De la poupée de chair à la femme puissante, « ECCE ECHO » : Dollhouse, une virtualité transhumaniste ?
Résumé
La référence à la pièce de Ibsen, rémanente dans Dollhouse (La Maison de poupée), l’une des séries du créateur et showrunner Joss Whedon, installe d’emblée la tonalité énigmatique de l’œuvre entre la gravité d’une démonstration eschatologique (qu’en est-il de nos fins dernières, si nous ne finissons jamais ?) et l’excitation d’un substrat prostitutionnel toujours puissamment attirant. En effet, la « dollhouse » en question est une forme sophistiquée de « bordel » où de riches clients louent, pour une prestation souvent sexuelle, une « poupée », mâle ou femelle, qui est un être humain à part entière, dont on a vidé la mémoire pour lui implanter des personnalités temporaires virtuelles. Donc, la position de départ du show est bien l’hybridation maximale entre l’ancien moi des « réactifs » et les applications plus ou moins délirantes qui leur sont successivement implantées ; mais entre la poupée de chair Echo et Ballard, le flic amoureux, la sexualité virtuelle mute en amour enchanteur et tragique.
Remerciements
À Guillaume S. et à Vincent V.
Texte intégral
« Ni le ciel ni la terre ne les pleurèrent, et ils n’eurent aucun délai. »
(Le Coran, Ad-Doukhan, verset 29)
1Dans Dollhouse (La Maison de poupée), une des séries du créateur, réalisateur et producteur Joss Whedon1, l’histoire se déroule dans une forme sophistiquée de « bordel » où de riches clients louent, pour une prestation souvent sexuelle, une « poupée », mâle ou femelle, qui est un être humain à part entière vidé de sa mémoire pour lui implanter des personnalités temporaires à la demande d’un consommateur. La référence à la pièce de Ibsen2, rémanente dans la série, associe la gravité d’une démonstration eschatologique (qu’en est-il de nos fins dernières, si nous ne finissons jamais ?) et l’excitation d’un substrat prostitutionnel toujours puissamment attirant. Ces mêmes ressorts se retrouvent d’ailleurs dans la série The Girlfriend experience (USA, Lodge Kerrigan et Amy Seimetz, 2015) qui raconte comment une étudiante en droit, bien sous tous rapports le jour, devient une prostituée de luxe la nuit, se louant à de riches protecteurs, et amassant les dollars avec une relative indifférence. Dans Dollhouse, nous allons voir cependant que cette hybridation des êtres est portée à son paroxysme dans la mesure où les frontières entre les différentes identités des personnages y deviennent de plus en plus poreuses. Notons que cette notion d’« identités multiples » est principalement une construction de la nosologie psychiatrique américaine, comme l’indiquent certains travaux de Hacking, qui dans L’Âme réécrite, développe une ontologie historique des troubles de la personnalité multiple, en analysant la manière dont les gens sont affectés par la description qui est faite d’eux, ce qu’il appelle « effets en retour » (looping effect).
2Ce flou identitaire se donne ici à voir d’emblée à travers l’effacement des noms originels des personnages au profit d’identités sommaires – à dire vrai, de simples initiales développées – empruntées au domaine aéronaval militaire3 (Alpha, Echo, Sierra, Victor, Whiskey, November…, dans la dollhouse de Los Angeles), ou à la cosmogonie grecque (Apollo…) dans une autre dollhouse (puisque chaque grande ville a la sienne). L’histoire se focalise sur Echo, incarnée par la comédienne Eliza Dushku, dont les multiples engagements vont déboucher sur l’implosion du système. L’effacement des identités précédentes ne fonctionnant plus sur elle, elle devient la proie d’identités multiples, entre lesquelles elle va s’habituer à muter en une fraction de seconde. L’immédiate constitution des communautés faniques qui accompagne ces séries amène d’ailleurs Matthieu Letourneux à y voir des sous-textes métafictionnels qui s’actualisent :
« Enfin, lorsque l’œuvre atteint une certaine extension, d’inévitables contradictions se font jour, imposant des discriminations entre les différentes versions composant cette “archidiégèse” pour déterminer celles qui apparaîtront les plus convaincantes dans l’économie d’ensemble de l’œuvre-monde4. »
3L’autre en moi, l’autre moi, les états d’un moi qui ne se sait pas être multiple… interrogent le monde de représentations depuis – s’il faut une borne d’entrée – le roman de Mary Shelley Frankenstein. Or, la critique actuelle symétrise les mythes de Prométhée, de Pandore et de Frankenstein en une sorte de réflexion générique sur l’hubris humain, et son « sur-équipement » mental et physique : c’est sans doute là qu’interstitiellement se glisse Dollhouse, compromis sériel entre l’A.I. de Spielberg5 et le plus récent Real Humans6… Y circule en effet, à bas bruit, toute une arborescence de relations socialement proscrites (amour résiduel entre les « poupées », par exemple), ou attachement extradiégétique entre le public et les personnages – relations analysées par de nombreux spécialistes sériels, et que nous allons repérer.
