Glossaire
p. 187-195
Texte intégral
1Les mots qui figurent dans le glossaire sont précédés d’un astérisque* dans le texte.
2Il a été réalisé en collaboration avec Fernanda Bruno, Jean-Gabriel Ganascia, Marie Goupy, Robert Harvey1 et Armen Khatchatourov2.
3Biométrie (biométrique) : la technologie biométrique consiste à transformer une caractéristique biologique, morphologique ou comportementale en une empreinte numérique. Au-delà de certaines applications censées favoriser une sécurisation de l’accès à certaines zones ou à certains services, le développement de cette technologie d’identification s’inscrit dans un contexte de lutte contre le terrorisme à l’échelle internationale où l’attentat terroriste manifeste la disparition de la distinction entre le front et l’arrière, voire de la frontière elle-même, et où l’auteur d’un éventuel attentat se confond avec une capacité de se dissimuler dans une population locale, pouvant être lui-même citoyen du pays dans lequel il commet un attentat.
4Cloud : par opposition au stockage et traitement de l’information en local, typiquement sur un PC, cloud computing désigne le stockage, le traitement et la mise à disposition des données et des applications logicielles via un réseau privé (e.g. réseau d’entreprise), public (Internet), ou leur combinaison. Une des caractéristiques essentielles de ce modèle est la distribution des ressources et de la puissance du calcul ; les applications sont donc conçues pour et exécutées via Internet. Ce modèle comporte des difficultés intrinsèques quant à la gestion des données à caractère personnel ou sensibles. En effet, ces données sont hébergées, en raison même de l’architecture cloud, chez le prestataire de service.
5Cnil : créée par la loi no 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée dite « Informatique et libertés », la Commission nationale de l’informatique et des libertés est chargée de veiller à ce que l’informatique soit au service du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques. Elle exerce ses missions conformément à la loi Informatique et Libertés qui la qualifie d’autorité administrative indépendante.
6Cop Watch : littéralement « observation de la police », c’est une pratique citoyenne pour rendre visible les dérapages et les violences policières à travers la production et la diffusion de photographies et de vidéos sur Internet. Il s’agit d’un réseau de militants qui est apparu aux États-Unis dans les années 1990 et qui est aujourd’hui répandu dans plusieurs pays à travers le monde.
7Cyberattaque : désigne un acte malveillant envers un dispositif informatique via un réseau cybernétique ou un dispositif numérique. Une cyber-attaque peut émaner de personnes isolées ou d’organisations à des fins géopolitiques.
8Cybersurveillance : ce terme désigne la surveillance du Net ou une surveillance permise par une architecture de type cybernétique, elle s’exerce par le biais d’Internet en rendant transparentes les activités des personnes surveillées. Elle vise cependant moins à contraindre ou à interdire qu’à anticiper les comportements des individus à partir de leurs activités en ligne, en vue de prévenir des crimes ou des actes de délinquance ; l’indexation des traces numériques laissées au gré des navigations sur Internet devenant le socle de ce nouveau type de surveillance. La machine elle-même porte en elle la capacité de conserver des traces, dont la réunion et le traitement peuvent déterminer le profil des personnes.
9Lifelog : l’enregistrement continu des images, des sons et des données physiologiques de la vie individuelle produit des traces de vie que l’on appelle en jargon des « lifelog ». Celles-ci peuvent être consultées à volonté ou être partagées, toutefois leur relecture se révèle malaisée : comment se repérer dans ces flots de données sans s’y perdre ? Des recherches portent aujourd’hui sur la segmentation de ces traces de nos vies quotidiennes et sur un étiquetage sémantique automatique qui en fera d’authentiques archives individuelles.
10Lunette Google : couplant un ordinateur portable miniaturisé, une connexion internet, une caméra légère, un microphone, un écran semi-transparent, les lunettes Google ont deux fonctions complémentaires : elles enregistrent à volonté les champs de vision et d’audition individuels, produisant ainsi des traces de nos perceptions – les « lifelog » – que l’on peut stocker et partager à loisir, et, grâce à l’écran semi-transparent, elles surimposent à notre champ de vision direct des informations complémentaires issues de l’Internet, tels que les résultats de recherches sur Google. Cette superposition d’une information synthétique à la perception immédiate correspond à ce que l’on appelle, en termes techniques, la réalité augmentée.
11Panoptique (en anglais, Panopticon) : qui renvoie au projet de prison imaginé par Jeremy Bentham en 1798, dans un pamphlet titré Panoptique. Mémoire sur un nouveau principe pour construire des maisons d’inspection, et nommément des maisons de force. La structure circulaire qu’il retient en plaçant les gardiens au centre leur permet, au moyen de différents dispositifs complémentaires (stores, cloisons, planchers à hauteur variable, etc.), d’observer les prisonniers sans que ces derniers ne le sachent, afin de créer « à chaque instant » chez eux « un sentiment d’omniscience invisible ». Michel Foucault (1975) y voit l’architecture propre à la volonté de surveillance des États modernes, qui viseraient à la disciplinarisation des individus par des techniques anonymes et douces sur les corps et les esprits devenus ainsi dociles, à la fois produits et producteurs de l’ordre social.
