1Bavay est une petite ville du Nord à proximité immédiate de la frontière belge dont le cœur est occupé par un site archéologique hors norme. Il s’agit d’un forum romain, l’un des plus grands de l’Empire, qui a été mis au jour au xx^e siècle. Mais l’identification de la ville comme cité antique est plus ancienne. Ainsi, les ruines de la muraille du Bas-Empire qui a succédé au forum ont-elles toujours dominé le petit bourg (fig. 1). C’est notamment pourquoi l’antique Bagacum a, dès le xv^e siècle, suscité l’intérêt des chroniqueurs et premiers collectionneurs tels Charles de Croy. En 1716, les Oratoriens qui y tenaient un collège découvrent des vestiges monumentaux et les exposent dans leur jardin. C’est le comte de Caylus qui initiera la publication des pièces bavaisiennes dans son Recueil d’antiquités en 1765, les objets y tiennent une place conséquente et y bénéficient de descriptions et de représentations de qualité (fig. 2)1.

Fig. 1. – Vue cavalière de la ville de Bavay. Abbé Carlier ? s.d., aquarelle.

Fig. 2. – Pl. CXVIII, comte de Caylus. Recueil d’antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines, tome II, 1756. Cote INHA : NUM A 53 (2).

2Depuis le xviii^e siècle et jusqu’à aujourd’hui « l’exploration archéologique » de Bavay s’est poursuivie quasiment sans interruption. Ces quelque trois cents ans de recherche ont donné lieu à la mise au jour de nombreux objets, à la constitution d’ensemble de données conséquent et à de nombreuses publications2. Ces sources ont en premier lieu servi les archéologues. En effet, toute opération archéologique doit pouvoir être entamée par une prospection documentaire permettant de localiser des découvertes et de comprendre des sites à la lumière de ces données anciennes. Seulement considérés comme documentation de localisation des découvertes, ces éléments n’ont que peu été examinés au prisme de la réflexion historiographique. Or, l’intérêt de ces productions est manifeste et a été mis au jour par le Forum antique de Bavay à travers deux expositions et deux catalogues, Voyage à travers les collections en 2013 et Curieux antiquaires en 20193.

3L’adoption de ce nouveau point de vue sur les collections archéologiques permettra de répondre demain à une question récurrente de notre public : pourquoi fait-on des fouilles et depuis quand ? Plus loin, il s’agit là de caractériser le processus de patrimonialisation de ces éléments. Le nouveau regard posé sur les productions de l’abbé Carlier (1732-1818) est à ce titre représentatif. Ainsi proposons-nous d’en examiner le processus de valorisation en mettant en perspective les motivations de leur auteur au moment de leur production, celles de ses héritiers lors de sa succession et enfin celles qui président aujourd’hui à leur conservation et leur médiation au travers de ses productions écrites, mais aussi des publications qui le concernent.

Portrait du collectionneur

4Augustin Carlier (fig. 3) naît en 1732 à quelques kilomètres de Bavay. Il y décède en 1818 à l’âge de 86 ans. Sa vie fut largement consacrée aux antiquités mais il était avant tout prêtre et enseignant.

Fig. 3. – Dewit, portrait de l’abbé Carlier, 1813, huile sur toile, Douai.

5C’est dès ses jeunes années de curé à Bavay, que l’abbé Carlier se lance dans la collection d’antiques. Sa motivation est celle d’un historiographe, ainsi écrit-il :

« Je proposerai ensuite au district de faire transporter à la cure ces monuments fraterniser avec ceux que j’y avais déjà rassemblés afin de pouvoir par leur ensemble et leur confrontation [démêler] le chaos dans lequel les historiens modernes et anciens de Bavai avoient jeté cette capitale des Nerviens4. »

6La démarche scientifique de cet antiquaire se fait ici jour. Il considère les objets comme des sources pour écrire une histoire des Nerviens. Disposant d’une certaine fortune, l’abbé Carlier va donc s’employer à rassembler tous les éléments pouvant lui permettre de mieux comprendre les Nerviens. Il fait procéder à des fouilles, dans son jardin par exemple, ou bien il achète des pièces aux personnes les ayant mises au jour. Au final, il rassemblera une collection d’antiques exceptionnelle.

