 2014). Le fonctionnement des récipients en terre cuite peut, dans une moindre mesure, être établi sur la base de leur morphologie. De par leur obturation facile, les formes très fermées sont généralement associées au stockage et au transport de produits. Les formes très ouvertes sont plutôt reliées à la préparation, présentation et consommation des denrées puisqu’elles offrent un accès aisé au contenu des céramiques (Rice, 1987). La morphologie des poteries n’est cependant pas l’unique critère permettant d’émettre des hypothèses sur le mode de fonctionnement des céramiques. La taille et le volume des récipients en terre cuite peuvent aussi livrer des indices. Ainsi, les vases de très grandes dimensions sont généralement associées au stockage de produits (Cullen et Keller, 1990). Ils ne peuvent, en effet, qu’être difficilement déplacés une fois remplis. D’autres critères sont encore susceptibles d’informer sur le fonctionnement des vases archéologiques, comme les résidus minéraux et organiques ou la composition des argiles (Heron et Evershed, 1993 ; Rovira et Ambert, 2002 ; Clop, 2002). Ils ne rendent toutefois que rarement compte de la façon dont les céramiques ont été utilisées par les populations préhistoriques.

    13En résumé, le contenu et le fonctionnement des vases archéologiques peuvent être établis sur la base de l’analyse des résidus et des usures formées à la surface des céramiques. Ils peuvent aussi être supposés à partir de l’étude des formes, des tailles et des contenances de récipients en terre cuite. Toutefois, chacun des critères fonctionnels les plus diagnostiques semble préférentiellement informer sur l’un ou l’autre des aspects relatifs à l’utilisation des céramiques. Cette constatation invitait à croiser les multiples témoignages de l’usage des poteries. Elle y incitait d’autant plus que la fragmentation et l’altération des corpus céramiques préhistoriques rendent difficiles l’étude des caractéristiques morphométriques et des traces d’utilisation des récipients en terre cuite.

    Élaboration d’un protocole d’analyse pluridisciplinaire de la fonction des poteries

    14Le protocole d’étude construit a été développé à l’interface de la typométrie, de la chimie et de la tracéologie. Il consiste à croiser les témoignages les plus discriminants de l’utilisation des céramiques : forme, taille, volume, résidus et usures.

    15La méthode d’étude a initialement été établie sur le corpus céramique de l’habitat de Kovačevo (6100-5600 av. J.-C., Bulgarie) qui s’avère être le plus conséquent de toute l’Europe néolithique (1 600 000 tessons) (Lichardus-Itten et al., 2002). Cet imposant corpus céramique réunissait toutes les caractéristiques pour entreprendre une analyse fonctionnelle approfondie des poteries (Salanova, 2009 ; Salanova et al., 2011). Deux principales raisons l’expliquent. L’assemblage était, d’une part, constitué d’une grande quantité et diversité de formes restituées. Il se prêtait donc à une étude morphométrique détaillée des récipients en terre cuite. Le corpus présentait, d’autre part, un excellent état de conservation des surfaces. Il autorisait, de fait, une analyse fine des traces d’utilisation formées sur les céramiques.

    16Une fois construite, l’approche fonctionnelle pluridisciplinaire des services en céramique a été appliquée à d’autres séries du Néolithique ancien du sud-ouest de la Bulgarie : Ilindentsi, Brežani, Drenkovo, Vaxevo, Kraïnitsi et Gãlãbnik. Sa pertinence a ainsi été testée sur un échantillon significatif de poteries qui inclut près de 1 400 poteries et 27 000 tessons. La multiplication des cas d’étude a permis d’affiner le protocole d’analyse fonctionnelle des assemblages céramiques préhistoriques initialement développée sur le corpus de Kovačevo. Il convient d’en présenter les lignes directrices.

    Stratégie d’échantillonnage

    17Les corpus céramiques du Néolithique ancien du sud-ouest de la Bulgarie étaient généralement constitués d’une énorme quantité de poteries. Sans un échantillonnage préalable du matériel archéologique, il n’était pas possible d’entreprendre une analyse fonctionnelle approfondie des récipients en terre cuite. L’échantillonnage des séries œuvré dans le cadre de l’étude des usages de la poterie a reposé sur la caractérisation globale des assemblages céramiques effectuée par L. Salanova et son équipe. L’étude préliminaire des poteries a notamment permis d’extraire l’ensemble du matériel archéologique jugé pertinent pour réaliser une étude fonctionnelle détaillée des poteries (Salanova, 2007 et 2009).

    18Souhaitant combiner la morphométrie et les traces d’utilisation des céramiques, les vases les plus complets de chaque série ont été systématiquement retenus pour analyse. Ils correspondent, en l’occurrence, à toutes les formes présentant au moins un diamètre restitué et un demi-profil. Ce seuil a permis d’étudier l’ensemble des récipients en terre cuite pour lesquelles la forme, la taille et la capacité étaient déductibles. Les vases les plus complets ne constituaient, toutefois, qu’une infime partie de la production céramique de chaque site et n’en étaient nullement représentatifs1. Pour outrepasser ce biais taphonomique, un échantillon de tessons a donc dû être considéré dans l’analyse.

    19De rares fragments de poteries présentaient des éléments morphologiques diagnostiques du fonctionnement des céramiques. Goulots et becs verseurs ont, ainsi, été considérés de façon systématique. Leur nombre très réduit ne permettait, toutefois, pas encore d’obtenir un échantillon significatif de récipients en terre cuite. En l’absence d’autres caractères morphométriques venant éclairer la fonction des céramiques, la sélection des tessons s’est opérée sur la présence de traces d’utilisation visibles.

    20D’après l’examen des formes les plus complètes de Kovačevo, les usures de poteries se concentraient sur les bords, les préhensions et les assises (Vieugué, 2006). Or, les éléments typologiques avaient été isolés de façon systématique lors de la caractérisation globale de l’assemblage céramique du site (Salanova, 2007 et 2009). Il était donc aisé d’entreprendre une étude quantitative des usures formées à la surface des récipients en terre cuite. Les recherches se sont focalisées sur le matériel céramique du secteur présentant la stratigraphie la plus dilatée du site : le secteur E (Lichardus-Itten et al., 2002). L’évolution chronologique du fonctionnement des récipients en terre cuite pouvait, par ce biais, être établie.

    21Les résidus se retrouvaient, quant à eux, au niveau de la panse et de l’assise interne des poteries (Vieugué, 2006). Or, les tessons présentant des encroûtements n’avaient pas été isolés de façon systématique lors de l’étude globale de la céramique du secteur E2. L’ensemble des fragments de poterie auxquels adhéraient des résidus a, pour cette raison, été extrait de la céramique de deux secteurs en cours d’étude : les secteurs B et I (Salanova, 2007). Dans la mesure où ces deux secteurs livrent des vestiges de l’ensemble de la séquence d’occupation du site, l’évolution chronologique du contenu des récipients en terre cuite pouvait être discutée.

    22La stratégie d’échantillonnage mise en place a rendu possible l’examen approfondi d’un échantillon significatif et représentatif de la production potière de chaque site. Elle a, par ce biais, permis de maximiser l’identification des différentes classes fonctionnelles de poteries composant les services en céramique. Une fois l’échantillonnage du mobilier établi, les récipients en terre cuite ont fait l’objet d’une observation et d’un archivage systématiques.

    Observation et enregistrement préliminaire des vases

    23L’observation approfondie des récipients en terre cuite a porté sur les caractéristiques morphométriques des céramiques. Elle s’est aussi attachée à l’identification des traces d’utilisation formées à la surface des poteries. La reconnaissance des stigmates d’usage n’est pas toujours aisée sur les vases archéologiques. Certains s’apparentent, en effet, à des altérations pouvant se former après l’abandon des récipients en terre cuite. Plusieurs travaux expérimentaux ont, néanmoins, montré que les altérations et les traces d’utilisation des céramiques se distinguaient sur la base de leur étendue et de leur localisation (Schiffer et Skibo, 1989). Ainsi, les altérations sont le plus souvent couvrantes et concernent indifféremment les surfaces et les tranches des poteries. Inversement, les stigmates d’usage se concentrent de manière récurrente sur certaines parties des récipients en terre cuite. Cette différence significative a fortement dicté la méthode d’observation appliquée aux plus anciens vases de Bulgarie.

    24L’examen préliminaire des poteries a été initié à l’œil nu. Il a porté sur les différentes parties du profil des céramiques (bord, panse, préhensions et assise) et les diverses surfaces des récipients en terre cuite (externe comme interne). L’observation préalable des poteries les plus complètes de chaque série a, en outre, facilité la lecture des stigmates relevés sur les tessons archéologiques.

    25Une fois observés, les récipients ont été documentés. L’enregistrement du mobilier a été effectué selon l’état de fragmentation des vaisselles. Ce dernier déterminait le degré de précision des critères renseignés. Les vases les plus complets ont été enregistrés dans une première base de données scindée en deux fichiers. Le premier renseigne sur les caractéristiques morphométriques des vaisselles ; le second informe sur les traces d’utilisation observées (tabl. 1). Les fragments de goulots et de becs verseurs ont été archivés dans une seconde base de données. Dans la mesure où ils ne montraient aucune trace d’utilisation avérée, seuls les aspects typométriques des tessons ont été documentés (tabl. 2). Les fragments présentant des résidus et des usures ont été enregistrés dans deux autres bases de données. Elles décrivent l’aspect des différentes traces d’utilisation constatées ainsi que les principales caractéristiques du mobilier associé (tabl. 3 et 4).

    26Lors de l’enregistrement du mobilier, les traces d’utilisation les plus diagnostiques ont été photographiées. Les clichés ont été réalisés sur les vases les plus complets comme sur les fragments de vaisselles. L’objectif était de disposer d’un échantillon représentatif de la diversité des stigmates d’usage observés.

