Montalembert, du portrait à la caricature
Esquisse d’une étude iconographique
p. 225-248
Texte intégral
1Du château de Maîche, le 10 juillet 1863, Charles de Montalembert écrivait à son beau-frère Xavier de Mérode : « Je ne suis pas à même de répondre au désir de votre journaliste papalin de Florence, relativement à ma photographie, car ladite photographie n’existe pas. Il n’y a que la reproduction d’une vieille lithographie de moi, faite il y a bientôt vingt ans, et où j’ai l’air d’un séminariste devenu acteur : personne au monde ne me reconnaît aujourd’hui, en voyant cet ancien portrait : et j’ai toujours tenu à ce qu’il n’y en eut pas d’autre. N’ayant à ma portée que des distinctions négatives, je mets celle de n’être point photographié sur le même rang que celle de n’être point décoré de la Légion d’honneur…1 » Cette confidence, non dénuée d’une pointe d’amertume, résume bien l’indifférence de Montalembert pour la représentation de son image physique, et pour la question de sa diffusion. De ce désintérêt découle une situation paradoxale : Montalembert fut l’une des principales figures de son époque, et nous ne disposons, pour nous la représenter, que d’une iconographie limitée. Certes, nous parlons d’un temps où le portrait demeurait l’apanage des élites, où la photographie était encore balbutiante. Pourvu qu’ils n’aient fait l’objet ni de lithographie, ni de caricatures de presse, les hommes publics les plus célèbres de la Monarchie de Juillet étaient, aux yeux de leurs contemporains, de quasi inconnus. Un exemple significatif à cet égard est fourni par Victor Hugo dans ses Choses vues : pair de France enquêtant sur la peine de mort, il est une des grandes voix de la littérature et de la politique de son temps. Pourtant, lorsqu’en septembre 1846 il se rend à la Conciergerie, alors prison, pour en effectuer la visite, il doit se nommer et présenter sa médaille de pair ; « Je suis Victor Hugo » : ce nom sonore, plus puissant qu’une image, opère comme un sésame. Immédiatement, les portes s’ouvrent devant l’auteur bien connu de Notre-Dame de Paris. Quarante années plus tard, de par la multiplication des lithographies, caricatures, photographies, pareille scène n’aurait plus été imaginable, tant l’auteur à barbe blanche des Misérables s’était mué en statue du commandeur de la République en marche. En 1848, il est encore possible à Montalembert de s’attabler au café d’Orsay près de dîneurs qui ne le reconnaissent pas, et le traitent de « charlatan ». Variation autour du portrait de Montalembert, essai d’iconographie, cette étude se double donc d’une réflexion sur les représentations plastiques d’un homme politique engagé dans la vie parlementaire de son époque, sur ce qu’elles révèlent de lui, et sur les stratégies qu’elles recouvrent.
Images de circonstance
2Les portraits de circonstance, dans leur fugacité, permettent de se faire une idée du caractère d’un modèle. Pour l’homme public comme pour l’homme privé, la fabrique des images s’opère d’abord au sein de la famille. En ce début du xixe siècle, le jeune Charles de Montalembert ne déroge pas à la règle. La plus ancienne représentation que l’on possède de lui est une aquarelle peinte par son grand-père écossais, James Forbes. Elle remonte à la première enfance anglaise. Artiste de talent, on sait que M. Forbes avait rédigé pour l’éducation et le divertissement de son petit-fils des Oriental memoirs, souvenirs de ses voyages aux Indes constitués de textes mais aussi de dessins et de collages, gravures prises dans d’autres livres et coloriées pour les besoins du propos. En guise de frontispice, le portrait du jeune « Charles Forbes Montalembert », daté d’avril 1813 présente un petit garçon blond vêtu d’une chemise blanche à liseré bleu. Charles est alors âgé de trois ans. Sur le manuscrit original, James Forbes avait écrit en vers : « Acceptez, cher enfant, ce gage de ma tendresse. Acceptez le vœu de mon cœur et ma fervente prière. Que Celui qui veille sur votre jeunesse et peut seul la guider à travers les détours tortueux de la vie, que Dieu verse sur vous toutes ses bénédictions et toutes ses joies ! Puissiez-vous posséder la santé, la vertu, la gloire, cette noble gloire qu’on n’obtient qu’en luttant contre le joug des passions. Qu’une juste ambition fasse battre votre cœur, mais que ce cœur sache toujours battre aussi au récit des souffrances d’autrui. Que le lait de la bonté n’y tarisse jamais, que la voix de l’humble pauvreté ne vous trouve jamais insensible2. »
3Il faut attendre le 17 septembre 1816 pour rencontrer une nouvelle image du jeune Charles, de retour en France. Une aquarelle nous le montre alors donnant à manger aux ours du jardin des plantes, en compagnie de son précepteur, M. Yzier. Il porte un chapeau haut de forme et se penche avec intérêt sur la fosse aux plantigrades. Dix ans plus tard, en 1826, son premier portrait à l’huile peut être compris comme un signe des espérances que sa famille fait reposer sur lui. Il semble être l’œuvre d’une relation anglaise de la famille, « J. Morton père », dont le Journal intime inédit, malheureusement, ne fait pas mention. La redingote noire, sévère, est fermée par un foulard sombre, à la mode Charles X, laissant à peine deviner la chemise. Charles de Montalembert est alors élève au collège Sainte-Barbe, à Paris. Selon le témoignage de son condisciple Victor Duruy, « dès ce temps-là, Montalembert était, au milieu de ses camarades, ce qu’il fut toujours, pair de France ou député. Il ne jouait jamais, discourait toujours et prenait, naturellement, la première place là où il se trouvait…3 »
4Autre portrait de circonstance, un étonnant petit tableau retrouvé, probablement antérieur à 1835, le peint en pied dans ce qui fut sans doute son cabinet de travail de la rue Cassette. Il est vêtu d’un gilet brodé, que n’auraient pas renié les jeunes lions de la bataille d’Hernani, sur lequel il a enfilé une élégante robe de chambre grise à col noir. Pair esthète aux longs cheveux blonds, il pose avec nonchalance entouré d’objets précieux, manuscrit enluminé, vase chinois, plats anciens en argent ou en étain. Enfin, un dessin de Mme Augustin Cochin, née Adeline Benoist d’Azy (1823-1872), le représente sur son lit de mort, visage émacié, libéré des souffrances de la maladie.
