Chapitre II : L’action contre-révolutionnaire
p. 9-20
Texte intégral
1. Les premières années
1En 1790, en arrivant à Paris, Hyde de Neuville avait 14 ans, le sentiment d’assister à de grandes et terribles choses, et le désir aigu d’y participer pour défendre la cause monarchique, qu’on lui avait tant appris à vénérer. Malgré son jeune âge, il commença à manifester publiquement ses opinions par des actions aussi inopportunes que courageuses, obligeant Ducos à se découvrir devant la reine à l’opéra, ou apostrophant Théroigne de Méricourt1. C’était là des gestes de garçon exalté, qui ne savait comment prouver sa ferveur au roi et au parti royaliste. Hyde confie d’ailleurs : « Mes opinions allaient jusqu’à l’exagération, et rien ne pouvait m’empêcher de les manifester [...]. Je ne cherchai plus que l’occasion de donner des preuves de mon attachement à la famille royale2. »
2Dès cette époque donc, sous la pression des événements qui, menaçant la famille royale, la rendaient encore plus digne de cet attachement, Hyde de Neuville commença à vouer un culte au roi et surtout à la reine, prêt à les défendre comme un preux chevalier. « La Reine devenait surtout pour moi l’objet d’un dévouement presque romanesque3 », et le Lancelot en puissance passait ses journées à tourner autour du palais, dans l’espoir de faire servir son bras.
3Après le 18 avril 1791, quand il fut devenu manifeste que le roi était prisonnier de son peuple, Hyde commença à attirer sur lui l’attention de la police en publiant une brochure intitulée Avis aux Français ou le Dernier cri. Guillaume Hide, alarmé et impatienté, décida d’aller chercher lui-même de force son fils à Paris pour le ramener dans la Nièvre. Mais il mourut peu de jours après, et les événements du 10 août incitèrent Hyde à retourner à Paris en secret, laissant sur la table un billet pour sa mère : « Je vais contribuer à sauver le trône, ou mourir en le défendant4. »
4En route, l’émotion souffla à Hyde quelques vers indignés qui manquèrent de le faire arrêter à la porte de Paris. Arrivé trop tard pour sauver le trône, le jeune homme de 16 ans n’eut plus qu’à contempler aux Tuileries un spectacle qui accrut encore son horreur de la Révolution et des excès de la populace : « Quel affreux spectacle !... Quels horribles discours ! Là, j’aperçois la dépouille encore sanglante d’une infortunée victime ; ici, ce sont les débris qu’a faits le pillage ; plus loin, je vois les restes épars des malheureux jetés dans les flammes5... »
5Il resta un temps à Paris, le temps de se rendre compte que « la nature n’avait plus de lois : la peur ou la perversité dégradaient tous les caractères ». La « démence furieuse » des orateurs, les excès populaires frappèrent pour toujours ce jeune garçon impressionnable. Témoin du jugement de Louis XVI, Hyde faisait de ce roi un roi-martyr, auréolé des palmes du courage et de l’abnégation devant ses bourreaux. « Au moment où sa couronne tombait, une infortune sans mesure lui en rendait une autre, et il semblait que son noble front portât mieux la seconde, la couronne du martyre6 ! »
6Le procès du roi, danger ultime que courait la monarchie, était pour Hyde un appel à l’action. Il ne se contenta plus de s’immiscer dans les groupes royalistes et dans les milieux proches du palais. Malgré son jeune âge, il se crut appelé à défendre le roi en péril, aux côtés de Malesherbes et des avocats du roi. De fait, il chercha à travailler les députés qui devaient décider du sort de Louis XVI. Il en connaissait plusieurs : ses compatriotes de la Nièvre et du Cher, notamment Guillerault. Muni de lettres de recommandation, il se présenta chez Coffinhal, qui avait une certaine influence sur plusieurs conventionnels. Introduit dans la chambre de Coffinhal, il se mit à pérorer avec éloquence devant l’alcôve sombre où était couché le député, et eut la surprise de se voir appuyé par une voix aiguë qui sortait de sous les couvertures : « Il a raison, ce jeune homme. Je t’en prie, mon petit Coffinhal, ne laisse pas voter la mort de ce pauvre homme. » Hyde sortit fort troublé de cette scène, où la « voix du vice » se portait à la défense de l’innocence7.
7Hyde s’était fait connaître de Malesherbes. Voyant que, malgré l’appui de la « voix du vice », les députés avaient cédé à la peur (car quel autre motif eût pu pousser à l’immolation d’une si auguste victime ?), il entretint Malesherbes du projet formé par une bande de jeunes gens, à laquelle il s’était naturellement joint, d’enlever la personne du roi sur le chemin du supplice, pour le soustraire à ses bourreaux. Malesherbes répondit que le roi s’y opposait8.