4Mais Echo (comme la nymphe, et par là même comme toutes les situations de résonance et de co-présence) ne se contente pas d’être le « morceau de cire » vierge sur lequel l’aiguille du gramophone à fantasme vient creuser les sillons successifs d’histoires à demi brisées ; elle porte aussi en elle la mémoire de ce qu’elle fut avant – l’activiste anti-vivisection Caroline Farrel –, et cette coexistence entre des instances absolument hétérodoxes l’une à l’autre contamine peu à peu toute la série. C’est en cela que la série donne à voir une actualisation transhumaniste7, car les constructions mentales premières des personnages ne disparaissent pas complètement, et se réveillent peu à peu, lorsque les demandes des clients deviennent exorbitantes, ou que l’humanité va vers sa fin… La science qui avait détruit ces âmes se retourne brusquement contre les maîtres de Rossum8, et en la personne de Topher Brink, annule et annihile les puissances d’anéantissement à l’œuvre dans cette sombre Compagnie.
5Trois étapes accompagnent cette hybridation vouée à l’autodestruction, puis à la reconstruction fragile de celle qui fut et qui redevient Caroline Farrell. Nous interrogerons d’abord les mécanismes d’imprégnation qui jalonnent les identités successives, exclusives les unes des autres ; puis nous verrons en quoi la systématicité mortifère des « locations » finit par ruiner la cybernétique de la Dollhouse, afin de conclure en observant le désastre irrémédiable qui vient clore, d’une façon palingénésique, l’histoire d’Echo, de ses 38 identités et de son couple anéanti avec Paul Ballard9, l’homme qu’elle aurait dû aimer. Le « savant fou » esseulé et sans morale mute en effet en sauveur de l’humanité, réarmant ainsi l’un des plus anciens schémas du devenir sotériologique, et accomplissant l’achèvement des processus, on peut dire dialectiques, de l’apocatastase.
On ne désire pas ce qu’on ne connaît pas (Nulla ignoti cupido, Ovide, L’Art d’aimer, III, 397)
6Au sein d’une mystérieuse compagnie aux buts obscurs et conspirationnistes, la Rossum Corporation, une maquerelle de choc, Adelle DeWitt, un staff complet composé d’un geek, Topher Brink, jeune savant ultra-brillant et totalement amoral, d’un « gardien de l’ordre », M. Dominik, d’une femme médecin au visage balafré, Dr Sanders, de nombreux « protecteurs référents » (chacun étant lié, par un serment spécial10, à une poupée en particulier) et des jeunes « pensionnaires », qui ont accepté d’être des corps sans âme pendant cinq ans ou plus, contre la promesse de récupérer leur « vraie » identité à la sortie… forment le personnel humain de la Dollhouse. Cela rappelle les « geisha-robots » qui, dans The Ghost in the Shell, sont louées par les clients pour les prestations sexuelles et qui, infectées par un virus se mettent à tuer sauvagement les hommes dont elles devaient, programmatiquement, assouvir les fantasmes !
7Dès le début pourtant, des signes de décrépitude ou de dysfonctionnement sont perceptibles : étrange flash-back d’un massacre, allusions voilées à un certain « Alpha », poupée dissidente tueuse, ou encore brefs souvenirs de scènes antérieures au dernier effacement. Entre deux engagements, les « réactifs » (les poupées bonnes à louer et à implanter) sont pris en charge dans un spa de luxe avant d’être plongés le soir dans une profonde narcose, à l’intérieur d’un sarcophage de verre dans lequel elles/ils s’allongent comme la Belle au bois dormant, après l’effacement de leur identité précédente effectué sur une « chaise » aux électrodes inquiétantes. En rouvrant les yeux, ils prononcent toujours la même formule « j’ai dû dormir un peu, je crois… », et obtiennent toujours la même réponse : « à peine quelques minutes… ».
8Paul Ballard, un flic, obsédé par cette légende urbaine qu’est la Dollhouse, qui n’a bien sûr pas d’existence officielle mais suscite tous les fantasmes, est amoureux d’Echo sans la connaître, alors qu’il est lui-même désiré par une jeune voisine – ou ce qu’il croit être une jeune voisine, Mellie. Cette dynamique de reconduction désirante intervient comme une mise en abyme du procédé sériel qui devient une gigantesque Dollhouse. Le genre lui-même hébergerait récits et variations propices aux relations architextuelles liées à ce que Letourneux voit comme une « professionnalisation du marché11 ».