Portraits « officiels »
5De Montalembert dans son âge mûr, on connaît deux portraits à l’huile. Celui de Pierre-Auguste Pichon (1805-1900) date de 1879, soit neuf ans après la mort du modèle. Élève d’Ingres, spécialisé dans les sujets religieux, Pichon répondait à une commande du château de Versailles pour le musée de l’histoire de France. Aussi, le seul grand portrait de Montalembert effectué de son vivant est celui du peintre américain George Peter Alexander Healy (1813-1894). Élève du baron Gros et de Thomas Couture, celui qui allait devenir le plus fécond des portraitistes américains avait séjourné en France à de nombreuses reprises, à partir de 1834. Né à Boston, mais d’origine irlandaise et catholique, il s’était fait connaître dès la fin de la Monarchie de Juillet en peignant des personnalités comme François Guizot, Adolphe Thiers, Franz Liszt, mais aussi le roi Louis-Philippe, qui avait contribué à le lancer. Par la suite aux États-Unis, Healy devait se rendre célèbre par ses portraits de présidents – Lincoln, Grant – aujourd’hui conservés dans les collections de la Maison Blanche. Pour Montalembert, l’enjeu était de produire une image destinée à la postérité sous la forme d’un « portrait de famille ». Healy travaillait vite. À en croire le Journal, le portrait fut réalisé entre le 13 avril et le 4 mai 1855. Les séances de pose ont eu lieu les 13 avril, 18 avril, 25 avril, 27 avril – « séance interminable chez Healy pour mon ennuyeux portrait », 28 avril, 30 avril – « séance ennuyeuse chez le peintre Healy » – 1er mai et 4 mai. Le laconisme du commentaire laisse penser que le peintre et son modèle s’en tenaient à des rapports purement mondains. Le 1er mai, Montalembert se montre plus précis quant à son sentiment général : « Séance au peintre Healy pour mon ennuyeux portrait qui a on ne peut plus mal réussi ». Les séances de pose sont terminées le 4 mai : « Je vais chez le peintre Healy avec Anna qui trouve mon portrait décidément détestable et qui a bien raison »…
6D’autres représentations de Montalembert méritent d’être signalées. Par la sculpture, tout d’abord : un buste taillé dans le marbre, par Henri Chapu (1833-1891), à qui l’on doit également le tombeau de Mgr Dupanloup dans la cathédrale d’Orléans (1886), se trouve en deux exemplaires, au château de la Roche-en-Brenil, et à l’Académie française, dans la salle dite « des Cinq académies ». Le 30 janvier 1874, sur une idée d’Augustin Cochin, ce buste avait été offert par les amis de l’orateur à sa veuve et à ses filles. À cette occasion, le comte de Falloux avait préparé une petite allocution, qui fut lue par son gendre Rességuier : « … le souvenir de M. de Montalembert ne peut s’effacer de la mémoire d’aucun de ceux qui l’ont connu ; mais nous avons été jaloux de transmettre la fidèle image de ses traits à l’avenir, qui lui gardera certainement la même admiration et peut-être plus de reconnaissance encore que ses contemporains4. » Accompagnées d’une citation du Livre des Macchabées5, les armoiries de l’ancien pair de France étaient encadrées de devises choisies par lui et sa femme : « Pour l’âme et l’honneur », « Ne espoir ne peur ». Elles étaient soulignées de l’inscription suivante : « Les amis du comte de Montalembert à sa veuve et à ses enfants en témoignage du culte fidèle qu’ils gardent à sa mémoire. » Dans son discours, Falloux ajoutait : « nous avons fait graver, à côté des deux inscriptions, le nom des souscripteurs, parce que cette liste est elle-même un hommage exceptionnel ; comme l’éloquence de M. de Montalembert fut consacrée à ce qu’il y a de plus universel au monde, la religion, universelles aussi furent l’admiration et l’affection qui lui étaient vouées. Toute l’Europe chrétienne se rencontre ici ; les partis qui divisent malheureusement la France s’y confondent dans un intime accord. L’Angleterre et l’Irlande, la Pologne et l’Italie, l’Allemagne et la Hongrie, ont apporté le tribut de leurs esprits et de leurs âmes d’élite. » Les souscripteurs étaient au nombre de 66. On y lisait les noms des fidèles de toute une vie, Léon Cornudet, Mgr Dupanloup, Rio, Cochin, Falloux, Albert de Broglie (alors ministre de l’Intérieur) ou Théophile Foisset, de compagnons de luttes tels que Dufaure, le comte Daru ou Ludovic Vitet, mais aussi de la jeune génération des catholiques libéraux, le vicomte de Meaux son gendre, les frères Lacombe, Léopold de Gaillard. Singulièrement, l’Église n’était représentée que par un évêque ami, celui d’Orléans, et par trois religieux, un dominicain (Chocarne), un jésuite (Matignon) et un oratorien (Perraud), représentants de leurs ordres. Point de bénédictin pour l’auteur des Moines d’Occident ; en revanche, la veuve de Frédéric Ozanam avait tenu à verser son obole. Parmi les étrangers, deux gentilshommes hongrois, les comtes Karolyi et Apponyi, la princesse Wittgenstein, qui avait été l’amie de Franz Liszt, une phalange d’Anglais, au premier rang desquels on remarquait les noms de l’ancien premier ministre William Gladstone – alors chancelier de l’Échiquier-, de lord Granville, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, ou du duc de Norfolk, un petit carré de Polonais enfin, dont les princes Czartoryski et Lubomirski, les comtes Plater et Zamoyski. Un an plus tôt, l’œuvre de Chapu avait été présentée au Salon : « Le buste de Montalembert est d’un sentiment distingué », avait écrit le critique de la Revue des deux mondes, d’une facture consciencieuse et fine ; mais il nous semble que l’artiste a mal rendu le caractère et la physionomie de l’illustre orateur. C’est un Montalembert pieux, rêveur, sentimental, au regard limpide, levant les yeux au ciel ; ce n’est pas le Montalembert militant, passionné, énergique, parfois sarcastique et amer, mais aussi franc et aussi généreux dans ses affections que dans ses haines, celui enfin que nous avons connu. M. Chapu l’a bien amoindri en lui prêtant son propre génie, et en donnant à cette mâle figure la douceur attendrie d’une jeune communiante…6 » Dans le cercle des parents et amis, voire des sympathisants de ses causes de prédilection, ce buste de Montalembert fut assez largement diffusé sous forme réduite, en plâtre. En 1909 par exemple, le musée national polonais de Rapperswil, canton de Saint-Gall en Suisse, en possédait un moulage dans ses collections.
7Autre effigie notable de Montalembert, celle qui fut réalisée sous forme de vitrail par Edouard Didron (1836-1902) pour l’église de la Roche-en-Brenil. Dans cette verrière dédiée à Sainte Elisabeth de Hongrie, l’écrivain est représenté à genoux, vêtu d’une ample coule, offrant son livre à la façon des donateurs du Moyen Age. Neveu de l'archéologue Adolphe-Napoléon Didron, le maître verrier s'est manifestement inspiré d'un profil de 1844 par le graveur en médailles Joseph Dantzell (1805-1877).
Lithographie
8En ce premier xixe siècle – celui qui précède l’avènement de la photographie –, différentes techniques permettent de diffuser une image, tant dans le cercle privé qu’en direction du public. Signalons la gravure au physionotrace, qui connaît ses dernières années dans la jeunesse de Montalembert ; si l’oncle fortificateur a fait l’objet d’une telle représentation – de même que son portrait par Quentin de Latour avait fait l’objet d’une gravure d’interprétation par Augustin de Saint-Aubin –, il semble que cela n’ait été le cas ni du comte Marc-René, père de Charles, ni du jeune défenseur de l’école libre. De fait, au tournant des années 1830, le physionotrace, qui continuait à se répandre aux États-Unis, était passé de mode en France. En revanche, le visage de Montalembert sera diffusé dès son entrée en politique grâce au procédé qui s’est imposé dans les premières années du xixe siècle : la lithographie.
