Chapitre III : Le grand rôle
p. 21-39
Texte intégral
1. Hyde et Napoléon
1Comme pour beaucoup d’autres, l’irruption de Bonaparte au pouvoir suscita les espoirs de Hyde de Neuville, mais à une fin bien précise : Hyde rêvait d’un Bonaparte jouant le rôle du général Monk, et ramenant la dynastie légitime au pouvoir en France comme Monk l’avait fait en Angleterre.
2Cette illusion était partagée par beaucoup1, y compris et surtout par Louis XVIII, qui écrivit le 20 février 1800 une lettre à Bonaparte lui disant : « Sauvez la France de ses propres passions [...] Rendez-lui son roi. » Bonaparte ne répondit, par un refus, que le 7 septembre 1800, après la victoire de Marengo, acte de baptême de son pouvoir.
3D’un autre côté, tous les chefs chouans, entre la fin de 1799 et le début de 1800, avaient fini par signer une pacification générale. La plupart des chefs étaient désorientés, dans l’expectative. Pour ces deux raisons, l’un d’eux, d’Andigné2, et Hyde de Neuville, qui revenait d’Angleterre, cherchèrent à obtenir une entrevue du Premier Consul, pour décider de l’orientation qu’il convenait désormais de donner au mouvement de la Chouannerie, et tenter, s’il était possible, de convaincre Bonaparte de rappeler Louis XVIII.
4Hyde venait de se décider à partir pour Londres voir le gouvernement anglais et le comte d’Artois. Il y était poussé par les chefs royalistes qu’il connaissait, et par le chevalier de Coigny3, ex-beau parleur de salon récemment amendé, qu’il connaissait depuis peu, mais qui lui avait inspiré une telle confiance qu’il n’hésita pas à lui communiquer le plan qu’il méditait depuis quelque temps. Ce plan, qui avait pour but le renversement du Directoire, mettait en jeu des députés et des généraux, en particulier Pichegru. Premier plan d’envergure imaginé par Hyde, ses moyens d’exécution devaient se trouver à Londres. Il fut entendu que Hyde irait demander au comte d’Artois des pouvoirs au nom de Coigny, plus âgé et davantage connu. Il s’embarqua en octobre 1799 avec le marquis de Crénolles4, ami de Coigny, qui devait désormais entrer dans la conspiration sous le nom de Durocher, et vit sur le chemin Cadoudal et Frotté, avec qui il conféra en Normandie. Le plan fut approuvé par Monsieur, et Hyde fut renvoyé en France. Mais le 18 brumaire, qui bouleversait la situation, obligea Hyde à modifier ou du moins suspendre ses projets, et à tâter le nouveau terrain.
5La meilleure façon était de rencontrer Bonaparte. Dès le début décembre 1799, la comtesse de Damas mit Hyde en relation avec Joséphine5.
6D’autre part, Hyde avait réussi à se mettre en rapport avec Talleyrand, qui organisa deux conférences avec Bonaparte : la première, préparatoire, avec Hyde de Neuville seul, le 26 décembre 1799, et la deuxième avec Hyde et d’Andigné, le 27 décembre. Talleyrand favorisait la naissance de ces espoirs dans le camp royaliste, que Bonaparte, espérant une pacification prochaine, se gardait de démentir. Sur les rapports de Hyde, d’Andigné fut délégué à Paris par les chefs chouans.
7L’entrevue reposait sur un malentendu réciproque. Bonaparte attendait une négociation pour une pacification qui pouvait être signée sur le champ ; d’Andigné, qui n’avait pas les pouvoirs pour traiter, cherchait seulement à sonder les intentions du Premier Consul sans engager ses compagnons, et à lui proposer le rétablissement des Bourbons. Quant à Hyde, d’accord avec Bourmont, la pacification ne lui paraissait pas à exclure, mais à condition qu’elle fût un premier pas, la base d’un autre traité, « bien autrement important » : le rappel des Bourbons6. L’accord se fit sur un certain nombre d’articles : radiation et mise en possession de leurs biens non vendus pour ceux des chefs royalistes qui étaient portés sur la liste des émigrés, exemption de la conscription pour tous les départements insurgés, rétablissement des prêtres sans serment. Mais, chacun cherchant à gagner l’autre, la discussion devint très violente lorsqu’ils s’aperçurent du malentendu7.
8Il n’était pas forcément stupide de penser que Bonaparte, qui n’avait jamais réellement déclaré ses intentions, eût pu travailler pour les Bourbons. Simplement il s’avérait que le Premier Consul ne voulait pas se compromettre dans une cause perdue, alors qu’il espérait bien plus que le rôle de connétable que lui proposaient sans sourciller Hyde et d’Andigné.
« S’ils [les princes] eussent été dans la Vendée, j’aurais travaillé pour eux. Mais vous ne pouvez vous figurer, leur déclara Bonaparte, combien peu l’Europe s’en occupe. Il y a eu un temps, je vous l’avouerai, où j’ai voulu faire quelque chose en leur faveur. Lors du traité de Campo-Formio, j’ai parlé de leur créer un grand établissement. On ne voulut pas faire le moindre sacrifice pour eux8. »
9Bonaparte donc ne se ralliait pas aux Bourbons. Mais Hyde allait-il se rallier à Bonaparte ? La cause des Bourbons apparaissait effectivement de plus en plus perdue, et Bonaparte présentait un régime stable, si ce n’était pas la royauté légitime, qui pouvait agréer beaucoup de royalistes, à défaut de mieux : « On n’aime pas Bonaparte, on le préfère9. » De plus, Hyde n’avait pas été sans se laisser prendre au magnétisme de Bonaparte qui lui offrait de se joindre à lui : « Oui, ajouta-t-il en s’adressant particulièrement à moi... Venez sous mes drapeaux, mon gouvernement sera le gouvernement de la jeunesse et de l’esprit. » Mais quand Bonaparte demanda à Hyde ce qu’il désirait, celui-ci répondit : « Deux choses : Louis XVIII pour régner légitimement sur la France, et Bonaparte pour la couvrir de gloire10. »
10Hyde n’avait pas été sans se laisser troubler fortement par la personnalité du Premier Consul.
« Il me regarda avec une telle expression, une telle pénétration, que je perdis toute assurance sous le feu de cet oeil investigateur. L’homme avait grandi pour moi tout à coup de cent coudées. [...] Il y a quelque mérite, quand on est très jeune, à n’être point ébranlé par un nouvel Hercule. J’aurais voulu pouvoir saluer le connétable, et suivre contre l’étranger le héros ; à tous les points de vue, je regrettais d’avoir lu trop clairement à travers les paroles du Premier Consul ses véritables intentions à notre égard, mais il n’était plus permis de s’abuser sur les dispositions qui l’animaient ; jamais il ne serait des nôtres11 ! »
11Malgré toute sa fascination pour l’homme, Hyde en était séparé par un fossé idéologique, et surtout par l’irréductibilité de sa position en faveur de la légitimité.
12Il n’allait donc pas hésiter à user de tous les moyens pour supprimer l’homme qui se dressait ainsi devant le retour du roi.
2. La guerre ouverte : l’agence anglaise
13Hyde, déçu par le Premier Consul, reprit le plan qu’il avait préparé à Londres, et qui avait été approuvé par le comte d’Artois. La seule différence par rapport à sa position antérieure était qu’il ne luttait plus contre un régime, mais plus spécifiquement contre un homme, avec l’impression, de plus en plus, qu’il suffirait d’éliminer cet homme, qui avait concentré le pouvoir entre ses mains, pour faire triompher la Cause. Ceci pourrait aller jusqu’à justifier un assassinat politique.
