Le torque gaulois en Champagne septentrionale au xixe siècle : un objet d’échanges
p. 98-123
Résumé
Au cours de la seconde moitié du xixe siècle, la construction du roman national s’appuie sur la redécouverte de l’Antiquité gauloise tout particulièrement en Champagne septentrionale où de nombreuses et importantes découvertes sont effectuées. Les érudits locaux s’emparent de cette thématique d’étude et notamment d’un objet très symbolique : le torque. Cet objet, en étant tout à la fois objet d’échange intellectuel, patrimonial, fiduciaire, etc., est au cœur d’un système réticulaire scientifique, d’information voire marchand et il permet même aux réseaux de savants de se construire, de se renforcer et de se définir.
Texte intégral
1Dans le cadre de la construction du roman national en cours pendant la seconde moitié du xixe siècle – et tout particulièrement sous le Second Empire et la troisième République –, la redécouverte de l’Antiquité gauloise prend une place non négligeable et engendre une véritable celtomanie faisant des Celtes, selon Salomon Reinach :
« Le plus ancien peuple de la terre ; leur langue, mère des autres langues, s’est conservée presque intacte dans le bas-breton ; ils étaient de profonds philosophes dont les révélations se sont transmises. »1
2Celle-ci a une actualité toute particulière en Champagne septentrionale où de nombreuses et importantes découvertes sont faites à cette époque. Alexandre Bertrand (1820-1902), conservateur du Musée des Antiquités nationales (MAN) de 1867 à 1902 évaluait à plus de 6 000 le nombre de sépultures de La Tène exhumées en Champagne2. Aussi les érudits locaux s’emparent de cette thématique d’étude et tout particulièrement d’un objet très symbolique – à savoir le torque ; ce collier rigide, ouvert ou fermé, avec ou sans tampons, lisse, rainuré, torsadé, décoré ou à figures, etc. faisant partie intégrante des parures féminines celtiques entre 530 et 200 avant J.-C., selon les découvertes faites dans cette région de plaines et plateaux qui s’étend de la vallée de l’Aisne au nord et à l’est à la vallée de l’Aube au sud et correspond approximativement aujourd’hui au département de la Marne, au sud des Ardennes, à l’est du département de l’Aisne et au nord du département de l’Aube. Cet espace géographique cohérent est à l’origine de l’appellation de Jean-Paul Demoule3 de la culture Marne-Aisne (fig. 1).
3Quant aux érudits précédemment évoqués, nous abordons dans cette analyse seulement ceux se revendiquant, se disant, se considérant soit comme des « archéologues », soit comme des collectionneurs ou les deux. Pour eux, la découverte et/ou la possession de l’objet est à l’origine d’une ambivalence : faut-il le conserver jalousement ou au contraire en faire la publicité. En effet, pour que la collection privée ait une valeur, partage, diffusion du savoir, mise en réseau sont fondateurs. Aussi, le torque gaulois en Champagne septentrionale est un objet d’échange ; intellectuel, d’abord, par la création d’outils et de lieux de partage (exposition, musées privés, collections publiques, sociétés savantes – locales, nationales voire internationales) ; patrimonial, ensuite, par la mise en œuvre d’échanges d’informations et d’objets – entre fouilleurs et collectionneurs mais aussi entre collectionneurs et institutions ; fiduciaire, enfin, puisque ces objets en fonction de leur « beauté » et de leur rareté acquièrent une valeur marchande dont certains érudits entendent tirer profit, monnaie sonnante et trébuchante – au même titre parfois que leurs connaissances. Ces pistes permettent de percevoir les réseaux sociaux ainsi mis en place, animés ou délaissés par ces érudits, le torque – en qualité d’objet antique –, (re)devenant près de deux mille ans après son enfouissement, créateur de réseau social.
Le torque gaulois : objet d’échange intellectuel, patrimonial et fiduciaire
Le torque gaulois : un objet comme les autres parmi les antiques ?
4Pour que le torque soit objet de convoitise, de débats, d’analyses, de controverses mais également soit – ou devienne – créateur de réseaux, est nécessaire une considération particulière et spécifique de cet objet au milieu des autres découvertes archéologiques faites dans le même secteur géographique ou concernant la même période chronologique de l’Histoire. Afin de savoir si le torque peut-être considéré comme une antique comme les autres, ou au milieu des autres, sans valeur particulière ou au contraire perçue comme ayant plus d’intérêt ou de valeur (quelle que soit la caractérisation – intellectuelle, patrimoniale, fiduciaire, artistique, etc. – de celle-ci), il est possible de nous référer à quelques indices. Le premier est de repérer l’importance accordée aux différentes découvertes faites dans l’espace géographique concerné pour la période étudiée et l’objet analysé au regard des autres types de découvertes archéologiques. Le second consiste à voir si – dans le cadre des représentations ou illustrations – cet objet singulier occupe ou non une place spécifique.
5Pour illustrer le premier aspect, il est par exemple utile d’analyser le travail préparatoire manuscrit4 effectué par Émile Schmit (né en 1850) dans le but de publier une véritable somme de ses recherches, travaux, études et analyses sous la forme d’un monumental répertoire archéologique de la Marne pour une vaste période s’étendant de la Préhistoire à l’an Mil. Ce répertoire est composé de six tomes – majoritairement manuscrits et très partiellement dactylographiés – et regroupe des notices archéologiques triées par ordre alphabétique des noms de communes du département. Dans ce travail, Émile Schmit rapporte les circonstances des fouilles, cite les individus ayant un lien avec le site de fouilles (fouilleurs, archéologues, collectionneurs, scientifiques, etc.), décrit les objets mis à jour, met en valeur les recherches autour du mobilier découvert, émet des analyses d’interprétation, etc.
6Le premier volume5 comporte 277 pages rédigées dont 135 concernent l’époque gauloise (48,75 %) ce qui est tout de même beaucoup pour ces cinq cents années comprises dans un ensemble s’étalant du Néolithique au milieu du Moyen Âge, soit près de 7 000 ans. Dans ce premier tome, 95 communes sont étudiées et pour 33 d’entre elles, la période gauloise est mentionnée. Dans 14 de ces notices communales sont étudiés des torques. Quand des torques sont évoqués alors la période gauloise occupe une place importante dans les notices (73,02 %), lesquelles correspondent à 115 pages ¼ soit 85,36 % des pages des notices où l’époque gauloise est mentionnée, et à 41,62 % des pages totales. À l’inverse, quand le torque n’est pas évoqué la période gauloise occupe une place moindre dans les notices (45,95 %) ; ces notices correspondent à 19 pages ¾ soit 7,14 % des pages totales. Le torque peut donc être considéré comme un curseur d’intérêt en sa qualité d’indicateur de la présence d’une nécropole intéressante et riche en mobilier funéraire et par conséquent digne d’une description approfondie ; mais au-delà de l’aspect rédactionnel, l’indice le plus probant est sans aucun doute celui de la représentation iconographique des objets ou sites de découvertes.
7Dans leur ensemble, les six volumes du répertoire archéologique d’Émile Schmit6 contiennent 510 pages d’illustrations (dessins, plans, photographies, etc.) dont vingt-cinq sont des planches directement tirées de La Champagne souterraine de Léon Morel (né en 1828)7. Au total, 808 illustrations ornent ce répertoire, certaines sur des pages uniquement consacrées à des illustrations, d’autres étant des illustrations insérées au fil du texte. La moyenne s’établit donc à 1,6 illustration par page.
