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    Plan détaillé Texte intégral Un historique : les marais du xvie siècle au xixe siècle La transformation en zone industrielle d’une partie de zone humide Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Constitution et mutations des périphéries urbaines : fonctions, structures et images

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Transformation des périphéries : le cas du marais des Paluns en bordure de Marignane (Bouches-du-Rhône)

    Isabelle Chiavassa

    Résumé

    La zone des Paluns, en lisière de l’étang de Bolmon, au sud de l’étang de Berre, permet d’aborder un cas précis : en limite de la commune voisine, cette plaine alluviale, à 2 kilomètres du centre historique de Marignane (Bouches-du-Rhône), est bien sa périphérie, de surcroît isolée depuis 1927 du centre de la ville par le canal du Rove. Ces marais des Paluns permettent d’appréhender le phénomène de transformation des périphéries. L’ensemble du pourtour de l’étang de Berre étant soumis à une forte évolution industrielle depuis 1950, une métamorphose du lieu survient après 1970. Cette zone humide de marais, d’herbages, exploitée en pâturage depuis des siècles, est partiellement transformée en zone industrielle, inaugurée en 1976 dans le contexte économique et social de la montée en puissance du port de Fos-sur-Mer. Le rôle de Laurens Deleuil, maire de Marignane durant les années 1960-1970 et la croissance de la population marignanaise ont joué un rôle essentiel. La majorité des surfaces reste classée « zone humide ».

    Texte intégral Un historique : les marais du xvie siècle au xixe siècle La transformation en zone industrielle d’une partie de zone humide Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1À l’origine de cette recherche, je voulais comprendre pourquoi une partie de la périphérie de Marignane a été brusquement transformée, vers 1970, en zone industrielle. Je désigne ici comme un centre le centre-ville historique de la commune de Marignane (Bouches-du-Rhône), et comme une périphérie les marais du sud-ouest de Marignane, situés dans une plaine alluviale, au sud de l’étang de Berre. Récemment décrits du point de vue de leur état environnemental, par un article collectif, ces marais ou zones humides de la Palun, ou des Paluns, sont proches de l’étang de Bolmon1, étang étudié par Nicolas Maughan2, qui avait déjà décrit les dynamiques de l’ensemble du bassin-versant3.

    Un historique : les marais du xvie siècle au xixe siècle

    2Il s’agit ici de la zone humide délimitée au nord par l’étang de Bolmon, étang d’eau saumâtre qui borde au sud une partie de l’étang de Berre, au sud par la commune de Gignac-la-Nerthe, à l’est par la ville et le canal du Rove, à l’ouest par la commune de Châteauneuf-les-Martigues. L’histoire du lieu est connue par un texte : en 1511, le seigneur de Marignane passe une transaction. En Provence, de nombreuses communautés d’habitants ont racheté tous les droits de leur seigneur sous l’Ancien Régime, via une transaction précisant en particulier l’usage des terres incultes4. Ici, la transaction est précise, elle constitue 13 folios de registre et porte sur un seul objet : le seigneur de Marignane cède à perpétuité à l’université des habitants de Marignane tout le marais avec ses droits et appartenances5. Ce seigneur, Antoine de Varey, cède le marais en accapte, forme provençale du bail emphytéotique, contre 20 écus d’or et un cens d’un écu d’or par an. Il se réserve la directe6, et le droit de pâturage pour 20 de ses animaux. L’étang de Bolmon et l’une des bourdigues qui le font communiquer avec l’étang de Berre appartenaient au seigneur et lui restent acquis. Ce bail de 1511 est un don très précieux à la communauté des habitants, qui peut désormais y faire paître ses troupeaux, car les paluns sont constitués d’herbages et d’une végétation hygrophile7, rarement recouverts d’eau8. Au Moyen Âge, les seigneurs fonciers tirent des revenus des marais et étangs en arrentant les droits de pêche, et les paysans y ont des droits d’usage. Personne n’essaie donc de mener des opérations de dessèchement9. Ici, le lieu est composé de petits étangs de faible profondeur et de fossés, mais aussi de terres fermes, servant de pâturage comme on le voit en Camargue dès le Moyen Âge10. Une ou deux fermes y étaient implantées. Des moutons paissaient encore au xxe siècle dans les marais de la Palun11. Ces terrains de parcours pour moutons étaient fréquemment désignés par le terme de terres gastes12. Outre sa fonction de pâturage, ce type de marais en général très poissonneux sert à la pêche, à la chasse, au ramassage des sangsues, des algues, du varech, des joncs, comme l’a souligné Nicolas Maughan13 et peut servir à produire des alcalis (sels alcalins) pour les textiles14.