14Le but de Hyde de Neuville revenant en France était de reconstituer une agence parisienne pour remplacer celle, démantelée, de Duverne de Presle, et mettre en relations constantes et régulières Londres, Paris et la Vendée, afin de concerter des actions communes. L’agence cumulait les trois fonctions classiques : renseignement, action, protection. La fonction de renseignement était assurée par un réseau d’espions et un service de correspondance régulier ; la fonction action, par un petit commando d’élite stationné à Paris, sous le commandement du chevalier de Margadel, alias Joubert ; la fonction protection, par un service de contre-police redoutablement efficace mis sur pied par un ancien fonctionnaire, Dupérou.
15Pour tout cela, Hyde avait reçu des pouvoirs pour trois personnes qui devaient diriger l’Agence. Hyde, sous le nom de Paul Berry, en était le moteur ; cependant, le chef théorique était le chevalier de Coigny. Ancien militaire qui avait plus brillé dans les salons que sur les champs de bataille, ancien bourreau des cœurs, connu pour sa légèreté et ses bavardages, mais hardi royaliste de fraîche date et conspirateur enthousiaste, Coigny avait alors 55 ans12. L’ancienneté, sa petite notoriété d’ancien courtisan « à la mode », le fait qu’il était connu du comte d’Artois, furent autant d’éléments qui justifièrent ce choix.
16Un troisième et mystérieux personnage, jamais identifié par la police, partageait les responsabilités de l’agence et allait fréquemment en Angleterre prendre les ordres : Ferrand. Il s’agissait du marquis Anne-Louis Quengo de Crénolles, également appelé Durocher, ancien major d’infanterie, très dévot, mais bavard et indiscret13.
17L’Angleterre était principalement intéressée par le réseau de correspondance, destiné à transmettre en Vendée les ordres des princes, et surtout à envoyer en Angleterre les renseignements sur la situation française. Pitt, poussé par Burke, Windham et les conservateurs, avait fini par surmonter sa méfiance envers les agents, plus ou moins fiables, du comte d’Artois, et à allouer pour la mise sur pied de la correspondance des sommes assez considérables. À partir de 1795, les Alliés avaient peu à peu fait défaut à l’Angleterre et elle se retrouvait à peu près seule face à la France. Le seul allié sur lequel l’Angleterre pouvait compter avec certitude, qui ne lui ferait jamais défaut, c’était les royalistes français14. D’août 1799 à février 1800, elle leur envoya par conséquent 75 000 livres (contre 9 491 livres pour toute l’année 1798), 21 000 fusils, 1 800 carabines, et 500 pistolets15. Ces fonds servaient à financer les frais de la contre-police de Hyde, de la troupe de Joubert (y compris les chevaux), les achats de journaux (L’Ami des Lois, Le Courrier Universel, et d’autres, envoyés à Londres pour information), les voyages de ses agents dans l’intérieur, et d’autres dépenses de détail, y compris douze caisses de champagne destinées à fêter un éphémère succès. Le reste devait être transmis à la Vendée16. Hyde se plaignait régulièrement de ne pas recevoir assez d’argent pour pouvoir financer ses propres hommes, et surtout d’être obligé d’avancer lui-même de l’argent à Bourmont et aux Vendéens. Il fallait bien justifier des demandes de fonds incessantes. En fait, l’Angleterre se montrait particulièrement généreuse, au point que Crénolles, qui se plaignait du gâchis d’argent fait dans le circuit de la correspondance, pouvait dire à Hyde : « Cependant comme je connais la magnificence de vos commettants, je n’en ferai que de légers reproches17. »
18Un service régulier fut organisé dès novembre 1799 par Amiens, Boulogne et les îles Marcourf18, pour le transport des dépêches chiffrées. Deux agents, de Vauxnoir et d’Andréville, faisaient alternativement le voyage. En plus de ce service régulier, Hyde employait souvent des personnes sûres : des chouans, et surtout un certain nombre de personnages insoupçonnables : des aristocrates normands, comme de Vaux, ou Héricard de Thury, alias le Furet, et beaucoup de femmes : Emilie de Croixmare, Mlle Poisson, Mme de Vauguyon, Mme des Lians, Mme de Vaubadon, Rose de Banville, alias Jeanne d’Arc (nom de guerre qui en dit long sur la manière dont elle considérait sa mission), et Mme Williams, qui avait épousé un négociant anglais19. Un plus grand nombre encore, sans avoir le rôle actif de messager, servaient de relais. Au Mans, à Laval, à Château-Gontier, à La Flèche et dans un certain nombre de bourgs de la Mayenne, on peut compter au total 94 correspondants, dont 44 femmes, la plupart nobles. Mais on voit aussi des artisans, des négociants, des hommes de lois, des apothicaires ou des chirurgiens20. Il faudrait y ajouter les correspondants de Normandie, plus nombreux encore et plus actifs, dont la police n’a pas la liste, à Amiens, Abbeville, Bayeux, Boulogne, et les principaux ports normands.
19Ce réseau était destiné à compléter, voire remplacer, celui que les Anglais avaient eux-mêmes mis en place par les Ȋles Marcouf et par Jersey, depuis 1794. Malgré les ordres reçus, les gouverneurs de ces îles, le prince de Bouillon et le général Gordon, virent d’un mauvais oeil l’établissement d’un nouveau réseau qui se voulait indépendant et entièrement français, relevant plus du comte d’Artois que du gouvernement britannique21. Cependant ils assistèrent sa mise en place, et les îles Marcouf non seulement devinrent le pivot de la correspondance entre Londres, Paris et la chouannerie normande, mais reçurent baraques en bois, entrepôts et réserves de poudre22. Elles devenaient ainsi un carrefour de transit d’armes, de personnes, et de dépêches secrètes des agents du continent.
20Parallèlement, Hyde de Neuville mettait sur pied une petite « armée », placée sous le commandement du chevalier de Margadel23. Le projet, dont Dupérou avait entretenu le gouvernement anglais dès septembre 1799, était ambitieux. Il ne s’agissait de rien moins que d’« organiser une chouannerie à Paris » : vingt hommes par section, commandés par un sergent, un lieutenant et un capitaine. Les capitaines correspondraient avec douze colonels établis dans les douze municipalités de Paris. Les colonels rendraient compte à quatre généraux qui se partageraient Paris et ses environs ; et les quatre généraux recevraient des ordres d’un commandant en chef, lequel ne pourrait agir que d’après des instructions qu’il tiendrait du principal ou des principaux agents du roi à Paris24.
21En fait, l’« armée » ne dépassa jamais une douzaine d’hommes25, et son action était réduite à des coups de mains, audacieux certes, mais limités. Son principal coup d’éclat fut l’affichage du testament du roi le jour anniversaire de sa mort, le 21 janvier 1800. Hyde voulait une action qui frappât les imaginations et leur rappelât l’existence d’un parti du roi. Avec son frère et quatre autres hommes, il réalisa une mise en scène théâtrale, voila d’un gigantesque drap noir la façade de la Madeleine et afficha un peu partout dans la ville le testament de Louis XVI, avec une proclamation du comte d’Artois. Le drap et les proclamations ayant été enlevés assez tard, vers 9 heures du matin, l’affaire fit sensation, mais pour peu de temps.
22La contre-police fut placée sous la direction de l’homme le plus capable, par son habileté, de la rendre efficace : Dupérou, qui avait été indiqué à Hyde par le comité de Londres, avec qui il était déjà en relation. Dupérou avait offert ses services poussé plus par l’appât du gain, peut-être aussi les idéaux politiques, que par ambition. Il demandait deux cents louis par mois, et n’en obtint que quatre-vingts, ce qui d’après lui était bien insuffisant pour pénétrer les six polices de Paris26.