9Quatre portraits lithographiques en particulier permettent de suivre l’évolution de l’image de Montalembert. Le premier d’entre eux, par Zéphyrin Belliard (1798-1861), date très probablement des années qui suivent le procès de L’Avenir à la Chambre des pairs, en 1831. Sa légende est laconique : « de Montalembert ». « Une lithographie qui me le montre à vingt ans est décevante, écrivait François Mauriac : ces cheveux longs et plats, cette figure un peu grasse… Mais sans doute est-ce la faute de l’artiste, qui n’a point vu l’expression d’ange de ce visage7. » Une autre estampe, un portrait de trois quarts édité par Rosselin et imprimé par Auguste Bry, date probablement de la même époque. Est-ce celle où Montalembert se trouve des airs de « séminariste devenu acteur » ? Vient ensuite un portrait dû au peintre polonais Jozeph Symon Kurowski, avec pour légende : « Le comte de Montalembert. Pair de France. » La main dans le gilet, il a le regard assuré de celui que son âge autorise enfin à s’exprimer à la tribune. La gracieuse majesté de ce portrait contraste avec le sérieux un peu raide, non exempt d’une certaine tristesse, de la lithographie de 1849. Pour Montalembert, c’est le temps de la maturité, mais aussi de l’incertitude. Il ne s’agit plus du portrait d’un pair de France par droit héréditaire, mais bien de celui d’un député de l’Assemblée constituante, représentant du peuple élu au suffrage universel par les citoyens du département du Doubs. Éditée dans le cadre de la « Galerie des représentants du peuple », cette estampe a été réalisée d’après nature par Pierre Patout, pour l’imprimerie Lemercier, sous la direction du lithographe Pierre-Emile Desmaisons (1812-1880). Le 2 décembre 1848, Montalembert note dans son Journal une séance de pose à laquelle il se rend en compagnie de son ami Amédée Thayer, gendre du général Bertrand. Le public pouvait se procurer ces planches – dont la diffusion n’excédait pas quelques milliers d’exemplaires – à Paris chez les marchands éditeurs Basset, 33, rue de Seine, et Goupil, Vibert, 19 Boulevard Montmartre. On peut regretter que Charles de Montalembert n’ait pas fait l’objet d’un portrait gravé par le dernier des grands burinistes, Claude-Ferdinand Gaillard comme ce fut le cas pour nombre de grandes figures catholiques. En effet, contrairement à dom Guéranger, au vicomte de Melun, à l’évêque de Poitiers Mgr Pie, ou encore Mgr Xavier de Mérode son beau-frère, Montalembert n’appartenait pas à l’école intransigeante, dont ce forcené de la gravure au burin, également tertiaire de Saint-François, était un partisan inconditionnel.
Photographie
10Si la photographie fait son apparition dès 1839, on ne connaît pas de daguerréotype de Montalembert. En revanche, le 10 mai 1858, Montalembert, en visite à Londres, fait mention dans son Journal d’une « séance photographique ennuyeuse chez Maul (sic) et Polyblank ». Depuis 1856, le photographe Henry Maull (1829-1914) était associé à l’imprimeur lithographe George Henry Polyblank. Pendant 41 mois, ils publièrent par souscription une série intitulée Photographic portraits of living celebrities. Chaque portrait était accompagné d’une courte biographie et pouvait également donner lieu à interprétation et publication sous forme de gravure dans l’Illustrated London News, le premier hebdomadaire magazine illustré de l’histoire. Les 40 personnalités choisies appartenaient aux principaux domaines de la vie sociale : historiens comme T. B. Macaulay, hommes politiques comme William Gladstone, hommes d’Église, comme le cardinal Wiseman ou le docteur Sumner, archevêque de Cantorbery, ou encore explorateurs, tel David Livingstone. Publié en février 1859, le portrait du « comte de Montalembert » est le seul de la série à représenter un non-Britannique, français en l’occurrence. Depuis quelques années, Montalembert multipliait les visites outre-Manche, renforçant ses liens avec les notables catholiques, mais aussi avec une bonne partie de l’élite anglaise. Son ouvrage De l’avenir politique de l’Angleterre, publié en 1856, a achevé de le poser en analyste du royaume. Sur la photographie, l’ancien pair de France est déjà marqué par la maladie de reins qui devait l’emporter : les traits tirés, les yeux froncés, la bouche amère, le dos voûté. Ce cliché peut être rapproché du portrait que le député de Paris Émile Ollivier fit de Montalembert à la suite de leur rencontre du 23 février 1858, quelques mois plus tôt : « sa physionomie est éteinte, mais gracieuse, les lignes sont molles, douces, peu accentuées, sa voix est aiguë, son accent est par moment enfantin ; c’est quelque chose entre l’enfant de chœur et le sacristain8. »
L’allure de Montalembert
11En un temps où le vêtement masculin faisait preuve d’une certaine uniformité, il n’est pas exagéré de noter chez Montalembert une volonté de se distinguer par l’apparence. Son visage, et son allure en général, ne laissent pas les contemporains indifférents. Dès ses débuts, il réunit les caractéristiques auxquelles il restera fidèle jusqu’à sa mort : redingote et gilet noirs, sévères, boutonnés jusqu’au menton, cravate noire en nœud papillon, chemise blanche à col dur. Montalembert porte le cheveu long, lissé sur le front et sur les côtés. Cette allure « romantique », « jeune France », marque les esprits, à commencer par ceux de la famille royale. Dans ses Vieux Souvenirs en effet, le prince de Joinville remarque : « Deux jeunes pairs de France aux cheveux longs, qui défilaient toujours au dernier rang de la chambre, attiraient particulièrement notre attention : Montalembert et Victor Hugo. » Le 14 janvier 1847, le même Victor Hugo se remémore Montalembert, « avec ses cheveux longs et son air anglais, doux et dédaigneux »9. Toutefois, l’apparence de Montalembert ne saurait relever d’un quelconque dandysme aristocratique, à la façon de Brummell ou du duc de Guiche. En février 1850, Eugène Loudun, du Correspondant, le décrit comme « un homme de taille moyenne, d’une physionomie placide, les cheveux longs, séparés par une raie, et jetés de côté sur son front […] Quelque chose de fin dans le profil et dans le nez, un mélange de sérénité calme et de spirituelle expression, lui donnent une certaine ressemblance avec un abbé de cour10. » Sur la photographie de Maull et Polyblank, la redingote fait penser à une soutane de clergyman, mais aussi à un vêtement de combat, à la cuirasse d’un soldat. Comme le suggère Christopher Guyver, cette façon de s’habiller peut être interprétée chez lui comme le signe d’une volonté de se glisser dans la peau des grands parlementaires qui demeurent ses modèles, les Burke ou les Grattan. Cependant, aux yeux de ses détracteurs, l’aspect clérical l’emportait. Pour les voltairiens et les radicaux, Montalembert était un « prêtre », un « jésuite », un « disciple de Loyola » (Hugo). Dans une plaquette parue du vivant de Montalembert, Eugène de Mirecourt raconte une curieuse anecdote : « Vers la fin du règne de Louis-Philippe, trois voyageurs reviennent de Compiègne dans le même wagon. L’un, âgé d’une quarantaine d’années, au visage pâle et régulier, avec de longs cheveux qui lui tombent dans le cou, est plongé dans un livre de Joseph de Maistre. À ses côtés, un capitaine de dragons dont la lèvre supérieure est ornée d’une large moustache noire qu’il relève en croc d’un air martial, et dans l’angle opposé, vis-à-vis d’eux, un jeune homme qui, le lorgnon dans l’œil, fixe le lecteur avec impertinence. – “Voyez donc la bonne tête de jésuite”, murmure-t-il, en se penchant vers l’officier. – “Monsieur, riposte, le capitaine, cette tête de jésuite est celle de mon frère, le comte de Montalembert, pair de France11.” » Lui-même aurait sans doute assumé fièrement cette flétrissure. Le 26 avril 1852, il note dans son Journal : « Lecture de l’admirable lettre du comte de Maistre au comte Potocki : “tout patricien est un prêtre laïc”. » En juin 1810 en effet, Joseph de Maistre écrivait à l’auteur du Manuscrit trouvé à Saragosse : « L’irréligion est canaille […] Le patricien est un prêtre laïque ; la religion nationale est sa première propriété et la plus sacrée, puisqu’elle conserve son privilège, qui tombe toujours avec elle. Il n’y a pas de plus grand crime pour un noble que d’attaquer les dogmes12. » Car si Montalembert possède des airs de prêtre, il n’en apparaît pas moins comme un chef de file. C’est encore Victor Hugo qui raconte l’anecdote suivante : « On dit dans l’Assemblée nationale qu’il y a quatre évêques parmi nous : Fayet, évêque d’Orléans ; Graveran, évêque de Quimper ; Parisis, évêque de Langres, et Montalembert. Les gens de la droite appellent Fayet lotificat, Graveran tœdificat, Parisis œdificat, et Montalembert Magnificat13. » Eugène Loudun, quant à lui, note que beaucoup d’hommes d’Église se plaisent à le surnommer « notre évêque extérieur »14.