Tableau . Typologie des illustrations insérées dans les volumes Schmit
Typologie | Nombre d’illustrations concernées | Part dans l’ensemble (en %) |
armes | 101 | 12,50 |
divers8 | 148 | 18,32 |
monnaies | 21 | 2,60 |
ossements | 10 | 1,24 |
parures et bijoux | 263 | 32,55 |
petit outillage | 22 | 2,72 |
plan | 50 | 6,19 |
récipients | 133 | 16,46 |
sculptures | 18 | 2,23 |
silex | 21 | 2,60 |
stèles et pierres | 21 | 2,60 |
8Les insertions graphiques les plus fréquentes concernent les objets liés à la parure et aux bijoux (263) – bracelets, fibules, épingles, médaillons, broches, perles ou torques, etc. –, des récipients divers (133) – vases, cruches, écuelles, coupes… –, des armes (101) – épées, haches, dagues, boucliers, lances, etc. Finalement, les torques représentent 11,13 % des illustrations des six volumes ; soit bien plus que les vases et œnochoés (8,17 %), les bracelets (7,92 %), les fibules et broches (7,55 %), etc. La représentation en masse des torques peut s’expliquer de deux manières différentes mais non concurrentes. Elle peut être le signe d’une très forte présence de cet objet dans les sites fouillés dans le département de la Marne ; la surreprésentation devenant le reflet du résultat des fouilles effectuées. Elle peut également être le fruit de l’intérêt spécifique porté à cet objet par les érudits, les fouilleurs, les collectionneurs ; et devenir alors le reflet de la préciosité de l’objet au regard de ces individus. Cette dernière engendre curiosité, intérêt, convoitise, etc. Au-delà de la représentation, l’analyse de la place laissée réellement et physiquement à ces objets est intéressante à mener puisque toutes pages confondues, les illustrations occupent en moyenne 23,62 % de la surface de la page ; les parures (bracelets, fibules, torques, etc.) correspondent à 23,65 % de la surface de la page tandis que les autres types de représentations (plans, pierres taillées, monnaies, haches, épées, vases, etc.) représentent seulement 23,06 %. La différence n’est donc pas flagrante en soi mais en considérant uniquement la représentation graphique des seuls torques alors la surface moyenne occupée par ces objets est de 26,06 % de la page et augmente même à 40,85 % en prenant en compte les planches issues de La Champagne souterraine de Morel.
9Ces éléments montrent bien la place particulière du torque au sein des antiques aux yeux des hommes de cette seconde moitié du xixe siècle. Pour asseoir cette idée, il convient de savoir comment les torques sont représentés. Ainsi, dans les pages où se conjuguent texte et illustrations, ces dernières correspondent à 12,98 % de l’espace de la page ; dans ces cas-là, quand les éléments de parure sont représentés, ils occupent 11,34 %, les autres objets 13,73 % mais les torques (représentés à 7,44 % dans le texte) 18,39 % de la page. Quand la page est totalement dédiée à l’illustration, les dessins prennent en moyenne place sur 35,72 % de la surface, les éléments de parure 34,17 %, les autres objets seulement 33,19 %, mais surtout les torques, qui représentent 15,34 % des objets dessinés, s’étendent sur 53,24 % (fig. 2).
10En comparaison, les représentations graphiques de bracelets occupent généralement 14,02 %, seulement, de la page. Nous pourrions considérer cette différence comme normale puisque les bracelets sont des objets plus petits. Mais inversement les représentations de poteries, cruches et vases (fig. 3) prennent environ 24,65 % de la page, soit une place en deçà des 26,06 % utilisés pour les torques et développement de torques ; pourtant ces objets sont généralement plus volumineux. Les haches préhistoriques quant à elles représentent seulement 16,86 %. Donc, globalement le torque tient une place prépondérante dans les illustrations, signe de l’intérêt porté par l’auteur à cet objet mais aussi signe de l’intérêt porté à cet objet par l’ensemble de la communauté des fouilleurs, collectionneurs, érudits et scientifiques s’intéressant à l’archéologie en général et à l’archéologie gauloise en particulier. Néanmoins, l’intérêt de la représentation n’est pas proportionnel à la surface occupée, comme le montre assez bien l’exemple des développements de torque prenant parfois une faible place sur la page mais dont l’intérêt artistique et l’intérêt scientifique (en termes de connaissance des éléments décoratifs) sont bien plus importants ; tel le torque découvert à Courtisols (fig. 4).
11Certes, le torque peut occuper plus de place qu’un bracelet ou une fibule si le dessinateur cherche à respecter les proportions des tailles des trouvailles. Or, le torque est mis en scène dans les grandes publications illustrées comme La Champagne souterraine de Léon Morel. L’objet, s’il est unique sur la planche, est au centre de la composition pour attirer le regard. S’il y a deux torques présents sur une planche, ils sont disposés avec attention de chaque côté de la planche pour équilibrer la disposition des objets. Certains objets sont même regroupés par type, des planches sont consacrées aux plus beaux torques, lesquels sont présentés les uns à côté des autres avec reprise de leur décor (fig. 5). Pourtant, la possibilité de représenter en plus grand ces objets tient à leur structure même : ils offrent un avantage conséquent au dessinateur comme le torque est un objet rond et « creux », le vide au centre laisse de la place pour représenter le reste de la parure tels le bracelet ou les fibules.
Le torque gaulois : objet de convoitise
12Dans la seconde moitié du xixe siècle, le torque gaulois est un objet de convoitise comme le prouve l’investissement massif des sites de fouilles archéologiques, quand leur existence est révélée et connue par le système de circulation très intense – par le biais de dons, d’échanges et de vente – s’organisant autour du torque, et par la mise en place d’une hiérarchisation au sein de la communauté des fouilleurs, archéologues, collectionneurs suite à la découverte ou la possession de torques.
13L’antique gauloise – et en tout premier lieu, le torque – est à l’origine d’une véritable course à l’objet, d’une ruée vers les sites de découverte grâce à une intense, rapide et efficace circulation de l’information au sein de la communauté des « fouilleurs ». Parfois, la découverte d’un site est relayée par les journaux locaux comme dans le cas du site des Crons situé à Bergères-les-Vertus9. Cette diffusion de l’information engendre l’intérêt accru des fouilleurs. Ainsi, pour la nécropole gauloise située à Bethon découverte par Cyrille Godot en février 1892, Émile Schmit rapporte :
« Il paraît qu’on n’a trouvé dans ces sépultures qu’un seul vase en terre cuite, il est au musée de Troyes. Les torques, les bracelets étaient en assez grand nombres (sic), ils furent dispersés entre les divers chercheurs qui étaient accourus en foule dans l’espoir de trouver quelque objet précieux. »10
14La mention est explicite : les torques et les bracelets sont considérés comme des objets précieux… mais dans quel sens ? Précieux pour la connaissance archéologique, scientifique et historique ; précieux car ils enrichissent une collection ; ou précieux puisqu’ils sont des objets convoités et obtiennent alors une valeur monétaire et marchande non négligeable pour l’heureux possesseur. Aussi, les fouilleurs développent-ils des techniques de fouilles – loin d’être rigoureuses et totalement scientifiques – leur permettant d’obtenir le plus rapidement possible ces objets considérés comme précieux et convoités. Se développe ainsi la technique de la sonde, pratique pour récolter sans problème des objets métalliques ; procédé mis au point dans la région par Édouard Fourdrignier (né en 1842) et Jean Baptiste Counhaye (né en 1820). Cette pratique de fouilles prouve l’existence d’une sélection des objets et une hiérarchisation du mobilier recherché et donc récolté ; hiérarchisation dans laquelle le torque se positionne assez haut.
