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    Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Lecture topographique et démographique L’apport du vocabulaire Conjoncture, enceinte, communautés et territorialisation des pouvoirs : des facteurs d’évolution qui se contrecarrent ? Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Les espaces périphériques des villes occidentales : identités et mutations de l’Antiquité à nos jours

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Une ville et ses périphéries au Moyen Âge : éléments d’analyse à partir du cas de Caen

    Laurence Jean-Marie

    Résumé

    Que sont les périphéries dans une ville médiévale de moyenne taille qui n’est pas une cité et dont la croissance est irrégulière dans le temps et l’espace ? Afin d’éviter de les essentialiser, il convient de s’entendre sur ce que l’historien peut désigner par ce terme. Les données de la topographie puis l’analyse du vocabulaire des sources permettent une première lecture. Il faut la confronter aux évolutions liées à la guerre de Cent Ans ainsi qu’à la structuration des communautés et à la territorialisation des pouvoirs.

    Texte intégral Lecture topographique et démographique L’apport du vocabulaire Conjoncture, enceinte, communautés et territorialisation des pouvoirs : des facteurs d’évolution qui se contrecarrent ? Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Quelques réflexions préliminaires sont indispensables afin de cerner l’objet de l’étude. Elles sont en partie issues de l’article suggestif de Boris Bove, même si le présent article a une moindre dimension, comme celle de Caen par rapport à Paris, qu’il ne sollicite pas des sources semblables et qu’il explore d’autres pistes1. Le sens premier que l’on peut attribuer au terme périphérie est celui de « circonférence relative à un cercle ». L’existence de périphéries implique donc celle d’un noyau ou d’un centre2. Il faut alors considérer que les territoires sont d’autant plus périphériques qu’ils sont éloignés de ce centre. Appliquée à la ville, la notion de périphérie désignerait ainsi un espace qui serait moins urbain que le cœur ou bien qui ne serait pas véritablement urbain, mais qui aurait un lien avec la ville. Le danger est alors d’essentialiser une ou des périphéries en les définissant a priori comme telles. Il en est de même pour une étude du centre dont on peut questionner l’unicité et la permanence dans le temps. Si une ville est un assemblage de territoires, il peut alors exister une polycentralité et des périphéries internes3. Hélène Noizet définit la ville comme un « lieu » réticulaire compte tenu de son caractère ni limité ni continu avant les changements de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne4. La profondeur chronologique doit ainsi être prise en compte, notamment les modifications majeures induites par les fortifications au début de la guerre de Cent Ans.

    2La ville ne peut être uniquement caractérisée et étudiée à partir d’une analyse morphologique5. Le degré d’urbanité se mesure tout autant par la densité et la mixité de la population6. Boris Bove, grâce à cette appréciation, montre qu’il existe à Paris des périphéries intra-muros.

    3Il s’agit ici de livrer quelques éléments d’analyse et de réflexion à partir d’un cas d’espèce, celui d’une ville de taille respectable pour l’époque médiévale, probablement de 10 000 habitants à la fin du xiiie siècle, la deuxième de Normandie après Rouen qui domine avec 40 000 habitants7. Il est nécessaire de différencier la ville des historiens de celle des médiévaux, car ce que les premiers désignent comme périphérie n’est peut-être pas perçu comme tel par les médiévaux. Finalement, il faut envisager la question sous plusieurs angles : éloignement d’un centre, faible densité, faible diversité socio-économique – à rebours de ce qui fait l’urbain –, nature de l’exercice des pouvoirs et du droit, ou encore absence de conscience commune.

    4Afin d’entamer la réflexion, il faut mettre en évidence les principaux éléments connus de la topographie de la ville médiévale de Caen en y associant des données démographiques. Ces bases étant posées, la recension et l’analyse des termes utilisés dans les sources doivent permettre d’affiner la réflexion. Ce sont d’autres facteurs qu’il faut aussi prendre en compte, ceux de la structuration des communautés et de la territorialisation des pouvoirs, dans un contexte de crises récurrentes et de nécessité de défense de la ville.

    Lecture topographique et démographique

    5Il est indispensable d’appuyer le propos sur des éléments avérés de la topographie lorsque l’agglomération prend son essor8. Caen n’est pas une cité, au sens antique et médiéval du terme, et le toponyme ne figure pas dans les sources avant le xie siècle. Pour autant, l’habitat sur le site est bien antérieurement attesté par l’archéologie. Une agglomération, ou plusieurs sans doute, existent à l’époque gallo-romaine. La présence de différents noyaux de peuplement est suggérée par des toponymes anciens et confirmée par la mise au jour de structures artisanales antiques ainsi que de plusieurs nécropoles altomédiévales. Aucun toponyme correspondant au site de la future abbaye Saint-Étienne n’a été conservé alors que c’est notamment à cet endroit que l’occupation gallo-romaine est bien documentée par l’archéologie. On pourrait y voir l’emplacement du Cadomus « originel » qui se situerait en marge du cœur de la future ville médiévale.

    6Le château, sur l’éperon dominant la vallée de l’Orne, est implanté ou transformé par le duc Guillaume le Bâtard à partir de la décennie 1060. La vaste enceinte de cinq hectares abrite probablement le premier bourg qui s’étend ensuite en contrebas de la fortification ; il est lui-même défendu, peut-être par une simple levée de terre surmontée de palissades et précédée d’un fossé9. Le château n’est pas en position centrale, il domine l’agglomération et aucune urbanisation ne se développe sur son flanc nord. Il n’y a rien ici d’inhabituel : lieu de pouvoir, le château n’est pas enserré par la ville. En ce sens, la périphérie est immédiatement au nord du château et le reste pendant une bonne partie de l’époque moderne.