    3Un seul acte, important, change le sort de ces terres en 1699 : le seigneur vend à la communauté son droit de pâturage15. C’est Joseph-Gaspard de Covet qui est désormais marquis de Marignane, marquis des îles d’Or16, baron de Trets et de Bormes. Selon les moments, ce seigneur de Marignane est aussi seigneur de Vitrolles, Gignac, Saint-Victoret et autres lieux, gouverneur pour Sa Majesté des îles et forteresses de Port-Cros et du Levant17.

    4Les seigneurs de Marignane des xviie et xviiie siècles se tournent vers Aix-en-Provence où ils ont leur hôtel particulier, mènent la vie de la noblesse aixoise, sont membres du Parlement, procureurs du pays ou consuls d’Aix. Joseph-Gaspard de Covet fait face à de grandes difficultés financières, car il construit un château baroque à Marignane, avec une façade calquée sur le modèle romain du palais Farnèse, château doté de salons richement décorés et d’un grand parc. Il paie le droit de franc-fief dû par tout roturier qui achetait un bien noble. Les marquis successifs n’avaient pas cru devoir régler cet impôt, ayant d’abord été reconnus nobles, de par des charges anoblissantes (dès 1599) puis de par le marquisat (1647). Mais Louis XIV impose des vérifications généalogiques dans un but fiscal ; le marquis (alors Jean-Baptiste II), quoique maintenu noble en 1668, est déclaré roturier en 167818 et taxé à hauteur de 36 000 livres. Finalement, il sera maintenu noble par le conseil du roi19. En 1699, Joseph-Gaspard de Covet sans doute très endetté a déjà cédé ses moulins ; il vend, aliène et transporte à la communauté pour la somme de 3 600 écus son droit de faire paître 20 chevaux à la Palun20. La communauté des habitants finit de payer en 1703 cette somme, tout en continuant à payer le cens annuel d’un écu d’or21. Mais l’opération va s’avérer très rentable : désormais, la communauté va affermer les marais en mettant cette ferme aux enchères. Parfois, c’est « la Palun » qui est arrentée sans précision ; en 1732, la communauté afferme les fourrages, et par ailleurs les terres hivernenques, qui permettent au cheptel de passer l’hiver ; en 1733, elle afferme « les herbes hivernenques à présent pendantes en ladite pallun22 ». La communauté afferme ces biens tous les trois ans au xviiie siècle23, parfois en se réservant le pâturage du troupeau à l’usage de la boucherie, ainsi en 1733, car elle affermait aussi la boucherie24. Le lieu n’appartenait plus au dernier marquis, Anne-Louis-Emmanuel de Covet, puisqu’il ne fait pas partie de la liste de ses biens quand il émigre25 ni n’est vendu comme bien national à la Révolution ; il appartenait donc bien à la communauté des habitants. En l’an II, un bien communal de la Palun, défini comme « les herbes des paluds et marais », est partagé par l’assemblée des citoyens et citoyennes, réunis en l’église paroissiale, entre les chefs de famille, sauf la partie submergée26. J’ignore si ce bien partagé couvrait tout ou partie de la surface des marais de la Palun, qui restent en tout cas une zone humide. Il n’y eut jamais de drainage d’envergure27. Nicolas Maughan a décrit le sort des marais du bassin-versant au xixe siècle : les paluns de Marignane sont signalés comme insalubres en raison des fièvres qu’ils provoquent ; ils sont cédés en l’an XIII à deux concessionnaires, chargés du drainage et du dessèchement, prôné par la société du xixe siècle attachée à ses préceptes hygiénistes. Mais, le dessèchement n’ayant pas abouti, la ville dès 1845 revendiquait sa propriété auprès du Conseil d’État, et ces zones humides furent délaissées28.