8Le « forfait » était accompli, mais la lutte ne faisait que commencer. Hyde s’y engagea dès lors à corps perdu. Abouché avec deux gardiens du Temple, Michonis et Jobert, il échoue d’abord à faire évader la Reine. Il quitte alors Paris, où tout espoir semble perdu, mais c’est pour continuer la lutte ailleurs. Attiré à Lyon par le mouvement fédéraliste, il s’y joint aux insurrections avant de revenir poursuivre le combat chez lui, dans la Nièvre. Ses activités contre-révolutionnaires se mêlent alors aux démarches humanitaires pour tenter de sauver des victimes de la Révolution : des prêtres surtout, mais aussi des pères de famille arrêtés pour propos royalistes. Il s’improvise avocat pour sauver un Pierre Maugue, père de six enfants9, fait évader un certain nombre de prisonniers des geôles de Nevers. D’accord avec sa mère, qui appuie son action, il commence à faire transformer le château familial en véritable forteresse et surtout le dote de tout un réseau de caches, souterrains et portes dérobées, qui servira tout autant aux prêtres en fuite qu’à Hyde lui-même, lorsqu’il deviendra activement recherché.
9Hyde de Neuville en effet, quoique sa jeunesse l’eût mis un temps à l’abri, ne fut pas sans tarder à attirer l’attention sur lui. L’appui du citoyen Pache, ex-ministre de la guerre, cessa d’être aussi une protection suffisante, et commença pour Hyde une vie de clandestinité. Il allait jouer à cache-cache avec la police pendant près de quinze ans. Ces quinze années devaient marquer Hyde au point de faire de lui un éternel conspirateur.
10Son mariage en 1794 avec Henriette Rouillé de Marigny ne remit pas en cause cet engagement. Bien au contraire, la femme dès lors partagea les dangers de son conjoint, lui sauvant la vie à l’occasion, en ouvrant subitement son parapluie au nez des agents qui venaient arrêter son mari pour lui donner le temps de se sauver, ou en partageant ses fausses identités, tour à tour ouvrière, repasseuse, femme du monde.
11Sous la Terreur, et plus encore après Thermidor, Hyde multiplie les provocations, les pamphlets. Il est l’auteur de couplets chantés par les acteurs de Nevers, sur la scène du théâtre, car le public les réclame. Par son ami l’acteur Lemercier, royaliste comme lui, Hyde fait représenter des pièces à la limite de la satire ouverte, des opéras de plus en plus audacieux, avec l’appui de la population et même des autorités locales, notamment des adjoints au maire10.
12Deux journées, opéra en trois actes, raconte la proscription du comte Armand, président à mortier du parlement de Paris, qui pour avoir osé tenir tête à Mazarin, est recherché mort ou vif pour 6 000 ducats. Obligé de recourir à des déguisements, le comte trouve chez un honnête porteur d’eau le secours et l’asile que lui avaient refusés tous les courtisans. C’est l’histoire de la légitimité proscrite par le pouvoir abusif, voire usurpé ; en même temps, c’est la célébration de la vertu populaire qui sait reconnaître le droit et la légitimité et n’hésite pas à se dévouer avec gaieté et simplicité. D’une certaine manière, c’est encore l’histoire de Hyde de Neuville proscrit par Bonaparte, et sauvé par un parfumeur parisien ou un paysan nivernais11.
13À Paris, où il revenait fréquemment, Hyde s’était de la même façon lié avec des publicistes et des imprimeurs royalistes, et aussi avec des chefs vendéens. Dans les bandes de la jeunesse dorée ou des compagnons de Jésus, il maniait le bâton avec ardeur. Après Fructidor, son beau-frère Larue, député aux Cinq-Cents, fut envoyé en Guyane. Hyde subit lui aussi le contrecoup du durcissement qui suivit le coup d’État. C’était surtout sa parenté avec Larue qui le rendait suspects12, car ses propres activités, même si elles avaient déjà donné l’éveil à la police, n’étaient que l’agitation d’un garçon cherchant à jouer un rôle. Toujours est-il qu’un mandat d’arrêt fut lancé contre lui. Il fut vite retiré, mais la surveillance continua13.
14Cette surveillance rendit Hyde prudent, au moins dans la Nièvre, où il était connu et où il avait sa famille, et l’empêcha de prendre une part directement active à l’insurrection sancerroise connue sous le nom de « Petite Vendée », en 1797. L’insurrection, menée par Phélippeaux, avait éclaté en avril, dans l’espoir de se joindre à celle de Charette, dont la mort avait été connue trop tard. Hyde s’était contenté de faciliter des passages d’armes sur la Loire, dans un bateau qui lui appartenait, puis de faire évader les chefs quand ceux-ci furent arrêtés, après l’échec du mouvement14.