23Louis Dupérou était le fils d’un officier de chambre à la cour de Mannheim. Chassé par ses maîtres en 1792, Charles-François Dupérou se réfugia à Strasbourg puis à Paris, où il se fit nommer commissaire des guerres. Louis, qui avait étudié à l’université de Heidelberg, parlait couramment cinq langues. Il fut envoyé par Lebrun comme agent secret sur les frontières. Mêlé à une série d’affaires mystérieuses, il fut admis en août 1794 à la troisième division du commissariat, où il continua ses manœuvres étranges et ses liaisons, notamment avec le général Miranda. Il démissionna en 1796, passa à la deuxième division de la commission des Affaires étrangères, mais continua à conserver des relations avec tous les bureaux, grâce à ses relations personnelles et aussi à celles de son père, resté commissaire des guerres. Après l’affaire de l’agence anglaise, il garda des liens avec la police, qu’il servit à Grenoble lors de l’affaire de Didier27. Il avait également des liaisons avec Moulin, Gohier, et François de Neufchâteau28.
24Il parvint ainsi à acheter deux fonctionnaires, Clément, du bureau central de la police et Maillefer, employé au comité de sûreté générale. Les deux hommes, qui comme beaucoup de fonctionnaires n’étaient pas payés de leurs appointements, ou avec beaucoup de retard, furent gagnés par la promesse de vingt-cinq louis par mois, qui devaient les sortir de « l’extrême besoin » où ils se trouvaient29.
25Dupérou reçut ainsi chaque jour, de janvier à mars 1800, un rapport qui mettait le comité de Paris au courant de tous ceux que le bureau central de la police présentait au gouvernement. Averti de toutes les dénonciations contre les royalistes, muni d’une liste des mouchards, le comité connaissait d’avance les mandats d’arrêt et savait qui était surveillé. La police estima que plus de deux cent trente personnes échappèrent ainsi aux recherches tant que fonctionna la contre-police30. Mais Dupérou ne put prévenir l’arrestation et l’exécution du jeune marquis de Toustain31.
26Hyde de Neuville attachait une importance extrême à l’opinion publique. Jusqu’alors, sa guerre avait été surtout une guerre de pamphlets, et même la manifestation spectaculaire du 21 janvier 1800 était avant tout destinée à frapper les esprits. L’agence anglaise continua donc plus que jamais à répandre des écrits royalistes. C’est à ce moment-là que Hyde fonda sa propre feuille, L’Invisible, qu’il faisait circuler sous le manteau avec le testament de Louis XVI, les proclamations des princes, et divers écrits comme Les Adieux à Bonaparte de son ami Michaud. L’Invisible paraissait deux fois par semaine et circulait dans toute la France. Ces efforts reposaient sur la conviction que l’opinion, étouffée par les meneurs révolutionnaires, était au fond royaliste, et qu’il suffisait de la réveiller, en lui montrant qu’un parti du roi existait encore, et que les princes légitimes étaient aux frontières, prêts à rentrer à l’appel de leur peuple.
27Hyde de Neuville avait fini par constituer, très vite, un réseau important, qui avait ses ramifications en Normandie.
28Ses agents étaient très divers. La majorité était composée d’anciens chouans, surtout les agents employés à la correspondance32. Hyde avait aussi attiré à lui des soldats déserteurs en mal d’argent, comme Boisgirard, dont il avait déjà employé les services pour faire évader Sir Sydney Smith, des aristocrates parisiens et normands portés à la lutte par leurs convictions, comme Billard de Vaux, dont le manoir normand était une plaque tournante de la correspondance et une cache souvent utilisée, de Vauxnoir, et bien d’autres ; des paysans normands, des aubergistes, des artisans parisiens comme le parfumeur Caron, des perruquiers, des limonadiers, qui faisaient circuler les tracts et offraient des caches ; des fonctionnaires, qui renseignaient la contre-police ; beaucoup d’ambitieux et surtout beaucoup d’agents plus ou moins doubles poussés par l’appât du gain, notamment parmi les fonctionnaires au petit traitement et aux habitudes de vénalité. La police malgré tout réussit fort peu à s’infiltrer dans le réseau, dont elle soupçonnait pourtant depuis longtemps l’existence33. Malgré les affirmations de Fouché, elle semble avoir été très mal informée de l’étendue de la conspiration, de ses activités et de ses agents, jusqu’à la découverte fortuite des papiers de l’agence34.
29Un certain nombre d’agents, outre les trois chefs, Dupérou et Margadel, étaient de plus haute volée, et collaboraient par conviction ; quelques-uns avaient déjà été impliqués dans des affaires précédentes. Joseph Michaud continuait à fournir des pamphlets. En mars 1801 il fut arrêté pour complicité avec l’agence anglaise. Il est probable que la police l’avait plutôt confondu avec son frère Gabriel, engagé plus activement35.
30Hyde s’était également adjoint un étrange personnage, l’abbé Ratel, déjà compromis dans des conspirations précédentes. Curé de Dunkerque avant la Révolution, Louis Jean-Baptiste Justin Ratel s’était installé à La Roche-Guyon, où il ne se mêlait guère du culte. Il fut dénoncé en octobre 1795 comme étant un des hommes particulièrement liés aux complots royalistes d’avant le 18 fructidor, en liaison avec les conspirateurs Lemaire et l’abbé de Langlade. Impliqué dans l’affaire Duverne de Presle (la première agence royaliste de Paris), il réussit à échapper aux recherches, caché par sa maîtresse36. Après l’affaire de l’agence anglaise, il continua à comploter, fit partie de la conspiration de Georges en 1804. En 1808 il se rendit à Bath et fit des propositions à l’amiral Linois. Enfin il se réfugia en Angleterre37.
31Hyde employait de même un certain nombre d’ecclésiastiques en rupture de ban, comme l’abbé Vannier, ou l’abbé Étienne Godard, ancien curé berrichon, dont la maladresse devait causer la perte de tout le réseau.
32Enfin, en dehors de Larue, l’agence étendait ses relations à un certain nombre de généraux ou d’anciens députés. Hyde, comme Dupérou, a tendance dans ses rapports à exagérer ces contacts. En fait, il comptait surtout sur Pichegru, travaillé par Larue. Cependant la saisie des papiers de l’agence compromit effectivement un certain nombre de députés. Le plus compromis était Jean Piet, avocat, député au Corps législatif, qui fut d’ailleurs arrêté en mai 1800, mais remis en liberté en novembre suivant. Piet, ancien membre du club de Clichy comme Hyde et Larue, avouait lui-même avoir connu Hyde de Neuville par Larue. La principale preuve qui établissait ses accointances avec l’agence de Hyde était une lettre retrouvée dans ses papiers, où d’Andigné lui accusait réception de L’Invisible, la feuille de Hyde : « C’est probablement par vous, Monsieur, que L’Invisible est devenu visible pour moi, je vous en fais tous mes remerciements38. »
33Tous ces réseaux, toutes ces entreprises reposaient sur l’argent fourni, assez généreusement jusqu’à la paix d’Amiens, par la Grande-Bretagne. La Grande-Bretagne, quoiqu’assez sceptique sur les chances de la contre-révolution en France, ne voulait pas cependant laisser passer une occasion d’affaiblir son adversaire, et tenait pour précieux les renseignements fournis par l’agence de Hyde, concurremment avec d’autres espions39.
34Ce soutien de l’Angleterre n’était pas sans inconvénients. Il nuisait terriblement à l’image du parti royaliste en France. De ce point de vue, la découverte le 2 mai 1800 des papiers de l’agence anglaise fut une catastrophe. Le gouvernement de Bonaparte, conscient de l’impopularité qu’entraînerait pour les royalistes la preuve qu’ils s’étaient mis au service d’une puissance ennemie, fit publier une bonne partie des papiers saisis par une commission présidée par les conseillers d’État Chaptal, Emmery et Champagny, avec des garanties de vérité et d’objectivité40. La publication était effectivement d’une conformité quasi scientifique avec les originaux : Bonaparte n’avait pas besoin de falsifier les pièces pour les rendre plus odieusement anglophiles. Simplement, il fit supprimer quelques noms de gens qu’il ne voulait pas compromettre.