    7Le bourg ducal est démembré par le duc Guillaume pour doter les deux abbayes qu’il a fondées, dédiées à Saint-Étienne et à La Trinité, et pour constituer deux bourgs abbatiaux (fig. 1). Ce fait, ajouté à l’existence de foyers de peuplement antérieurs en dehors de cette zone, ajoute à la configuration polynucléaire de l’agglomération. Sur la rive droite de la Petite Orne, l’espace qui s’étend jusqu’au cours principal de l’Orne, la future Île Saint-Jean, est encore peu peuplé au xiie siècle. Le pont Saint-Pierre sur la Petite Orne est peut-être déjà fortifié de même qu’à l’autre bout, il est possible que le franchissement de l’Orne soit protégé. Des noyaux d’habitat autour d’une église paroissiale existent en position excentrée, à Vaucelles et à Villers.

    Fig. 1. – Plan de Caen au xie siècle.

    Doc. L. Jean-Marie et J.-Cl. Fossey (del), Centre Michel-de-Boüard – Craham.

    8La plupart des paroisses sont mentionnées dès la fin du xie siècle et les douze définitives sont en place au siècle suivant. Les limites n’en sont strictement connues qu’à l’époque moderne. La paroisse Saint-Pierre, au pied du château, s’étend aussi dans la partie nord de l’Île Saint-Jean, soit au-delà du bourg enceint et de la petite Orne. De même, le cours principal de l’Orne traverse la paroisse Saint-Michel de Vaucelles dont la portion nord est intégrée dans l’enceinte de l’Île Saint-Jean à partir des années 1350.

    9De nouvelles fortifications sont en effet rendues nécessaires par la guerre et spécialement la facilité de la prise de Caen par Édouard III en 1346. On ne sait quels étaient la nature et l’état de l’enceinte autour du bourg royal, mais il est probable que la protection n’était guère efficace. Dans les années 1350, l’ensemble est repris et une nouvelle enceinte construite dont le tracé varie peu de l’ancienne. Dans le même temps, l’Île Saint-Jean est fortifiée (fig. 2). À la différence de l’enceinte de Charles V à Paris sur la rive droite, l’enceinte du xive siècle à Caen n’est pas une extension de la précédente qui rendrait cette dernière caduque. Il y a désormais deux espaces enceints accolés. Quant aux deux bourgs abbatiaux, ils ne bénéficient toujours pas de protection.

    Fig. 2. – Plan de Caen dans la seconde moitié du xive siècle.

    Doc. L. Jean-Marie et J.-Cl. Fossey (del), Centre Michel-de-Boüard – Craham.

    10La détermination de l’emprise spatiale de la ville et de ses marges peut être complétée par la prise en compte de la démographie des paroisses. Un compte de la débite est connu par un document de 1494, possiblement fossilisé, et Lucien Musset a avancé qu’il pourrait rendre compte d’une réalité du xiie siècle (tabl. 1). À tout le moins, ce compte traduit une situation antérieure au compte de fouage conservé pour l’année 1365, et plus largement au début des crises. En effet, il indique un nombre de feux bien supérieur à ce dernier alors que les comptes de la fin du xve siècle livrent des chiffres faibles. La comparaison montre que la diminution de la population est plus forte dans les paroisses excentrées (Saint-Michel et Saint-Ouen) et dans celles des bourgs abbatiaux (Saint-Nicolas et Saint-Gilles) ou de Saint-Martin que dans celles du bourg royal (Saint-Pierre, Notre-Dame et Saint-Étienne-le-Vieux) dont la paroisse Saint-Sauveur connaît même une augmentation. La paroisse Saint-Jean voit sa population fortement croître au moment où elle vient d’être enceinte. Il est cependant malaisé de déterminer quelle est la répartition du bâti et les densités dans ce nouvel espace protégé. Sur les plans du xviie siècle, l’urbanisation apparaît lâche, tout au moins dans la partie ouest opposée à la zone portuaire. Par ailleurs, dans le coin rentrant entre les deux enceintes, au pied du bourg royal, n’existe aucune urbanisation médiévale.

    Tabl. 1. – Évolution du nombre de feux par paroisse.

    Doc. L. Jean-Marie.

    11Ces données relatives permettent de proposer l’hypothèse d’une évolution des espaces centraux, auxquels appartient désormais la nouvelle partie enceinte, l’Île Saint-Jean, alors que d’autres secteurs sont ou deviennent marginaux. Ainsi la paroisse Saint-Julien à proximité du bourg et du château, mais hors de l’enceinte, souffre d’un dépeuplement marqué. Celui de Saint-Ouen de Villers est équivalent alors qu’à Saint-Michel de Vaucelles il est moindre, peut-être parce qu’une partie de la paroisse est incluse dans l’enceinte. Il convient toutefois d’avoir à l’esprit que les données chiffrées reflètent une réalité temporaire avec la présence à Caen de populations « réfugiées ». Mais les données postérieures confirment les tendances de cette évolution10.

    12Un bilan est à tirer de cette première approche. À partir d’une lecture littérale des données topographiques, on peut considérer qu’aux xie-xiie siècles, le cœur de la ville est formé du bourg ducal surplombé par le château, que, de part et d’autre, les bourgs abbatiaux constituent des espaces en cours d’urbanisation et que les autres noyaux sont marginaux avant d’être rejoints par l’urbanisation. Mais le schéma qui se dessine peut tout autant être celui d’une construction par coalescence imparfaite de plusieurs noyaux, encore visibles sur les plans modernes.

    13Les bourgs abbatiaux auraient une certaine « centralité » au xiie, voire au xiiie siècle dont témoignent les traces de lotissements. L’Île Saint-Jean en acquiert une en lien avec l’essor des activités portuaires et de la population ainsi que la construction de l’enceinte qui protège un secteur primordial en dehors même de contribuer à la défense générale de la ville. Les bourgs abbatiaux non fermés pourraient être marginalisés.

