Les mots qui figurent dans le glossaire sont signalés par un astérisque (*) dans le texte.

Anacoluthe (féminin) : non-respect de la syntaxe courante, par exemple non rattachement de l’adjectif au nom.

Anamnèse : en grec, signifie « souvenir ». C’est le récit des antécédents.

Ars : signifie proprement « composition, assemblage ». De là dérive le sens de « habileté » puis « art ». Le terme a plusieurs autres synonymes : talent, adresse, savoir-faire, technique.

Art infecté : art reposant sur l’infection de l’image pixellisée de l’ordinateur par un ou des virus informatiques.

Art programmé : l’artiste numérique se définit soit comme un artiste-programmeur, soit comme un artiste faisant appel à des programmeurs informatiques. Seul ou aidé, il transcrit son idée, son monde, sous forme de programmes informatiques. Ces derniers sont codés en langage binaire (suite de zéro et de un), ils sont numérisés.

Art robotique : ce courant de l’art numérique s’oppose à une certaine « irréalité » des programmes informatiques. L’art robotique quitte le monde des écrans et du virtuel pour donner naissance à des sculptures artistiques autonomes, donnant l’apparence du vivant, de la conscience. Les logiciels en intelligence artificielle et vie artificielle prennent ainsi du relief sous la forme de réalisations mécaniques amusantes ou d’anti-robots inutiles. Au vu des nombreuses difficultés techniques et des coûts, les résultats restent cependant relativement circonscrits. On peut citer les travaux des pionniers des années cinquante-soixante-dix, comme ceux de nos jours, sur le « corps » hybride ou mutant (Cyborg), l’homme-réseau, l’homme prothèse, le corps connecté… (Cf. Stelarc, Rebecca Horn, France Cadet, Bill Vorn et Louis-Philippe Demers, Gérard Boyer, Yves Amu Klein, Rinaldo…).

Art tératologique : du grec teras (monstre). En biologie, science qui étudie les malformations ou les anomalies des êtres vivants, spécialement durant le développement embryonnaire. Appliqué au domaine des arts, ce terme reprend la thématique sur l’héritage démoniaque de la création. Avec l’art technologique la question de la monstruosité en art ressurgit. Si cette dernière concerne plus particulièrement l’Art Biotech (art et matériau vivant), certains s’ingénient à voir dans ces créatures virtuelles « l’idée d’une société des clones ou de l’être parfait physiquement et intellectuellement, parce que génétiquement non pas modifié, mais programmé » (Cf. Testart, Jacques, Des hommes probables, Seuil, 1999).

Chronophotographie mareysienne : Étienne Jules Marey (1830-1904) physiologiste et technicien novateur, a mis au point, dans les années 1880 des procédés photographiques d’analyse des corps en mouvement. En 1887, il nomme « chronophotographies » ces images séquentielles, réalisées à intervalles de temps réguliers, combinant les données de l’espace et du temps. Par ces procédés chronophotographiques, les objets en mouvement (un animal, un être humain, une balle, etc.) semblent inscrire d’eux-mêmes leur propre déplacement. Cette chronophotographie, amplement mécanisée, fut, à l’époque, considérée comme l’un des outils de l’objectivité scientifique.

Cognitique : sciences du traitement de la connaissance ; ensemble des méthodes et techniques visant à adapter la technologie aux capacités, limites, et préférences humaines.

Daguerréotypie : procédé positif direct d’obtention d’une image photographique sur une plaque de cuivre recouverte d’une pellicule d’argent. L’image obtenue est un positif direct. Créée sans l’aide d’un négatif, elle est unique, non reproductible. Le daguerréotype, issu de la collaboration entre Niépce (1765-1833) et Daguerre (1787-1851), résulte des perfectionnements apportés par ce dernier aux divers procédés étudiés par les deux hommes, après la mort de Niépce. Niépce reste cependant l’inventeur des procédés photographiques, en réalité déjà mis au point avant sa rencontre avec Daguerre. Donner son seul nom au procédé témoigne pour le moins, de la part de Daguerre, d’une certaine indélicatesse.

Deus ex machina : nom masculin invariable (mots latins « dieu descendu d’une machine »). Dans le théâtre antique et classique, personnage mythologique que l’on faisait apparaître sur la scène au moyen d’une machinerie, pour donner à une pièce une conclusion que l’intrigue ne pouvait amener logiquement. Par extension, personnage ou événement imprévu qui intervient au moment opportun pour dénouer une situation sans issue.