    27Des dessins de vases ont également été effectués. Toutes les formes à profil complet ont été dessinées, leur représentation graphique en 2D étant nécessaire à l’estimation de leur capacité. De même, toutes les formes présentant des traces d’utilisation avérées ont été dessinées. La variabilité formelle et dimensionnelle des récipients ayant livré le même type de stigmates a, ainsi, pu être illustrée.

    28Une fois l’archivage achevé, des prélèvements de tessons pour analyse de résidus en laboratoire ont été effectués. Toutes les formes restituées auxquels adhéraient des résidus visibles ont, en l’occurrence, été échantillonnées. L’objectif était de pouvoir combiner les multiples critères fonctionnels considérés. Des fragments encroûtés, représentatifs de la diversité des résidus, ont aussi été prélevés. La probabilité d’identifier la plus large gamme de contenus a, par ce biais, été maximisée. Le prélèvement d’échantillons est venu clôturer l’étude du mobilier. Les différents critères fonctionnels étudiés ont, par la suite, fait l’objet d’une caractérisation approfondie en laboratoire.

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    Tabl. 1 : Critères enregistrés pour les vases à demi-profil restitué.

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    Tabl. 2 : Critères enregistrés pour les goulots et les becs verseurs.

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    Tabl. 3 : Critères enregistrés pour les tessons présentant des résidus.

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    Tabl. 4 : Critères enregistrés pour les tessons montrant des usures.

    Caractérisation approfondie des indices fonctionnels en laboratoire

    29L’analyse des caractéristiques morpho-dimensionnelles des céramiques (forme, taille et volume) requérait l’utilisation de méthodes d’étude issues de la typométrie. Celle des traces d’utilisation de poteries (résidus et usures) sollicitait l’application de techniques analytiques relevant de la chimie et de la tracéologie. Dans la mesure où les critères fonctionnels les plus diagnostiques faisaient appel à des méthodes d’analyse distinctes, leur caractérisation approfondie s’est faite parallèlement de façon indépendante3.

    30La classification formelle des poteries a reposé sur deux principaux critères : le degré d’ouverture (très ouvert - légèrement ouvert ou fermé - très fermé) et les caractères morphologiques singuliers (goulots - becs verseurs - perforations de parois). Les enquêtes ethnographiques ciblées sur l’usage des vaisselles ont, en effet, montré que les deux critères en question disposaient de la plus forte valeur informative sur le plan fonctionnel (Smith, 1983 et 1985).

    31La taille des poteries a été évaluée sur la base de trois paramètres : la hauteur, le diamètre d’ouverture et le diamètre maximum. D’après les études ethnographiques, leurs rapports dimensionnels sont très significatifs du mode de fonctionnement des récipients en terre cuite (Smith, 1983 ; De Ceuninck, 1994).

    32La capacité des poteries a, quant à elle, été estimée selon la méthode dite de l’échantillonnage par profil (Rigoir, 1981). Cette méthode consiste à subdiviser le vase en une série de trapèzes de hauteur identique dont on peut calculer le volume précis. Elle a été privilégiée aux dépens d’autres techniques de quantification volumétrique car son efficacité a largement été approuvée pour mesurer la contenance de céramiques aux formes complexes et variées, comme celles des habitats du Néolithique ancien du sud-ouest de la Bulgarie.

    33Les résidus ont fait l’objet d’une caractérisation chimique au laboratoire du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France en collaboration avec M. Regert, S. Mirabaud, A. S. Le Ho et E. Laval (Vieugué et al., 2009). Ne disposant d’aucun indice sur la nature des substances préservées dans les céramiques, des analyses en Spectroscopie Infra-Rouge à Transformée de Fourier ont été systématiquement entreprises sur les encroûtements visibles. Elles ont permis d’établir la nature minérale ou organique des matériaux conservés dans les récipients en terre cuite. Une fois l’information recueillie, des analyses plus poussées ont été conduites. Les techniques analytiques alors utilisées ont été déterminées par la nature des substances préservées dans les poteries. Ainsi, les résidus d’origine organique ont été caractérisés en Chromatographie en Phase Gazeuse couplée à la Spectrométrie de Masse. Les encroûtements minéraux ont été analysés au Microscope Électronique à Balayage. De telles analyses ont permis l’obtention d’empreintes chromatographiques ou spectrales qui sont caractéristiques de la composition élémentaire, moléculaire ou structurale des matériaux conservés dans les vases. La caractérisation des résidus s’est alors faite par comparaison de ces empreintes avec celles obtenues sur des matériaux de référence vieillis artificiellement en laboratoire.

    34Enfin, les usures de poteries ont été soumises à un examen tracéologique effectué à la Maison Méditérranéenne des Sciences de l’Homme sous l’égide d’H. Plisson (Vieugué, 2014). Elles ont, en l’occurrence, été observées à la loupe binoculaire (x 2 à x 100). Cet examen a permis d’établir la signature macro-et microscopique des usures de vases qui sont diagnostiques du fonctionnement des céramiques. L’interprétation des traces s’est alors faite par comparaison aux référentiels ethnographiques disponibles (Skibo, 1992 ; Reid et Young, 2000).

    35L’analyse séparée des différents critères fonctionnels considérés a permis d’obtenir des informations sur le contenu et le fonctionnement des vaisselles. Comme le cadre analytique le préconisait, les données ont été croisées pour tenter d’établir la fonction des poteries étudiées.

    Étude croisée et comparée des paramètres céramologiques

    36Le croisement des différents critères fonctionnels a permis d’émettre des hypothèses plus précises sur la fonction des céramiques. Il a, par ce biais, livré un aperçu des activités ayant impliqué l’usage de poteries au au tournant des VIIe et VIe millénaires av. J.-C. L’étude croisée des différents témoignages de l’usage des récipients en terre cuite s’est déroulée comme suit : tout d’abord, les différentes caractéristiques morphométriques des céramiques (forme, taille et volume) ont été combinées. Puis, les associations de traces d’utilisation (résidus visibles et usures) ont été établies. Enfin, les liens entre morphométrie et stigmates d’usage des poteries ont été définis (fig. 4). Cette approche croisée a abouti à la définition de gammes fonctionnelles de récipients en terre cuite qui se distinguent par un contenu ou un mode de fonctionnement spécifique.

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    Fig. 4 : Croisement des différents indices fonctionnels de la céramique.

    37Le comportement des producteurs et des utilisateurs de poteries restait, toutefois, difficile d’accès sur le seul croisement des critères fonctionnels les plus diagnostiques. Il a, pour cette raison, été entrepris une approche comparée des différents paramètres céramologiques. La variabilité des récipients en terre cuite d’une même classe fonctionnelle (vases de stockage, pots à cuire, etc.) a, en l’occurrence, été confrontée à celle du reste de l’assemblage céramique. Cette comparaison a été effectuée sur l’ensemble des paramètres qui définissent la production potière d’un site : dégraissant, épaisseur des parois, traitements de surface, décor ou encore forme des récipients en terre cuite. Elle a permis d’appréhender les choix œuvrés par les populations préhistoriques au moment de la fabrication et de l’utilisation des céramiques.

    38Afin de montrer la pertinence de la méthode d’étude construite, les résultats obtenus sur la fonction des poteries de l’habitat de Kovačevo seront exposés de façon synthétique.

    Étude de cas : les poteries de Kovačevo

    39Les recherches entreprises sur la fonction des poteries de l’habitat de Kovačevo visaient à restituer la composition des services en céramique utilisés par les premières sociétés paysannes de Bulgarie. Elles se sont, pour se faire, attachées à déterminer le contenu et le mode de fonctionnement des récipients en terre cuite. Autrement dit, quelles matières les populations néolithiques ont-elles déposées dans leurs poteries ? De quelles manières les ont-elles transformées ? Comment les vases étaient-ils rangés et utilisés ? Quelles étaient la durée et la fréquence de leur utilisation ? Les poteries étaient-elles vouées à un usage collectif ou individuel ? Les travaux ciblés sur l’utilisation des vases du site ont aussi tenté de cerner les comportements des producteurs et des consommateurs de céramiques. Autrement dit, les potiers ont-ils conçu des formes spécifiques adaptées à l’usage des récipients en terre cuite ? Ont-ils recherché des tailles et des volumes particuliers ? Ont-ils appliqué des traitements de surface singuliers visant à améliorer les propriétés thermiques ou l’imperméabilité des vaisselles ? Les utilisateurs de poteries ont-ils privilégié l’emploi de certains récipients en fonction de l’activité pratiquée ? L’ont-ils fait pour chaque utilisation ? Quel statut accordaient-ils à leurs vaisselles ?

    40L’étude des caractéristiques morphométriques (forme, taille, volume) et des traces d’utilisation (résidus et usures) des céramiques s’appuie sur l’examen d’un échantillon significatif de poteries qui comprend 1 079 vases et 24 083 tessons (soit 868 kilogrammes de céramiques).

    La typométrie des récipients

    La forme

    41En considérant le degré d’ouverture des poteries et leurs aménagements spécifiques, sept catégories de récipients en terre cuite ont pu être établies (fig. 5). Elles ont permis d’émettre les premières hypothèses sur le mode de fonctionnement des céramiques.

    42Les vases de la catégorie A (153 individus) se définissent par leur ouverture large et leur profondeur très réduite. Ces deux particularités les rendent adaptés à une fonction impliquant un accès aisé au contenu, comme la préparation, la présentation ou la consommation des mets (Rice, 1987, p. 225-226).

    43Les poteries de la catégorie B (46 individus) se caractérisent par leur embouchure très fermée et la présence récurrente de boutons perforés. Pouvant être plus facilement suspendus et obturés, ces vases sont généralement associés au stockage des denrées (Rice, 1987, p. 225-226).

    44Les céramiques de la catégorie C (5 individus) présentent des perforations multiples réparties sur toute la surface des vaisselles. Cette spécificité morphologique les rend aptes à l’extraction de produits, comme les huiles végétales, le lait caillé ou encore le miel (Bogucki, 1984 ; Rottländer, 1988 ; Regert et al., 2001 ; Salque et al., 2013).