    14La prise en compte d’autres éléments est indispensable et il est nécessaire d’entendre le discours des sources en portant attention au vocabulaire qui identifie la ville dans son ensemble et dans ses composantes pour le confronter aux données ci-dessus.

    L’apport du vocabulaire

    15Le relevé des formulations dans les actes de la pratique permet de s’interroger sur ce qui est considéré comme faisant partie de Caen. Il faut prêter attention au sens des termes en contexte, en premier lieu à celui de « ville ». Tardivement encore, il n’est pas évident. Un plaidoyer produit en 1409 par l’abbaye de La Trinité en vue du procès qui l’oppose à ses dépendants, l’illustre parfaitement11. La paroisse Saint-Gilles a été fondée lors du démembrement du bourg ducal au xie siècle au profit de l’abbaye de La Trinité ; son église est située à proximité de l’abbatiale. Les hommes dépendent de la seigneurie des religieuses « tant de leur bourg que de leur ville de Callix ». On en déduit que la paroisse correspond au territoire du bourg et à celui de Calix. Plus loin dans le texte, on lit que la « dicte abbaye est situee et assise pres de la ville de Caen entre le dit bourg et la dicte ville de Callix ou envyron ycelles mettes12 » ou encore que le bourg de l’abbaye s’étend « depuys la dicte ville et terreur de Callix et la dicte abbaye en venant droit a la dicte ville de Caen13 ». Calix tout comme Caen sont ici qualifiés de « villes » ; deux villes qui sont distinctes alors que la paroisse Saint-Gilles, correspondant au territoire de Calix et du bourg, est dite « de Caen ». On comprend que le propos est construit à partir de la traduction de chartes latines de Guillaume le Bâtard dans lesquelles le terme villa a le sens évident de « seigneurie » ou « domaine » pour Calix, mais aussi potentiellement pour Caen. Calix, en marge du bourg de l’abbaye, est largement rural comme l’attestent les corvées de charrue dues par les dépendants et les mentions de nombreuses terres dans les chartes. Ceci interroge sur la réalité du concept de ville puisque l’on n’hésite pas, au xve siècle encore, à employer le terme en dehors de tout sens urbain. Jean-Claude Perrot, dans son étude fondatrice, signalait toujours pour l’époque moderne « la confusion du vocabulaire urbain14 ».

    16Le mode de désignation des noyaux de peuplement les plus éloignés du cœur de la ville, entendue par postulat comme formée par le château, le bourg royal et les bourgs abbatiaux, et, à partir du milieu du xive siècle, de l’Île Saint-Jean, peut apporter à la réflexion. En 1305, un acte situe des biens « à Caen » en la paroisse Saint-Michel de Vaucelles15. De même en 1410, Robert Pinel, qualifié de bourgeois de Caen est « demourans en la parroisse Saint Michiel de Vauceulles16 ». Dans d’autres cas, Vaucelles est « près de » Caen, ainsi dans une charte royale de 131117 ou dans le tabellionage au début du xve siècle18. Reste qu’une petite partie de la paroisse Saint-Michel s’étend le long de l’Orne dans l’Île Saint-Jean, enceinte à partir des années 1350, et que ce peut être cette portion qui est considérée comme faisant partie de Caen.

    17La paroisse Saint-Ouen de Villers, au-delà du Bourg-l’Abbé, semble plus marginale encore. Dans le tabellionage, elle est le plus souvent « près de Caen19 » mais elle peut aussi être « de Caen20 », y compris dans un registre tenu par le tabellion qui l’identifie aussi comme étant près de Caen21. Peut-on considérer que c’est la formulation « près de » qui exprime le mieux la notion de périphérie ? Si c’est le cas, il n’y a pas de constante dans l’appréciation et il ne semble pas qu’il y ait un enjeu à identifier les lieux comme étant « de » ou « près de » dans ces actes qui ont pourtant une portée juridique.

    18Le terme « faubourg » est peu usité au xiiie siècle et absent auparavant. Jamais il ne s’applique au Bourg-l’Abbé ou au Bourg-l’Abbesse. Jamais, à notre connaissance, Vaucelles et Villers ne sont ainsi qualifiés avant la guerre de Cent Ans. Le terme peut désigner, outre une position excentrée, un espace dont les caractéristiques ne relèvent pas de l’urbain au sens de la densité de population et de la mixité socio-économique. En 1275, un manoir, situé dans la paroisse Saint-Julien sur le chemin du roi allant du « faubourg de Vilaine » au château du roi, fait l’objet d’une donation22. Il donne sur le château, il est donc proche d’un centre de pouvoir ; mais il est situé dans un faubourg dont le nom atteste le caractère rural et la proximité avec les terres cultivées du coteau – ce qui convient à l’emploi du terme « manoir » ; le qualificatif « vilaine » ajoutant une connotation peut-être déjà dévalorisante. Ce secteur conjugue deux caractéristiques, celle d’être rural et celle d’être immédiatement au pied de l’enceinte qui enserre le bourg royal. Il est à tout point de vue à l’extérieur (foris) du bourg. A contrario, Vaucelles et Villers sont à ce moment situés à distance de l’enceinte et leur caractère rural, surtout dans le premier cas, n’est pas établi. À la même époque, aucun des deux n’est qualifié de faubourg.