    La transformation en zone industrielle d’une partie de zone humide

    5La transformation partielle de cette périphérie est un vaste projet des années 1960, qui englobe 3 communes, où l’on voit agir une volonté de la municipalité de Marignane dirigée par Laurens Deleuil, maire pendant presque 50 ans, de 1947 à 1995. C’est dès 1965 qu’une zone industrielle est envisagée, zone partielle, laissant à l’état naturel le nord et l’ouest, plus proches de l’étang de Bolmon. La ville de Marignane reçoit des demandes d’entreprises qui veulent s’y implanter ; elle offre aussi un site à l’usine Volkswagen de Wolfsburg, ville avec laquelle elle est jumelée, mais le maire allemand décline poliment l’offre. La ville ne veut pas d’initiatives non coordonnées, elle souhaite un plan d’ensemble d’équipement, englobant les terrains déjà acquis. Certains ont été achetés en 196629 par Le Hénaff, un négociant en fer très intéressé par la proximité du canal ; d’autres par la Compagnie française de raffinage, future société Total30. En 1966, une délibération du conseil municipal approuve le projet de zone industrielle, de 40 hectares seulement ; c’est le début d’un processus qui n’aboutira qu’en 197531. Quels sont les arguments de la ville ? L’accroissement de la population sans création parallèle des emplois, l’intérêt de Marignane en tant qu’outil régional d’entraînement et de reconversion vers le secteur secondaire, suite au déclin de certaines activités à Marseille. La ville souligne également sa situation centrale, la dimension de la zone (on cite 300 hectares et non plus 40), le problème de l’emploi de la main-d’œuvre féminine dont les maris sont employés dans les industries de la région ; Marignane est admirablement desservie par l’eau, le chemin de fer, et la route32. La desserte par eau est une allusion au canal du Rove. Malgré la coupure du lien avec Marseille, due à l’effondrement du tunnel du Rove en 196333, il continue de l’autre côté de relier Marignane au Rhône, que peuvent descendre des péniches de 1 200 tonnes.

    6En 1968, le maire proteste dans un courrier, car il a découvert que la direction départementale de l’équipement (DDE) dirige les entreprises vers Vitrolles, et non vers sa ville34 : c’est l’État qui décide, il mène les grands projets, et fait rédiger une étude via la Mission d’aménagement de l’étang de Berre35, en 1971. Cette mission coordonne l’opération.

    7L’étendue du projet de 1971 couvre 542 hectares (dont 500 utiles) que l’on imaginait remplir à l’horizon 1986, en commercialisant 30 hectares par an, et en créant 17 400 emplois36. Laissant au nord la bastide de la Palun et au sud le hameau de Bricard, elle préserve une bonne partie des marais à l’ouest, et au nord jusqu’à l’étang de Bolmon. Elle est bordée côté centre-ville par le canal du Rove. Le Plan d’occupation des sols de 1969 avait pourtant classé le site non pas comme zone d’activités, mais comme zone à vocation résidentielle37. Dans cette superficie de 500 hectares, le conseil municipal vote en 197138 en faveur d’une ZAC à usage principal d’activités industrielles. C’est une première tranche de 200 hectares, déjà largement occupée par l’entreprise Stogaz mais aussi d’autres. Stogaz procédait au stockage de gaz, pétrole et liquéfiés, Davum fournissait des métaux en gros39, et Trouvay-Cauvin était commerçant en gros de fournitures industrielles. Des entreprises sont donc déjà installées sur 20 hectares, et 30 autres hectares sont en cours d’achat.

    8En 1972 est déclarée d’utilité publique cette ZAC de 230 hectares40, dont encore 95 commercialisables, et la ville demande déjà son extension en fin d’année. À cette époque, en 1971-1972, la ville précise ses arguments : la zone de Fos-sur-Mer démarre, et la future zone de Marignane en sera complémentaire. Il faut donc, pour le maire, créer 4 000 emplois pour qu’il y ait équilibre entre emploi et habitat ; le but de la zone est fixé : un taux d’emploi de 30 à l’hectare41.

    9En réalité, si l’on regarde l’histoire du développement de Fos, Marignane n’était pas directement concernée par le projet42. Le complexe industrialo-portuaire de Fos est issu d’une politique forte d’aménagement du territoire menée par de Gaulle puis Pompidou, dans le cadre d’une poussée du port de Marseille vers l’étang de Berre et bien au-delà43, s’inscrivant dans la logique de l’État colbertiste, stratège et volontariste des « trente glorieuses44 ».