15Ainsi, certains collectionneurs fouillent eux-mêmes comme Jean-Baptiste Counhaye, Frédéric Moreau (né en 1798), Joseph de Baye (né en 1853) ou en binôme comme Émile Schmit et l’abbé Pierre Favret (né en 1875). La collaboration dans la fouille engendre de facto le partage des objets découverts. Parfois, certains collectionneurs ne fouillent pas et payent en trouvailles leurs fouilleurs comme c’est le cas d’Édouard Baffet (né en 1876) ou achètent les trouvailles aux fouilleurs comme Auguste Nicaise (né en 1828), propriétaire de près de 3 000 objets. Le partage et le don d’antiques gauloises et en particulier de torques se repèrent aussi dans le cas très singulier de Frédéric Moreau quand il distribue des éléments de sa collection aux écoles, musées, sociétés savantes, villes, etc. Mais l’échange peut être indirect et se réaliser par la permission de moulage des objets ; cela permet de faire circuler l’apparence des objets sans abîmer l’original qui pourrait être fragilisé durant les transports successifs. Ainsi Léon Morel demande dans une lettre du 17 mai 1895 un moulage de torques cédé par Charles Coyon (né en 1842) au MAN. Quant aux ventes, elles existent : entre fouilleurs et collectionneurs, entre collectionneurs, entre collectionneurs et musées notamment lors de la constitution et l’enrichissement des collections des musées municipaux ou nationaux. Par exemple, une partie de la collection de Jean-Baptiste Counhaye est vendue au MAN, représenté par Abel Maître, le 17 mai 1873 pour la coquette somme de 1 500 francs – laquelle correspond au salaire annuel moyen d’un ouvrier dans les mines de Liévin11. Cette collection partielle est composée de soixante-sept types d’objets différents : bracelets, fibules, épées, vases, lances… et douze torques. Le prix d’un torque est rarement connu et bien évidemment il diffère en fonction de son état de conservation, de son décor, du matériau utilisé…
16Comme il existe une hiérarchisation des objets trouvés en fouille, se met également en place une hiérarchisation du vocabulaire et des investigateurs et collectionneurs, en fonction de la richesse de la collection réunie. D’abord, cette hiérarchie s’instaure dans le vocabulaire employé à cette époque pour nommer les individus et leur place dans le circuit de l’échange. Existent ainsi des fouilleurs, à l’image de Gustave Chanier, des collectionneurs comme Gaston Chance (né en 1867) – dont certains peuvent également fouiller par eux-mêmes –, et des archéologues, tel Léon Morel, mais cette dernière dénomination est loin de correspondre à la réalité sous-entendue aujourd’hui dans ce terme. Se crée donc une gradation dans laquelle l’archéologue serait bien plus averti – et peut-être même autorisé – que les autres, le fouilleur étant alors un simple homme de main, payé ou dédommagé. Au sein de cette hiérarchie s’instaure une forme de compétition entre collectionneurs et entre « archéologues » ; hiérarchie élaborée au début du xxe siècle et dominée par le baron Joseph de Baye comme le souligne Émile Schmit dans son travail préparatoire et encyclopédique :
« [les] poteries recueillies par M. de Baye ayant été offertes avec toutes ses collections au musée de Saint Germain par le Maître archéologue champenois, elles firent l’objet d’une étude particulière de la part de M. Hubert conservateur adjoint de ce musée. »12
17Cet homme mérite probablement ce surnom de « maître archéologue champenois » et il existe de multiples raisons aux yeux d’Émile Schmit d’en faire une véritable légende locale, d’abord en sa qualité de médaille d’or de la SACSAM pour son musée en 1872-1873, membre de la société nationale des antiquaires de France, correspondant au ministère de l’Instruction publique, inspecteur divisionnaire de la société française d’archéologie pour le département de la Marne, membre de la société des sciences et arts de Vitry le François, membre de la société académique de l’Aube, membre de la société archéologique champenoise, membre de la société d’anthropologie de Paris, etc., mais surtout en tant qu’auteur d’articles et de planches ayant pour objectif d’analyser, comprendre et interpréter le torque gaulois.
Le torque gaulois : objet d’interprétation
18En effet, l’un des objectifs de ces individus en réseau (en dehors de fait de posséder l’objet) est d’analyser et interpréter l’objet pour en expliciter le rôle. Afin de donner du sens à partir de l’objet, ils vont ainsi élaborer des théories dont certaines peuvent nous sembler très curieuses aujourd’hui et surtout ayant des bases scientifiques très réduites. Pour un torque retrouvé sur le site de Montéqueux sur le finage de la commune de Beine, Charles Coyon fait le rapport de ses investigations et signale la découverte d’une sépulture à char comprenant deux corps superposés, séparés par dix centimètres de terre, pour laquelle « le squelette supérieur était paré d’un superbe collier en bronze [et] était apparemment l’épouse qui volontairement avait accompagné son seigneur et maître dans la tombe »13. Bien évidemment aucune étude sur le squelette ne permet de vérifier cette hypothèse du sacrifice de l’épouse, celui-ci demeurant une bien curieuse supposition. Émile Schmit tente aussi en s’appuyant sur sa culture livresque des interprétations par observation de crânes afin d’établir un pont entre le port du torque et l’âge de l’individu portant ce bijou :
« On a prétendu que les torques recueillis en cette situation étaient des parures destinées à soutenir les voiles des mariées. Nous ne pouvons nous rallier à cette destination, car à Vraux, une femme à deux colliers dont l’un se trouvait sur le crâne était une vieille matrone édentée. Nous pencherions pour une druidesse. C’est peut-être du port du torque14 sur le chef qu’est devenue [sic] l’idée de nimber certains personnages en peinture. »15
19Bien plus sérieusement, ces interprétations diverses et variées conduisent à la constitution d’une forme de communauté d’esprit où la mise en réseau est essentielle.
20En cherchant à trouver du lien entre les trouvailles des différents sites pour donner du sens aux objets, la confrontation avec les découvertes et les interprétations des confrères est obligatoire et nécessaire comme le montre la comparaison faite entre un torque découvert à Bassuet, issu d’une :
« Sépulture que nous croyons féminine malgré la présence d’un admirable poignard offrit un torque de très belle allure et d’un diamètre peu commun. Il mesure 235 mil. de diamètre exactement. La mesure d’un grand torque qui provenait des Crons de Bergères les Vertus et qui faisait partie de la collection de M. Morel. »16
21Ailleurs, le même Émile Schmit compare un site de Beine, dont l’inventeur est Charles Coyon, composé d’une nécropole de 82 tombes et livrant deux torques dont l’un :
« Est d’une facture peu commune et inédite croyons-nous dans la Marne. Cependant un torque de la Suisse peut lui être apparenté c’est celui que cite M. Bonstetten(1) et qui d’après cet archéologue aurait été recueilli à Sierre (Valais). »17
22Dans cet extrait, Émile Schmit utilise un appareil critique relativement scientifique en utilisant une note de bas de page avec la mention « (1) » faisant référence au Recueil d’antiquités suisses rédigé par le baron de Bonstetten et publié à Lausanne en 1855.