12Défenseur de l’Église, du pape et des Jésuites, promoteur de la liberté de l’enseignement, Montalembert attire sur lui les foudres anticléricales. Dès avant la révolution de 1848, le National d’Armand Marrast n’hésite pas à le traiter de « cafard, d’insolent à la colère mêlé de bave et d’eau bénite ». Dans ses Choses vues, Victor Hugo note en 1849 que sur les bancs de l’Assemblée, « Au-dessous du nom de M. de Montalembert on lisait cette ligne écrite à l’encre : « De la société de Judas ». Un autre visiteur avait gravé avec un clou ou un poinçon ces deux mots sur la tablette : « Séide imbécille (sic)15. » Montalembert détonne aussi par sa combativité, non exempte d’une certaine agressivité. Alexis de Tocqueville dans ses Souvenirs politiques admire la façon dont Montalembert, en juin 1848, a parlé contre la nationalisation des chemins de fer : « Il fut vif dans son attaque, sans être aussi hargneux et aussi outrageant qu’à son ordinaire. Une certaine peur tempérait son insolence naturelle et posait des limites à son humeur paradoxale et querelleuse, car, comme tant d’autres gens de parole, il avait bien plus de témérité de langage que de hardiesse de cœur. » Sous le Second Empire, son collègue à l’Académie, Alfred de Vigny le résume de façon lapidaire : « C’est le caractère d’un homme de cœur sous les formes d’un enfant de chœur16. » Cette allure cléricale et ces traits de caractère allaient offrir une matière de choix à ce qui constitue l’envers de l’iconographie montalembertienne : la caricature.
Caricatures
13Le xixe siècle est le grand siècle de la caricature. Comme l’écrit Champfleury, « la haine des Jésuites, un mélange de libéralisme teinté de bonapartisme, la guerre de journaux à journaux engendrent (dans le domaine de la caricature) d’infinies ramifications qui font penser à l’appareil nerveux d’une pièce anatomique17 ». Pour la constitution d’un nouveau réalisme, le rôle de cette forme d’art est considérable. Les grands crayons sont nombreux : J. J. Grandville, Honoré Daumier, mais aussi Charles Vernier, Cham, ou encore Gustave Doré. Le jeune Daumier avait admiré les estampes de Goya, notamment les Caprices, et les peintures du musée espagnol de Louis-Philippe. On sait que le roi des Français, quant à lui, s’amusait beaucoup des portraits charges, pourtant féroces, qu’Honoré Daumier publiait à son sujet dans La Caricature, le célèbre hebdomadaire créé en 1830 par le journaliste républicain Charles Philipon. Au château de Neuilly, il s’amusait à les présenter en de petites expositions à usage familial, disposant les tirages sur des fauteuils, ce qui ne manquait pas d’agacer la reine Marie-Amélie et Mme Adélaïde : « Pourquoi pas sur le trône », suggérait la sœur du monarque. « Vous feriez défiler la cour devant…18 » Fils de ce roi que l’on disait bourgeois, les princes d’Orléans étaient avides, eux aussi, de lire La Caricature dès sa parution, ce que ne manqua pas d’exploiter l’un des avocats du journal lors d’un des dix procès qu’il eut à soutenir sous la Monarchie de juillet.
14On ignore s’il arriva à Montalembert de prendre goût aux caricatures que l’on fit de lui. Il est toutefois probable qu’il en eut connaissance. Du point de vue de son image, il est significatif que le volume édité par le ministère de la Culture en 2010 à l’occasion des célébrations nationales ait choisi d’illustrer la notice biographique signée de l’historien Jean-Marie Mayeur par une caricature lithographiée d’Honoré Daumier. Tirée de la série « Actualités », elle a pour titre : « Légende de 1850. St Montalembert, renonçant à ramener les Parisiens dans le chemin de la vertu, remonta au ciel, escorté des séraphins qui avaient voulu l’aider dans sa pieuse entreprise. (Daumier Pinxit) ». Difficile de savoir s’il faut interpréter ce choix comme une marque d’infamie ou un titre de gloire… Les « séraphins » en question, monstrueuses têtes ailées, ne sont autres que Thiers, Berryer et Molé, alliés conservateurs de Montalembert à l’Assemblée législative. Pendant la période de la Seconde république, les caricatures de Montalembert furent légion : près d’une quarantaine signée du seul Daumier, de 1848 à 1851, dont Montalembert est soit le personnage principal, soit un figurant aisément reconnaissable. Par la suite, les restrictions imposées par le régime de Napoléon III à la liberté de la presse, comme l’effacement politique progressif de Montalembert, tarirent le flot. La plupart de ces lithographies furent publiées dans Le Charivari, quotidien satirique fondé en 1832 par Charles Philipon, pour pallier la disparition de La Caricature. Si Daumier fut incontestablement le plus talentueux, il ne fut pas le seul à choisir Montalembert pour cible. Charles Vernier (1813-1892), par exemple, réalisa de nombreuses charges où apparaît l’auteur de l’Histoire de sainte Élisabeth. En dehors du Charivari, « journal amusant » attendu avec impatience par un public fidèle, il était également possible de se procurer les lithographies d’Honoré Daumier sur papier blanc, à la galerie Aubert, passage Véro-Dodat. Gabriel Aubert, ancien notaire à Châlons-sur-Saône devenu marchand d’estampes, n’était autre que le beau-frère de Charles Philipon.