Les écrits du collectionneur

7L’abbé Carlier a aussi légué de nombreux écrits. Ses archives manuscrites représentent un volume de cinq cents courriers, notes, brouillons, mémoires, diplômes, dessins. Lors de l’achat de la collection de l’abbé Carlier par la ville de Douai en 1833, toutes ces archives ont quitté le cabinet bavaisien avec les objets. Aujourd’hui elles sont réparties dans deux fonds, l’un conservé à la bibliothèque Marceline Desborde-Valmore de Douai et l’autre au musée de la Chartreuse de Douai en dépôt au Forum antique de Bavay. Ces documents ont pour partie été dépouillés ou publiés. Il n’en existe pas de transcription ni d’inventaire exhaustif. L’ensemble de ces éléments est désormais numérisé5.

8Parmi les archives conservées à la bibliothèque de Douai se trouve un recueil de dessins d’objets de la collection de l’abbé Carlier. Il est enregistré sous la cote Ms. 1037, et porte une inscription manuscrite : « Dessins de la collection de M. Carlier curé de Bavai acquise par le musée de Douai6 » (fig. 4 et 5).

Fig. 4. – Abbé Carlier ? Dessins de la collection de M. Carlier curé de Bavai, acquis par le musée de Douai, s.d., aquarelle et encre sur papier.

Fig. 5. – Abbé Carlier ? Dessins de la collection de M. Carlier curé de Bavai, acquis par le musée de Douai, s.d., aquarelle et encre sur papier.

9Ce recueil comprend de nombreux dessins d’antiquités et quelques-uns de curiosités naturelles présentés sur 178 pages. Y sont adjointes des légendes de la main de l’abbé Carlier, celles-ci toujours succinctes font le plus souvent mention du type d’objet, de son iconographie le cas échéant, parfois de son lieu et de sa date de découverte. Quelques rares ouvrages de la bibliothèque de l’abbé sont aujourd’hui conservés à la bibliothèque de la société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes-sur-Helpe. Une quinzaine a pu être identifiée sur les quelque 1 800 inventoriés à son décès.

Une boîte à outils

10L’ensemble de ces documents constitue une boîte à outils pour le travail du collectionneur. En effet, les objets rassemblés par l’abbé Carlier sont étudiés puis inventoriés. Ainsi, existe-t-il dans cet ensemble près de 10 cahiers qui dressent la liste des monnaies qu’il possède. Plus loin, le recueil de dessins ajoute à l’inventaire, le dessin et la comparaison. C’est ici un des traits singuliers de la production de l’abbé Carlier : chaque élément décrit fait l’objet d’une référence à l’Antiquité expliquée et représentée en figures de B. de Montfaucon7. Sur les 178 pages numérotées par l’abbé Carlier dans son recueil de dessins on compte 168 références différentes à l’Antiquité expliquée. L’abbé Carlier maîtrisait le fonctionnement de l’ouvrage du mauriste et savait où trouver les informations qu’il recherchait. Ainsi, il ne semble pas que l’abbé Carlier fasse des erreurs dans les catégories qu’il choisit. L’abbé Carlier connaît donc bien cet ouvrage, c’est un usuel pour lui. Les références mentionnent dans la plupart des cas : « Montf tome [x] p. [x] p.[x] » et reprennent des éléments du texte ou des légendes de l’Antiquité expliquée. Certaines notes de l’abbé Carlier sont des citations directes de Bernard de Montfaucon, parfois ce sont des reformulations. Rien n’est vraiment systématique. Les correspondances entre les objets de l’abbé Carlier et l’Antiquité expliquée sont finalement peu convaincantes. S’il recherche l’objet dans le bon tome et le bon chapitre, il se trompe dans l’identification de certains objets précis en faisant notamment des erreurs sur les proportions. À ce propos, il serait juste de rappeler aussi les biais de certaines gravures de l’Antiquité expliquée, quelques pièces y étant représentées plus grandes que nature pour être plus visibles sur la planche. Ce mode de fonctionnement illustre l’usage développé que l’abbé faisait des nombreux ouvrages de sa bibliothèque.