    10L’industrialisation a été considérée comme un impératif absolu qui fonde les IVe, Ve et VIe Plans, favorisant la concentration dans le ciment, la chimie, l’automobile, l’aviation et la sidérurgie45. Les études sur le golfe de Fos en vue d’une extension du port démarrent dès 1963, le plan d’ensemble est approuvé par le ministre en 1964, et l’inauguration par Maurice Couve de Murville et Olivier Guichard a lieu fin 196846. En Europe, cette nouvelle zone industrielle de Fos qui joue la carte de l’industrie lourde était comparable seulement à Rotterdam, de par ses dimensions. Elle couvrait en effet 7 000 hectares, dont 5 000 réellement industrialisables, et l’État finançait 80 % des gros travaux47. L’horizon de création de 200 000 emplois que l’on faisait alors miroiter48 était un mirage ; les emplois créés seront bien moins nombreux. Et si des logements ont certes été construits dans toutes les villes avoisinantes, le maire de Marignane ne joue pas dans la cour des grands, celle des maires emmenés par Gaston Defferre dans une coalition contre l’État. L’État proposait des formules de syndicats de communes en 1971-1972 ; les maires communistes et socialistes alliés à Gaston Defferre ne voulaient en aucun cas partager la taxe professionnelle ni le pouvoir49.

    11Pour attirer à nouveau l’attention sur sa commune, le maire de Marignane rédige fin 1972 ou début 1973, avant d’être élu conseiller général, un argumentaire de plusieurs pages : il fait valoir les graves difficultés budgétaires de la ville. Celle-ci a appliqué la politique sociale du Premier ministre Messmer et réussi à fixer des communautés portugaises, nord-africaines et italiennes, mais la charge est trop lourde. L’État a imposé la construction d’infrastructures urbaines, de collèges, lycées, logements ; la ville contribue à la paix sociale de la zone de Fos, mais doit être soutenue financièrement. Sa démographie a explosé, gagnant 125 % en 10 ans ; Marignane est « trait d’union, plaque tournante entre Marseille et Fos, proche de l’aéroport, au contact de l’usine d’aéronautique, facteur de paix sociale et régulateur d’immigration dans une région où tout conflit porté par les travailleurs est répercuté par la chaîne des municipalités rouges », dit le maire. La récente loi Boscher de regroupement des communes avait, selon lui, « abouti à constituer une nébuleuse rouge du complexe de Fos », Martigues, Port-de-Bouc et Saint-Mitre ayant rejeté en bloc les projets de regroupement. Face à elles, Marignane est « le bastion majoritaire le plus avancé » ; ses collèges et son lycée « formeront des générations soustraites à l’influence que l’on sait », il faut comprendre ici à la lecture des précédentes lignes l’influence communiste50. Effectivement, du fait des élections de 1971, Martigues, Port-de-Bouc, Saint-Mitre et Port-Saint-Louis sont communistes, et Istres socialiste51 ; mais Miramas et Fos sont bien du côté de la majorité : Marignane n’est pas le seul « bastion », et reste marginale par rapport à Fos. En réalité, si Fos est opérationnel en 1968 pour le pétrole, ce port ne l’est qu’en 1973 pour la sidérurgie, alors que le choc pétrolier commence déjà, ainsi que les grèves dans la sidérurgie, chez Solmer52. Fos reste une réussite et, même si le maire de Marignane a quelque peu exagéré, les besoins en emploi et en logements ont été réels.

    12Finalement, en 1973, le budget de la ZAC pour 130 hectares est de presque 55 millions de francs53. C’est en 1975 que le préfet crée enfin cette ZAC de la Palun et des Florides54, et que les expropriations ont lieu. Les arguments cités, depuis la déclaration d’utilité publique, sont restés identiques, la situation géographique entre Marseille et Fos, mais aussi la saturation de la zone industrielle de Vitrolles, les demandes d’emploi des jeunes et des nouveaux arrivants de Marignane. Le maire est désormais aussi conseiller général du canton nouvellement créé. Le conseil général garantit les emprunts. La chambre de commerce et d’industrie participe au projet. La voirie qui est créée, les réseaux d’eau et d’électricité s’inscrivent dans un plan d’ensemble avec l’autoroute A 55, ouverte en 1974. La presse quotidienne locale rend compte de l’inauguration de la zone en 197655 en saluant la proximité de Fos, de Marseille et d’Aix-en-Provence par l’autoroute. Un tiers de la zone est commercialisé, et la presse note que les surfaces sont très vastes. Le maire déclare à la presse qu’il regrette d’avoir perdu 5 ans à cause des formalités administratives. Le journal salue donc le décollage économique de Marignane en cette année 1976. L’inauguration se conclut par un méchoui.

