Le défi de la bibliothèque : être bien présente dans la société numérique
p. 305-315
Texte intégral
Introduction
1Pour alléchant que soit le titre que nous avons retenu, en paraphrasant Alain Proust, à la recherche d’un temps meilleur, l’homme a toujours initié de profonds changements jusqu’à provoquer l’émergence de nouvelles sociétés. Il est passé de la société primitive, industrielle à la société de l’information, du savoir, de la communication, une société en réseaux. Autant de vocables pour désigner le bouleversement technologique que connaissent les sociétés. Bouleversement, puisque toutes les vulgates consacrées à la société de l’information se conjuguent à tous les temps pour dire qu’il s’agit bien d’un changement, d’une rupture radicale avec l’ordre ancien des choses. C’est une mutation tous azimuts que nous vivons depuis plus de deux décennies et qui fait évoluer notre façon de vivre, d’apprendre, de s’informer. Certes, les transformations de la vie ne constituent pas une nouveauté. Par contre, ce qui est nouveau à présent, c’est la vitesse de leur concrétisation, ainsi que l’envergure et la profondeur de leurs impacts sur le plan social, économique, culturel, éducatif, etc. À titre d’exemple, la connaissance n’est pas un élément vital uniquement pour l’économie moderne, mais elle s’affirme également comme un principe général pour l’organisation de toute la vie en société. Si, au xixe siècle, la révolution industrielle a engendré une transformation radicale de la vie des humains, nous pouvons aisément affirmer que la révolution informationnelle qui a suivi celle technologique et qui nous a menés vers l’ère de la connaissance a rendu le changement comme la seule vérité constante au sein de notre espace vital très mouvant.
2En effet, la société numérique est caractérisée par l’implantation des TIC en perpétuel mouvement, phénomène fulgurant, par la rapidité du traitement et communication de l’information, une société caractérisée par l’obsession du changement centrée sur les outils. Elle bouscule les frontières, met les cultures en contact, favorise la créativité, la liberté et l’enrichissement mutuel. Une société dans laquelle tout se fabriquerait et tout circulerait. Aboutissement logique de l’évolution des technologies de la communication. Société qui puiserait son origine chez Saint-Simon qui préconisait, déjà, l’universalité, une forme de vivre-ensemble par la réunion de cette grande famille que sont les hommes, qu’il développe dans sa philosophie des réseaux et qui correspond à une idéologie s’appuyant sur l’objet technique constitué par le réseau selon Pierre Muso. La bibliothèque qui a pu et su préserver la mémoire de l’humanité à travers le temps se trouve aujourd’hui menacée d’extinction devant le déferlement technologique qui envahit tous les espaces sans aucun sentiment. La bibliothèque s’efforce donc à vouloir rester bien présente dans les nouveaux espaces de cette société numérique pour pouvoir prouver sa capacité à s’adapter et à s’intégrer d’une façon active dans ce nouvel environnement qui exige que chaque citoyen soit doté d’aptitudes très performantes, d’un certain nombre de savoirs et de savoir-faire pour être apte à acquérir la culture de l’information.
3Cette grande mutation de la société générée par le progrès et le développement technologiques et toute cette prolifération de ressources électroniques ont fait émerger, d’une part, de nouveaux paradigmes de services et de nouveaux rôles pour le personnel des bibliothèques et, d’autre part, de nouveaux usages des utilisateurs. Certes, ceci génère quelques difficultés chez les bibliothécaires qui se retrouvent face à de nouvelles donnes. Certains, pessimistes, pensent même que leur profession n’est pas seulement en mutation, mais qu’elle est également en danger puisque menacée d’extinction. Beaucoup réalisent l’enjeu du défi à relever, le nouveau rôle et les tâches qui en incombent qu’il va falloir assumer pour pouvoir faire face aux concurrents. Cet état de fait nous a poussés à nous interroger sur certains aspects qui nous semblent très importants pour comprendre l’inquiétude de ces bibliothécaires : En quoi consiste cette mutation ? Quel est le nouveau rôle assigné au bibliothécaire ? Quelles sont les tâches à assumer ? Quel est le défi à relever ?