Le meilleur orateur… de tous les marguilliers de France
15Dans les caricatures d’Honoré Daumier (que nous choisissons de privilégier pour cette courte étude), Montalembert est couramment assimilé à la figure du prêtre, du jésuite. La série de portraits de députés intitulée « Les représentans (sic) représentés », qui s’inspirait de la « Galerie des représentants du peuple » imprimée chez Lemercier, donne le ton avec sa légende : « Montalembert, meilleur orateur… de tous les marguilliers de France ». Archétype du dévot, avec ce que cela suppose d’onctuosité et d’hypocrisie, Montalembert apparaît revêtu de son éternelle redingote noire, missel sous le bras, un petit chapeau haut de forme à la main. Dans la série intitulée « Physionomie de l’assemblée », et qui présente, sous forme de vignettes, des scènes de vie parlementaire, la lithographie du 14 mars 1850 présente « M. de Montalembert au prône de l’Assemblée nationale », et se servant de la tribune comme d’une chaire pour prêcher ses collègues. De fait, Montalembert, grand lecteur de Bossuet qu’il plaçait au premier rang de la littérature, est certainement redevable, pour sa technique oratoire, des maîtres de la prédication. Commentateur ami, Eugène Loudun, par exemple, décrit ainsi sa prise de parole du 21 juillet 1849 : « On croirait entendre Bourdaloue marquant ses deux points19. » À lire le Journal intime inédit, Montalembert lui-même était très conscient de cette filiation : « Je monte à la tribune et je débite un sermon en 2 points », note-t-il. Ailleurs, outre l’éteignoir, ses attributs le relient encore à la caricature du prêtre : mains jointes, longue soutane à rabat, auréole de petit saint. Les légendes – qui n’étaient pas de Daumier, lequel pensait qu’un dessin devait se suffire à lui-même – sont également explicites : « Saint Montalembert », « les révérends Montalembert et Veuillot », etc. Les mimiques dont Montalembert est affublé par le dessinateur sont souvent celles d’un Tartuffe grimaçant. L’ouvrage qui fit de Montalembert le rénovateur de l’hagiographie fournit matière à moquerie. Le 28 décembre 1850, la caricature intitulée « Frappez et on vous ouvrira » montre Montalembert en soutane et rabat, coiffé d’un chapeau à la Basile, un sourire mielleux sur les lèvres, frappant à la porte de l’Académie française avec l’Histoire de sainte Élisabeth sous le bras. Trois jours plus tôt en effet, il s’était décidé à poser sa candidature pour la seconde fois – en janvier 1849, battu par le duc de Noailles, il avait échoué à succéder à Chateaubriand. Il sera élu le 9 janvier 1851 au fauteuil de l’historien François-Xavier Droz.
16Sous le regard du caricaturiste, Montalembert est donc un caractère, un personnage facile à croquer. Chaque fois que Daumier cherche à représenter l’Assemblée ou le parti de l’ordre, il glisse la figure de Montalembert. C’est le cas, dans « L’Heure de la rentrée en classe » (29 septembre 1849), signalant le retour au palais Bourbon des députés élus en mai à l’Assemblée législative. Les principaux ténors de la majorité possèdent chacun leurs attributs. Au premier plan, André Dupin, dit Dupin aîné (1783-1865), président de l’Assemblée aux allures de paysan du Danube, est reconnaissable à ses gros sabots et à sa lourde cloche, ustensile dont il use et abuse en haut de son perchoir. Adolphe Thiers, qui est aussi historien de la Révolution, est campé en conventionnel empanaché, dans des vêtements trop grands pour sa petite taille. Le républicain Adolphe Crémieux (1796-1880) se distingue par sa tignasse crépue. Pierre-Antoine Berryer porte des culottes à la française, emblème du légitimisme dont il est un des principaux chefs de file. Survivant de tous les régimes, le comte Molé est signalé par le nez de polichinelle qui lui rentre dans la bouche, quand il n’est pas représenté en « Homme orchestre politique », ou qualifié ironiquement d’« espoir de notre jeune république » (Montalembert lui-même l’appelle dans son Journal « le vieux radoteur Molé »20). Jean-Martial Bineau (1805-1855), futur ministre des Travaux publics, est quant à lui présenté en sauvage. Car il suffit parfois d’un seul fait d’armes pour fournir aux dessinateurs les attributs symboliques qui donneront naissance à une caricature durable. Polytechnicien, député, Bineau s’était fait remarquer lors de la séance du 11 novembre 1848. Rapporteur de la commission rectifiée du budget, il avait ce jour-là rompu des lances avec Victor Hugo, au sujet d’une réduction du budget des Beaux-Arts. Par le même coup, il avait acquis pour la postérité un brevet perpétuel de philistin.
Éteignoirs et capucins
17S’il fallait désigner l’attribut principal de Montalembert caricaturé, on opterait sans hésitation – avec les cheveux longs – pour l’éteignoir. À l’origine, cette sorte de cône étroit et creux était l’instrument dont se servaient les sacristains pour éteindre les cierges dans les églises. Vers 1814, à l’époque de la première Restauration, les éteignoirs deviennent le symbole de la réaction cléricale, que l’on accuse de vouloir éteindre les Lumières héritées du xviiie siècle. « L’ordre des chevaliers de l’éteignoir » fait alors son apparition. L’idée en a germé au sein de la rédaction d’une publication satirique bonapartiste, Le Nain jaune. Les rédacteurs, Cauchois-Lemaire, Étienne, Merle, de Jouy se plaisaient à envoyer des brevets de chevalier de cette compagnie imaginaire aux partisans trop démonstratifs du trône et de l’autel, et ce avec la complicité amusée du roi Louis XVIII dont le scepticisme s’accommodait mal de la sensibilité ultra qui dominait au lendemain de son retour en France. Sans doute les journalistes se sont-ils également inspirés du fameux « régiment de la calotte », créé vers 1724, au temps de la minorité de Louis XV, pour discréditer les Jésuites. Parfois, l’éteignoir est utilisé au bout d’une perche, afin de compenser le nanisme (au point de vue philosophique) de la position cléricale. Une caricature magistrale du 15 août 1851 ne montre-t-elle pas Montalembert juché sur le dos d’un capucin, avec la légende : « Ils voudraient éteindre jusqu’au soleil » ? L’éteignoir peut également servir de chapeau, au même titre que la calotte du lévite, ou le galure ecclésiastique à large bord.
18Pour autant, l’éteignoir n’est pas le seul attribut de Montalembert. Il vient compléter un arsenal qui comporte également le goupillon, l’encensoir, ou encore le soufflet, destinés à souffler sur les braises des autodafés et des bûchers. À l’époque de la Restauration, une chanson anticléricale de Béranger – que Montalembert appelait « le chansonnier ignoble » – comportait ce refrain :
« Vite soufflons, soufflons, morbleu
Éteignons les lumières
Et rallumons le feu. »
19Le feu, c’est celui des bûchers de l’inquisition, que Montalembert, dans le même panier que Louis Veuillot, son ennemi catholique intransigeant, est accusé de vouloir rallumer. Le 30 avril 1851, la lithographie intitulée « Un autodafé au xixe siècle. Touchante cérémonie organisée par les révérends Montalembert et Veuillot » met en scène Montalembert attisant un feu de livres au-dessus duquel sont ficelés Euripide, Molière et Sophocle. Sans doute est-il fait ici allusion à la polémique suscitée par l’abbé Jean-Joseph Gaume, auteur en 1851 d’un ouvrage intitulé : Le ver rongeur des sociétés modernes ou le paganisme dans l’éducation. Critiquant la domination des classiques païens dans les livres de classes, l’abbé Gaume préconisait leur remplacement par des textes des Pères de l’Église. Le 16 octobre 1851, Montalembert avait écrit à ce polémiste :
20« J’ai d’autant plus le droit de m’intéresser au succès de votre généreuse entreprise que je me regarde à la fois comme votre complice et votre précurseur. Votre complice, parce que depuis quinze ans j’amasse les matériaux d’un grand ouvrage, auquel je compte consacrer les dernières années que Dieu m’accordera ici-bas et qui aura pour titre : Histoire de la Renaissance du paganisme depuis Philippe le Bel jusqu’à Robespierre. Votre précurseur parce que, dès 1833, dans un essai sur le vandalisme et le catholicisme et dans mon Introduction à l’Histoire de sainte Élisabeth, j’ai exprimé les mêmes pensées que vous sur la supériorité de l’art, de la science, de la poésie catholique, et spécialement de ce latin chrétien, créé par les Pères de l’Église et si admirablement adapté à tous les besoins intellectuels par les écrivains du Moyen Âge21. »
21Plus tard, dans une lettre du 1er août 1852 à Félix Danjou, Montalembert se montra plus nuancé : « L’exclusion à peu près absolue des auteurs classiques que vous proposez me semblerait une rupture fâcheuse et inutile avec la tradition des écoles catholiques, non pas seulement depuis deux ou trois siècles, mais depuis qu’il y a des écoles. » C’était également la position de Mgr Dupanloup.