     

    13Entre périphérie naturelle et périphérie industrielle, l’éloignement notable de cette périphérie par rapport au centre-ville historique fut l’atout majeur, qui permit à la municipalité d’accueillir à côté des marais, dans ces grands espaces, toutes sortes d’entreprises, et même Stogaz, aujourd’hui classée « Seveso seuil haut ». Le maire de Marignane, en prétendant faire de sa ville un bastion pour lutter contre l’influence communiste, tentait surtout de s’inscrire à juste titre dans la dynamique du grand projet gaullien, du complexe de Fos, dans le développement ultime de Marseille que des historiens ont appelé « la conquête de l’Ouest56 » ou « un tournant capital57 ». C’est l’État en tout cas qui conduisait l’action, avec un maire très volontariste puisqu’il lance le projet dès 1965. C’est l’État qui contrôlait les enjeux de politique industrielle et d’aménagement du territoire. Aujourd’hui, cette zone dépend de la métropole Aix-Marseille-Provence et constitue la ZAC des Florides, ainsi que le technoparc des Florides, destiné à un pôle aéronautique et mécanique d’excellence. La zone naturelle de marais qui subsiste reste protégée, faisant l’objet de 4 classements : zone humide, espace naturel sensible, Natura 2000 et zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique. On y note la présence d’oiseaux migrateurs et de flamants roses. Cette périphérie de Marignane est toujours soumise à un rapport de force, que ce soit au xvie siècle entre le seigneur et les habitants, ou au xxe siècle entre maire et préfet, maire et métropole. Elle superpose et fait cohabiter aujourd’hui les logiques des années 1960, l’expansion industrielle, et les priorités des années 2000, la protection de l’environnement.

    Bibliographie

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    URL : https://journals.openedition.org/rives/7680

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    Ricard Georges, Marseille-sur-Fos ou la conquête de l’Ouest, Marseille, Chambre de commerce et d’industrie, 1989.

    Notes de bas de page

    1C. Barthélémy et alii, « Le marais des Paluns. Analyse de ses usages et de son état environnemental pour contribuer à une réflexion sur sa restauration écologique », p. 205. Cet article traite d’un procédé de traitement des eaux du bassin-versant face à la pollution chronique, et de la réparation des atteintes environnementales.

    2N. Maughan, « Le conseil d’hygiène publique et de salubrité et les milieux humides en Basse-Provence au xixe siècle. Le cas de l’étang de Berre », p. 457-470.

    3N. Maughan, « Dynamiques spatio-temporelles et évolution des modes de gestion des milieux humides de l’est de l’étang de Berre (xviiie-xxie siècles) », p. 113-132.

    4Transactions passées par les villages de Cucuron, Cadenet, Lauris (B. Genès, Natifs de ce lieu : le village provençal aux xviie et xviiie siècles, p. 46) ; de son côté, Marignane a passé une transaction dès 1402 avec son seigneur.

    5Je remercie Patrick Varrot de m’avoir procuré le texte de cet acte de 1511 qu’il a identifié aux Archives nationales, fonds de la Chambre des comptes, P 1380.

    6La directe, c’est-à-dire la propriété éminente du seigneur foncier sur un bien immobilier, différent de la propriété utile du tenancier.

    7P. Leveau, « Milieux humides et sociétés en Provence littorale à l’époque romaine. Un essai d’écologie historique », p. 327.

    8Depuis les années 1920, une partie des terres fermes le long du canal est artificielle, constituée avec les remblais de la construction du canal.

    9Ibid., p. 334.

    10D. Carraz, L’ordre des Templiers dans la basse vallée du Rhône, p. 212 et 220.

    11M. Coulomb (témoignage transcrit, archives municipales de Marignane).

    12G. Gangneux, « Un village provençal urbanisé : Marignane à la veille de la Révolution », p. 472.

