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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral IntroductionMéthodologieLa formation en Science de l’information dans les pays arabesLes sites web des écoles et départements de la SI dans les pays arabesÉvaluation du contenuÉvaluation de formeÉvaluation des services sur le WebConclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Savoirs en action

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Les sites web des écoles et des départements arabes de la science de l’information : Quel contenu ? Pour quel usage ?

    Nabil Ghaoui et Wahid Gdoura

    p. 203-219

    Texte intégral Bibliographie Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    Introduction

    1Le sentiment d’appartenance à une communauté millénaire a relancé l’idée de partage des savoirs, de préservation et d’accès au patrimoine culturel commun des deux rives de la Méditerranée. Les communautés de chercheurs en Sciences de l’information et de la communication (SIC) dans cette région du monde, conscientes des enjeux de la coopération scientifique, cherchent à créer un espace d’échanges, de créativité et de circulation de l’information scientifique et technique. Or, le partenariat scientifique passe par la prise de conscience des potentialités de recherche et d’enseignement en SIC dans ces pays. C’est dans ce cadre que s’inscrive la présente contribution qui se propose d’identifier et d’analyser les capacités et les prestations des institutions universitaires en Science de l’information (SI) à travers leurs sites web et ce dans les pays arabes dont sept appartiennent à l’espace méditerranéen. Elle s’intéresse aux contenus numériques en SI développés par les départements et écoles arabes qui s’activent à restructurer leurs organisations et leurs programmes d’enseignement et de recherche. Leur souci ne sera plus seulement la qualité de la formation mais aussi la capacité de communiquer à travers Internet avec tous les acteurs : enseignants-chercheurs, étudiants, employeurs et professionnels. Nous nous penchons, ici, sur le repositionnement de la formation en Bibliothéconomie et science de l’information (BSI) dans un environnement numérique. Notre objectif consiste à analyser les conditions d’évolution des écoles et départements arabes en BSI et leurs représentations dans la perspective de diffuser l’information pédagogique en ligne : reconduisent-ils les schémas classiques de « communication pédagogique » ou développent-ils un nouveau schéma de médiation (interaction, forums de discussion, formulaires en ligne, questions-réponses, etc.) ? Ceci s’inscrit aussi dans le souci de repenser la manière de communiquer les contenus pédagogiques (programmes, syllabus, cours, ressources doc, etc.), les informations pratiques (concours, examens, inscriptions, etc.) et de préparer l’instauration généralisée de l’enseignement à distance.

    Méthodologie

    2Pour comprendre l’implication des différents départements arabes de la SI dans le nouvel environnement numérique nous avons réalisé une enquête sur les sites web de ces établissements. Notre méthodologie consiste à mettre en place une grille d’évaluation prenant en considération des critères indispensables pour mesurer la qualité de l’information présente sur les sites des écoles et départements arabes de la SI et examiner les prestations de services à distance, destinés à la communauté des universitaires des établissements d’enseignement dans cette discipline d’une part, et à la totalité des internautes d’autre part.

    3De ce fait, deux catégories de critères furent retenues. Primo, des critères relatifs au contenu informationnel : précision, fiabilité de l’information et qualité des services rendus à distance ; secundo, des critères relatifs à la forme et, notamment, la structuration, la facilité de navigation, l’ergonomie et la mise à jour des sites web.

    4Par la suite, nous avons appliqué cette grille d’évaluation à tous les sites web des écoles et des départements de la SI, se rapportant aux pays arabes disponibles sur le Web, afin de vérifier si ces sites répondent ou non aux critères adoptés.

    5Partant de cette analyse, nous essayons d’apprécier le degré d’importance qu’accordent ces écoles à leurs sites web comme outil de communication pédagogique et instrument de travail.

    6Ceci dit, nous sommes conscients de l’aspect subjectif de certains résultats obtenus de l’évaluation. Toutefois, nous considérons que cette initiative d’appréciation est une étude préliminaire pour une analyse exhaustive et une évaluation des sites en question à laquelle participent un nombre important d’étudiants, enseignants et chercheurs.

    7Les résultats obtenus pourraient servir à une éventuelle recherche approfondie de la qualité des sites des établissements et des départements en SIC dans les pays arabes.