    19Ce dernier terme est plus souvent usité ensuite. En 1418, le roi d’Angleterre, Henri V, nouveau maître de la ville, restitue aux chapelains de l’église paroissiale Saint-Pierre des revenus situés « tant dans notre ville de Caen et ses faubourgs qu’ailleurs23 ». En 1450, Charles VII donne l’absolution aux « bourgeois, manans et habitants du chastel, ville, faubourgs et vicomté » après la prise de Caen aux Anglais24. Ce type de formulation, assez stéréotypé, envisage Caen et ses marges ou ses territoires dépendants. Rien ne relie les termes à des espaces identifiés. Pourtant, si le cœur est le « chastel », il n’est pas au centre de la ville mais en constitue la limite nord. Dans ce second cas, l’énumération relève tant du vocabulaire de commandement (château et vicomté) que de celui de la centralité et de la périphérie au sens topographique (ville et faubourgs).

    20Textes narratifs et actes de la pratique emploient le terme « faubourg » pour désigner des espaces précis à propos de la prise de Caen par le roi de France en 1450. Dans les relations des épisodes du siège de la ville, Vaucelles mais aussi le Bourg-l’Abbesse et le Bourg-l’Abbé sont identifiés comme des faubourgs25. Ces derniers sont le lieu de résidence de chefs d’armée et de l’organisation des opérations. Certes, ils sont dépourvus de fortifications, mais ne sont habituellement pas ainsi dénommés. Alors qu’ils ont toujours été à l’extérieur des murs, ils sont considérés comme parties intégrantes de Caen. Quant à Vaucelles et sa paroisse Saint-Michel, on a précédemment constaté que tout au long de la période les formulations variaient mais que la qualification de faubourg était absente. On peut ajouter que dans l’accord de 1450 entre le roi de France et le duc de Somerset pour la reddition, il est fait allusion « au lieu de Vauceulles devant les dites villes26 » (je souligne) l’expression évoque bien l’idée d’un positionnement au pied de l’enceinte et que cette dernière est un élément majeur de la perception de l’espace urbain.

    21La nécessité de renforcer les défenses de Caen pour éviter l’accès au Bourg-le-Roi, ainsi que le développement urbanistique et économique du « quartier » Saint-Jean changent la physionomie de la ville et modifient potentiellement des équilibres. Les deux enceintes des années 1350 sont perçues dans certains cas comme une limite. En 1356, des bandes navarraises détruisent des maisons dans les faubourgs27. La construction des murs provoque d’autres destructions puisqu’en mars 1356, le roi donne l’autorisation de raser les maisons qui généraient les travaux28. La guerre, avec l’accueil de populations réfugiées, ainsi que la monumentalité des fortifications et leur visibilité sont un facteur d’individualisation voire de marginalisation des espaces extérieurs et partant, de détermination plus évidente des périphéries.

    22Cela dit, il s’agit dans les textes de situer des espaces et non de qualifier ou hiérarchiser. La position hors les murs ou la qualification de faubourg ont été trop facilement utilisées par les historiens comme critères pour définir les périphéries29. Or, il convient d’envisager également les aspects sociaux, économiques, politiques et juridiques. Boris Bove peut affirmer qu’à Paris, certains faubourgs extramuros sont plus urbains que le secteur nord-est à l’intérieur de l’enceinte de Philippe Auguste30.

    Conjoncture, enceinte, communautés et territorialisation des pouvoirs : des facteurs d’évolution qui se contrecarrent ?

    23À partir de la seconde moitié du xive siècle voire auparavant, d’autres facteurs donnent une cohérence à l’ensemble formé par la ville et ses faubourgs qui ne seraient pas si périphériques. Dans le même temps, il se confirme que des territoires qui apparaissaient relativement centraux, le Bourg-l’Abbesse et le Bourg-l’Abbé, ne semblent plus l’être autant.

    24Dans le coutumier de la prévôté de Caen recensant les droits royaux, les trois bourgs forment un tout où les mêmes règles s’appliquent, par exemple pour la fabrication du pain31. Sa rédaction primitive date du tournant des xiie-xiiie siècles et il est encore en vigueur au xvie siècle. Plus largement, la qualité de bourgeois, et les privilèges qui vont avec, apparaît reconnue aux xiiie-xve siècles à ceux qui remplissent les conditions de propriété et de résidence quelle que soit la paroisse où ils habitent. Jamais un individu n’est qualifié de bourgeois de l’un des bourgs des abbayes, il est dit bourgeois de Caen, demeurant à Saint-Nicolas, paroisse du Bourg-l’Abbé32, ou encore à Saint-Gilles, paroisse du Bourg-l’Abbesse33. Robert Pinel, bourgeois de Caen, réside dans la paroisse Saint-Michel que l’on peut pourtant considérer comme périphérique lorsqu’elle est identifiée comme « près de Caen ». La qualification signe bien l’appartenance à une communauté dont les droits sont reconnus34. Des territoires identifiés selon les critères précédemment évoqués comme périphériques ne le sont pas de ce point de vue. Il y a ici un témoignage de la structuration d’une communauté correspondant à l’ensemble du territoire urbain dont les paroisses constituent les sous-divisions de référence. C’est une nouvelle manifestation de l’importance de la paroisse territorialisée comme marqueur d’appartenance.

    25Un autre marqueur d’unité pourrait être le guet. Des lettres patentes royales de 1359 contraignent « toute maniere de gens de quelconque estat ou condition » à faire le guet « comme nos ditz bourgeois font et ont accustumé a faire35 ». En 1363, de nouvelles lettres rappellent que chevaliers, gens d’Église et autres nobles qui sont « retraiés » dans la ville doivent participer au guet car les ennemis sont présents jusque dans les faubourgs36. Si l’insécurité justifie d’étendre la prescription à d’autres, c’est bien à l’ensemble des bourgeois que s’applique habituellement l’obligation. Certes, le guet implique aussi les habitants de paroisses extérieures : en 1353, ceux de Cormelles[-le-Royal], au-delà de Vaucelles, obtiennent d’être déchargés de « subsides, tailles, subvencions, aides d’ost, ban et arrere ban » à condition de se charger de la garde de la porte Millet37, la porte sud de l’enceinte de l’Île Saint-Jean. À ce moment, le guet ne semble pas être un critère strict de l’appartenance à la ville elle-même.

