Les nouveaux axes de la diplomatie marocaine
p. 41-58
Texte intégral
1Dès le recouvrement de son indépendance en 1956, le Maroc s’est engagé aux côtés d’autres États africains indépendants en faveur de la libération politique et économique et du développement de l’Afrique1. Le « groupe de Casablanca » puis l’Organisation de l’unité africaine (OUA)2 furent les cadres d’action de cet engagement fondé sur les principes de liberté et de solidarité, qui avait également pour objectifs le soutien aux mouvements de libération nationale et la défense des intérêts nationaux, et en particulier l’unité territoriale du Royaume. Toutefois, l’engagement politique, diplomatique et militaire3 du Maroc ne contribua pas à améliorer sa position en Afrique, sa politique africaine ayant été considérablement gênée par les revendications territoriales et la question des frontières, qui constituaient « un handicap sérieux à la conduite en Afrique d’une politique extérieure ouverte4 ». Aussi le Maroc allait-il voir sa position sur la scène continentale se dégrader, jusqu’à son retrait de l’OUA en 1984.
2Mais ce retrait et l’absence de Rabat de la nouvelle organisation continentale, l’Union africaine (UA), n’ont pas empêché la diplomatie marocaine de mener une politique africaine ouverte et dynamique, avec pour objectifs la consolidation des liens unissant le Maroc à ses alliés traditionnels et le développement des relations avec certains pays d’Afrique orientale et australe. En effet, depuis le début du règne du roi Mohammed VI5, la politique africaine du Maroc, notamment à l’égard des pays d’Afrique subsaharienne, se caractérise par une nouvelle approche qui vise à traduire, dans les faits, les principes et les discours du Royaume en matière de solidarité politique et diplomatique tout en mettant l’accent sur les nouveaux défis d’ordre socio-économique et sécuritaire qu’affrontent différents pays africains.
3Mais l’évolution de la politique africaine du Maroc doit être replacée dans son double contexte, régional et international. Au niveau régional, Rabat a été contraint de s’adapter à la nouvelle donne résultant d’une part de l’indépendance de la Mauritanie, qui rendait impossible le maintien de la revendication marocaine6, et d’autre part du conflit armé avec l’Algérie (« guerre des Sables », octobre 1963). Au niveau international, la politique africaine du Maroc a connu trois phases. La première a coïncidé avec l’émancipation des peuples sous domination coloniale et l’émergence du Tiers-Monde dans le cadre d’action que fut le Mouvement des non-alignés issu des conférences de Bandung en 1955 et de Belgrade en 1961. Cette phase couvre le règne du roi Mohammed V et le début de celui de Hassan II. La deuxième phase (règne de Hassan II) a été marquée par la persistance de la guerre froide (guerre du Vietnam, conflits au Moyen-Orient, course aux armements, etc.) dans laquelle le Maroc sera impliqué, notamment sur le continent à travers ses interventions directes (guerres du Shaba en 1977 et 1978) et indirectes (participation, en janvier 1977, à une tentative de renversement du régime du Bénin, dirigé par le président Mathieu Kérékou, et soutien à l’UNITA angolaise de Jonas Savimbi après l’indépendance de l’Angola et l’intervention soviéto-cubaine). La troisième phase est caractérisée par la dislocation du bloc soviétique, le développement de la mondialisation et, surtout, la montée du terrorisme. Dans ce contexte, le Maroc, depuis le début du règne de Mohammed VI, a opté pour une politique africaine active sur les plans politique, diplomatique et militaire, dans le cadre de coopérations bilatérales ou de l’Organisation des Nations unies (ONU).
L’axe politique et socio-économique
4Le Maroc, qui demeure attaché aux principes de solidarité et de coopération avec les pays africains, privilégie depuis le début du xxie siècle une politique visant à consolider son influence dans des régions qui lui sont proches géographiquement et/ou linguistiquement (Afrique occidentale et centrale). Son rôle au sein des instances multilatérales constitue un nouvel axe pour exprimer sa solidarité envers les pays du continent.
Les relations bilatérales : consolider la continuité
5Les rapports personnels entre les rois du Maroc et plusieurs chefs d’État d’Afrique subsaharienne7 ont été déterminants dans l’instauration et le développement des relations bilatérales et ils constituent, dans la plupart des cas, le point de départ d’une coopération entre le Maroc et les pays africains8. Depuis l’intronisation du roi Mohammed VI, les liens personnels continuent de jouer un rôle fondamental dans ces relations. La dynamique enclenchée sur cette base a donné lieu à de nombreuses rencontres, au Maroc et dans les autres pays africains, au niveau des chefs d’État et de gouvernement ainsi que des ministres, au cours desquelles sont abordées les questions politiques et celles relatives à la coopération. Dans ce cadre, il convient de relever les visites de Mohammed VI dans plusieurs pays d’Afrique occidentale et centrale, et notamment au Sénégal et au Gabon (cf. tableau 1 ci-après).
