L’Algérie : de la puissance idéologique à l’hégémonie sécuritaire
p. 19-40
Texte intégral
1« L’Algérie est saharienne et sahélienne. Elle entre en profondeur en Afrique1 » : ainsi s’exprimait Abdelkader Messahel, en 2001, peu après sa prise de fonctions auprès du ministre des Affaires étrangères en tant que ministre délégué chargé des Affaires africaines. Deux ans plus tard, son titre sera complété : M. Messahel se verra en effet également chargé des Affaires maghrébines. Ce poste gouvernemental, jusque-là inédit dans les institutions algériennes, traduit les défis auxquels la diplomatie nationale a dû faire face lors de l’accession d’Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République. Ministre des Affaires étrangères d’Ahmed Ben Bella puis de Houari Boumediene, de 1963 à 1979, A. Bouteflika, devenu président en 1999, s’employa immédiatement à rompre le double isolement diplomatique et politique qui était allé crescendo durant les années 1990. D’une part, à partir du refus du haut commandement militaire de laisser le Front islamique du Salut (FIS) prendre le pouvoir à la suite des élections législatives interrompues en 1992, la violence extrême de la guerre civile algérienne et de la réponse antiterroriste avait fait d’Alger la cible des dénonciations des défenseurs des droits de l’Homme, attisant les critiques à l’encontre de l’attitude des forces de sécurité lors des massacres collectifs de 1997 et 1998. D’autre part, sur le continent africain, les États maghrébins rivaux de l’Algérie, le Maroc et la Libye, avaient parallèlement réalisé d’importantes avancées dans leurs relations internationales continentales en termes économiques, politiques et culturels2.
2Les relations entre l’Algérie et l’Afrique subsaharienne sont originales dans le sens où elles se caractérisent par une faible intensité sur le plan socio-économique, une place avantageuse dans les institutions régionales et continentales et un rôle essentiel dans la gestion de la sécurité africaine. Premier État africain par la superficie depuis la partition du Soudan, quatrième par le produit intérieur brut (PIB)3, neuvième par la population4, quatrième par le nombre d’internautes et troisième par celui des téléphones mobiles5, l’Algérie ne dispose pourtant pas du niveau d’influence et de puissance que pourraient lui octroyer ses deux cents milliards de dollars de réserves de change, son armée rompue à la lutte antiterroriste et le prestige hérité de sa guerre de libération.
3En effet, son positionnement géopolitique, à cheval sur la région dite « MENA » (Middle East and North Africa) et l’aire méditerranéenne, ainsi que sa profondeur africaine garantissent à l’Algérie une place importante dans les relations internationales. Porteuse d’une identité politique particulière, jouissant d’une position hégémonique dans les institutions de coopération africaines, riche de ses hydrocarbures, elle peine néanmoins à dépasser ses voisins maghrébins dans ses relations avec le continent noir. Or, la domination de l’aire maghrébo-sahélienne reste l’une des priorités de la politique extérieure algérienne6. De quelles réalisations peut alors se prévaloir la diplomatie algérienne en Afrique subsaharienne ? Quelles sont les limites de sa politique africaine ? Quels sont les aspects par lesquels elle peut encore se développer ? Peut-elle dépasser le tropisme occidental propre au Maghreb et plus particulièrement à l’Algérie ?
4Les relations qu’entretient l’Algérie avec l’Afrique subsaharienne sont tributaires de plusieurs facteurs, qui trouvent leurs racines dans l’évolution de son identité, dans sa recherche de puissance et la quête de prospérité de ses élites, ou encore dans la structure de son économie. En outre, malgré une position dominante dans les institutions régionales et continentales, Alger n’a comme véritable atout que son rôle indispensable dans la lutte antiterroriste entre Maghreb et Sahel, ce qui l’amène à négliger les aspects humains et culturels de sa politique africaine. C’est pourquoi le régime algérien est passé du statut de puissance idéologique et normative, à l’heure des décolonisations, à celui d’un État dont l’hégémonie repose avant tout sur la maximisation des profits tirés de ses capacités sécuritaires.
Les piliers de la politique africaine de l’Algérie : identité, puissance et prospérité
5Historiquement, l’identité nationale de l’État algérien est le corollaire des conditions de sa naissance, à savoir la guerre d’indépendance. Or, les évolutions du système politique algérien qui ont mené à la guerre civile des années 1990 ont redéfini cette identité dans le contexte de la « Guerre globale contre le terrorisme » lancée par les États-Unis et leurs alliés à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Pourtant, le maintien et l’expansion de la puissance algérienne se sont surtout traduits par la nécessité de développer l’influence du pays sur le continent africain de façon à contrer celle de ses rivaux régionaux, sans pour autant y parvenir de manière certaine. Enfin, la faiblesse de sa projection économique trouve sa source, d’une part, dans la structure propre de son économie politique et, de l’autre, dans les intérêts spécifiques de sa classe dirigeante.
De la « Mecque des révolutionnaires » à celle des agences de renseignement
6L’approche constructiviste des relations internationales a renouvelé l’analyse des politiques étrangères : en introduisant des éléments culturels, elle a reconstruit la notion d’intérêt national autour des identités des États. Ainsi, l’intérêt national, dans son acception constructiviste, dérive de « la représentation que les États se font d’eux-mêmes et d’autrui, du système international et de leur propre place, ainsi que de celle des autres, au sein de ce système international7 ».
7L’Algérie postcoloniale, dans le contexte de la guerre froide et de l’émergence du Tiers-Monde, se définissait surtout comme un État-nation révolutionnaire. Dans un système international marqué par les volontés hégémoniques des deux blocs, Alger rejetait la domination bipolaire car celle-ci ne pouvait satisfaire les intérêts des peuples non-occidentaux en matière de développement. Or, pour Washington et Moscou, il s’agissait plutôt d’utiliser les mondes périphériques pour leurs propres affrontements géostratégiques et idéologiques. Revendiquant une voie spécifique vers le socialisme, l’Algérie cherchait alors, dans sa politique africaine, à rassembler les États progressistes du monde arabe et les jeunes nations africaines décolonisées pour « [édifier] un pont stratégique entre ces deux régions vitales », selon A. Bouteflika8 en novembre 1973.