    26On peut aussi envisager une tendance à ce que le guet soit effectué par les habitants de Caen qui bénéficient de la protection des fortifications. En 1427, Henri V fait droit à aux paroissiens de Saint-Michel de Vaucelles qui considèrent que c’est à tort qu’on leur demande de faire guet de nuit dans la partie enclose38. Eux affirment qu’ils doivent uniquement fournir un homme pour garder « la porte de devers lesdits forsbourgz », soit la porte Millet39. Doit-on voir ici le témoignage de la conscience d’une périphérie ou simplement de la difficulté à organiser le guet ? Quoi qu’il en soit, ce qui précède renvoie à ce que Boris Bove exprime ainsi :

    « L’enceinte structure en effet la communauté des habitants en corps, car c’est un chantier pharaonique qui suppose une organisation collective pour le mener à bien, et surtout le financer. Une fois construite, elle se pose comme une limite forte, tant par les obstacles qu’elle met aux circulations quotidiennes, que par les devoirs militaires qu’elle génère40. »

    27Quant aux habitants du Bourg-l’Abbesse et de Calix, ils sont soumis à un guet particulier, à tout le moins pendant la guerre de Cent Ans. En 1359, le régent Charles permet à l’abbaye de La Trinité de contraindre ses hommes à faire le guet à l’abbaye. Ceci suscite des contestations et il est difficile d’établir s’il s’agit d’une nouveauté. En 1408, le bailli de Caen réaffirme la règle et y soumet les paroissiens de Saint-Gilles41. Les dépendants de l’abbaye contestent et tentent de prouver qu’ils ne dépendent pas de sa seigneurie. Le fait de ne pas payer de coutumes pour leurs activités commerciales est, selon eux, la preuve de leur appartenance à celle du roi. L’abbaye répond qu’ils bénéficient de cette franchise, mais au titre de la seigneurie de l’abbaye ainsi que le prévoit la donation ducale. Les mêmes considèrent en outre que l’abbaye et son bourg s’étendent sur ce qui constituait la « ville » de Caen au xie siècle. Les religieuses invoquent alors les chartes du fondateur qui établissent que l’endroit où l’abbaye a été implantée était bien le « territoire de Caen », mais que la ville de Caen ne s’étendait pas jusque-là42. Ici, on se demande s’il faut toujours entendre « ville » comme synonyme de « seigneurie » ou plutôt s’il est question d’urbanisation.

    28Un autre argument a trait à l’enceinte du Bourg-le-Roi. Selon les dépendants de l’abbaye, elle n’a été construite qu’après le passage du roi d’Angleterre, référence à la prise de la ville en 1346, ce qui sous-entend qu’elle n’est pas une limite du bourg royal qui s’étendrait au-delà vers l’abbaye. À cela est répondu que la muraille est assise, ou à peu près, sur les fondements de l’ancienne qui existait dès le xie siècle. Le discours cherche à faire coïncider enceinte et limite des juridictions seigneuriales.

    29Le plaidoyer de l’abbaye visant à réfuter les arguments de l’autre partie pour asseoir ses prérogatives comporte une énumération précise des limites de la seigneurie avec indication des chemins, bornes, maisons et lieux remarquables. C’est une manifestation de la territorialisation accrue de la juridiction seigneuriale. En outre, les habitants de ce qui était au xie siècle deux seigneuries distinctes sont associés dans les mêmes devoirs. Or, les hommes de Calix sont pour partie au moins des paysans, alors que ceux du Bourg-l’Abbesse bénéficient de privilèges et résident dans un territoire qui a connu une urbanisation. On peut considérer que tout ceci conduit à définir plus nettement une périphérie. À l’opposé, la résidence dans le Bourg-le-Roi apparaît dans le discours des dépendants de l’abbaye comme un marqueur d’appartenance à ce qu’ils considèrent comme Caen, mais aussi du plein bénéfice de privilèges et ainsi d’une forme de centralité. Compte tenu du contexte de la réaffirmation de droits seigneuriaux dans une période troublée, ces conflits jouent un rôle centrifuge et contrecarrent la perception ou l’existence d’une ville vue comme un tout. On semble loin de ce qui est qualifié de « bonne ville » dans les actes royaux. L’absence d’enceinte autour du Bourg-l’Abbesse et du Bourg-l’Abbé contribue sans doute à cette perception.

    30Il y aurait aussi à mieux évaluer l’évolution de la population des bourgs abbatiaux en raison de cette absence et de la guerre. Les chiffres laissent penser à une forte diminution et l’on peut poser l’hypothèse d’une ruralisation du Bourg-l’Abbesse. Les bourgs sont soumis aux opérations militaires, ainsi lors de la prise de Caen par Henri V en 1417 où ils sont investis et servent à prendre la ville. Leur situation apparaît très différente de celle de Paris où :

    « La nouvelle enceinte a unifié les bourgs monastiques […] et a contribué à homogénéiser le statut des habitants qui ont progressivement abandonné au cours du xiiie siècle leur identité seigneuriale au profit de celle de “bourgeois de Paris” c’est-à-dire jouissant de la protection et des privilèges accordés par le roi43. »

    31Reste qu’à Caen aussi, les habitants du Bourg-l’Abbesse et du Bourg-l’Abbé sont bourgeois de Caen lorsqu’ils remplissent les conditions nécessaires.