22Les combats de Montalembert en faveur des Jésuites en particulier et des congrégations religieuses en général donnent lieu à des charges de toutes sortes. Montalembert est présenté comme l’homme du cléricalisme, mais plutôt que de Jésuites difficiles à représenter, on le dessine aux côtés de capucins, figures populaires de moines paillards, plus traditionnelles. Tantôt, une planche montre deux membres de cet ordre faisant bombance, avec la légende : « Capucinade. La pauvreté contente. Planche dédiée à M. de Montalembert ». Tantôt Montalembert, en compagnie de Veuillot, offre des clés à ces derniers lors de la « Rentrée des capucins dans leur bonne ville de Paris » (12 mars 1851). Ces lithographies sont à rapprocher d’une célèbre caricature : « Le père Gorenflot au Collège de France », publiée à l’occasion d’une suspension du cours de Jules Michelet rue des Écoles. On y voit un capucin en froc, face à un amphithéâtre désert, se piquant de délivrer un cours magistral. À cette occasion, l’historien écrit au peintre pour le remercier et le féliciter : « Je vois avec plaisir un temps où le gouvernement étant le peuple même, et devenant ainsi éducateur, fera certainement appel à votre génie. Plusieurs sont agréables, mais vous seul, vous avez des reins. C’est par vous que le peuple pourra parler au peuple ». Quant à la République, conclut-il, « elle seule est chez elle en France22 ».
23Le 24 mai 1850, Montalembert notait dans son Journal intime : « Les journaux rouges sont de plus en plus violents et perfides contre moi23. » Quelques jours plus tôt, La Voix du peuple, le journal de Proudhon, avait voué Montalembert « aux dieux infernaux de la Révolution. » Les caricatures peuvent être le reflet des duels oratoires qui opposent les différents ténors de l’Assemblée. Une caricature non publiée, probablement datée de 1849, intitulée « Une gloire éteint l’autre », représente Victor Hugo coiffant Montalembert, reconnaissable à son auréole, d’un éteignoir qui lui tombe sur les yeux. Ici, l’éteignoir devient une arme, permettant d’imposer silence à l’adversaire. Les caricatures se font également l’écho des choix politiques de Montalembert : ainsi, le 21 juin 1851, « Travesti en bonapartiste » le montre avec un capucin barbu en train de ricaner, vêtu de la fameuse redingote grise et du bicorne de l’empereur Napoléon Ier, oncle du prince président Louis-Napoléon, dont Montalembert est devenu, dans le parti de l’ordre, l’un des principaux soutiens. La caricature nous renseigne aussi sur la perception que l’opinion républicaine pouvait avoir des motivations de Montalembert. Parce que l’intérêt de l’Église et la conservation de l’ordre social lui paraissent en partie liés, ses adversaires le perçoivent comme un ennemi de la République. Dans « Réapparition de la jeunesse dorée en 1851 », Montalembert est présenté en « incroyable » du Directoire, et s’exprime en éludant les « r » : « Ma paole d’honneu, il faut absolument que nous envesions demain cette épublique ». Plus tard, dans « Les principaux personnages de la comédie qui se joue en ce moment aux Champs-Élysées », une lithographie du 8 octobre 1851, Montalembert apparaît comme la marionnette du petit théâtre bonapartiste, au côté du légitimiste Berryer, également rallié, et de Ratapoil, le porte gourdin de Louis-Napoléon, inventé par Daumier pour résumer les Persigny, Rouher, Fleury et autres Saint-Arnaud…
Les Burgraves
24Sous le crayon de Daumier, Montalembert fait partie du noyau dur des « Burgraves », ces caciques de droite que la IIe République a hérité de la Monarchie de juillet, et qui formaient à travers le comité électoral dit « de la rue de Poitiers », le parti de l’ordre. Outre Montalembert, ce petit groupe était constitué de Thiers, de l’avocat légitimiste Pierre-Antoine Berryer, du comte Molé ou encore du duc Victor de Broglie, gendre de Mme de Staël. Les Burgraves, « comtes châtelains » allemands, avaient fourni en 1843 à Victor Hugo le thème d’un drame qui fut un four, et qui fit également beaucoup rire involontairement car il mettait en scène quatre générations d’aristocrates chenus, sous l’autorité incontestée de l’aïeul centenaire. Dans son Journal, Montalembert n’hésite pas à reprendre à son compte cette appellation familière en faisant référence au « burgraviat ». Le 18 décembre 1850, soit un an après l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République, il note : « Grand dîner d’anniversaire chez le président de l’Assemblée, avec le Président de la République, les grands et petits Burgraves, et le corps diplomatique. » De même, le 26 janvier 1853, alors qu’il est reçu avec honneur dans la très catholique et toujours libérale Belgique, il remarque : « Je suis traité comme un burggrave (sic) avant la chute24. » Chez Daumier, les Burgraves résument à travers leurs personnes les forces conservatrices qui s’opposent encore à l’enracinement de la république et de ses idéaux démocratiques. Les 18-19 avril 1851, « les Burgraves allant en guerre », harnachés en chevaliers donquichottesques – on sait que Daumier était grand amateur du roman de Cervantès –, prennent pour cible l’urne du suffrage universel en guise de moulin, cette même urne que dans une autre lithographie le quatuor, baptisé « Les Aveugles », ne parvient pas à embrasser en une étrange partie de colin-maillard. Déjà, le 13 mai 1850, une caricature présentait « Les Burgraves ornant de quelques fleurs la statue de la République » ; tout naturellement, Montalembert était préposé au maniement de l’encensoir…
25Alors que depuis 1849 l’Assemblée vote une succession de lois sur la presse destinées à réfréner la diffusion des idées socialistes démocratiques, le 29 août 1850, une lithographie met en scène la « Grande et terrible croisade entreprise par les Burgraves contre les journalistes ». Armés de porte-plumes, les journalistes républicains du National, du Siècle, du Charivari ou de La Patrie bataillent avec frénésie contre les représentants du gouvernement, juges en bonnet, ministres (le sauvage Bineau) ou journalistes favorables à la majorité, tels Louis-Désiré Véron (1798-1867), dit Mimi. Les hommes du parti de l’ordre se servent de massues intitulées « cautionnement » ou encore « signalement forcé », soit tout l’arsenal des mesures prises pour museler la presse. Montalembert, du haut d’une colline, semble implorer l’appui du Dieu des armées. Dans l’œuvre de Daumier, ce n’est pas la seule fois que Montalembert apparaît aux côtés du docteur Véron. Partisan de Louis-Napoléon et homme d’esprit, ce médecin fut journaliste, homme politique et entrepreneur. Directeur de l’Opéra sous la Monarchie de juillet, fondateur de La Revue de Paris, il prit à partir de 1838 la direction du Constitutionnel, dans lequel il fit paraître, entre autres, Le Juif errant d’Eugène Sue. C’est ce passé qui aiguise la verve du caricaturiste. Un article du Constitutionnel favorable aux idées de Montalembert donne lieu à une caricature intitulée « La prochaine distribution de prix à l’Académie française. 1er grand prix de vertu et de religion : Louis-Mimi-Véron ». Coiffé de son éteignoir, Montalembert y couronne le lauréat avec une expression renfrognée. Dans le Journal intime inédit, Véron apparaît pour la première fois le 7 août 1841, à l’occasion d’un voyage de Montalembert en Bretagne, au sujet du pittoresque château de Brézal : « ç’a été acheté par ce misérable Véron, directeur de l’Opéra, avec l’intention de se faire nommer député : mais les bons paysans ayant appris que c’était un homme qui faisait danser les femmes toutes nues pour amuser les Parisiens, lui ont refusé leur suffrage… » Une révolution plus tard, Le Constitutionnel, à la surprise de Montalembert, devait lui apporter plus d’une fois son soutien. Ainsi, au lendemain de son « Rapport sur le dimanche » qui se révèle un échec, et que blâment ses alliés habituels, Montalembert note « Le Constitutionnel surtout m’étonne par sa sympathie » (11 décembre 1850). Enfin, en 1857, Montalembert note le 14 janvier : « Je lis les Quatre ans de règne du docteur Véron, où il dépeint fort bien les inconvénients qui résultent du mutisme des journaux et de l’étouffement des discussions législatives. Il me traite beaucoup mieux que je ne pouvais m’y attendre de sa part, car je n’ai jamais rien fait pour lui être agréable… »