9Pourquoi cette course après soi ? Que le personnage ou la série éponyme soit une forme de projection généralisante du rythme feuilletonnant, n’est pas douteux ; du coup, on est constamment en tension entre l’éthos d’un genre spectaculaire et immersif, et l’aïdos d’une actrice aimée, et d’un personnage passionnant. En Echo se réarticule en effet ce que Marianne Chaillan appelle « la métaphysique des meurtres », en ce sens qu’on peut la doter de savoirs et d’expertises que n’importe lequel d’entre nous mettrait une vie à apprendre : grande choriste, agent secret, douce épouse, mère aimante ou « domina » sado-maso… le feuilleté d’étants que cela permet donne le vertige et la nausée. C’est de cette nausée qu’il convient de parler – la nausée de trop de possibles, de trop de lambeaux entrechoqués, qui se résolvent de moins en moins et grincent de plus en plus. Parler d’un terme aussi sartrien que « nausée » peut sembler déplacé, voire ridicule ; mais ce ressenti, plus affectif que simplement critique, permet aussi de souligner combien les spectateurs, vite devenus des alliés fantasmés, prêtent à ces caractères la « chaleur de leur propre vie », pour citer Serge Doubrovski. D’ailleurs dans leur ouvrage L’aca-fan : aspects méthodologiques, éthiques et pratiques, Cécile Cristofari et Matthieu J. Guitton posent particulièrement bien les données du problème :
« Reconnaissant que de nombreux travaux académiques étaient initialement motivés par un investissement personnel de leur auteur dans la communauté étudiée, les universitaires investis dans les fan studies se sont tournés vers le concept d’aca-fan pour désigner ce positionnement spécifique, à mi-chemin entre investissement profane et intérêt universitaire12. »
10À la question que pose l’œuvre romanesque spéculative de Jules Verne, en de nombreuses occurrences « où étions-nous, quand nous n’étions pas encore ? », la série Dollhouse répond en quelque sorte qu’on naît/est toujours déjà… Mais qu’en exhumant cette permanence on ouvre la brèche au Monstre, et on s’abîme dans la putréfaction du passé. À ce titre, la trajectoire d’Echo réarme des pensées conjointement présentes chez Francis Fukuyama, Michael J. Sandel, ou Jürgen Habermas, que synthétise cette formule de Robert Maggiori :
« Le pouvoir politique, encore fasciné par le passé, les frontières, l’identité perdue, demeure dans l’ignorance des nouveaux pouvoirs de l’homme sur l’homme – accrus par ces nouvelles technologies regroupées sous l’acronyme NBIC : nanotechnologies, biotechnologies, informatique (…) et cognitivisme13. »
11C’est dans l’épisode 10, saison 1, que l’interrogation métaphysique est la plus prégnante, car Echo accueille l’esprit d’une amie d’Adelle DeWitt, Margaret, qui vient de mourir. Cette dernière a souhaité enquêter sur son propre assassinat, qu’elle pressentait, et qui a bien eu lieu… Une conversation s’engage alors, entre Boyd, protecteur d’Echo, le jeune nerd14 surdoué Topher Brink et la maquerelle Adelle :
– Boyd : « Alors on peut donner la vie après la mort ? »
– Topher : « Seulement si on vous estime beaucoup. »
– Boyd : « La morale n’existe pas s’il n’y a pas la crainte de la mort. »
– DeWitt : « Je ne prévois pas de diriger la fin de la civilisation occidentale. Cette situation est exceptionnelle. »
12Contre toute attente, le fils de Margaret reconnaît sa mère dans le corps et sous les traits d’Echo (ses rituels, la confiance du cheval qu’elle montait, son dégoût quand il a essayé de la séduire…) ; cette déduction n’a été possible que parce qu’il est client d’une autre dollhouse (celle de Manhattan) : « La vie éternelle en passant de corps en corps, brillant ! » conclut-il. Mais au terme de son enquête, Margaret découvre que son fils est son assassin… et, affligée mais sereine, lui fait ses adieux à travers un testament post-mortem. À DeWitt, qui lui demande si elle a pensé s’enfuir avec/dans le corps d’Echo, elle répond :
« J’ai eu ma chance, et les personnes que j’aime poursuivent leur vie. »
13Ces scènes, déchirantes si on entre dans la logique de la série, risibles si on lui reste extérieur, donnent à la série sa portée métaphysique aux yeux des spécialistes de la sérialité Nils C. Ahl et Benjamin Fau :
« Le nœud dramatique repose encore une fois presque entièrement sur la sexualité et le désir de ses personnages. Mais cette fois plutôt de lorgner vers Anne Rice, Joss Whedon tire son intrigue du côté de Philip K. Dick, la science-fiction plutôt que la littérature gothique, avec une dose de pulsion de mort moins déterminante mais plus d’angoisse existentielle15. »
14Le constant souci d’adossement spirituel transforme chaque protagoniste en porteur de valeurs, ou de contre-valeurs, dont les multi-identités retracent en accéléré la cartographie mentale, comme nous allons le voir ; mais l’essentiel du message réside aussi dans la proclamation de la toute-puissance d’Echo :
« Votre corps est le vaisseau d e l’immortalité, Echo. » (saison 2, ép. 12)
Que chacun pense et agisse à sa guise : la mort ne manquera pas d’en faire autant (Ciascuno pensi ed operi a suo talento : e anche la morte non manchera di fare a suo modo, Giacomo Leopardi, Petites œuvres morales, 1826-1827)
15Parmi les nombreuses journées critiques consacrées à Dollhouse, rappelons celle qui, en 2015, a réuni dans le cadre des « Philoséries16 » des spécialistes telles que Pascale Molinier ou Anne Besson. Elles ont débattu des, je cite, « hétérotopies amoureuses et corps multiples. Le cabinet du docteur Topher Brink ». Anne Besson avait choisi quant à elle de s’interroger sur le dispositif spéculaire qu’offre la série par rapport à sa propre discontinuité, en montrant l’endos de multiples identités en l’analogon du renouvellement épisodique, exhibant en effet ses cicatrices grossières comme condition même de son essence, au lieu de les gommer ou de les lisser par conformité à une fluidité narrative plus classique. En effet, la multiplicité des scénaristes, les tournants demandés par la production, les remontées des exigences des fans… contribuent à une réécriture permanente, et multiscalaire, au fil des saisons. La série elle-même devient un objet sémiotique composite, assez comparable à un puzzle, voire à la créature de Mary Shelley.
