Les institutions contemporaines à l’épreuve de la violence
p. 9-26
Texte intégral
1Cet ouvrage prend pour objet la question de la violence au sein des institutions publiques contemporaines1 : les contributions, qui le composent2, interrogent ainsi la place de la violence dans des institutions telles que l’hôpital psychiatrique, la justice, la police, la prison bien sûr, mais aussi le travail social ou l’école. Cette question des relations que diverses institutions publiques entretiennent avec la violence est aujourd’hui d’actualité. Elle est en particulier thématisée comme un « problème social » par la sphère politique : en témoignent les nombreux rapports officiels sur la violence à l’école – dont le dernier date de mars 2010 (rapport Bauer) – mais aussi sur la maltraitance des personnes âgées (rapport Debout, 2003) ou sur les violences au sein des hôpitaux psychiatriques qui ont entraîné la mise en place de l’observatoire national des violences hospitalières en 2005 ; ou encore les rapports de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, depuis 2003, sur les plaintes de citoyens à l’égard de la police. Le regard – officiel – porté sur ces questions oscille souvent entre d’une part, une analyse en terme de déclin des institutions classiques, qui seraient désormais de moins en moins capables de faire face à des violences sociales jugées inacceptables, et d’autre part, une analyse prétendant dévoiler, révéler les formes de violences (illégitimes, injustes) exercées par les dites institutions – ou plutôt par certains de leurs personnels – à l’encontre des populations prises en charge. La première analyse conduit alors à des décisions politiques visant à donner aux institutions les moyens de « reprendre en main » un social jugé par trop désordonné voire anomique, alors que la seconde analyse sous-tend en général des « entreprises morales » enjoignant aux institutions concernées de développer des modes de faire plus justes et plus respectueux des usagers.
2Dans ce contexte, que peut apporter un regard sociologique sur ces questions ? En réunissant des contributions fondées sur des enquêtes empiriques approfondies auprès de diverses institutions (et leurs relations avec différentes formes de violence), l’enjeu est de mettre au jour certaines des dynamiques propres aux institutions contemporaines, en ce qui concerne tant leurs usages que leur gestion de la « violence » / des « violences ». Les catégories de pensée, les actions, les relations institutionnelles en ce domaine sont dès lors analysées dans leur pluralité et leur éventuelle ambivalence, sans être « rabattues » sur de supposées formes institutionnelles historiques – renvoyant à un « âge d’or » des institutions largement mythique (Demailly, 2008) – ou être étudiées à l’aune d’une conception morale des relations entre institutions et violences – le mythe de l’institution « juste », par rapport auquel les institutions réelles ne peuvent être décrites que « par défaut ». C’est à cette double condition, que peuvent être renouvelés les questionnements classiques quant aux rapports entre « institutions » et « violences ».
Des questionnements sociologiques autour de la violence et des institutions
Des thèses sociologiques classiques…
3On peut considérer que la réflexion sociologique sur le rapport entre institutions régaliennes et violence s’inaugure avec la thèse weberienne d’un monopole de l’exercice légitime de la violence par les États modernes. Pour Weber, ce qui est monopolisé au cours du processus de formation de l’État moderne, ce n’est donc pas la violence, mais bien le droit à l’exercer ou à en autoriser l’exercice (Weber, 1971 : 99). Distinguant la contrainte physique de la contrainte psychique, cet auteur considère que la violence, en tant que contrainte physique, est le moyen spécifique de l’État (1919 : 125) : ainsi les policiers, tout comme les personnels pénitentiaires, sont détenteurs du monopole de la violence légitime, au sens weberien du terme. Les institutions sont alors envisagées comme des instances de régulation d’une violence en provenance du « corps social ».
4Norbert Elias (1973, 1990), quant à lui, prolongeant le point de vue de M. Weber, s’est attaché à montrer, avec sa théorie centrale du « procès de civilisation » (c’est-à-dire l’introduction de normes de civilités, de respect, de propreté), que les sociétés modernes se sont structurées à travers le monopole étatique de la violence, ce processus ayant favorisé l’euphémisation de la violence et l’apprentissage de l’autocontrôle individuel des pulsions. Dans l’évolution de la société, la violence privée a ainsi été prise en charge par l’État (l’homme ne peut plus se venger de ses semblables) et la violence légitime n’appartient plus qu’à l’État.
5Hannah Arendt va discuter l’approche weberienne en considérant qu’il existe une incompatibilité radicale entre la violence et la légitimité : la violence, selon H. Arendt, n’est jamais légitime, elle peut seulement être nécessaire, au sens où la violence institutionnelle doit se limiter à ce qui est strictement nécessaire. En effet, la violence se distingue du pouvoir ou de la force par son caractère instrumental, par le fait qu’elle demande des instruments (Arendt, 1972). La violence est donc un moyen et, comme tous les moyens, elle a toujours besoin de se justifier, tandis que le pouvoir est une fin en soi. Ce faisant, l’approche d’Arendt ouvre la voie à une perspective critique quant au rapport entre institutions et violence.