11Ces documents n’étaient pas destinés à être publiés. En effet, leur auteur les jugeait lui-même inaboutis en tout cas pour ce qui est des dessins. Les archives ne contiennent aucun document témoignant de liens avec des éditeurs qui pourraient attester d’une volonté de publication de leur auteur.

Des écrits pour conserver et transmettre

12Pour le collectionneur, sa correspondance est le moyen de faire rayonner son cabinet. Ainsi, entretient-il un réseau de correspondants qui saluent la qualité de ses découvertes et à qui il fournit relevés d’inscription, empreintes à la cire d’intailles voire un objet lui-même. Ces courriers ont pour objectif de porter ses découvertes à connaissance de ses interlocuteurs avertis8. L’exemple de ses échanges avec Aubert Parent est à ce titre intéressant. Ce nordiste exilé en Suisse s’intéresse alors à la révélation du site d’Augusta Raurica qui présente de nombreuses parentés avec l’antique Bagacum. De retour à Valenciennes après 1810, il rencontre l’abbé Carlier en son cabinet. Des dessins, des courriers et des billets témoignent de ces échanges et de leurs rencontres donnant lieu à de nombreuses comparaisons entre les deux sites archéologiques9.

13Le prêtre collectionneur est l’auteur de deux autres documents qui pour lui visent à assurer la conservation et la transmission de sa collection et par là en fait un objet de patrimoine. Le premier est une affiche10 (fig. 6) dont l’abbé est l’auteur et le commanditaire. Édité au lendemain du pillage de son cabinet par des soldats, ce « placard » témoigne de la volonté de son auteur de conserver l’ensemble de sa collection intacte. Ce n’est pas la valeur vénale de ses objets qui l’intéresse, il est prêt à racheter les objets aux voleurs :

« Ceux qui auront reçu de ces pièces voudront bien les remettre à l’adresse ci-dessous du curé de Bavay, qui leur en paiera la valeur intrinsèque. »

14Il souhaite conserver l’intégrité de sa collection. Cette affiche mentionne aussi que le « cabinet du curé de Bavay, cédé après sa mort au gouvernement » apparaît comme destiné à sortir du domaine privé.

Fig. 6. – Abbé Carlier ? Avis au public en date du 3 juillet 1815.

15En témoignent d’ailleurs les différentes versions du testament de l’antiquaire11. Ainsi, l’abbé Carlier y fait-il enregistrer l’existence de sa collection et veille-t-il à sa pérennité. Toutefois, les moyens envisagés pour y parvenir étonnent.

« Je laisse mon cabinet d’antique de médaille, d’histoire naturelle, (sic) je charge mes exécuteurs testamentaires de le présenter au prince de Parme […] et d’y ajouter ma bibliothèque […] à charge qu’un de mes neveux en sera le directeur et qu’une juste indemnité soit assurée à mes héritiers […]. En cas que le prince de Parme ou plutôt son tuteur ne puissent ou ne veuillent pas de mon cabinet, il sera présenté au gouvernement de qui dépendra alors Bavay […] et rien de tout cela ne sera vendu mais continué sous la direction de mon neveu. »

16S’il cherche la protection de l’État voire celle du prince de Parme, Carlier souhaite que la surveillance de la collection soit assurée par ses neveux et sa servante et que son œuvre soit poursuivie à Bavay. Sans le nommer, il rêve de fonder un musée. Il imagine une forme hybride qui, pour assurer la continuité de la collection, associerait à la direction de ses neveux, la protection de l’État. Il envisage la sortie de sa collection du domaine privé vers le domaine public concevant que sa conservation est du ressort de l’autorité publique.