8En effet, l’analyse des relations internationales de l’Algérie développementaliste oppose un monde industrialisé monopolisant savoirs et richesses, imposant sa volonté aux nations en développement par un impérialisme économique fondé sur des termes de l’échange inégaux, à un monde en développement, regroupant la majorité de la population mondiale, une grande partie des richesses naturelles de la planète, mais dont le morcellement de ses membres l’empêche de véritablement peser sur les équilibres internationaux. L’Algérie a donc défini sa politique africaine en fonction de deux priorités : d’une part, la poursuite de la décolonisation par le soutien tous azimuts aux mouvements de libération du continent et, d’autre part, la lutte diplomatique contre le néocolonialisme et l’impérialisme des deux blocs par la constitution d’un bloc alternatif à l’échelle mondiale. Or si, dans le premier cas, certains succès ont semblé confirmer la vision algérienne, dans le second, l’évolution de l’économie politique internationale vers un libéralisme triomphant a à la fois maintenu les nations africaines dans une position subalterne et accentué les inégalités socio-économiques entre l’Afrique et les pays industrialisés. Ainsi, au-delà de la réussite fugace du Sommet des non-alignés d’Alger en 1973 ou de la présidence algérienne de l’Assemblée générale des Nations unies l’année suivante, qui a vu H. Boumediene présenter son plaidoyer pour un « nouvel ordre économique international », l’objectif originel d’une politique étrangère militante, reflet de la révolution nationale algérienne9, n’a jamais porté les fruits escomptés.
9Surtout, souffrant elle-même des soubresauts du marché pétrolier mondial et du renversement des rapports de force idéologiques, l’Algérie a progressivement renoncé à un socialisme bureaucratique devenu trop coûteux et a été contrainte, sur le plan politique, à l’image des démocraties populaires d’Europe orientale, à l’ouverture après les émeutes d’octobre 1988. C’est justement à partir de ces événements que l’idéologie islamiste a gagné du terrain, conduisant le haut commandement militaire, farouchement laïc et soucieux de préserver son emprise sur la rente pétro-gazière, à interrompre les élections de 1992. Possédant déjà une bonne connaissance des réseaux djihadistes internationaux nés durant la guerre d’Afghanistan10, l’armée et les services de sécurité algériens allaient encore développer leur expertise contre-terroriste à l’épreuve de la guerre civile algérienne, avant que les attentats du 11 septembre 2001 n’amènent les grandes puissances mondiales à s’engager plus activement dans la lutte contre le terrorisme islamiste transnational. Finalement, la modification des représentations au sein du système international allait conduire l’Algérie à redéfinir ses intérêts nationaux dans le cadre d’une coopération étroite avec les agences de renseignement et les armées occidentales, l’incitant à délaisser plus encore la dimension africaine de sa politique extérieure.
Le retour à une politique de puissance sur le continent africain
10Une fois la page socialiste de son histoire tournée et la paix intérieure – certes précaire – progressivement revenue, l’Algérie du président Bouteflika a tenté de renouer avec ce qui est encore perçu comme « l’âge d’or » de sa diplomatie11. Selon la conception néoréaliste de l’intérêt national, la nature anarchique du système international force les États à se montrer égoïstes, à maximiser leur puissance en fonction de celle des autres et à préserver leur sécurité face aux États qui représentent, pour eux, une menace potentielle12. Largement affaiblie par près de dix ans de guerre civile d’une extrême violence, l’Algérie va ainsi chercher à redevenir une puissance diplomatique, militaire et géopolitique face à ses rivaux qui l’ont distancée.
11Sur le plan diplomatique, l’Algérie tente de renouer avec une politique des « bons offices » lui permettant de revenir sur le devant de la scène continentale, ainsi qu’avec une politique étrangère proactive et ambitieuse destinée à aider les autres puissances africaines. Dans le premier cas, le pays s’implique dans la résolution des conflits pour réaffirmer son rôle dans la gestion de la sécurité africaine et faire valoir sa recherche du consensus. Il s’efforce ainsi de renouer avec le rôle de fer de lance qu’il avait joué dans le cadre du mouvement des pays non-alignés. En effet, depuis les premiers textes organiques jusqu’à la constitution algérienne actuellement en vigueur, la politique extérieure de l’Algérie « s’efforce de régler les différends internationaux par des moyens pacifiques » (art. 26 de l’actuelle constitution) et « œuvre au renforcement de la coopération internationale et au développement des relations amicales entre les États, sur la base de l’égalité, de l’intérêt mutuel et de la non-ingérence dans les affaires intérieures » (art. 28). Par exemple, les accords signés à Alger en 2000 ont mis fin à la guerre entre l’Érythrée et l’Éthiopie, s’inspirant des accords ayant soutenu le rapprochement irano-irakien ou encore de la résolution de la crise des otages américains retenus à Téhéran.
12Dans le domaine de la coopération avec les puissances continentales, la mise en place du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) avec l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Nigeria et l’Égypte a permis au président Bouteflika de réintégrer le club des dirigeants africains les plus influents et de moderniser les ambitions de développement défendues de longue date par l’Algérie, en les adaptant aux normes du contexte de l’économie libérale et ouverte prônée par les institutions financières internationales et les puissances occidentales. Si le NEPAD n’a pas véritablement donné lieu à des progrès substantiels en matière de développement ou de résolution des conflits13, ni sensiblement amélioré la gouvernance malgré l’initiative du « mécanisme africain d’évaluation par les pairs14 », il a permis à Alger de « [jouer] à nouveau un rôle d’envergure sur le continent15 ». La restauration d’une image positive de l’Algérie sur la scène continentale et internationale s’est donc appuyée sur le renouveau d’une politique de puissance : pour retrouver sa crédibilité et sa légitimité, le pays a dû favoriser la relance d’une diplomatie africaine active.
13Sur le plan militaire, la puissance algérienne s’est nourrie d’une conjoncture favorable des marchés pétro-gaziers mondiaux qui lui assurent, selon les cours, entre 40 et 80 milliards de dollars de revenus annuels en devises. Le secteur de la défense reste le premier poste budgétaire algérien et les fonds qui lui sont alloués sont en constante augmentation. Le budget de la défense a ainsi progressé de 170 % depuis 2002, de 22 % en 2011 et de 44 % en 2012 ; bénéficiant d’une enveloppe de 700 milliards de dinars, soit plus de 8 milliards de dollars16, il est respectivement deux fois et 35 fois plus élevé que le budget de la santé et celui de la culture. Si l’on ajoute aux dépenses des forces armées les fonds alloués à la police et à la gendarmerie, le budget 2012 des forces de sécurité algériennes s’élève à plus de 18 milliards de dollars17. Les ressources dépensées par l’Algérie pour le développement de son armée sont sans commune mesure en Afrique : c’est pourquoi, entre 2007 et 2011, la part des achats algériens d’armes conventionnelles représentait 43 % du commerce légal vers l’Afrique, loin devant celle du Maroc (17 %) et de l’Afrique du Sud (16 %). Il convient de souligner que cette course à l’armement concerne principalement l’Afrique du Nord, qui absorbe près des deux tiers des livraisons d’armes à destination de l’Afrique18. La rivalité algéro-marocaine est donc, sur cette période particulière, le principal moteur de ces achats massifs d’armes, mais seul Alger dispose des moyens nécessaires pour maintenir sur le long terme ce niveau de dépenses. Ce faisant, l’Algérie mène une politique de défense en lien direct avec ses ambitions hégémoniques au Maghreb et au Sahel.