Empirique : qui se fonde uniquement sur l’expérience, sur l’observation et ne procède d’aucun système, d’aucune loi. La réalité empirique est celle que l’expérience permet d’observer.

Eugénisme/Eugénique : du grec eu, bien et genos, naissance, genre, espèce, race. L’eugénisme (ou eugénique) est un domaine de la génétique appliquée. Le terme a été créé en 1883 par le naturaliste anglais Francis Galton (1822-1911) pour désigner la science, la technique et la politique visant à améliorer les « qualités héréditaires » de groupes humains par le contrôle de la procréation. On distingue l’eugénisme « positif » qui favorise les caractères jugés bénéfiques et l’eugénisme « négatif » qui cherche à éradiquer les caractères jugés handicapants. L’eugénisme est combattu pour des raisons d’ordre moral, religieux ou social.

Exodarwinisme : concept décrit par Michel Serres (émission France-Culture du 16 août 2007). Théorie selon laquelle l’espèce humaine, après s’être accouplée à la technique, disparaîtra au profit de sa création : l’extra humain, la machine.

Golem : mythe né dans la tradition juive moyenâgeuse de la volonté d’animer les objets. On insuffle alors à un être humanoïde artificiel (et constitutif d’un assemblage d’éléments divers), « la chaleur vitale ». « D’Icare à Frankenstein, du Golem au cyborg et à l’homme bionique, l’histoire et la science-fiction abondent en récits de ce genre » (exposition L’Homme transformé, La Villette, 2002).

Golem moderne : aujourd’hui la science et les techniques permettent de transformer l’homme depuis l’intérieur de son corps, par des prothèses miniaturisées, et depuis l’extérieur par des connexions électroniques avec son environnement. Le savant Gerschom Scholem n’hésite pas à souligner les similitudes et les divergences dans les processus de création des golems mythiques et du golem moderne et compare les kabbalistes mystiques médiévaux et les pères de la cybernétique contemporaine : Norbert Wiener et Johann Von.

Héliographie : le mot « héliographie » a été créé par Nicéphore Niépce (1765-1833) vers 1829 pour désigner le procédé qui lui permit l’invention de la photographie quelques années plus tôt. Le mot « photographie », cependant n’apparaîtra que plus tard, en 1839, par retour de l’anglais « photographic, photography ». En fin d’année 1829, Niépce est en mesure d’écrire : « La découverte que j’ai faite et que je désigne sous le nom d’héliographie, consiste à reproduire spontanément par l’action de la lumière, avec les dégradations de teintes du noir au blanc, les images reçues dans la chambre obscure. »

Heuristique : adjectif signifiant « qui fait progresser la science ». Ce terme de méthodologie scientifique qualifie tous les outils intellectuels, tous les procédés et plus généralement toutes les démarches favorisant la découverte – c’est la racine grecque du mot – ou l’invention dans les sciences. On a pu également désigner par là, d’une manière plus globale, l’une des deux dimensions épistémologiques fondamentales de l’activité scientifique, celle qui tente de réfléchir les conditions de ce que Francis Bacon appelait « l’augmentation des sciences ».

Idéologie : dans une perspective marxiste, l’idéologie est un reflet, inversé, manipulateur, de la réalité sociale. Dans une perspective plus compréhensive, l’idéologie peut être définie comme un système de pensée qui a pour fonction de garantir la cohésion de la société en justifiant l’ordre social en place. La cohésion d’une société n’est donc pas uniquement assurée par la force (la violence légitime du pouvoir), mais aussi par une structure sociale inconsciente : l’idéologie.

Installation : désigne une œuvre d’art conçue en adéquation à un lieu physique ou adaptée à un environnement médiatique concret, sollicitant la participation du spectateur. Par extension, l’installation qualifie un genre de l’art contemporain combinant un ou plusieurs médias en vue de modifier l’expérience que peut faire le spectateur d’un espace singulier ou de circonstances déterminées.

Monstration : les arts, sciences et technologies, ont chacune développé un mode spécifique de diffusion-médiation de leurs savoirs : l’exposition (appelée aussi monstration) pour les arts, la publication pour les sciences et la démonstration pour l’ingénierie technique. Les sciences de l’ingénieur ont pris l’habitude de créer des démonstrateurs dont les chercheurs font eux-mêmes la démonstration ou qu’ils testent auprès d’un public plus ou moins captif. Les arts disposent d’un médium que les sciences méconnaissent : la monstration. Tel que l’annonçait déjà, en 2000, Peter Lunenfeld dans son célèbre essai : Demo or die ? Si les dispositifs interactifs artistiques peuvent être vecteurs d’innovation : comment est-il possible de faire se croiser monstration, publication et démonstration, valorisation artistique et valorisation scientifique, au profit de chacun de ces domaines ?