23Ces tentatives d’explications génèrent des communautés d’esprit, mais parfois des débats, vifs, autour de questions assez centrales parmi lesquelles celle du port du torque (le torque est-il un objet féminin ou masculin ?) mais aussi celle de la taxinomie afin de qualifier cette période de l’histoire humaine. Ainsi, Léon Jouron (né en 1843) s’insurge dans L’Homme Préhistorique contre la volonté de dénomination de la période concernée sous les noms de Tène (I, II et III) en remplacement de Marnien (I, II et III) :
« C’est avec surprise que j’ai lu, dans le numéro d’avril de L’Homme préhistorique, le résultat des fouilles pratiquées pendant 4 mois à La Tène. Ces fouilles n’ont enrichi le musée de Neuchâtel que de 250 pièces environ. Tant de travail pour une si faible récolte ! Mais, le moindre de nos cimetières gaulois de la Marne la fournirait en 8 jours si les fouilles y étaient continues ! Et c’est par centaines que nous comptons les nécropoles gauloises en Champagne, bien que beaucoup de communes n’aient pas encore été explorées. Et c’est en se basant sur de semblables résultats, qu’on voudrait révolutionner une situation acquise et modifier le nom d’époque marnienne adopté depuis près de 50 ans pour désigner l’époque gauloise ! La Tène I, La Tène II, La Tène III, mais le Marnien comporte ces trois phases de l’industrie gauloise répandues sur toutes les parties de notre département. Il y a 30 ans qu’elles y ont été constatées. Pourquoi remplacer le Marnien appartenant presque au centre de la Gaule par La Tène qui n’est en tout cas qu’une station frontière ? Nous ne nous l’expliquons guère. »18
24Ce dernier exemple montre l’existence d’une communauté érudite – pour ne pas dire scientifique – champenoise en formation en réaction à une autre forme de communauté scientifique. Le torque, en cela, est véritablement créateur de réseaux – spécifiquement de réseaux sociaux – dans la seconde moitié du xixe siècle.
Le torque gaulois : créateur de réseaux au xixe siècle
Au cœur du réseau d’information : publications et sociétés savantes
25Publier ses recherches et présenter le résultat de ses découvertes ou la constitution de sa collection est une étape primordiale pour ces érudits s’intéressant au torque gaulois. Dans le cadre de cette étape pratiquement indispensable, les sociétés savantes, locales, nationales voire internationales jouent un rôle central. En étudiant les auteurs et les supports de publication, il est possible de mettre en lumière les différents réseaux et les différentes filières de diffusion de l’information sur les torques gaulois découverts en Champagne septentrionale au xixe siècle mais également permet de dresser une typologie de profils des érudits communicants (fig. 6).
26L’analyse des supports de publications utilisés par les auteurs champenois pour évoquer le torque découvert en Champagne septentrionale montre l’impact de la société savante locale et leur capacité réticulaire. Au cœur du réseau principal se trouvent les Mémoires de la SACSAM, revue associée à une société savante parmi les plus anciennes du département de la Marne et qui, dans la seconde moitié du xixe siècle, est suffisamment bien installée pour être une référence locale incontournable ; aussi n’est-il pas étonnant de la voir au centre de ce réseau de publications et d’hommes.
27Un second réseau d’envergure – possédant néanmoins des liens – avec le cœur de réseau, est celui constitué autour du Bulletin de la Société archéologique champenoise, publication bien plus récente et attachée à une jeune société spécialisée et géographiquement localisée. Cette Société archéologique champenoise a été fondée en 1907, à Reims. Ainsi, le bulletin de cette société semble moins central dans le réseau de diffusion ; probablement car, au regard des bornes chronologiques de cette étude, les auteurs y ont eu moins de possibilité et de temps pour communiquer au sujet des torques. En point de pivot entre ces deux revues locales – tout comme en proximité des Mémoires – se trouvent des publications d’envergure nationale à vocation scientifique : les Bulletin Archéologique du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, Bulletin (ou Mémoires – selon les époques) de la Société des Antiquaires de France, ou les publications de l’Association Française pour l’Avancement des Sciences.
28En marge de ce système socio-réticulaire, d’autres points d’ancrage de diffusion du savoir ou de l’information existent localement comme le Bulletin de la Société historique et archéologique de Château-Thierry, le Bulletin de la Société académique historique et scientifique de Soissons, etc. ou nationalement tels L’Homme Préhistorique ou la Revue Archéologique. La multiplication des articles, des supports envisageables et des auteurs prouve l’intérêt de la période gauloise et du torque, et montre l’élaboration du réseau social lié au transfert d’information autour d’individus-type assez caractéristiques. D’un côté, existent des érudits se contentant d’un seul et unique média pour diffuser leur savoir, tel Édouard Baffet avec ses trois publications dans les Mémoires de la SACSAM entre 1910 et 1913. Il est intéressant dans ce cas précis de s’interroger sur le choix du docteur Baffet : celui-ci pour des raisons thématiques aurait pu choisir de publier dans le Bulletin de la société archéologique champenoise nouvellement créée mais décide de publier auprès de la SACSAM dont il est membre. Cette proximité s’explique probablement par le lieu de résidence et de fouilles du docteur Baffet : Pogny.
29Ensuite, le deuxième profil est celui de l’érudit local multipliant les publications locales comme Pierre Favret, dont les publications prennent place à la fois dans l’Almanach de la Marne, la Revue historique et archéologique du pays des Nerviens et dans le Bulletin de la Société archéologique champenoise. Cet éclectisme montre la volonté de diffuser le plus possible les informations, bien que cette diffusion se limite à l’échelle régionale.
30Le troisième profil est celui de l’érudit champenois ouvert à la fois sur un réseau local et national d’envergure variable à l’image de Charles Bosteaux-Paris (né en 1844) publiant six articles dans le Bulletin de la Société archéologique champenoise mais surtout un grand nombre d’articles (27) dans les publications de l’Association française pour l’avancement des sciences ou à l’image d’un Auguste Nicaise vingt et une fois auteur dans les Mémoires de la SACSAM, pour le Congrès archéologique de France, douze fois dans le Bulletin de la Société des antiquaires de France, onze fois dans le Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, sans oublier ses participations à la Revue de la Société de statistique de Paris, la revue L’Homme, la Revue archéologique… pour un total de plus de cinquante publications différentes.
31Enfin, le quatrième profil est celui des érudits-papillons dont l’objectif semble de publier beaucoup et dans un maximum de revues sans avoir de grande attache envers une société en particulier. Léon Morel est dans ce cas-là, avec ses seize publications (seulement) mais dans huit supports différents parmi lesquels la Revue des sociétés savantes, les Mémoires de la SACSAM, les travaux de l’AFAS, la Revue Archéologique ou dans les actes du Congrès archéologique de France. Cette pratique relève d’une volonté farouche de diffuser l’information le plus possible afin de donner une valeur scientifique mais aussi fiduciaire à sa collection personnelle.
32La diffusion de l’information passe par d’autres canaux usant de vecteurs différents et dont les objectifs sont également différents. Primo, de manière assez marginale en volume et en visibilité mais essentielle pour comprendre le fonctionnement de cette communauté scientifique en formation, sont constitués des outils de référencement des collections privées et publiques mais aussi des objets en fonction de leur provenance géographique ou de leur thématique ; c’est notamment le cas au sein des services du MAN de Saint-Germain-en-Laye où Alexandre Bertrand19, Gabriel de Mortillet (né en 1853)20 et Salomon Reinach (né en 1858) 21 compilent des illustrations (dessins, photographies, etc.) dans le but de constituer un atlas iconographique le plus complet possible à partir des collections du musée, afin de diffuser à la fois le visuel et les connaissances associées à ces objets dans la Revue archéologique ou pour nourrir les cours de l’École du Louvre qu’ils animent. Ces compilations constituent alors des outils de référencement formidables appelés aujourd’hui les « Albums noirs ».