35L’agence souffrait également de la rivalité d’autres comités ou agents royalistes, reflet du manque d’entente entre les princes, et aussi de la propension, surtout de la part du comte d’Artois, à accorder des pouvoirs au premier intrigant qui se présentait avec un plan de conspiration. Le comte d’Artois avait son agence à Paris ; cela ne l’empêchait pas d’y envoyer des agents, comme Butler, munis de pouvoirs concurrents, sans avertir l’agence en place41. Le comte de Provence avait lui aussi son agence depuis 1798, plus discrète, moins active, qui relevait de l’agence souabe, et qui voyait d’un œil peu favorable les activités de Hyde et de ses hommes, jugées le plus souvent intempestives, voire intrigantes. D’André, agent du comte de Provence, se plaignait à Saint-Priest de la présence à Paris d’« une foule de gens se disant agens du roy, notamment un M. Dubois42 qui donne des commandemens. Je ne sais absolument ce que c’est. Je ne reviendrai pas sur les inconvénients de cette foule d’intrigants ni sur la nécessité de l’unité d’action43. »
36Début 1800, le prétendant Louis XVIII avait tenté pourtant de mettre un peu d’ordre dans ce fouillis d’agences parallèles. Des « instructions secrètes aux agents des princes français » avaient été communiquées à Henry Dundas, secrétaire à la guerre, et au gouvernement britannique :
« Plan approuvé par le roi, qui seul en connaît la totalité. Le ministre anglais, les princes français ont également adopté ce qu’on leur a montré de ce plan. On a cherché à faire marcher de concert les mesures politiques et les mesures militaires. La France sera divisée en deux agences. L’une, qui comprend les provinces de Franche-Comté, Lyonnais, Forez, Auvergne, et tout le midi, sera confiée à M. de Précy. L’autre, qui s’étend sur le reste de la France, sera dirigée par les agents de Paris. Ces deux agences s’informeront réciproquement de leur situation, par une correspondance régulière et active. Aucun mouvement ne sera entrepris par l’une si l’autre n’en est prévenue d’avance, et si elle n’est pas en mesure de la seconder. Les deux agences auront une correspondance directe avec le roi et avec les agents du gouvernement britannique, cette dernière n’ayant que deux objets : le premier, la demande des secours, et pour leur emploi, les agents devront se rendre toujours indépendants des instructions que pourraient leur donner les Anglais ; le second objet de la correspondance anglaise sera de leur donner toutes intelligences pour tendre au service de la cause, mais jamais celles dont le résultat pourrait être de leur faciliter la prise de quelques-unes de nos places maritimes, et en général aucunes qui n’auraient d’utilité que pour eux44. »
37Mais Royer-Collard, Précy, d’André et les membres du comité du comte de Provence à Paris avaient exprimé autant de méfiance que de répugnance à l’annonce de cette nouvelle organisation. Une agence concurrente, par des actions imprudentes, faisait courir des risques à l’ancienne, attirait à elle des fonds qui autrement eussent échu à Royer-Collard. En février 1800, Royer-Collard envoya des protestations très vives, et se déclara opposé à toute espèce de collaboration, exigeant même, pour des raisons de sécurité, que son réseau demeurât inconnu aux agents qui dépendaient de l’Angleterre45. Le roi fit droit à cette exigence. La saisie des papiers de l’agence de Hyde par la police ne fit que conforter les agents de Louis XVIII qu’il n’y avait rien à attendre de bon des agents du comte d’Artois, tout juste capables de compromettre tout le parti par leur légèreté et leur impopularité surtout, née de leur collusion ouverte avec l’Angleterre. « Cette saisie est d’autant plus fâcheuse que comme on ne distingue point à Paris entre les agents de l’Angleterre, ceux de Monsieur et ceux du Roy, les imprudences, les indiscrétions, les sottises des premiers retombent sur les seconds et discréditent chaque jour le parti du Roy46. » Le roi, qui n’avait jamais bien aimé que son frère ait une agence à lui dans la capitale, et une agence qui de plus monopolisait tous les subsides anglais, fit répondre à la nouvelle de la saisie qu’il en avait des regrets et qu’il y avait de « fâcheuses chances à en craindre, mais pourvu que les véritables agens échappent au soupçon, ce mal servira à séparer l’ivraie du bon grain47. »
38L’agence de Hyde de Neuville était pourtant autrement efficace que « les véritables agens », c’est-à-dire l’agence de Royer-Collard. C’était elle qui soutenait la Vendée, l’engageant à reprendre ou continuer la lutte. C’était elle aussi qui mûrissait un plan ambitieux d’insurrection, tandis que Royer-Collard se réfugiait dans l’attentisme, observant les événements et transmettant ses rapports à l’agence souabe48.
39De décembre 1799 à mai 1800, Hyde de Neuville fut le grand pourvoyeur de fonds de la Chouannerie. Dès le 11 décembre, Bourmont envisageait de reprendre la lutte malgré les tractations pour la pacification avec le Premier Consul, et demandait à Hyde des fonds et des munitions, se plaignant du manque de moyens mis à sa disposition : « Il y a dans ce pays 10 000 hommes en armes qui n’ont pas trois cartouches chacun49. » Dès janvier, Hyde s’employait à le satisfaire50, et correspondait dès lors étroitement avec Bourmont comme avec Cadoudal.
40Hyde de Neuville envisageait la Vendée dans le cadre d’un vaste système, comme un élément nécessaire, mais non point suffisant. Il lui fallait une insurrection générale, quelques hommes clefs : un général populaire, comme Pichegru, et un point stratégique, un port où pourraient débarquer un ou plusieurs princes français et des troupes étrangères : Brest. Il fallait convaincre de faire venir Pichegru de Londres à Paris, pour de là l’envoyer dans les départements insurgés. 15 000 ou 18 000 soldats russes seraient mis à sa disposition. Brest serait prise par surprise, pour permettre le débarquement du comte d’Artois et du duc de Berry. Cette action et la présence des princes décideraient à se rallier des généraux et des militaires secrètement dévoués au parti royaliste.
41Ce plan n’était guère nouveau. Frotté, et d’autres encore, avaient déjà songé à relier Paris et les départements insurgés de l’Ouest pour faire éclater une immense insurrection concertée qui aurait abouti à faire reconnaître le roi « en un mois51. » Mais le mouvement aurait manqué d’une tête directrice à Paris, sans compter la nécessaire présence d’un prince en Normandie ou en Bretagne. Dupérou l’avait clamé en septembre 1799. L’agence de Hyde était censée répondre à cette nécessité et de fait, Hyde élabora ce plan plus précis encore que les précédents, qui reposait sur la prise de Brest, l’engagement de Pichegru, et la bonne coordination entre Paris et la Vendée.