6Ainsi, assez rapidement, les sciences humaines et sociales ont eu aussi tendance à prendre pour objet d’analyse ce qu’il est convenu d’appeler la « violence institutionnelle ». On qualifie par ce terme les formes relativement floues de violences induites par le fonctionnement même de l’institution sur des personnes, qu’ils soient usagers ou professionnels, le rapport étant par nature déséquilibré entre l’institution, ce qu’elle représente, et ces personnes. Les années soixante et soixante-dix ont été marquées par la critique institutionnelle, notamment le mouvement anti-psychiatrique en Italie, qui dénonce le caractère tyrannique des institutions, qui loin de seulement protéger les populations, tendent à les contrôler. Dans cette perspective, M. Foucault (1975) a parfaitement démontré l’existence d’un mécanisme de disciplinarisation des corps. Il repère les techniques de dressage qui rendent les « corps dociles », que ce soit dans la prison, l’armée, le couvent, l’hôpital, l’école ou l’atelier. Le passage des supplices à une peine de prison n’est pas une évolution positive qui conduirait de la barbarie ancienne à une humanisation moderne, c’est simplement un déplacement, une mutation technique qui agit davantage sur les esprits que sur les corps.
7La violence peut aussi, comme l’a fait P. Bourdieu (1970), être qualifiée de symbolique, celle qu’exerce un système ou des acteurs dominants si puissants qu’ils interdisent aux dominés de produire par eux-mêmes les catégories qui leur permettraient de penser leur domination. Dans cette perspective, est qualifiée de « violence » le fait que les institutions parviennent à imposer, sur un mode légitime, aux populations (dominées), leurs définitions et leurs usages de la réalité sociale, pourtant fondés sur un arbitraire culturel : les institutions seraient donc en mesure d’élaborer non seulement la définition de l’intérêt général et de « faire le bonheur du peuple malgré lui » (en sanctionnant toute déviance, en ce domaine, des dominés), mais aussi d’édicter, par exemple, aussi bien les normes de comportement dans la sphère familiale, que les « formats » de l’excellence scolaire qui permettent, sous couvert d’une idéologie « méritocratique », d’assigner à chacun une place dans les hiérarchies scolaires, professionnelles et sociales.
… discutées par des évolutions contemporaines
8Au regard de ces thèses classiques, qui tendent soit à considérer prioritairement les institutions comme régulatrices de violences soit comme productrices de violences, la notion de violence en lien aux institutions semble aujourd’hui plus complexe. Les années quatre-vingt ont été marquées par l’affaiblissement des institutions garantes du lien social, qu'elles incarnent l'État-Providence ou qu’elles soient en charge de l’ordre et de la sécurité. Le « déclin du programme institutionnel » (Dubet, 2002) et la poussée de l’individualisme notamment ont entraîné une double critique des institutions dans leur gestion des violences : sont dénoncées à la fois l’incapacité des institutions à réguler les violences notamment à l’égard des plus faibles et l’usage abusif de l’exercice légitime de violences par des personnels tout comme d’autres formes de violences, maltraitances, humiliations au sein de ces institutions.
9Ces critiques portent dès lors sur la double dimension du lien entre violence et institutions.
10D’une part, l’État, à travers les institutions, paraît avoir du mal à réguler certaines formes de violences, anomiques, délinquantes ou liées aux difficultés de construction de soi comme sujet (Wieviorka, 2004 : 67), afin de garantir la sécurité de chacun. On peut le voir à travers les situations de violences urbaines contre lesquelles la police n’intervient pas de la même manière selon les quartiers dans lesquels elle a lieu (Lagrange et Oberti, 2006) : ceux qui subissent le plus ces violences sont aussi ceux pour lesquelles les institutions publiques, les travailleurs sociaux, la police semblent s’être le plus retirés (Beaud, 2005). On peut aussi prendre l’exemple de la violence des jeunes : entre enfance en danger et classes dangereuses, les jeunes ne sont guère protégés par les institutions scolaires, policières ou sociales (Sauvadet, 2006). Enfin, les femmes subissent des violences intra-familiales, mais aussi dans l’espace public et les institutions ont du mal tant à les prévenir qu’à les sanctionner.
11D’autre part, la légitimité de l’usage de la violence par ces dites institutions est fragilisée. Dans la violence et le sacré, René Girard (1972) soulignait le rôle joué par le rite religieux et le sacrifice pour « purifier » la violence, notamment dans les sociétés dépourvues de système judiciaire. Cet usage contemporain de la violence par les institutions paraît inacceptable. On peut trouver l’indice de cette délégitimation dans la montée en puissance des plaintes et dénonciations de mauvais traitements au sein des institutions et des discours critiques tendant à envisager la violence en institution dans ses formes concrètes d’atteintes à l’intégrité physique (coups, gifles, punitions corporelles…) et/ou morale (menaces, insultes, humiliations…) que portent des personnes, professionnels ou usagers, à d’autres personnes, professionnels ou usagers. Il y a toujours eu une face sombre des institutions, des comportements violents ou méprisants ont existé et existent encore, mais les plaintes sont restées longtemps inaudibles et personne ne semblait s’en inquiéter.