33Secundo, de manière plus conséquente et récurrente, le réseau d’information s’appuie sur les visites et comptes rendus de collections ; ce réseau d’information dédouble fréquemment le réseau social en lien avec la société savante. Cette pratique courante participe à la publicité des collections, à la mise à disposition d’informations pour la communauté scientifique mais pas seulement et sert ainsi aux débats. Cette pratique permet également de confirmer l’intégration pleine et entière d’un fouilleur ou d’un collectionneur dans la communauté des érudits dignes d’être considérés dans ce monde assez restreint et fermé des spécialistes d’antiques gauloises et tout spécialement de torques. Ainsi Émile Schmit dans son Rapport sur une visite de la collection Bourin, archéologue à Witry-lès-Reims écrit :
« M. Bourin a bien mérité un encouragement ainsi c’est à juste titre que la Société académique de la Marne a bien voulu récompenser ce modeste et sagace chercheur. Elle attribue donc à M. Bourin une médaille de vermeil. »22
34Dans ce court extrait, il est à mentionner l’intégration de M. Bourin dans le cercle fermé des « archéologues » et non pas seulement des « collectionneurs » ; pourtant une gradation est perceptible entre la mention du « maître archéologue champenois23 » de Baye et ce « modeste » mais « sagace » chercheur. Cette gradation se justifie aux yeux d’Émile Schmit car Auguste Bourin « est jeune et ardent, qu’il ne craigne pas de nous ménager de nouvelles surprises24 » mais son entrée dans le cénacle des archéologues s’explique par le mérite principal de ce collectionneur, à savoir le rangement et le classement de sa collection « selon une méthode que nous sommes heureux de pouvoir recommander à tous ceux qui s’occupent de faire des recherches archéologiques25 » puisque « chaque objet est accompagné d’un numéro qui est répertorié sur un registre. Lequel donne au jour le jour le détail de l’investigation avec les particularités observées26 ».
35La collection d’Auguste Bourin se compose exclusivement d’objets issus de fouilles effectuées à Witry-lès-Reims et constitue un ensemble déjà très intéressant dans lequel il a pu :
« Recueillir 24 torques, une quantité de bracelets en bronze (…), des armes en fer très diverses, des rasoirs en fer, des annelets de fer et de bronze et des perles en verre, pâte de verre ou en terre diversement impressionnées enfin 120 vases dont un certain nombre de factures spéciales. »27
36Cette description se rapproche finalement beaucoup de celle effectuée en 1893 par le baron Charles Remy de la collection Morel où sont inventoriés 40 épées, 40 poignards et couteaux, 60 lances en fer, 6 umbos de boucliers, 15 flèches, 4 forces ou ciseaux, 10 rasoirs, 2 mors de chevaux, un casque de gaulois en bronze, 110 torques, 250 bracelets ou anneaux de jambes, 80 fibules, 300 perles, une paire de boucles d’oreille en or, deux anneaux en or, 200 vases. Charles Remy y souligne l’exceptionnel nombre de torques recueillis et notamment ceux ornés de têtes humaines de Courtisols, de l’Aube, ou Vieil-Toulouse orné de tête de chevaux affrontés et effectue des analogies avec les collections de Joseph de Baye, Jean-Baptiste Counhaye et Charles Bosteaux-Paris, également propriétaires de torques à figures humaines.
Nom | Objet | Provenance | Achat/Don | Année | Proportion des entrées ou objets dans les inventaires du MAN |
Napoléon III | Nombreux objets | La Cheppe | Don | 1865 |
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Alexandre Bertrand | Nombreux objets | Diverses provenances | Don | 1865 |
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Denis Machet | Nombreux objets | Diverses provenances | Don | 1865 |
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Jean-Baptiste Counhaye | Nombreux objets | Diverses provenances | Achat | 1873 |
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Édouard Fourdrignier | 91 objets dont un bracelet en or28, deux fibules de bronze29 | Diverses provenances | Achat 3 000 francs30 | 1879 | 5,86 % des objets entrés au MAN cette année-là
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Édouard Fourdrignier | Un torque en bronze | trouvé sur les bords de la Vesle, près de la voie romaine de Reims à Bar-le-Duc, commune de Vadenay31 | Achat 100 francs | 1879 (15 avril) | |
Édouard Fourdrignier | Nombreux objets (fig. 9) | Diverses provenances | Achat | 1884 | 18,97 % des numéros d’inventaire de l’année 1884. |
Léon Morel | mors de chevaux | camp de la Cheppe32 | Don | 1884 (21 avril) | |
Émile Morcel | Plancy-l’Abbaye | Don | 1884 (30 juillet) | ||
Léon Morel | Moulage d’un casque | trouvé lors du dragage de la Marne en face de Coolus en 187335 | Don | 1884 (30 juillet) | |
Théophile Habert36 | Moulage d’un vase à goulot en bronze37 | Don | 1884 (30 juillet) | ||
Abel Maître | Nombreux objets | Berru et à Bucy-le-Château | 1884 (6 août) | ||
Édouard Fourdrignier | 889 objets dont 25 torques ou fragments de torques38 | Diverses provenances | Achat 4 000 francs39 | 1884 (fin janvier) | à lui seul 18,16 % des entrées inventoriées cette année-là. |
Jean-Baptiste Counhaye | « grands torques de bronze avec S en relief40 » (fig. 7) | tombe du lieu-dit Monthéron à Ripont | Achat | 1893 |
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Jean-Baptiste Counhaye | Nombreux objets | Diverses provenances | Achat | 1893 |
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Frédéric Moreau | Nombreux objets | Diverses provenances | Don à condition que l’État donne 20 000 francs pour la restauration du clocher de l’église de Fère-en-Tardenois | 1899 |
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Leboeuf | Nombreux objets | cimetière des Crons de Bergères-les-Vertus | Achat | 1899 |
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Denis Machet | Nombreux objets | Diverses provenances | Achat | 1899 |
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Le Laurain | Nombreux objets | Ferme de Piémont et camp de Châlons | Achat | 1899 |
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Joseph de Baye | Nombreux objets | Diverses provenances | Achat | 1906 |
37Ces éléments soulignent l’importance dans le réseau d’information de la collection privée ; elle participe bien souvent et en même temps à une forme d’ouverture de ce réseau d’information – celle-ci n’étant pas toujours accompagnée d’une ouverture au réseau social.
L’ouverture du réseau d’information par l’exposition des découvertes
38La mise en réseau des informations s’effectue par le partage des découvertes et notamment leur exposition ; cependant une étape essentielle est franchie quand la collection passe du musée privé au musée public puisque l’audience est alors largement multipliée ; surtout avec la création du MAN. Entre 1862 et 1921, le registre d’inventaire de ce musée dénombre l’intégration dans les collections de 66 438 entrées – correspondant à bien plus que 66 000 objets puisque certaines entrées sont constituées d’un seul objet comme le n° 4 465 de janvier 1866 à savoir un « bracelet en or massif41 » provenant de Loire-Atlantique, d’autres de plusieurs comme l’entrée n° 26 476 du 8 juin 1881 qui correspond au don de « 7 silex divers taillés42 » retrouvés près de la commune de Boissy-le-Repos. Certaines de ces entrées concernent explicitement la période gauloise, proviennent de la Champagne septentrionale et sont des torques.