Que feront les neveux de cet héritage

17Comme énoncé dans le testament du collectionneur, ce sont ses neveux qui vont hériter. Ils vont respecter les dernières volontés de leur aïeul en sollicitant le gouvernement en lui adressant par l’intermédiaire du préfet le testament et le recueil de dessins. Ainsi le neveu du prêtre écrit-il :

« J’ai l’honneur de vous faire remettre ci-joint un catalogue écrit de la main de mon oncle, il ne contient que les dessins des pièces les plus précieuses. Je ne crois pas qu’elles y soient toutes mentionnées, car depuis longtemps il n’y travaillait plus […] il y a peut-être trois ou quatre mille médailles dont il n’est pas fait mention dans ce catalogue12. »

18Augustin Evrard attribue lui-même l’appellation de catalogue tout en émettant une réserve sur sa qualité, s’inquiétant surtout de sa complétude. De fait, il va intervenir sur le volume. À son examen, l’hypothèse avancée par Germaine Faider-Feytmans ne fait pas de doute, ce recueil est factice13. Au-delà des éléments techniques qui diffèrent, la qualité des dessins, le type de légendes ne sont pas les mêmes dans l’ensemble du document. Des dessins d’objets provenant d’Augst s’y trouvent. Augustin Evrard a rassemblé tous les dessins qu’il avait trouvés dans le cabinet désordonné de son oncle. La méconnaissance dont les neveux ne se cachent pas est ici manifeste. Comme ils l’expriment eux-mêmes dans un courrier au préfet en 1828-1830, ils ne sentent pas de taille à dresser un catalogue de la collection :

« Je crois monsieur le préfet qu’il seroit peu utile aux amateurs que nous héritiers peu connaisseurs allassions à Bavay en faire un mauvais inventaire pour le leur envoyer : d’autant plus qu’il est presque impossible de se décider à acheter cette collection sans se transporter sur les lieux pour en faire l’assurance14. »

19L’avis du ministère de l’Intérieur formulé à l’appui du recueil n’étonne pas :

« Les objets sont très peu importans (sic) et qu’il n’y aurait aucun avantage à les accepter pour la collection publique. »

20Malgré le mépris dont le recueil fait ici l’objet, sa patrimonialisation est entamée. En effet, les neveux du curé lui ont donné une valeur de témoin de cette collection. La valeur patrimoniale des objets se compose de l’objet lui-même et d’un discours qui l’accompagne. Le recueil sort alors du champ de l’outil de travail du collectionneur. Ce dernier courrier date de près de 10 ans après le décès de l’abbé Carlier. Les neveux sans doute trop gourmands pour l’indemnisation qu’ils attendent de la collection ne trouvent pas acquéreurs et demandent au préfet de solliciter les grandes villes du nord qui sont en train de créer leurs musées. Parmi les réponses apportées, c’est celle de Lille15 qui nous intéresse ici. Le maire de Lille rappelle dans sa lettre que la ville s’est déjà intéressée à cette collection, mais que faute d’avoir pu l’examiner, du fait du refus des héritiers de l’abbé Carlier et de l’absence d’inventaire, il n’avait pas été donné suite à ce projet.

21Les lacunes du recueil de l’abbé Carlier sont ici manifestes. Les potentiels acquéreurs souhaitent pouvoir disposer d’un inventaire, qui n’existe donc pas, et se rendre sur place. C’est d’ailleurs ainsi que le sort de la collection bavaisienne sera réglé. La ville de Douai, après avoir refusé une première fois le cabinet en 1829, organise une visite à Bavay en 1833. Ce voyage archéologique fait l’objet d’un récit16, qui est présenté devant la société centrale d’agriculture, sciences et arts du département du Nord par son auteur, Derbigny. Ces quelques feuillets content l’excursion bavaisienne de la délégation du musée de Douai avec force détails cocasses.

22À l’issue de cette visite, le cabinet et le recueil rejoignent Douai. Mais ils y seront séparés respectivement entre le musée et la bibliothèque. Comme si aujourd’hui dans un musée, nous ne conservions pas au musée le dossier des œuvres sur place. L’enregistrement de cet ouvrage au registre des manuscrits de la bibliothèque démontre qu’il est devenu un objet patrimonial en soi pour la collectivité.