    13N. Maughan, « Le conseil d’hygiène publique et de salubrité et les milieux humides en Basse-Provence au xixe siècle. Le cas de l’étang de Berre », p. 465.

    14E. Martemyanova, « Les entreprises de dessèchement des marais au xviiie siècle : analyse de quelques cas emblématiques en Provence », p. 453.

    15Archives municipales de Marignane (désormais AMM), DD 1.

    16En 1656, ce marquisat est acheté par Gaspard de Covet, conseiller au Parlement de Provence qui laissera ses biens à son neveu Jean-Baptiste de Covet, y compris les îles d’Or (Port-Cros, île de Bagaud, île du Levant).

    17En 1775, par exemple.

    18En raison de son origine de négociant.

    19En 1695, Fr.-P. Blanc, Le second ordre provençal et les réformations de noblesse sous le règne de Louis XIV : dictionnaire généalogique des familles maintenues nobles, p. 237-239.

    20AMM, DD 1.

    21Cens qui n’a plus de valeur réelle eu égard à la dévaluation de l’écu d’or (il ne vaut plus que 3 livres au xviie siècle, en 1652, selon B. Genès, Natifs de ce lieu : le village provençal aux xviie et xviiie siècles, p. 53).

    22Sur les arrentements, AMM, DD 1, 2, 3 et 5. Sur la rentabilité des affermages : Ch.-M. Baudières, P. Deleuil, Marignane : des premiers temps au xxe siècle, p. 55-56.

    23Sans compter la ferme de la Palun ou des Paluds, ferme au sens de bastide, arrentée par la communauté en 1714 (AMM, DD 1), et encore en 1784 (DD 9).

    24AMM, DD 2.

    25AMM, 5 N 1.

    26AMM, 1 N 1 ; s’ensuivent des discussions à ce sujet dans l’assemblée des citoyens, en l’an III, car les troupeaux des particuliers ravagent les biens de la commune.

    27Selon P. Leveau, « Milieux humides et sociétés en Provence littorale à l’époque romaine. Un essai d’écologie historique », p. 344, il n’y eut pas de drainage ici sous les Romains ni au Moyen Âge. Mais il y en eut en Camargue au Moyen Âge (D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, 1124-1312 : ordres militaires, croisades et sociétés méridionales, p. 198-199), et en Languedoc aussi (P. Leveau, p. 334). N. Maughan, « Le conseil d’hygiène publique et de salubrité et les milieux humides en Basse-Provence au xixe siècle. Le cas de l’étang de Berre », p. 458, cite l’action en ce sens des moines de Saint-Victor de Marseille, mais dans une autre zone, vers Vitrolles et Rognac.

    28N. Maughan, « Le conseil d’hygiène publique et de salubrité et les milieux humides en Basse-Provence au xixe siècle. Le cas de l’étang de Berre », p. 466.

    29Vote de la zone de 40 hectares et cas Le Hénaff, AMM, 163 W 29.

    30Arguments donnés en 1965 : ibid.

    31Délibération du 20 octobre 1969 : AMM, 265 W 19, après une première délibération en avril 1966, 163 W 29.

    32AMM, 163 W 29.

    33M. Méténier, F. Revilla, Le tunnel du Rove, passim.

    34AMM, 163 W 29.

    35Avec le CIATER (AMM, 163 W 30).

    36Projet à horizon 1986 : AMM, 2 F 14. Plans d’époque : AMM, 163 W 31 et 32.

    37AMM, 2 F 14.

    38Vote en juin 1971 : AMM, 163 W 30.

    39AMM, 163 W 32.

    40Déclaration d’utilité publique par le ministre, AMM, 163 W 33 ; tranche de 180 ou 200 hectares, selon les documents, 163 W 20.

    41AMM, 163 W 30.

    42Ni dans le projet d’urbanisation des rives de l’étang de Berre, mené par l’EPAREB créé en 1973.

    43F. Gasnault, I. Chiavassa, R. Borruey, R. Caty, O. Reimbold, E. Richard, Une aventure portuaire, les archives du Service maritime des Bouches-du-Rhône, aménageur des ports de Marseille, p. 51.

    44Anonyme, « Compte-rendu de la soutenance de thèse de F. Bartolotti », p. 167.

    45S. Berstein, La France de l’expansion. La république gaullienne, p. 162-163.