15À Paris, où il préfère revenir se cacher, il se fait passer pour un ouvrier, et sa femme pour une pauvre veuve, Madame Roger, ce qui ne l’empêche pas de continuer à faire circuler des chansons qu’il compose, comme Le Vrai Paradis, inséré dans le Journal des dames et des modes. En juin 1798, Larue réussit à s’évader de Sinnamary, par Surinam, et vint rejoindre son beau-frère. Définitivement compromis et proscrit, Larue s’engagea à fond dans le mouvement contre-révolutionnaire, cherchant à y attirer un certain nombre d’anciens députés fructidorisés comme lui, et surtout un certain nombre de généraux. Hyde, jeune, inconnu et peu expérimenté, s’était contenté de s’agiter dans l’ombre, menant de petits combats sans grand résultat pour la royauté. Larue, ancien député, connu pour ses opinions royalistes, encore auréolé du prestige d’une évasion spectaculaire, avait l’oreille des princes. En décembre 1798, il fut chargé par le comte d’Artois d’un mémoire sur la situation de la France, de concert avec Pichegru15.
16C’est par Larue que Hyde pouvait enfin aspirer à jouer un rôle actif, un grand rôle. Larue était l’ami de Pichegru. Depuis Sinnamary, ils ne se quittaient plus. À Londres, où il était réfugié, Larue cherchait à convaincre les princes et le gouvernement britannique de l’intérêt d’utiliser Pichegru. Quant à Hyde, dans l’ombre de Lame, il cherchait à être utilisé à son tour, espérant pouvoirs et subsides de l’Angleterre.
17Dès 1797, Hyde avait cherché à attirer l’attention sur les déportés de Sinnamary, faisant notamment publier dans nombre de journaux une fausse lettre d’un prêtre déporté, intégralement rédigée par lui, et destinée à émouvoir l’opinion, sous le titre Pierre Marie D..., prêtre déporté à Counonama à son frère. Il obtint enfin à Londres, pour accélérer l’envoi d’un bâtiment marchand sur les côtes de Guyane, une lettre de passe générale et spéciale. En arrivant en France, il apprit que le Premier Consul Bonaparte, trois jours auparavant, avait fait expédier deux frégates pour sauver les déportés. L’entreprise de Hyde était désormais inutile : mais c’était la première action pour laquelle il avait obtenu l’appui anglais effectif, et cet appui devait bientôt lui apparaître comme le principal élément de la lutte pour le retour de la royauté.
18Phélippeaux16 reprit contact avec Hyde en 1797 pour faire évader du Temple Tromelin, Brottier et Laville-Heurnois. Ces derniers avaient été arrêtés le 30 janvier 1797, quand fut découverte la première agence royaliste formée à Paris. Il semble que Hyde de Neuville n’ait jamais participé directement aux activités de l’agence, quoiqu’il avoue qu’il connaissait bien Laville-Heurnoise17. Les membres de l’agence, Brottier, Duverne de Presles, étaient, comme Phélippeaux et Hyde, nivernais. Fut-ce ce qui rapprocha d’eux Hyde de Neuville ? Et leurs relations s’arrêtèrent-elles là ?
19Brottier et Laville-Heurnois furent envoyés à Sinnamary avant que Phélippeaux et Hyde aient pu faire quoi que ce fût pour eux. En revanche, ils firent évader Tromelin et le commodore Anglais Sydney Smith18 avec qui Tromelin s’était lié en prison. Cette évasion devait assurer à Hyde l’amitié de Sydney Smith, et éveiller l’intérêt de l’Angleterre envers lui.
20La véritable action de Hyde se place donc après 1799, lorsque l’Angleterre fut disposée à l’aider, et alors que les conditions politiques en France avaient changé. Après Brumaire, Hyde de Neuville ne luttait plus contre la Révolution, que tous les royalistes haïssaient, mais contre le pouvoir dictatorial de Bonaparte, auquel certains étaient disposés à se rallier. De plus il n’hésitait pas à solliciter les secours d’une puissance étrangère. Il avait donc dû faire des choix politiques qui n’allaient pas de soi, et qui correspondaient, chez cet homme mûri, à des idées à présent clairement définies.
2. L’entourage et les idées
21À Paris, Hyde de Neuville évoluait dans deux milieux bien différents. Dans les salons qu’il fréquentait, peut-être imprudemment, au plus fort de sa proscription, il s’adonnait aux charades, aux jeux d’esprit, à la vie de société ; ses amis, aristocrates royalistes comme lui, avaient toutefois su conserver une sorte de neutralité privilégiée à l’égard des événements, et au besoin protégeaient Hyde. Un certain nombre de ces dames, qui continuaient à deviser sur l’amour dans leurs hôtels, se moquaient aussi des gouvernements révolutionnaires, lisaient entre elles les pamphlets de Hyde qui allaient être publiés, et parfois même osaient courir des risques pour Hyde et pour la cause royaliste. À peine sorti de chez elles, Hyde redevenait un pauvre ouvrier et allait rejoindre les hommes du parti, dans les clubs, ou dans les imprimeries clandestines.