Tableau 1. Visites de Mohammed VI dans des pays d’Afrique occidentale et centrale (2001-2009)
Date | Pays |
Mai 2001 | Sénégal |
Septembre 2002 | Gabon |
15-16 juin 2004 | Bénin |
16-18 juin 2004 | Cameroun |
18-24 juin 2004 | Gabon |
24-25 juin 2004 | Niger |
25-26 juin 2004 | Sénégal |
Février-mars 2005 | Gabon, Sénégal, Burkina Faso |
Juillet 2005 | Niger |
Février-mars 2006 | Gambie, Congo, République démocratique du Congo, Gabon |
Novembre 2006 | Sénégal |
Avril 2009 | Guinée équatoriale |
Source : MAP
6Plusieurs facteurs expliquent le choix de ces deux régions. En premier lieu, les pays qui les composent sont considérés comme des « alliés traditionnels » ayant toujours soutenu le Maroc sur la question du Sahara. En deuxième lieu, les rois du Maroc (Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI) ont toujours entretenu des liens personnels très forts avec les chefs d’État de ces mêmes pays. Enfin, l’Afrique occidentale et l’Afrique centrale sont deux espaces géographiques proches du Maroc sur les plans historique, culturel et sociologique et auxquels Rabat semble accorder plus d’importance (cf. infra « Les questions sécuritaires »). À l’occasion de ses déplacements dans les pays partenaires africains, le roi Mohammed VI n’a pas seulement abordé les divers aspects de la coopération économique (investissements, commerce, transport, infrastructures, etc.) ; il a également mis l’accent sur les questions d’ordre social, culturel et religieux, voire humanitaire, considérées comme un vecteur du redéploiement diplomatique du Maroc en Afrique subsaharienne.
7Ainsi, sur le plan social, l’implication du Maroc s’est manifestée à travers un certain nombre d’actions destinées à répondre aux demandes des autorités de ces pays et aux besoins des populations africaines en matière de santé (infrastructures sanitaires et médicales, dons, opérations de terrain auprès des populations), de logement et de développement humain. Sur le plan de la formation, le Maroc a renforcé sa politique d’accueil des étudiants9, cadres et stagiaires africains dans les différents établissements et instituts marocains d’enseignement et de formation, qu’ils soient boursiers de leurs gouvernements, du gouvernement marocain ou qu’ils participent à des programmes d’échanges dans le cadre de la coopération avec des pays tiers (France, Belgique) ou avec des organisations régionales (Organisation de la Conférence islamique [OCI], Union européenne [UE]) et internationales (Programme des Nations unies pour le développement [PNUD], Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture [FAO]). Cet aspect fondamental de la politique africaine du Maroc englobe également la formation militaire et d’autres actions de terrain comme la construction de la résidence universitaire Hassan II au Bénin.
8En ce qui concerne le volet religieux, auquel les pouvoirs publics marocains accordent une attention particulière, il constitue un instrument complémentaire essentiel de l’influence du Maroc dans les régions occidentale et centrale du continent10. Mohammed VI a poursuivi et consolidé la politique adoptée dans ce domaine par son père Hassan II, rappelant que ce dernier accordait aux confréries religieuses d’obédience soufie en général et à la Tidjaniya en particulier un soutien moral et matériel11, et ce d’autant plus que « les adeptes de la [Tidjaniya] sont restés fidèles aux liens étroits tissés avec les rois du Maroc, notamment par la reconnaissance du statut de Commandeur des croyants qu’incarne le roi du Maroc12 ». Ainsi, Rabat entend en faire un outil d’influence13, tant il est vrai que le Maroc demeure attaché à la propagation de l’islam en Afrique de l’Ouest ; certains pays de la région comme le Nigeria14 et le Burkina Faso15 ont d’ailleurs été l’objet de ce redéploiement politico-religieux.
9Par ailleurs, le Maroc a investi un autre domaine essentiel de la composante sociale de sa politique africaine : le domaine humanitaire, avec notamment la visite du roi Mohammed VI au Niger en juillet 2005 après l’envoi d’une aide d’urgence de 190 tonnes de médicaments et de produits alimentaires et la mise à la disposition des autorités nigériennes d’un hôpital militaire de campagne. L’aide humanitaire marocaine intervient à la suite de catastrophes naturelles16, de conflits17 ou d’accidents et consiste en dons de denrées alimentaires, de médicaments, de tentes et de couvertures, et en opérations de terrain dans divers pays du continent. Elle s’accompagne de déplacements de hauts responsables politiques et gouvernementaux et favorise la consolidation des relations bilatérales entre le Maroc et les pays d’Afrique subsaharienne18. Parallèlement au renforcement de la coopération avec ses partenaires traditionnels des régions occidentale et centrale du continent, Rabat poursuit depuis le début des années 2000 son ouverture sur les autres régions d’Afrique.
10Cette ouverture sur des pays clairement opposés aux thèses marocaines sur le Sahara (Mozambique, Angola, Bénin, Cap-Vert)19, concrétisée par l’établissement de relations diplomatiques (exemple du Malawi en février 2001) ou la relance de la coopération par la signature d’accords dans les domaines politique, économique et socioculturel20, reflète le renouveau de la diplomatie marocaine sur le continent et a contribué à atténuer l’isolement du Maroc sur la scène africaine, en attendant son retour au sein de l’UA. Rabat se retrouve d’autant moins isolé que plusieurs pays ont retiré ou suspendu leur reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD)21, et certains appuient la proposition du Maroc d’octroyer une large autonomie aux provinces méridionales dans le cadre de la souveraineté marocaine22.
