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Internet et politique

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Alexandre Coutant

Glossaire

Full text

1Les mots qui figurent dans le glossaire sont signalés par un astérisque* dans le texte.

2Affordance : on parle d’affordances pour évoquer les incitations à l’usage contenues dans le design même d’un objet. L’ergonomie et les disciplines s’intéressant aux interactions homme-machine se sont particulièrement penchées sur ces façons de concevoir l’objet de manière à ce qu’il rende son utilisation évidente.

3Arcep : l’Autorité de Régulation des Télécommunications (ART) a été créée en 1996 pour réguler le secteur des télécommunications. En 2005, elle se voit confier la régulation des activités postales. C’est ainsi que l’ART est devenue l’ARCEP : l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes.

4Arpanet : ce projet de réseau est lancé en 1966 par Lawrence Roberts, au sein de l’Ipto (Information Processing Techniques Office créé en 1962). L’Ipto fait partie de l’Advanced Research Projects Agency (Arpa, d’où le nom d’Arpanet), une agence américaine de gestion des projets de recherches financés sur des crédits militaires et créée en 1957. La conceptualisation d’Arpanet commence en 1967, les premiers nœuds entrent en fonction en 1969 et la première démonstration publique a lieu en 1972. Le projet fait des choix techniques novateurs, celui d’un réseau hétérogène et reposant sur la commutation de paquets notamment. C’est pour remplacer le premier protocole d’Arpanet jugé trop primitif que Vinton Cerf et Robert Kahn définissent le protocole TCP/IP, protocole* clé de l’internet.

5Balkanisation : issue du vocabulaire politique pour désigner un phénomène de morcellement d’unités politiques et géographiques (les Balkans, à l’issue de la Première Guerre mondiale), cette expression peut désigner des effets de fragmentation, en l’occurrence le fait qu’un internaute pourrait n’avoir accès qu’à une partie de l’internet en fonction de son prestataire d’accès, pour des raisons politiques ou commerciales.

6Cnil : tous les pays de l’Union européenne sont dotés d’une loi Informatique et libertés et d’une autorité de protection. En France, ce rôle est assuré par la Cnil, créée en 1978, autorité indépendante chargée de veiller à ce que l’informatique soit au service du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques.

7DNS : le domain name system permet d’établir la correspondance entre une adresse IP (sous forme numérique) et un nom de domaine (par exemple cnrs.fr). Sa structure est hiérarchique et son sommet est appelé la Racine*.

8Empirique : qui se fonde uniquement sur l’expérience, sur l’observation et ne procède d’aucun système, d’aucune loi. La réalité empirique est celle que l’expérience permet d’observer.

9Empowerment : souvent traduit par « capacitation » ou « montée en capacité », cette notion renvoie à la reconnaissance de la capacité d’une personne à prendre en main les questions le concernant. Elle s’oppose donc à toute forme de paternalisme, infantilisation ou autre forme de déresponsabilisation des individus. Employée dans de nombreux domaines, elle peut concerner tout autant la capacité de tenir une opinion rationnelle reconnue à un enfant au sein de la cellule familiale que la reconnaissance de la capacité des individus à formuler un avis constructif et qui se traduit notamment par la possibilité de laisser des commentaires sur les contenus diffusés sur le Web.

10Espace public : le concept d’espace public fait à la fois référence à un processus historique concret (la lente séparation entre l’État et la société civile), mais aussi à une théorie particulière de ce que doit être, dans l’idéal, une démocratie (un espace de délibération rationnelle). Le concept d’espace public est donc tout à la fois descriptif (il rend compte d’un phénomène) et normatif (il véhicule une conception particulière de la démocratie).

11FAI : Fournisseur d’accès à Internet. Si dans les premiers temps de multiples prestataires proposaient ce service à l’échelle locale, comme c’est encore le cas dans de nombreux pays en développement, aujourd’hui les principales sociétés de télécommunications sont devenus les FAI en proposant autour de leur offre internet les services de téléphonie fixe ou mobile, ou d’accès à la télévision (TVIP).

12Groupe de Travail sur la gouvernance de l’Internet : il a été créé par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies au cours de la première phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), qui s’est déroulée à Genève en décembre 2003. Il comptait alors 40 membres, parmi lesquels des représentants des États, du secteur privé et de la société civile. Il était présidé par M. Nitin Desai, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le SMSI. Ce groupe de travail a rendu un Rapport final le 1er août 2005 dans lequel il expose sa définition et sa conception de la « gouvernance ». Ses travaux sont poursuivis par le Forum sur la Gouvernance de l’Internet (FGI).