12Cette seconde approche donne lieu à un ensemble de controverses. Un premier débat porte sur la qualification même du terme de violence du fait du caractère subjectif de la violence : ce qui peut être perçu comme violent par les uns peut ne pas en relever aux yeux d’autres personnes. C’est ce qu’établit par exemple le travail de P. Merle (2005) sur les humiliations vécues par des élèves devenus adultes en montrant que les enseignants n’ont pas toujours pris la mesure de la violence exercée sur leurs élèves. Un second débat porte sur les processus d’invisibilisation de certaines violences : ainsi, on connaît davantage les violences exercées par des patients sur le personnel médical que celles des médecins sur leurs patients (Castra, 2003) ; ou encore la violence des détenus sur les surveillants de prison est davantage reportée et sanctionnée que celles des détenus entre eux ; même si celles-ci sont plus fréquentes, car elles se passent dans des cellules ou dans des lieux peu surveillés, elles sont peu reportées ni par les victimes ni par les témoins (par peur des représailles) et sont de fait peu sanctionnées (Chauvenet, Rostaing, Orlic, 2008). On pourrait ainsi continuer sans fin cette litanie.
Les axes de réflexion de cet ouvrage
13La question du rapport entre les « institutions » et la « violence » est donc un objet classique de la sociologie qu’il paraît pertinent de re-questionner au regard d’un certain nombre d’évolutions contemporaines. C’est ce que propose cet ouvrage en adoptant une posture constructiviste et pragmatique : il s’agit, à partir de données du terrain, d’analyser les situations de production ou de régulation de violence par les institutions ou au sein des institutions. Nous proposons de développer trois perspectives sur ce point.
14Une première perspective considère les institutions à la fois comme productrices et comme instances de régulation des violences. Envisager sociologiquement le rôle des institutions contemporaines face à la violence, ce n’est alors certes pas considérer cette dernière comme une réalité sociale « pré-donnée », « existante en soi », mais bien, au contraire, étudier comment différents phénomènes sociaux sont construits comme des violences nécessitant une intervention institutionnelle. Dans ce cas, comment différentes institutions définissent-elles ce qu’est un acte, une situation, un individu violent(s) et comment en viennent-elles à considérer cette violence (ainsi définie) comme devant faire l’objet d’une action de leur part ? Il s’agit ici d’être attentif aux catégories de pensée mobilisées par les institutions contemporaines non seulement pour identifier, décrire, évaluer un « acte / une situation / un individu » comme violent, mais aussi pour définir le rôle qu’elles entendent jouer face à cette violence jugée problématique. Le seul fait de ne pas répondre favorablement à une demande de reconnaissance de situations violentes ne peut-il pas être perçu comme une forme de violence institutionnelle ?
15Les réponses apportées par l’institution peuvent également emprunter des formes violentes. Dans ce cas de figure, les institutions produisent ou contribuent à produire, sous certaines conditions, des formes de violence, que ce soit « en réponse » à des actes, à des situations qu’elles perçoivent comme relevant d’une violence sociale inacceptable ou, plus généralement, qu’il s’agisse d’un mode de relation privilégié (et construit historiquement) par les institutions dans leur « gestion du social ». L’enjeu est alors de repérer les formes contemporaines de la violence institutionnelle au regard des transformations des institutions elles-mêmes : dans leurs usages de la violence, les institutions empruntent-elles toujours les formes traditionnelles de la domination ou bien assiste-t-on à un renouvellement, en lien par exemple avec ce que certains auteurs appellent le « retrait de l’État » (Bourdieu, 1993), ou d’autres des « métonymies institutionnelles » (Demailly, 2008) ?
16Une deuxième perspective étudie la capacité des institutions à faire face aux critiques sociales, dont elles font l’objet que ce soit en matière de régulation de la violence ou de production de violences institutionnelles. Il s’agit ici de mettre à l’épreuve l’hypothèse selon laquelle la « crise » actuelle des institutions ne permet plus à certaines d’entre elles de restaurer le minimum de légitimité nécessaire pour faire usage et/ou réguler la violence. De ce point de vue, les enquêtes permettent-elles de déceler une fragilisation des fondements traditionnels de la légitimité des institutions à agir sur la société et sur ses phénomènes violents ou bien encore à mobiliser leur monopole quant à l’usage de la violence ? Au contraire, peut-on repérer l’émergence de nouvelles ressources de légitimation, de nouveaux mécanismes à même d’assurer le consentement des populations ? En vue d’approfondir cette idée d’une capacité des institutions à répondre à la mise en cause de leur légitimité, l’enjeu est alors de repérer les formes d’innovations institutionnelles développées tant par les instances hiérarchiques que par les professionnels de l’institution et de les interpréter : s’agit-il de créer des dispositifs originaux, de mettre en œuvre de nouveaux objectifs permettant d’améliorer en profondeur le fonctionnement institutionnel ou ces « innovations » servent-elles surtout à combler des attentes, celles des usagers comme celles des personnels, et à apporter au moins en apparence une forme de réponse aux critiques sociales ?