    46G. Ricard, Marseille-sur-Fos ou la conquête de l’Ouest, p. 76, 109, 124.

    47Ibid., p. 113 et 123.

    48Ibid., p. 87.

    49Ibid., p. 162.

    50AMM, 2 F 15.

    51G. Ricard, Marseille-sur-Fos ou la conquête de l’Ouest, p. 161.

    52Ibid., p. 191.

    53AMM, 2 F 16.

    54Ibid.

    55AMM, collection reliée des pages locales de la presse quotidienne.

    56C’est le terme choisi par Georges Ricard pour le titre de son livre.

    57F. Gasnault, I. Chiavassa, R. Borruey, R. Caty, O. Reimbold, E. Richard, Une aventure portuaire, les archives du Service maritime des Bouches-du-Rhône, aménageur des ports de Marseille, p. 19.

    Auteur

    • Isabelle Chiavassa

      Conservatrice en chef, Archives nationales d’outre-mer

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    1C. Barthélémy et alii, « Le marais des Paluns. Analyse de ses usages et de son état environnemental pour contribuer à une réflexion sur sa restauration écologique », p. 205. Cet article traite d’un procédé de traitement des eaux du bassin-versant face à la pollution chronique, et de la réparation des atteintes environnementales.

    2N. Maughan, « Le conseil d’hygiène publique et de salubrité et les milieux humides en Basse-Provence au xixe siècle. Le cas de l’étang de Berre », p. 457-470.

    3N. Maughan, « Dynamiques spatio-temporelles et évolution des modes de gestion des milieux humides de l’est de l’étang de Berre (xviiie-xxie siècles) », p. 113-132.

    4Transactions passées par les villages de Cucuron, Cadenet, Lauris (B. Genès, Natifs de ce lieu : le village provençal aux xviie et xviiie siècles, p. 46) ; de son côté, Marignane a passé une transaction dès 1402 avec son seigneur.

    5Je remercie Patrick Varrot de m’avoir procuré le texte de cet acte de 1511 qu’il a identifié aux Archives nationales, fonds de la Chambre des comptes, P 1380.

    6La directe, c’est-à-dire la propriété éminente du seigneur foncier sur un bien immobilier, différent de la propriété utile du tenancier.

    7P. Leveau, « Milieux humides et sociétés en Provence littorale à l’époque romaine. Un essai d’écologie historique », p. 327.

    8Depuis les années 1920, une partie des terres fermes le long du canal est artificielle, constituée avec les remblais de la construction du canal.

    9Ibid., p. 334.

    10D. Carraz, L’ordre des Templiers dans la basse vallée du Rhône, p. 212 et 220.

    11M. Coulomb (témoignage transcrit, archives municipales de Marignane).

    12G. Gangneux, « Un village provençal urbanisé : Marignane à la veille de la Révolution », p. 472.

    13N. Maughan, « Le conseil d’hygiène publique et de salubrité et les milieux humides en Basse-Provence au xixe siècle. Le cas de l’étang de Berre », p. 465.

    14E. Martemyanova, « Les entreprises de dessèchement des marais au xviiie siècle : analyse de quelques cas emblématiques en Provence », p. 453.

    15Archives municipales de Marignane (désormais AMM), DD 1.

    16En 1656, ce marquisat est acheté par Gaspard de Covet, conseiller au Parlement de Provence qui laissera ses biens à son neveu Jean-Baptiste de Covet, y compris les îles d’Or (Port-Cros, île de Bagaud, île du Levant).

    17En 1775, par exemple.

    18En raison de son origine de négociant.

    19En 1695, Fr.-P. Blanc, Le second ordre provençal et les réformations de noblesse sous le règne de Louis XIV : dictionnaire généalogique des familles maintenues nobles, p. 237-239.

    20AMM, DD 1.

    21Cens qui n’a plus de valeur réelle eu égard à la dévaluation de l’écu d’or (il ne vaut plus que 3 livres au xviie siècle, en 1652, selon B. Genès, Natifs de ce lieu : le village provençal aux xviie et xviiie siècles, p. 53).

    22Sur les arrentements, AMM, DD 1, 2, 3 et 5. Sur la rentabilité des affermages : Ch.-M. Baudières, P. Deleuil, Marignane : des premiers temps au xxe siècle, p. 55-56.

