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De la volatilité comme paradigme

 | 
Thomas Cavanna

Partie 4. La guerre soviétique d'Afghanistan comme source d'un dangereux nouveau « tilt to Pakistan »

La guerre soviétique d’Afghanistan comme source d’un dangereux nouveau « tilt to Pakistan »

Texte intégral

  • 1 « Never since World War II has there been so far-reaching a militarization of thought and discours (...)

« Jamais depuis la Deuxième Guerre mondiale l’on a assisté à une militarisation si profonde de la pensée et du discours dans la capitale »1.
– George Kennan, février 1980

Illustration 4 : Invasion soviétique de l’Afghanistan
Source : Atlas-historique.net (Guillaume Balavoine)

1Le 26 décembre 1979, l’U.R.S.S. lança une opération militaire de premier ordre sur l’Afghanistan. Se concentrant avant tout sur Kaboul, les forces soviétiques assassinèrent le leader en place, Hafizullah Amin, pour placer au pouvoir le client de leur choix, Babrak Karmal. Terre hostile enclavée entre l’Asie occidentale, l’Asie centrale et le sous-continent indien, l’Afghanistan était réputé ingouvernable et comptait parmi les pays les plus pauvres du monde. Pourtant, l’invasion soviétique marqua le début d’une longue guerre fratricide à l’impact littéralement décuplé par la rivalité opposant les deux superpuissances. Washington réagit en effet avec virulence à cette agression qui semblait menacer directement ses intérêts autour du Moyen-Orient. Or, pour des raisons tant géostratégiques que logistiques, l’administration Carter n’eut d’autre choix pour contrer l’U.R.S.S. que de jeter tout son poids derrière le Pakistan, opérant ainsi, au détriment de l’Inde, un renversement quasi-total de sa stratégie régionale.

  • 2 Riedel, What we won, op. cit., 189 p.
  • 3 Gates, Robert M., Duty: memoirs of a secretary at war, New York, Alfred Knopf, 2014, p. 336.
  • 4 « the powder keg, which has led to everything going wrong in the region and the beginning of heavi (...)

2Les choix alors effectués par les États-Unis s’avérèrent lourds de conséquences. Certains experts, à l’image de l’ancien agent de la C.I.A. Bruce O. Riedel, ont mis en avant la brillante exécution de la stratégie anti-soviétique mise en place sous les administrations Carter puis Reagan2. Cependant, d’autres ex-membres du gouvernement américain, comme Robert M. Gates, ancien numéro deux de la C.I.A. et ancien secrétaire à la Défense, ont exprimé de fortes réserves quant à la manière dont les États-Unis négligèrent les conséquences de long terme de leur stratégie anticommuniste3. Certains experts allèrent même plus loin, dénonçant la politique menée par Washington comme le « baril de poudre à l’origine de tout ce qui est arrivé de négatif dans la région depuis, notamment les débuts du militantisme islamique à armes lourdes »4.

3Comment la réorientation stratégique de l’administration Carter fut-elle débattue et approuvée ? Quelles furent ses manifestations vis-à-vis du Pakistan, de l’Inde, et de l’Afghanistan ? Quelles furent ses conséquences sur la campagne militaire menée par l’U.R.S.S. et sur l’équilibre géopolitique de la région ? Dans un premier temps, nous décrirons la vive réaction des États-Unis face à une offensive soviétique jugée extrêmement dangereuse pour l’ordre mondial en la mettant en perspective avec les déterminants réels de l’intervention de l’Armée Rouge. Le chapitre suivant amorcera une réflexion sur la dimension régionale du conflit, dans lequel le Pakistan joua rapidement un rôle-clé au grand dam de l’Inde. Enfin, nous étudierons le contraste entre l’impact tactique positif et les conséquences stratégiques destructrices de la coopération américano-pakistanaise.

Notes

1 « Never since World War II has there been so far-reaching a militarization of thought and discourse in the capital »; Smith Gaddis, op. cit., p. 247.

2 Riedel, What we won, op. cit., 189 p.

3 Gates, Robert M., Duty: memoirs of a secretary at war, New York, Alfred Knopf, 2014, p. 336.

4 « the powder keg, which has led to everything going wrong in the region and the beginning of heavily armed militant Islam »; William Dalrymple, cité dans Time.com, « Unbelievably, there are now refugees fleeing to Afghanistan », David Stout, June 28, 2014.

Table des illustrations

Légende Illustration 4 : Invasion soviétique de l’AfghanistanSource : Atlas-historique.net (Guillaume Balavoine)
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/13420/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 481k

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