     

    32Caen échappe au schéma d’une croissance par cercles concentriques, même imparfaits, et donne plutôt l’image d’une nébuleuse avec des emboîtements. À la fin du Moyen Âge, Caen n’est pas ou pas encore ce que Boris Bove définit comme :

    « L’archétype de la “ville” d’Ancien Régime qui a dépassé le stade réticulaire pour devenir un territoire homogène (l’urbs) habité par une communauté de citadins (civitas)44. »

    33Pour autant, la période de la guerre de Cent Ans peut être envisagée comme un moment d’évolutions majeures à Caen où la question de ce que l’historien nomme « périphéries » émerge plus nettement des sources en relation avec la construction d’enceintes. La délimitation visuelle créée ou recréée, la protection offerte ainsi que la prise en charge collective contribuent à structurer la ville et sa communauté, à séparer le dedans du dehors. Reste qu’il s’agit d’une évolution lente et qu’elle n’est pas sans générer de tensions. Il est évident qu’une périphérie, l’Île Saint-Jean, s’agrège graduellement au centre (le Bourg-le-Roi) ou forme plutôt un autre centre. Pourtant, avec la présence probable de prairies intra-muros dans ce secteur, il y a des périphéries dans l’espace enceint.

    34Dans le même temps, les puissants seigneurs ecclésiastiques que sont les deux abbayes réaffirment leur autorité sur leurs dépendants et la territorialisation des pouvoirs qui en découle est un facteur d’individualisation. On hésite donc à qualifier les deux bourgs abbatiaux de partie du centre ou de périphérie. Finalement, les périphéries, au sens de l’opposition à l’urbain, ne s’étendent-elles pas avec les crises des xive et xve siècles ? Une étude socio-topographique, ainsi qu’une évaluation du poids de la communauté des bourgeois et de la municipalité permettraient d’y voir plus clair.

    35Enfin, la déprise urbaine qui peut multiplier les « places vides » dans les périodes de crises récurrentes, mériterait d’être mesurée grâce au traitement des actes du tabellionage. Ce sont autant de facteurs qui font que l’on ne peut uniquement raisonner en termes d’extension ou de rétractation de l’urbanisation dans un sens qui est celui d’un centre et de ses périphéries.

    Bibliographie

    Boone Marc, Lecuppre-Desjardin Élodie « Espace vécu, espace idéalisé dans les villes des anciens Pays-Bas bourguignons », dans Dierkens Alain, Loir Christophe, Morsa Denis, Vanthemsche Guy (dir.), Villes et villages : organisation et représentation de l’espace. Mélanges offerts à Jean-Marie Duvosquel à l’occasion de son soixante-cinquième anniversaire, Revue belge de philologie et d’histoire, t. 89, fasc. 1, 2011. p. 111-128.

    Bove Boris, « Paris et Tours : deux modèles politiques antinomiques ? », Histoire urbaine, 2022/HS2 (Hors série no 2), p. 43-70,
    https://shs.cairn.info/revue-histoire-urbaine-2022-HS2-page-43?lang=fr

    Bove Boris, « Penser les périphéries : l’apport du concept d’urbain pour Paris au xive siècle », dans Menjot Denis et Clark Peter (dir.), Subaltern City ? Alternative and Peripheral Urban Spaces in the Pre-modern Period (13th-18th centuries), Turnhout, Brepols, 2019, p. 67-94.

    Faisant Étienne, « Les fortifications de la ville de Caen pendant la guerre de Cent Ans », dans Bodinier Bernard, Neveux François (dir.), Les Normands et la guerre, actes du 49e congrès organisé par la Fédération des Sociétés Historiques et Archéologiques de Normandie (Rouen, 15 au 18 octobre 2014), Louviers, FSHAN, 2015, p. 23-36.

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    Gauthiez Bernard, Espace urbain, vocabulaire et morphologie, Paris, Éditions du patrimoine, 2003.

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    Jean-Marie Laurence, « La population de Caen, xie-xve siècles », Annales de Normandie, 49ᵉ année, no 2, 1999, p. 115-142.

    Jean-Marie Laurence, Caen aux xie et xiie siècles. Espace urbain, pouvoirs et société, Caen, La Mandragore, 2000.

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    Noizet Hélène, « La ville au Moyen Âge et à l’époque moderne : du lieu réticulaire au lieu territorial », 2014, EspacesTemps.net,
    URL : http://www.espacestemps.net/articles/la-ville-au-moyen-age-et-a-lepoque-moderne/

    Perrot Jean-Claude, Genèse d’une ville moderne : Caen au xviiie siècle, 2 vol., Mouton, Paris-La Haye, 1975.

    Notes de bas de page

    1B. Bove, « Penser les périphéries ».

    2D. Menjot, « La fabrique de l’espace de la ville ».

    3D. Menjot évoque le fait que l’espace urbain est « traditionnellement appréhendé sur le mode binaire de l’opposition entre un centre compact et homogène, corseté à l’intérieur des remparts et une périphérie, formée de faubourgs et/ou bourgs satellisés sur lesquels s’exerce le pouvoir du centre ». Cette vision historiographique ancienne paraît encore présente dans des contributions récentes. Ainsi Marc Boone et Élodie Lecuppre-Desjardin considèrent que « la ville est un espace clos, bien différencié de la campagne qui l’entoure par les murs qui en délimitent le périmètre, par son organisation politique, par la concentration des institutions ecclésiastiques qu’elle abrite, par la multiplicité des activités économiques qui s’y installent et par l’effervescence culturelle qui la caractérise » (« Espace vécu, espace idéalisé »). Il est difficile de considérer que le périmètre de la ville est systématiquement celui de la muraille.

    4H. Noizet, « La ville au Moyen Âge et à l’époque moderne ».