22Hyde de Neuville allait régulièrement dîner chez le marquis d’Harcourt ou chez les comtesses de Saint-Maurice et de Durfort. Surtout, il était un familier de la comtesse de Damas et de l’hôtel de Montchenu qui appartenait à la famille de Vaux, où se réunissaient Mesdames de Montchenu, Marguerye, Rochemore, et la marquise de la Maisonfort, de façon régulière19. Il en aimait l’esprit, la gaieté, les charmes des hôtesses, échangeait avec elles des vers faciles. Poète familier de ces dames, Hyde était chargé de composer des pièces pour mettre en relief le talent de chacune de ces actrices amateurs. L’une de ces pièces, Constance ou l’Heureuse journée, fut même représentée au théâtre sans que l’on soupçonnât la situation réelle de son auteur20.
23Cet aimable passe-temps n’était pas forcément dénué de toute arrière-pensée. Indépendamment de leur charme, ces dames insoupçonnables pouvaient cacher Hyde, lui rendre des services, au besoin participer à sa correspondance avec le parti royaliste et les princes. Tel est bien le rôle que semble avoir joué la comtesse de Damas, épouse de Charles de Damas, que la police, surtout celle de Bonaparte, n’osa trop inquiéter, quoiqu’elle affichât un royalisme intransigeant. Son salon, comme celui de la baronne de Montchenu, était de tout le Faubourg Saint-Germain le plus hostile à Bonaparte, et le resta tout au long de l’Empire, malgré les tentatives de Joséphine pour se le rallier. Mme de Damas n’hésita pas à payer souvent de sa personne pour cacher Hyde et le faire échapper aux recherches.
24Au moment de l’affaire dite la « Conspiration anglaise », la comtesse fut sérieusement impliquée, alors que la police avait saisi trois lettres qu’elle avait imprudemment adressées à Hyde et dans lesquelles elle n’avait pas jugé bon de s’exprimer à mots couverts. Il fallait bien toute l’amitié de Joséphine pour que la police passât sur l’affaire21.
25Mais la fréquentation assidue de ces salons parisiens correspondait aussi à un besoin de Hyde de ne pas rompre tout à fait avec la vie de société. Bien qu’il fût recherché assidûment, il ne résistait pas à fréquenter les spectacles, notamment celui du Vaudeville, quitte à courir le risque d’y être reconnu22.
26À Londres, Hyde de Neuville noua de même des relations avec plusieurs femmes de l’émigration : Mme de Balbi, future favorite de Louis XVIII, la comtesse de Boigne, et toute une série de jeunes dames dont Mme de Boigne, qui généralement n’est jamais tendre, dit beaucoup de mal dans ses Mémoires : Mme de Vaudreuil, « dont la conduite peu mesurée aurait pu épuiser la patience [de son vieux mari], s’il s’en était aperçue23 » ; et ses sœurs, surtout Mme de Sérent, nivernaise comme Hyde24, qui sera une des premières dames de l’impératrice Joséphine. « Elle était remarquablement instruite, assez spirituelle, et l’Empereur se plaisait à causer avec elle, dans le temps où il causait encore25. » Inutile de dire que les relations privilégiées de Hyde de Neuville avec ces dames (plutôt qu’avec leurs maris, à l’exception de Vaudreuil) étaient assez ambiguës. En tout cas, de telles relations purent lui servir, tant dans le milieu de l’émigration à Londres et auprès du comte d’Artois que, par la suite, auprès de Napoléon.
27Royaliste engagé, membre du club de Clichy, Hyde s’était lié aussi, à Paris, avec les principaux hommes du parti. Il dit avoir eu des relations avec les chefs vendéens dès avant 1799. Surtout, il évoluait dans le milieu de ces journalistes parisiens qui continuaient à imprimer et à faire passer sous le manteau ces petites feuilles de quelques pages qui tenaient plus du pamphlet que du journal, autant par leur contenu que par leur périodicité, et que la police saisissait régulièrement sans pouvoir interrompre leur production. « Au premier rang, l’ami que j’ai conservé à travers tous les événements de ma vie et de la sienne, l’homme aimable, spirituel et fin [...] Michaud [...] faisait le charme du petit cercle qui nous réunissait journellement dans un restaurant situé place de Louvre26. » Dans ce même endroit, Hyde de Neuville rencontre encore Bertin27, Lacretelle28, Fiévée, qui accueillent ce jeune homme avec bienveillance et lui permettent de faire ses premières armes avec eux, dès 1795. Joseph-François Michaud, né en 1767, s’établit imprimeur à Paris en 1790. Il travailla au Courrier républicain de Poncelin, qui n’avait de républicain que le nom. Après Thermidor, il collabora à la rédaction de plusieurs journaux royalistes, notamment La Gazette française, avec Fiévée et Poncelin, et surtout, après 1795, à La Quotidienne. Son frère Louis-Gabriel (1773-1858) fonda avec lui et Gignet un grand établissement d’imprimerie, dont il consacra les presses à la propagation exclusive d’écrits religieux et monarchiques. Il est probable qu’il édita la plupart des pamphlets de Hyde. Il osa même signer l’opuscule de Larue au lendemain du 18 fructidor. Les deux frères sont les auteurs de la Biographie universelle.