14Effectivement, selon Joseph Grieco19, la plus solide garantie de la survie des États repose sur leur capacité à acquérir une puissance relative supérieure à celle de leurs rivaux : par conséquent, qu’il s’agisse de la coopération internationale, avec la résurgence d’une diplomatie algérienne active, ou de la politique de sécurité, marquée par une course à l’armement qu’elle seule peut soutenir, l’Algérie a réussi, grâce à la politique de puissance qu’elle a menée sur le continent sur les plans diplomatique et sécuritaire, à regagner une partie du terrain perdu face à ses voisins. Cependant, elle pèche encore dans le domaine économique20.
Une projection économique insuffisante
15En définissant l’intérêt national en termes de « préférences » sociétales, c’est-à-dire en fonction des préférences des acteurs infra-étatiques et de leur influence sur la prise de décision et l’action rationnelle des décideurs, l’approche libérale d’Andrew Moravscik21 met l’accent sur les liens existants entre politique intérieure et politique extérieure. Ce dernier explique comment la première influence la seconde et produit un ordre international particulier, en l’occurrence anarchique, mais susceptible d’évoluer sous l’effet de l’accentuation de ces échanges. Producteur d’arbitrages et objet de lutte entre acteurs infra-étatiques, l’État prend en charge la défense des intérêts du ou des groupes sociaux dominants.
16Pour des raisons historiques, l’économie politique algérienne est dominée par un système bureaucratique, une faiblesse structurelle des acteurs privés et un rôle fondamental de l’investissement public dans les projets de développement et d’infrastructures. Nezha Alaoui note ainsi la place de choix occupée par les questions énergétiques et les grands projets structurants dans les projections économiques du pays en Afrique22. Pourtant, la présence de la Sonatrach dans les projets d’exploration du sous-sol en Mauritanie, au Mali et au Niger n’a pas encore donné lieu à de véritables investissements productifs ni à de réelles découvertes ; de plus, l’action de l’Algérie se trouve largement freinée par la détérioration du contexte sécuritaire dans la région sahélienne. Le projet de gazoduc transsaharien entre le Nigeria, le Niger et l’Algérie souffre non seulement de l’absence de fonds publics, nécessaires pour compléter les investissements privés, mais, surtout, des multiples poches d’insécurité auxquelles ses infrastructures seront confrontées tout au long de son parcours23. Quant à la route transsaharienne, dont une partie du financement dépend de l’Algérie, elle se heurte d’une part à la faiblesse générale des échanges afro-maghrébins, et d’autre part à leurs aspects souvent informels24, voire illicites25, et ce en dépit d’un niveau de réalisation très avancé.
17En dernier lieu, il n’est pas injustifié de postuler que les élites militaires, politiques et économiques algériennes se tournent de préférence en priorité vers le « Nord » plutôt que vers le « Sud ». En effet, l’alignement de l’Algérie sur les intérêts sécuritaires américains et les politiques migratoires européennes26 est tout autant, sinon plus, destiné à garantir la pérennité du pouvoir des élites en Algérie même ainsi que leur domination régionale, qu’il est le produit de la nécessité de s’adapter à un contexte changeant dans lequel une partie des schémas de représentation et d’action hérités de la guerre froide est désormais inopérante. Si, selon A. Moravscik et Steven David, les rapports de force en matière de politique intérieure influencent les décisions de politique extérieure, ici, le contexte international influence également la politique intérieure en contribuant à former et faire évoluer les préférences et les représentations des décideurs algériens quant à la pérennisation de leurs intérêts27. Ainsi, la politique africaine de l’Algérie répond aux nécessités du système international en termes d’identité (passage d’un État révolutionnaire à un État sécuritaire avec la fin du non-alignement), de puissance (nécessité de restaurer la puissance nationale dans la région après la guerre civile) et de préservation des intérêts des élites (maximisation des profits tirés des rentes pétro-gazière et sécuritaire sur les plans politique et économique).
Une approche thématique de la politique africaine de l’Algérie : institutions, sécurité et facteurs humains
18Les espaces de mise en œuvre de la politique africaine de l’Algérie sont tout aussi complexes et évolutifs que les piliers qui la sous-tendent. Il est donc utile de compléter l’analyse par une approche thématique. Cette seconde partie a pour but de mettre en évidence les aspects institutionnels qui caractérisent la politique africaine de l’Algérie et qui garantissent à cette dernière le maintien de son hégémonie régionale28. Ensuite, l’étude des enjeux de sécurité auxquels est confronté le pays dans son environnement proche permettra de souligner les limites de son hégémonie, l’Algérie ne parvenant pas à faire émerger dans la région, qui forme pourtant un véritable « complexe de sécurité », une « communauté de sécurité » qui assurerait pourtant à la fois sa protection et sa domination régionale. Enfin, l’analyse des aspects humains, relatifs aux migrations internationales et aux enjeux culturels, illustrera l’incapacité d’Alger à élargir son influence par le développement d’un soft power au contenu renouvelé, interrogeant finalement la pertinence de sa politique africaine.
Une position avantageuse dans les institutions continentales et régionales
19L’influence de l’Algérie sur le continent africain repose en grande partie sur l’hégémonie qu’elle exerce dans l’aire sahélo-maghrébine du fait de son expérience dans la lutte antiterroriste et des liens étroits entre cette dernière et les enjeux de sécurité qui caractérisent la région29. L’Algérie, de par sa position dans les institutions continentales et régionales, peut diffuser ses idées et faire accepter ses vues sans être perçue comme une menace par ses partenaires, conformément à ses intérêts. Forte d’une armée maîtrisant les techniques de lutte antiterroriste et porteuse d’une idéologie sans concession vis-à-vis des menaces islamistes, elle possède, en la personne de Ramtane Lamamra, président du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), un puissant relais. Ce dernier a par exemple réussi à faire adopter une loi criminalisant le terrorisme et le paiement de rançons aux groupes terroristes, réclamée par Alger depuis la multiplication des enlèvements dans l’espace saharo-sahélien ; le texte a été élaboré avec le concours d’un ensemble d’experts réunis au sein du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), basé à Alger et financé par l’UA et les États-Unis30. De même, l’installation en Algérie, à Jijel, du siège logistique de la North African Regional Capability (NARC), l’antenne locale de la Force africaine en attente (FAA) qui rassemble l’Algérie, l’Égypte, la Libye, la Mauritanie, la Tunisie et le Sahara occidental, traduit aussi une position ancienne de l’Algérie en faveur de l’autonomie et de la souveraineté politique des Africains en Afrique, afin que ces derniers possèdent une force d’intervention propre.