39La démarche est sensiblement la même pour les dons et acquisitions du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Châlons-en-Champagne ; ce musée possède une importante collection archéologique dans laquelle 146 torques sont aujourd’hui référencés dans le catalogue. Ces torques entrent dans les collections de ce musée à partir de 1866. Ils proviennent prioritairement des environs de Châlons et de sites fouillés longeant la vallée de la Marne, tels ceux de Sogny-aux-Moulins et Mairy-sur-Marne, pour lesquels plusieurs torques ont été donnés ou vendus. Les principaux donateurs ou anciens propriétaires sont Édouard Baffet (51 pièces), Émile Schmit (37 pièces), Léon Bérard (né en 1883), Lemoine (né en 1855) (13 pièces chacun) et Mathilde Perrin de la Boullaye (née en 1875) (11 pièces) ; d’autres grands collectionneurs laissent leur trace dans les inventaires de ce musée de Châlons mais dans une proportion bien en deçà de la richesse réelle ou supposée de leurs collections privées comme Édouard Fourdrignier (né en 1842) laissant finalement un seul et unique torque trouvé à Saint-Étienne-à-Arnes mais surtout le baron de Baye, considéré comme un des « grands donateurs » du MAN comme le souligne la plaque de marbre situé à l’entrée mais aussi reconnu par ses compatriotes marnais comme le souligne la plaque située au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Châlons-en-Champagne dédiée « à la mémoire des archéologues marnais », même si aucun torque issu de sa collection n’intègre le musée local.
40En dehors de l’intérêt scientifique, de conservation, de mise à disposition du public, etc. de cette démarche, il ne faudrait en aucun cas éclipser l’importance de l’aspect financier. Édouard Fourdrignier vend ; cette raison explique probablement une grande partie des différences entre les collections du MAN et celles du Musée de Châlons en termes d’objets provenant de la collection Fourdrignier. En effet, ce dernier n’a sans doute pas les moyens financiers nécessaires à l’acquisition de tels objets. D’ailleurs, la collection archéologique de ce musée de province se construit, selon Anne Vatan, pour beaucoup – mais non exclusivement – sur les dons d’Émile Schmit qui aurait apporté 2 460 objets43. Au MAN, à propos de ceux autorisant à titre gracieux des moulages, il est sans doute envisageable de considérer cet acte comme une façon de donner de la valeur à leur collection et en particulier à ces objets moulés par captation du prestige du lieu de conservation – et très probablement d’exposition – dudit moulage.
La constitution d’un réseau de l’information autour des sites de découverte de Bergères-les-Vertus
41Un site de découverte archéologique, comme nous avons pu le souligner précédemment, est rarement fouillé par une seule et même personne lors d’une seule campagne de fouilles permettant de mettre au jour l’entièreté du site et des découvertes archéologiques à y faire. Par ailleurs, le fouilleur collectionne quelquefois les pièces, les inventorie, les classe puis les analyse avant d’en livrer à la communauté scientifique – ou tout au moins érudite – une interprétation ou d’en faire une présentation. Ces sites de fouilles sont bien souvent générateurs de réseaux sociaux et d’information se modifiant au cours du temps en fonction de l’intérêt des découvertes, de la publicité faite autour du site ou des trouvailles, de la proximité avec d’autres sites, etc. Afin de mettre en lumière cette construction de réseaux d’information et la modification de leur structure, nous avons décidé de regarder de près les sites archéologiques découverts à Bergères-les-Vertus (fig. 10).
42Le premier à s’intéresser, à fouiller et à publier des résultats de fouilles sur un des sites de cette commune serait Émile Boblays, un « pionnier de l’archéologie champenoise (...), ses dessins (...) sont parmi les premiers de l’archéologie gauloise [et] sont de parfaites représentations des objets44 » qui fouille au lieu-dit “Le Puy” (à environ 2 kilomètres à l’ouest du village) en 1829 et publie une « Note sur les ossements trouvés auprès du village de Bergères » dans le huitième tome des Mémoires de la Société royale des antiquaires de France. Cette présence gauloise sur la commune de Bergères-les-Vertus ne tombe pas entièrement dans l’oubli et en 1861, selon les Mémoires de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, « il y aurait lieu de faire des fouilles au lieu-dit “Le Puits” écart de Bergères-les-Vertus »45.
43La seconde étape de l’histoire des sites de Bergères-les-Vertus se concentre sur cinq sites distincts où, à partir de 1868, de nombreux fouilleurs, collectionneurs et érudits concentrent leurs recherches et analyses. Ces sites sont ceux du “Mont-Aimé” (à environ 2,1 kilomètres au sud-sud-ouest du village), de “Croix-des-Vignes” (à environ 800 mètres au nord-ouest du village), des “Crons” (à environ 800 mètres au nord-nord-ouest du village), de “Montaignesson46” (à environ 2 kilomètres ouest-nord-ouest du village) et du “Chemin de fer”.
44Le site “des Crons” est ainsi massivement investi à partir de 1868, avec des fouilles opérées par Jules Blavat47, Henri du Cleuziou48, Léon Jouron49, Paul du Châtellier50, Charles Le Bœuf51, Bénoni Le Laurain52 et Émile Schmit53 qui semble avoir fouillé en compagnie de son « ami et collaborateur Jouron »54 tandis que Le Bœuf et Le Laurain – avec certitude – avec probablement du Châtellier travaillent également en coopération. Ce site a aussi peut-être été fouillé, comme d’autres de Bergères-les-Vertus, par un certain Blavet55, fouilleur attitré – mais sans doute pas exclusif – de Joseph de Baye56. L’invention du site est donc attribuée à Le Bœuf, selon le Journal de la Marne57 mais très rapidement de nombreux fouilleurs l’investissent. Une partie des découvertes faites sur ce site sert alors de référence et de comparaison avec d’autres découvertes faites à Soudé-Sainte-Croix et à Châlons-sur-Marne, notamment celles de 1904 effectuées par René Lemoine58, mais surtout ces trouvailles sont soumises à la sagacité de la communauté scientifique par le biais d’Henri du Cleuziou et de son importante publication intitulée L’art national dans laquelle, selon Émile Schmit, il réalise de :
« Jolis dessins très documentaires et on doit remercier ce maître d’avoir su donner un intérêt tout à fait exceptionnel aux recherches de notre Collègue M. Le Bœuf. »59
45La participation d’Henri du Cleuziou aux fouilles de ce site est attestée par un avant-propos dans lequel il écrit :
« Dans un cimetière de la Marne, celui des Crons (...), nous avons fouillé nous-mêmes des tombes doubles. »60
46La publicité est également faite par l’intermédiaire de La Champagne souterraine puisque Léon Morel acquiert certaines pièces et les fait figurer sur les planches 21 et 22 de son album iconographique (fig. 11).
47Approximativement à la même époque, des fouilles sont entreprises sur le site de “Montaignesson” par Charles Le Bœuf et Léon Jouron ; alors que :
« Vers 1845, la préparation de la lande, pour y faire des semis de sapins, fit découvrir beaucoup de squelettes auprès desquels avaient été déposés des vases en terre et des anneaux en bronze (...), il fut aisé [à Léon Morel] de reconnaître que le sol avait été fouillé jadis (...) plusieurs fosses [étant] veuves des objets qu’elles avaient dû contenir. »61
48Léon Morel participe donc aux fouilles de ce site de “Montaignesson” ouvert avant le site des Crons et situé dans une continuité géographique avec les différents sites d’Étrechy62, fouillés par Léon Morel et dont certains sont également fouillés par Charles le Bœuf et Bénoni Le Laurain63.