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    Fig. 5 : Classification typo-fonctionnelle des poteries.

    45Les pots de la catégorie D (11 individus) sont pourvus de goulot ou de bec verseur. Ils facilitent le transvasement de contenus probablement liquides (Malamidou, 2004, p. 226).

    46Les céramiques de la catégorie E (2 individus) sont munies d’un manche. Elles ont, par conséquent, vraisemblablement servi au puisage de substances.

    47Les éléments de la catégorie F (13 individus) s’apparentent à des couvercles. Ils ont permis la protection du contenu de certaines vaisselles (Sillar, 2000).

    48Les poteries de la catégorie G (849 individus) ne présentent ni avantage ni contrainte d’usage. Aucune interprétation fonctionnelle ne peut être avancée sur la base de leur morphologie.

    49À Kovačevo, les formes céramiques étudiées sont extrêmement diversifiées. Cette diversité tend à montrer que les récipients ont participé à une large gamme d’activités. De nombreux vases ont, en effet, été vraisemblablement impliqués dans le stockage des denrées (catégorie B), la préparation, la présentation et la consommation des mets (catégorie A). Quelques récipients apparaissent également appropriés à la séparation de différentes substances (catégorie C), au versement (catégorie D) et au puisage de matériaux (catégorie E). Des couvercles en céramique ont même été reconnus au sein du corpus de Kovačevo (catégorie F).

    50Dans le cas d’étude présenté, l’approche typologique n’a pas permis de restituer la fonction des vaisselles. Elle a seulement rendu compte d’un mode de fonctionnement supposé. Les interprétations proposées ne concernent, de surcroît, qu’une infime partie de la série étudiée (230 vases). Elles restent implicitement cantonnées au domaine de l’alimentaire, ce qui est clairement lié à l’historique des recherches. Certaines céramiques néolithiques ont pourtant contenu des produits impropres à la consommation, comme du brai de bouleau ou de l’ocre (Evans et Heron, 1993 ; Maniatis et al., 2001). L’identification de la fonction des pots sur le site de Kovačevo reste donc par cette approche complexe, supposée et partielle. C’est pourquoi les autres témoignages de l’usage des vases, comme leur taille, ont été considérés.

    La taille

    51La dimension des récipients de Kovačevo varie énormément. Les hauteurs et diamètres des vases s’échelonnent effectivement de quelques centimètres à plusieurs dizaines de centimètres (fig. 6). La majorité des poteries reste, cependant, de petits à moyens calibres.

    52Peu d’hypothèses fonctionnelles peuvent être proposées sur la base de cet unique critère. Elles concernent uniquement les extrêmes dimensionnels pour lesquels le panel des fonctions possibles est plus restreint. Le stockage à long terme de denrées est l’activité généralement allouée aux vases de plus grande taille d’un assemblage (Henrickson et Mc Donald, 1983, p. 635-638 ; Cullen et Keller, 1990). Cet usage devait d’ailleurs être celui d’une part importante des récipients de Kovačevo. De nombreux pots montrent en effet une épaisseur de paroi prononcée, supérieure à 12 mm (7 %) (fig. 7). Il a, de plus, été démontré que le pourcentage de vases de stockage estimé ne renvoie généralement pas à la réelle composition d’un service. Ils sont en l’occurrence sous représentés. Ces vases sont en effet moins fréquemment renouvelés que les autres catégories fonctionnelles de pots car leur durée de vie est généralement plus longue (Mayor, 1994, p. 187-189). Outre leur taille importante, les récipients voués au stockage d’aliments présentent souvent un engobe interne très soigné (fig. 8). La plupart étaient donc imperméables et tout à fait aptes à la conservation de liquides sur le long terme.

    53Les récipients de très petite taille (fig. 9) se caractérisent par leur forme singulière. Ils ont généralement fait l’objet d’un façonnage peu soigné : leurs surfaces ne sont bien souvent même pas lissées. Les micro-vases ont pu permettre la conservation de matières précieuses (Cauvin, 1976, p. 199-200). Ils ont aussi pu servir de jouets (Le Mière et Picon, 1998, p. 7), être impliqués dans le soin du corps (Garnier, 2010) ou bien représenter une divinité (Sillar, 2000). Les micro-vases de Kovačevo n’ont, en revanche, pas pu être utilisés pour la fermentation et la consommation de produits laitiers comme il est attesté sur d’autres sites (Mirabaud, 2007, p. 345). Leur taille est, en effet, beaucoup trop réduite.

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    Fig. 6 : Dimensions des vases à profil complet du corpus : (a) rapport hauteur-diamètre médian, (b) rapport diamètre d'ouverture-diamètre médian.

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    Fig. 7 : Exemple d’un vase de stockage à paroi très épaisse.

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    Fig. 8 : Engobe interne particulièrement épais recouvrant la surface des vases de stockage.

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    Fig. 9 : Exemple de récipients de très petites dimensions.

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    Fig. 10 : Volume des vases à profil complet, classé par ordre croissant.

    La contenance

    54Tout comme la taille des pots, le volume des récipients varie grandement (fig. 10). Il s’échelonne de deux millilitres à une douzaine de litres. La capacité des vases à profil complet ne montre, par ailleurs, aucune discontinuité. Malgré cette relative homogénéité, le spectre des contenances de vases apparaît plus limité qu’il ne l’était en réalité. Des récipients d’une capacité estimée à 100 litres ont, en effet, été identifiés (Demoule et Lichardus-Itten, 2001, p. 89) (fig. 7). Leur fragmentation élevée n’a, cependant, jamais permis d’en restituer le profil complet et d’en mesurer la réelle capacité.

    55Les hypothèses fonctionnelles émises à partir du volume des céramiques se sont révélées similaires à celles fondées sur la taille des poteries : stockage à long terme pour les récipients de plus grande contenance (Henrickson et Mc Donald, 1983, p. 635-638) ; soin du corps, protection de matériaux valorisés ou encore représentation de divinités pour les vases de très petit volume (Cauvin, 1976, p. 199-200 ; Le Mière et Picon, 1998, p. 7 ; Sillar, 2000).

    56Toutefois, d’autres aspects de l’utilisation des vaisselles ont pu être approchés par le biais de leur capacité. Les études ethnographiques ont, en effet, montré que le volume des récipients était souvent connecté à l’usage individuel ou collectif des pots (Solheim, 1965, p. 257). Dans les sociétés traditionnelles actuelles, les céramiques d’une contenance inférieure au demi-litre ont davantage un usage individuel. Les vases d’un volume supérieur au litre et demi ont plutôt un usage collectif à l’échelle de la maisonnée (Solheim, 1965, p. 257). Entre 0,5 à 1,5 litre, aucune tendance ne semble se dessiner. Parmi les formes restituées de Kovačevo, 102 vases ont un volume inférieur au demi-litre. 42 poteries ont une contenance comprise entre 0,5 et 1,5 L et 37 céramiques ont une capacité supérieure au litre et demi. Si l’on se réfère aux modèles ethnographiques, la série céramique de l’habitat néolithique de Kovačevo comprend des vases à usage individuel et des céramiques à usage collectif. Cet usage individuel ou collectif d’une partie des poteries du site laisse entendre une complémentarité fonctionnelle des récipients en terre cuite. En l’état actuel des données disponibles, une telle complémentarité reste toutefois hypothétique car elle implique que les vases concernés aient fonctionné ensemble.

    Relations entre caractères formels et métriques des pots

    Taille et volume des différentes gammes fonctionnelles de vases

    57Les céramiques adaptées à la préparation, présentation et consommation d’aliments (catégorie A) montrent des tailles et des contenances moyennes (fig. 11 et 12). Des 16 poteries à profil complet de cette catégorie, 9 ont une contenance inférieure ou proche du demi-litre. 7 ont une capacité supérieure au litre et demi. En référence aux exemples ethnographiques, il semble que les céramiques de cette catégorie aient connu un usage tant individuel que collectif. Pour autant, le volume des récipients aptes à la préparation et consommation d’aliments ne semble pas aléatoire. Il est généralement compris entre deux intervalles. Les vases les plus aptes de l’assemblage à cet usage constituent en effet l’essentiel des poteries de 0,5 à 0,65 L (55 %). Ils composent la majeure partie des céramiques de 2,5 à 4 L (50 %). Il semble donc que les potiers néolithiques aient conçu des vases de contenance relativement précise pour assurer ce mode de fonctionnement spécifique. L’existence de deux classes volumétriques inciterait même à penser que les producteurs les destinaient à des activités bien établies. Il serait alors tentant d’attribuer les vases de 0,5 L à la consommation individuelle de denrées et d’allouer les récipients de 3-4 L à la préparation et la présentation collectives des mets.

    58Les vases appropriés au stockage d’aliments (catégorie B) ont aussi des tailles et des contenances relativement importantes (fig. 13 et 14). 8 des 12 vases à profil complet de cette catégorie ont un volume proche ou supérieur au litre et demi. Ils constituent même l’essentiel des céramiques de plus de 5 L. Plus fréquemment conçus sous forme de grands modules, les pots adaptés au stockage semblent davantage avoir connu un usage collectif.

    59Les céramiques ayant servi à la séparation (gamme C) ou au transvasement de liquides (gamme D) n’ont pas eu leurs tailles et leurs capacités mesurées. Leur profil complet n’a jamais pu être restitué.

    60Les vases adaptés au puisage (gamme E) ont, quant à eux, des dimensions et des volumes limités. L’unique céramique à profil complet de cette catégorie a une capacité de 0,3 L. Cette céramique n’a, par conséquent, pu fonctionner qu’avec des récipients de taille moyenne à grande.

    61À l’inverse, les couvercles (gamme F) n’ont pu fonctionner qu’avec des vases d’ouverture restreinte. Leurs diamètres avoisinent souvent les 10 centimètres.