28Né à Paris dans la petite bourgeoisie, imprimeur et journaliste, Joseph Fiévée (1769-1839) avait vite été inquiété par la police, malgré la modération de ses articles dans la Chronique de Paris de Condorcet. Arrêté en 1793, c’est après Thermidor qu’il s’engage activement dans le parti royaliste. Il fait alors partie, avec d’autres journalistes, des correspondants secrets du futur Louis XVIII que recrute Becquey. Après Brumaire, il se rallia à Bonaparte29.
29Au sein même de sa famille, Hyde de Neuville possédait des alliances utiles : non seulement Larue, mais aussi Emmanuel de Pastoret et sa femme.
30Isaac Etienne, chevalier de Larue, avait épousé Suzanne, la sœur de Hyde, en 179230. Né à Gouzon dans la Creuse, Larue (1760-1830) était le fils d’un contrôleur général des entrées de Paris. Il joua vite un rôle local important, d’abord comme président du district de la Charité. Membre des Cinq-Cents, il fit partie avec Pichegru et Willot de la commission dite des inspecteurs. Ayant senti trop tard que le 18 fructidor se préparait, il échoua à faire prendre à ses collègues les mesures nécessaires. Fructidorisé, il s’évada de Sinnamary31. Il s’engagea complètement dans le parti royaliste et se réfugia à Londres, cherchant à entraîner Pichegru avec lui. Il fut dès lors l’agent discret, mais actif de son beau-frère. La Restauration le fit maître des requêtes et garde général des Archives.
31Adélaïde Piscatory (1765-1843), cousine germaine d’Henriette Rouillé de Marigny, la femme d’Hyde de Neuville, avait passé une jeunesse brillante à Paris chez son oncle de l’Estang, liée avec d’autres jeunes femmes à la mode : Germaine Necker, Mlle Cabarus, Mme de Condorcet. Elle épouse très jeune Emmanuel Pastoret. Arrêtée ainsi que son oncle sous la Terreur, elle reprend son rang après 1795, tandis que Pastoret rentre en France pour siéger au Conseil des Cinq-Cents. Elle retrouve ses anciennes relations, Germaine de Staël, Mme Cottin, se lance dans les actions charitables : elle devient secrétaire de la Société de charité maternelle (fondée par Marie-Antoinette en 1788), organise à Paris une salle d’asile pour les enfants laissés seuls la journée. Après la paix d’Amiens, elle reçoit de nombreux étrangers, comme l’économiste Richard Edgeworth. Son mari, Claude-Emmanuel Pastoret (1756-1840), de son côté, poursuit une honorable carrière de député. Procureur syndic du département de Paris en 1791, puis député de Paris à l’Assemblée législative, d’abord favorable aux idées de la Révolution, il se fait une réputation de fougueux démocrate, avant de se rapprocher de la Monarchie dès qu’il la voit sérieusement menacée. Désormais compromis, il ne reparaît sur la scène qu’après le 9 thermidor. Élu membre de l’Académie française, puis député au Conseil des Cinq-Cents, dont il devient secrétaire, il se rapproche des royalistes et des Clichiens. Proscrit après fructidor, il ne rentre en France qu’en 1800. Il joue alors désormais un rôle politique mineur. Lié avec certains ministres, c’est lui qui, bien souvent, n’hésitera pas à user de son influence, notamment auprès de Lambrecht, ou de Fouché, pour sortir Hyde de Neuville des mauvais pas où l’ont entraîné ses activités royalistes. Plus peut-être encore que son mari, Adélaïde dispose d’un certain crédit personnel. Liée autrefois avec Joséphine, elle arrive, en 1810-1811, à intéresser Napoléon à la Société de Charité maternelle dont elle est vice-présidente, tandis que Marie-Louise en devient présidente32.
32Henriette Rouillé, quoique aussi riche que sa cousine, n’avait ni son charme ni son crédit. Provinciale dans l’âme, timide et froide, elle n’allait dans la société que pour suivre son mari, et encore l’y laissait-elle souvent aller seul. Si elle pouvait être utile à son mari, ce n’était pas par ses relations, comme sa cousine. « Toujours sauvage et peu expansive », comme elle se définit elle-même33, elle était considérablement plus âgée que son mari, et ils n’eurent d’ailleurs aucun enfant.