    5C’est la limite des analyses morphologiques lorsqu’elles ne sont pas confrontées aux sources écrites, comme dans les cas suivants : B. Gauthiez, Espace urbain, vocabulaire et morphologie ; et « L’urbanisme en Normandie d’après l’analyse morphologique des plans de villes », vol. 1, p. 375-428.

    6B. Bove, « Penser les périphéries ».

    7L. Jean-Marie, « La population de Caen, xie-xve siècles ».

    8L. Jean-Marie, Caen aux xie et xiie siècles.

    9Ibid., p. 32-34 ; É. Faisant, « Les fortifications de la ville de Caen pendant la guerre de Cent Ans ».

    10L. Jean-Marie, « La population de Caen, xie-xve siècles ».

    11Arch. dép. Calvados, Trinité de Caen, 2H/34, m. 1.

    12Ibid.

    13Ibid., m. 2.

    14J.-C. Perrot, Genèse d’une ville moderne, vol. I, p. 28.

    15G. Huard, La paroisse et l’église Saint-Pierre de Caen, t. XXXV, PJ no VII bis ; Arch. dép. Calvados, cartulaire des chapelains de Saint-Pierre de Caen, vol. I, G 982, fol. 206-207.

    16Les références issues du tabellionage m’ont été communiquées par Adrien Dubois que je remercie vivement ; Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 88, p. 11, 26 janvier 1410.

    17Arch. nat., Registre du Trésor des chartes, JJ046, fol. 95, no 164.

    18Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 88, 1410-1416, p. 344.

    19Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 91, fol. 24v ; 7 E 93, fol. 4v, 5v, 20v, 38v; 7 E 94, fol. 133v.

    20Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 87, p. 208, p. 577 ; 7 E 89, fol. 152r.

    21Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 87, p. 124, p. 139.

    22Arch. dép. Orne, H 1470, Silly-en-Gouffern.

    23G. Huard, La paroisse et l’église Saint-Pierre de Caen, PJ no XI.

    24Copie de M. Méritte-Longchamp, Bib. mun. Caen, 596 (124-In-4o 237).

    25V. Hunger, Le siège et la prise de Caen par Charles VII en 1450, PJ no I, II, VI-IX ; Thomas Basin utilise le terme burgus pour qualifier le bourg de Saint-Étienne, mais aussi Vaucelles (PJ no V).

    26Ibid., PJ no XL. L’emploi du pluriel est étonnant ; ailleurs dans le texte, il est utilisé pour englober le château et la ville.

    27É. Faisant, « Les fortifications de la ville de Caen ».

    28Ibid.

    29À propos de l’imprécision du vocabulaire, J.-C. Perrot relève qu’à l’époque moderne « l’usage du mot faubourg recouvre celui de bourg », Genèse d’une ville moderne, p. 28.

    30B. Bove, « Penser les périphéries ».

    31Laboratoire de textes Norécrit, Texte des coutumes de la prévôté de Caen (latin), état d’établissement du texte annoté par L. Retoux et L. Jean-Marie, sous la responsabilité de L. Jean-Marie. Disponible à l’URL : https://emmsm.unicaen.fr/norecrit/caen/Caen_LA.xml/caen_la.1.html

    32Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 88, p. 151.

    33Ibid.,7 E 87, p. 178 ; 7 E 89, fol. 80v ; 7 E 89, fol. 82v ; 7 E 90, fol. 185v-186r.

    34L. Jean-Marie, « La notabilité au prisme des actes de la pratique ».

    35Copie du matrologe Méritte-Longchamp, Bib. mun. Caen, 596 (124-In-4o 237), p. 53-54.

    36Ibid., p. 19-20.

    37Arch. nat., Registre du Trésor des chartes, JJ119, fol. 68v, no 103.

    38Arch. dép. Calvados, cartulaire de Saint-Michel de Vaucelles, G 924, fol. 34v.

    39Ibid.

    40B. Bove, « Paris et Tours : deux modèles politiques antinomiques ? ».

    41H. Legras, Le bourgage de Caen, p. 90.

    42Arch. dép. Calvados, Trinité de Caen, 2H/34.

    43B. Bove, « Paris et Tours ».

    44B. Bove, « Penser les périphéries ».

    Auteur

    Laurence Jean-Marie

    Maîtresse de conférences HDR, université de Caen Normandie, Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (CRAHAM, UMR 6273, UNICAEN/CNRS)

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    1B. Bove, « Penser les périphéries ».

    2D. Menjot, « La fabrique de l’espace de la ville ».

    3D. Menjot évoque le fait que l’espace urbain est « traditionnellement appréhendé sur le mode binaire de l’opposition entre un centre compact et homogène, corseté à l’intérieur des remparts et une périphérie, formée de faubourgs et/ou bourgs satellisés sur lesquels s’exerce le pouvoir du centre ». Cette vision historiographique ancienne paraît encore présente dans des contributions récentes. Ainsi Marc Boone et Élodie Lecuppre-Desjardin considèrent que « la ville est un espace clos, bien différencié de la campagne qui l’entoure par les murs qui en délimitent le périmètre, par son organisation politique, par la concentration des institutions ecclésiastiques qu’elle abrite, par la multiplicité des activités économiques qui s’y installent et par l’effervescence culturelle qui la caractérise » (« Espace vécu, espace idéalisé »). Il est difficile de considérer que le périmètre de la ville est systématiquement celui de la muraille.

    4H. Noizet, « La ville au Moyen Âge et à l’époque moderne ».

    5C’est la limite des analyses morphologiques lorsqu’elles ne sont pas confrontées aux sources écrites, comme dans les cas suivants : B. Gauthiez, Espace urbain, vocabulaire et morphologie ; et « L’urbanisme en Normandie d’après l’analyse morphologique des plans de villes », vol. 1, p. 375-428.

