1Le Théâtre-Nautique eut une très brève existence.

2Il fut inauguré le 10 juin 1834 dans la salle Ventadour. L’idée n’était pas nouvelle. En 1828, Leblanc de Ferrière avait déjà présenté le plan d’un hydrorama. En 1831, avec le futur directeur du Théâtre-Nautique, Saint-Esteben, il relance son projet et en explique le principe : il s’agit de « rendre avec succès l’ondulation, la transparence et le reflet des eaux ». Un vaste bassin rempli d’eau renouvelée tous les jours, occupe entièrement la scène. Trois de ses côtés sont rectilignes. « Le quatrième, celui du fond, se développe en demi-cercle parfait. Du sein de l’eau, s’élève un ciel d’horizon qui entoure ce côté circulaire et qui embrasse sans intervalle l’espace que découvre l’œil du spectateur […]. L’étendue réelle du bassin permet d’y mettre en action des barques de vingt-cinq pieds de longueur. Ces petits bâtiments, grossis d’une manière prodigieuse par la double illusion de l’optique et de la peinture donnent l’idée la plus complète de vaisseaux voguant en pleine mer. »

3Le Théâtre-Nautique « réunit toutes les conditions pour rendre avec une vérité presque magique les grands effets d’eau combinés avec les plus beaux accidents de lumière : les vues de rivière, de lacs et de mer ; les levers et les couchers de soleil ; les clairs de lune et les diverses teintes de la nuit ; les chutes d’eau, la pluie, les vagues depuis le calme jusqu’à la tempête ; et partout, l’éclat, le mouvement, la vie » (A. N., F²¹ 1091).

4Le 12 août 1833, Saint-Esteben obtenait l’autorisation de donner des pantomimes nautiques et autres, mêlées de danses, mais les personnages parlants et chantants lui étaient interdits.

5Obligé de procéder à des réparations urgentes de la salle, Saint-Esteben dut fermer son théâtre en janvier 1835 et les dettes qu’il avait contractées ne lui permirent pas de donner suite à son entreprise.

6En sept mois, le directeur fit représenter quatre pantomimes nautiques, Les Ondines, Guillaume Tell, Le Nouveau Robinson et un ballet chinois, Chao-Kang, qui offrait le spectacle féerique d’une ville illuminée par des lanternes multicolores se reflétant dans les eaux du canal que sillonnaient des barques.

7Cinq décorateurs travaillèrent pour cette entreprise : Ciceri, Léger, Despléchin, Devoir et Pourchet.

GUILLAUME TELL

Pantomime historique en 4 actes de Louis-Henri Bonnachon.

Musique de divers auteurs (Cesare Pugni, Adalbert Gyrowetz, Anton Reicha, Joseph (?) Weigl, le comte de Gallenberg, Luigi Carlini) arrangée par Georg-Jacob Strunz.

Création au Théâtre-Nautique le 10 juin 1834

Décors de Pierre-Luc-Charles Ciceri, Édouard Despléchin, Léger.

1. Esquisse de décor par Pierre-Luc-Charles Ciceri

Acte IV, tableau 2 : Chambre de Gessler.

Plume, aquarelle. Signé en bas à dr. : C. 70.

H. 190 x L. 312 mm. [Esq. Ciceri 182

Annotations ms. À dr., la mention : « Lit de Gessler établi dans une galerie du château et paré de l’air par des draperies suspendues aux chaînes de fer placées pour empêcher l’écartement des arceaux ». À g. : « Effet de nuit venant après le clair de lune et avant la forteresse ». En haut : « Le rouge est la draperie ou manteau d’arlequin du théâtre ».

Réf. : Liv. impr. J. Bréauté [1834] (B. N. 8° Yth. 8189).

LES ONDINES

Tableau-pantomime nautique de Louis-Henri Bonnachon.

Musique de divers auteurs arrangée par Georg-Jacob Strunz.

Création au Théâtre-Nautique le 10 juin 1834

Décors de Pierre-Luc-Charles Ciceri.

2. Détail du décor par Pierre-Luc-Charles Ciceri

« Théâtre Nautique. Ballet-prologue. 3^e plan et un 5^e ». Rochers et arbustes.

Plume et sépia. Signé en bas à dr. : Ciceri. S. d.

H. 380 x L. 295 mm. [Esq. Ciceri 29

Ce tableau représentait une grotte consacrée aux ondines, en partie occupée par les eaux. Dans le fond, une campagne baignée par une rivière.

Pour ce ballet, plusieurs bassins répartis sur plusieurs plans avaient été aménagés sur la scène, laissant entre eux une place pour y passer à sec. « La solution de continuité était masquée par des plantes d’eau et laissait circuler les ondines ; les bassins semblaient n’en faire qu’un. Les ondines paraissaient être dans l’eau, la réfraction était parfaite. » (J. Moynet, L’Envers du théâtre, p. 233.)

Réf. : Liv. impr. J.-N. Barba, 1834 (BN. 8^o Yth. 13067).