42La correspondance établie par Hyde assurait cette coordination. Hyde de Neuville travaillait étroitement avec Bourmont et Cadoudal. Pichegru était indispensable : son nom seul, espérait Hyde, ébranlerait la fidélité des troupes républicaines, qui se rallieraient au charisme du chef. C’était à Larue de convaincre Pichegru, à Londres, de se prêter à cette action d’éclat. Pichegru avait reçu des propositions des royalistes dès son arrivée à Londres avec Larue, fin 1798. Hésitant cependant à se déclarer, il ne prit nettement position qu’au milieu de l’année 1800 ; peut-être sous la pression de Larue, qui ne l’avait pas quitté. Il était en tout cas très certainement décidé avant les propositions de Fauche-Borel. Tout en cherchant à gagner Pichegru, ce qu’il considérait comme pratiquement réussi, Larue tentait de convaincre Dutheuil, l’agent du comte d’Artois à Londres, et le gouvernement britannique, de la nécessité d’utiliser le général, clamant dès juillet 1799, c’est-à-dire avant l’approbation du plan de Hyde par le comte d’Artois, que « beaucoup de généraux, beaucoup de députés » n’attendaient que le moment de se montrer : il fallait que Pichegru se mît à leur tête. Son nom rallierait les hésitants52. Le rôle de Lame, que personne n’a jamais souligné, fut pourtant certainement primordial, autant pour rallier Pichegru que pour décider la Grande-Bretagne à faire confiance au plan de Hyde.
43Brest, surveillé par Du Bouchage, était le point stratégique, le port dont il fallait s’emparer pour assurer le débarquement des troupes et des subsides anglais. Hyde et Du Bouchage avaient imaginé un plan détaillé. De faux ordres devraient expédier la garnison à Saint-Malo, prétextant un débarquement prochain de l’ennemi ; 3 000 royalistes en uniforme républicain se présenteraient, soi-disant pour remplacer la garnison, s’empareraient des points stratégiques du port, et ouvriraient la ville à 10 000 hommes de l’armée royale. Des signaux avertiraient la flotte anglaise. Des proclamations annonceraient le retour du roi. Trois millions de francs seraient distribués aux ouvriers et employés du port, pour leur solder tout de suite une portion de ce qui leur était dû et qui s’élevait alors à quinze millions. De cette manière, on s’assurerait du soutien populaire53.
Figure 2 – Dépêche de Thauvenay au comte d’Avaray (Agence souabe), partiellement chiffrée, 16 septembre 1800.

A.E., M&D France 599, fo 155. Hyde de Neuville est mentionné sous le code 144.507.162.1046.
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44Une fois Brest saisi, le comte d’Artois et le duc de Berry débarqueraient avec Pichegru, rallieraient les royalistes hésitants ; des proclamations seraient répandues pour séduire les militaires, rassurer les acquéreurs de biens nationaux en leur laissant l’espérance de ne pas tout perdre, présenter un traité de paix. Dans toute la France, des proclamations annonceraient le retour de la royauté ; à Paris surtout, la petite armée de Joubert déclencherait une insurrection et renverserait l’homme dont l’ambition et surtout l’opiniâtreté pourraient ensanglanter la France54.
45En janvier 1800, les renseignements favorables de Du Bouchage, décrivant la faiblesse de la garnison et de la défense de Brest, et le départ de quatorze vaisseaux de la rade pour une destination inconnue, incitèrent Hyde à avertir sans retard la flotte anglaise, par aviso spécial, en plus de Bourmont, et de Monsieur lui-même55. Malheureusement, quelques jours après, le gouvernement français renvoyait Du Bouchage de son poste à Brest. Hyde perdait un agent précieux et un informateur indispensable56.
46De plus, il manquait toujours la présence d’un prince en France, et l’on ne pouvait décider Monsieur à débarquer. En décembre 1799, Monsieur promettait à Cadoudal d’arriver bientôt pour prendre la tête de ses compagnons d’armes, avec des secours, de l’argent, des munitions : « J’espère d’après les très favorables dispositions des ministres anglais arriver au milieu de vous, avec des moyens propres à assurer nos succès57. » En mars suivant, il ne faisait plus qu’assurer Georges de sa confiance et « de tous les sentiments que je vous ai voués pour la vie », sans plus rien évoquer de précis58.
3. La proscription
47La saisie des papiers de l’agence le 2 mai 1800 sonna le glas de ces tentatives, mettant un terme aux hésitations de Monsieur. L’abbé Godard, un membre secondaire de l’agence, fut pris en train de distribuer Les Adieux à Bonaparte de Michaud. En le filant, la police repéra la maison dans laquelle il logeait, chez la veuve Mercier, et saisit tous les papiers qui s’y trouvaient. La prise était d’autant plus intéressante que Hyde avait justement confié la veille la totalité des papiers de l’agence à l’abbé, en attendant de les remettre à la comtesse de Damas59.
48Pour couronner le tout, et mettre le cabinet de Saint-James au courant de la catastrophe, le commissaire du gouvernement à Calais, Mengaud, expédia à Londres quatre exemplaires de la Correspondance anglaise (les papiers de l’agence édités par les soins du gouvernement) camouflés dans des pâtés de canard normands destinés à l’exportation pour la table du ministre Pitt60.
49Les arrestations se multiplièrent dès la découverte des papiers. Pris par la surprise, les principaux inculpés s’échappèrent avec peine. Larue, qui était rentré en France au début de l’année 1800 à la suite de l’amnistie du Premier Consul, échappa de peu aux policiers venus l’arrêter dans la Nièvre, grâce à un passage secret pratiqué dans une armoire (un des multiples passages construits à cette fin par Hyde à l’Étang). Une fois en sûreté, il tenta d’obtenir sa grâce en faisant jouer ses relations, les anciens députés avec qui il était toujours lié, et les relations de Pastoret. Une pétition renouvelée en sa faveur des tribuns Boissy d’Anglas et Siméon, de Gau (directeur général de la guerre), Muraine (président du tribunal de cassation), Vau-blanc (législateur), Barthélémy (sénateur), Duchâtel, Dumas et Portalis (conseillers d’état), Lafond-Ladébat, et bien sûr de Pastoret lui-même, n’obtint pas l’effet désiré61. La plupart de ces hommes politiques récemment rentrés en grâce étaient d’anciens fructidorisés comme Larue (Lafond-Ladébat, Vaublanc...), et comme lui, Hyde et Pastoret, d’anciens membres du club de Clichy (Mathieu Dumas, Portalis, Vaublanc, Siméon, Lafond-Ladébat, etc.)62. Ces hommes qui n’hésitaient pas à signer une pétition en faveur d’un individu compromis étaient sans doute les mêmes députés et hauts fonctionnaires que Hyde se targuait de pouvoir gagner facilement à la cause, et dont il clamait que l’appui serait efficace.
50Les chefs, Hyde, Crénolles, réussirent à s’enfuir, sauf Coigny. Joubert fut pris et exécuté. Dupérou, qui s’était longtemps joué de la police sous le nom de Frédéric Dierhof, fut arrêté à son tour en juin 1800 et ne tarda pas à parler en prison, grâce à quoi il fut libéré en août 1802. Entre-temps, il avait eu loisir de donner à la police tous les détails qui manquaient à celle-ci sur la conspiration63.
51On est frappé cependant des bévues et des erreurs d’une police dite si efficace. Les volumineux dossiers sur la recherche des conspirateurs sont pleins de rapports erronés ou exagérés d’agents qui, pour justifier leur emploi, affirment avoir vu tel ou tel conjuré chez lui, et inventent des circonstances qui n’ont jamais existé, demandant des subsides au passage. De plus, des agents même honnêtes confondent des noms, les entendent mal, ou arrêtent des homonymes. Luquet est confondu avec Liquet, une certaine Arabella Williams est arrêtée par erreur. Hyde est vu à Calais en mai 1800 prêt à s’embarquer pour Londres, en même temps à Paris et à Nevers en janvier 1801, mais aussi à Bordeaux le 27 mars 1802, cherchant à gagner les États-Unis ; le 3 février 1801, on arrête un citoyen Hyde à Neuchâtel. En mai 1803, on le cherche à Turin64. Il s’était effectivement réfugié en Angleterre pendant l’été 1800, attendant les ordres65. Mais le prince avait renoncé à sa « machine Coigny ». En fait, Hyde dut rester caché dans la Nièvre pendant la plus grande partie des années qui suivirent, dans la manufacture, sous les fourneaux et les foyers, protégé par son contremaître Smith.