20Cette position avantageuse, l’Algérie la doit également au prestige hérité de sa lutte anticoloniale. Le retrait du Maroc – son plus important rival africain – de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1984, cette dernière ayant reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), lui a permis d’occuper le devant de la scène au sein de la plus importante institution de coopération du continent. La position dominante de l’Algérie au Maghreb et au Sahel s’appuie donc sur des facteurs matériels (une armée puissante), idéels (des positions idéologiques reconnues) et institutionnels (des postes clés au sein des organisations internationales). Déjà, entre 2003 et 2008, l’Algérien Saïd Djinnit occupait le poste de commissaire à la Paix et à la Sécurité, avant de céder la place à R. Lamamra et de devenir représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest et directeur du bureau Afrique de l’Ouest des Nations unies ; il avait également présidé l’équipe chargée de rédiger l’Acte constitutif de l’UA. L’Algérie participe aussi à la résolution des conflits et à la gestion de la sécurité africaine : elle a par exemple assuré le transport de troupes ougandaises de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) en 2007 ; quelques années plus tôt, en 2003, S. Djinnit avait défendu le déploiement de la Mission africaine au Burundi (MIAB)31. En sachant se rendre utile pour ses partenaires, l’Algérie s’assure une influence politique non négligeable à l’échelle continentale.
Une hégémonie régionale de portée limitée
21Si cette position préférentielle au sein des institutions africaines repose sur la politique sécuritaire algérienne, celle-ci n’est pas exempte de limites dans son aire de déploiement hégémonique qu’est la zone sahélo-maghrébine. D’abord, ce sont les événements de la guerre civile algérienne qui sont à l’origine des turbulences politiques et sécuritaires au Sahel32. C’est à partir des groupes islamistes algériens que s’est construit Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a entraîné à la fois une régionalisation de la menace terroriste et la « sécuritisation33 » d’une région jusque-là envisagée comme un enjeu de sécurité humaine, et non comme une zone soumise à des considérations strictement militaires. Un « complexe de sécurité34 » s’est donc formé à partir de la problématique algérienne, comme une « externalité35 » de sa politique intérieure, rendant interdépendants les acteurs régionaux dans leur gestion de la sécurité.
22Là encore, l’Algérie occupe logiquement une place de choix dans l’architecture institutionnelle régionale de sécurité. En effet, en 2010 a été installé à Tamanrasset le Centre d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) qui rassemble les pays dits « du champ », c’est-à-dire la Mauritanie, le Mali, le Niger et l’Algérie. Alger a réussi à en exclure Rabat en dépit de sa profondeur saharienne et de l’implication supposée, selon le Maroc, d’éléments proches du Polisario dans les activités menaçant la sécurité régionale. Le CEMOC a été mis en place sous le patronage des Américains : les États-Unis ont investi dans la coopération sécuritaire en Afrique36 à partir de la fin des années 1990 et participent à des activités de formation militaire et de capacity building au Sahel depuis la Pan Sahel Initiative (PSI, 2002) et le Trans-Sahara Counterrorism Partnership (TSCTP, 2005). Malgré des enjeux sécuritaires pressants, le CEMOC n’a pas encore prouvé, au-delà des multiples déclarations d’intention, sa capacité opérationnelle (troupes à sa disposition, présence effective sur le terrain).
23L’hégémonie algérienne est cependant particulièrement limitée du fait de l’absence d’une « communauté de sécurité » : d’après Karl Deutsch, une « communauté de sécurité pluraliste », rassemblant plusieurs États, apparaît lorsque ces derniers partagent des valeurs communes, lorsqu’il existe une sympathie et une confiance mutuelles et que le comportement de chacun est conforme et prévisible selon les attentes réciproques37. Pour que puisse se développer une politique sécuritaire régionale cohérente, il est nécessaire que l’ordre régional repose sur une identité collective et des relations légitimes fortes entre les pays de la région38.
24Or, les relations internationales dans l’aire sahélo-maghrébine n’ont pas encore atteint ce stade d’intégration en dépit d’institutions communes. Ainsi, entre 2007 et 2011 notamment, le Mali et l’Algérie n’ont cessé de se rejeter mutuellement la responsabilité du niveau de nuisance atteint par les groupes islamistes dans la région, Alger blâmant le manque de volonté politique de Bamako, et les autorités maliennes insistant sur la dominante algérienne du commandement et des troupes d’AQMI. La déstabilisation du Mali, depuis le début de l’année 2012, a marqué un retour à cet état de fait après le renversement du nouveau gouvernement mis en place par le président Touré en avril 2011, qui avait vu le retour aux Affaires étrangères de Soumeylou Boubeye Maïga, ancien chef des services de sécurité extérieure maliens et ancien ministre de la Défense : celui-ci avait en effet entamé un rapprochement avec les dirigeants algériens. De plus, de nombreuses critiques à l’encontre d’Alger, émanant de responsables régionaux, de journalistes ou d’universitaires, témoignent d’une méfiance quant à l’agenda sous-jacent de la politique sahélienne de l’Algérie, accusée de jouer le jeu de la militarisation d’une des régions les plus pauvres de la planète, nonobstant un don au Mali de 10 millions de dollars débloqué à la suite d’une visite, en avril 2011, de S. Maïga à Alger39.
25De leurs côtés, le Mali et la Mauritanie, en entamant des négociations avec AQMI pour la libération d’otages occidentaux – qui ont abouti soit au paiement de rançons, soit à un échange de prisonniers –, ont opté pour une stratégie qui s’est avérée en totale contradiction avec la politique antiterroriste prônée par l’Algérie. Des dissensions au sein du CEMOC ont aussi donné lieu à la création d’une entité distincte basée à Alger, l’Unité de fusion et de liaison (UFL) : chargée de la collecte et du traitement des renseignements, l’UFL a ainsi été écartée de l’aspect opérationnel de la lutte contre le terrorisme et le narcotrafic dans la région. De même, Alger semble toujours favoriser la coopération bilatérale, même lorsqu’il s’agit de faire face à des enjeux sécuritaires régionaux : des officiers algériens ont participé à des actions de formation de troupes au Mali et au Niger à la fin de l’année 2011, mais ont délaissé les forces mauritaniennes qui, cette même année, ont mené des actions avec un important appui opérationnel des forces françaises. Enfin, les forces armées algériennes recourent peu au droit de poursuite accordé par le Mali et se contentent de mener des frappes aériennes destinées à empêcher l’infiltration des groupes armés sur le sol algérien et à protéger les frontières nationales.
26Finalement, la prudence, si ce n’est l’attentisme, dont fait preuve la diplomatie algérienne dans le cadre du processus de résolution de la crise malienne témoigne des limites de son hégémonie. D’une part, ses contacts avec Ansar Eddine découlent de sa volonté de garantir l’unité territoriale du Mali et de son espoir de le voir canaliser AQMI et le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO)40, tout en institutionnalisant un mouvement touareg concurrent du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Mais, d’autre part, sa réticence à l’égard d’une intervention militaire étrangère, associée à sa faible implication militaire, risque de nuire à l’attractivité de son discours prônant « le Sahel aux Sahéliens ». L’implication de la CEDEAO dans la gestion de la question malienne traduit ainsi l’affaiblissement diplomatique d’Alger, médiateur traditionnel entre les précédentes rébellions touarègues de 1991 et 2006 et les autorités de Bamako. Néanmoins, l’Algérie est en train de redéfinir sa perception de la menace, celle-ci n’émanant plus à ses yeux de sa rivalité avec le Maroc mais de l’instabilité de ses périphéries est et sud, en référence aux contextes libyen et malien41. Par le renforcement substantiel de la sécurité de ses frontières sud, elle limitera la possibilité, pour les groupes terroristes, de trouver refuge sur son sol lors d’une éventuelle action militaire. De même, par son soutien au dialogue inter-malien, elle encourage la consolidation d’institutions maliennes en manque de légitimité et qui auront à traiter les multiples enjeux de la zone septentrionale42. Finalement, dans la perspective d’une intervention militaire qu’elle n’a pas les moyens d’empêcher, l’Algérie cherche à ne pas apparaître comme un frein au dénouement de la crise, et ce en dépit d’une « politique des petits pas » qui résulte de lentes négociations avec ses partenaires occidentaux et régionaux.