La transmission aujourd’hui

23La collection de l’abbé Carlier depuis son acquisition par la ville de Douai a toujours été exposée, comme en témoignent les inventaires et les photos (fig. 7). Toutefois, les objets ne feront pas l’objet d’étude particulière, faute de contexte de découverte et on s’intéressera peu aux écrits de l’abbé Carlier. Les archéologues ne consultent pas ce volume. En 2011, Roland Delmaire le mentionne dans la carte archéologique de Bavay pour illustrer le chapitre qu’il intitule « historique de l’archéologie bavaisienne17 ».

Fig. 7. – Galerie lapidaire du musée de Douai, fonds Augustin Boutique.

24En 2014, les objets rejoignent Arkeos et les documents se trouvent dispersés entre le musée de la Chartreuse et la bibliothèque de Douai. Les objets bavaisiens sont exposés pour illustrer la période gallo-romaine dans ce parcours chronologique pédagogique choisi par le centre d’interprétation. En 2013, le Forum antique de Bavay propose une exposition consacrée aux objets découverts sur place, mais conservés dans d’autres institutions18. Effectivement, la diaspora bavaisienne est nombreuse tant la création d’un musée local pour conserver les pièces découvertes sur place a tardé, ainsi Léon Delmotte, un de ses initiateurs, écrit en 1906 :

« Je vais tenter de fonder à bavay un musée d’antiques en vue de réunir ici les vestiges précieux que l’on rencontre à chaque pas […] Je fais donc appel à tous ceux qui ont au cœur l’amour de notre petite cité pour m’aider dans cette œuvre qui devait être fondée depuis plus de 60 ans : toutes les trouvailles faites depuis longtemps sont en effet, parties au dehors et font l’ornement des musées de Bruxelles, Lille, Mons, Douai et Valenciennes19. »

25À travers l’exposition et le catalogue « Voyage à travers les collections », l’idée était de recréer un musée archéologique de Bavay idéal en identifiant toutes les découvertes bavaisiennes. Le recueil de dessins de l’abbé Carlier est alors exposé pour la première fois. À l’occasion de l’exposition (fig. 8) nous avons eu la possibilité d’analyser plus avant le recueil. L’identification des références écrites à l’Antiquité expliquée de Montfaucon n’avait pas pu être menée de manière systématique. Cette étude a permis de révéler la valeur que ce volume a désormais acquise, au-delà de l’attestation du contenu de la collection de l’abbé Carlier, ce volume devient un des témoins permettant de comprendre comment le musée de papier du mauriste a pu se diffuser dans la communauté scientifique.

Fig. 8. – Exposition « Voyage à travers les collections », Forum antique de Bavay, 2013, commissariat scientifique Isabelle Bollard-Raineau.

26Après cette étude approfondie du recueil, nous avons présenté en 2019 une nouvelle exposition (fig. 9) consacrée à l’histoire de l’archéologie à Bavay20. Ce travail a fait naître la nécessité de créer une section consacrée à son histoire au musée. Ce propos occupera une place importante dans le projet scientifique et culturel dont nous entamons la rédaction.

Fig. 9. – Exposition « Curieux antiquaires, les débuts de l’archéologie à Bavay, xviii^e-xix^e siècles ».

27Appréhender ces pièces comme de réels objets patrimoniaux, témoins de pratiques anciennes est désormais ancré dans le propos scientifique du musée. Au-delà de leur intérêt documentaire, ces éléments ont acquis une réelle valeur historique. À ce titre, nous conservons les cartels du premier musée de Bavay, les images de la construction du bâtiment dédié en 1976 et tout élément permettant de comprendre comment le musée s’est construit (fig. 10). C’est aussi dans cette démarche que le département du Nord s’est récemment porté acquéreur de l’urne d’Hirtius, faux notoire, mais témoin du commerce d’antique à Bavay au xix^e siècle.

Fig. 10. – Photo du premier musée de Bavay.

28Je suis la première frustrée quand je visite un musée de ne pas connaître son histoire, celle de sa collection, celle du bâtiment, celle de la ville. Donner aux visiteurs les clefs de compréhension de la manière dont les pièces lui sont aujourd’hui montrées est essentiel et permet un meilleur partage du patrimoine muséal rejoignant ici la dynamique des droits culturels désormais répandue dans nos institutions.