    23Sans compter la ferme de la Palun ou des Paluds, ferme au sens de bastide, arrentée par la communauté en 1714 (AMM, DD 1), et encore en 1784 (DD 9).

    24AMM, DD 2.

    25AMM, 5 N 1.

    26AMM, 1 N 1 ; s’ensuivent des discussions à ce sujet dans l’assemblée des citoyens, en l’an III, car les troupeaux des particuliers ravagent les biens de la commune.

    27Selon P. Leveau, « Milieux humides et sociétés en Provence littorale à l’époque romaine. Un essai d’écologie historique », p. 344, il n’y eut pas de drainage ici sous les Romains ni au Moyen Âge. Mais il y en eut en Camargue au Moyen Âge (D. Carraz, L’ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône, 1124-1312 : ordres militaires, croisades et sociétés méridionales, p. 198-199), et en Languedoc aussi (P. Leveau, p. 334). N. Maughan, « Le conseil d’hygiène publique et de salubrité et les milieux humides en Basse-Provence au xixe siècle. Le cas de l’étang de Berre », p. 458, cite l’action en ce sens des moines de Saint-Victor de Marseille, mais dans une autre zone, vers Vitrolles et Rognac.

    28N. Maughan, « Le conseil d’hygiène publique et de salubrité et les milieux humides en Basse-Provence au xixe siècle. Le cas de l’étang de Berre », p. 466.

    29Vote de la zone de 40 hectares et cas Le Hénaff, AMM, 163 W 29.

    30Arguments donnés en 1965 : ibid.

    31Délibération du 20 octobre 1969 : AMM, 265 W 19, après une première délibération en avril 1966, 163 W 29.

    32AMM, 163 W 29.

    33M. Méténier, F. Revilla, Le tunnel du Rove, passim.

    34AMM, 163 W 29.

    35Avec le CIATER (AMM, 163 W 30).

    36Projet à horizon 1986 : AMM, 2 F 14. Plans d’époque : AMM, 163 W 31 et 32.

    37AMM, 2 F 14.

    38Vote en juin 1971 : AMM, 163 W 30.

    39AMM, 163 W 32.

    40Déclaration d’utilité publique par le ministre, AMM, 163 W 33 ; tranche de 180 ou 200 hectares, selon les documents, 163 W 20.

    41AMM, 163 W 30.

    42Ni dans le projet d’urbanisation des rives de l’étang de Berre, mené par l’EPAREB créé en 1973.

    43F. Gasnault, I. Chiavassa, R. Borruey, R. Caty, O. Reimbold, E. Richard, Une aventure portuaire, les archives du Service maritime des Bouches-du-Rhône, aménageur des ports de Marseille, p. 51.

    44Anonyme, « Compte-rendu de la soutenance de thèse de F. Bartolotti », p. 167.

    45S. Berstein, La France de l’expansion. La république gaullienne, p. 162-163.

    46G. Ricard, Marseille-sur-Fos ou la conquête de l’Ouest, p. 76, 109, 124.

    47Ibid., p. 113 et 123.

    48Ibid., p. 87.

    49Ibid., p. 162.

    50AMM, 2 F 15.

    51G. Ricard, Marseille-sur-Fos ou la conquête de l’Ouest, p. 161.

    52Ibid., p. 191.

    53AMM, 2 F 16.

    54Ibid.

    55AMM, collection reliée des pages locales de la presse quotidienne.

    56C’est le terme choisi par Georges Ricard pour le titre de son livre.

    57F. Gasnault, I. Chiavassa, R. Borruey, R. Caty, O. Reimbold, E. Richard, Une aventure portuaire, les archives du Service maritime des Bouches-du-Rhône, aménageur des ports de Marseille, p. 19.

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    Chiavassa, I. (2025). Transformation des périphéries : le cas du marais des Paluns en bordure de Marignane (Bouches-du-Rhône). In P. Zembri (éd.), Constitution et mutations des périphéries urbaines : fonctions, structures et images (1‑). Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques. https://doi.org/10.4000/13tud
    Chiavassa, Isabelle. « Transformation des périphéries : le cas du marais des Paluns en bordure de Marignane (Bouches-du-Rhône) ». In Constitution et mutations des périphéries urbaines : fonctions, structures et images, édité par Pierre Zembri. Paris: Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2025. https://doi.org/10.4000/13tud.
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