4À travers une approche descriptive, nous avons mené une enquête au-près des bibliothécaires de la ville de Constantine pour connaître leurs attitudes et leurs points de vue sur ces questions cruciales. Cent bibliothécaires relevant de diverses institutions documentaires ont été sélectionnés pour répondre à un questionnaire administré par un groupe d’étudiants en Master que nous encadrons au sein de notre département. Les répondants sont des bibliothécaires qualifiés détendeurs de grade d’assistant de recherche, d’attaché de recherche, de conservateur et de conservateur en chef. Les institutions documentaires relèvent de l’université, de l’éducation, de la culture et des entreprises économiques. Les résultats collectés nous ont permis de faire une analyse personnelle accompagnée de commentaires.
Culture du savoir dans la société numérique
5La culture du savoir consiste à valoriser les connaissances, à encourager les individus à compléter leur formation tout au long de leur vie et à obliger les institutions à dispenser et à diffuser le savoir. Le concept de la maîtrise de l’information pour accéder au savoir occupe à présent une place très importante dans le contexte sociétal, de par la production scientifique qui est consacrée au sujet et l’importance que lui consacrent les sociétés développées. Cette société dite du « savoir » exige du citoyen une maîtrise d’un « certain nombre de savoirs et de savoir-faire, un ensemble d’outils théoriques et pratiques pour accéder à l’information et l’utiliser de manière rationnelle » (Candallot 2005). Nous comprenons par là que le savoir est devenu un prérequis pour tout progrès et pour toute réussite. N’est-il pas vrai que « l’avenir appartient à ceux qui maîtrisent le savoir » (Blanquet 1999) ? Si nous faisons le lien entre le savoir et les bibliothèques, nous pourrons facilement nous rendre compte que ces institutions « sont une des clés maîtresses qui ouvrent les portes des autoroutes de l’information » (Gal 1968). Elles peuvent en effet accompagner les individus à intégrer cette nouvelle société. D’ailleurs, elles ont pour tâche d’équiper l’utilisateur de « la faculté d’adaptation dont il a besoin dans un monde de changement et de développement » (Trehan et Malhan 1980). Elles constituent des « lieux d’expérience multiples » (Bize et Pasquier 2008). On ne peut acquérir la culture du savoir dans cette société d’abondance informationnelle sans la maîtrise des techniques de recherche de l’information. L’American Library Association livre une définition jugée incontournable de l’individu apte à maîtriser l’information : « Une personne compétente dans l’usage de l’information doit pouvoir reconnaître quand émerge un besoin d’information, et être capable de trouver l’information adéquate, de l’évaluer et de l’utiliser efficacement… En somme, ce sont des personnes qui ont appris à apprendre. Ils savent apprendre parce qu’ils savent comment le savoir est organisé, comment trouver l’information et l’utiliser en sorte de transmettre ce savoir à d’autres. Ils sont préparés à apprendre tout au long de leur vie. » (Hinchliffe 2005) De nos jours, il ne suffit plus de savoir lire, il faut aussi savoir utiliser de nouveaux moyens de communication afin de pouvoir accéder plus facilement à l’information recherchée. Dans cette société du savoir, l’avenir reposera sur nos capacités à utiliser et à exploiter nos connaissances. Le développement rapide des TIC entraîne l’apparition d’un large éventail de produits et de services nouveaux et utiles qui permettent l’accès à l’information à travers des moyens efficients qui, souvent, semblent très compliqués par rapport aux utilisateurs. Les technologies concernent aujourd’hui tous les secteurs d’activité sans aucune exception. Elles nous aident à faire filtrer l’information du monde en très grandes quantités, de plus en plus vite et à moindre coût. La bibliothèque numérique est désormais une réalité indéniable. « Technology changes and the better trained a staff is, the better they can handle those changes. » (Childers 2003) Chacun de nous, dans cette « société numérique », est appelé à bien se former et à acquérir les aptitudes qui lui permettront de jouer le rôle de « négociateur entre la technologie et les pratiques » (Bise et Pasquier 2008).