11Cependant, la diplomatie marocaine a essuyé un échec à la suite de la reconnaissance, en septembre 2004, de la RASD par la République sud-africaine. En effet, dans une lettre du 1er août 2004 adressée au roi Mohammed VI, le président sud-africain, Thabo Mbeki, après avoir rappelé les raisons ayant poussé son pays à refuser pendant dix ans de reconnaître le Polisario, accuse le Maroc d’être responsable du blocage empêchant le règlement du problème. Tout en exprimant sa déception face à la nouvelle politique extérieure de l’Afrique du Sud, le Maroc décide alors de rappeler en consultation son ambassadeur à Pretoria. Sans nier la responsabilité de la diplomatie marocaine dans cette affaire, il convient de replacer la décision sud-africaine dans son véritable contexte, à savoir l’opposition entre deux tendances au sein du Congrès national africain (African National Congress [ANC]) sur la question du Sahara occidental : l’une, conduite par Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre des Affaires étrangères, était favorable à une reconnaissance de la RASD ; l’autre, représentée par le président Thabo Mbeki, appelait à une solution rapide sous l’égide de l’ONU. Le débat au sein de l’ANC et de la coalition gouvernementale sur la question du Sahara occidental allait, pour la première fois en Afrique, se cristalliser dans la compétition entre le Maroc et l’Afrique du Sud pour l’organisation de la Coupe du monde de football, les deux pays s’étant portés candidats. Du fait du maintien de sa candidature en dépit du soutien massif dont bénéficiait l’Afrique du Sud, le Maroc a renforcé l’hostilité des partisans de la reconnaissance de la RASD23.
12Après cet épisode sud-africain, Rabat a été confronté à d’autres crises. Ainsi, les relations entre le Maroc et la Côte d’Ivoire ont été marquées en 2005 par le « rappel en consultation de l’ambassadeur du Maroc à Abidjan, dans l’attente d’explications appropriées des autorités ivoiriennes sur la mission d’une délégation ivoirienne reçue par le roi Mohammed VI24 ». La présidence ivoirienne avait en effet nié être à l’origine de cette initiative, si bien que le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, tout en exprimant son étonnement à l’égard d’une telle attitude, avait précisé que c’était bien la partie ivoirienne qui avait demandé une audience royale pour la délégation dépêchée d’Abidjan. Enfin, les rapports entre le Maroc et le Sénégal, pourtant très étroits, ont eux aussi connu des aléas25.
Le cadre multilatéral : nouvel axe de la diplomatie marocaine
13Le cadre diplomatique multilatéral constitue un nouvel axe du redéploiement du Maroc en Afrique. En effet, aux yeux du Maroc, l’Afrique fait face à de très nombreuses difficultés et mérite une attention particulière et prioritaire, car 33 pays africains figurent aujourd’hui parmi les moins avancés dans le monde. Tout en saluant – avec toutefois quelques réserves – le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (New Partnership for Africa’s Development [NEPAD])26, le Maroc souhaite que l’ONU instaure un mécanisme permanent chargé de mettre en œuvre les décisions de la communauté internationale en faveur de l’Afrique. En effet, Rabat considère que la contribution de tous les acteurs et partenaires européens, asiatiques et sud-américains du continent africain est nécessaire et devrait s’inscrire dans le cadre d’une coopération tripartite à laquelle le Maroc accorde une très grande importance, notamment pour ce qui touche aux secteurs sociaux comme le développement rural, la santé, l’éducation et la mise à niveau des ressources humaines. L’approche marocaine en faveur du développement de la coopération triangulaire est considérée comme une initiative efficace qui permettra à l’Afrique de bénéficier de l’accompagnement dont elle a besoin pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)27.
14À cet égard, la problématique du développement humain et du développement durable est devenue un axe de la politique africaine du Maroc, comme en témoigne son intérêt pour certaines questions communes à l’ensemble des pays africains telles que l’enfance, la jeunesse, l’environnement et l’eau. Concernant cette dernière thématique, le Maroc a proposé une initiative axée sur l’élaboration de politiques hydrauliques, dont la mise en œuvre et le financement seraient assurés par un Fonds international de l’eau pour l’Afrique. L’importance que le Maroc accorde au facteur humain dans les relations qu’il entretient avec les pays d’Afrique subsaharienne s’est manifestée à travers l’organisation, à Rabat (les 6 et 7 avril 2007), de la première Conférence africaine sur le développement humain.