    La formation en Science de l’information dans les pays arabes

    8Les résultats de notre enquête ont montré que sur 22 pays arabes, il n’existe que 14 pays qui dispensent des formations en BSI. L’absence d’écoles ou de départements dans cette discipline dans plus du tiers des pays arabes pourrait expliquer la carence en personnel qualifié dans secteur documentaire et entraver l’évolution des services d’information et de documentation (SID). Bien plus, elle affecterait la production scientifique en la matière.

    9Les institutions universitaires qui enseignent la BSI sont au nombre de 38, mais inégalement répartis sur le plan géographique : de 1à 15 établissements selon les pays. L’Égypte se situe en tête avec 15 départements, vient ensuite l’Arabie saoudite (4 départements), l’Algérie (3 départements) et enfin la Syrie, le Maroc, la Libye, le Yémen, le Sultanat d’Oman et la Tunisie les quels pays comportant seulement un département ou une école.

    10Sur le plan organisationnel, il est important de remarquer que 3 établissements universitaires sont autonomes et représentent une personne morale au sens juridique du terme. Le reste, c’est-à-dire 35 institutions, sont des départements de SI rattachés aux facultés de la tutelle multidisciplinaire. Il est à préciser que l’autonomie administrative et financière est avantageuse pour ces trois établissements qui bénéficient d’une marge de liberté de gestion des ressources et de prise de décision.

    11Par ailleurs, les pays arabes qui assurent des formations en SI ont des conceptions divergentes de cette discipline. Cette différence d’approche se manifeste tout d’abord par l’ambiguïté des appellations des écoles et départements. En effet, nous avons eu beaucoup de peine à distinguer les établissements enseignant la bibliothéconomie de ceux consacrés au journalisme.

    12Ainsi, deux cas de figure illustreront cet état de fait dans deux pays francophones ; le premier est celui de la Tunisie où se trouve l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information à Tunis ; et le second, au Maroc, à Rabat, où il existe l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication. L’appellation de ces deux établissements peut prêter à confusion car la science de l’information enseignée en ces lieux à une vocation journalistique et non pas bibliothéconomique et documentaire au sens proprement dit. Ceci traduit l’ambiguïté qui entoure le concept français de Science de l’information revendiqué par deux disciplines (bibliothéconomie et journalisme). Ce cas ne se pose pas avec le concept anglais Information science.

    13En outre, nous avons constaté un amalgame dans l’appartenance disciplinaire des départements de SI aux établissements de la tutelle. Par exemple, en Algérie, nous trouvons trois départements de SI aux universités d’Oran, Mentouri-Constantine et à Alger qui sont placés sous la tutelle des facultés des Sciences humaines, alors que les quinze départements de SI d’Égypte ont affiché une appartenance plutôt aux facultés de Lettres ou de Sciences sociales.

    14Par ailleurs, ce problème ne se pose pas seulement à l’échelle interarabe mais aussi à l’échelle nationale, puisqu’au sein même d’un pays il y a des divergences quant aux tutelles de ces institutions universitaires. À titre d’exemple, nous citerons deux cas ; le premier est celui du Koweït où nous trouvons deux départements de la SI, l’un appartient à la faculté des Sciences sociales et l’autre à la faculté d’Éducation fondamentale. Le second est celui de l’Arabie saoudite, où nous trouvons quatre départements enseignant la SI, le premier à l’université du Roi Saoud, à Riyadh, placé sous la tutelle de la faculté des Lettres, le deuxième à l’université islamique de l’imam Mohamed Ibn Saoud à Riyadh et qui relève de la faculté des Sciences informatiques, le troisième est à l’université du Om El Koura à la Mecque, sous la tutelle de la faculté des Sciences sociales et le dernier se trouve à l’université du Roi Abdel Aziz, de Djeddah, et fait partie intégrante de la faculté des Lettres et des Sciences humaines.

    Les sites web des écoles et départements de la SI dans les pays arabes

    15Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, cette discipline n’est enseignée que dans 14 pays arabes, mais les deux tiers des institutions seulement ont un site web. Il est difficile de trouver une explication sur l’absence de sites web pour les départements restants. S’agit-il de projets en cours ou rencontrent-ils des difficultés financières et administratives ?