    62La taille et le volume des gammes de vases, attribuées par leur forme à un possible fonctionnement, ne semblent pas aléatoires. Ils reflètent au contraire une certaine cohérence, qui témoigne vraisemblablement de la préconception fonctionnelle des productions de récipients. Suspectée au travers de la recherche de classes de volume particulières, l’adaptation des vases à leur fonctionnement peut être démontrée par l’étude dimensionnelle des pots dotés de préhensions.

    Dimensions des récipients munis de préhensions

    63À Kovačevo, les récipients munis de préhensions (33 pots) montrent effectivement des tailles et des contenances variées (fig. 15 et 16). Pour autant, les anses, les tenons, les boutons et les bossettes ne se retrouvent pas indifféremment sur toutes les catégories métriques de vaisselles. Les bossettes sont ainsi plutôt présentes sur des vases fins supposés de petites tailles. Les boutons se retrouvent plus fréquemment sur des vases d’épaisseur moyenne. Les anses et les tenons apparaissent sur des vases plutôt épais supposés de grandes dimensions (fig. 17).

    64Les potiers néolithiques du site ont facilité la manutention d’une large gamme de poteries. Ils ont toutefois réservé l’aménagement d’anses et de tenons aux vases de plus grandes dimensions car leur manutention exige une excellente prise des pots. Ils ont préféré celui de boutons et de bossettes pour les récipients de petits et moyens calibres. Leur déplacement ne requiert en effet qu’un éventuel calage des mains, étant moins lourds. La présence de préhensions répond, de toute évidence, à une logique fonctionnelle. Les potiers ont clairement souhaité limiter les contraintes imposées par le poids des vases.

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    Fig. 11 : Taille des vases de la catégorie A (en gris) : (a) rapport hauteur-diamètre médian, (b) rapport diamètre d'ouverture-diamètre médian.

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    Fig. 12 : Volume des vases de la catégorie A (en gris).

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    Fig. 13 : Taille des vases de la catégorie B (en gris) : (a) rapport hauteur-diamètre médian, (b) rapport diamètre d'ouverture-diamètre médian.

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    Fig. 14 : Volume des vases de la catégorie B (en gris).

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    Fig. 15 : Taille des vases munis de préhensions (en gris) : (a) rapport hauteur-diamètre médian, (b) rapport diamètre d'ouverture-diamètre médian.

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    Fig. 16 : Volume des vases munis de préhensions (en gris).

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    Fig. 17 : Fréquence des catégories de préhensions par classes d'épaisseur.

    65En résumé, les céramiques de l’habitat néolithique de Kovačevo montrent une incroyable diversité de formes, de taille et de contenance. Cette diversité les rend aptes à une multitude d’activités : préparation, présentation, consommation, stockage, séparation de produits, versement ou encore puisage de substances. Les récipients ont, par ailleurs, été pensés et fabriqués en vue de leurs futures utilisations.

    66Cette préconception fonctionnelle des productions se remarque au niveau de la recherche des volumes de pots et de l’aménagement des préhensions.

    67L’approche typométrique des céramiques n’offre, toutefois, qu’une détermination hypothétique du fonctionnement des poteries. L’étude des traces d’utilisation a permis d’obtenir des informations plus précises sur la fonction des récipients en terre cuite.

    Les traces d’utilisation

    68À Kovačevo, 75 % des pots ont livré des traces d’utilisation. Ce pourcentage a été estimé à partir de la fréquence des usures de bases des récipients. Les traces d’usage relevées sur les vases se déclinent en deux principales catégories. La première se caractérise par une suppression de matières (les usures). La seconde se définit par un apport de matières (les résidus).

    Les traces par suppression de matières

    69À Kovačevo, trois types de stigmates ont été observés sur les vases : les éclats, les rayures et les plages abrasées. Les deux premiers types de traces ont pu être occasionnés par l’usage des vases ou des phénomènes naturels après l’abandon des pots. Leurs origines exactes n’ont pu être déterminées, car la rareté des stigmates n’a pas permis de savoir si leurs distributions étaient ou non aléatoires. Les plages abrasées n’ont, par contre, pu être causées que par l’utilisation des vases. Elles se trouvent en effet de manière répétée sur certaines parties, comme les préhensions et les bases. C’est pourquoi nous n’évoquerons que les abrasions dans ce paragraphe. Elles seront présentées selon leur localisation sur le vase.

    Abrasions des bases

    70Sur les 4 635 bases étudiées, 3 476 sont usées (soit 75 %). Ces bases sont de loin la partie des récipients présentant le plus fréquemment des traces d’utilisation avérées. Les abrasions observées sont généralement marquées et clairement délimitées. Elles varient grandement en étendue, se cantonnant à la périphérie des bases (26 %), gagnant les parties centrales les plus proéminentes (6 %) ou couvrant toute leur surface (68 %) (fig. 18).

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    Fig. 18 : Étendue différentielle des abrasions observées sur la base des vases : (a) usure périphérique, (b) usure cantonnée aux zones les plus proéminentes de la base, (c) usure couvrante.

    71La récurrence des usures de bases atteste, d’une part, que les vases ont majoritairement servi à l’endroit. Or, cette pratique ne va pas de soi. Certaines communautés andines utilisent, par exemple, une part non négligeable de leurs pots à l’envers, comme couvercles ou éléments de calage (Sillar, 2000). L’usure fréquente des bases montre, d’autre part, que les vases ont pour la plupart été manipulés. Le déplacement des pots est en effet l’une des principales causes de formation des usures sur cette partie des vaisselles (Skibo, 1992, p. 115 ; Dugay, 1996, p. 182). L’étendue différentielle des plages abrasées reste, quant à elle, plus difficile à interpréter. Évoquée par une seule enquête ethnographique (Skibo, 1992, p. 115), elle pourrait s’expliquer par un usage plus ou moins fréquent des céramiques. Les durées et fréquences d’utilisation des poteries sont très rarement discutées en contexte archéologique car elles sont très difficiles à saisir. Il est pourtant essentiel de les établir, comme l’ont montré plusieurs études ethnographiques (Foster, 1960 ; David, 1972 ; De Boer, 1974 ; Mayor, 1994 ; Shott, 1996). Ces deux paramètres entraînent en effet une forte distorsion de la part relative des différents types de récipients en terre cuite qui sont généralement à la base de nos interprétations historiques (Mayor, 1994). Les référentiels ethnographiques actuellement disponibles sur l’usage des poteries ne permettent malheureusement pas de dire dans quelle mesure l’étendue des usures de bases est corrélée à la durée et fréquence d’utilisation des céramiques. Nous ne pouvons donc que supposer l’existence de durée et fréquence d’usage très différentes pour les vases de Kovačevo en Bulgarie. Par contre, les exemples ethnographiques précisent de manière unanime qu’une usure couvrante transcrit systématiquement un usage long ou fréquent des poteries (Schifer, 1989, p. 191 ; Skibo, 1992, p. 115). Une proportion élevée des vases du site a donc connu une durée ou fréquence d’utilisation importante.

    Usure des fonds

    72Des 4 635 fonds examinés, 92 sont usés (soit 2 %) (fig. 19). L’usure des fonds de poteries délimite une aire relativement circonscrite de forme arrondie. Aucune rayure n’est attestée en sa périphérie.

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    Fig. 19 : Abrasion identifiée sur le fond d’un vase.

    73L’abrasion des fonds semble par ailleurs composée d’un faciès d’usure unique. Elle est souvent ténue sur les céramiques.

    74La régularité de la zone abrasive et l’absence de stries périphériques tendent à montrer que les traces identifiées se sont formées au contact d’un outil à extrémité large et arrondie (pilon ou cuillère ?). Or, la position axiale et l’étendue circonscrite de l’usure concordent davantage avec le fonctionnement d’un outil de broyage. Il semble donc que des récipients étaient voués au pilage de matériaux sur ce site. Ce fonctionnement supposé des poteries est d’autant plus probant que des plages abrasées circulaires identiques ont été retrouvées sur des vases de concassage en Afrique (Reid et Young, 2000, p. 105).

    Abrasion des boutons perforés

    75Sur les 451 boutons perforés examinés, 307 sont usés (soit 68 %) (fig. 20). Leur usure répétée indique que la majorité des préhensions a été utilisée. L’abrasion se retrouve notamment au niveau de la perforation des boutons. Or, une telle répartition atteste du passage d’un lien ayant frotté et usé les préhensions. L’emploi de liens peut se justifier pour la suspension des vases ou le maintien de couvercles. Seule la première de ces pratiques peut toutefois engendrer une usure prononcée comparable à celle observée sur de nombreux boutons perforés. La suspension des vases implique en effet un frottement beaucoup plus intense des liens puisqu’ils sont tendus par le poids des vaisselles.

    76À partir de l’examen détaillé de l’usure des boutons perforés, l’un des systèmes de fixation employés a pu être restitué (fig. 21). La reconstitution proposée se fonde sur trois observations. Premièrement, les boutons perforés d’un même récipient présentent systématiquement des usures d’étendue et d’intensité proches4. Tous étaient donc impliqués dans la suspension des vases. Deuxièmement, l’usure s’étend de la proéminence des boutons jusqu’aux deux extrémités de leur perforation. Les liens étaient donc enroulés au niveau des moyens de suspension. Troisièmement, l’usure est autant marquée aux deux extrémités de la perforation. Cette constatation laisse à penser que les liens étaient disposés obliquement. Leur mise en parallèle aurait inversement engendré une usure plus prononcée de l’extrémité inférieure de la perforation dans la mesure où l’intensité du contact y aurait été plus importante. Le système de suspension restitué présente plusieurs atouts : l’enroulement des liens préservait les vases de toutes chutes ; leur mise à l’oblique garantissait une meilleure stabilité des céramiques.

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    Fig. 20 : Usure de boutons perforés.