17Enfin, une troisième perspective porte son regard sur la perception qu’ont les acteurs sociaux, individus ou groupes, de l’action d’une institution et de ce qu’ils ressentent comme une forme de violence à leur égard. Ainsi comment certaines populations s’y prennent-elles pour « alerter » les institutions sur des violences dont elles s’estiment victimes et jusque-là non perçues par lesdites institutions ? Par quels processus leur expérience de la violence peut-elle être reconnue par les institutions interpellées et, à l’inverse, comment les acteurs dont la plainte reste inaudible pour les institutions vivent-ils et s’accommodent-ils de cette situation ? Par ailleurs, comment des usagers en viennent-ils à considérer l’action d’une institution comme une forme de violence à leur égard, quelles formes prennent leur mécontentement et leur sentiment d’injustice face à cette violence institutionnelle et comment l’institution y fait-elle face ? Enfin, les professionnels eux-mêmes ne peuvent-ils pas s’engager dans des stratégies de résistance face à certaines consignes hiérarchiques qu’ils estiment productrices de violence institutionnelle ? L’enjeu est ici d’analyser les formes de résistances mises en œuvre par ces individus ou groupes : il s’agit pour eux de résister à ces institutions atteintes de « mégalomanie pathétique » (Douglas, 1999), dans leur projet de tout traiter selon leur programme et leurs standards.
Les apports principaux des contributions
18L’exploration de ces différentes pistes de questionnement par les contributeurs a permis d’élaborer des affirmations sociologiques transversales à diverses institutions, quant aux rapports entre des institutions publiques et des populations, sur la question de la violence. À travers des travaux issus d’enquêtes de terrain, qui n’ont guère porté sur les institutions au sens global mais davantage sur des acteurs particuliers, les différents auteurs ont étudié des formes de violences spécifiques, établissant clairement qu’il y a et qu’il y aura toujours un lien entre violences et institutions, mais en montrant la pluralité et les transformations concrètes de ce rapport entre institution et violence.
Des institutions à la fois productrices et régulatrices de violences : entre ambivalence, paradoxe et réflexivité
19Les contributions réunies dans cette partie s’intéressent toutes à la question centrale de savoir comment les institutions contemporaines jouent aujourd’hui un des rôles traditionnels qui leur est dévolu, celui de « régulateur » de violences émanant de la « société » ou des « populations » dont elles ont la charge, tout en étant elles-mêmes susceptibles de produire certaines formes de violences. Ces quatre analyses donnent un aperçu du caractère contrasté, morcelé du paysage institutionnel sur ce point, tout en repérant la récurrence des postures paradoxales et ambivalentes adoptées par ces institutions, qui doivent concilier un rôle de régulateur et un rôle de producteur de violences. Les auteurs cherchent alors à dégager les mécanismes sur lesquels reposent ces agencements institutionnels, tout comme certains de leurs effets sur les professionnels et sur les populations.
20Ainsi la contribution de Livia Velpy qui s’intéresse à l’hôpital psychiatrique montre bien ces deux dimensions de l’institution, à la fois productrice et régulatrice de violences en analysant comment la violence, une question ancienne au sein de l’asile, est devenue assez récemment dans les établissements un objet de politique publique, traitant la question des violences au travail avec les agressions par des malades comme celle des maltraitances, de la part des personnels notamment. Livia Velpry indique que l’hôpital psychiatrique est plus confronté que les autres établissements de santé à des violences, mais surtout qu’il est confronté à des définitions fort différentes du terme « violences » : la violence peut à la fois s’inscrire dans la normalité des relations de soin, considérant l’existence de faits violents comme un problème commun de la santé publique ou, au contraire, renforcer le régime d’exceptionnalité de l’institution psychiatrique, en tant que lieu d’accueil de personnes ayant des comportements violents ou faisant usage de violences par les hospitalisations sous contrainte ou par l’usage de la contention physique ou chimique. L’absence de définition précise de ce que les textes entendent par « événement grave » ou « acte violent » contribue à mettre en tension ces deux cadres d’appréhension de la violence : celui d’une violence considérée comme anormale qu’il faut signaler et qui tend alors à normaliser l’institution ou celui d’une violence normale, consubstantielle à la pathologie mentale et aux soins psychiatriques, qui continue à distinguer l’hôpital psychiatrique des autres lieux de soins.
21Caroline Touraut s’intéresse, quant à elle, à « l’expérience élargie » que les proches de détenus font de l’institution carcérale. Ce faisant, elle éclaire le rapport paradoxal entre l’institution pénitentiaire et ces populations, en matière de violence : elle décrit en effet à la fois la violence institutionnelle qui s’exerce sur les proches et l’instance de régulation des relations sociales que peut constituer la prison. Elle montre comment chez certaines familles cœxistent des formes de mécontentement liées aux contraintes que leur impose l’institution et des formes d’adhésion fondées sur les effets positifs qu’elles associent à l’incarcération d’un proche. Si la posture générale de ces familles à l’égard de l’institution carcérale prend la forme générale d’une loyauté « lardée » de moments de mécontentement, c’est bien au regard des ambivalences des institutions contemporaines : ce qu’elles conservent du socle historique du « programme institutionnel » (ici en particulier « l’idéologie correctionnaliste ») génère des formes de consentement de la part des populations, mais la fragilisation de leurs modes de faire traditionnels (ici en particulier par l’idéologie individualiste au fondement de l’injonction au « respect des personnes ») favorise l’émergence de postures critiques. Dans le cas étudié par C. Touraut, c’est l’articulation entre l’asymétrie de la relation entre l’institution et les proches, les « restes » de la légitimité traditionnelle de l’institution et les dynamiques familiales qui concourent à stabiliser la posture de loyauté des familles.