    16Nous comptons dans la présente communication analyser les sites web de ces départements sous trois aspects différents à savoir le contenu, la forme et les services fournis par ces sites web. Chaque niveau d’analyse comprend dix critères d’évaluation.

    Évaluation du contenu

    Identification des enseignants

    17Les résultats de l’enquête ont révélé que 76 % des sites web des écoles et départements de la SI dans les pays arabes permettent d’identifier les enseignants chargés d’enseignement dans cette discipline. Toutefois, l’identification varie, selon les sites, d’une simple mention des noms des enseignants, à une longue biographie. Bien plus, certains sites indiquent les liens renvoyant à la page personnelle du formateur, où nous trouvons de plus amples informations. Outre des données personnelles (date et lieu de naissance, état civil, nationalité, coordonnées, etc.), sont indiquées sur ces pages web d’autres informations sur les itinéraires scientifiques des enseignants, leurs parcours académiques, leurs grades actuels et les titres de leurs productions scientifiques, les intitulés des matières enseignées, etc.

    18Cependant, sur le reste des sites, aucune information n’est donnée sur le corps enseignant. Ce résultat pourrait être attribué à l’absence de coordination entre le comité éditorial du site web et les enseignants, et à un certain manque d’initiative de la part de ces derniers pour fournir des données sur leur parcours académique, leur production scientifique ainsi que leurs coordonnées aux responsables des sites web.

    19L’absence de données relatives au corps enseignant sur les sites de ces départements pourrait réduire la communication pédagogique entre différents acteurs universitaires et diminuer la visibilité des enseignants et sous-estimer la coopération entre les départements arabes. Bien plus, la non-identification des enseignants sur le net pourrait perpétrer leur isolement par rapport aux communautés scientifiques interarabes, interméditerranéennes et internationales. Il s’est avéré que tout isolement des universitaires à l’ère du numérique a des incidences négatives sur leurs carrières, ainsi que sur l’évolution de leurs établissements, telles que le ralentissement des échanges entre les enseignants, du partage d’expériences et de connaissances, et le manque de participation dans des programmes de formation et de recherche.

    Présentation du département et de ses objectifs

    20Nous constatons aussi que 64 % des sites web des écoles et départements arabes de la SI fournissent des informations, même si elles sont succinctes, sur l’historique du département, sur ses objectifs et ses missions. Par contre, 36 % des établissements ne permettent pas de se forger une véritable opinion sur l’histoire et la tradition d’enseignement de la SI dans l’université de tutelle, ou dans le pays, dans le cas où il s’agit d’un établissement d’enseignement universitaire qui enseigne la SI.

    21L’absence d’informations sur le démarrage de la formation et ses objectifs, sur les missions des départements et les diplômes proposés pourrait faire perdre beaucoup d’opportunités de coopération et de formation pour la totalité de la communauté universitaire, c’est-à-dire aux profits des étudiants et des enseignants. L’indisponibilité de ces données sur le site web officiel dudit département ne contribue pas au recrutement d’internautes qui cherchent à suivre une formation en SI.

    22Ce constat de carence d’informations sur la nature de la formation proposée et les perspectives futures qu’elle pourrait ouvrir à leurs ressortissants ne favorise pas le développement de cette discipline, n’incite pas à la mobilité des étudiants et enseignants dans le contexte arabe et ne permet pas une exploitation adéquate des autres expériences nationales et internationales.

    Présentation du programme d’enseignement

    23Les départements et les écoles de SI dans les pays arabes exposent sur leurs sites d’une manière concise le contenu des programmes d’enseignement. Le taux de sites web fournissant des informations sur leurs programmes par rapport à la totalité des sites web atteint les 60 %.

    24Sur ces sites, l’information varie entre des données très détaillées telles que les intitulés des unités de valeur, les modules ou les matières, leur volume horaire semestriel ou annuel, la nature de l’enseignement, à savoir les volets pratique et théorique, leurs coefficients d’examens et codes respectifs dont ils relèvent. Par contre, il se trouve encore quelques départements qui ne fournissent que peu d’information sur leurs programmes, se limitant à l’intitulé du cours et au volume d’heures hebdomadaires.