26Au-delà de leurs combats effectifs, les Burgraves incarnent une réalité abstraite, le conservatisme et la réaction. À preuve, leur sont opposés non des personnes, mais des allégories : la République, par exemple, aux seins généreux sous sa robe ample, au regard sévère. La caricature intitulée « Ce char marchera toujours » représente le char de la République et du « vote universel » à qui Molé, Thiers et Montalembert échouent à mettre des bâtons dans les roues. Le 19 novembre 1851 encore, à la veille du coup d’État du 2 Décembre, les hommes politiques conservateurs, dont Montalembert, s’agitent au pied d’une statue gigantesque de la République, avec cette légende : « Vous finirez par vous lasser, pauvres petits mirmydons ». Devant la marche inexorable de la République et de la démocratie, les Burgraves se transforment en Lilliputiens. Les 20-21 mai 1850, le suffrage universel est personnifié par un solide gaillard endormi, en bras de chemise, que la majorité conservatrice tente de ligoter. Titre de l’estampe : « Lilliputiens essayant de profiter du sommeil d’un nouveau Gulliver ». Et le 28 juin 1851, une « Panique des Lilliputiens qui ont essayé de garrotter le suffrage universel pendant son sommeil » fait écho à cette première planche. La déclinaison du quatuor des Burgraves donne lieu à une inventivité extrême : le 3 juin 1850, ils apparaissent en « moucherons politiques », attirés par la flamme d’une bougie porteuse des chiffres 24-23-22, dates de la révolution de février. Le 7 juin 1850, les Burgraves sont devenus de « nouveaux Icares », tombant comme pierres sous les rayons implacables d’un soleil frappé de l’inscription « février 1848 ». Dans « Un chemin dangereux », les Burgraves et Ratapoil sont engagés sur une mauvaise pente qui, tel un toboggan, ne peut que les entraîner au plus bas. Le quarteron apparaît également dans la série des « Idylles parlementaires », qui moque les hommes politiques transformés en personnages mythologiques, nus et ridicules, légendés en vers de mirliton. Montalembert y tète une bouteille de vin : sans doute faut-il y voir une allusion à son discours en faveur de l’impôt des boissons, lors de la séance du 13 décembre 1849.
27Par ironie, les burgraves sont également présentés comme des « saints ». La caricature se fait ici le reflet de l’alliance nouée par Montalembert avec les ténors du conservatisme libéral et parlementaire issus de la Monarchie de juillet, de tendance plutôt voltairienne, que sont Thiers ou Molé. Profitant de la peur sociale qui s’est emparée de ces grands notables devant la montée des revendications socialistes-démocratiques, Montalembert a obtenu leur soutien pour des causes catholiques, liberté de l’enseignement, défense des Jésuites, défense du Saint-Siège. Outre la caricature intitulée « Les trois petits saints », le 23 novembre 1849, Thiers et Montalembert sont présentés comme « les deux plus saints personnages de l’Assemblée nationale ». Enfin, le 4 février 1850, Molé, Thiers et Montalembert, coiffés d’éteignoirs numérotés de un à trois, dansent une farandole dans un bénitier, au milieu des éclaboussures. Titre de la caricature : « Trois saints dans un même bénitier ». Une affichette, sur le mur porte l’inscription suivante : « Les instituteurs primaires sont recommandés aux prières des fidèles. De Profundis ! » Le 11 janvier, en effet, a vu le vote de la loi Parieu sur l’enseignement primaire, qui facilite la suspension ou la révocation des instituteurs. Elle est surtout suivie, le 15 mars, par le vote du texte qui va entrer dans l’histoire sous le nom de loi Falloux25, aboutissement pour Montalembert de vingt ans de combat, et qui établit en France l’école libre.
28La dimension belliqueuse et chevaleresque de Montalembert, tant du fait de ses origines que de son comportement, est un élément notable de son image. Daumier le caricature souvent l’épée ou la lance à la main, comme dans la lithographie du 6 juillet 1850 intitulée « Grand défilé de l’armée qui vient d’être levée pour entreprendre la fameuse expédition de Rome à l’intérieur ». On sait que l’Assemblée nationale, en avril 1849, avait décidé l’expédition de Rome qui devait permettre au pape Pie IX de retrouver ses États après en avoir été chassé par une insurrection républicaine. Le 22 mai 1850, Montalembert monte à la tribune de la législative pour défendre la réforme électorale, ouvertement destinée à freiner le progrès des « rouges » en réduisant l’accès au suffrage. « Il faut donc faire, déclare l’orateur, à ce mal qui croit tous les jours, la guerre la plus énergique, la guerre que permet la Constitution, par tous les moyens que ne réprouvent pas la justice, l’honneur et les lois qui nous gouvernent. Pour résumer ma pensée dans un seul mot, je dis qu’il faut recommencer l’expédition de Rome à l’intérieur, qu’il faut entreprendre contre le socialisme, qui nous menace et qui nous dévore, une campagne comme l’expédition de Rome…26 » En caricature, les guerres sont toujours dérisoires. Ainsi, le combat de Montalembert pour rendre au culte l’église Sainte Geneviève, devenue le Panthéon, et qualifiée de « temple de l’humanité » par la seconde République : les 21-22 avril 1851, une caricature nous présente « Monsieur de Montalembert marchant à l’assaut du Panthéon afin d’en chasser les grands hommes pour y installer les capucins », entraînant dans son sillage une troupe de moines en froc. La revendication de Montalembert devait être satisfaite par un décret présidentiel paru au Moniteur et daté du 7 décembre 1851 : en ce lendemain de coup d’État, la décision apparaît clairement comme un gage donné à Montalembert, et à travers lui aux catholiques.
29Chez Daumier, les réminiscences picturales sont nombreuses. Ainsi une caricature de 1850, intitulée « Renouvelé du serment des Horaces », fait référence au célèbre tableau de Jacques-Louis David. À la place du père des Horace, c’est Adolphe Thiers qui présente des sabres à ses trois affidés du parti de l’Ordre, Molé, Berryer et Montalembert, signalé ici encore par son auréole et ses cheveux longs. Les sabres portent des inscriptions sur leurs lames : « lois contre la presse », « lois exterminatives » et « lois répressives ». Le 18 mai de l’année suivante, une caricature intitulée « les Horaces de l’Élysée » montre cette fois Montalembert à la place de Thiers, présentant non des sabres, mais des plumes à un trio de journalistes, parmi lesquels on reconnaît notamment Louis-Désiré Véron, directeur du Constitutionnel et Louis Veuillot, directeur de L’Univers, affligé d’une face de silène, le goupillon à la main. Il est à noter que sous le crayon gras de Daumier, les caricatures de Veuillot, par rapport à celles de Montalembert, se montrent beaucoup plus dures, impitoyables. À tout prendre, le caricaturiste-lithographe semble avoir eu plus de sympathie pour le catholicisme libéral de Montalembert que pour l’intransigeantisme du directeur de L’Univers.