16Enfin, Hugo Clémot s’est penché sur « le moi, l’expérience ordinaire et l’inconscient optique », ce qui lui a permis d’affirmer que nous sommes tous, plus ou moins, les « poupées » du système capitaliste – par opposition aux théories de François Jost, qui voit dans les séries le processus d’affirmation d’une singularité acquise par l’expérience.
17La réactivation à distance de capacités endormies s’illustre ainsi plusieurs fois ; par exemple, DeWitt laisse sur le répondeur une phrase codée pour réveiller Mellie, une active dormante, sauvagement attaquée. La formule suivante « Trois fleurs sont dans un vase, la troisième fleur est verte (activation des pouvoirs), jaune (retour à la normale, et mise en sommeil de la Novembre « guerrière ») » permet la réactivation des capacités de la combattante (sous le nom de « Novembre ») et lui permet de tuer son agresseur, avant d’être désactivée vocalement. Quoique plus résistants que les humains « lambda », les réactifs sont affectés et des scènes traumatiques resurgissent dans leur conscience (viol de Sierra par Nolan Kinnard17, scène de guerre pour Victor/Anthony, agression et phrase codée de déclenchement pour November/Mellie). De son côté Echo, de retour sur son ancien campus, est reconnue comme Caroline Farrel par une de ses professeurs, et se souvient du chemin secret pour se rendre au building Rossum où elle s’était infiltrée quand elle était une militante contre la vivisection. Un principe supérieur au stimulus décidé par l’équipe d’implantation (une phrase, quelques notes de musique…) la guide, ce qui sera aussi le cas d’Alpha, poupée mâle devenue criminel psychopathe… Topher dit d’ailleurs à Ballard au sujet d’Alpha :
« On ne peut pas faire son profil, ce n’est pas une personne. Il est devenu comme les gens dans Soleil Vert, quelqu’un de pluriel. »
18Il présente en effet une forme d’hybridation maximale : 48 personnalités (dont une multiple !) entrées toutes en même temps, non par fragments, mais entièrement constituées. À la question de Paul Ballard : « Qui a-t-il attaqué quand il a eu le choix ? », Topher répond : « Lui-même », car il a détruit l’enregistrement de sa version originale.
19Revenu à l’état pré-implantatoire – si l’on peut dire – Alpha décide d’enlever Echo, pour la faire dialoguer avec son vrai moi, Caroline, et l’installe sur la chaise à chargement. Mais Echo proteste : « On n’est pas nouveaux. On n’est rien ni personne parce qu’en réalité, on est tout le monde », en précisant « 38 personnalités, pourtant aucune n’est la mienne ». Le monologue intérieur schizophrène et shakespearien entre « Caroline » et « Echo » nous plonge ainsi dans les affres de la dissociation mentale :
« Qui es-tu ?
– Je suis Echo
– Qui est-elle ?
– Elle n’est personne. Je suis là pour t’éclairer, pour te guider. J’ai 38 personnalités et aucune d’elles ne pense que tu devrais signer un contrat pour être esclave. »
20Labyrinthe où l’on s’égare, éclatement multiple du moi, perte de substance, perte de contrôle : selon Whedon, au fil des interviews qui accompagnent les DVD de la série, le post-humanisme, par ses excès technologiques et son idéal quasi-eugéniste, nous disjoint de nous-même et nous précipite dans l’éternelle nuit de la dépossession. Arrachés à notre finitude naturelle et bourrés d’artefacts prolongateurs, nous devenons des quasi-cyborgs sans en avoir ni l’envie ni la résistance. Caroline a essayé jusqu’au bout de rester humaine, mais n’a que le choix de mourir : la science l’a abimée, jusqu’au point de non retour.
« Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres » (Léopold Sédar Senghor, Femme noire, Chants d’ombre, 1945)
21Après avoir abordé les conséquences psychiques, morales, individuelles de la multiplication identitaire, il s’agit d’en saisir la portée philosophique, essentiellement eschatologique.
22L’épisode 9 de la saison 1 (A spy in the house of love) construit sur une multiplication des points de vue, inspire pour certains chercheurs des références à la philosophie de Wittgenstein, aux Pensées de Pascal ainsi qu’à l’ouvrage de Stéphane Chauvier, Qu’est-ce qu’un jeu ? D’une part Topher y découvre qu’une puce a altéré les paramètres des réactifs lors des implantations, et Echo lui propose de l’aider… pour ne pas elle-même voir sombrer dans le chaos le seul monde qu’elle connaît désormais :
« Vous transformez les gens, faites-en sorte que je vous aide. »
23D’autre part, une autre réactive, Mellie toujours, revient auprès de Paul Ballard, mais une taupe (Alpha) l’utilise pour passer un message : « Dollhouse vend des fantasmes, mais ce n’est pas son objectif. Découvre le but qu’elle poursuit » et Boyd dira à Echo : « on est des proxénètes mais notre mission est philanthropique ».
24La tenancière de la dollhouse, Adelle DeWitt, a elle-même pris l’habitude de s’offrir un intermède romantique avec l’une des poupées mâles, Victor alias « Roger », sous le pseudonyme de « Cœur solitaire ». Oubliant qu’il n’est qu’un gigolo programmé, elle lui déclare « Je veux le vrai toi », lui dit qu’il est le plus réel de tous, et finit par cet aveu dérisoire : « Tu es tout ce que j’attendais ». En parallèle, Echo interroge le personnel de Dollhouse, et Boyd lui dit : « On est des proxénètes, des tueurs, mais notre mission est philanthropique ».
25Comme dans Lost, la série de J. J. Abrams riche en boucles temporelles et en mondes parallèles sophistiqués, l’épisode s’autorise de fréquents flash-forward, flash-sideways, ou flash-back ; les sautes temporelles, les « embranchements » uchroniques, les révélations sur les prémisses de cette catastrophe forment un riche background où adosser les folies présentes… Nous repartons dans le passé pour découvrir un certain M. Ambrose (« immortel » en grec, président de Rossum) dans le corps de Victor, présent également dans neuf autres.
26On voit aussi Adelle y apprendre son affectation dans une dollhouse, où elle vendra un : « corps anatomiquement parfait contre un forfait à 9 chiffres » ; l’esprit souhaité par le client demandeur est implanté dans la poupée… : « Tout sera légal dans un an », assure-t-on à la tenancière, qui ose s’opposer : « Je vous parlais des lois de l’humanité (…) Ce corps appartient à une autre âme ». Alors, Ambrose développe pour la première fois une sorte de manifeste idéologique post-humaniste :
« Il est temps de faire un choix : ou vous voulez faire partie de ceux qui subsistent, en intégrant l’éternelle arche de l’histoire, ou vous restez à bord d’un vaisseau qui vieillira, se décomposera et enrichira le sol. » (saison 1, ép. 13)
27Ambrose, quant à lui, est présent dans dix corps à la fois : ainsi, en cas de « casse » dans l’un de ces/ses corps, un autre est immédiatement disponible, sans aucun besoin de réparer le premier. Mais comme dans le film Mondwest18, les réactifs finissent par comprendre ce qui leur arrive, ou bien à recevoir, du staff scientifique, une aide inattendue ; finalement choqué par les violences répétées dont Sierra est la victime de la part de Nolan, Topher Brink prend une décision surprenante…
28Comme c’est la vraie Priya que Topher a réimplantée dans Sierra, elle va se venger en retrouvant son prédateur, Nolan, celui qui a payé pour qu’on la transforme définitivement en créature soumise et masochiste ; elle le provoque en lui parlant de Victor, qu’elle aime avec passion, ce qui met l’autre dans une fureur noire :
« C’est absurde. Je ne sais même pas comment on s’est connus. Je ne me souviens même pas d’un moment passé avec lui, mais l’amour que je ressens est d’une force inouïe. Je l’aime infiniment. »
29Ce lien a résisté à tous les lavages de cerveau, à toutes les tortures, et se maintient jusqu’à la fin. Il n’est pas entravé par les multi-personnalités implantées, sans doute en effet parce que ces « engagements » sont artificiels, de simples « locations » psychiques pour corps disponibles19.