    77La suspension des pots visait certainement à protéger le contenu des récipients, tout en libérant de l’espace au sol dans les maisons. Les vases en question ne sont cependant pas restés suspendus tout au long de leur utilisation. Sur les douze pots complets présentant des boutons perforés usés, huit avaient en effet une base abrasée. Une partie des vases suspendus a donc aussi été utilisée posée sur leur assise. La suspension et la pose des récipients ont pu se succéder ou alterner, sans qu’il ne soit possible de trancher. Le déplacement répété des vases est, quoi qu’il en soit, avéré.

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    Fig. 21 : Restitution du mode de suspension des pots à partir de la distribution des usures de boutons perforés.

    Usure des panses

    78Sur les 1 079 formes observées, une seule montre une panse usée sous forme de plages abrasées (fig. 22). L’usure abrasive identifiée est relativement marquée. Aucune rayure n’est avérée au pourtour de la zone usée qui présente, par ailleurs, des contours irréguliers. Les traces observées s’étendent de la panse externe inférieure du vase à son bord. Elles se limitent à une partie spécifique du pourtour de la vaisselle.

    79L’étendue et la répartition de la plage abrasée montre le basculement répété du vase lors de son utilisation. Elles laissent à penser que le récipient a été utilisé pour le puisage des substances.

    Les traces par apport de matières

    80Les résidus adhérant à la surface interne des poteries de Kovačevo ont été réunis en deux grandes catégories. Ces deux catégories ont été définies sur la base de la couleur, de la densité, de l’adhérence, de la régularité et de l’étendue des encroûtements visibles (fig. 23). La première classe se compose de résidus noirs pulvérulents. Ils adhérent faiblement à la paroi interne des récipients. Leurs surfaces présentent de fortes irrégularités et leur épaisseur varie énormément sur un même pot (épaisseur maximale de l’ordre de 2 mm). Ces encroûtements sont généralement peu couvrants. Ils sont systématiquement associés à des imprégnations de matières noires. Les imprégnations de matières pénètrent plus ou moins la paroi poreuse des vases. Elles diminuent progressivement de l’assise vers le bord des récipients jusqu’à disparaître totalement.

    81La seconde catégorie se compose d’encroûtements beiges denses. Ils adhèrent plus fortement à la paroi interne des vases, mais s’en détachent néanmoins sous forme d’éclats. Leurs surfaces sont lisses. Leur épaisseur, régulière sur un même vase, varie d’un pot à l’autre (épaisseur maximale de l’ordre de 0,5 mm). Ils couvrent la majeure partie de la surface interne des poteries, mais ne semblent pas en imprégner les parois.

    82Au vu de leurs caractéristiques, les encroûtements de la première catégorie renvoient vraisemblablement à des résidus issus de la cuisson d’aliments (Regert et al., 2003a ; Regert, 2007 ; Regert et al., 2008). Ceux de la seconde catégorie n’avaient, à notre connaissance, aucun équivalent. Les résultats obtenus sur les deux types d’encroûtements seront, par conséquent, présentés séparément.

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    Fig. 22 : Abrasion observée sur la panse externe d'un récipient. (Clichés : L. Salanova et J. Vieugué).

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    Fig. 23 : Catégorie de résidus reconnus à la surface interne des pots de Kovačevo : (a) encroûtement noir, (b) encroûtement beige.

    Les résidus noirs

    83Des 8 encroûtements noirs analysés en IRTF, aucun n’a livré une empreinte spectrale interprétable. La conservation des résidus organiques était visiblement mauvaise au sein de l’habitat. L’analyse de 23 tessons imprégnés et 8 encroûtements carbonisés en CPG/SM a, néanmoins, permis de caractériser le contenu organique d’un vase. Celui-ci est composé d’acides gras, de cholestérol, de diglycérides et de triglycérides (fig. 24). Or, l’association de ces différents biomarqueurs et marqueurs de dégradation est spécifique de graisses animales (Evershed et al., 2002). Leur identification dans des céramiques renvoie généralement un usage culinaire des vases (Charters et al., 1995 ; Evershed et al., 1997 ; Regert et al., 1999, p. 97 ; Mirabaud, 2007).

    84Bien que leur altération avancée n’ait pas permis une caractérisation détaillée du contenu des vaisselles, les résidus noirs ont livré quelques indications sur les procédés de cuisson des denrées. Les encroûtements carbonisés se concentrent, en effet, préférentiellement au niveau des fonds et de la partie inférieure des panses. Or, les études ethnographiques et expérimentales ciblées sur cette classe fonctionnelle de vases ont montré que la répartition des dépôts n’était nullement aléatoire. Elle est intimement liée à la position des récipients sur le foyer puisque les résidus se forment plutôt au niveau de la partie des pots la plus exposée au feu (Skibo, 1992 ; Duplaix-Rata, 1997). À Kovačevo, les vases à cuire identifiés ont donc été vraisemblablement placés au centre de la source de chaleur.

    85Si des résidus noirs ont bien été reconnus à la surface interne des pots, aucune trace n’a été perçue à l’extérieur des récipients. L’absence de dépôts de suie est très surprenante au vu de la quantité de vases ayant servi à la cuisson des aliments. Elle pourrait s’expliquer par le fait que les pots à cuire n’étaient pas en contact direct avec le feu. Plusieurs fours ont, d’ailleurs, été découverts au sein de l’habitat de Kovačevo (Lichardus-Itten et al., 2002 ; Jaulneau, 2008).

    86Les vases à cuire sont en pourcentage peu représentés au sein de l’assemblage (0,3 % des vases). Cette rareté tend à montrer que les pots de Kovačevo n’ont que très peu été utilisés pour la cuisson de denrées. Certes, des résidus ne se forment pas à chaque utilisation des récipients sur le feu. Le nettoyage des vases après leur usage a pu faire disparaître une partie de ces traces. Reste que les résidus carbonisés sont peu fréquents à Kovačevo. Les études ethnographiques indiquent, de plus, que les vases à cuire sont surreprésentés au sein des assemblages archéologiques. Ces vases à cuire sont, en effet, plus fréquemment renouvelés que les autres gammes fonctionnelles de poteries (Mayor, 1994). L’usage culinaire des céramiques ne devait donc pas être la fonction principale des vases sur le site.

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    Fig. 24 : Signature chromatographique obtenue en HT-CPG sur une imprégnation noire (éch. Kov 1T), caractéristique de graisses animales.

    Les encroûtements beiges

    87Des 49 encroûtements beiges analysés en IRTF, tous ont fourni une empreinte spectrale comparable et interprétable. Ces empreintes montrent des bandes de vibration qui sont caractéristiques des liaisons carbonyle, carbonate et phosphate (fig. 25). Elles sont semblables à celles d’un matériau osseux (Reiche et al., 2002). L’analyse de 11 encroûtements beiges au MEB confirme ce résultat. Les échantillons sont, en effet, exclusivement constitués de calcium (Ca) et de phosphore (P). Or, l’association de ces deux composés et leur concentration relative est caractéristique d’une substance osseuse (fig. 26) (Reiche et al., 2003). La structure spongieuse si caractéristique des os n’a, cependant, jamais été observée au sein des encroûtements (même à très fort agrandissement) (fig. 27). Le matériau osseux présent dans les pots a donc été réduit à l’état de très fine poudre.

    88L’identification de poudre d’os dans des pots du site de Kovačevo ne rend pas plus aisée la détermination de leur fonction. Plusieurs raisons viennent expliquer les difficultés d’interprétation. Premièrement, il n’a pas été possible de déterminer si cette poudre d’os constitue la substance recherchée ou le déchet d’une production technique qui visait à en extraire l’osséine. Deuxièmement, il est difficile d’établir les raisons qui ont amené à produire cette poudre d’os ou à en extraire la graisse. Les utilisations possibles de ces matériaux sont en effet multiples sur un site néolithique (fig. 28). L’emploi de pâte d’os est attesté pour la décoration de poteries, en particulier pour le remplissage de décors incisés ou imprimés (Pétrequin et Pétrequin, 1992 ; Constantin, 2003 ; Odriozola et al., 2007). Les pots de Kovačevo ayant contenu de la poudre d’os n’ont, toutefois, pas servi à la préparation de substances colorantes vouées à l’ornementation des récipients. Toutes les « peintures » blanches ont une composition de nature argileuse (Niellini, 2006). Ces pots n’ont pas non plus été utilisés pour la confection d’un matériau destiné à la réfection des enduits blancs d’habitations. Leur composition est aussi d’origine argileuse (Brochier, 1994). Par contre, ils ont pu servir à la préparation de bouillies d’os. De telles bouillies ont pu être consommées par les premières populations néolithiques des Balkans. Elles sont d’ailleurs reconnues pour leurs qualités nutritives, fournissant à l’organisme un apport non négligeable en calcium et en phosphore (Leechman, 1951 ; Vehik, 1977, p. 171 ; Lasota-Moskalewska et al., 1997, p. 30-31). L’emploi de graisse potentiellement extraite de l’os pilé est, quant à elle, attesté dans la préparation de plats culinaires (Binford, 1981). Elle peut aussi avoir servi à la confection de colles d’emmanchement (Audry, 1985). Cette dernière possibilité ne doit pas être négligée. En effet, aucune trace d’adhésifs n’a été relevée sur les pièces lithiques autrefois emmanchées, malgré un bon état de conservation de la série (Allard et Gurova, communication personnelle). Cette absence est d’autant plus surprenante que l’on connaît des exemples évidents de lames de faucilles présentant des traces d’adhésifs dans les Balkans (Gurova, 2006).

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    Fig. 25 : Comparaison des spectres Infrarouges obtenus sur un encroûtement beige (éch. Kov 2R) et sur un fragment d'os du site (éch. Kov 16R).

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    Fig. 26 : Signatures spectrales obtenues au MEB sur : (a) un encroûtement beige (éch. Kov 36R) caractéristique d’une matière osseuse, (b) un fragment d’os du site (éch. Kov 16R).