Nouveaux rôles et nouvelles tâches
6Durant des siècles, les institutions documentaires n’ont jamais cessé de réaliser leurs activités et d’offrir leurs services aux utilisateurs à travers des systèmes manuels très classiques. Ce n’est que durant les vingt-cinq dernières années du xxe siècle que le développement technologique a connu un essor fulgurant dans le domaine des techniques de l’information. Une transformation radicale s’est opérée dans le traitement et la diffusion de l’information et des services. Des procédés électroniques ont été introduits dans le but d’une meilleure gestion du temps, des moyens et des efforts. Les technologies ont connu un essor de développement sans précédent. Elles sont présentes pour nous aider à faire filtrer l’information autour du monde de plus en plus vite, avec de plus grandes quantités et à un moindre coût. L’avancement scientifique et technique connaît lui aussi un progrès énorme et rapide grâce au développement des nouvelles technologies. L’environnement numérique a ouvert les portes à divers produits technologiques, à de multiples instruments très variés, à des applications informatiques modernisées via l’emploi de logiciels performants et à la disponibilité de personnel qualifié capable d’administrer, de gérer et d’exploiter ces nouveaux systèmes informatisés mis en place dans les différentes institutions informationnelles. L’introduction des techniques numériques dans ces institutions a donc entraîné la naissance de nouveaux espaces qui à leur tour ont généré, d’une part, une mutation quant au rôle et aux tâches du bibliothécaire et, d’autre part, de nouveaux comportements de la part des usagers de l’information. La mutation du rôle du bibliothécaire a pour objectif essentiel la possibilité de s’intégrer facilement dans les nouveaux espaces électroniques qui se multiplient à grande vitesse à travers toute cette société moderne. Ces instruments, inexistants auparavant, sont donc nécessairement utilisés avant tout par le bibliothécaire après une formation scientifique, méthodologique et technique en vue d’une exploitation rationnelle et efficiente pour être ensuite utilisés par les usagers de l’information. Le rôle du bibliothécaire ainsi formé est de répondre aux besoins de ces derniers en quête d’informations dans une société numérique très complexe. Pour assurer pleinement ce rôle, le bibliothécaire, spécialiste de l’information, a la lourde responsabilité d’assurer certaines tâches primordiales :
- contribution au façonnement de la société numérique : le spécialiste de l’information n’est plus un simple « gardien » de fonds documentaire au sein d’une bibliothèque dans laquelle il ne fait que recevoir, rassembler et traiter des documents pour ensuite les mettre à la disposition des lecteurs. Avec le développement des techniques de production et d’édition électronique, cette tâche plus ou moins passive laisse place à une production d’information électronique telle que la réalisation de sources électroniques, la création de bases de données et la mise en place de l’archivage électronique au sein de l’institution informationnelle ;
- promotion des activités dans l’espace numérique : qu’il soit dans le secteur de l’administration, de l’entreprise publique ou privée, de l’économie ou du commerce, le spécialiste de l’information peut participer à la promotion de certaines activités de base dans la société numérique. Il peut, à titre d’illustration, concevoir des sites électroniques, des portails de bibliothèques ou d’institutions d’information tout en assurant leur administration au profit de son institution ou à la demande d’entreprises de divers secteurs. C’est ainsi qu’il pourra prouver ses compétences face aux besoins croissants des utilisateurs. Sa participation à la conception de catalogues électroniques de recherche, de moteurs de recherche, de systèmes de recherche de sources d’information sur Internet donne une envergure plus importante à sa responsabilité ;
- gestion et administration de projets à grande portée : les projets que dirige le spécialiste de l’information ont de plus en plus un caractère de grande portée du à leur impact sur le développement durable et sur le progrès de la société. Désormais, le spécialiste de l’information est enclin à utiliser les techniques de l’information dans divers domaines. Il peut être appelé à assurer la numérisation d’un fonds documentaire relevant du patrimoine mondial ou d’un état. Il peut assurer l’enregistrement bibliographique électronique de fonds anciens de grande valeur relevant de divers secteurs. La mise en place de bibliothèques numériques est également de son ressort. La conservation électronique de l’information, l’analyse de contenus électroniques, la maintenance de systèmes d’information électronique, le transfert de données, le développement de programmes « open-sources », la formation en ligne, la formation de formateurs, le développement de collections et de services de références, la gestion de la qualité de services, etc., sont d’autres activités auxquelles le bibliothécaire est fatalement associé.