30Enfin, nous partons en incursion dans la dollhouse de Washington, dans le laboratoire de Bennett, la « nerd » équivalent au docteur Topher. Devant Echo qu’elle s’apprête à effacer, Bennett rappelle à Caroline leur passé commun : « Caroline, tu m’avais promis de revenir… ». L’autre grande acmé de la série, l’épisode 10 de la saison 2 (The Attic) s’appuie sur imaginaire de la « relégation », puisqu’on ne « meurt » jamais – presque jamais – dans une dollhouse, mais on est remisé dans un caisson isobare et mis au « grenier ». C’est là que les poupées révoltées, ou les personnels indélicats, se retrouvent emprisonnés. Mais Echo simule (?) son décès sitôt branchée, et tue deux gardiens pour demander à un troisième où sont Victor et Sierra. Quand il lui dit qu’on utilise ici leurs vrais noms, elle répond « mon vrai nom est Echo », jetant le doute sur ses intentions et sur sa préservation mentale… Elle les libère, puis, presque aussitôt, assiste à leur mort. Car tout cela n’était qu’un cauchemar. Nous le comprenons par le contrechamp, qui montre Topher expliquer à Boyd le principe du grenier : présenter à ses captifs un problème insoluble, pour les torturer jusqu’à ce qu’ils croient parvenir à une solution. Les captifs du grenier, dopés par l’adrénaline de leurs pires cauchemars, servent ainsi de processeur humain au gigantesque ordinateur de Rossum. C’est pour cette raison qu’un certain Arcane (ou Clyde) tue ceux dont il visite les cerveaux : il veut affaiblir l’entreprise criminelle, même s’il lui faut pour cela sacrifier des innocents. Désormais les enjeux sont clairs : il faut sauver ce qui peut l’être !
31Echo migre alors dans le corps d’une petite fille, nouvelle « Caroline » dont le destin sera de tout recommencer, de reprendre le cours des choses là où le consortium Rossum, en la personne de son directeur criminel et psychopathe Clive Ambrose, a détruit les liens et les lieux de l’humain. L’enfant du miracle guide deux rebelles rencontrés à la frontière Canada-Nevada, à la recherche d’un refuge : ils manquent d’eau et d’essence, et sont attaqués par des « bouchers » (humanité dévoyée à la Mad Max, ou à la Walking Dead) ; pourtant, ils gardent confiance :
« Regarde autour de toi, petit Messie. La moitié du monde a été effacée et se fait étriper par l’autre moitié. Il ne reste qu’une poignée d’authentiques20, et tu n’en fais pas partie.
– On est perdu, on n’est pas disparu. »
32Ils se font capturer et amener à Neuropolis (ex-Tucson), en référence à Star Wars (étoile de la mort). C’est là que réside un « refuge », près de Tucson, où a été créé un vaccin « anti-implantation ». Enfin, après bien des errances, des combats à la Xénophon, l’humanité résiliente sera sauvée grâce au sacrifice de quelques-uns, exactement comme dans Les Tommyknockers et Les Langoliers, de Stephen King, ou dans Les 10021, autre série post-apocalyptique. Certes, il est trop tard pour Echo et Paul, qu’elle avait appris à aimer, et qui se fait tuer presque au dernier instant (Echo alors s’effondre : « Paul est mort et je suis seule, je serai toujours toute seule »), mais Topher finit par trouver la solution pour annuler l’effet de l’implantation universelle ; des rayons gamma qui ricocheront sur l’atmosphère, si l’artefact est déclenché manuellement en hauteur. Il décide alors de se sacrifier, puisque ce déclenchement anéantit, par sa puissance, celui qui se trouve à proximité… Chose qu’il sait parfaitement en fabriquant cette machine :
« Je ne veux plus causer davantage de souffrance. »
33Chacun des protagonistes marche ainsi sur son chemin de rédemption : Tony (ex Victor) brûle ses sauvegardes neuronales, devant Priya qui lui présente son fils T. (pour « Tony ») ; Alpha quitte la Dollhouse de peur de redevenir un tueur psychopathe (même si Echo n’y croit pas : « Il a évolué. Il continuera »). Et il revient à Adelle, l’ancienne maquerelle, de guider au dehors les réactifs (avec Zone et Echo-fillette) sauvegardés dans la dollhouse à l’extérieur – métaphore biblique de la bergère qui mène son troupeau vers la lumière : « Always the Shepherd ? » dit Echo… pendant que Topher, monté dans l’ex-bureau d’Adelle, installe son invention près du mur où sont affichées toutes les photos des disparus vues dans « Epitaph One » (dont Mellie-November), et déclenche l’onde meurtrière qui se propage instantanément sur le globe (le tuant évidemment au passage).