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    Fig. 27 : Images BSE obtenues au MEB sur un encroûtement beige (éch. Kov 2R) et sur un fragment d'os (éch. Kov 16R). La matière osseuse identifiée (a) a été réduite à l'état de très fine poudre car la structure en canaux si caractéristique des os (b) n'y est plus visible.

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    Fig. 28 : Utilisations possibles de la poudre d'os ou de l'osséine au Néolithique.

    89Les vases ayant livré des encroûtements beiges ne sont, quoi qu’il en soit, pas très fréquents (0,6 % des tessons). Les Néolithiques n’ont vraisemblablement que très peu utilisé leurs récipients pour pratiquer l’activité ayant nécessité la mise en poudre d’os.

    Relations entre les différentes traces d’utilisation

    Usure des bases de vases ayant livré des résidus noirs

    90Sur 135 bases de vases ayant livré des résidus noirs, 102 sont usées (soit 75 %). Ce pourcentage est identique à la part relative de bases usées quantifiée sur l’ensemble du mobilier (fig. 29). Les usures observées sur les vases à cuire identifiés se cantonnent à la périphérie de leurs assises (30 %). Elles gagnent les zones centrales les plus proéminentes des bases (12 %) ou couvrent toute leur surface (58 %). De manière générale, leur étendue semble un peu plus restreinte que celle des traces d’usage des bases de vases du reste de l’assemblage (fig. 30).

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    Fig. 29 : Comparaison du pourcentage de bases usées entre productions céramiques et vases à cuire.

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    Fig. 30 : Comparaison des fréquences relatives des différentes étendues de l'usure des bases entre productions céramiques et vases à cuire.

    91La fréquence des usures de bases des vases ayant livré des résidus noirs prouve la manutention des pots de cuisson. L’usure couvrante d’une part importante de leurs bases atteste, de surcroît, de leur usage relativement long et intense. Pourtant, les études ethnographiques précisent de manière systématique la moindre longévité de cette gamme fonctionnelle de récipients (De Boer, 1974 ; Gallay, 1986, p. 132-133 ; Mayor, 1992, p. 62-64). Dans le cas présent, elle peut être suspectée au travers de l’étendue moins développée des usures de bases des céramiques de cuisson.

    Abrasion des bases de vases ayant livré des résidus beiges

    92Sur les 140 bases de vases ayant livré des résidus beiges, 104 sont usées (soit 74 %). Ce pourcentage est similaire à celui des bases usées de l’ensemble de la série étudiée (fig. 31). Les usures des bases de pots ayant contenu de la poudre d’os varient en étendue. Elles se limitent au pourtour des assises (43 %), se développent sur les parties centrales les plus proéminentes des bases (3 %) jusqu’à les couvrir totalement (54 %). L’étendue des traces d’usage paraît globalement plus restreinte sur cette gamme fonctionnelle de vases (fig. 32).

    93L’usure des bases de vases présentant des résidus beiges atteste du déplacement des pots ayant contenu de la poudre d’os. L’usure couvrante de la moitié des assises de ces pots démontre, quant à elles, leur utilisation relativement longue et intense. Pourtant, leurs durée et fréquence d’utilisation semblent moins importantes que les autres gammes fonctionnelles de récipients. En effet, les usures observées sur les pots ayant contenu de l’os pilé sont généralement moins développées. Aucune explication ne peut, cependant, être formulée pour justifier cette différence.

    Usure des bases de vases ayant livré des fonds usés

    94Sur les 92 vases à fond usé examinés, 86 montrent une base abrasée (soit 94 %). Ce pourcentage est bien plus élevé que la part relative de bases usées mesurée sur l’ensemble des poteries analysées (fig. 33). Les usures de bases des vases à fonds usés de l’assemblage sont par ailleurs couvrantes (91,5 %) ou cantonnées à la périphérie de l’assise des récipients (8,5 %) (fig. 34).

    95La récurrence des usures de bases des vases à fonds usés témoigne de la manutention répétée des récipients ayant servi au broyage de substances. L’usure couvrante de la grande majorité des bases de ces récipients atteste par ailleurs de leur usage long et intense. Elle indique des durée et fréquence d’utilisation plus importantes pour cette gamme fonctionnelle de récipients. Là encore, aucun élément ne permet d’en comprendre la raison.

    Abrasion des bases de vases ayant livré des préhensions usées

    96Sur les 12 pots à préhensions usées ayant une base conservée, 8 présentent une assise abrasée (fig. 35). Trois de ces pots montrent une usure de base périphérique (38 %) et cinq une usure d’assise couvrante (62 %). L’usure des bases de vases suspendus indique qu’ils ont aussi reposé sur leur assise. La suspension et la pose des mêmes céramiques ont pu alterner ou se succéder.

    97En résumé, les céramiques de l’habitat néolithique de Kovačevo montrent des traces d’utilisation fréquentes et variées. La diversité des stigmates observés indique que les poteries ont été utilisées selon différentes modalités (suspendues ou posées sur leur base, etc.) et ont contenu différentes matières (graisses animales ou poudre d’os). Les récipients ont été fréquemment manipulés et ont connu un usage long et intense, quel que soit leur fonctionnement.

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    Fig. 31 : Comparaison du pourcentage de bases usées entre productions céramiques et vases ayant contenu de la poudre d'os.

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    Fig. 32 : Comparaison des fréquences par étendue de l'usure des bases entre productions céramiques et vases ayant contenu de la poudre d'os.

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    Fig. 33 : Comparaison du pourcentage de bases usées entre productions céramiques et vases ayant servi au broyage.

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    Fig. 34 : Comparaison des fréquences relatives des différentes étendues de l'usure des bases entre productions céramiques et vases ayant servi au broyage.

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    Fig. 35 : Abrasion de la base d'un vase ayant aussi ses préhensions usées.

    La caractérisation des services en céramique

    98À Kovačevo, la morphométrie comme les traces d’utilisation des poteries ont fourni de précieux indices relatifs à leurs fonctions pratiques. Chacun des critères considérés a livré des informations complémentaires qui concernent le contenu des vases (résidus), les procédés de stockage, de préparation et de consommation des aliments (forme, taille, volume, résidus et usures), la durée et fréquence d’utilisation des récipients (usures) ou encore leur position au sein des habitations (usures). Peu d’études ont pourtant combiné les multiples témoignages de l’usage des vases (Abbink, 1999 ; Duistermaat, 2008). Le croisement des caractéristiques typométriques et des traces d’utilisation des céramiques a permis de restituer la composition des services en céramique. Il est venu éclairer le comportement des producteurs et des utilisateurs de poteries.

    Les vases à base usée

    99Des usures ont été reconnues sur les bases de 90 vases issus des principales gammes fonctionnelles. 39 d’entre eux ne présentent ni avantage ni contrainte d’usage (catégorie G). 15 sont respectivement appropriés au stockage (catégorie B). 5 sont adaptés à la préparation, présentation et consommation (catégorie A). Un seul est lié au puisage de substances (catégorie E). L’usure des bases concerne à l’évidence des vases de toutes formes (pl. 1 à 9). Elle se retrouve également sur des récipients de taille et de contenance différentes (fig. 36 et 37). D’après les 3 476 bases usées enregistrées, les récipients déplacés reposent sur des assises de tous types : bases rondes (1 %), bases aplaties (2 %), bases plates (27 %), bases plates démarquées (43 %), pieds annulaires (4 %), pieds coniques (5 %), pieds cylindriques (17 %) voire tripodes (1 %). Les pots à bases usées ont, en outre, des parois très fines (1 %), fines (26 %), moyennes (55 %) ou épaisses (18 %). Leurs pâtes montrent systématiquement des inclusions minérales, mais contiennent aussi parfois des particules végétales (21 %) (fig. 38). Les vases concernés ont leurs surfaces externes lissées (18 %), engobées et polies (79 %) ou barbotinées (3 %). Ils sont parfois ornés (5 %), selon des techniques très variées (fig. 39).

    100La diversité et l’importante quantité de vases à bases usées montrent que les populations néolithiques se sont servies de toutes leurs poteries.

    Les vases à fond usé

    101Des usures ont été identifiées sur les fonds de sept vases ne présentant ni avantage ni contrainte d’usage (catégorie G). À une exception près, il s’agit de formes basses et légèrement fermées (pl. 10). Aucun n’est doté de préhensions. D’après les 92 fonds usés enregistrés, les récipients utilisés pour le pilage de substances ont des bases de forme variée. Ils reposent, en l’occurrence, sur des bases aplaties (3 %), des bases plates (16 %), des bases plates démarquées (33 %), des pieds annulaires (6 %), des pieds coniques (10 %) et des pieds cylindriques (32 %). Les 7 formes restituées à fonds usés ont, en outre, une taille moyenne (fig. 40). Leurs hauteurs avoisinent en effet les 10 cm, de même que leurs diamètres s’échelonnent de 10 à 20 cm. Elles ont également des contenances différentes, variant de 0,3 à 2,2 L (fig. 41). Des sept vases à profil complet, quatre ont un volume compris entre 0,5 et 1,5 L. Deux ont une capacité supérieure au litre et demi. Une seule céramique a une contenance réduite inférieure au demi-litre. Les 92 fonds usés montrent, quant à eux, systématiquement des inclusions minérales. Certains contiennent également du dégraissant végétal (15 %) (fig. 42). L’épaisseur de leurs parois est variable : très fine (1 %), fine (33 %), moyenne (48 %) ou épaisse (18 %). Leurs surfaces externes sont simplement lissées (10 %), engobées et polies (89 %) ou barbotinées (1 %). Ils sont parfois décorés (15 %), de motifs peints (92 %) ou imprimés (8 %) (fig. 43).