    25Ceci dit, nous remarquons que les 40 % restants ne donnent aucune information sur les programmes enseignés ni les niveaux d’études assurés par le département ou l’établissement en question. L’absence de telles informations défavorise l’interaction et le dynamisme qui pourrait être généré par des études comparatives, menées par les chercheurs, entre les différents programmes d’enseignement de la SI dans le même pays ou entre les pays arabes ou à l’échelle méditerranéenne et internationale.

    Plan de cours

    26Notre étude montre que 88 % des sites web des départements et écoles de BSI ne fournissent aucune information sur le contenu des cours. De ce fait, les nouveaux bacheliers, lors de leurs quêtes pour choisir leur discipline future, ne pourront pas détenir une information précise sur les contenus effectifs des cours et les aspects spécifiques de la discipline enseignée dans le département en question. Ces informations sont très utiles pour les jeunes qui cherchent de nouveaux profils de formation adéquate et opportune avec le marché du travail, notamment dans un contexte arabe où le taux de chômage est en expansion croissante chez les jeunes diplômés.

    27Le plan de cours permet aussi aux chercheurs d’avoir des données officielles afin de les analyser, les comparer et déterminer l’approche et la philosophie adoptée par tel ou tel département. Les résultats de ces travaux de recherche nous semblent très utiles dans un contexte où les programmes d’enseignement et les régimes d’études changent fréquemment. Ces résultats fournissent des indicateurs importants dans un tableau de bord universitaire pour orienter les décideurs et les enseignants-chercheurs dans leurs futures réformes des programmes d’enseignement.

    28Toutefois, trois départements seulement fournissent sur leurs sites le plan de cours. Cela montre que la communauté des universitaires arabes a beaucoup à faire afin de réduire cette fracture informationnelle et organisationnelle et se mettre à niveau par rapport aux établissements universitaires enseignant la SI dans le monde.

    Les statistiques

    29Les données statistiques présentes sur les sites web des départements arabes de la SI sont fort utiles pour évaluer et valoriser la formation. Ainsi, lorsqu’un département décrit son infrastructure matérielle, technologique et fournit des chiffres sur le corps enseignant, le nombre d’étudiants et de diplômés, etc., il facilitera les études comparées et les approches relatives à la qualité.

    30Mais, l’enquête a montré que vingt-deux départements ne publient pas sur leurs sites de telles données, ce qui ne permet pas de rendre compte ni de l’évolution quantitative des activités de ces institutions, ni de la valeur de la formation.

    31Par contre, trois établissements seulement mettent sur le Web leurs données chiffrées ceci nous mène à nous interroger sur l’absence de telles informations sur la Toile : s’agit-il d’un manque de moyens pour développer de telles statistiques ? Ces institutions prennent-elles réellement conscience de l’intérêt de ces chiffres dans l’enseignement supérieur ?

    Efficacité et utilité pédagogique

    32À la fin de cette partie, nous pourrons tirer quelques conclusions sur la valeur des contenus des sites web des départements arabes de la SI. Vingt sites sur vingt-cinq ne se distinguent pas trop des ressources classiques d’information, telles que les brochures et les dépliants que fournissent habituellement les services d’accueil des établissements universitaires à leurs visiteurs. Ce constat montre que ces institutions ont du mal à fournir et diffuser sur le Web un contenu informationnel riche et pertinent. En d’autres termes, nous constatons une sous-exploitation des Technologies de l’information et de la communication pour mettre en évidence la formation en SI dans les pays arabes. Ce constat met la communauté des universitaires dans cette discipline face à un dilemme à surmonter.

    33Le paradoxe consiste à répondre à l’équation suivante : comment montrer, par rapport à d’autres disciplines, que la SI dans les pays arabes arrive à mettre la Technologie de l’information et de la communication à profit en l’exploitant raisonnablement. Cette délicate entreprise est d’autant plus difficile que la SI prend l’information comme objet d’étude et la Technologie de la communication comme outil de travail.

    34Par ailleurs, il semble qu’il existe une relation étroite entre le taux de démarcation des sites web des départements par rapport aux ressources classiques, d’une part et le taux de son utilité pédagogique, d’autre part. Cela veut dire que « plus le site se distingue des ressources classiques plus le site devient utile sur le plan pédagogique, et vice versa, moins le site web se distingue des ressources classiques moins il présente un apport pédagogique ». Ainsi, le contenu pédagogique trouve davantage son extension dans l’exploitation des outils technologiques que dans les ressources classiques.