22Carolyne Grimard, dans son analyse de la prise en charge institutionnelle des SDF à Montréal, montre comment les services d’hébergement pour hommes itinérants constituent à la fois des « refuges » pour des personnes sans domicile fixe, susceptibles d’étayer un parcours vers l’autonomie et une forme de violence (contrôle des comportements, interdictions, humiliations, obligations imposées). Les « refuges » tendent ainsi, à l’heure actuelle, à « juxtaposer » des principes de légitimation de leurs interventions fortement hétérogènes. L’un, fondé sur le contrôle et la normalisation des comportements des SDF étiquetés comme déviants, est historiquement constitutif de ces institutions. L’autre, plus récent, repose sur l’enjeu de mener ces personnes vers l’autonomie, à travers des dispositifs d’aide et de soutien adaptés. Mais, pour l’heure, ces deux logiques d’action restent largement compartimentées : elles ne s’influencent pas réciproquement, les professionnels ne cherchent pas réellement à réduire leur rapport contradictoire à ces populations (normaliser versus autonomiser), et les usagers développent des pratiques, des réactions, des stratégies séparées à l’égard de chacune d’entre elles. Il semble donc qu’on ait ici à faire à la figure d’une institution « clivée », « fragmentée » qui n’effectue pas le travail (sur elle-même) nécessaire à la conciliation des principes d’action contradictoires qui sont les siens.
23Enfin, la contribution de Mélina Eloi s’intéresse à la façon dont diverses institutions du travail social (rattachées à l’Aide Sociale à l’Enfance) ont, de 1960 à nos jours, construit la maltraitance infantile comme une violence devant faire l’objet d’une intervention de leur part. L’auteur montre comment diverses transformations institutionnelles (famille, École, Droit) ont modifié le regard et les usages des institutions de la protection de l’enfance, les faisant passer de l’indifférence à l’indignation à l’égard des « violences familiales » faites aux enfants. Ce faisant, M. Eloi analyse les évolutions des interventions des institutions face à ce qu’elles considèrent désormais comme des violences provenant de la société et de certains de ses membres. Ainsi, si, auparavant, l’action institutionnelle à l’égard des « enfants maltraités » et de leurs parents a souvent été vécue par ces usagers comme une véritable violence (séparations, interdictions de visites, enquêtes sociales…), elle relève aujourd’hui de formes d’encadrement des familles ambivalentes : elles sont certes renouvelées et marquées du sceau du « travail avec autrui » (Astier, 2007), à travers le développement de l’accompagnement à la parentalité, mais restent guidées par un principe de contrôle, au nom de valeurs et de normes pensées comme universelles. Toutefois, ce n’est plus la pauvreté des familles qui justifie la prise en charge de l’enfant mais bien ce qui est institutionnellement désigné comme des formes de maltraitance (physique, morale, sexuelle) de l’enfant par des parents « en difficultés psychologiques » ; c’est donc la logique du programme institutionnel, mais sensiblement renouvelée, qui semble être à l’œuvre : les agents institutionnels restent convaincus du bien-fondé de leur intervention qui consiste, à leurs yeux, à « sauver » (même contre leur gré) l’enfant victime tout comme ses parents, auteurs de maltraitances…
Les innovations institutionnelles face aux critiques sociales
24Les textes réunis dans cette partie traitent tous de la question centrale des modalités selon lesquelles les institutions contemporaines sont en mesure de légitimer tant leurs modes de régulation de la violence des populations, que la violence dont elles font elles-mêmes preuve à l’égard des individus dont elles s’occupent. Ce qui est ici frappant, c’est que, quelle que soit l’institution étudiée (école, travail social, prison, police), des stratégies de légitimation similaires sont à l’œuvre. Pour limiter la tendance des populations, et plus largement de la sphère publique, à percevoir certaines actions institutionnelles comme une contrainte imposée aux personnes, une entrave à leur liberté individuelle (synonyme de violence pour le sens commun des sociétés modernes individualistes), les institutions combinent des principes d’action, des modes de légitimation pluriels. Autrement dit, ces institutions ont tendance à articuler étroitement leurs activités de contrôle de certaines populations (dont le principe de légitimation se trouve fragilisé) à d’autres logiques d’action (accompagnement, éducation, autonomisation…), dont la légitimité donne (parfois potentiellement) un sens renouvelé aux formes traditionnelles d’intervention institutionnelle.
25La contribution de Frédérique Giuliani permet de ne pas s’en tenir à l’hypothèse d’un déclin de l’institution (et de sa légitimité) en matière de régulation de la violence et de pointer la façon dont des institutions peuvent « traiter différemment » le problème de la violence, à partir de processus « d’autocritique ». Elle détaille ainsi comment, dans un dispositif scolaire, des professionnels développent une posture réflexive sur la question de la violence des élèves : plutôt que d’imputer cette dernière unilatéralement à la responsabilité de l’élève déviant, l’institution est ici en mesure d’interroger ses propres pratiques (et leur rôle potentiel dans la violence de certains élèves) et de les renouveler afin de désamorcer tout « scénario de violence ». Par certains aspects, on a donc affaire à une institution qui délaisse (sur un mode positif et non de regret) la posture en surplomb qui l’incitait à ne voir la source de la violence qu’à l’extérieur d’elle-même. En se pensant comme potentiellement génératrice de violence, l’institution développe des pratiques, des stratégies, des dispositifs d’accueil et de traitement des élèves qui limitent, sans jamais l’annuler, la stigmatisation de son public, qui favorisent leur accès à certains biens scolaires, sans pour autant effacer les inégalités scolaires. Il s’agit donc d’une institution développant un rapport hybride à la question de la violence (la sienne et celle de certains élèves), mêlant des formes relevant du programme institutionnel classique et des dispositifs attestant d’un renouvellement des catégories de pensée et des modes de faire institutionnels.