    102Les récipients ayant servi au broyage de substances ne présentent pas la même diversité que le reste de la production étudiée. Les Néolithiques semblent, de fait, avoir sélectionné les vases utilisés dans le cadre de cette activité. Le choix des récipients ne semble pas s’être fondé sur des critères de traitements de surface, de dégraissant ou d’épaisseur de parois. Les différences de proportions perçues avec le reste du corpus sont insignifiantes. La sélection des vases opérée n’apparaît pas non plus avoir reposé sur la recherche d’un volume particulier puisqu’ils ont des contenances très variées. Elle semble, en revanche, s’être faite sur la base de critères formels. Les formes basses légèrement fermées ont largement été privilégiées pour le broyage de matériaux. Les Néolithiques ont peut-être voulu limiter le débordement du contenu broyé en utilisant ce type de vaisselles.

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    Fig. 36 : Dimensions des vases ayant livré une base usée (en gris) : (a) rapport hauteur - diamètre médian, (b) rapport diamètre médian - diamètre d'ouverture.

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    Fig. 37 : Volume des vases ayant livré une base usée (en gris).

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    Fig. 38 : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant livré une base usée : (a) par type de dégraissant, (b) par classes d'épaisseur, (c) par type de traitements de surface.

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    Fig. 39 : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant livré une base usée : (a) par présence-absence de décor, (b) par techniques décoratives.

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    Fig. 40 : Dimensions des vases ayant servi au broyage de substances (en gris) : (a) rapport hauteur - diamètre médian, (b) rapport diamètre médian - diamètre d'ouverture, (c) diamètre maximum.

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    Fig. 41 : Volume des vases ayant servi au broyage de substances (en gris).

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    Fig. 42 : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant leur fond usé : (a) par type de dégraissant, (b) par classes d'épaisseur.

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    Fig. 42 (suite) : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant un fond usé : (c) par type de traitements de surface.

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    Fig. 43 : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant leur fond usé : (a) par présence-absence de décor, (b) par techniques décoratives.

    Les vases à préhensions usées

    103Des usures ont été relevées sur les préhensions de huit poteries adaptées au stockage de denrées (catégorie B). Elles ont également été reconnues sur deux vases ne présentant ni avantage ni contrainte d’usage (catégorie G). Les usures de préhensions concernent visiblement des pots de toutes dimensions (pl. 11). Elles ont, par ailleurs, été identifiées sur les différentes catégories d’éléments pouvant servir à la prise des récipients. D’après les 948 préhensions usées, les usures semblent néanmoins plus fréquentes sur les boutons perforés (76 %) que sur les autres types de préhensions (8 %). Les vases dont les préhensions sont usées ont des parois d’épaisseur variée (fig. 44). Ils sont très fins (1 %), fins (44 %), moyens (50 %) à épais (5 %).

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    Fig. 44 : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant leurs préhensions usées : (a) par type de dégraissant, (b) par classes d'épaisseur.

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    Fig. 44 (suite) : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant leurs préhensions usées : (c) par type de traitements de surface.

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    Fig. 45 : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant leurs préhensions usées : (a) par présence-absence de décor, (b) par techniques décoratives.

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    Fig. 46 : Dimensions des vases à cuire (en gris) : (a) rapport hauteur - diamètre médian, (b) rapport diamètre médian - diamètre d'ouverture, (c) diamètre maximum.

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    Fig. 47 : Volume des vases à cuire (en gris).

    104Leur pâte contient systématiquement des inclusions minérales. Il n’est toutefois pas rare d’y voir du dégraissant végétal (15 %). Ces vases sont, de surcroît, lissés (22 %), engobés ou polis (77 %). Ils sont parfois décorés (8 %) selon des techniques variées (fig. 45).

    105La diversité et le nombre élevé de poteries ayant livré des préhensions usées tendent à montrer que les Néolithiques ont manipulé une large part de leur service en céramique. Ils ont souvent suspendu les céramiques munies de boutons perforés. La plupart étaient de formes hautes très fermées, adaptées au stockage de denrées à moyen terme (catégorie B).

    Le vase à panse usée

    106L’unique céramique dont la panse présente une plage abrasée appartient à la catégorie des récipients ayant servi à puiser (catégorie E). De forme basse, elle présente une ouverture légèrement fermée (pl. 12). Sa capacité limitée est estimée à 0,3 L. Le récipient en question montre, par ailleurs, une paroi d’épaisseur moyenne (6 mm). Ses surfaces sont engobées et polies sans être décorées.

    107En raison du nombre limité de vases à panse usée, la diversité des récipients de cette catégorie fonctionnelle n’a pu être comparée à celle du reste de la production étudiée. Le comportement des utilisateurs de céramiques n’a donc pas pu être approché.

    Les vases ayant livré des résidus noirs

    108Des résidus noirs ont été repérés sur neuf vases sans avantage ni contrainte d’usage (catégorie G). Des traces semblables ont aussi été reconnues à la surface interne de deux vases adaptés au stockage (catégorie B). Les 11 récipients ayant servi à la cuisson des aliments sont généralement de formes hautes à embouchure fermée (pl. 13 à 15). Ces récipients sont parfois pourvus de préhensions, en l’occurrence de tenons (1 vase), de bossettes (2 pots) ou de boutons (1 récipient). D’après les 135 assises ayant livré des résidus noirs, les vases à cuire de Kovačevo ne reposent que sur des bases aplaties (3 %), des bases plates (54 %) et des bases plates démarquées (43 %). Les 11 formes associées à des résidus carbonisés montrent en outre qu’ils ont des dimensions variées. Leur taille et leur capacité sont en effet moyennes à grandes (fig. 46 et 47). Leur diamètre maximum laisse cependant entendre qu’ils sont plus fréquemment de dimensions importantes. Quatre des cinq vases à profil complet ayant servi à la cuisson de denrées ont d’ailleurs un volume proche ou supérieur au litre et demi. Aucun n’a une contenance strictement inférieure au demi-litre.

    109Les 257 tessons montrant des résidus carbonisés permettent, quant à eux, d’affirmer que les vases à cuire identifiés contiennent systématiquement des inclusions minérales (fig. 48). Ils ne présentent que très rarement du dégraissant végétal (2 %). L’épaisseur de leur paroi est plutôt prononcée : elle est généralement supérieure à 7 mm (98 %). Les vases à cuire ont, en outre, des surfaces externes simplement lissées (11 %), engobées et polies (50 %) voire barbotinées (39 %). À l’exception d’un récipient imprimé, ils ne sont jamais décorés.

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    Fig. 48 : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases à cuire : (a) par type de dégraissant, (b) par classes d'épaisseur, (c) par type de traitements de surface.

    110Les pots à cuire du site ne montrent pas les mêmes variabilités qualitative et quantitative que le reste de la production céramique. De toute évidence, les Néolithiques ont privilégié l’emploi d’une certaine gamme de poteries pour cuire. Les villageois ont ainsi utilisé des formes fermées qui permettent une chauffe plus homogène et rapide du contenu des céramiques (Schiffer, 1990). Ils ont uniquement pris des poteries munies de bases, écartant celles pourvues de pieds. Ces dernières sont, en effet, moins résistantes à l’action répétée du feu (Perlès et Vitelli, 1994, p. 232). Pour cuire leurs aliments, les habitants ont également choisi des récipients à paroi épaisse. Ce dernier caractère leur confère une plus grande résistance aux chocs thermiques (Bronitsky et Hamer, 1986 ; Vekinis et Kilikoglou, 1998). Les Néolithiques ont aussi privilégié l’usage de céramiques couvertes d’un enduit externe épais dans cette optique. La présence de barbotine limite, en effet, les dégradations de parois des pots à cuire (Casadio et al., 1991). En résumé, le choix des récipients impliqués dans la cuisson des denrées semble s’être opéré sur la base de quatre paramètres : la forme, la contenance, l’épaisseur des parois et le traitement de surface des vaisselles. Les raisons de cette sélection semblent relativement claires : les populations souhaitaient disposer des récipients les plus résistants et efficaces à la chauffe des denrées.

    Les vases ayant livré des résidus beiges

    111Des encroûtements beiges ont été identifiés à la surface interne de 32 vases sans avantage ni contrainte d’usage (catégorie G). Tous ces vases correspondent à des formes basses, légèrement ouvertes ou fermées (pl. 16 à 21). Ils ne sont que très rarement munis de préhensions. D’après les 140 bases enregistrées ayant livré des résidus beiges, les vases ayant contenu de l’os pilé reposent sur des assises de formes variées : bases aplaties (8 %), bases plates (45 %), bases plates démarquées (35 %), pieds annulaires (1 %), pieds coniques (2 %) et pieds cylindriques (9 %). Les dimensions des 32 formes encroûtées sont, en revanche, relativement standardisées (fig. 49). Leurs hauteurs ne varient qu’entre 8 et 10 cm. Leurs diamètres ne fluctuent que de 15 à 22 cm. La capacité des poteries concernées est aussi peu diversifiée (fig. 50). Elle s’échelonne de 1 à 2 L. Des dix vases à profil complet auxquels adhéraient des résidus beiges, huit ont un volume proche ou supérieur au litre et demi. Ils composent l’essentiel des poteries de 1,3 à 2 L. Les 717 tessons enregistrés, sur lesquels des résidus beiges étaient préservés, montrent par ailleurs des inclusions minérales (fig. 51). Ils ne présentent que peu d’inclusions végétales (0,5 %). Leurs parois sont plutôt fines (33 %) à moyennes (60 %). Leurs surfaces externes sont généralement engobées et polies (88 %), mais exceptionnellement barbotinées (1 %). Les pots ayant contenu de la poudre d’os sont parfois ornés (10 %), de motifs principalement peints (67 %) ou incisés (23 %) (fig. 52). Ce fort pourcentage de tessons incisés s’explique par la présence fréquente d’encroûtements beiges à la surface interne de vases carrés qui sont principalement ornés à l’aide de cette technique.