33Tous ces milieux dans lesquels Hyde se mouvait étaient plus ou moins engagés dans l’action, mais tous farouchement royalistes. L’événement du 18 brumaire changea les conditions politiques et amena des remises en question dans ce consensus. L’avènement d’un pouvoir fort, de plus en plus proche d’une royauté, encouragea certains des anciens amis de Hyde à se rapprocher de Bonaparte. Hyde lui-même pouvait, comme Fiévée ou Chateaubriand, être tenté. S’il ne le fit pas, s’il se démarqua d’un Fiévée, refusa la main tendue de Bonaparte, c’est qu’il avait dû définir précisément ses idéaux politiques, savoir ce qu’il voulait, ce qu’il rejetait, ce pour quoi il luttait.
34L’horreur de la Révolution, de son anarchie, de ses excès, était commune à tous. Mais Bonaparte terminait la Révolution : en ce sens, il pouvait apparaître comme un espoir. Tout dépendrait de sa conduite ultérieure.
35Cette horreur de la Révolution chez Hyde était instinctive, viscérale, et irraisonnée. Eût-elle été son seul sentiment, elle eût pu le pousser dans les bras du général sauveur. Mais elle était doublée d’une vénération de la légitimité, profondément ancrée par son éducation, et c’est ce sentiment, plus que l’autre, qui allait motiver le refus de Hyde de se rallier à Bonaparte.
36La position de Hyde par rapport à la Révolution n’était pas en effet sans ambiguïté. Une répulsion instinctive se doublait d’une certaine fascination pour ces théories mauvaises que toute son éducation lui avait appris à rejeter. Hyde y voyait là l’attrait du Diable, du vice qui se présente sous le jour de la beauté, des théories fausses et mauvaises mais séduisantes, et comprenait que plus d’un jeune homme « à la tête légère », qui n’avait pas eu comme lui la chance d’avoir une mère telle que Marie Roger pour lui servir de guide, ait pu y succomber. Théroigne de Méricourt personnifiait à merveille la Révolution, avec ses vices et ses attraits : « Elle s’exprimait avec facilité, sa démarche était hardie, sa figure belle. L’ensemble de sa personne portait le cachet de l’effronterie et de l’impudeur poussées à leur dernier degré34. »
37À ses débuts, la Révolution avait pu paraître attirante, même empreinte d’une certaine grandeur, alors qu’elle renversait un monde. Mais cette fausse grandeur, en fait née de l’extraordinaire de sa violence, s’était vite désagrégée dans ses excès.
« On a abusé des mots, jusqu’à taxer la Révolution de grandeur. Cette appellation, justement méritée à ses débuts, s’est bien vite perdue dans de tels excès qu’elle ne semble plus applicable à son ensemble sans de grandes restrictions. Il ne faut pas confondre la violence et la grandeur ; la beauté d’un drame ne consiste pas dans les grands gestes de l’acteur qui l’interprète, et l’on peut être saisi d’étonnement sans être ému d’admiration35. »
38La principale caractéristique de la Révolution reste donc sa monstruosité. Paroxysme de passions criminelles, aberration de l’histoire, elle est un monstre en elle-même, parce qu’elle n’a ni cause rationnelle, ni évolution logique, ni justification compréhensible. Elle est la création artificielle de quelques esprits pervers à qui elle a échappé car elle n’a aucun sens. On le vit bien lors de la chute des Girondins : « La Révolution, ne trouvant plus assez de victimes en dehors d’elle, tournait maintenant sa fureur contre les siens36. » La cruauté aveugle du monstre dépassait ses procréateurs.
39Comment une telle aberration a-t-elle pu se produire ? Il est évident qu’elle ne venait pas du peuple. La thèse du complot s’impose d’elle-même. Seule une minorité d’esprits viciés, une « secte de novateurs », a pu enfanter un tel monstre. Hyde rejette la faute sur les théories de la Philosophie, à laquelle il refuse d’ailleurs ce noble nom pour l’appeler « philosophisme ». Le « déficit » n’est qu’un prétexte : Necker, Calonne auraient pu le combler. La vérité, c’est le jeu de cette « secte de novateurs qui, méditant une Révolution, redoutait avec raison un ministre qui pouvait en détruire le prétexte. En effet, le déficit comblé, l’impôt territorial établi, quel moyen restait-il d’entraîner une nation qui ne voulait que la suppression de quelques abus37 ? » La Révolution a donc été voulue, préméditée par quelques hommes, et non amenée naturellement par la situation sociale et économique de la France. « L’évêque de Sens doit être jugé par l’aveu honteux qu’il fit depuis publiquement, de n’avoir eu en vue dans sa carrière ministérielle que l’avènement de la Révolution38. »
40Créée de toutes pièces par quelques hommes, la Révolution aurait pu être arrêtée à temps par eux, s’ils s’étaient repentis, puisqu’elle ne correspondait à aucun mouvement en profondeur. Ceci explique que Hyde ait mis un instant ses espoirs dans Mirabeau : Mirabeau, son immoralité vaincue, voyant ses disciples aller plus loin qu’il ne l’avait ordonné, voulut combattre « cette tourbe malfaisante », allait « briser son propre ouvrage, quand la mort frappa sur lui39 ».