15Par ailleurs, le redéploiement de la diplomatie marocaine sur le continent est manifeste au niveau régional depuis l’adhésion du Maroc, en février 2001, à la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD). À cette occasion, Rabat a réaffirmé sa volonté d’apporter sa contribution, car la création de cet espace économique et commercial pourrait être un pas vers la coopération Sud-Sud. En participant aux différents sommets de la CEN-SAD, le Maroc confirme cet engagement, à travers des projets de coopération bilatérale et trilatérale programmés annuellement par le Royaume au profit de plusieurs pays africains, dans tous les domaines socio-économiques. Cependant, compte tenu de la vulnérabilité de la zone, le Maroc a appelé les pays membres à coopérer et à coordonner leurs efforts pour lutter contre les trafics de drogue, d’êtres humains et d’armes légères. À cette fin, Rabat propose une réforme de la CEN-SAD à trois niveaux : au niveau juridique, avec la révision des Statuts et une réévaluation des missions et objectifs de la Communauté ; au niveau institutionnel, à travers l’instauration de nouveaux dispositifs et mécanismes d’action et de coopération ; au niveau socioéconomique, via le développement des politiques sectorielles.
Les questions sécuritaires
16Les questions sécuritaires sont au cœur de la politique africaine du Maroc en raison de la persistance du flux migratoire et du fait de l’insécurité qui prévaut dans la région sahélo-saharienne, celle-ci abritant désormais des groupes armés qui se livrent à diverses activités illégales (enlèvements, trafics d’armes et de drogue, etc.). En effet, pour le Maroc, « les agendas sécuritaire, politique, économique et humain de l’espace sahélo-saharien et de la façade atlantique requièrent des approches partenariales concertées et solidaires28 » car, en plus des conflits armés inter ou intra-étatiques, de nouveaux phénomènes dangereux se sont développés (trafics en tous genres, crime organisé, piraterie et terrorisme), exigeant la recherche de réponses collectives, coordonnées et concertées.
17Aussi le Maroc estime-t-il nécessaire, face à ces menaces, d’établir une coordination entre tous les États concernés et de consolider la sécurité régionale en agissant « dans le cadre de la coopération engagée avec les pays du Sahel et du Sahara, et les États d’Afrique atlantique29 ». Pour éradiquer les foyers de tension qui ont radicalement transformé la question sécuritaire dans certaines zones (Corne africaine, région du Sahel), et ainsi préserver la stabilité de la région, Rabat a développé une double approche :
- une action diplomatique, en vue de mettre fin aux conflits existants ou de prévenir le retour à la confrontation armée ;
- un engagement militaire dans le cadre de l’ONU.
La médiation dans le conflit du fleuve Mano, ou l’élargissement de l’espace sécuritaire du Maroc
18En vue de mettre fin aux tensions entre les trois pays de la région du fleuve Mano (Guinée, Sierra Leone et Liberia), le roi Mohammed VI a réuni à Rabat, le 27 février 2002, les chefs d’État de ces pays, respectivement Lansana Conté, Ahmad Tejan Kabbah et Charles McArthur Ghankay Taylor. Soucieux de maintenir le dialogue et d’œuvrer pour la paix, ces derniers se sont engagés à renforcer la sécurité frontalière, à améliorer la situation des réfugiés et à réactiver le secrétariat de l’Union du fleuve Mano. Ce sommet a été suivi, en avril 2002, d’une réunion à Agadir où les ministres des Affaires étrangères guinéen, libérien et sierra-léonais ont conjointement examiné et validé le rapport du comité conjoint de sécurité chargé de la mise en œuvre des mesures arrêtées par les présidents des trois pays en février 2002. Au sommet des chefs d’État de l’Union du fleuve Mano (Freetown, Sierra Leone, juillet 2005), le Maroc a plaidé pour la mise en place d’un programme d’aides pouvant soutenir le processus de paix.
19L’implication du Maroc dans la résolution de cette crise procède d’une analyse stratégique fondée sur le principe suivant : l’Afrique de l’Ouest et le Sahel sont un « prolongement naturel du Maroc30 ». Aussi ce dernier s’emploie-t-il à développer les multiples liens qui l’unissent aux pays de cette zone en renforçant la coopération économique existante et en continuant à promouvoir la sécurité et la stabilité de la région. Si la médiation du Maroc s’inscrit dans le cadre d’un règlement pacifique des différends, elle lui permet également de consolider sa position diplomatique sur le continent.
Le maintien de la paix : contenir les menaces
20Le Maroc, en matière de sécurité et de maintien de la paix sur le continent africain, a régulièrement coopéré avec les Nations unies, comme par exemple au Congo (1960) et en Somalie (1993)31. De même, un contingent militaire marocain de 850 éléments a été envoyé en 2001 en République démocratique du Congo afin de contribuer aux opérations de l’ONU (MONUC) visant à rétablir la paix et la sécurité dans le pays. Cette participation permet au Maroc de « préserver une position privilégiée au sein de la communauté internationale, répondant en cela à la demande des Nations unies et veillant à la sauvegarde des nobles idéaux et des principes de paix, de liberté et de dignité32 ». Autre exemple : dans le cadre de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), déployée depuis le 8 mars 2004 pour accompagner la mise en œuvre de l’accord de paix de Lina-Marcoussis conclu en 2003 par les différentes parties ivoiriennes, le Maroc, en avril 2004, a mis à la disposition des Nations unies un contingent militaire de 732 hommes, positionné dans la région de Bouaké.