52L’agence anglaise était donc démantelée. Mais la comtesse de Damas, qui n’avait pas été impliquée, restait un pivot des royalistes de l’intérieur, par lequel une correspondance continuait à être établie66. Ratel et quelques autres, qui avaient réussi à s’échapper, pouvaient être réutilisés, et le furent. Hyde, compromis par son imprudence (d’autant plus que, par esprit chevaleresque, il avait couvert son ancien agent Godard, et avait fait sienne tout entière la responsabilité de la saisie des papiers), fut mis sur une voie de garage, bien qu’on louât sa loyauté et son courage67.
53Cadoudal en Bretagne continuait la lutte plus que jamais, et méditait de nouveaux moyens d’action, puisque les précédents, reposant sur une insurrection et l’appui de l’étranger, avaient échoué, et qu’il était de plus en plus douteux que le comte d’Artois se décidât à venir payer de sa personne sur les côtes de France.
54Le plan de Brest n’avait cependant pas été abandonné, car il tentait l’Angleterre. En octobre 1800, la police saisit un nouveau plan d’insurrection : attaquer sur Saint-Malo et Vannes, insurger la Bretagne entre ces deux points, et la séparer du reste de la France, pour favoriser le coup de main que les Anglais méditaient depuis longtemps sur Brest. Bonaparte informé aurait répondu : « C’est un vieux plan, le pain arrangera tout cela68. »
55D’autres moyens commençaient à être envisagés pour lutter contre ce qui de plus en plus apparaissait comme le pouvoir d’un seul homme.
56Supprimer cet homme, et qui dirait qu’on ne ‘pourrait restaurer le roi à sa place ? Dès juin 1800, l’agent de Louis XVIII, Thauvenay, écrivait à Avaray, de l’agence souabe : « Que Bonaparte soit enlevé par une des nombreuses causes de mort qui menacent sa tête, comptez sur les Jacobins d’une part, sur des généraux s’offrant à la succession de l’autre ; comptez sur une lutte et voyez ce que la proximité du Roi au milieu de cette effervescence peut avec de l’habileté produire69. »
57Ces projets encore vagues allaient être concrétisés et mis en action par Cadoudal et ses chouans. Jusqu’à quel point Hyde de Neuville en fut-il informé, et dans quelle mesure y participa-t-il effectivement, voilà ce qu’il est difficile de dire.
58Peu après le démantèlement de l’agence anglaise, le 24 décembre 1800, une bombe éclata rue Nicaise, sur le passage de Bonaparte. Les auteurs étaient trois chouans de Georges Cadoudal : Saint-Réjeant, Carbon et Limoêlan. Par son atrocité, l’attentat suscita la réprobation générale, même au sein des royalistes. Hyde de Neuville nia d’emblée un attentat si impopulaire, qui n’avait réussi à déchiqueter qu’une petite fille et un cheval.
59Les rapports de police, aussi bien aux Archives nationales qu’à la préfecture de police, sont muets. Le nom de Hyde n’est même pas cité dans les volumineux rapports qu’engendra l’affaire. Cependant, si Hyde semblait lavé de toute participation directe, il était le principal agent des princes encore en activité en décembre 1800, était en relations étroites avec Cadoudal, et possédait la dose de fanatisme suffisante pour commanditer pareil attentat70. Fouché n’hésita pas à accuser Hyde et à rendre responsable d’un attentat déjà odieux un personnage impopulaire (un agent de l’Angleterre). C’était rendre tout à fait détestable aux yeux de l’opinion l’attentat contre le Premier Consul. Il publia un Rapport aux Consuls qui suscita de vives réactions de la part de Hyde de Neuville. Hyde, dans force brochures, proclamait son inactivité complète après la destruction de l’agence de Paris. Il se défendait en même temps d’avoir jamais été « l’agent de l’Angleterre71 », et d’avoir jamais conspiré contre la vie du Premier Consul. Assurément, le Premier Consul était l’homme à éliminer, mais Hyde n’aurait jamais envisagé qu’un enlèvement. Dans sa correspondance avec Londres, il était toujours resté très discret sur les moyens à employer contre la gênante personne de Bonaparte. Une seule fois, dans une dépêche à Dutheil, l’agent du comte d’Artois à Londres, il évoque « l’enlèvement du Corse » comme un projet qu’il médite72.
60Hyde de Neuville ne fut pas impliqué officiellement ; ses amis et sa famille, à commencer par Pastoret et sa femme, plaidèrent pour lui. L’accusation cependant devait toujours rester une tache sur la réputation de Hyde, ravivée à l’occasion, jusque sous la Restauration, par ses ennemis politiques.
61Même si la participation active de Hyde à l’attentat reste douteuse, il est certain qu’il avait eu au moins connaissance du complot. Il est certain aussi que ce dernier échec le découragea et le convainquit de l’inutilité de la lutte. À partir de ce moment, les rapports de police ne le signalent plus que se terrant dans la Nièvre. Ils ne le citent pas dans l’affaire de Moreau, Cadoudal et Pichegru en 1804, à laquelle Hyde lui-même proclame n’avoir pris aucune part73, ce qui est étonnant, vu ses liens antérieurs étroits avec les protagonistes.
62Hyde de Neuville continuait cependant à être recherché et à échapper aux agents de Fouché, en grande partie grâce à la complicité de la population locale. La famille Hyde avait le soutien de la plupart des notables : le maire de La Charité, ses adjoints, et même la gendarmerie ; et aussi le soutien des paysans, des ouvriers, de tous ces gens que les Hyde faisaient vivre grâce à la manufacture, et qui dépendaient d’eux économiquement et socialement. À cela s’ajoutait une certaine popularité que la famille s’était gagnée grâce à sa simplicité et à sa philanthropie. En mars 1802, un agent rapporte : « Jamais cette famille hotaine et vindicatif [sic] ne s’est montrée aussi populaire et aussi charitable. Ils ont fait faire dans la plus rigoureuse saison de l’hiver des soupes économiques pour les malheureux et l’on a même été jusqu’à dire que c’était Hyde aîné qui avait donné l’idée des soupers et qu’il y avait contribué pour sa part d’environ 400 francs74. »
63Hyde de Neuville était au mieux avec le sous-préfet de Cosne et un certain nombre de hauts fonctionnaires75. En août 1803, un lieutenant de gendarmerie envoyé en mission spéciale dans la Nièvre avec un collègue, déguisé en négociant en vin, rapporte :
« c’est un homme qu’on n’aura que par ruse, dans un dîné, dans une chasse, etc. Tous les habitans sont pour lui ; mais principalement les autorités civiles et militaires. Le sous-préfet arrivant dans le pays mangeait et logeait chez le père de la dame, et est devenu l’ami de la maison, qu’il ne fréquente plus cependant par politesse, mais à qui il ne nuira pas. Le sous-inspecteur des forêts Berthand est à ce qu’on dit on ne peut mieux avec eux. [...] Il n’est pas jusqu’au brigadier de la gendarmerie, qui pour avoir l’air d’être fin est venu au bout de huit jours, nous demander nos passeports, et qui a appelé l’agent de police en particulier pour lui dire que le vin que nous cherchions n’était pas dans les caves d’ici, et qu’il était bien sûr que nous n’en ferions pas l’emplette. À Cosnes, les gens en place sont amis du frère. Les habitants de Sancerre commencent aussi à se demander qu’est ce que c’est que ces marchands de vins [les deux policiers] qui restent si longtems sans acheter. Madame a déclaré il y a quelque tems qu’en parcourant ses titres, elle s’est aperçue qu’elle ne devait pas le passage, et c’est depuis qu’elle a fait construire les triples fossés, et que personne n’y entre plus76. »