41Nier tout soutien populaire à la Révolution justifiait en même temps la lutte d’Hyde et les moyens qu’il allait employer. Autrement, son patriotisme aurait pu souffrir du recours à une puissance étrangère, et une puissance de surcroît qu’il n’avait jamais portée dans son cœur : l’Angleterre. Hyde de Neuville en effet avait scrupule à se mettre en quelque sorte au service de l’Angleterre, et chercha en permanence à s’en justifier. Déjà, il avait hésité à faire évader Sydney Smith du Temple : « ce ne fut pas sans quelques scrupules que je m’employais à sauver un prisonnier qui avait été combattre contre la France40. Les services que l’Angleterre rendait aux émigrés et à leurs princes, et ses efforts évidents pour remettre le Roi sur son trône41 » étaient une raison à peine suffisante pour calmer ces scrupules, et Hyde précisera chaque fois qu’il le pourra que les contre-révolutionnaires et les émigrés ne combattaient pas, aux côtés des Alliés, contre la France, mais contre la Révolution :
« Pas plus que les républicains exaltés, elle [l’émigration] n’eût accepté l’idée du morcellement de la France, de son amoindrissement, ni de sa domination par une puissance étrangère. Une telle pensée l’eût fait bondir, et ce n’est que parce que l’Europe la berçait des illusions les plus généreuses, des promesses les plus désintéressées, que l’émigration faisait cause commune avec elle pour combattre la Révolution, non la France42. »
42Mais la nécessité de supprimer ce « chancre », cette aberration qu’était la Révolution allait justifier tout fanatisme. Tous les moyens seraient bons. L’Angleterre offrait des fonds qu’Hyde allait réclamer et recevoir sans honte, clamant que ce n’était pas pour autant qu’il était à ses gages. « Il fallait nécessairement trouver quelque part ce secours efficace et matériel auquel les meilleures causes sont forcées de recourir comme les autres. Le Roi usait du droit le plus légitime en recourant à l’argent de l’Angleterre pour remonter sur le trône. C’est l’emprunt que des souverains exercent entre eux, et qui ne peut frapper d’aucun impôt leur indépendance43. » Lorsque Hyde rédige ces lignes justificatrices, c’est longtemps après, lorsqu’il est un vieillard, et qu’il traîne la honte secrète d’avoir paru un instant aux gages d’une puissance ennemie, ce qui nuisit un temps à sa popularité et lui fut reproché. Il est plus que probable qu’au moment même, il avait beaucoup moins de scrupules.
43Pourtant, quand Hyde décidait ainsi de se mettre au service de l’Angleterre, la Révolution en tant que telle pouvait paraître vaincue en France. Bonaparte arrivait au pouvoir en annonçant des mesures de stabilité et d’apaisement. On pouvait espérer la fin de l’anarchie au moins, et peut-être davantage.
44C’eût été suffisant pour Hyde s’il n’avait été dominé que par le désir d’ordre social et politique. Ce qui fit la différence entre Fiévée ou Chateaubriand, et Hyde de Neuville, c’est que Hyde avait en plus la religion de la dynastie légitime. Un ordre social différent ne lui apparaissait pas forcément détestable, et c’est ce qui explique son attrait premier pour la Révolution. Mais là où Hyde de Neuville restait inébranlable, c’était dans son culte, non pas seulement de la royauté, mais de la légitimité. Hyde était prêt à se rallier à Bonaparte, pourvu que Bonaparte ramenât les Bourbons.
Notes de bas de page
1 Mémoires, I, 12-14.
2 Ibid., I, 12-13.
3 Ibid., I, 12.
4 Ibid., I, 16.
5 Mémoires, I, 17.
6 Ibid., I, 22
7 Ibid., I, 38.
8 Ibid., I, 40.
9 AD Nièvre, 14 L 5.
10 Critique dans le Journal décadaire de Nevers, n° 7 : 5 frimaire an X (26 novembre 1801).
11 Annonce d’un nouvel opéra de Hyde, qui va être joué à Nevers, sur une musique de Dufournay. Rapport du commissaire de police de Nevers au ministre de la police, 7 frimaire an X (28 novembre 1801), AN, F7 6250.
12 Directives pour la surveillance de Hyde dans la Nièvre comme « beau-frère du conspirateur Delarue », février-mai 1798, AN, F7 7388, dossier B5 2541.
13 Mandat d’arrêt du 14 vendémiaire an V (5 octobre 1796), et correspondance entre le ministre de la police et le Commissaire du Directoire dans la Nièvre, 1796-1797, AN, F7 7286, dossier 2003.