Un défi à relever
7Devant la complexité des nouveaux systèmes introduits dans les espaces de la société numérique, et devant les difficultés que rencontrent les usagers de l’information, le bibliothécaire, spécialiste de l’information, doit répondre présent pour intervenir et les aider à surmonter leurs difficultés. Cet effort est nécessaire pour bien se positionner parmi tous les concurrents et prouver qu’il est capable de participer à la construction du monde numérique. Grâce à sa capacité à connaître, utiliser et exploiter les sources d’information, grâce à sa compétence quant à la maîtrise des instruments techniques et modernes de recherche de l’information et grâce à son aptitude quant à l’interaction et la communication qu’il peut établir avec les utilisateurs de l’information, le bibliothécaire pourra démontrer qu’il reste un médiateur humain efficace et indispensable prêt à répondre aux besoins, aux interrogations et aux aspirations des usagers de l’information. Certes, ces usagers sont de plus en plus exigeants et de plus en plus critiques ; néanmoins, le spécialiste de l’information peut, grâce à ses qualités, faire preuve de flexibilité, de pédagogie et d’expertise pour surmonter les divers obstacles. Si, par le passé, le bibliothécaire passait tout son temps dans les magasins de sa bibliothèque, dans son bureau et dans le traitement technique des ouvrages, le spécialiste de l’information, aujourd’hui, sort de ces espaces pour affronter réellement les difficultés, pour guider, conseiller et venir en aide aux usagers de l’information, communiquer, trouver des partenaires, négocier avec eux, gérer le changement et les projets, établir les valeurs d’éthique au sein de son établissement, former et continuer à développer sa propre formation. Le spécialiste de l’information qui a les compétences pour administrer son système, ses sources et ses services d’information et qui a la capacité d’appliquer avec efficience les techniques d’information n’aura aucune peine à répondre aux besoins des utilisateurs. Il pourra ainsi les aider à acquérir la culture de l’information et la culture technologique qui sont devenues un pré-requis pour intégrer la société numérique.
Synthèse des résultats d’une enquête et commentaires
8Les répondants à notre questionnaire affirment à 74 % que la mutation de la profession consiste à assumer un rôle complètement différent de celui du passé. Beaucoup d’entre eux (65 %) pensent que le développement technologique est pour beaucoup dans cette transformation des activités professionnelles. Certains bibliothécaires (51 %) semblent inquiets et pessimistes en affirmant que la bibliothèque classique est en voie d’extinction avec l’avènement du numérique. Leur anxiété est justifiée du fait que leur niveau de maîtrise des TIC est juste « moyen » pour la plupart des répondants (68 %). Le paradoxe est noté lorsque ces mêmes répondants prétendent pouvoir gérer la bibliothèque numérique à 74 %. Ce qui nous pousse à penser que ces bibliothécaires sont bien attachés à leur profession et ne veulent en aucun cas être mis à l’écart. La contradiction est également constatée lorsqu’ils affirment, malgré leur inculture technologique, qu’ils sont pour la numérisation de leur bibliothèque (79 %). Ceci prouve également que ces bibliothécaires ont de l’ambition et souhaitent s’adapter au changement même si leur formation présente certaines lacunes. La majorité des répondants (92 %) souhaite suivre des cycles de formation pour une meilleure maîtrise des techniques de l’information. Ils attestent à 63 % qu’ils ont peu de moyens pour mettre en place la bibliothèque numérique. Ceci démontre que les bibliothécaires sont convaincus que la mise en place d’une bibliothèque numérique constitue un projet grandiose qu’il ne faut pas prendre à la légère, et que les moyens sont un paramètre de base pour sa réalisation. 94 % des répondants admettent que le bibliothécaire devra développer sa compétence en maîtrisant avant tout la technologie pour pouvoir assumer ses tâches convenablement dans la bibliothèque numérique. La formation des utilisateurs ne semble pas être une priorité pour ces répondants (91 %). Ces usagers ne devraient pas être considérés comme le dernier maillon de la chaîne. Ils ne sont pas au centre des préoccupations des bibliothécaires. Pour ces derniers (98 %), le défi qu’ils ont à relever consiste à conserver leur poste d’emploi et à défendre leur profession contre tout concurrent. Ces répondants ne clarifient pas la stratégie à adopter pour atteindre leur but. Ils n’ont guère fait allusion au positionnement qu’ils devraient prendre face aux autres professionnels concurrents dans cette société très complexe. Ils n’ont également pas mis en relief l’importance de l’acquisition de compétences multiples qui pourrait les aider à répondre aux besoins des utilisateurs de l’information.
