Michel Ragon
p. 137-139
Texte intégral
Critique d’art (il est proche du mouvement Cobra), historien de la littérature prolétarienne d’Henri Poulaille, critique d’architecture des années 1950 à la fin des années 1970, éditeur, autodidacte ayant soutenu une thèse à la Sorbonne et enseigné à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de 1972 à 1982, Michel Ragon, né en 1924, se consacre à la littérature après le succès de L’Accent de ma mère en 1980.
Impossible d’évoquer la communication sur la ville et l’architecture, sans s’attarder sur le rôle majeur de Michel Ragon : il publie en 1958 le Livre de l’architecture moderne, rédigé en 1957, l’année de sa rencontre avec Le Corbusier, et de nombreux articles dans la revue Cimaise, où il met l’accent sur le langage formel, sur les matériaux, les qualités techniques d’une nouvelle génération d’architecture française (Marcel Lods, Jean Balladur, Bernard Zehrfuss), enfin sur l’intégration des arts. Il atteint un plublic plus large en publiant dans Arts de mars 1961 à février 1966 des articles sur l’architecture et l’urbanisme, dont, à partir d’octobre 1961, une enquête sur l’état de l’architecture française, au titre dénonciateur de « La vérité sur l’architecture française ».
Michel Ragon se trouve à l’origine du GIAP (Groupe international d’architecture prospective), formé en 1965 avec Yona Friedman, Paul Maymont, Ionel Schein, Nicolas Schöffer, Walter Jonaset Georges Patrix, auxquels se joindront des personnalités comme Jean Fourastié, qui disparaitra dans les gaz lacrymogènes de mai 1968… Un aspect essentiel de ses écrits est la critique de la ville moderne, des grands ensembles, de la planification urbaine, notamment à Paris, du début des années 1960 à 1977. Il publie tour à tour, Les Erreurs monumentales (1971), L’Homme et les villes (1975) et L’architecte, le prince et la démocratie (1977). On y perçoit l’importance dans cette décennie des luttes urbaines, des expériences de la participation des usagers et un plaidoyer pour l’autogestion et l’écologie. Pourtant la position anarchiste de Ragon est difficile à décrypter dans ses écrits, tant sa pensée urbanistique comme ses références politiques connaissent de fluctuations.
H. J.
Bibliographie
Références bibliographiques
Autour de Michel Ragon, catalogue d’exposition musée des Beaux-Arts de Nantes, 15 juin-15 septembre 1984, Nantes, musée des Beaux-Arts, 1984.
Le musée du xxe siècle de Michel Ragon 1950-2000, catalogue d’exposition, La Roche-sur Yon, hôtel du département de la Vendée, 15 avril-8 juillet 2000.
Aliette, Armel, Les itinéraires de Michel Ragon, Paris, Albin Michel, 1999.
Jannière, Hélène, « Michel Ragon. De la synthèse des arts au Groupe International d’Architecture Prospective », Critique d’art, no 29, printemps 2007, p. 114-117.
Leeman, Richard et Jannière, Hélène, Michel Ragon, critique d’art et d’architecture, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013.
Paquot, Thierry (dir.), Conversations sur la ville et l’urbain, Gollion (CH), Infolio, 2008, p. 718-729.
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