    35Nous pouvons alors avancer, selon cette thèse, que seulement 20 % des départements arabes de SI (pourraient être considérés utiles pédagogiquement, contre 80 % de sites qui ne sont pas d’un grand apport sur ce plan.

    Évaluation de forme

    Structuration des sites

    36Nous constatons que la majorité des sites web des établissements et des départements de la SI dans les pays arabes n’accorde pas beaucoup d’importance à l’aspect logique et structurel de leurs sites. En effet, la navigation dans 60 % des sites montre qu’elle n’est pas intuitive et que les internautes ont beaucoup de peine à trouver et à accéder au contenu informationnel des sites web.

    37L’absence des menus dans ces sites web, des flèches de transition entre les pages, de la barre de progression, du renvoi à la page d’accueil, du plan de site ainsi que la non-disponibilité d’une page d’aide pourrait entraver l’accès au contenu informationnel, nonobstant sa pertinence. En d’autres termes, lorsque les internautes se sentent perdus lors de leur navigation, ils pourraient abandonner leurs recherches sur ces sites.

    38Il s’avère alors que la construction logique du site web est une condition nécessaire pour une véritable exploitation du contenu informationnel disponible ou pour profiter des prestations des services proposées sur le site web. Cela implique qu’avant de penser à la nature du contenu à mettre sur le site, il faut penser, tout d’abord, à la structure du site web et à l’intégration des outils d’aide pour faciliter la navigation et, par conséquent, l’accès à l’information.

    39L’étude que nous avions menée montre qu’un lien étroit régit la structure logique de site et l’affichage clair des catégories d’informations disponibles. En effet, nous ne trouvons que dix sites web qui ont un affichage clair des catégories d’informations. Cela pourrait expliquer la relation causale suivante : quand le site web est bien structuré, l’affichage des catégories d’informations sera clair et toujours visible aux internautes. C’est pour cette raison que les quinze sites sont mal structurés et n’offrent pas un affichage clair des catégories d’informations disponibles.

    40Par ailleurs, treize sites ne mentionnent pas la date de leur création sur leur page. La mention de cette date est un indicateur important de l’historique du site et de sa plus-value en matière de tradition d’usage des TIC.

    Les points à revoir

    41Contrairement aux écoles de SI qui ont leur propre site web, les départements représentent une ou quelques pages web dans le site de l’établissement de tutelle, en l’occurrence celui de la faculté ou l’université, et parfois une seule page web vitrine comportant simplement quelques informations sur le département concerné.

    42De ce fait résulte le constat suivant : 88 % des sites web des établissements et départements de la SI dans les pays arabes n’ayant pas une URL autonome, mais plutôt un lien hypertextuel très long et très difficile à mémoriser par les internautes. Par ailleurs, cette structure décrite en trois niveaux, à savoir l’université, les facultés et leurs départements, complique beaucoup la tâche d’évaluation. Par exemple, pour évaluer des prestations de service produites par le département de la SI, il est indispensable, étant donné qu’elles sont généralement partagées par les facultés, de les vérifier une par une. Car nous trouvons parfois des facultés au sein d’une même université qui chacune offre des services différents.

    43Par ailleurs, l’aspect esthétique des sites web des départements de la SI mérite d’être révisé. Notre étude montre que 76 % de ces sites web sont très mal conçus du point de vue ergonomique. Dans certains sites web ne figure aucune image animée, ni logo ou bannière ; dans d’autres, l’aspect graphique est même plus pauvre, ne consistant qu’en une simple page web statique sans mise en forme, ni couleur ou image.

    44Aussi, nous constatons que les liens hypertextuels dans ces sites web sont très rares : 76 % de ces sites web n’ont pas de liens hypertextuels internes. Cela rend la navigation très difficile au sein même de certains sites web, tandis que d’autres n’ont pas besoin d’avoir ce type de lien, puisque le site n’est en réalité qu’une seule page web. En ce qui concerne les liens hypertextuels externes, nous dénombrons 18 sites qui ne renvoient pas aux sites web externes. Cette absence de liens externes réduit beaucoup l’importance et l’utilité de ces sites web et, par conséquence, limite leur consultation. Par contre, sept sites web des établissements sont plus ou moins riches en liens hypertextuels et aiguillent ainsi à d’autres sites web utiles.