9Depuis quelques années, il ne suffit plus de savoir lire, il faut aussi savoir utiliser de nouveaux moyens de communication afin d’accéder à l’information recherchée. Le changement de tout notre environnement est si significatif qu’il représente un tournant décisif dans tous les secteurs de l’activité humaine (Cogburn 1998). De nouveaux systèmes et services sont mis en place régulièrement plaçant les gestionnaires des systèmes d’information au centre d’une société en perpétuel changement rapide (Peignet 2001). La concurrence devient plus globale. La demande, elle aussi, a changé, les consommateurs devenant de plus en plus exigeants. L’utilisateur, client, devient le centre de toutes les préoccupations ; il s’agit alors d’être toujours plus soucieux de la qualité du produit et des services proposés. Il est donc indispensable d’être performant et intelligent. Grâce à une bonne gestion du savoir, nous pouvons nous approcher des utilisateurs et relever notre efficacité fonctionnelle pour accroître notre faculté d’adaptation à des stratégies plus compétitives (Duouis 2001). Il faut, en un mot, être compétent en sachant que « la compétence est un ensemble de savoirs et de comportements » (Praderie et Passe 1995). Avoir accès plus rapidement et plus largement à toutes les informations disponibles dans le monde est une utopie pour les pays du Sud. Le développement de nouvelles techniques est si rapide dans les pays du Nord qu’il a tendance à rendre obsolètes les efforts de rattrapage réalisés par les pays du Sud. L’analphabétisme, l’appréhension quant à l’implantation des TIC, le manque de moyens de formation des personnels, le vide juridique, l’absence de politique nationale de l’information… sont quelques éléments qui peuvent freiner l’anticipation et l’innovation en matière d’introduction de services numériques. La puissance publique a un rôle central à jouer pour propulser la généralisation de ces techniques en procurant les moyens, quand ils sont disponibles, et en mettant en place les infrastructures adéquates tout en développant des stratégies qui poussent à l’acquisition de culture de l’information et de culture technologique. Il faut également aller au-delà de la dimension technologique en transformant ces techniques en richesse et en valeur ajoutée économique pour parvenir à faire face aux divers obstacles que rencontrent nos sociétés. Accepter le changement est essentiel pour pouvoir s’y adapter. La profession des bibliothécaires est en mutation, mutation qui ne doit pas être un obstacle. Il faut simplement se préparer pour être efficace et opérationnel dans n’importe quel environnement. À ce propos, nous reprenons l’idée de Darwin qui souligne bien que ce ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes qui survivent, mais celles qui savent s’adapter.