49Le même Léon Jouron est omniprésent pour les sites bergeronnets, car il fouille aussi ceux du “Chemin de fer” et du “Mont-Aimé”. Pour ce dernier, il élabore les premières théories sur son occupation même s’il n’est pas seul à fouiller : un certain Varnier64 fouille approximativement à la même époque. Un peu plus tard, Odile François65 s’y attèle également. Celui-ci est l’auteur de publications de synthèses tardives dont une Étude historique et archéologique sur le Mont-Aimé66 datée de 1906 et un article sur « Le Mont-Aimé, d’après les recherches et travaux de Mr. O. François »67 en 1929. Avant lui, les interprétations de Léon Jouron publiées dans son étude sur Les Âges de la Pierre du Bronze et du fer dans les cantons d’Avize, de Vertus et de Montmort68 et ses Notes sur une sépulture féminine du cimetière gaulois de Bergères-les-Vertus69 entrent en opposition avec celles effectuées par Auguste Longnon, notamment dans son Dictionnaire topographique de département de la Marne70.
50Ce site du “Mont-Aimé” a également intéressé Auguste Nicaise71, qui montre une partie de ses trouvailles lors du congrès archéologique de France de 187572 se déroulant à Châlons-sur-Marne, tout comme Charles Le Bœuf, détenteur de quelques pièces en provenant73.
51Pour le site du “Chemin de fer”, les fouilles semblent avoir été effectuées par Léon Jouron et Émile Schmit, prioritairement, tandis que Léon Morel possède dans sa collection quelques pièces en provenant. Les découvertes faites sur ce site sont comparées à d’autres effectuées à Vraux.
52À la “Croix des Vignes”, des fouilles sont effectuées par Blavet en 1886 et 1887 pour le compte du baron de Baye, même si le fouilleur adresse également une lettre à Auguste Nicaise pour le prévenir de l’existence de fosses gallo-romaines. Le produit de ses fouilles est inventorié et publié par La Revue de Champagne et Brie et dans opuscule de la main de Joseph de Baye intitulé Cimetière de Bergères-les-Vertus74. Là encore, la connaissance préalable du site bien avant la réalité des fouilles est une vérité puisque Émile Schmit rapporte :
[l’existence d’] « une lettre de Novembre 1874 adressée à M. Nicaise signal[ant] que 20 ans avant cette époque, 50 sépultures avaient été constatées lors de l’établissement d’un mur à environ 300 mètres (...) à l’ouest du cimetière des Crons. »75
53Bien plus tardivement, le site des “Terres de Monsieur” (à environ 2,2 kilomètres au sud-est du village) est exploré et commenté, notamment par André Brisson et Robert Duval, auteurs d’un article en lien avec leurs découvertes et interprétations et publié dans le Bulletin de la société archéologique champenoise en 1934. Cette histoire de l’archéologie sur le finage de Bergères-les-Vertus ne s’arrête pas là puisque Maurice Toussaint76 signale quelques découvertes faites sur le “Mont-Aimé” et au lieu-dit “La Noue Abdon” (environ 1,9 kilomètre au sud-sud-est du village) en 1946.
54Ces éléments montrent comment se constitue un réseau de fouilleurs, de collectionneurs et d’érudits autour de sites de découvertes entre la deuxième moitié du xixe siècle et la première moitié du xxe siècle ; ces fouilles servant tout à la fois à l’enrichissement des collections personnelles – comme celles du baron de Baye, d’Auguste Nicaise ou de Léon Morel – et à l’amélioration des connaissances scientifiques par le biais de débats, d’échanges d’informations, etc. Dès leur moment de la découverte, certaines pièces issues de ces découvertes enrichissent un acteur fondamental en lien avec cette archéologie champenoise sur la période gauloise : le MAN. En effet, de nombreuses pièces trouvées par Charles Le Bœuf entrent dans les collections inaliénables de ce musée national.
55Pour conclure, le torque champenois est un objet de parure important aux yeux des érudits de la seconde moitié du xixe siècle dont ils cherchent à comprendre, analyser et interpréter le sens, la fonction et l’importance en comparaison avec d’autres spécimens locaux ou trouvés ailleurs, etc. Ces hommes cherchent tout autant à le mettre en valeur par les diverses publications ou la multitude des représentations graphiques – avant tout par le dessin – et font de ce torque un véritable objet d’échange scientifique. Il devient objet patrimonial une fois restauré ou conservé dans un musée. Il est également un objet à valeur fiduciaire.
56Le torque gaulois de Champagne organise ainsi un réseau de sociabilité centré sur un réseau local d’érudit mais aussi un réseau national en s’appuyant notamment sur les conservateurs du MAN ou leurs assistants, sur les revues nationales comme la Revue archéologique ou sur les grands rendez-vous nationaux tels les congrès archéologiques de France. La renommée des antiques gauloises de Champagne est même internationale comme le prouve la vente d’une grande partie (environ 7 000 pièces) de la collection Morel – fierté locale, richement documentée, illustrée, publiée et véritable référence pour les érudits champenois – au British Museum de Londres, en 190177 ; le reste étant dispersé et vendu après la mort de Léon Morel en 1909.
57Ce réseau d’érudits, de sociétés savantes et de publications, de structures muséales a mis en œuvre un réseau d’information efficace où les débats et les heurts existèrent – comme dans le cas de l’opposition entre Émile Schmit et l’abbé Favret – mais il permit grâce au nombre de trouvailles et des publications de gagner en notoriété. Celle-ci a rejailli sur les érudits, les collectionneurs, les archéologues et les fouilleurs – à des degrés moindres – permettant la construction de formes de prestige individuel et collectif néanmoins cette notoriété possède des limites puisque si le réseau champenois a permis la transmission d’un savoir autour d’un grand nombre de découvertes, il a malencontreusement participé à la dispersion des trouvailles archéologiques et subi – comme pressenti et évoqué par Jouron en 1908 – une lourde défaite en perdant la bataille de la dénomination des différentes périodes de datation de cette époque du second âge du fer, d’abord dite période marnienne puis remplacée par le terme de période laténienne dans les études nationales et internationales. Selon Michel Chossenot, l’absence d’une synthèse s’appuyant sur des découvertes bien localisées et bien décrites permettant d’établir une typologie et une chronologie soignées du mobilier en est probablement la cause78.
Bibliographie
Michel Chossenot, Recherches sur La Tène moyenne et finale en Champagne. Étude des processus de changement, Strasbourg, université de Strasbourg, thèse de doctorat sous la direction d’Edmond Frézouls, 1993, 2 vol.
Joseph Déchelette, Manuel IV, second âge du Fer ou époque de La Tène, Paris, A. Picard, 1927 (1914).
Jean-Paul Demoule, « Chronologie et société dans les nécropoles de la culture Aisne-Marne du vie au iiie siècle avant notre ère », Revue archéologique de Picardie, Amiens, n° spécial 15/1999, 1999.
Léon Morel, La Champagne souterraine. Matériaux et documents pour l’histoire ou résultats de 35 années de fouilles archéologiques dans la Marne. Période gauloise avant la conquête romaine, Châlons-sur-Marne, imprimerie Martin, 1898 (1877).
Ian Mathieson Stead, Valery Rigby (dir.), The Morel Collection : iron age antiquities from Champagne in the British Museum, Londres, British Museum Press, 1999.
Anne Vatan, Histoire de l’archéologie celtique en Champagne, des origines à 1941, Paris, EHESS, thèse de doctorat sous la direction de Venceslas Kruta, 1996.
Annexe
Illustrations
Notes de bas de page
1 S. Reinach, « Esquisse d’une histoire de l’archéologie gauloise », Revue celtique, Paris, Bouillon, 1898, t. XIX, pp. 111-112, cité par M. Decimo, Sciences et Pataphysique. Savants reconnus, érudits aberrés, fous littéraires, hétéroclites et celtomanes en quête d’ancêtres hébreux, troyens, gaulois, francs, atlantes, animaux, végétaux, aryens, extraterrestres et autres ?, Dijon, Les Presses du réel, « Les Hétéroclites », t. 1, p. 68.