Conclusion
30À sa façon, Montalembert a été et demeure une icône : celle du pair de France aux cheveux longs, chevalier servant de l’Église, égaré dans le siècle de M. Prudhomme ; celle du dernier des grands orateurs parlementaires, voix singulière et incarnée qui se fait entendre du haut de la tribune ; celle enfin du « Burgrave » aux allures de « jésuite ». Car l’iconographie de Montalembert nous offre le reflet original d’un homme qui dérouta ses contemporains et prêta, plus qu’un autre, le flanc aux caricatures de toutes sortes. Toute sa vie en effet, Montalembert aima se jeter à corps perdu dans la bataille, n’hésitant pas à mettre son image en danger. Cela fit de lui une cible. Pourtant, cette propension à attirer l’insulte ne saurait être attribuée à son seul caractère. Ses idées dérangèrent, tant ceux qui rêvaient de reléguer la civilisation chrétienne aux magasins des accessoires de l’humanité devenus inutiles, que ceux qui se complaisaient dans le rejet sans nuance des grands principes de la vie des peuples modernes, liberté de conscience au premier chef, achetant à bon compte leurs brevets de défenseurs de la foi.
31De tous les combattants de la cause catholique au xixe siècle, Montalembert, sans l’avoir spécialement recherché, fut certainement le plus visible, et partant le plus exposé. Cette caractéristique explique sans doute paradoxalement la méconnaissance dont il souffre encore. Elle lui confère aussi une aura singulière. Gageons que celle-ci n’a pas fini de s’étendre.
Notes de bas de page
1 Charles de Montalembert, Correspondance inédite, 1852-1879. Paris, Cerf, 1970, p. 279-280.
2 Cité et traduit par le R. P. Lecanuet, in Montalembert, tome I, Paris : Poussielgue, 1900, p. 9.
3 Henri Hauser, « Quelques souvenirs de Victor Duruy », Grande Revue, 25 octobre 1913, cité par Louis Le Guillou et Nicole Roger-Taillade en note du Tome I du Journal intime inédit, Paris, Éditions du CNRS, 1990, p. 71.
4 Une plaquette fut éditée à cette occasion : Hommage à la mémoire du comte de Montalembert, par le comte de Falloux, Paris, 1874.
5 Constituit praelia multa…
Fortis viribus a juventute sua. Machab. I et II.
6 « Le salon de 1873 », in Revue des deux mondes, 1873, tome 105, p. 886.
7 François Mauriac, Lacordaire, textes recueillis et présentés par Keith Goetsch. Editions Beauchesne, 1976, p. 24.
8 Emile Ollivier, Journal, 1846-1869, texte choisi et annoté par Théodore Zeldin et Anne Troisier de Diaz, Paris, Julliard, tome 1, p 320, cité par Louis Le Guillou et Nicole Roger-Taillade en note du tome VI du Journal intime inédit, p. 510.
9 Victor Hugo, Choses vues, Paris, Gallimard, Folio, tome 1, p. 401.
10 Eugène Loudun, « M. de Montalembert », in Le Correspondant, t. XXV, p. 591.
11 Anecdote citée par Eugène de Mirecourt, Montalembert, Paris : Gustave Havard, 1859, et restituée en ces termes dans R. P. Lecanuet, Montalembert, tome III, Paris, Poussielgue, 1902, p. 253.
12 Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre, 2e éd. Paris, 1853, tome I, p. 114-115, cité par Louis Le Guillou et Nicole Roger-Taillade en note du tome V du Journal intime inédit, p. 554.
13 Victor Hugo, Choses vues, op. cit., tome 1, p. 703.
14 Eugène Loudun, « M. de Montalembert », in Le Correspondant, t. XXV.
15 Victor Hugo, Choses vues, op. cit., tome 2, p. 215.
16 Alfred de Vigny, « Journal d’un poète », février 1852, Œuvres complètes, éd. F. Baldensperger, Paris, Gallimard, Pléiade, 1948, tome II, p. 1290, cité en note par Louis Le Guillou et Nicole Roger Taillade dans le tome V du Journal intime inédit, p. 526.
17 Champfleury, Histoire de la caricature sous la République, l’Empire et la Restauration, Paris, E. Dentu éditeur, 1877.
18 Cité par Jean Adhémar, Honoré Daumier, Paris, Pierre Tisné, 1954. Anecdote rapportée par le duc de Morny à Prosper Mérimée.
19 Eugène Loudun, « M. de Montalembert », in Le Correspondant, t. XXV, p. 591.
20 Le 1er décembre 1851, parce qu’il « déclamait à l’envi » contre le président…
21 R. P. Lecanuet, Montalembert, tome III, Paris : Poussielgue, 1902, p. 64-65. Cité par Louis Le Guillou et Nicole Roger-Taillade.
22 Lettre de Jules Michelet à Honoré Daumier, datée du 30 mars 1851.
23 Charles de Montalembert, Journal intime inédit, t. V. Edition préparée et annotée par Louis Le Guillou et Nicole Roger-Taillade, Paris : Honoré Champion, 2006, p. 261.
24 Comprendre : le coup d’État du 2 décembre 1851.
25 Alfred de Falloux n’était plus à l’époque ministre de l’Instruction publique, mais la loi avait été préparée sous sa direction.
26 Charles de Montalembert, Discours, tome III, Paris, Lecoffre, 1892, p. 380.
Auteur
Écrivain, Antoine de Meaux est l’auteur de L’Ultime désert, vie et mort de Michel Vieuchange (Paris, Phébus, 2004) et de Charles de Foucauld, l’explorateur fraternel (Paris, Points sagesse, 2008). Également réalisateur, il a signé une dizaine de documentaires pour la télévision, dont Patrick Modiano, « Je me souviens de tout… » (2007, pour la collection « Empreintes » de France 5, avec Bernard Pivot), Philippe Noiret, gentleman saltimbanque (ARTE, 2008), L’Ordre de Malte (France 5, 2011), ou encore Le Procès Céline (ARTE, 2011, avec Alain Moreau). Depuis 2004, il est membre des conseils éditoriaux de la collection Bouquins (Robert Laffont) et de la revue Nunc. Co-fondateur et vice-président de l’Association des amis de Montalembert, il a coordonné avec Eugène de Montalembert le colloque du bicentenaire de 2010 organisé au Sénat.
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Jean-François Sabouret (dir.)
2015
Le Président de la Ve République et les libertés
Xavier Bioy, Alain Laquièze, Thierry Rambaud et al. (dir.)
2017
De la volatilité comme paradigme
La politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de l'Inde et du Pakistan dans les années 1970
Thomas Cavanna
2017
L'impossible Présidence impériale
Le contrôle législatif aux États-Unis
François Vergniolle de Chantal
2016
Sous les images, la politique…
Presse, cinéma, télévision, nouveaux médias (xxe-xxie siècle)
Isabelle Veyrat-Masson, Sébastien Denis et Claire Secail (dir.)
2014
Pratiquer les frontières
Jeunes migrants et descendants de migrants dans l’espace franco-maghrébin
Françoise Lorcerie (dir.)
2010