1Le Théâtre-Historique, construit 72, Boulevard du Temple, à côté du Cirque Olympique, eut une brève existence. Fondé sur l’initiative d’Alexandre Dumas, il fut inauguré le 20 février 1847 et ferma ses portes le 27 octobre 1850.

2Le peintre-décorateur Séchan avait présidé aux côtés de l’architecte De Dreux à la construction de l’édifice. Diéterle et Despléchin avaient apporté leur concours à la décoration du théâtre. L’ornementation de la salle et le rideau d’avant-scène étaient dans des tons rouge et or. Le rideau de manœuvre représentait un escalier majestueux conduisant à un portique au fond duquel se détachait une statue blanche.

3Après avoir fait ses preuves au Théâtre de la Porte Saint-Martin et au Théâtre-Français, c’est au Théâtre-Historique que Dumas put mettre à exécution un vieux rêve : celui de monter ses propres œuvres et devenir le maître d’œuvre, c’est-à-dire le metteur en scène.

4Rien ne lui échappait. Il avait l’œil à tout, surveillant les acteurs, les décors, les costumes, les mouvements de scène. Dans le Chevalier de Maison-Rouge, il avait recruté trois cents figurants « tous pris au hasard, dans la rue, dans les mansardes et dans les ateliers, venus là ne sachant pas cinq minutes avant de quoi il était question, ni ce qu’on allait leur demander ; or, c’était un singulier spectacle que celui de ce grand Dumas, debout en manches de chemise, au milieu de ces êtres le regardant de cet œil atone et méfiant que le peuple affecte d’abord en face de toute chose inconnue1 ».

5Pour les décors, Dumas s’adressa à Séchan, Diéterle et Despléchin, Cambon et Thierry, Lechevallier. Eugène Ciceri et son père semblent également avoir signé quelques projets (Th. Gautier mentionne Eugène Ciceri dans La Chasse de Chartre).

6C’est dans cette même salle que s’ouvrit le 27 septembre 1851 le Théâtre-Lyrique, encore, à ses débuts, sous l’appellation d’Opéra National.

LE CHEVALIER DE MAISON-ROUGE

Épisode du temps des Girondins. Drame en 5 actes et 12 tableaux d’Alexandre Dumas père et Auguste Maquet.

Musique de Louis Varney.

Création au Théâtre-Historique le 3 août 1847

1. Esquisse de décor par Charles Séchan

Acte V, tableau 11 : Une berge sous le pont de Notre-Dame.

Crayon, plume, lavis d’encre brune et rehauts de blanc sur papier teinté (beige).

Signé et daté en bas à dr. : C. Séchan 1847. Suivi de l’indic. : Le Chevalier de Maison-Rouge, drame d’Alexandre Dumas.

H. 293 x L. 630 mm. (Haut du dessin découpé en arrondi) [Esq. 19 (95)

Même décor que pour l’acte V des Huguenots : Vieux Paris vu du guichet du Louvre. Voir la lithographie de Gubian, 1837.

2. Maquette construite par Édouard Despléchin

Acte V, tableau 12 : La salle des morts à la Conciergerie.

• 1 plantation.

• 2 esquisses (crayon).

• 1 toile de fond.

• 4 principales.

• 4 éléments divers.

Plume et lavis d’aquarelle (gris). [Maq. A 113

« Le Chevalier de Maison-Rouge, sans parler des décorations et des costumes, qui sont exacts et pittoresques, est une merveille de mise en scène ; rien ne languit, rien ne traîne ; on n’éprouve pas un seul de ces moments de souffrance que causent, au théâtre, les entrées maladroites, les scènes trop prolongées ; c’est net, vif, impétueux ; tout marche, ou plutôt tout court ; pas la moindre hésitation, pas le moindre embarras » (Th. Gautier, Histoire de l’art dramatique en France, t. V, p. 137).

Réf. : Liv. impr. de Dondey-Dupré, 1847 (BN. 8^o Yth. 3258)

MONTE-CRISTO (Première soirée)

Drame en 5 actes et 11 tableaux d’Alexandre Dumas père et Auguste Maquet.

Musique de Louis Varney, Stoepel et Sylvain Mangeant.

Création au Théâtre-Historique le 3 février 1848

Décors de Charles Cambon, Joseph Thierry, Charles Séchan, Jules Diéterle, Édouard Despléchin, Lechevallier.

Machines d’Adolphe Pierrard.

Costumes de Gavarni, Louis Lassalle et Giraud, exécutés par Ferdinand et M^lle Philis.

3. Maquette construite par Édouard Despléchin

Acte I, tableau 1 : Le port de Marseille.

• 1 plantation pour le Théâtre-Historique.

• 1 étude de la maquette avec collages.

• 2 principales.

• 4 éléments divers.

• 1 croquis des voiliers sur calque, avec l’indic. : Vue du port de la Cannebière.

Crayon et rehauts d’aquarelle (gris) et de blanc. [Maq. A 170

Le tableau terminant la deuxième soirée représente également le port de Marseille.

4. Esquisse de décor attribuée à Ciceri (Eugène ?)

Acte V, tableau 11 : La plateforme du château d’If. Au fond, la mer et les rochers.

Nuit sombre.

Plume (encre brune) et lavis d’aquarelle avec rehauts de blanc.

Non signé, s. d.

H. 430 x L. 612 mm. [Esq. Ciceri 160

N^o d’entrée : 13572.

D’après un bordereau d’archive daté du 3 octobre 1922, ce décor serait de Ciceri, mais certainement pas du père Ciceri (BO. Arch. bibl., Pièce XXVII).

Il rappelle plutôt la facture de Séchan, ce qui serait confirmé par Th. Gautier : « Cette décoration est éclairée par une lune bleue, argentée et vaporeuse, d’une vérité étonnante ; les eaux tremblent sous la traînée lumineuse que l’astre projette sur la mer avec la mobilité et l’éclat du vif-argent. C’est à MM. Séchan, Diéterle et Despléchin, les maîtres du genre, qu’on doit ce chef-d’œuvre pittoresque » (Th. Gautier, op. cit., t. V, pp. 224-225).

MONTE-CRISTO (Deuxième soirée)

Drame en 5 actes et 6 tableaux d’Alexandre Dumas et Auguste Maquet.

Création au Théâtre-Historique le 4 février 1848

Mêmes décorateurs que pour la première soirée, mais le livret indique le nom d’un décorateur supplémentaire : Ernest [sic] Ciceri.

5. Rideau par Pierre-Luc-Charles Ciceri

Mer et nuages. Porte en haut à dr., au crayon, la mention : Monte-Cristo.

Aquarelle signée en bas à dr. : C. 98. S. d.

H. 310 x L. 470 mm. [Esq. Ciceri 19

Réf. : Liv. impr. N. Tresse, 1848 (BO. Liv. 19/3336 a)

LES MYSTÈRES DE LONDRES OU LES GENTILSHOMMES DE LA NUIT

Drame en 5 actes et 10 tableaux de Paul Féval.

Création au Théâtre-Historique le 28 décembre 1848

6. Maquette construite par Édouard Despléchin

Acte V, tableau 9 : Vue de Londres. Pont sur la Tamise. Nombreux voiliers.

• 2 feuilles de mesures dont l’une signée et datée : É. Despléchin. 10 juin 1846.

• Vue d’ensemble du décor avec mise au carreau.

• 1 principale (crayon).

• 14 éléments divers.

• 1 détail de voiliers.

Plume et lavis d’aquarelle, avec retouches de la main de Séchan.

[Maq. A 174

Réf. : Liv. impr. M. Lévy, 1849 (BN. Yf 13/6)