Les questions culturelles et migratoires : vers un nouveau soft power algérien en Afrique ?
27Lorsque la multipolarité a affaibli la puissance relative américaine, Joseph Nye43 a soutenu que celle-ci devait désormais s’appuyer sur ses possibilités d’influence « douce » par le biais de la culture, de l’attraction d’immigrants, de la recherche, de la légitimité de son système sociopolitique ou économique… L’Algérie peut-elle aussi miser sur un soft power au contenu renouvelé, comme elle l’avait fait dès son indépendance à travers son implication dans le mouvement et l’idéologie tiers-mondiste ?
28L’action culturelle de la diplomatie algérienne en direction de l’Afrique s’est d’abord manifestée dans l’organisation du Festival panafricain, le plus grand rassemblement artistique du continent ; celui-ci ne s’est pourtant tenu qu’à deux reprises, en 1969 et en 2009, sans que la seconde édition n’atteigne l’aura de la première. Le Salon international du livre d’Alger (Sila) est également une manifestation annuelle de grande importance de par sa durée et le nombre de visiteurs qu’il attire, mais il est tout aussi célèbre pour les critères de sélection des ouvrages qu’il présente et la censure qui y prévaut. Quant à la production culturelle, hormis la renommée de certains écrivains reconnus, elle reste qualitativement en deçà de ce qu’elle était au lendemain de l’indépendance.
29Ensuite, l’activité touristique algérienne n’attire pas les étrangers, avant tout en raison des infrastructures du pays, défaillantes et trop chères, ainsi que de l’image d’insécurité qui pèse sur l’Algérie depuis les années 1990 : de ce fait, Air Algérie a annoncé en août 2012 sa volonté de réorienter son activité en direction du voyage vers et depuis l’Afrique en s’appuyant sur le transit aérien… Enfin, selon des statistiques44 datant de 2006, l’Algérie accueille, en données absolues comme relatives, moins d’étudiants d’Afrique subsaharienne que le Maroc ; si, en la matière, elle se place néanmoins devant la Tunisie, cela est surtout dû au fait qu’en données absolues la Tunisie accueille moins d’étudiants subsahariens. De plus, ces derniers se heurtent à un climat xénophobe et à une intolérance religieuse qui n’est pas combattue par les autorités algériennes45. Surtout, l’Algérie accueille plus d’étudiants maghrébins ou moyen-orientaux que ses voisins, héritage de sa plus grande proximité historique avec les régimes panarabes progressistes durant la guerre froide.
30Les migrations subsahariennes en Algérie sont pourtant occultées tant au niveau de l’ampleur de leur réalité que de leur utilité économique ; elles sont de surcroît politiquement instrumentalisées dans les relations avec l’Union européenne (UE), car cette dernière constitue, pour une partie des exilés en transit en Algérie, la véritable destination finale46. L’Algérie, toujours en concurrence avec ses voisins, cherche ainsi à ajouter à ses rentes pétrolière et sécuritaire une rente migratoire : en s’alignant sur les dispositifs législatifs exportés par l’UE, elle espère augmenter l’intensité de ses relations économiques productives avec le partenaire européen ou faciliter les transferts de fonds et de technologies européens aujourd’hui peu développés. Par ailleurs, son rôle de pays d’accueil des réfugiés et demandeurs d’asile subsahariens est particulièrement réduit car elle donne la préférence aux réfugiés sahraouis ou palestiniens qui lui sont, là encore, plus « profitables » sur le plan géopolitique47. En fin de compte, la possibilité de voir émerger un nouveau soft power algérien apparaît limitée, les aspects culturels, éducatifs et migratoires des relations algéro-africaines ne constituant guère une priorité aux yeux des pouvoirs publics.
*
31La position de l’Algérie en Afrique a évolué au cours des cinquante dernières années. Au moment de l’indépendance, Alger incarnait une puissance dotée d’une influence idéologique prestigieuse dans les relations internationales et d’une politique africaine « activiste » de par son appui politique, diplomatique et militaire aux différentes luttes de libération menées sur le continent. Les changements de fond qui ont bouleversé d’une part l’économie politique internationale, l’entraînant vers une ouverture croissante aux échanges marchands, et d’autre part le système international, avec la disparition de la bipolarité systémique, ont amené l’Algérie à redéfinir sa politique africaine. Le pays a également opté pour une réintégration au sein du système international après l’isolement qui avait été le sien pendant les années 1990 et qui s’était accompagné d’une prise de distance relative vis-à-vis de ses voisins. Ce changement s’est manifesté par une volonté de relancer la coopération interafricaine, de redéfinir la notion de développement et d’offrir au continent les moyens d’assurer lui-même sa propre sécurité. En dépit de ces efforts diplomatiques et militaires, les échanges économiques et humains entre l’Algérie et l’Afrique subsaharienne restent néanmoins en deçà de leur potentiel et se heurtent aux défis induits par leur caractère informel voire illégal. En conclusion, la politique africaine de l’Algérie, initialement fondée sur l’autorité idéologique du pays, avec pour objectif de refléter les succès de la révolution algérienne, est aujourd’hui l’expression d’une volonté hégémonique reposant avant tout sur les capacités sécuritaires et militaires du pays ainsi que sur son rôle de gendarme et d’émissaire de la sécurité africaine.