21En dehors du système de l’ONU, la contribution du Maroc en matière de sécurité s’inscrit dans le contexte global des questions sécuritaires et des dangers que représentent les groupuscules armés dans l’espace sahélo-saharien. D’ailleurs, la Pan Sahel Initiative (PSI), lancée en 2002 par les États-Unis en collaboration avec le Mali, la Mauritanie, le Tchad et le Niger et destinée à empêcher les terroristes d’établir des refuges en Afrique, s’inscrivait dans cette logique et comportait deux volets : la formation (maniement des armes, planification, communications, navigation terrestre, conduite de patrouilles et apport de soins médicaux) et la fourniture d’équipements (véhicules de déplacement dans le désert et matériel de détection). En juin 2005, une nouvelle initiative a été lancée par les États-Unis (Trans-Sahara Counterterrorism Initiative), à laquelle ont été associés le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, le Sénégal et le Nigeria. Par la suite, le Maroc devait participer aux différents programmes et initiatives sécuritaires lancés par Washington en Afrique, et plus particulièrement au Sahel. Citons notamment le Programme d’éducation et de formation militaire internationale, le Programme de ventes militaires étrangères et les Accords sur l’accès des bases pour les lieux coopératifs de sûreté et les sites d’opérations prospectives telles que l’opération « Enduring Freedom », le Partenariat transsaharien contre le terrorisme, les exercices Flintlock, etc. Le Maroc ne fait pas partie du Conseil des chefs d’état-major réunissant l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, qui a pour mission de coordonner les opérations militaires conjointes contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans la région du Sahel. Cependant, Rabat est membre du Forum global contre le terrorisme (FGCT), qui regroupe plusieurs pays dont ceux de la région du Sahel ainsi que des organisations régionales et internationales. Le FGCT traite de la sécurité frontalière, de la coopération entre les services de police, de la lutte contre le financement du terrorisme, du renforcement de la coopération juridique et judiciaire, ainsi que des engagements communautaires33.
La question de la migration illégale : entre pressions et coopération
22Depuis la fin des années 1990, le Maroc est devenu un pays de transit pour les migrants originaires d’Afrique subsaharienne et souhaitant rejoindre l’Europe. Le Maroc a pris douloureusement conscience de cette réalité lors des événements de Ceuta et Melilla en septembre-octobre 2005, lorsque des centaines de ressortissants de différents pays d’Afrique subsaharienne, encouragés par la politique de régularisation massive mise en œuvre à l’époque par l’Espagne34, prirent d’assaut les barrières métalliques hautes de trois à six mètres entourant les deux enclaves espagnoles. Ce phénomène, même si ses aspects les plus spectaculaires ont disparu et que la politique espagnole s’est considérablement durcie, est toujours d’actualité. Ces migrants irréguliers, hommes et femmes âgés de 20 à 35 ans, traversent plusieurs pays pour se rendre en Europe ou restent au Maroc lorsqu’ils ne peuvent traverser le détroit de Gibraltar35. Faisant désormais partie du paysage national, ces ressortissants subsahariens, que l’on retrouve dans plusieurs villes du Maroc, vivent dans des conditions difficiles, recourent à la mendicité ou sont employés par des artisans pour un salaire dérisoire (20 à 50 dirhams la journée). Selon certaines sources36, ils sont souvent victimes de brutalités de la part de la population ou bien des forces de sécurité. Depuis les événements tragiques de Ceuta et Melilla, le Maroc procède régulièrement au rapatriement, par vols aériens spéciaux, de centaines de ressortissants sénégalais, maliens et nigérians, tandis que plusieurs dizaines de Camerounais, Ghanéens, Guinéens, Togolais et Bissau-Guinéens sont reconduits par autocar à la frontière maroco-algérienne qu’ils avaient dû traverser pour rejoindre la région de Nador37.
23Bien qu’elle ait pris de l’ampleur, notamment à cause des réseaux qui la facilitent, la migration illégale a pu être réduite grâce aux mesures mises en œuvre conjointement par le Maroc et l’Espagne. Selon les responsables marocain et espagnol38, la coopération bilatérale a permis de réduire considérablement le flux de migrants illégaux, dont le nombre a notamment baissé de 80 % en 2008 par rapport à 2007 et de 50 % sur la période janvier-septembre 2009 par rapport à la même période en 2008 (cf. Tableau 2).
Tableau 2. Réduction de la migration illégale transitant par le Maroc entre 2006 et 2010

Source : Assemblée parlementaire de l’OTAN et ministère espagnol de l’Intérieur.
24Néanmoins, le Maroc, devenu pays d’accueil des migrants subsahariens, a attiré l’attention de ses partenaires sur le fait que la pression migratoire irait en s’accentuant et qu’il était nécessaire que les pays de départ, de transit et de destination mettent en place des solutions communes. À cette fin, le Maroc et l’Espagne ont proposé l’organisation d’une conférence interministérielle euro-africaine sur la migration et le développement, dont la première édition s’est tenue les 10 et 11 juillet 2006 à Rabat. Cette conférence, destinée à « apporter des solutions concrètes, appropriées et durables au défi de la gestion des flux migratoires […] dans un esprit de responsabilité partagée », « à aller au-delà des discours et à jeter les bases d’une véritable coopération entre l’Europe et les pays africains »39, s’inscrivait ainsi dans le sillage des conclusions du Conseil européen de Bruxelles de décembre 2005 et du sommet européen informel de Hampton Court.
