Remarques introductives
p. 5-7
Texte intégral
Riche, vivante et ignorée : l’histoire dans les études européennes
1Outre le fait que les études européennes ne constituent pas un champ cohérent et que certains indices laissent entrevoir un tassement de la « demande d’Europe » dans la société le nombre d’étudiants en troisième cycle spécialisé dans les études européennes ou même de doctorants ne cesse par exemple de décroître, lorsqu’on analyse la place de l’histoire en tant que discipline au sein du champ des études européennes en 2016 (un champ largement dominé par les sciences politiques), on observe que celle-ci est largement marginalisée dans les débats aussi bien publics qu’universitaires à propos de la situation actuelle de l’Europe.
2On enregistre pourtant l’émergence, au cours des dernières années, d’une historiographie des « coopérations européennes » dynamique et pertinente, qui s’est renouvelée et a élargi son champ d’investigation notamment au cours des dix dernières années, ceci étant à mettre en relation avec l’ouverture des archives institutionnelles ou de l’accès à des fonds documentaires diversifiés (personnalités, mouvements, business archives, archives syndicales et des partis politiques, think tanks). Comme le soulignaient justement Laurent Warlouzet et Emmanuel Mourlon Druol dans deux articles récents de la revue Politique européenne1, le champ s’est largement renouvelé tant dans ses méthodes que dans ses sujets :
« Le recours à une méthode de recherche multi-archives et à la prise en compte d’acteurs de plus en plus diversifiés permet de sortir de l’histoire traditionnelle, fédéraliste ou purement diplomatique, pour aboutir à une compréhension plus fine des interactions entre les différentes échelles, en particulier nationales et européennes [...] De nouvelles perspectives sont adoptées comme le constructivisme, le rôle du droit ou l’approche par les acteurs non étatiques et les réseaux transnationaux. Le prisme d’alternance crises-relances, qui a longtemps dominé l’historiographie du processus d’unification européenne, n’est pas discrédité pour autant mais il s’est complexifié2. »
3Le colloque « Sources et itinéraires de recherche croisés de l’histoire de la construction européenne (1957-2015) » se propose de faire un état des lieux de la recherche historique sur la construction européenne, de présenter divers fonds d’archives (publiques et privées) récemment ouverts au public en la matière et de découvrir quelques-uns des réseaux associatifs ou professionnels qui la sous-tendent.
4La première session explore l’historiographie de la construction européenne et retrace son évolution des années cinquante à nos jours. Elle présente les principales approches méthodologiques susceptibles de familiariser les chercheurs avec la variété des prismes interprétatifs et la portée analytique propres à ce champ spécifique de recherche. La seconde session est dédiée aux relations États membres – Union européenne, à travers plusieurs études de cas, notamment dans le cadre du processus d’adhésion et d’élargissement. Ces études sont complétées par deux contributions portant sur l’interprétation juridique de l’exercice du « droit de veto » et sur le dialogue social à travers les Archives du Centre européen pour la formation professionnelle. La troisième session met l’accent sur l’apport original des archives privées, de particuliers ou d’organisations, dans l’évolution récente des « European Studies ». Un dernier panel d’intervenants s’est intéressé aux réseaux académiques, aux fondations et à certains programmes de recherche spécifiquement dédiés à l’étude des institutions communautaires, du processus d’intégration ou à la coopération européenne. En conclusion, le colloque évoque la crise de confiance qui semble affecter l’opinion face aux derniers développements de la construction européenne et rappelle les défis majeurs auxquels l’Union européenne est actuellement confrontée.
5Ce colloque est le second organisé par l’association des « Amis des Archives historiques de l’Union européenne ». Celle-ci est une association indépendante, apolitique et à but non lucratif, qui regroupe
6Elle se fixe pour objectifs de :
réunir le plus grand nombre de personnes ou représentants légaux d’organisations/associations, soucieux de promouvoir l’utilisation et la connaissance des Archives historiques de l’Union européenne ;
développer toutes les activités susceptibles de faciliter l’accès à ces archives et de promouvoir leur exploitation et valorisation à des fins de recherche et auprès du public (conférences, expositions, publication d’ouvrages historiques et scientifiques, octroi de bourses d’études, etc.) ;
susciter et encourager les dons, dépôts et mécénat en faveur des Archives historiques de l’Union européenne ;
faciliter à ses membres l’accès, la consultation, l’exploitation et la valorisation à des fins de recherche, des documents des Archives historiques des institutions, personnalités et mouvements ayant contribué à l’intégration européenne3.
7Dans l’accueil et l’organisation des sessions, l’Association a bénéficié de précieux concours. Je voudrais remercier ici celles et ceux qui ont contribué à la préparation et à la bonne tenue de ce colloque. En premier lieu, j’exprime ma gratitude à la direction des Archives du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui, comme co-organisatrice, a contribué à l’élaboration du programme et à la composition des divers panels, ainsi qu’à l’accueil des participants dans ce centre particulièrement moderne et fonctionnel. En second lieu, mes remerciements vont aux Archives historiques de l’Union européenne, à leur directeur Dieter Schlenker, pour leur aide financière et opérationnelle. Une reconnaissance toute particulière au secrétariat bicéphale du colloque, l’assistante du Centre De Gasperi, Claudia Fanti à Florence, ainsi qu’à Isabelle Nathan, responsable du département des publics et ses collaborateurs, Isabel Leste, Zineb Hammadi et Sébastien Asselin à La Courneuve pour leur dévouement et leur capacité à surmonter les problèmes posés par la logistique et la communication et à répondre aux questions des participants.
8Enfin, je remercie tous les intervenants et personnalités qui ont accepté de participer à nos débats.
Notes de bas de page
1 Olivier ROZENBERG, 2015, « Faut-il continuer à étudier l’Union européenne ? Introduction », Politique européenne, vol. 4, n° 50, p. 6-15 ; Emmanuel MOURLON DRUOL, 2015, “Rich, vivid and ignored : History in European Studies”, Politique européenne, n° 50, Paris, L’Harmattan, p. 56-69 ; Olivier ROZENBERG, 2015, « Faut-il continuer à étudier l’Union européenne ? Introduction », Politique européenne, vol. 4, n° 50, 4, Paris, L’Harmattan, p. 6-15.
2 Laurent WARLOUZET, 2014, « Dépasser la crise de l’histoire de l’intégration européenne », Politique européenne, vol. 2, n° 44, Paris, L’Harmattan, p. 98-122.tous ceux qui souhaitent apporter leur concours à l’enrichissement et à la connaissance des Archives historiques de l’Union européenne.
3 L’association des Amis des Archives historiques de l’Union européenne : https://www.eui.eu/Research/ArchivesHistoriquesDeUE/AProposDesArchives/AmisArchiveshistoriquesdelUnioneuropeenne.
Auteur
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Jean-Marie Palayret
Jean-Marie Palayret est président de l’association des Amis des Archives historiques de l’Union européenne

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