26La contribution d’Anne Wuilleumier et d’Anaïk Purenne montre comment l’institution policière est aujourd’hui confrontée à des critiques sociales portant sur la légitimité de son usage de la violence. Les controverses les plus contemporaines relatives à l’usage de la violence d’État sont structurées par plusieurs types d’accusation : ainsi, la stigmatisation d’un usage excessif de la force, notamment l’accusation d’omnipotence (situation au cours de laquelle le plaignant s’est trouvé dans un état de déprise quasi totale) et celle d’acharnement (démesure volontaire des actes des forces de l’ordre par rapport au motif d’interpellation) ; mais aussi l’accusation d’un manque de discernement, qui met en cause la légitimité même de l’intervention policière, dans la dénonciation d’une disproportion entre une action de police et une situation concrète. Si certaines actions institutionnelles visées par ces critiques publiques sont très largement identifiées et prises en compte par le droit, les auteurs montrent que de nouveaux sujets de préoccupation, non pris en compte par le droit, tendent en pratique à instruire le procès d’un mode traditionnel de policing remettant en cause les pratiques des acteurs dans ce qu’elles ont de plus professionnellement ancré. Les auteurs sont ainsi amenés à explorer les pratiques institutionnelles en voie d’émergence autour de cet enjeu.
27Enfin, la contribution de Morad Amrouche montre comment certains acteurs de l’institution scolaire française parviennent à faire des nouvelles mesures officielles en matière de gestion de la violence scolaire, des dispositifs qui ne se réduisent ni à des formes de « travail sur autrui », ni à du « désordre institutionnel ». L’auteur étudie ainsi un dispositif « Module-relais » (animé par une pluralité d’acteurs : « adultes-relais », procureurs, conseillers d’éducation…) comme une façon pour l’institution de combiner deux modes de réaction à la violence scolaire, jusque là dissociés : la surveillance traditionnelle et le traitement informel de « situations-problèmes ». En conciliant « maintien de la discipline » et « accompagnement social », ce dispositif, par delà sa finalité officielle, acquiert une légitimité propre (bien que locale et fragile) en matière de lutte contre les incivilités et la violence scolaires. En parvenant, non sans quelques difficultés et résistances, à articuler de manière originale ces deux logiques d’action, les acteurs de ce dispositif semblent aussi donner à la gestion de l’indiscipline une portée renouvelée et contrastée. L’auteur pointe ainsi la contradiction entre les formes de contrôle social diffus et élargi associées à ce dispositif et l’expérience positive qu’en font certains élèves.
28Ainsi, si on retrouve bien dans les différentes institutions étudiées ce mécanisme d’hybridation des principes de légitimation de l’action institutionnelle, on constate en même temps que sa portée varie : le processus de « renouvellement institutionnel » peut être en cours et il est alors difficile de préjuger de ce qu’il engendrera ; par ailleurs si ces transformations peuvent produire un surcroît de légitimité, il est d’autres cas où elles ne génèrent pour l’instant que des formes de « juxtaposition non-productives » voire des formes de « blocage ».
Face à la violence, des résistances
29La dernière partie de cet ouvrage aborde le thème des capacités de résistance d’usagers mais aussi de professionnels, même affaiblis, face à la violence dont ils font l’expérience dans le cadre institutionnel. La question de « la voix des acteurs faibles » ayant été abordée dans un ouvrage précédent (Payet, Giuliani, Laforgue, 2008), ont été retenues ici des analyses portant sur des configurations institutionnelles dans lesquelles la posture de voice n’est que très faiblement mobilisable par les individus mécontents du traitement que l’institution leur réserve. Là encore, les formes de résistance (silencieuses) développées par ces individus trouvent une partie de leur origine dans l’hétérogénéité des dynamiques à l’œuvre dans les institutions contemporaines (pouvoir institutionnel, désordres institutionnels, réflexivité institutionnelle…).
30La contribution de Corinne Rostaing met clairement en lumière l’existence de dynamiques de « désordre institutionnel » au sein d’une institution carcérale confrontée à des violences qui se développent en son sein entre détenus. Après avoir décrit le processus de stigmatisation de certains détenus du fait de délits stigmatisants, l’auteure attire l’attention sur les conséquences qu’implique, pour un individu, le fait d’être étiqueté comme « pointeur » ou « infanticide » : l’isolement, l’exclusion, des violences physiques. À travers l’analyse des réactions institutionnelles face aux violences dont sont victimes les détenus « pointeurs » ou auteurs « d’infanticides », il apparaît nettement que l’institution n’assure pas une de ses missions régaliennes : celle de protéger les personnes dont elle a la charge. Elle ne parvient pas à dégager une politique de protection des personnes incarcérées qui sont stigmatisées, exclues des activités ou pire agressées par d’autres détenus. Les détenus stigmatisés doivent alors « faire face », que ce soit, par défaut, en se repliant sur soi pour (sur-) vivre ou en cherchant à retourner le stigmate, ou encore en mettant en place des résistances, individuelles ou collectives.