25Lors de la deuxième conférence euro-africaine sur la migration et le développement (Paris, novembre 2008), le Maroc a réaffirmé le caractère structurel des migrations et a opté pour une approche fondée sur le dialogue et la concertation, notamment avec l’UE, Rabat ayant engagé avec celle-ci des négociations pour la conclusion d’un accord de réadmission qui, selon la déclaration adoptée à l’issue du premier sommet entre les deux parties (Grenade, Espagne, 7 et 8 mars 2010), permettrait d’intensifier la coopération maroco-européenne dans la lutte contre la migration irrégulière à travers le renforcement des capacités des pays de départ, de transit et de destination.
26Aussi le Maroc a-t-il insisté, à l’occasion de la troisième édition de cette conférence (Dakar, Sénégal, novembre 2011), sur le nécessaire renforcement de la coopération Nord-Sud afin de promouvoir la mobilité légale et le développement local, qui passe notamment par des investissements dans les régions à fort potentiel migratoire.
*
27L’analyse de l’évolution des relations du Maroc avec les pays d’Afrique subsaharienne met en évidence deux dimensions essentielles de la nouvelle politique africaine mise en œuvre par le Royaume depuis le début du troisième millénaire. En premier lieu, tout en consolidant les relations bilatérales existantes en mettant de plus en plus l’accent sur les aspects sociaux et culturels et en privilégiant les pays des régions occidentale et centrale du continent40, le Maroc a développé une stratégie consistant à élargir son influence auprès des pays d’Afrique subsaharienne dans le cadre de la diplomatie multilatérale, notamment en affichant une présence en marge des travaux des sommets de l’UA41. Cette stratégie a été payante dans la mesure où le Maroc occupe, depuis le 1er janvier 2012, comme il l’avait fait en 1963-1964 et en 1992-1993, un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, malgré le soutien de l’UA, lors des sommets d’Addis-Abeba (janvier 2011) et de Malabo (juillet 2011), aux candidatures du Togo et de la Mauritanie pour les deux sièges réservés à l’Afrique.
28En second lieu, le Maroc accorde un grand intérêt aux questions sécuritaires. Selon Rabat, il faut contenir les menaces et les maintenir loin des frontières marocaines en contribuant à la lutte contre les réseaux criminels et terroristes, à la stabilisation interne de certains pays42 et à l’amélioration des conditions de vie des populations africaines. Par conséquent, l’élargissement de l’espace sécuritaire du Maroc constitue une nouvelle priorité pour la diplomatie marocaine ; celui-ci doit désormais s’étendre à des régions proches du Royaume sur les plans géographique, historique, culturel et humain, et ce d’autant plus que les changements politiques survenus dans certains pays d’Afrique du Nord (Tunisie, Libye et Égypte) et la détérioration de la situation au Mali ont introduit une nouvelle donne dans la région sahélo-saharienne.
29Cependant, la diplomatie marocaine, qui a fait de l’Afrique une priorité stratégique, devrait prendre en considération un certain nombre de facteurs. Premièrement, la politique africaine du Maroc se fondera probablement de moins en moins sur les liens personnels entre le roi et les chefs d’État et de gouvernement africains (excepté dans le cas de la Guinée équatoriale et du Gabon) en raison des changements démocratiques (élections) ou violents (coups d’État) que connaissent divers pays du continent, de la priorité accordée par les dirigeants, y compris au Maroc, aux questions internes, et des styles de « gouvernance » en matière de politique extérieure. Deuxièmement, Rabat doit tenir compte du contexte mondial, marqué par la concurrence acharnée que se livrent les grandes puissances pour consolider et élargir leur influence en Afrique, ainsi que par la crise économique et financière. Troisièmement, pour mener une action soutenue à l’échelle du continent dans les domaines économique et socioculturel en promouvant ses initiatives dans le cadre de la coopération tripartite ou triangulaire, le Maroc devra s’assurer de sa capacité à mobiliser les moyens financiers nécessaires et devra pouvoir compter sur une convergence d’intérêts entre toutes les parties. Quatrièmement, il est impératif de développer et de soutenir le rôle et l’action de la société civile, des organisations politiques et syndicales, quasiment absentes de la scène africaine, pour en faire un instrument d’accompagnement de la diplomatie traditionnelle et des « diplomaties parlementaire et économique ». Enfin, la diplomatie marocaine devrait accorder la priorité à la normalisation de ses relations avec l’Afrique du Sud, puissance régionale influente sur le continent. Pour ce faire, une première action pourrait être entreprise au niveau du secteur privé et des centres et instituts de recherches universitaires.
30Tous ces facteurs supposent le lancement d’une réflexion globale sur la politique africaine du Maroc. À ce titre, il semble approprié de mettre en place une « structure chargée des questions africaines » au sein de l’exécutif (Cabinet royal ou Présidence du gouvernement), qui serait chargée de conduire cette réflexion, de suivre et d’orienter la politique africaine du Maroc, dont la mise en œuvre incombe au département des Affaires étrangères et à l’Agence marocaine de coopération internationale. Il convient de revoir le statut et l’organisation de cette dernière pour en faire un outil efficace au service de la politique africaine, non seulement au Maroc mais aussi dans les autres pays du continent.