12Privacy : du latin privatus, « séparé du reste » ou « privé de quelque chose », terme qui renvoie à la capacité d’un individu ou d’un groupe à s’isoler et à s’exprimer de manière autonome, en délimitant ainsi une sphère du propre. Ce terme recouvre plus largement la protection des données personnelles et renvoie à un droit de ne pas subir l’intrusion d’autrui. Ce droit est lié à des juridictions spécifiques selon les pays. Parallèlement à cette dimension juridique, on voit se développer la notion de « Privacy by Design » qui part du principe que le cadre légal ne saurait être suffisant pour assurer la protection de la sphère privée. Il conviendrait donc d’intégrer le respect de la vie privée directement dans la conception et le fonctionnement des systèmes informatiques.
13Puces RFID : la Radio Frequency Identification en anglais, est une méthode qui permet l’identification par radiofréquence. Elle permet de mémoriser et de récupérer des données à distance en utilisant des « radio-étiquettes ». Ces étiquettes peuvent être collées ou incorporées dans des objets ou implantées dans des organismes vivants (animaux et humains). Ces puces électroniques contiennent un identifiant et éventuellement des données complémentaires. Cette technologie d’identification peut être utilisée pour identifier des objets, en fonctionnant alors comme avec un code-barres ou des personnes, en étant intégrée dans les passeports, les cartes de transport ou les cartes bancaires. Pour certains animaux domestiques (chats et chiens), l’identification RFID est obligatoire dans de nombreux pays, les puces étant implantées sous la peau. C’est également le cas pour certains animaux d’élevage, permettant ainsi le suivi des cheptels.
14Safe Harbor (sphère de sécurité) : Le « U.S.-EU Safe Harbor Framework » est un ensemble de principes portant sur la protection des données personnelles visant à permettre aux entreprises établies aux USA qui adhèrent à ces principes de recevoir des données venant de l’Union européenne. Issu d’une négociation entre le Département du Commerce des États-Unis et l’Union européenne en 2011, il répond à la Directive européenne 95/46/CE qui, en 1998, a interdit le transfert de données personnelles en dehors des États non membres de l’Espace économique européen (EEE), lorsque ces États protègent les données personnelles à un niveau inférieur à celui de l’EEE.
15Sousveillance : forgé sur le modèle du mot français « surveillance » par un chercheur nord américain, Steve Mann, le terme « sousveillance » signifie que le regard vient non pas du dessus, comme dans le cas de la sur-veillance, mais aussi du dessous, grâce au déploiement massif des dispositifs de captation de l’information visuelle et auditive mis à la disposition de chacun. Ainsi, aujourd’hui, avec un téléphone portable, n’importe qui peut prendre des films et les diffuser à sa guise sur la Toile. Les lunettes Google, dont Steve Mann fût l’un des précurseurs, devraient amplifier encore ce phénomène.
16Tag : par analogie avec le catalogage et l’indexation dans le domaine bibliothécaire, les tags se rapprochent des mots-clés qui décrivent, sous forme d’un mot ou d’une courte expression, une des caractéristiques saillantes d’un objet numérique (texte, image, vidéo, application, etc.). Le taggage permet le regroupement de ces objets selon les caractéristiques souhaitées, et la visualisation des collections d’objets selon différents critères, par exemple la fréquence des tags dans la collection (tag cloud ou nuage des tags). Les tags sont en général définis par l’utilisateur et représentent donc un système « ouvert ». Ils sont en cela différents des mots-clés qui sont utilisés par les moteurs de recherche pour l’indexation du Web.
17Tekné logoï : la diversité des pratiques technologiques mérite d’être interrogée par la prise en compte des divers systèmes de représentation et des imaginaires qui se constituent à partir d’elles. Une telle variété nous incite surtout à admettre que la technique est toujours en prise avec du logos. C’est en ce sens que nous parlons de Tekné logoï (de « techno-logie(s) »). Derrière cette dimension herméneutique, c’est la question de l’orientation que nous souhaitons donner au développement de nos sociétés qui est en jeu, c’est tout un champ de réflexion critique qui s’épanouit, à la frontière du politique, de l’éthique et de l’esthétique.
18USA PATRIOT Act : Uniting and Strenghtening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism (unir et renforcer l’Amérique en fournissant des outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme). Texte législatif adopté le 25 octobre 2001 (six semaines après les attentats du 11 septembre au World Trade Center) qui a modifié quinze lois fédérales, en octroyant au gouvernement et à diverses agences gouvernementales (dont le FBI, la CIA, l’armée) des pouvoirs sans précédent, en les autorisant à faire irruption dans chaque aspect de la vie des citoyens. Inaugurant un nouveau régime fondé en majeure partie sur le secret d’État, il neutralise les contre-pouvoirs en vigueur dans le système gouvernemental en laissant le pouvoir administratif empiéter sur le judiciaire. Cette loi fut à l’origine considérée comme une loi d’exception dont les dispositions devaient initialement durer quatre ans. En juillet 2005, le Congrès a rendu permanentes 14 des 16 dispositions du texte. Après une longue bataille parlementaire au cours de l’hiver 2005-2006, la plupart des moyens accordés aux forces de l’ordre ont été pérennisés.
Notes de bas de page
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.