    112Les pots ayant contenu de la poudre d’os ne présentent pas la même variabilité que le reste de la série étudiée. Les Néolithiques ont ainsi privilégié l’emploi d’un certain spectre de vases pour transformer la bouillie d’os. Le choix des vases utilisés pour cette activité a de toute évidence été guidé par des paramètres formels et dimensionnels. Les récipients ayant livré cette substance présentent, en effet, un panel de formes, de taille et de capacité limité. La sélection des vases concernés n’a pas reposé sur des critères de traitements de surface, de dégraissant ou d’épaisseur de parois. Les différences de proportions perçues de ce point de vue sont peu marquées avec le reste du mobilier. Si le choix des pots destinés à contenir de l’os a reposé sur des critères typométriques, les raisons de cette sélection restent indéterminées.

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    Fig. 49 : Dimensions des vases ayant contenu de la poudre d'os (en gris) : (a) rapport hauteur - diamètre médian, (b) rapport diamètre médian - diamètre d'ouverture, (c) diamètre maximum.

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    Fig. 50 : Volume des vases ayant contenu de la poudre d'os (en gris).

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    Fig. 51 : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant contenu de la poudre d'os : (a) par type de dégraissant, (b) par classes d'épaisseur.

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    Fig. 51 (suite) : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant contenu de la poudre d'os : (c) par type de traitements de surface.

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    Fig. 52 : Comparaison des fréquences de différentes caractéristiques entre productions céramiques et vases ayant contenu de la poudre d'os : (a) par présence-absence de décor, (b) par techniques décoratives.

    Les vases ne présentant aucune trace d’usage

    113Seules trois classes morphométriques de vases n’ont pas livré de traces d’usage. La première comprend les pots munis de perforations multiples réparties sur toute leur surface (catégorie C). La seconde réunit les vases pourvus de goulots ou de becs verseurs (catégorie D). La troisième comprend les couvercles (catégorie F). L’absence systématique de traces se remarque ainsi sur :

    • Les vases ayant servi à la séparation de fraction de consistance distincte ;
    • Les poteries ayant facilité le versement de contenus ;
    • Les éléments ayant permis la fermeture de récipients.

    114L’absence de stigmates sur ces trois gammes d’usage de vases peut s’expliquer par la nature de leur contenu, leurs modalités d’utilisation et leur état de restitution. À Kovačevo, le contenu des poteries n’a laissé que peu de traces visibles : seulement 1 % des vases présentait des résidus minéraux ou organiques. L’absence d’encroûtements n’est donc pas nécessairement significative. De même, le déplacement des récipients n’engendre pas forcément la formation d’usures à la surface des céramiques. Les vases des deux premières gammes d’usage sont, de surcroît, très fragmentés. Seules leurs panses se sont conservées. Or, des traces d’utilisation sont rarement avérées sur cette partie du profil des vaisselles. Dans le cas d’étude présenté, l’absence de traces d’utilisation peut aisément être expliquée. Elle ne prouve en rien l’usage symbolique des récipients étudiés. L’absence de stigmates n’a, de plus, été repérée que sur des catégories morphométriques de céramiques bien ciblées, ne constituant qu’une infime partie du mobilier. Les plus anciennes poteries de Bulgarie constituaient avant tout un objet utilitaire.

    115En résumé, il n’existe aucune relation stricte entre les caractéristiques morphométriques et les traces d’utilisation des poteries. De fortes tendances se dégagent néanmoins. Elles montrent que l’utilisation des céramiques était régie par un certain nombre de principes. Les villageois ont ainsi privilégié l’emploi de certains récipients en terre cuite en fonction de l’activité entreprise. Ils ont même été jusqu’à réservés certaines poteries à un usage spécifique. Le croisement des différents paramètres céramologiques a, de toute évidence, considérablement enrichi les interprétations anthropologiques liées à l’utilisation des récipients en terre cuite.

    Synthèse des résultats

    116Les résultats obtenus sur la fonction des poteries de l’habitat de Kovačevo (6100-5600 av. J.-C.) ont offert un nouveau regard sur les plus anciennes productions céramiques de Bulgarie. Au-delà de la composition des services, les recherches ont fourni de précieux renseignements sur le comportement des producteurs et des utilisateurs de récipients en terre cuite.

    La composition des services en céramique

    117À Kovačevo, les plus anciennes vaisselles ont de toute évidence participé à une multitude d’activités. Les analyses chimiques de résidus minéraux et organiques ont ainsi révélé que les poteries avaient été utilisées pour la cuisson de viandes et la transformation de bouillie d’os pilé. L’examen tracéologique des usures a permis l’identification de vases ayant servi à broyer et à puiser. Quant à la morphométrie diversifiée des récipients, elle laisse supposer l’utilisation de pots pour le stockage, la préparation ou encore la consommation des mets.

    118La composition de l’assemblage céramique du site s’assimile donc à une véritable batterie de cuisine (fig. 53), d’autant que vases à usage individuel et collectif se côtoient au sein des corpus de poteries. La présence de récipients de grande capacité (supérieur à 5 litres) associés à des vases de contenance plus limitée (inférieur à 0,5 litre) le confirme. Pour autant, l’usage de contenants en matières périssables n’est pas à écarter. Il est même fortement suspecté pour les gammes fonctionnelles peu représentées, comme les louches ou les couvercles.

    119Outre les activités auxquelles les récipients ont participé, l’étude fonctionnelle des céramiques a permis de mieux cerner les choix opérés par les potiers lors de la phase de fabrication des vaisselles.

    Le comportement des producteurs de poteries

    120Sur le site, les potiers néolithiques ont de toute évidence opéré une série de choix en lien avec la fonction future des récipients en terre cuite. L’adaptation des poteries à leur(s) utilisation(s) se remarque, tout d’abord, au niveau de l’aménagement de certains caractères morphologiques. Les préhensions en sont un exemple explicite. Elles attestent de la volonté de faciliter le déplacement des plus lourdes céramiques.

    121L’adaptation fonctionnelle des récipients en terre cuite se manifeste aussi par la recherche de volumes spécifiques. L’illustration en est faite par la calibration des contenances de vases adaptés à la préparation, présentation et consommation des plats néolithiques. Dans ce cas précis, les potiers ont probablement conçu des vases de contenance relativement précise en lien avec l’usage individuel (consommation) ou collectif des céramiques (préparation/présentation).

    122L’utilisation future des récipients en terre cuite n’a pas uniquement influencé sur la forme et le volume des céramiques. Elle a aussi, en partie, dicté le choix des traitements de surface. Le cas le plus manifeste concerne les énormes vases de stockage. À Kovačevo, ces vases de stockage revêtent systématiquement un engobe interne très épais. Or, un tel revêtement n’est jamais attesté sur les céramiques des autres classes fonctionnelles. Il témoigne de la volonté d’imperméabiliser la surface interne des récipients qui seront destinés à la conservation des denrées. Les plus grands vases de stockage montrent parallèlement une surface externe systématiquement barbotinée. Ce type de revêtement renforçait l’isolement du contenu des vaisselles et, par ce biais, assurait une meilleure préservation des denrées.

    Le comportement des utilisateurs de récipients en terre cuite

    123À Kovačevo, l’utilisation des vases s’est révélée extrêmement normée. Les populations néolithiques ont ainsi sélectionné au sein de leur service les poteries qu’ils allaient utiliser en fonction de l’activité pratiquée. Pour cuire leurs denrées, ils ont par exemple privilégié l’emploi de formes hautes fermées dont la contenance est relativement élevée. Pour préparer l’os pilé, ils ont plutôt utilisé des formes basses ouvertes de moyenne capacité. Le choix des vaisselles semble s’être systématiquement opéré sur la base de critères morpho-dimensionnels.

    Image

    Fig. 53 : Composition du service en céramique sur le site de Kovačevo.

    124Les utilisateurs semblent avoir même réservé certaines céramiques à une activité précise. L’illustration en est faite par la présence d’encroûtements beiges superposés à la surface interne de quelques poteries. Dans ce cas précis, les vases ont été utilisés à de multiples reprises pour la transformation de poudre d’os sur le site. Toutefois, d’autres indices nous amènent à des conclusions identiques pour les céramiques ayant servi à la cuisson des repas néolithiques. Les vases de cette catégorie présentent un faisceau de caractères en bien meilleure adéquation avec une utilisation sur le feu que le reste de la production céramique : forme fermée, base plate, paroi épaisse ou encore surface externe barbotinée (Vieugué, 2012). Cette constatation laisse à penser qu’ils étaient destinés à assurer ce mode de fonctionnement spécifique tout au long de leur vie.

    Notes de bas de page

    1 Les grands vases comme les récipients les plus fins ne présentent jamais un demi-profil conservé (Salanova, 2007).

    2 L’analyse fonctionnelle des vases de Kovačevo n’a, en effet, été initiée qu’à la suite de la caractérisation exhaustive du matériel céramique des deux principaux secteurs de fouille. Cette caractérisation globale a permis de mesurer tout le potentiel informatif de la série pour cerner la fonction des plus anciennes poteries de Bulgarie (Salanova, 2007).

    3 Nous ne détaillerons pas ici les protocoles analytiques établis pour caractériser les différents indices de l’usage des céramiques. De tels protocoles ont d’ores et déjà été publiés (Vieugué et al., 2008 et 2009 ; Vieugué, 2014).

    4 Au nombre de quatre par récipient, les boutons perforés sont systématiquement positionnés au niveau du diamètre maximum et sont répartis de manière équidistante.

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    Vieugué, J. (2014). Première partie. Les vases. In Fonction des contenants et des outils en céramique (1‑). CNRS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.24367
    Vieugué, Julien. « Première partie. Les vases ». In Fonction des contenants et des outils en céramique. Paris: CNRS Éditions, 2014. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.24367.
    Vieugué, Julien. « Première partie. Les vases ». Fonction des contenants et des outils en céramique, CNRS Éditions, 2014, https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.24367.

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