Bibliographie
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Saaf, A. (dir.), Rapport stratégique du Maroc (en arabe), Rabat, Publication du Centre d’études et de recherches en sciences sociales (CERSS), édité depuis 1995.
Sambe, B., Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc, Rabat, Marsam, 2010.
Serghini, Ch., Le Maroc et la Mauritanie dans les relations internationales, thèse de doctorat, Nice, 1982.
Notes de bas de page
1 D. Maillot, « La politique marocaine de non-dépendance », Revue juridique et politique d’Outre-Mer : communauté, assistance technique, coopération, janvier-mars 1963.
2 Grâce à la normalisation des rapports du Maroc avec ses voisins algérien et mauritanien, l’hypothèque qui pesait sur les relations du Royaume avec l’Afrique fut levée, ce qui permit à Rabat d’accueillir le 9e sommet de l’OUA. Cf. D. O’Cornesse, « Le 9e sommet de l’OUA à Rabat : un sommet maghrébin », Maghreb, no 52, juillet-août 1972, p. 14.
3 Cf. A. Barre, Les relations maroco-africaines – 1972-1987 : enjeux politiques et coopération, mémoire de DES, Rabat, Université Mohammed V, 1989.
4 H. Michel, « La politique africaine des États du Maghreb », R.F.E.P.A., no 27, mars 1968, p. 46.
5 Le roi Hassan II est décédé le 23 juillet 1999. Dix-neuf chefs d’État africains ont assisté à ses obsèques. Cf. également A. Antil, Le Royaume du Maroc et sa politique envers l’Afrique subsaharienne, Paris, Ifri, novembre 2003.
6 Cf. Ch. Serghini, Le Maroc et la Mauritanie dans les relations internationales, thèse de doctorat, Nice, 1982, et M. Lamouri, Le contentieux relatif aux frontières terrestres du Maroc, Rabat, 1979.
7 Mobido Keita du Mali, Sékou Touré de la Guinée, Kwame N’Krumah du Ghana, Mobutu Sese Seko du Zaïre, Omar Bongo du Gabon, Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf du Sénégal.
8 À titre d’exemples : Maroc-Zaïre en 1968 ; Maroc-Gabon en 1972 ; Maroc-Cameroun en 1974.
9 Cf. à ce sujet la contribution de Johara Berriane dans le présent ouvrage.
10 Sur les aspects historiques de la question, cf. différentes publications de l’Institut des études africaines de Rabat.
11 Cf. la contribution de Bakary Sambe dans le présent ouvrage.
12 Message du roi Mohammed VI adressé à la réunion générale de la Tidjaniya à Fès le 27 juin 2007 (Maroc.ma).
13 Idem. Cf. également B. Sambe, Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc, Rabat, Marsam, 2010, p. 69 sq.
14 En octobre 2006, le ministre marocain des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a représenté le roi Mohammed VI aux cérémonies de condoléances organisées à la suite du décès, dans un accident d’avion, du sultan du Sokoto (Nigeria), Alhadj Muhammadu Maccido, puis, en mars 2007, aux cérémonies d’allégeance du nouveau sultan, Hajji Mohamed Saad Abu Bakr III.
15 Réfection et réhabilitation d’un lieu de culte ainsi que du palais de Nabaa Zittenga de Tikane.
16 Burundi et Madagascar en février 2007, Burkina Faso en septembre 2007 à la suite des inondations qui ont frappé le pays.
17 Aide aux réfugiés maliens acheminée vers le Niger, la Mauritanie et le Mali en avril 2012 et vers le Burkina Faso en mai 2012.
18 Cf. à ce sujet A. Saaf (dir.), Rapport stratégique du Maroc (en arabe), Rabat, Publication du Centre d’études et de recherches en sciences sociales (CERSS), édité depuis 1995.
19 Cf. A. Barre, op. cit. [3].
20 Éthiopie en juin 2002, Kenya en septembre 2002, Mozambique en mars 2003, Madagascar en avril 2005, Burundi en août 2006.
21 Sierra Leone en juillet 2003 ; Tchad en mars 2006 ; Burundi en mai 2006 ; Kenya en octobre 2006 ; Cap-Vert en juillet 2007 ; Malawi et Seychelles en mars 2008 ; Zambie en mars 2011. Ainsi, 35 pays africains ont gelé ou retiré leur reconnaissance de la RASD.
22 Éthiopie en janvier 2010 ; Liberia en février 2010 ; Guinée-Bissau en avril 2010 ; Tanzanie et Bénin en août 2010.
23 Cf. l’intervention de Talal Rhoufrani, ancien ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud, à la conférence-débat sur le thème « Les relations Maroc-Afrique du Sud : Réalité et perspectives », Rabat, IRES, 31 mai 2012 (Ires.ma).
24 Communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, MAP, 18 février 2005.
25 Cf. la contribution de B. Sambe dans le présent ouvrage.
26 Le NEPAD est un programme de l’UA.
27 Réunion ministérielle de suivi de la Tokyo International Conference on African Development (TICAD) organisée en mars 2009 à Gaborone (Botswana).