34De son côté, Alpha a laissé pour consigne de détruire toute la technologie présente dans la dollhouse, en commençant par le fameux fauteuil, mais il a juste laissé l’empreinte de Paul pour Caroline, qui se l’implante : ils sont ainsi réunis dans son esprit, jusqu’à la mort. Elle est enfin complète puisqu’elle a en elle celui qu’elle aime (renouant avec le mythe platonicien de l’amour parfait, et de l’androgyne reconstitué). Aussi le dernier plan montre voit-il Caroline, heureuse, retourner s’allonger dans sa couchette des commencements. La boucle est bouclée : l’hybridation violente et forcée a laissé place à la (con)fusion amoureuse de deux âmes. Le post-humanisme22 dysphorique, qui a prôné tout au long de la série une perfectibilité tellement biologisée qu’elle en est devenue invivable et détestable, régresse devant l’humanité « simple » d’une communion érotique réussie – au prix d’une disparition consentie. Les perdus, les perdants, même les morts trouvent une forme de consolation finale en se solidarisant dans l’apocalypse rédemptrice.
« I’m not her. My name is Echo. »
35Les liens qui unissent les diverses identités d’Echo ne seraient-ils pas le reflet constant des attachements que nous ressentons, nous, envers les personnages des séries ?
36C’est la richesse et l’importance de ce tissu sensible, de ces échos et de ses reconnaissances puissantes autant qu’inattendues, qui légitiment, d’une certaine façon, notre propre investissement dans l’empathie que nous éprouvons pour Echo et son périple post-apocalyptique, qui la mène au bord du néant – comme Buffy, l’autre grande héroïne charismatique de Joss Whedon dans la série éponyme, à la fin de la cinquième saison :
« Je me souviens de tout. Quelquefois, je suis quelqu’un d’autre et ensuite je reviens, mais je sens toujours l’autre, tous les autres. J’ai été beaucoup de personnes. Il m’arrive parfois de les entendre, toutes ces âmes, elles sont là. Je suis toutes ces âmes, mais aucune d’elles n’est moi. » (saison 2, ép. 1)
37En nous faisant solidaires de ce choix ultime, en nous rendant les derniers témoins de ce qui peut paraître un suicide déguisé, la série nous transforme nous aussi en l’écho de cette Echo, dont nous avons peu à peu perçu les choix désastreux, puis sublimes, à la mesure d’une héroïne dramatique qui laisserait partir l’humanité vers de nouveaux rivages, et demeurerait comme la sentinelle agonisante d’une aberration heureusement vaincue. La position transhumaniste d’une quasi virtualité « post-mortem » a montré à la fois sa séduction et ses limites ; la chair demeure, et les plus sophistiqués des artefacts ne parviennent pas à réparer l’esprit humain, une fois qu’on l’a fracturé et violenté.
Bibliographie
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[URL : http://www.jstor.org/stable/2776392]
Hacking Ian, Mad Travelers: Reflections on the Reality of Transient Mental Illnesses, Harvard University Press, 2002.
Jacot-Grapa Caroline, « Automates et marionnettes, l’humain à l’épreuve du mécanique », dans L’Automate Modèle Métaphore Machine Merveille, Aurelia Gaillard, Jean-Yves Goffi, Bernard Roukhomovsky et Sophie Roux (dir.), Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2013, p. 251-274.
Laugier Sandra et Allouche Sylvie (dir.), ISCC, Paris XIIIe, Institut des sciences de la communication du CNRS, 24 et 25 juin 2015.
Le Dévédec Nicolas « Corps et âme. Le transhumanisme, nouvel horizon biopolitique du capitalisme ? », L’Homme & la Société, 2018/2 (no 207).
Letourneux Matthieu, Fictions à la chaîne, littérature sérielle et culture médiatique, Paris, Seuil, 2017.
Maggiori Robert, « Techno parade : Luc Ferry analyse l’homme augmenté » [À propos de Luc Ferry, La révolution transhumaniste, Plon, 2016], Libération 14-15 mai 2016.
Annexe
Récapitulatif des pluri-identités des héros
Victor/Lubov/Anthony Ceccoli/Roger (uniquement dans son engagement de poupée auprès de Adelle DeWitt, alias Miss Lonely Hearts, alias Katherine) |
Sierra/Priya Tsetsang |
Whiskey/Dr Claire Saunders |
November/Mellie/Maddeline |
Alpha/Carl William Craft |
Echo/Caroline Farrel |
Topher/Victor (une fois, pour déléguer son moi dans un autre corps) |
© Isabelle-Rachel Casta
Notes de bas de page
1 Dollhouse est une série télévisée américaine en 26 épisodes (50 min – S. 1, 43 min – S. 2), créée par Joss Whedon et diffusée de 2009 à 2010 sur le réseau Fox.
2 Une maison de poupée (Et Dukkehjem) est une pièce de théâtre du dramaturge norvégien Henrik Ibsen, créée en 1879. Elle est inscrite au registre international « Mémoire du monde » de l’UNESCO.