Muséum : terme désignant en France les musées consacrés aux sciences naturelles. Le terme fut brièvement utilisé lors de la mise en place du Louvre en 1792-93 puis réservé aux musées d’histoire naturelle dans le contexte déjà marqué, à la fin du xviii^e, de rupture entre musées de Beaux-Arts et musées d’histoire naturelle et, plus largement, entre arts et sciences.

Négatif calotype : le calotype est un procédé mis au point par le pionnier anglais William Henry Fox Talbot (1800-1877). Il consiste à produire sur papier une image négative (inversant les noirs et les blancs). Une image positive est obtenue par contact de ce négatif papier rendu transparent avec un papier sensible : la lumière traversant les zones transparentes crée des zones noires, tandis que stoppée par les noirs du négatif, elle laisse du blanc sur le papier sensible. Cette image positive, obtenue à partir d’un négatif est aisément multipliable. La beauté du négatif papier a tellement fasciné les pionniers de la photographie qu’ils l’ont nommé « calotype », du grec « kalos », beau.

Paradigme : utilisé en particulier par Kuhn pour désigner une conception théorique dominante ayant cours à un moment donné dans une communauté scientifique, et qui fonde les types d’explication envisageables et les types de faits à découvrir. Dans le sens courant, plus souvent utilisé comme synonyme de modèle.

Performance : la performance est une pratique artistique qui définit l’œuvre par le moment de sa réalisation. Elle se construit par l’incarnation d’une idée dans un geste. Il s’agit d’une œuvre conçue comme un événement qui a souvent pour but d’ouvrir de nouveaux champs de recherche et d’engagement artistiques, de transgresser la norme, de questionner la place du public dans le processus de création.

Physical computing : le physical computing est la discipline qui consiste à lier le monde réel au monde numérique (ordinateur ou système embarqué). Cela se matérialise souvent par des systèmes interactifs permettant de traduire des données réelles dans des projections virtuelles. La plupart du temps cela se concrétise par des nounours qui réagissent au toucher ou des fleurs qui « tweet » leur soif ou encore des vêtements qui détectent vos émotions par le pouls.

Rhétorique : la rhétorique est étymologiquement l’art de bien parler et par extension, l’art de convaincre. Issue de la sphère politique et judiciaire, la rhétorique oscille entre deux horizons : l’art d’agréer, qui mobilise les affects et cherche à émouvoir ; l’art de persuader qui repose sur la qualité et la rationalité des arguments destinés à convaincre.

Synchronique/diachronique : ces deux notions ont été initialement forgées et définies par le linguiste Ferdinand de Saussure (1857-1913). Elles renvoient aux deux points de vue qui peuvent être adoptés dans l’étude des langues. Une approche diachronique s’intéresse à l’histoire de la langue et à ses évolutions. Une approche synchronique s’intéresse à l’état d’une langue à un moment de son évolution. Ces deux termes peuvent être employés pour caractériser des études sur d’autres objets, médiatiques par exemple.

Synecdoques (féminin) : la synecdoque est le fait d’assigner à un mot un sens plus large ou plus restreint qu’il ne comporte habituellement. Elle permet d’exprimer la partie pour le tout ou la matière pour l’objet. Par exemple : « Acheter un vison » pour « Acheter un manteau fait en peau de vison ».

Synesthétique (féminin) : du grec syn, union, et aesthesis, perception, renvoie à un phénomène neurologique – la synesthésie – par lequel deux ou plusieurs sens sont associés. Par extension la synesthétique désigne la « perception simultanée » qui convoque simultanément plusieurs dimensions du sensible et engage des significations multiples.

Taxinomie : du grec taxis, rangement, et nomos, loi, désigne une partie de la biologie visant à établir une classification systématique des êtres vivants. La taxinomie se présente en effet comme une science des lois de la classification des êtres, vivants ou morts, qui indique la procédure de leur description comparée, fournit les moyens de les identifier, et fixe les critères et les règles de leur classification.

Zeugme (masculin) : « attelage » de mots sans cohérence sémantique avec souvent un effet comique.