Conclusion
10Un homme cultivé n’est pas celui qui sait tout, le savoir est infini ; c’est plutôt celui qui « sait s’informer, se documenter et qui a acquis une méthode de recherche et de travail pour pouvoir se faire une idée par lui-même » (Jacquesson 2000). Avec l’avènement de l’explosion informationnelle et du numérique, il n’est plus permis de perdre du temps. Par conséquent, la maîtrise des techniques de recherche de l’information et des produits technologiques devient une obligation, un élément de base pour toute réussite. C’est là, à ce moment opportun, qu’apparait le spécialiste de l’information pour démontrer sa qualité de médiateur efficient entre l’information et ses utilisateurs. Voilà un atout primordial entre ses mains pour prouver la nécessité de sa présence en tant que vrai professionnel dans cette nouvelle société. Les gens n’ont pas envie d’être exclus de la société. Ils ne veulent pas souffrir de l’inculture informationnelle qui est source de plusieurs handicaps. « La misère guette ceux qui ne savent plus apprendre à apprendre, traiter l’information, communiquer avec autrui. Dans un monde où l’information est triomphante et au cœur des succès et des échecs, les infirmes de l’information deviennent les nouveaux prolétaires » (Montbrun et Duffau 2001). Bien que le progrès soit rapide à tous les niveaux, nous devons rester confiants et pousser les générations montantes à concevoir les voies qui leur permettront de maîtriser et contrôler au moins une partie de ce progrès. Ils pourront ainsi explorer tous les moyens par lesquels ils participeront eux aussi à la révolution technologique et informationnelle, et au façonnement des piliers de la société numérique pour pouvoir s’y intégrer sans embarras, avec facilité et beaucoup de conviction. La citation suivante d’Escorcia résume bien l’importance et l’enjeu de la maîtrise des techniques de l’information dans la société de demain : « Les nations du monde qui sont actuellement sous-développées sont celles qui ont rejoint tardivement la révolution industrielle. Les nations qui seront sous-développées prochainement seront celles qui rejoindront tardivement la révolution informationnelle. »
Bibliographie
Bibliographie
C. Biz et K. Pasquier, 2008, « Service d’information : adaptations, innovations, nouveaux concepts », dans Documentaliste-Sciences de l’Information, vol. 45, no 4, p. 21-22.
M. F. Blanquet, 1999, « S’approprier l’information électronique », Villeurbanne, Bulletin des Bibliothèques de France, vol. 44, no 3, p. 8-16.
C. Candallot, 2005, « La formation à la recherche documentaire », Documentation et Bibliothèques, oct.-déc., p. 231-239.
S. Childers, 2003, “Computer literacy : necessity or buzzwork ?”, in Information and Libraries, vol. 22, no 3, p. 102-109.
D. L. Cogburn, 1998, “Globalisation, knowledge, education and training in the information age”, in International Forum on Information and Documentation, vol. 23, no 4, p. 23-29.
P. Duouis, 2001, « La gestion des connaissances : des humanités aux pratiques organisationnelles », Montréal, Argus, vol. 30, no 1, p. 29-38.
R. Gal, 1968, « Les classes nouvelles, avenir ou passé », Paris, Cahiers Pédagogiques, no 78, p. 17-18.
L. J. Hinchliffe, 2005, « Nouveaux développements en maîtrise de l’information », Villeurbanne, Bulletin des Bibliothèques de France, vol. 50, no 6, p. 56-63.
Jacquesson, 2000, « De la difficulté à utiliser les bibliothèques numériques », dans Bulletin d’Information, no 188, p. 1-8.
F. Montbrun f et A. M. duffau, 2001, « La formation documentaire », Villeurbanne, BBF, vol. 40, no 4, p. 8-14.
D. Peignet, 2001, « La bibliothèque entre mutation de l’offre et mutation de la demande », Villeurbanne, Bulletin des Bibliothèques de France, vol. 46, no 4, p. 10-17.
M. Praderie et D. plasse, 1995, Les enjeux de la formation, Paris, Retz.
G. L. Trehan et I. V. Malhan, 1980, School library management, New Delhi, Sterling Press.
Annexe
Annexe : questionnaire
1. En quoi consiste la mutation de votre profession ?
2. Quelles sont les causes de cette mutation ?
3. Pensez-vous que la bibliothèque classique a tendance à disparaître ?
4. Quel est votre niveau de maîtrise des TIC ?
– Très bon
– Bon
– Moyen
– Faible
5. Êtes-vous pour la numérisation de votre bibliothèque ?
– Oui
– Non
6. Avez-vous besoin de formation pour gérer une bibliothèque numérique ?
– Oui
– Non
7. Disposez-vous de moyens pour mettre en place une bibliothèque numérique ?
– Tous les moyens
– Quelques moyens
– Peu de moyens
– Aucun moyen
8. Quel sera votre rôle essentiel dans une bibliothèque numérique ?
– Gestion administrative
– Gestion technique
– Gestion financière
– Gestion des ressources humaines
– Gestion de la qualité des services
– Formation des utilisateurs
9. Quelle est la compétence prioritaire à développer pour bien assumer votre fonction dans une bibliothèque numérique ?
10. Quel est le défi à relever pour intégrer la société numérique ?
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