    45Autre phénomène qui devrait être revu dans les sites web des établissements et départements de la SI dans les pays arabes : la carence ressentie en matière de diversité linguistique. En effet, 22 sites sont monolingues, et notamment en langue arabe. Ce phénomène défavorise absolument toute communication avec le monde extérieur et réduit considérablement les possibilités de développement de discipline jeune qu’est la SI. Quant aux sites web bilingues, ils atteignent 8 %, et les sites web trilingues ne constituent que 4 % de l’ensemble. Ce constat dévoile l’état d’isolement des établissements et départements de la SI par rapport au contexte mondial qui tend vers la mondialisation.

    La carence en information

    46D’après les résultats de l’enquête, nous constatons que 23 sites web ne mentionnent pas la date de dernière mise à jour du site web. L’absence de telle information pourrait induire les internautes en erreur par rapport à la validité et la « fraîcheur » des informations présentes sur ces sites web. Parmi les traits caractéristiques qui marquent l’intérêt d’un site web se trouve l’indication de sa dernière mise à jour.

    47Autre aspect qui est sous exploité, celui de l’usage des technologies des multimédias sur. En effet, nous remarquons que 96 % de ces sites ne comportent que du texte et parfois quelques images statiques, à l’exception d’un seul cas1 où nous trouvons une image animée au portail de l’université.

    48Les webmasters semblent ne pas prendre conscience de l’intérêt des technologies des multimédias dans le processus d’apprentissage et d’accès à l’information.

    Évaluation des services sur le Web

    Services limités

    49D’après notre enquête, il est rare de trouver un service dans les sites web des départements de la SI dans les pays arabes qui pourrait être mis en relief et interagir avec les internautes. Les services proposés par ces établissements sur la Toile sont assez modestes et nous pouvons dire qu’ils n’ont pas bien exploité les potentialités du numérique en matière de prestation du service.

    50Les résultats de l’enquête ont montré que l’existence de News sur les sites des écoles et départements de la SI est très rare. En effet, 80 % de ces sites web n’offrent pas ce service. Le caractère statique les marque de façon très forte, ce qui réduit l’aspect informationnel et d’actualité de ces outils de communication. Les actualités sont très importantes pour la communauté des universitaires qui ont besoin d’informations nouvelles et rapides sur les activités pédagogiques et de recherche telles que les inscriptions en ligne, les cours ou les dates des examens, les changements des calendriers de cours (absence d’enseignants, etc.) ou encore les séminaires de recherche.

    51Par ailleurs, nous constatons que 3 sites seulement offrent la possibilité de communiquer avec ces départements via leur plateforme, et ce par le biais des formulaires de suggestions ou de réclamations. Le reste, à savoir 22 sites, n’offre aucune opportunité de recevoir le feed-back des internautes ou d’entrer en interaction avec eux.

    52Nous remarquons aussi que d’autres services, comme le moteur de recherche interne, ne sont pas assez fournis. Les résultats de l’enquête montrent que 80 % de ces sites web ne permettent pas aux internautes de chercher facilement l’information.

    53Inutile d’indiquer l’intérêt d’un moteur de recherche interne qui réduit le risque de désorientation et d’égarement des usagers dans le cyberespace (Fenniche 2003 : 188).

    54Parmi les services qui sont insuffisamment fournis, nous trouvons l’affichage de l’emploi du temps sur le Web. Les 88 % des sites web des établissements et des départements de la SI dans les pays arabes n’informent pas les étudiants de leurs emplois du temps, information pourtant très utile aux étudiants puisqu’il est instable d’une semaine à l’autre. Ces changements pourraient être communiqués à distance, permettant ainsi aux étudiants de prendre connaissance du nouvel emploi du temps depuis leur domicile.

    55Un autre service qui est aussi très peu présent : le compte personnel des universitaires, étudiants et enseignants-chercheurs. Effectivement, selon notre enquête, 22 sites n’en offrent pas. Le compte personnel est très utile dans la mesure où cette communauté pourrait recevoir des documents ou des informations très pertinentes et essentielles sur le plan administratif, scientifique ou pédagogique.