64Hyde de Neuville en effet avait transformé en forteresse son manoir de l’Étang, déjà puissamment équipé de souterrains depuis les temps de la Terreur et de la proscription des prêtres. Il était devenu impossible d’arriver à la maison autrement que par la porte principale, et les chemins qui y menaient étaient recouverts de petits cailloux qui faisaient un bruit terrible. Trois grands fossés entouraient le bâtiment, dont le dernier était rempli d’eau et hérissé de palissades. Des gardes posaient des pièges à loup contre les policiers et les espions et surveillaient les alentours. Le préfet de la Nièvre décida, après la mission du « marchand de vin » Gaudriot, de risquer une action d’envergure à l’Étang pour tenter de s’emparer de Hyde. Il était hors de question d’employer la gendarmerie locale, dévouée à Hyde, et l’on fit venir 150 dragons du 18e régiment, dans la nuit du 12 au 13 septembre 1803. Cette fouille-surprise, comme les précédentes, fut un échec, car Hyde avait été prévenu par le brigadier Clément77. Écoeuré, le commissaire de police de Nevers, Guyon, écrivait à Paris :
« Si les Hide et de Larue ont trouvé des aziles sures dans le département de la Nièvre, on le doit à la mauvaise composition des autorités locales. Hide, membre du comité anglais, et l’un des auteurs de la machine infernale, n’a existé longtems dans les environs de La Charité que parce qu’il était protégé par Moisy, brigadier de gendarmerie, qui avait déjà favorisé l’évasion de son beau-frère de la Rue, parce que le directeur de la poste aux lettres et son fils avaient l’oeil à tout, tous les gens traîtres au gouvernement qui les protège et qui les paye sont journellement encouragés à être traîtres, tandis que les hommes de bonne foi sont disgraciés. [...] Hide a fait il y a quelque temps un voyage à Paris. Je le crois rentré dans les environs de Sancerre. On aurait pu l’arrêter l’an dernier, après surveillance exercée à cet égard, si on ne s’était servi que de Rochetaillade, gendarme alors à La Charité, mais le citoyen Desbret, lieutenant de gendarmerie à Sancerre, qui était porteur du mandat, fréquentait journellement la maison Rouillé de Marigny, beau-père de Hide. Quand cet officier venait à La Charité pour se concerter avec l’agent chargé de la suite de cette affaire, il ne partait pas sans avoir dîné chez Mme Hide, ou au moins sans lui avoir rendu ses très humbles devoirs78. »
65En 1804, tout souriait à Bonaparte, devenu Napoléon, et Hyde de Neuville jugeait « qu’il n’y avait plus rien à tenter79 ». Le temps seul, la Providence, pouvaient, devaient détruire ce régime qui, si on lui laissait la liberté d’aller seul, se dissoudrait de lui-même, parce qu’illégitime, tôt ou tard. Hyde de Neuville, qui jusqu’alors avait tout fait pour que ce fût tôt plutôt que tard, se laissait désormais aller à développer ces théories providentialistes. L’action, les complots ayant prouvé leur inutilité, il se contentait d’être certain de la non-viabilité du régime et d’attendre les événements.
66En 1805, Hyde, toujours poursuivi, se réfugia avec sa femme à Couzan, aux environs de Lyon. Là, sous le nom du docteur Roland, Hyde exerçait la médecine. Il y gagna une médaille du gouvernement, qui était loin de se douter de la véritable identité du bon docteur, pour avoir vacciné gratis toute la population. Pastoret et sa femme, pendant ce temps, tentaient à Paris d’obtenir la grâce de Hyde, en vain. Henriette Hyde de Neuville fit elle-même deux fois le voyage de Paris pour solliciter la fin des poursuites contre son mari. En désespoir de cause, elle partit pour l’Allemagne à l’automne 1805, à la poursuite de l’Empereur en campagne, pour aller voir Napoléon lui-même. Grâce à l’appui de Talleyrand et de Berthier, elle le rattrapa à Schönbrunn, et obtint le 24 décembre 180580 la permission de s’exiler avec son mari aux États-Unis, avec un laissez-passer pour traverser la France. En conséquence, le 24 novembre 1806, Fouché ordonna la levée du séquestre sur les biens de Hyde et de sa femme.
67Hyde se mit en route aussitôt, en passant par l’Espagne pour aller s’embarquer à Cadix. C’est en Espagne qu’il rencontra Nathalie de Noailles, qui lui présenta Chateaubriand81. Au printemps 1807, il réussit enfin à trouver un navire marchand américain qui faisait la traversée, et s’embarqua avec sa femme, son frère Paul, trois domestiques et une jeune orpheline de 12 ans, Louise, qu’il élevait par charité82.
Figure 3 – Autoportrait de la Baronne Hyde de Neuville, v. 1805-1810.

Aquarelle, collection of the New York Historical Society, 1953-238.
New York Historical Society
Notes de bas de page
1 Cf. Louis Madelin, La Contre-Révolution, p. 134-137.
2 Louis-Marie-Auguste Fortuné d’Andigné (1765-1857), dit le chevalier de Sainte-Gemme. Émigré dès le début de la Révolution, officier dans l’armée des princes, à partir de 1794 agent de liaison entre le gouvernement anglais et l’armée royaliste, commandant des troupes des environs de Segré en 1796. Cf. CROSNIER (A.), Le Général Andigné, Angers, 1893, et ANDIGNE (marquis d’), La Vie aventureuse du général d’Andigné. À travers la Chouannerie, Paris, 1934.
3 Jean-Philippe de Franquetot, chevalier de Coigny, 1743-1806. Maréchal de camp, il émigra à la Révolution, revint temporairement en France en 1800. Arrêté en 1801 et relâché deux mois plus tard, il mourut à Dusseldorf vers 1806. Roman d’Amat, Dictionnaire de biographie française, IX, 155-156.
4 Anne-Louis Quengo de Crénolles, 1734-1824.- Maréchal de camp, inspecteur d’infanterie, il émigra en 1791, rallia l’armée de Condé et devint maréchal général des logis : Ibid., IX, 1195.
5 Trois lettres de Mme de Damas à Hyde de Neuville 13, 14 et 23 frimaire an VIII (4, 5 et 14 décembre 1799), AN F7 6248.
6 Mémoires, I, ch. VII.
7 Trois ouvrages donnent le point de vue de chacun des protagonistes : Hyde de Neuville, Mémoires, I, ch. VII ; d’Andigné, Mémoires ; Gourgaud (Général), Mémoires pour servir l’histoire de France sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène..., I, 127.
8 D’Andigné, op. cit.
9 Cité par J. Godechot, La Contre-révolution, p. 384.
10 Mémoires, I, 272.
11 Ibid.., I, 274.
12 Dossier de police, AN, F7 6249, d. Coigny.
13 Statistique des émigrés (1810), AE, M & D France, v. 620.
14 Cf. A. W. Ward, The Cambridge History of British Foreign Policy, I, 266-267.
15 Rapport de La Chaussée, 15 février 1800, FO 27/56 ; comptes des Government Offices, FO 366/427.
16 Notes de comptabilité de Hyde de Neuville, AN, F7 6248. En avril, Hyde envoie 16 000 livres à Bourmont.
17 Durocher [Crénolles] à Hyde, 17 frimaire an VIII (8 décembre 1799), AN, F7 6248, pièce n° 39.
18 Actuelles îles Saint-Marcouf, entre la Pointe du Hoc et Saint-Vaast-la-Hougue.
19 AN, F7 6248.
20 Ibid.
21 PRO, WO 1/607, WO 1/922.
22 PRO, WO 1/664.
23 Charles-Nicolas de Margadel, dit Joubert, était un ancien chouan, officier de Frotté. Il fut arrêté et fusillé le 19 décembre 1800 : AN, F7 6251
24 Dupérou aux agents de Londres, 19 fructidor an VII (5 septembre 1799), Conspiration anglaise, pièce n° 6.
25 Révélations de Dupérou, AN, F7 6245.
26 Rapport de Dupérou du 28 janvier 1800, Conspiration anglaise, p. 24-25.
27 Cf. MASSON (Frédéric), Le Département des Affaires étrangères pendant la Révolution, 1787-1804, Paris, 1877, repr. Genève, 1977 ; et AN, F7 6245, notes sur Dupérou.