    6B. Bove, « Penser les périphéries ».

    7L. Jean-Marie, « La population de Caen, xie-xve siècles ».

    8L. Jean-Marie, Caen aux xie et xiie siècles.

    9Ibid., p. 32-34 ; É. Faisant, « Les fortifications de la ville de Caen pendant la guerre de Cent Ans ».

    10L. Jean-Marie, « La population de Caen, xie-xve siècles ».

    11Arch. dép. Calvados, Trinité de Caen, 2H/34, m. 1.

    12Ibid.

    13Ibid., m. 2.

    14J.-C. Perrot, Genèse d’une ville moderne, vol. I, p. 28.

    15G. Huard, La paroisse et l’église Saint-Pierre de Caen, t. XXXV, PJ no VII bis ; Arch. dép. Calvados, cartulaire des chapelains de Saint-Pierre de Caen, vol. I, G 982, fol. 206-207.

    16Les références issues du tabellionage m’ont été communiquées par Adrien Dubois que je remercie vivement ; Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 88, p. 11, 26 janvier 1410.

    17Arch. nat., Registre du Trésor des chartes, JJ046, fol. 95, no 164.

    18Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 88, 1410-1416, p. 344.

    19Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 91, fol. 24v ; 7 E 93, fol. 4v, 5v, 20v, 38v; 7 E 94, fol. 133v.

    20Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 87, p. 208, p. 577 ; 7 E 89, fol. 152r.

    21Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 87, p. 124, p. 139.

    22Arch. dép. Orne, H 1470, Silly-en-Gouffern.

    23G. Huard, La paroisse et l’église Saint-Pierre de Caen, PJ no XI.

    24Copie de M. Méritte-Longchamp, Bib. mun. Caen, 596 (124-In-4o 237).

    25V. Hunger, Le siège et la prise de Caen par Charles VII en 1450, PJ no I, II, VI-IX ; Thomas Basin utilise le terme burgus pour qualifier le bourg de Saint-Étienne, mais aussi Vaucelles (PJ no V).

    26Ibid., PJ no XL. L’emploi du pluriel est étonnant ; ailleurs dans le texte, il est utilisé pour englober le château et la ville.

    27É. Faisant, « Les fortifications de la ville de Caen ».

    28Ibid.

    29À propos de l’imprécision du vocabulaire, J.-C. Perrot relève qu’à l’époque moderne « l’usage du mot faubourg recouvre celui de bourg », Genèse d’une ville moderne, p. 28.

    30B. Bove, « Penser les périphéries ».

    31Laboratoire de textes Norécrit, Texte des coutumes de la prévôté de Caen (latin), état d’établissement du texte annoté par L. Retoux et L. Jean-Marie, sous la responsabilité de L. Jean-Marie. Disponible à l’URL : https://emmsm.unicaen.fr/norecrit/caen/Caen_LA.xml/caen_la.1.html

    32Arch. dép. Calvados, tabellionage, 7 E 88, p. 151.

    33Ibid.,7 E 87, p. 178 ; 7 E 89, fol. 80v ; 7 E 89, fol. 82v ; 7 E 90, fol. 185v-186r.

    34L. Jean-Marie, « La notabilité au prisme des actes de la pratique ».

    35Copie du matrologe Méritte-Longchamp, Bib. mun. Caen, 596 (124-In-4o 237), p. 53-54.

    36Ibid., p. 19-20.

    37Arch. nat., Registre du Trésor des chartes, JJ119, fol. 68v, no 103.

    38Arch. dép. Calvados, cartulaire de Saint-Michel de Vaucelles, G 924, fol. 34v.

    39Ibid.

    40B. Bove, « Paris et Tours : deux modèles politiques antinomiques ? ».

    41H. Legras, Le bourgage de Caen, p. 90.

    42Arch. dép. Calvados, Trinité de Caen, 2H/34.

    43B. Bove, « Paris et Tours ».

    44B. Bove, « Penser les périphéries ».

    Les espaces périphériques des villes occidentales : identités et mutations de l’Antiquité à nos jours

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    Jean-Marie, L. (2025). Une ville et ses périphéries au Moyen Âge : éléments d’analyse à partir du cas de Caen. In F. . Bourillon & D. . Menjot (éds.), Les espaces périphériques des villes occidentales : identités et mutations de l’Antiquité à nos jours (1‑). Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques. https://doi.org/10.4000/13d3z
    Jean-Marie, Laurence. « Une ville et ses périphéries au Moyen Âge : éléments d’analyse à partir du cas de Caen ». In Les espaces périphériques des villes occidentales : identités et mutations de l’Antiquité à nos jours, édité par Florence Bourillon et Denis Menjot. Paris: Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2025. https://doi.org/10.4000/13d3z.
    Jean-Marie, Laurence. « Une ville et ses périphéries au Moyen Âge : éléments d’analyse à partir du cas de Caen ». Les espaces périphériques des villes occidentales : identités et mutations de l’Antiquité à nos jours, édité par Florence Bourillon et Denis Menjot, Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2025, https://doi.org/10.4000/13d3z.

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    Bourillon, F. ., & Menjot, D. . (éds.). (2025). Les espaces périphériques des villes occidentales : identités et mutations de l’Antiquité à nos jours (1‑). Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques. https://doi.org/10.4000/13d44
    Bourillon, Florence, et Denis Menjot, éd. Les espaces périphériques des villes occidentales : identités et mutations de l’Antiquité à nos jours. Paris: Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2025. https://doi.org/10.4000/13d44.
    Bourillon, Florence, et Denis Menjot, éditeurs. Les espaces périphériques des villes occidentales : identités et mutations de l’Antiquité à nos jours. Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2025, https://doi.org/10.4000/13d44.
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