Table des matières
Pierre Delcambre
Préface
Chapitre 1. L’éthique d’entreprise : un nouvel ensemble idéologique mobilisateur ?
- L’éthique et la RSE : questions de régulation
- Définition du terme de « régulation »
- Du paternalisme à la RSE
- La RSE et l’éthique comme réponses aux dysfonctionnements sociaux
- Les nouvelles justifications du capitalisme
- L’éthique au secours de la crise du sens de l’activité économique
- Un processus de déconflictualisation des relations
- Restaurer la confiance et anticiper les situations critiques
- L’éthique et la RSE comme nouveaux systèmes de régulation et comme espaces inédits de socialisation
- Les discours de l’éthique et de la RSE comme forme d’engagement souple
- La généralisation des formes frivoles et inconsistantes
- Ouverture théorique : les écrits et leurs auteurs
- L’éthique d’entreprise s’objective dans des écrits qui sont l’œuvre d’individus
- La communication et ses tâches d’écriture comme nouveau champ d’investigation
- Conclusion
Chapitre 2. Une étude monographique : le cas de la charte de la diversité dans les entreprises
- Introduction
- La charte de la diversité : éléments succincts de présentation
- La question de la diversité vue par les chefs d’entreprises : exposé des motifs
- D’une logique de justice vers une logique économique
- Une forme de « réductionnisme économique » ?
- De la lutte contre les discriminations à la promotion de la diversité
- La charte de la diversité est un discours d’engagement
- Qu’est-ce que s’engager ?
- Les critiques envers l’action publique en matière de lutte contre les discriminations
- Pourquoi réaliser une monographie ?
Chapitre 3. L’étude des discours d’engagement à l’épreuve de la sociogénétique des textes
- Introduction
- Hypothèse : étudier les rapports sociaux au fondement du texte
- De l’intérêt d’analyser les dynamiques sociales qui mènent à la production des discours
- Les limites des études formelles des discours
- Observer les dynamiques concrètes de production des discours
- Identifier la trajectoire sociale d’un texte pour comprendre les dynamiques organisationnelles
- L’initiative de produire collectivement une charte est une conquête, mais une conquête qui peut « avorter »
- Les acteurs sont tenus à réaliser des arbitrages classiques
- Filiations théoriques de la sociogénétique des textes
- La génétique textuelle : étude des traces, des ratures et des reformulations
- Recueillir l’ensemble des versions et procéder à une analyse contrastive
- L’étude des écrits au travail
- Présupposés de l’étude des écrits au travail
- Les caractéristiques de l’écrit et la spécificité de l’objet « charte »
- Écrire pour avoir « empire » sur son initiative
- Le caractère concret du geste d’écriture
- L’écriture suscite des processus de réflexivité
- Les rapports sociaux au fondement de l’écrit sont bridés par les normes professionnelles
- L’écrit est le mode privilégié de l’administration de la preuve
- La charte est un objet qui ne dure pas
- L’efficacité symbolique de l’écrit : construire la crédibilité des engagements
- Le registre de la promesse et du conditionnel
- L’écrit produit de la crédibilité
- Des écrits comme prétexte d’une mise en relation des acteurs d’entreprises
- L’écriture prise dans des rapports de pouvoir
- Les écrits à la lumière des rapports de pouvoir
- Repérer le « dispositif d’écriture »
- Conclusion : la charte comme analyseur de l’action
Chapitre 4. Étudier les traces écrites des activités passées : éléments méthodologiques
- La charte sous l’angle de son processus d’élaboration
- Le corpus de documents produits au cours de l’action : reconstituer les dynamiques relationnelles entre les acteurs
- Une méthodologie familière pour les historiens : mettre au jour ce qui subsiste du passé
- Procéder à une reconstitution problématique et toujours incomplète
- Ne pas céder à l’illusion du « fait brut »
- La parole sollicitée : l’apport des entretiens semi-directifs
- Étudier la dimension subjective et intersubjective de l’initiative
- Enregistrer des anecdotes qui aident à « faire parler » les traces
- Le rapport au terrain dans le cadre des organisations de lobbying
- Se laisser surprendre par le terrain
- Construire une compréhension distanciée et critique de l’objet
- Les contraintes spécifiques de l’étude de la charte de la diversité
- La difficulté à se faire accepter par les interlocuteurs de terrain
- Les contraintes de temps propres sur les plans pratiques et théoriques
- La rareté des matériaux recueillis sur le terrain
- Quel est le statut de ces documents ?
- Situations d’échanges protégées versus non-protégées
- Conclusion
Chapitre 5. La charte comme objet discuté : genèse du document et étude des variations
- Introduction
- Les rapports publics et la charte comme instruments d’une lutte pour l’imposition du sens dans l’espace public
- Genèse de la charte : les textes qui l’ont précédée
- Le rapport « Les oubliés de l’égalité des chances » : les acteurs et l’institution
- La légitimité des auteurs
- Le contenu du rapport
- La formulation de propositions pour faire face au problème des discriminations
- Parmi ces propositions : l’élaboration d’une « charte de la diversité »
- Le rapport est discuté au sein de l’Association Française des Entreprises Privées
- Le rapport de Claude Bébéar : « Les entreprises aux couleurs de la France »
- Promouvoir l’autorégulation des entreprises sur la question de la diversité
- Les versions intermédiaires de la charte de la diversité
- La première version de charte (01/03/2004)
- La seconde version de charte (30/04/2004)
- Troisième version de charte : imprimée le 26 mai 2004 et négociée au sein de l’AFEP
- Adoucir les formulations pour éviter les conflits
- Quatrième version de charte du 21 juillet 2004
- La cinquième version de la charte du 24 août 2004
- Enseignements tirés de l’étude des variations de la charte
- Un collectif « joueur »
- L’évitement du conflit
- L’espace de communication est un « espace de perception mutuelle »
- Des remaniements destinés à effacer les conflits potentiels
- La charte n’est pas un texte immuable
- Évitement des termes relevant du langage syndical
- Un collectif fragile et non protégé
- Les acteurs souffrent de l’détermination
- Inciter les acteurs à aller « au bout » du processus
- Les chartes transcendent l’espace des médiations traditionnelles
- Une écriture publique qui contraint la créativité du collectif
- Une prise de parole politique
- Conclusion
Chapitre 6 Le moment de la signature : comment les chefs d’entreprises célèbrent-ils leurs engagements ?