    56D’autre part, un des services des plus urgents à offrir sur les sites web des établissements et des départements de la SI dans les pays arabes aux étudiants, dans un contexte où le taux de chômage chez les jeunes diplômés s’accroît d’une année à l’autre, est celui de rapprochement entre le marché de l’emploi et les ressortissants de ces départements. Nous constatons que 21 sites ne participent pas au placement de leurs diplômés sur le marché du travail et ne présentent pas de données sur l’environnement économique par le biais, par exemple, d’une banque de données relatives aux offres d’emplois.

    Les services à créer

    57Les résultats de notre enquête révèlent une absence totale d’une dynamique d’échanges et de débats sur ces sites. Nous n’avons repéré aucun groupe de discussion ou forum. L’absence d’un tel service pourrait réduire l’intérêt de ces sites auprès des internautes, alors que les départements de la SI sont censés être l’avant-gardistes quant à la communication de l’information et les échanges d’idées. De même, les groupes des discussions, les forums et chats pourraient nous aider à comprendre les préoccupations des étudiants, les difficultés rencontrées, leur appréciation quant aux contenus de la formation, leurs suggestions ou remarques, les réponses des enseignants à ces réclamations. Cet espace pourrait être un espace de rencontres par excellence des universitaires appartenant à une même discipline à l’échelle régionale et internationale.

    58Deux services devraient être mis en ligne puis qu’ils intéressent énormément les étudiants ; le premier est celui de calendrier des examens, le second se rapporte aux résultats des délibérations. En ce qui concerne le premier, nous constatons que 23 sites n’offrent pas ce service à leurs étudiants. Pour le deuxième service, à savoir la mise en ligne des résultats des examens, 24 sites ne permettent pas d’avoir accès à ce type de prestation. La diffusion sur le net de ces deux services constitue un gain de temps et d’énergie pour les étudiants, et éviterait des déplacements inutiles.

    59Enfin, un phénomène partagé par tous les sites web des établissements et des départements de la SI dans les pays arabes est celui de l’absence d’indication sur l’existence d’un comité éditorial de ces sites web. Il semble que 96 % des sites n’ont pas de comité éditorial qui se charge de concevoir le site, de le superviser et de le mettre à jour. Ce comité est la pierre angulaire de cet édifice qu’incarne le site web : c’est à lui, en effet, qu’incombe la délicate mission de diffuser les informations pertinentes, de le rendre plus attractif en matière ergonomique et d’offrir les services les plus utiles.

    Conclusion

    60Le contenu numérique arabe en SI tel qu’il se présente sur la Toile est une opportunité manquée, en raison de la carence manifeste en information dans les sites web des départements arabes, et la sous-exploitation des potentialités des TIC pour communiquer avec les différents acteurs universitaires et mettre en valeur leurs produits et services. Ainsi, peu de données sur les programmes, les missions des établissements, les profils des enseignants sont disponibles sur ces sites. Ce constat pourrait avoir des incidences négatives sur le processus d’enseignement et de recherche en SI ; freiner la mobilité des étudiants et enseignants dans le contexte arabe, réduire la visibilité des enseignants et leurs interactions avec la communauté scientifique internationale en termes d’échanges et de partage d’expériences.

    61Les sites web reproduisent les ressources classiques d’information et ne font pas appel aux outils technologiques pour développer un contenu pédagogique interactif et dynamique. Leur utilité pédagogique est mise en cause. Ainsi, beaucoup de sites en SI s’apparentent à des sites « vitrines » statiques, à usage limité ; ce constat d’échec est paradoxal pour une discipline qui prend l’information comme objet d’étude et les TIC comme outil de travail. Beaucoup de travail reste à faire à ce niveau pour optimiser les opportunités du web et développer un contenu numérique consistant en SI et assurer une dynamique d’échanges avec les communautés scientifiques arabes, méditerranéennes et internationales.

    Bibliographie

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    Notes de bas de page

    1 Il s’agit de l’université de Philadelphia en Jordanie.

    Auteurs

    Nabil Ghaoui

    Wahid Gdoura

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    Ghaoui, Nabil, et Wahid Gdoura. « Les sites web des écoles et des départements arabes de la science de l’information : Quel contenu ? Pour quel usage ? ». Savoirs en action, édité par Michel Durampart et Françoise Bernard, CNRS Éditions, 2013, https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.17468.

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