2 J. Déchelette, Manuel IV, second âge du Fer ou époque de La Tène, Paris, A. Picard, 1927 (1914), pp. 524-525 cité par J.-J. Charpy, Les Celtes dans la Marne, Châlons-en-Champagne, Conseil Général de la Marne (citation liminaire).
3 J.-P. Demoule, « Chronologie et société dans les nécropoles de la culture Aisne-Marne du vie au iiie siècle avant notre ère », Revue archéologique de Picardie, Amiens, n° spécial 15/1999, 1999, p. 8.
4 Document non daté, il s’agit d’une compilation de documents probablement rassemblée sur le long terme.
5 F 58, Archives départementales de la Marne.
6 F 58 à F 63, Archives départementales de la Marne.
7 L. Morel, La Champagne souterraine. Matériaux et documents pour l’histoire ou résultats de 35 années de fouilles archéologiques dans la Marne. Période gauloise avant la conquête romaine, Châlons-sur-Marne, imprimerie Martin, 1898.
8 Dont 25 planches de La Champagne souterraine et trois planches issues de l’analyse de « La sépulture d’un chef gaulois » faite par Auguste Nicaise pour la Société d’Agriculture Commerce Sciences et Arts de la Marne (SACSAM).
9 Voir le développement consacré à ces sites de Bergères-les-Vertus, en fin d’article.
10 F 58, folio 151. Archives départementales de la Marne.
11 Inventaire manuscrit du Musée des Antiquités nationales, 4e registre, folio 28.
12 F 58, folio 74. Archives départementales de la Marne.
13 Cité par Émile Schmit, F 58, folio 94. Archives départementales de la Marne.
14 Nous avons conservé la graphie originale du texte d’Émile Schmit.
15 F 58, folio 113. Archives départementales de la Marne.
16 F 58, folio 77. Archives départementales de la Marne.
17 F 58, folio 87. Archives départementales de la Marne.
18 L’Homme Préhistorique, n°6, juin 1908, pp. 179-181.
19 Directeur de 1867 à 1902.
20 Attaché de 1868 à 1898.
21 Assistant de 1887 à 1893, conservateur adjoint de 1893 à 1902, puis directeur de 1902 à 1932.
22 É. Schmit, Rapport sur une visite de la collection Bourin, archéologue à Witry-Les-Reims, note manuscrite préparatoire à une version publiée dans les Mémoires de la SACSAM, 1905, pp. 243-245. J 423, Archives départementales de la Marne.
23 F 58, folio 74. Archives départementales de la Marne.
24 É. Schmit, Rapport... op. cit.
25 Ibid.
26 Ibid.
27 Ibid.
28 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 4, folio 224, n° 24 918.
29 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 4, folio 224, n° 24 916.
30 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 4, folio 224.
31 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 4, folio 229, n° 25 020.
32 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 69, n° 27 931.
33 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 80, n° 28 224.
34 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 80, n° 28 225.
35 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 80, n° 28 226.
36 Théophile Habert, notaire à Troyes, transmet une partie de sa collection à la ville de Reims en 1893.
37 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 81, n° 28 227.
38 La même année, le 6 juin 1884, la collection Esmonnot, architecte à Moulins, comportant 240 entrées est achetée 3500 francs ; Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 71. En novembre 1884, 1 041 entrées d’inventaire correspondent à des objets provenant du musée de Compiègne et issus de fouilles effectuées en forêt de Compiègne sous la direction d’Albert de Roucy ; Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 81.
39 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 57.
40 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 275, n° 33 309.
41 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 1, folio non numéroté.
42 Registre d’inventaire du Musée des Antiquités nationales, volume n° 5, folio 2.
43 A. Vatan, Histoire de l’archéologie celtique en Champagne, des origines à 1941, Paris, EHESS, thèse de doctorat sous la direction de Venceslas Kruta, 1996, p. 327.
44 Ibid., p. 161.
45 Mémoires de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, 2ème partie, Châlons-sur-Marne, 1861, p. 85.
46 Noté aujourd’hui “Montagnesson” sur les documents cadastraux.
47 A. Vatan, op. cit., p. 159. Jules Blavat (né en 1826) intervient sur site à partir de 1873.
48 Ibid., pp. 185-187, (né en 1843).
49 Ibid., pp. 253-254.
50 Ibid., pp. 182-183.
51 Ibid., p. 266.
52 Ibid., pp. 268-270.
53 Ibid., pp. 327-330.
54 F 58, folio 111. Archives départementales de la Marne.
55 A. Vatan, op. cit., p. 159.
56 Ibid., pp. 147-153.
57 Information reprise par Émile Schmit : F 58, folio 105. Archives départementales de la Marne.
58 A. Vatan, op. cit., pp. 271-272, (né en 1855).
59 F 58, folio 110. Archives départementales de la Marne.
60 H. du Cleuziou, De la poterie gauloise : étude sur la collection Charvet, « avant-propos », Paris, J. Baudry éditeur, 1872, p. 9.
61 L. Morel, La Champagne souterraine. Matériaux et documents ou résultats de trente-cinq années de fouilles archéologiques dans la Marne, Reims, Imprimerie Matot-Braine, 1898 (1877-1898), p. 102.
62 Dont les sites du “Mont-Blanc”
63 Comme le site de “Les Renardières” (situé à environ 1200 mètres au sud-ouest de “Montaignesson” et à 200 mètres à l’ouest du site des “Puits”).
64 F 58, folio 104. Archives départementales de la Marne.
65 A. Vatan, op. cit., p. 228.
66 O. François, Étude historique et archéologique sur le Mont-Aimé, Châlons-sur-Marne, Imprimerie de l’Union républicaine, 1906, 215 p.
67 O. François, « Le Mont-Aimé, d’après les recherches et travaux de Mr. O. François », Almanach Matot-Braine, 1929, pp. 448-453.
68 L. Jouron, Les Âges de la Pierre du Bronze et du fer dans les cantons d’Avize, de Vertus et de Montmort, 1902.
69 L. Jouron, Notes sur une sépulture féminine du cimetière gaulois de Bergères-les-Vertus, Épernay, Michel Lévy, 1879, 8 p.
70 A. Longnon, Dictionnaire topographique de département de la Marne : comprenant les noms de lieu anciens et modernes, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Dictionnaire topographique de la France », 1891, p. 171.
71 A. Vatan, op. cit., pp. 300-302.
72 F 58, folio 104. Archives départementales de la Marne.
73 F 58, folio 106. Archives départementales de la Marne.
74 J. de Baye, Cimetière de Bergères-les-Vertus (Marne), Arcis-sur-Aube, Froment, 1890, 8 p.
75 F 58, folio 119. Archives départementales de la Marne.
76 M. Toussaint, « Recherches archéologiques en Champagne », Gallia, tome 4, 1946, p. 303.
77 I. M. Stead, V. Rigby (dir.), The Morel Collection: Iron Age Antiquities from Champagne in the British Museum, Londres, British Museum Press, 1999, 201 p.
78 M. Chossenot, recherches sur La Tène moyenne et finale en Champagne. Étude des processus de changement, Strasbourg, université de Strasbourg, thèse de doctorat sous la direction d’Edmond Frézouls, 1993, 2 vol.
Auteur
Médiatrice culturelle aux musées de Châlons-en-Champagne, membre de la Société des Amis du Musée
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2016