28 Conspiration anglaise, correspondance de Dupérou saisie à Grenelle, n° 7 et 8.
29 Interrogatoire de Philippe Joseph Clément, 20 juillet 1800, AN, F7 6249, d. Clément.
30 Conspiration anglaise, p. 16.
31 Ibid., p. 25-27.
32 Ainsi Claude-Augustin Tercier, ancien chef de division des chouans à Bazouges (Mayenne). AN, F7 6251.
33 Rapports des espions de la police, AN, F7 6248.
34 Rapports d’espions, AN, F7 6248, 6251.
35 Rapport d’arrestation du 18 ventôse an IX, AN, F7 6251.
36 AN, F7 6251, d. Ratel, et F7 6371.
37 AN, AF IV* 1710, p. 211-212.
38 D’Andigné à Piet, 25 février 1800, AN, F7 6251.
39 Cf. A. W. Ward, The Cambridge History of British Foreign Policy.
40 Correspondance anglaise, Paris, Imprimerie nationale, an XI.
41 D’André au président de Vezet, 20 avril 1800, AE, M & D France, v. 598, f° 50.
42 Le Chevalier de Coigny.
43 D’André à Saint-Priest, 14 mars 1800, AE, M & D France, v. 597, fo 340-343.
44 Instructions secrètes aux agents des princes, PRO, WO 1/923, fo 5-8.
45 Déclaration de Royer-Collard à Saint-Priest, février 1800, AE, M & D France, v. 597, fo 266 e-267.
46 D’André à Saint-Priest, 21 mai 1800, AE, M & D France, v. 598, r 110-113.
47 Le Cabinet du roi (de l’ordre du roi lui-même) à d’André, 8 juin 1800, AE, M & D France, v. 598, f° 166.
48 Le Merer décrit ainsi, pas tout-à-fait injustement, l’agence du roi : « Je vous demanderai ce que c’est qu’une agence qui n’agit pas, qui n’agira jamais, étant admirablement organisée à ne point agir ; une agence dont les chefs résident hors de la France, et dont les correspondants à Paris, sans doute les plus habiles et les plus honnêtes gens du monde, n’ont aucune influence personnelle, sans accès chez les ministres, les généraux, les gens en place, et dont toute l’activité se réduit à composer de jolies petites dépêches sur la Révolution. » : Le Merer à la comtesse de Pott, 31 juillet 1800, AE, M & D France, vol. 598, f. 325.
49 Bourmont à Hyde de Neuville, 11 décembre 1799, PRO, FO 27/54, p. 608-609.
50 Bourmont à Hyde de Neuville, 17 janvier 1800, AN, F7 6248, n° 17.
51 Plan du 10 mai 1799, remis à Windham, ministre de la guerre britannique. AN, 280 Mi 2, registre 5.
52 Le cabinet du roi à d’André, 28 octobre 1798, AE, M & D France, v. 607, f° 32.
53 Conspiration anglaise, passim.
54 Projet présenté par Le Fermier [Du Bouchage], PRO, FO 27/56.
55 Paul Berry [Hyde de Neuville] à Monsieur, 11 janvier 1800, PRO, FO 27/56.
56 Dutheil à Paul Berry [Hyde] et Ferrand [Crénolles], 5 pluviôse an VIII (25 janvier 1800), Conspiration anglaise, « Correspondance anglaise » n° 3.
57 Le comte d’Artois à Georges Cadoudal, 22 décembre 1799, AE, M & D France, v. 596, fo 235.
58 Le comte d’Artois à Georges Cadoudal, 20 mars 1800, AE, M & D France, y. 597, fo 353.
59 Rapports sur l’arrestation de la veuve Mercier, mai-novembre 1800, AN, F7 6251, d. Mercier.
60 Mengaud au ministre de la police, 15 nivôse an IX (5 janvier 1801), AN, F7 6245.
61 AN, F7 6251, d. Vaisse.
62 Cf. A. Challamel, Les clubs contre-révolutionnaires.
63 AN, F7 6245.
64 Rapports de police, AN, F7 6249 à 6251, F7 6274.
65 Une lettre de la comtesse de Damas est adressée à Hyde à Londres sous le nom de John Clement, en septembre 1816. AE, M & D France, v. 599, f 155. Hyde déclare n’être rentré en France que le 9 novembre 1800.
66 Thauvenay (agent de Louis XVIII à Hambourg) à Avaray (confident de Louis XVIII), 23 septembre 1800, AE, M & D France, v. 599, fo 183-186.
67 Correspondance entre Hyde de Neuville et Dutheil à Londres, mai-juin 1800, PRO, FO 27/56.
68 Bulletin de Paris à l’agence souabe, 9 octobre 1800, AE, M & D France, v. 599, fo 234-235.
69 Thauvenay à Avaray, 20 juin 1800, AE, M & D France, v 598, r 199-201.
70 En février 1800, juste après l’exécution de son ami Toustain, Hyde de Neuville, encore sous le choc, écrivait à Monsieur : « ce sang crie vengeance, la rend sainte et légitime. Hier Félix [nom de code de Bonaparte], comme membre du gouvernement, n’avait pas l’odieux de l’assassinat ; on pouvait balancer à le frapper ; aujourd’hui, je mettrais ma gloire à le poignarder » : Hyde de Neuville au comte d’Artois, Conspiration anglaise, correspondance de Paris à Londres, n° 20. Mais ce qui fut écrit, peut-être pensé, sur l’exaltation du moment, pouvait n’être plus vrai plusieurs mois après, quand il s’agissait de calculer un attentat maladroit qui jetterait le discrédit sur le parti du roi.
71 Observations sur le rapport fait aux Consuls ... ; Réponse de f-G Hyde de Neuville..., que Hyde adressa sous enveloppe à des membres de diverses autorités : rapport du préfet de police Dubois à Fouché, 2 germinal an IX (23 mars 1801), AN, F7 6250.
72 Hyde de Neuville à Dutheil, 15 pluviôse an IX (4 février 1800), Conspiration anglaise, Correspondance de Paris à Londres, n° 15.
73 Mémoires I, 387,
74 Rapport du 6 germinal an X (27 mars 1802), AN, F7 6250, d. 5588.
75 Rapports de l’agent Migret, 18 août-25 octobre 1801, AN, F7 6250, d. 4980.
76 Rapport du gendarme Gaudriot au général Gouvion, 5 fructidor an XI (23 août 1803) AN, F7 6250, d. 5588.
77 Rapport de Guyon sur la situation de la Nièvre, ventôse an XI, AN, F7 6250, d. 5588.
78 Rapport du commissaire de police à Nevers sur la situation de la Nièvre, ventôse an XI (mars 1803), AN, F7 6250, d. 5588.
79 Mémoires, I, 396.
80 Décret du 2 nivôse an XIV, AN, F7 6250
81 Mémoires, I, 444.
82 Correspondance entre le ministre de la police et le ministre de France aux États-Unis, novembre 1806-juin 1807, AN, F7 6250.

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