13IAB : l’Internet Architecture Board est un comité intégré dans l’IETF*. Ses responsabilités concernent notamment les architectures, il représente les intérêts de l’IETF dans les relations avec d’autres organismes intéressés à la normalisation, s’occupe du management éditorial et de la publication des RFCs* ou encore peut conseiller l’Isoc* sur des aspects techniques.

14IANA : l’Internet Assigned Numbers Authority a été créée par Jon Postel et a ensuite été intégrée en 1998 dans l’ICANN*. Elle est responsable de la coordination de certains des éléments clés qui garantissent le bon fonctionnement d’Internet, telles les adresses IP.

15ICANN : organisation de droit californien à but non lucratif, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, créée en 1998, a en charge la gestion du Domain Name System. Elle alloue l’espace des adresses de protocole* internet, supervise le système de nom de domaine de premier niveau pour les codes génériques (.com,. info, etc) et les codes nationaux (.fr) et assure les fonctions de gestion du système de serveurs* racines.

16Idéologie : dans une perspective marxiste, l’idéologie est un reflet, inversé, manipulateur, de la réalité sociale. Dans une perspective plus compréhensive, l’idéologie peut être définie comme un système de pensée qui a pour fonction de garantir la cohésion de la société en justifiant l’ordre social en place. La cohésion d’une société n’est donc pas uniquement assurée par la force (la violence légitime du pouvoir), mais aussi par une structure sociale inconsciente : l’idéologie.

17IETF : l’Internet Engineering Task Force est un organe de gouvernance de l’internet géré par les ingénieurs spécialisés du réseau. Ce groupe international participe à l’élaboration des standards pour l’internet, les RFCs* (Request for comments).

18ISO : l’organisation internationale de normalisation (International Organization for Standardization), née en 1947, produit des normes ISO dans les domaines industriels et commerciaux. Organisation non gouvernementale composée de représentants de 162 pays, avec un secrétariat central à Genève, son domaine d’activité est multisectoriel. Les normes sont élaborées par des comités techniques, sous-comités ou comités de projet, qui sont constitués d’experts appartenant aux secteurs industriels, techniques et économiques, auxquels peuvent s’associer des représentants d’agences gouvernementales, de laboratoires d’essais, d’organisations non gouvernementales, des milieux universitaires ou encore d’associations de consommateurs.

19Isoc : organisation à but non lucratif fondée en 1992, dont les bureaux sont à Washington et Genève, l’Internet Society a pour objectif d’assurer le développement, l’évolution et l’utilisation de l’Internet. Elle accueille les groupes techniques chargés de l’infrastructure et des standards de l’Internet (IAB*, IETF*…). Il existe des chapitres nationaux de l’Isoc dans plusieurs pays dont la France (Isoc France).

20Mainstream (presse) : littéralement « courant principal », anglicisme désignant les productions les plus connues ou les opinions majoritaires dans un domaine. Dans le domaine de la culture et des médias, il est régulièrement rapproché du qualificatif « de masse » avec une consonnance péjorative atténuée.

21Métadonnées : les métadonnées sont des informations contenues dans un document numérique (page Web, document pdf, image) et donnant des informations sur ce dernier (date de création, copyright, nom de l’auteur, mots-clés). Ces informations sont notamment utilisées par les moteurs de recherche pour classer et évaluer la pertinence des contenus disponibles sur le Web. Celles-ci peuvent être visibles pour l’utilisateur final (nom d’une page Web apparaissant dans la barre de titre du navigateur) ou non (nom du logiciel ayant créé le document).

22Mondialisation : n’est pas que le processus d’ouverture de toutes les économies nationales sur un marché devenu planétaire. En réalité, ce n’est là que la deuxième en date des mondialisations qui se sont succédé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (cf. Wolton, L’autre mondialisation, 2003). La première est d’ordre politique et coïncide avec la création de l’ONU. La troisième est d’ordre culturel, et, contrairement à une idée reçue, c’est maintenant la plus importante des trois, car c’est d’elle dont dépend la cohabitation culturelle, enjeu majeur du xxie siècle.