14 Mémoires, I, ch. IV.
15 Ibid., I, ch. VI.
16 Phélippeaux (Louis-Edmond-Antoine Le Picard de), 1768-1799. Rival de Bonaparte dès l’École militaire de Pont-Levoy où il le connut, farouche adversaire de la Révolution, il émigra en 1791. Officier de l’armée de Condé, il rentra en France en octobre 1795 avec l’intention de soulever le Berry. Il eut d’abord quelque succès et s’empara de Sancerre, mais sa troupe fut bientôt dispersée et lui-même fut arrêté à Orléans en juin 1796. Il retrouva Hyde de Neuville pour faire évader Sidney Smith du temple. Il mourut devant Saint-Jean d’Acre au service de l’Angleterre. Cf. Diesbach (Ghislain de), Echec à Bonaparte : Louis-Edmond de Phélippeaux, 1769-1799, Paris, 1980, 319 p.
17 Mémoires, I, 161.
18 AN, F7 6249, d. Delahaye.
19 Rapports de police, AN, F7 6250, d. 5588.
20 Compte rendu dans le Journal des dames et des modes, 20 vendémiaire an VII.
21 Documents trouvés dans les papiers de l’agence anglaise, AN, F7 6248, documents n° 31, 32, 33.
22 Rapport de police du 9 frimaire an VI (29 novembre 1797) signalant Hyde au Vaudeville, AN, F7 7344, dossier 8530.
23 Comtesse de Boigne, Récits d’une tante, I, 154.
24 V. Gueneau, Dictionnaire biographique des personnes nées en Nivernais.
25 Boigne, op. cit., I, 156.
26 Mémoires, I, ch. IV.
27 Louis-François Bertin (1766-1841), impliqué dans l’affaire de l’agence anglaise : AN, F7 6249, dossier Bertin. Il était nivernais. Fut-ce lui qui introduisit Hyde dans ce petit cercle de libraires parisiens aux opinions royalistes ? Fils d’un écuyer du duc de Choiseul, il commença à écrire dans le Journal français et le Courrier universel sous la Révolution. Rapidement accusé d’antijacobinisme, il fonda l’Éclair, journal supprimé après le 18 fructidor. Il racheta en 1800 avec son frère le Journal des débats. Exilé en 1801 à l’île d’Elbe pour complicité avec les complots de Hyde, il se lia avec Chateaubriand, obtint péniblement de revenir en France. Sous la Restauration, le Journal des débats était largement dévoué à Hyde de Neuville et à Chateaubriand. Cf. A. Cavalier, Bertin l’aîné.
28 Charles-Joseph Lacretelle (1766-1857). Jeune frère du publiciste Pierre-Louis Lacretelle, il rejoint celui-ci à Paris en 1787 pour travailler à ses côtés. Il ne tarda pas à se compromettre avec le parti royaliste, à l’inverse de son frère, qui restait modéré. Mais il se rallia à Bonaparte. Sous la Restauration, il devait poursuivre une carrière honorable comme homme de lettres et historien de la Révolution, de l’Empire et de la Restauration. Il a raconté ses souvenirs de la contre-révolution dans ses Dix années d’épreuve pendant la Révolution, Paris, 1842. Sur ses liens avec Hyde, voir spécialement p. 196 et suiv., 258 et suiv., et tout le chap. XII.
29 Fiévée a raconté sa vie dans la très longue introduction à sa Correspondance... avec Bonaparte, Paris, 1836, t. I. Cf. TULARD (Jean), Joseph Fiévée, conseiller secret de Napoléon, Paris, 1985, 247 p.
30 Enregistrement du mariage du 8 février 1792, AD Nièvre, série N. Joseph
31 Il n’y a aucun doute que Larue soit l’auteur de l’ouvrage anonyme intitulé Anecdotes secrètes sur le 18 fructidor et nouveaux mémoires des déportés à la Guiane, écrits par eux-mêmes, et faisant suite au journal de Ramel..., Paris, chez Gignet et cie, s. d.
Il y édite notamment, p. 32-44, une lettre à son ami G... (Guillaume Hyde ?), largement reprise, mais avec des variantes de détail, dans les Mémoires d’Hyde, et où il fait allusion à des détails personnels tels que sa femme Suzanne, son fils Emile, etc. L’ouvrage auquel celui-ci fait référence est Mémoire de Ramel,... sur son évasion avec... Delarue..., Paris, chez Gignet et cie, s.d.
32 Cf. F. Bassan, La Famille Pastoret... ; FALLOUX (Vte A. de), « Biographie de Madame de Pastoret », Annales de La Charité, 30 avril 1846 ; ARTAUD DE MONTOR (Chevalier A.F.) et BLOS-SEVILLE (Vte E. de), Notices historiques sur la famille Pastoret, Paris, 1844.
33 Henriette Hyde de Neuville à Joséphine du Pont, 15 septembre 1810, EMHL, W3-5405.
34 Mémoires, I, 14.
35 Mémoires, I, ch. IV
36 Ibid., I, 107.
37 Ibid., I, ch. II.
38 Ibid.
39 Ibid.
40 Mémoires, I, 161.
41 Ibid., I, 166.
42 Ibid., I, 173.
43 Ibid., I, 243.

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