3 L’alphabet phonétique de l’OTAN est le nom que l’on donne parfois à l’alphabet radio international qui a été normalisé par l’Union internationale des télécommunications.
4 M. Letourneux, Fictions à la chaîne, littérature sérielle et culture médiatique, p. 440.
5 A.I. Intelligence artificielle (Artificial Intelligence: A.I. ou simplement A.I.) est un film de science-fiction américain réalisé par Steven Spielberg et sorti en 2001, sur une idée de Stanley Kubrick. Il est adapté de la nouvelle de Brian Aldiss, Les Supertoys durent tout l’été (Supertoys Last All Summer Long).
6 Real Humans : 100 % humain (Äkta människor, « les véritables personnes ») est une série télévisée dramatique suédoise créée par Lars Lundström, réalisée par Harald Hamrell (en) et Levan Akin (sv), et diffusée depuis le 22 janvier 2012 sur la chaîne suédoise SVT1. Une deuxième saison a été diffusée du 1er décembre 2013 au 2 février 2014 sur SVT1.
7 Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Dans cette optique, les penseurs transhumanistes (comme Kim Eric Drexler qui, en 1986, publie Engines of Creation: The Coming Era of Nanotechnology) comptent sur les biotechnologies et sur d’autres techniques émergentes.
8 Le nom de la compagnie qui exploite les dollhouse, Rossum, est tiré de la pièce de théâtre de 1920 de Karel Čapek, dont le titre anglophone est Rossum’s Universal Robots.
9 Il est parfaitement loisible d’y lire une allusion à l’auteur science-fictionnel James Graham Ballard, plus connu sous la signature J. G. Ballard.
10 À l’arrivée de Boyd Langton, nouveau protecteur d’Echo, la confiance aveugle de la réactive en son protecteur est implantée selon un cérémonial technique impliquant l’usage de clé/récepteur ; toucher, regard, programmation neurolinguistique : « N’ayez crainte, tout ira bien. – Maintenant que vous êtes là ? – Vous me faites confiance ? – À la vie à la mort. »
11 M. Letourneux, Fictions à la chaîne, littérature sérielle et culture médiatique, p. 95.
12 C. Cristofari et M. J. Guitton, « L’aca-fan : aspects méthodologiques, éthiques et pratiques ».
13 R. Maggiori, « Techno parade : Luc Ferry analyse l’homme augmenté », p. 42.
14 Un nerd est, dans le domaine des stéréotypes de la culture populaire, une personne solitaire, passionnée, voire obnubilée par des sujets intellectuels abscons, peu attractifs, inapplicables ou fantasmatiques, et liés aux sciences (en général symboliques, comme les mathématiques, la physique ou la logique) et aux techniques – ou autres sujets inconnus aux yeux de tous. Apparu à la fin des années 1950 aux États-Unis, le terme est devenu plutôt péjoratif, à la différence de geek.
15 N. C. Ahl et B. Fau, Dictionnaire des séries télévisées, p. 299.
16 S. Laugier et S. Allouche, ISCC.
17 Ce violeur compulsif a fait passer Priya pour folle, avant de la cloîtrer dans la dollhouse pour assouvir ses fantasmes de séduction – se vengeant ainsi de ses refus réitérés, lorsqu’elle était encore une femme « normale », l’artiste reconnue et libre, Priya Tsetsang.
18 Mondwest (Westworld) est un film américain de science-fiction écrit et réalisé par Michael Crichton, sorti en 1973 ; à noter : la série Westworld (USA, dir. de Jonathan Nolan et Lisa Joy, produite par J. J. Abrams et Bryan Burk pour HBO, 2016-en production), infiniment plus complexe et plus violente, offre une déclinaison terrifiante du même opus.
19 Split, le film de Shyamalan, montrait en revanche l’histoire d’une personnalité fracturée en 24 imagos, avec bien sûr tous les doutes que cette « revendication » peut susciter au niveau juridique. On se souviendra encore du thriller Peur primale (Primal Fear) réalisé par Gregory Hoblit (1996) : là, on avait la démonstration que ces allégations de pluri-personnalités étaient en fait une ruse pour échapper au châtiment…
20 Ainsi sont désignés les quelques humains qui n’ont pas subi d’imprégnation forcée, ou qui sont revenus à leur personnalité de départ.
21 Les 100 (The 100) est une série télévisée américaine post-apocalyptique, imaginée par Alloy Entertainment et développée en parallèle au roman éponyme de Kass Morgan par Jason Rothenberg, diffusée depuis le 19 mars 2014 sur le réseau The CW.
22 On pensera par exemple aux travaux de Nicolas Le Dévédec.
Auteur
Professeur émérite à l’université d’Artois, Arras, Laboratoire textes et cultures
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Signes et communication dans les civilisations de la parole
Olivier Buchsenschutz, Christian Jeunesse, Claude Mordant et al. (dir.)
2016