31La contribution de Lise Demailly, s’appuyant sur l’idée de la violence en psychiatrie comme une donnée irréductible, analyse les formes de résistances à la violence institutionnelle. Cette violence, dénoncée dès les années soixante-dix, porte sur les mauvais traitements, la chronicisation des maladies, la stigmatisation sociale et l’enfermement sans consentement. La violence dans ce domaine a diminué grâce notamment à des formes de résistances, qu’il s’agisse de résistances individuelles des patients, de résistances collectives des usagers à travers de petits collectifs ou de grandes associations de patients ou de familles, ou encore de résistances de certains segments de l’institution grâce au rôle de psychiatres, à travers des innovations thérapeutiques. L. Demailly souligne toutefois des paradoxes dans cette lutte contre la violence : certains anciens hôpitaux ont fermé, tandis que s’ouvrent des structures toujours plus répressives (unités pour malades difficiles, UHSA…) et que des patients ont plus de difficultés à trouver des soins en ambulatoire ou des places dans des structures alternatives. À la suite de l’auteure, on peut interpréter ces paradoxes comme résultant d’une tension constitutive de l’institution psychiatrique. Autour de l’enjeu qu’est sa propre violence, cette institution n’est certes pas un « bloc monolithique », insensible et indifférente au « bruit » venant de son environnement ou de ses composantes ; aussi, des résistances (internes/externes) peuvent, sous certaines conditions, affecter ses dynamiques propres en matière de violence. Pour autant, la violence constitue une sorte de « noyau dur », de « programme » pour cette institution, fortement enraciné et maintenu à travers des processus tant endogènes qu’exogènes : c’est ce « noyau dur » qui explique que ses possibilités de changement restent « limitées » quant à son rapport symbolique et pratique à la violence.
32La contribution d’Aurélie Llobet permet de pointer que les résistances à la violence peuvent aussi venir des agents de base de l’institution elle-même, contribuant ainsi à redéfinir cette dernière. En s’intéressant à des enseignants de collège confrontés à ce qu’ils considèrent comme relevant de violences à leur encontre, l’auteur montre comment ces agents de base s’approprient, à travers des dynamiques institutionnelles plurielles, un contexte de travail problématique. À certains moments et/ou pour certains d’entre eux, la forme du « travail sur autrui » permet encore de faire face à l’indiscipline, au chahut, à l’insolence de certains élèves. D’autres, dont l’expérience professionnelle quotidienne est rendue trop problématique par le désordre institutionnel, développent soit des postures d’exit, soit des formes de « travail sans autrui » : gagnés par un sentiment d’impuissance face à ces élèves, ces professionnels délaissent certains domaines de tâches (par exemple en déléguant le « sale boulot » que représente la gestion de la déviance scolaire) ou se réfugient dans l’apathie (qui n’exclut pas la souffrance au travail). Enfin, certains enseignants développent de « nouvelles » manières de faire face, de prendre en charge ces élèves problématiques, que ce soit par un « engagement ordinaire » individuel ou par une mobilisation collective (autour d’un projet) et qui conduisent ces professionnels à développer, dans la relation à ces élèves, des formes inédites de « travail avec autrui » (accompagnement pédagogique, éducatif, professionnel…), voire des formes de « travail pour autrui » (proche d’une posture de care).
33Quant à Mathilde Darley, dans sa contribution portant sur l’exercice et/ou la mise en scène de la violence légale au sein de centres de détention en Autriche et en République tchèque, elle brosse le portrait paradoxal d’une institution certes puissante (car quasi « totale »), mais dont les agents semblent aussi à la recherche d’une légitimité toujours incertaine. En effet, si la violence institutionnelle exercée contraint puissamment tant les corps que les subjectivités des migrants en rétention, cette institution apparemment « totale » recèle toutefois un paradoxe, puisque ces lieux institutionnels ne revendiquent aucune visée de rééducation ou de réinsertion sociale : ils n’ont d’autre mission que de vérifier le caractère « expulsable » ou non du migrant. Comment alors l’institution et ses agents peuvent-ils légitimer les formes de violence exercée ? L’auteur montre comment les agents de contrôle, tout en vivant cette affectation dans les centres comme une double relégation, à la fois géographique et professionnelle et en émettant des doutes quant à l’utilité sociale et politique de ces lieux d’enfermement, tentent de justifier et de rendre acceptable, à leurs propres yeux, la violence institutionnalisée par le caractère supposé déviant voire dangereux de ces étrangers en situation irrégulière. Quant aux migrants, confrontés à l’enfermement et à cette stigmatisation institutionnelle, ils s’attachent à déconstruire en mots la légitimité de cet enfermement, en dénonçant l’injustice du dispositif d’enfermement, alors qu’ils n’ont « commis aucun crime », et la transgression des valeurs morales universalistes par l’État « enfermant ». Ils tentent aussi de résister en actes, notamment en refusant de s’alimenter comme une façon de se réapproprier un corps et d’en faire une ressource ultime. Ces formes de résistance restent toutefois de l’ordre du « chuchotement » (Hirschman, 1995) sans parvenir à émerger dans l’espace public, ce qui assure le maintien en l’état de ces lieux et de la violence institutionnels.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Références bibliographiques
Arendt H., Du mensonge à la violence. Essais de politique contemporaine, Paris, Calmann-Lévy, 1972. La condition de l’homme moderne, Paris, Calmann-Lévy, 1983 (1961).