32Néanmoins, on peut légitimement avancer que les principales failles de la politique africaine de l’Algérie, à l’instar de la faiblesse de son système universitaire, des représentations de l’autre inscrites dans sa société ou de sa politique d’asile, résident prioritairement dans les caractéristiques internes de l’État algérien. La paupérisation socio-économique du peuple et l’essoufflement du système de légitimation et de gestion politique du régime constituent les éléments majeurs de son affaiblissement diplomatique. En outre, la situation géostratégique issue du « Printemps arabe », qui se traduit à la fois par un isolement et un anachronisme croissant du régime algérien, pourrait donner lieu à un raidissement de son positionnement dans les aires africaines (Maghreb, Sahel) et dans la région du « Grand Moyen-Orient ». Bien que le président Bouteflika reste maître de nombreuses prérogatives en matière de représentation internationale et de politique étrangère, quoique de plus en plus limitées du fait des incertitudes pesant sur son état de santé, le haut commandement militaire garde la main mise sur les appareils militaire et sécuritaire. L’octroi par décret public d’une plus grand autonomie au ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale48 montre que le contexte politique et stratégique difficile auquel sont confrontés les pays voisins de l’Algérie a des répercussions sur les équilibres internes au pouvoir algérien : s’il est toujours hiérarchiquement subordonné à A. Bouteflika, le ministre délégué possède désormais un pouvoir d’initiative élargi (importante délégation de signature, capacité de centralisation de l’information et contrôle étendu sur le budget et la passation des contrats militaires)49. En dernier lieu, ce seront donc les défis de la crise politico-sécuritaire au Sahel et l’action – ou l’inaction – d’Alger dans la résolution du conflit qui détermineront la réalité et l’étendue de son statut de puissance africaine, sahélienne et maghrébine50.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Bibliographie
Abramovici, P., « Activisme militaire de Washington en Afrique », Le Monde diplomatique, juillet 2004, p. 14-15.
Alaoui, N., La projection économique des pays du Maghreb sur l’Afrique subsaharienne, Paris, Ifri, « Note de l’Ifri », 2010.
Amari, Ch., « À quoi sert d’avoir du pouvoir ? », El Watan, 10 juin 2012.
Antil, A., Le Royaume du Maroc et sa politique envers l’Afrique subsaharienne, Paris, Ifri, novembre 2003.
Augé, B., Le Trans-Saharan Gas Pipeline : mirage ou réalité ?, Paris, Ifri, « Note de l’Ifri », mars 2010.
10.4000/conflits.2481 :Balzacq, Th., « La politique européenne de voisinage, un complexe de sécurité à géométrie variable », Cultures & Conflits, no 66, 2007, p. 31-59.
Battistella, D., « L’intérêt national. Une notion, trois discours », in F. Charillon (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, Paris, Les Presses de Sciences-Po, 2002, p. 139-166.
10.3917/ripc.104.0567 :Battistella, D., « L’apport de Karl Deutsch à la théorie des relations internationales », Revue internationale de politique comparée, vol. 10, no 4, 2003, p. 567-585.
10.3917/scpo.batti.2019.01 :Battistella, D., Théories des relations internationales, Paris, Les Presses de Sciences-Po, 2009 (3e édition).
10.1093/hepl/9780198825548.001.0001 :Baylis, J. et S. Smith (dir.), The Globalization of World Politics. An introduction to international relations, Oxford, Oxford University Press, 2001 (2e édition).
10.3917/pe.092.0337 :Belkaïd, A., « La diplomatie algérienne à la recherche de son âge d’or », Politique étrangère, été 2009, p. 337-344.
Bensaâd, A., « L’immigration en Algérie. Une réalité prégnante et son occultation officielle », in A. Bensaâd (dir.), Le Maghreb à l’épreuve des migrations subsahariennes. Immigration sur émigration, Paris, Karthala, 2009.
10.1017/CBO9780511491252 :Buzan, B. et O. Waever, Regions and Powers: The Structure of International Security, Cambridge, Cambridge University Press, 2003.
Chena, S., « L’évolution des enjeux géopolitiques favorise-t-elle une hégémonie algérienne ? », Annuaire français de relations internationales, vol. XII, 2011, p. 651-665.
10.3917/her.142.0108 :Chena, S., « Portée et limites de l’hégémonie algérienne dans l’aire sahélo-maghrébine », Hérodote, no 142, 2011, p. 108-124.
Chena, S., « L’asile au Maghreb. Quelle reconnaissance pour les exilés subsahariens ? », Les Cahiers du CREAD, no 97, 2011, p. 111-144.
Chena, S. et A. Tisseron, « Violence politique et lutte contre-terroriste en Algérie », Dynamiques internationales, no 7, 2012.
10.1177/03058298810100020501 :Cox, R., « Social Forces, States and World Order : Beyond International Relations Theory », Millenium, vol. 10, no 2, 1981, p. 126-155.
10.1177/03058298830120020701 :Cox, R., « Gramsci, Hegemony and International Relations : An Essay in Method », Millenium, vol. 12, no 2, 1983, p. 162-175.
10.2307/2010472 :David, S., « Explaining Third World Alignment », World Politics, vol. 43, no 2, 1991, p. 233-256.
éTienne, B., L’Algérie. Cultures et révolution, Paris, Seuil, 1977.
10.1017/S0020818300027715 :Grieco, J., « Anarchy and the Limits of Cooperation: A Realist Critique of the Newest Liberal Institutionalism », International Organization, vol. 42, no 3, 1988, p. 485-507.
10.1017/S002081830003201X :Gourevitch, P., « The Second Image Reversed: The International Sources of Domestic Politics », International Organization, vol. 32, no 4, 1978, p. 881-912.
Grimaud, N., La politique extérieure de l’Algérie, Paris, Karthala, 1984.
10.3917/machr1.170.0029 :Haddad, S., « La politique africaine de la Libye. De la tentation impériale à la stratégie unitaire », Maghreb-Machrek, no 170, 2000, p. 29-39.
Haddad, S., « Entre volontarisme et alignement : quelques réflexions autour de la politique africaine de l’Algérie », Dynamiques internationales, no 7, 2012.
Holtom, P., M. Bromley, P.D. Wezeman et S.T. Wezeman, Trends in international arms transfer, 2011, Stockholm, SIPRI, « SIPRI Fact Sheet », mars 2012.
10.3406/polit.2003.1210 :Hugon, Ph., « Le NEPAD entre partenariat et gestion des conflits », Politique étrangère, été 2003, p. 335-350.
10.3917/her.142.0125 :Julien, S., « Le Sahel comme espace de transit des stupéfiants. Acteurs et conséquences politiques », Hérodote, no 142, 2011, p. 125-142.
Kouassi, R. N’Guettia, « Itinerary of the African Integration Process: An Overview of the Historial Landmarks », African Integration Review, vol. 1, no 2, juillet 2007.
10.3917/kart.marfa.2003.01 :Marfaing, L. et S. Wippel (dir.), Les relations transsahariennes à l’époque contemporaine. Un espace en constante mutation, Paris/Berlin, Karthala/ZMO, 2004.
Mazzella, S. (dir.), La mondialisation étudiante. Le Maghreb entre Nord et Sud, Paris, Karthala, 2009.
Moravscik, A., « Taking Preferences Seriously: A Liberal Theory of International Politics », International Organization, vol. 51, no 4, 1997, p. 513-553.
Nye, J., Soft power. The means to success in world politics, New York, Public Affairs, 2004.
10.3917/ris.054.0131 :Pouliot, V. et N. Lachmann, « Les communautés de sécurité, vecteurs d’ordre régional et international », Revue internationale et stratégique, no 54, 2004, p. 131-140.