- L’avant-signature : comment le collectif se prépare en vue de la signature
- L’annonce de la signature
- Qui prendra la charge de l’animation de la charte ?
- Le moment de la signature : le fantasme d’une communauté de pratiques
- Les cérémonies de signature comme dispositif discursif et interactionnel de mobilisation des acteurs
- L’omniprésence de la métaphore religieuse
- La métaphore religieuse pour aider à ce qu’une « unité » entre les chefs d’entreprise se forme
- La cérémonie de Lille, le 29 janvier 2005 et sa dimension symbolique
- La séquence préliminaire : un rite de purification avant la signature
- La symbolique de la nouvelle naissance
- Célébrer pour lutter contre l’oubli
- La séquence de transition : pendant le geste de signature
- La signature comme engagement physique et moral
- Séquence post-liminaire : un rite d’agrégation et de réconciliation
- L’agrégation
- Les efforts de réconciliation
- La cérémonie comme réponse aux angoisses liées à la rivalité économique ?
- La charte pour apaiser la violence potentielle entre les entreprises et la communauté sociale
- Conclusion
Chapitre 7. Suivre le mouvement des acteurs : transformations organisationnelles lors de l’après-signature
- Introduction
- La « fragilité » au cœur de l’étude des organisations
- Les situations conflictuelles sont propices à une reconfiguration ou à une confirmation de la structure
- Le remaniement ministériel et le recrutement de Laurence Méhaignerie en tant que conseillère technique (juin 2005)
- La création d’un « secrétariat général de la charte de la diversité » subventionné par le Fasild
- L’avenir professionnel de certains acteurs tributaire de la capacité de la charte à durer
- Un ministère en quête de légitimité : quand Azouz Begag rejoint le collectif
- Les propositions d’Azouz Begag au Conseil des ministres (Novembre 2005)
- La charte de la diversité comme point d’appui pour penser les politiques publiques en matière de diversité
- Objectif prioritaire du ministère : Augmenter de façon exceptionnelle le nombre d’entreprises signataires
- L’organisation du Tour de France de la Diversité
- L’organisation du Tour de France de la diversité pour généraliser la signature de la charte
- L’organisation du Tour de France et l’apparition de nouveaux acteurs
- Une crise dans la propriété de la charte : un moment sensible de l’initiative
- La création de l’association « entreprise et diversité » pour contester la mainmise du ministère sur l’initiative.
- La réaction des acteurs face aux conflits
- La réunion du 15 février 2007 : proposition d’une nouvelle organisation pour désamorcer le conflit
- La réunion du 7 mars 2007 à l’ANDCP : la rupture officielle
- La lettre de Françoise Cocuelle à Azouz Begag
- Les premières réunions du « comité d’orientation » puis du « comité opérationnel (20 mars et 9 mai 2007)
- Perspectives
- L’intérêt méthodologique d’analyser les détails de l’action
- Le rôle fondamental de l’écriture pour donner vie à l’initiative
- L’écriture est un indice pertinent de la redistribution des rapports de pouvoir
- Les « déplacements » des acteurs
- La place de commanditaire
- La place d’autorité de légitimité
- La place d’autorité de validation des écrits
- La place de tuteur
- La place d’écrivant
- La ou les sources
- Le destinataire
- Le porte-parole
- Les places sont négociées
- Expliquer les conflits : le problème de la personnification du mouvement
- Les traces de la personnification, puis de la dépersonnification du mouvement
- Une mise en crise du processus de dépersonnification suite à l’arrivée d’Azouz Begag dans l’initiative
- Un conflit non strictement organisationnel mais aussi idéologique
- Du collectif à l’agrégat : le problème de la généralisation du mouvement
- Du collectif à l’agrégat
- L’agrégat comme signe manifeste de la puissance du mouvement ?
- Les tendances contradictoires propres à la forme agrégat
- La charte comme catégorie d’événement au moment de la signature
Chapitre 8. De la promesse à la reconnaissance
- La charte comme fruit d’une « promesse »
- Un collectif qui se « place en responsabilité face à la communauté sociale »
- Un collectif qui s’engage dans l’avenir
- La promesse comme signe de la puissance du collectif des chefs d’entreprises
- Légèreté de la promesse
- Un collectif avide d’identité
- La charte annonce les prémisses d’une nouvelle unité possible
- Concession ou promesse ?
- Les chartes et la perte de puissance du dialogue social
- Un point d’appui théorique autour de l’école de Francfort
- Une culture non autoritaire de la concertation
- Les limites de l’approche habermasienne
- Utilité du concept de « reconnaissance » (Honneth, 2006, 2007) pour analyser la charte de la diversité
- Le repli sur soi des chefs d’entreprises est une forme concrète de mépris
- La portée heuristique du « principe de reconnaissance »
- Les chartes témoignent-elles d’une évolution défectueuse du dialogue social ?
- Conclusion