10.3917/puf.astie.2007.01 :Astier I., Les nouvelles règles du social, Paris, PUF, 2007.
Beaud S. & Amrani Y., Pays de malheur ! Un jeune de cité écrit à un sociologue, Paris, La Découverte, 2005.
Bourdieu P. (dir.), La misère du monde, Paris, Seuil, 1993.
Bourdieu P. & Passeron J.-C., La reproduction. Éléments pour une théorie du système d’enseignement, Paris, éd. de Minuit, 1970.
Bruneteaux P., Maintenir l’ordre, les transformations de la violence d’État en régime démocratique, Paris, PFNSP, 1996.
10.3917/puf.chauv.2008.01 :Chauvenet A., Rostaing C. & Orlic F., La violence carcérale en question, Paris, Presses Universitaires de France, coll. Le lien social, 2008.
10.3917/puf.castr.2003.01 :Castra M., Bien mourir, Paris, PUF, coll. Le lien social, 2003.
10.3406/receo.2003.1594 :Colliot-Thelene C., « La fin du monopole de la violence légitime ? » dans Michel Coutu & Guy Rocher (dir.), La légitimité de l’État et du droit autour de Max Weber, Presses de l’Université de Laval, 2005.
Donzelot J., La police des familles, Paris, éd. de Minuit, 1977.
Douglas M., Comment pensent les institutions, Paris, La Découverte, 1999.
Dubet F., Le déclin de l’institution, Paris, Seuil, 2002.
Demailly L., Politiques de la relation. Approche sociologique des métiers et activités professionnelles relationnelles, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2008.
Elias N., La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 1973. La dynamique de l’Occident, Paris, Presses Pocket, 1990 (1939).
10.14375/NP.9782070729685 :Foucault M., Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975.
Girard R., La violence et le sacré, Paris, Hachette, Pluriel, 1972.
10.3917/dec.jobar.2002.01 :Jobard F., Bavures policières ? La force publique et ses usages, Paris, La découverte, 2002.
Hirschman A. O., « Vertus et limites de la prise de parole. Un entretien avec Albert Hirschman », Politix, no 31, 1995, p. 20-29.
10.3917/scpo.lagra.2006.01 :Lagrange H. & Oberti M., Emeutes urbaines et protestations. Une singularité française, Paris, Presses de sciences Po, 2006.
10.3917/puf.merl.2012.01 :Merle P., L’élève humilié, Paris, PUF, 2005.
Payet JP, Giuliani F. & Laforgue D., La voix des acteurs faibles. De l'indignité à la reconnaissance, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008.
Sauvadet T., Jeunes dangereux, jeunes en danger. Comprendre la violence urbaine, Paris, ed. Dilecta, 2006.
10.1522/cla.wem.sav :Weber M., Le savant et le politique, Paris, Plon, 10/18, 1963. Économie et société, Paris, Pocket, 1995 (Plon, 1971).
Wieviorka M., La violence, Paris, Balland, 2004.
Notes de bas de page
1 Entendues, dans le cadre du réseau thématique 40 intitulé « Sociologie des institutions » de l’Association Française de Sociologie comme des mondes sociaux particuliers investis d’une mission orientée vers le bien public ou d’une mission régalienne, disposant d’une forte assise organisationnelle et participant d’une œuvre socialisatrice et d’une emprise sur l’individu suffisamment fortes.
2 Qui sont issues des communications qui se sont déroulées dans le cadre du congrès de l’Association Française de Sociologie du 14 au 17 avril 2009.
Auteurs
L.L.S., Université de Savoie.
Centre Max Weber, Université Lyon 2.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
The Asian side of the world
Editorials on Asia and the Pacific 2002-2011
Jean-François Sabouret (dir.)
2012
L'Asie-Monde - II
Chroniques sur l'Asie et le Pacifique 2011-2013
Jean-François Sabouret (dir.)
2015
The Asian side of the world - II
Chronicles of Asia and the Pacific 2011-2013
Jean-François Sabouret (dir.)
2015
Le Président de la Ve République et les libertés
Xavier Bioy, Alain Laquièze, Thierry Rambaud et al. (dir.)
2017
De la volatilité comme paradigme
La politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de l'Inde et du Pakistan dans les années 1970
Thomas Cavanna
2017
L'impossible Présidence impériale
Le contrôle législatif aux États-Unis
François Vergniolle de Chantal
2016
Sous les images, la politique…
Presse, cinéma, télévision, nouveaux médias (xxe-xxie siècle)
Isabelle Veyrat-Masson, Sébastien Denis et Claire Secail (dir.)
2014
Pratiquer les frontières
Jeunes migrants et descendants de migrants dans l’espace franco-maghrébin
Françoise Lorcerie (dir.)
2010