Taheri, A., « Algérie : les grands cimetières sous la lune. Entretien avec le Général X », Politique internationale, no 79, printemps 1998.
Union africaine (UA), Assembly/AU/Dec.338(XVI) « Décision sur le rapport du Conseil de paix et de sécurité relatif à ses activités et à l’état de la paix et de la sécurité en Afrique. Doc. Assembly/AU/5 (XVI) », in UA, Décisions, déclarations et résolutions, Conférence de l’Union, seizième session ordinaire, 30-31 janvier 2011, Addis-Abeba (Éthiopie).
Waltz, K., Theory of international politics, Reading, Addison-Wesley Publishing Company, 1979.
Waever, O., « Securitization and Desecuritization », in R.D. Lipschutz, On Security, New York, Columbia University Press, 1995, p. 45-86.
10.1017/S0020818300027764 :Wendt, A., « Anarchy is what States make of it: the social construction of power politics », International Organization, vol. 46, no 2, 1992, p. 391-425.
Notes de bas de page
1 « L’Algérie est africaine », Afrik.com, 15 mars 2001, disponible sur : <www.afrik.com/article2407.html>.
2 Cf. S. Haddad, « La politique africaine de la Libye. De la tentation impériale à la stratégie unitaire », Maghreb-Machrek, no 170, 2000, p. 29-39, et A. Antil, Le Royaume du Maroc et sa politique envers l’Afrique subsaharienne, Paris, Ifri, novembre 2003.
3 Sur le continent, seuls l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigeria ont un PIB supérieur. Ces données et les suivantes proviennent du CIA Factbook.
4 Si, sur ce point, l’Algérie devance le Maroc, elle est elle-même devancée, par ordre croissant, par l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo, l’Égypte, l’Éthiopie et le Nigeria.
5 Seuls le Maroc, l’Égypte et le Nigeria font mieux sur la toile ; pour la téléphonie mobile, l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigeria devancent l’Algérie.
6 S. Chena, « L’évolution des enjeux géopolitiques favorise-t-elle une hégémonie algérienne ? », Annuaire français de relations internationales, vol. XII, 2011, p. 651-665.
7 D. Battistella, « L’intérêt national. Une notion, trois discours », in F. Charillon (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, Paris, Les Presses de Sciences-Po, 2002, p. 152.
8 Cité dans N. Grimaud, La politique extérieure de l’Algérie, Paris, Karthala, 1984, p. 299.
9 Sur cette conception particulière de la politique étrangère algérienne, cf. B. Étienne, L’Algérie. Cultures et révolution, Paris, Seuil, 1977 (chap. VIII).
10 A. Taheri, « Algérie : les grands cimetières sous la lune. Entretien avec le Général X », Politique internationale, no 79, printemps 1998.
11 A. Belkaïd, « La diplomatie algérienne à la recherche de son âge d’or », Politique étrangère, été 2009, p. 337-344.
12 Cf. K. Waltz, Theory of international politics, Reading, Addison-Wesley Publishing Company, 1979. L’anarchie du système international est définie comme l’absence d’institution supranationale véritablement supérieure aux États et pouvant exercer sur eux une coercition incontestable.
13 Ph. Hugon, « Le NEPAD entre partenariat et gestion des conflits », Politique étrangère, été 2003, p. 335-350.
14 R. N’Guettia Kouassi, « Itinerary of the African Integration Process: An Overview of the Historial Landmarks », African Integration Review, vol. 1, no 2, juillet 2007.
15 A. Belkaïd, op. cit. [11], p. 343.
16 Ch. Amari, « À quoi sert d’avoir du pouvoir ? », El Watan, 10 juin 2012.
17 « Alger, 1re puissance militaire africaine », Maghreb intelligence, 28 septembre 2011.
18 P. Holtom, M. Bromley, P.D. Wezeman et S.T. Wezeman, Trends in international arms transfer, 2011, Stockholm, SIPRI, « SIPRI Fact Sheet », mars 2012.
19 J. Grieco, « Anarchy and the Limits of Cooperation: A Realist Critique of the Newest Liberal Institutionalism », International Organization, vol. 42, no 3, 1988, p. 485-507.
20 Cf. les contributions de Mustapha Machrafi et de Mansouria Mokhefi dans le présent ouvrage.
21 A. Moravscik, « Taking Preferences Seriously: A Liberal Theory of International Politics », International Organization, vol. 51, no 4, 1997, p. 513-553.
22 N. Alaoui, La projection économique des pays du Maghreb sur l’Afrique subsaharienne, Paris, Ifri, « Note de l’Ifri », 2010.
23 B. Augé, Le Trans-Saharan Gas Pipeline : mirage ou réalité ?, Paris, Ifri, « Note de l’Ifri », mars 2010.
24 L. Marfaing et S. Wippel (dir.), Les relations transsahariennes à l’époque contemporaine. Un espace en constante mutation, Paris/Berlin, Karthala/ZMO, 2004.
25 S. Julien, « Le Sahel comme espace de transit des stupéfiants. Acteurs et conséquences politiques », Hérodote, no 142, 2011, p. 125-142.
26 S. David, « Explaining Third World Alignment », World Politics, vol. 43, no 2, 1991, p. 233-256.
27 P. Gourevitch, « The Second Image Reversed: The International Sources of Domestic Politics », International Organization, vol. 32, no 4, 1978, p. 881-912.
28 La notion d’hégémonie est ici employée dans le sens que lui donne Robert Cox à partir des travaux d’Antonio Gramsci. D’après R. Cox, l’ordre international et la domination d’un État sur les autres reposent sur la configuration particulière des capacités matérielles, des idées et des institutions (« Social Forces, States and World Order : Beyond International Relations Theory », Millenium, vol. 10, no 2, 1981, p. 135-138). L’hégémonie ne repose donc pas uniquement sur la capacité coercitive d’un État, mais surtout sur sa capacité à convaincre, à faire passer ses représentations comme acceptables (« Gramsci, Hegemony and International Relations : An Essay in Method », Millenium, vol. 12, no 2, 1983). R. Cox identifie les institutions internationales comme l’un des outils les plus efficaces pour diffuser et légitimer ces représentations (ibid., p. 172).
29 S. Chena, « Portée et limites de l’hégémonie algérienne dans l’aire sahélo-maghrébine », Hérodote, no 142, 2011, p. 108-124.
30 Le projet de loi type a été examiné et adopté lors du Sommet d’Addis-Abeba en janvier 2011 (Décision 338) ; la réunion préparatoire avait eu lieu en décembre 2010 à Alger au CAERT (Union africaine (UA), Assembly/AU/Dec. 338(XVI) « Décision sur le rapport du Conseil de paix et de sécurité relatif à ses activités et à l’état de la paix et de la sécurité en Afrique. Doc. Assembly/AU/5 (XVI) », in UA, Décisions, déclarations et résolutions, Conférence de l’Union, seizième session ordinaire, 30-31 janvier 2011, Addis-Abeba (Éthiopie), p. 17). Ce centre est à la fois un cadre d’analyse propre à l’UA et un outil de diffusion des représentations sécuritaires algériennes ; il fait office de boîte à idées et de lieu de rencontre entre spécialistes et officiels, plus que de centre indépendant produisant des analyses scientifiques régulières sur le thème du terrorisme.