28 Premier sommet Maroc-UE, 7 mars 2010.
29 Discours du roi, 30 juillet 2010.
30 Discours du roi, 30 juillet 2004.
31 À la suite de la décision du Conseil de sécurité (résolution 794 du 4 décembre 1992) autorisant une intervention armée en Somalie pour des raisons humanitaires (opération « Restore Hope »), le Maroc a mis à la disposition de l’ONU un contingent militaire de 1 250 personnes comprenant du personnel médical et paramédical, et doté du matériel adéquat. Cf. B. Benbrahim, « Les dimensions stratégiques et humanitaires dans les relations maroco-africaines : l’action du Maroc en Somalie », in A. Saaf (dir.), Le Maroc et l’Afrique après l’indépendance, Rabat, Publications de l’Institut des études africaines, « Colloques et Séminaires », no 4, 1996, p. 123-132.
32 Message du roi Mohammed VI au contingent militaire marocain se rendant en République démocratique du Congo (21 avril 2001).
33 Le FGCT (en anglais : Global Counterterrorism Forum [GCTF]) a été lancé par les ministres des Affaires étrangères le 22 septembre 2011 à New York. Coprésidé par la Turquie et les États-Unis, il vise à renforcer la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme. Le FGCT est conçu pour favoriser la coordination axée sur des mesures concrètes, ainsi que la mobilisation des capacités de lutte contre le terrorisme.
34 Ainsi, l’Espagne a procédé à la régularisation de 700 000 immigrés au cours de l’année 2005.
35 La majorité (72,6 %) des Subsahariens vivant clandestinement au Maroc veulent poursuivre leur route vers l’Europe, 10,6 % veulent retourner chez eux et 2,3 % désirent rester au Maroc, alors que 14,3 % sont indécis (étude effectuée par le Comité international pour le développement des peuples [CISP] et l’Association marocaine d’études et de recherches sur les migrations [AMERM], Le Matin, 17 janvier 2008).
36 Conseil des migrants subsahariens au Maroc (CMSM) et Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM).
37 En 2005, à la suite des événements de Ceuta et Melilla, les opérations de regroupement, d’hébergement et de rapatriement de 3 600 migrants subsahariens ont été entièrement prises en charge par le Maroc et lui ont coûté plus de 100 millions d’euros (entretien avec Khalid Zerouali, directeur de la Migration et de la Surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, Le Matin, 3 décembre 2005).
38 Respectivement Khalid Zerouali, directeur de la Migration et de la Surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, et Antonio Camacho, secrétaire d’État espagnol à la Sécurité, lors de la 11e réunion du Groupe migratoire permanent mixte (cf. Le Matin, 6 octobre 2009).
39 Extrait de la déclaration de Mohammed Loulichki, ambassadeur, représentant permanent du Royaume du Maroc auprès de l’Organisation des Nations unies et des autres organisations internationales à Genève, lors de la 91e session (extraordinaire) du Conseil de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 8 juin 2006.
40 Dans ce sens, il convient de relever la création, en 2004, d’un « Conseil de concertation des pays africains du Nord atlantique » regroupant le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal, destiné à « renforcer la coopération entre les trois pays dans les domaines politique, économique et culturel » et qui se réunira deux fois par an (source : ministère des Affaires étrangères et de la Coopération). De même, le Maroc a accueilli à Rabat du 3 au 5 août 2009 la première rencontre des ministres des Affaires étrangères des États africains riverains de l’Atlantique, consacrée à l’examen des moyens et des mécanismes susceptibles d’apporter des réponses concertées aux nombreux défis et menaces auxquels ces pays sont confrontés.
41 Selon Saad Dine El Otmani, ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, « le retour du Maroc au sein de l’UA dépend de la conjonction d’un certain nombre de conditions, [et] le Royaume du Maroc ne peut en aucun cas accepter d’être traité sur le même pied qu’un État fantoche qui n’existe pas sur la carte, non reconnu au niveau international et qui n’est pas membre de l’Organisation des Nations unies » (discours prononcé à l’occasion de la Journée de l’Afrique au Maroc, sur le thème « Intégration régionale et rôle des jeunes », organisée le 30 mai 2012 par le Groupe des ambassadeurs africains accrédités au Maroc, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et la Fondation diplomatique). Pour sa part, M. Ismaila Nimaga, ambassadeur de la République centrafricaine au Maroc et doyen du Groupe des ambassadeurs africains, a réitéré, au nom de ce dernier, l’appel au retour du Royaume du Maroc dans « la grande famille de l’Union africaine » (source : ministère des Affaires étrangères et de la Coopération). La réintégration du Maroc au sein de l’institution panafricaine pourrait néanmoins s’avérer difficile du fait de la persistance de l’hostilité de plusieurs pays anglophones à l’égard de Rabat et surtout de l’élection de la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma à la présidence de l’UA.
42 Le Maroc a participé aux Conférences internationales sur la Somalie à Londres (février 2012) et à Istanbul (mai-juin 2012).
Auteur
Chercheur au Centre d’études et de recherches en sciences sociales (CERSS) de Rabat. Il travaille sur les relations entre le Maroc et les pays d’Afrique subsaharienne.
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