23Protocole : ensemble de règles et de bonnes pratiques qui permettent à deux ordinateurs distants d’échanger des données, ou de comprendre des informations. Établir un protocole et le rendre public est au cœur de toute nouvelle application sur Internet : il faut que les programmeurs spécialistes de tel ou tel type de machine ou de service puissent comprendre un protocole pour rendre leur produits « compatibles ». Internet lui-même doit être considéré comme un ensemble de protocoles (IP = Internet Protocol), dont la création et la mise à jour reposent sur une forme de gouvernance technique démocratique et ouverte représentée par deux organismes principaux (l’IETF* pour les protocoles de base et le W3C* pour les technologies du web). En ce sens, l’internet, comme structure technique globale empruntant des réseaux* physiques divers peut être considéré comme un bien commun « immatériel » : la communauté des ingénieurs prend collectivement les décisions sur les protocoles suite à des débats ouverts.

24Racine : Le sommet du Domain Name System* est appelé la Racine. Treize serveurs Racine du DNS, dont 10 sont aux États-Unis, sont gérés par des organisations nommées par l’ICANN* dont VeriSign. Certains serveurs DNS Racine sont en fait des groupes de serveurs s’appuyant sur la technologie anycast, nouveau type d’adressage multidestinataire, livrant les paquets de données « au plus proche ».

25Registres régionaux : les RIR (registres Internet régionaux) sont des organismes qui distribuent les blocs d’adresses IP qui leur sont alloués par l’IANA* dans leur zone géographique d’autorité. Il existe cinq RIR, celui pour l’Europe s’appelle le RIPE-NCC.

26Réseaux : un réseau informatique est composé d’équipements, de moyens matériels et logiciels qui permettent de relier entre eux des ordinateurs, des terminaux informatiques. L’internet est un « réseau des réseaux », permettant l’interconnexion de milliers de réseaux différents.

27RFCs : Request for comments. Dès 1969, Steve Crocker a formalisé ce mode d’échange de documentation et spécifications techniques ouvert, destiné aux chercheurs qui sont connectés au réseau Arpanet puis Internet et prennent part à son évolution. Ils sont diffusés d’abord sur papier, puis accessibles en ligne. Ils sont nés car le cycle traditionnel d’échanges d’idées et de normalisation apparaissait trop long.

28SMSI (Sommet mondiale sur la société de l’information) : l’idée de ce Sommet, portée notamment par la Tunisie, a pris corps lors de la Conférence de l’Union Internationale des Télécommunications à Minneapolis, en 1998, avec l’adoption de la Résolution 73. La première phase du Sommet, à Genève en 2003, avait pour objectif « de formuler de façon parfaitement claire une volonté politique et prendre des mesures concrètes pour poser les bases d’une société de l’information accessible à tous, tout en tenant pleinement compte des différents intérêts en jeu ». Elle aboutit à la Déclaration de principes de Genève et au Plan d’action de Genève, l’objectif de la deuxième phase (à Tunis en 2005) étant notamment de mettre en œuvre ce Plan d’action et d’aboutir à des solutions et des accords sur la gouvernance de l’Internet ou les mécanismes de financement.

29Société civile : terme qui a plusieurs sens, le plus courant renvoyant à un ensemble de citoyens intervenant indépendamment de l’espace politique étatique, notamment dans un cadre associatif.

30Town Meeting : terme souvent traduit par « démocratie locale », « réunion municipale » ou « assemblée municipale ». Née en Nouvelle Angleterre au xviiie siècle, cette modalité politique renvoie à l’idée d’une démocratie directe ou de proximité dans laquelle les habitants se rassemblent dans une salle pour discuter ensemble, échanger librement leurs opinions et voter sur les questions concernant la communauté. Le concept d’un town meeting à l’échelle nationale est évoqué par G. Gallup lui-même (cf. le numéro des « Essentiels d’Hermès » consacré à L’opinion Publique, 2009, p. 66-67).

31UIT : créée à la Conférence de Paris en 1865 sous le nom d’Union télégraphique internationale, dénommée en 1932 Union internationale des télécommunications, l’UIT est une organisation intergouvernementale qui a été reconnue en 1947 comme l’institution spécialisée de l’Organisation des Nations Unies dans le domaine des télécommunications. L’UIT a été chargée en 2003 et 2005 d’organiser le Sommet mondial sur la Société de l’Information (SMSI*).

32W3C : organe de gouvernance dédié au web, le World Wide Web Consortium a été créé en 1994. Il élabore les normes du web et sert de plate-forme de débat autour des technologies liées à l’information sur la toile (depuis l’encodage des informations jusqu’à la gestion des métadonnées documentaires).

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