31 Plus tard, l’Algérie a aidé au transport de troupes engagées dans l’Opération des Nations unies au Burundi (ONUB) ; celle-ci a pris le relais de la MIAB, que l’UA n’avait plus les moyens de prendre en charge, à partir de 2004.
32 S. Chena et A. Tisseron, « Violence politique et lutte contre-terroriste en Algérie », Dynamiques internationales, no 7, 2012.
33 O. Waever, « Securitization and Desecuritization », in R.D. Lipschutz, On Security, New York, Columbia University Press, 1995.
34 B. Buzan Barry et O. Waever, Regions and Powers: The Structure of International Security, Cambridge, Cambridge University Press, 2003.
35 Th. Balzacq, « La politique européenne de voisinage, un complexe de sécurité à géométrie variable », Cultures & Conflits, no 66, 2007.
36 P. Abramovici, « Activisme militaire de Washington en Afrique », Le Monde diplomatique, juillet 2004, p. 14-15.
37 D. Battistella, « L’apport de Karl Deutsch à la théorie des relations internationales », Revue internationale de politique comparée, vol. 10, no 4, 2003, p. 567-585.
38 V. Pouliot et N. Lachmann, « Les communautés de sécurité, vecteurs d’ordre régional et international », Revue internationale et stratégique, no 54, 2004.
39 Ces fonds devaient être utilisés pour développer des projets dans les domaines de la santé, de l’eau et de la formation au nord du Mali.
40 Le MUJAO est apparu à la fin de l’année 2011 et a, depuis, revendiqué plusieurs enlèvements, notamment de diplomates algériens, et attentats à Tamanrasset et Ghardaïa ; « Mali : pourquoi l’Algérie parie sur les islamistes d’Ansar Eddine », L’Express.fr, entretien avec Mathieu Guidère, 4 juillet 2012.
41 Il est intéressant de remarquer que la revue de l’armée algérienne, El Djeïch, a publié, durant l’été 2012, un éditorial affirmant la nécessité d’une plus grande prise en compte des espaces frontaliers de l’Algérie dans la définition de la politique extérieure et de défense de l’intérêt national ; implicitement, l’allusion cible non seulement la périphérie sahélienne mais également la situation en Tunisie et en Libye, où les processus de transition politique et la mise en œuvre d’une souveraineté solide des nouvelles institutions ne sont pas encore garantis. Paraphrasant ce texte, un journaliste écrit : « Ce qui impose, selon la même source, d’accorder le plus grand intérêt aux pays voisins et aux zones limitrophes et de suivre ce qui s’y passe sur le plan sécuritaire en les aidant à maintenir la sécurité et la stabilité […]. Il est considéré que le concept de sécurité nationale a évolué pour englober la sécurisation de l’espace vital de l’État. » (« El Djeich s’inquiète de la situation », L’Expression, 25 août 2012.) Enfin, notons qu’Alger souhaite entamer une coopération avec la Libye pour soutenir son architecture sécuritaire et a renouvelé le commandement des régions militaires englobant ses frontières sud et est ; « Alger-Tripoli : les retrouvailles », El Watan, 17 avril 2012 ; « L’ANP change de doctrine militaire », Maghreb intelligence, 11 mai 2011.
42 En novembre 2012, l’Algérie aurait aussi fourni des armes à une armée malienne en manque de moyens pour appuyer sa volonté de reconquérir le Nord, à la suite de la visite d’Hillary Clinton à Alger (« Appui logistique à l’armée malienne : l’Algérie livre trois cargos d’armes », Malijet, 7 novembre 2012, disponible sur : <www.malijet.com/actualite-politique-au-mali/flash-info/55340-appui-logistique-%C3%A0-l%E2%80%99arm%C3%A9e-malienne-%3A3Al%E2%80%99alg%C3%A9rie-livre-trois-carg.html>).
43 J. Nye, Soft power. The means to success in world politics, New York, Public Affairs, 2004.
44 S. Mazzella (dir.), La mondialisation étudiante. Le Maghreb entre Nord et Sud, Paris, Karthala, 2009.
45 « Le quotidien difficile des étudiants africains en Algérie », El Watan, 8 août 2010.
46 A. Bensaâd, « L’immigration en Algérie. Une réalité prégnante et son occultation officielle », in A. Bensaâd (dir.), Le Maghreb à l’épreuve des migrations subsahariennes. Immigration sur émigration, Paris, Karthala, 2009.
47 S. Chena, « L’asile au Maghreb. Quelle reconnaissance pour les exilés subsahariens ? », Les Cahiers du CREAD, no 97, 2011.
48 Le président Bouteflika occupe lui-même le poste de ministre de la Défense et dispose d’un ministre délégué, qui est depuis 2005 le général-major Abdelmalek Guenaizia.
49 « Bouteflika octroie de nouvelles prérogatives à Guenaizia », Tout sur l’Algérie, 28 novembre 2011 ; Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire, no 60, année 51, mercredi 15 Dhou El Hidja 1433, correspondant au 31 octobre 2012, p. 4-5.
50 S. Haddad, « Entre volontarisme et alignement : quelques réflexions autour de la politique africaine de l’Algérie », Dynamiques internationales, no 7, 2012.
Auteur
Diplômé de Sciences-Po Bordeaux, où il occupe actuellement un poste d’attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER), et docteur en science politique de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est également rédacteur-adjoint de la revue en ligne Dynamiques internationales. Il travaille entre autres sur les relations entre l’Algérie et son environnement immédiat.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
The Asian side of the world
Editorials on Asia and the Pacific 2002-2011
Jean-François Sabouret (dir.)
2012
L'Asie-Monde - II
Chroniques sur l'Asie et le Pacifique 2011-2013
Jean-François Sabouret (dir.)
2015
The Asian side of the world - II
Chronicles of Asia and the Pacific 2011-2013
Jean-François Sabouret (dir.)
2015
Le Président de la Ve République et les libertés
Xavier Bioy, Alain Laquièze, Thierry Rambaud et al. (dir.)
2017
De la volatilité comme paradigme
La politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de l'Inde et du Pakistan dans les années 1970
Thomas Cavanna
2017
L'impossible Présidence impériale
Le contrôle législatif aux États-Unis
François Vergniolle de Chantal
2016
Sous les images, la politique…
Presse, cinéma, télévision, nouveaux médias (xxe-xxie siècle)
Isabelle Veyrat-Masson, Sébastien Denis et Claire Secail (dir.)
2014
Pratiquer les frontières
Jeunes migrants et descendants de migrants dans l’espace franco-maghrébin
Françoise Lorcerie (dir.)
2010