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Les acteurs du développement des réseaux

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Christiane Demeulenaere-Douyère

Les réseaux d’André Ruplinger, normalien (1908-1914)

Françoise Bayard

Résumé

André Ruplinger est né à Lyon le 14 juillet 1889, fils de Jean Ruplinger, Lorrain venu s’installer à Lyon après 1870 et professeur d’allemand au lycée de la ville. Après ses études secondaires, il intègre l’École normale supérieure (Ulm) en 1908, passe l’année 1909 à Mâcon dans l’armée, soutient son mémoire de maîtrise sur Charles Bordes sous la direction de Gustave Lanson en 1911, mais échoue à l’agrégation. Il fait sa deuxième année de service militaire à Clermont-Ferrand en 1913-1914. Il meurt le 20 août 1914 lors de la bataille de Lorraine. Durant ces six années d’absence de Lyon, il écrit toutes les semaines à sa famille, qui conserve ses lettres et lui répond. Cette double correspondance, inégale en nombre, permet de reconstituer les triples réseaux d’André : familiaux, amicaux et intellectuels, des réseaux qui lui permettent de s’intégrer à la vie mondaine, politique et sociale de Paris et de trouver les appuis nécessaires à la conduite de son travail.

Texte intégral

  • 1 Il figure à ce titre dans la base des « Morts pour la France » du site internet Mémoire des hommes (...)

1André Ruplinger (fig. 1) est né à Lyon le 14 juillet 1889, de Jean Ruplinger, Lorrain installé à Lyon après 1870 et professeur d’allemand au lycée de la ville, et d’Adélaïde Pascalin. Après ses études secondaires, il intègre l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (Paris) dans la section Lettres en 1908. Comme la loi Berteaux le permet, il choisit de faire une première année de service militaire avant d’entrer à l’École : d’octobre 1908 à septembre 1909, il séjourne à Mâcon, au 134e régiment d’infanterie. Il passe ensuite trois ans à l’École, effectuant, après la licence, un diplôme d’études supérieures (DES) sur Charles Bordes, sous la direction de Gustave Lanson, mais échouant à l’agrégation, tout en recevant une instruction militaire le préparant au grade de sous-lieutenant de réserve. Il fait alors sa deuxième année de service à partir d’octobre 1913, à Clermont-Ferrand, au sein du 92e régiment d’infanterie, et est admissible à l’agrégation en juillet 1914. Son régiment participe à la bataille de Lorraine, lors de laquelle il est tué le 20 août 1914, à Brouderdorff, en Moselle1.

Fig. 1. – André Ruplinger. Portrait au bal de l’École normale supérieure (1913). Archives familiales.

Fig. 1. – André Ruplinger. Portrait au bal de l’École normale supérieure (1913). Archives familiales.
  • 2 Je remercie Mmes Odette Latreille et Noëlle Bourgerie de m’avoir signalé cette correspondance et de (...)
  • 3 Les sources exclusives de cette communication étant la correspondance non cotée d’André et de sa fa (...)

2Durant ces six années d’absence de Lyon, il écrit toutes les semaines à sa famille, qui conserve ses lettres et lui répond. Cette double correspondance2 de cent soixante-cinq missives – cent trois rédigées par André, cinquante-six par des membres de sa famille ou des amis, six reçues par la famille – permet de reconstituer, sans prétendre à l’exhaustivité, les réseaux d’André, d’en mesurer l’importance dans sa vie quotidienne et lors de deux moments forts de sa vie3.

Trois réseaux

Famille

3André est au cœur de trois réseaux : sa famille, ses amis, ses relations intellectuelles. Sans doute la place de la famille est-elle amplifiée par le type de courrier dont on dispose : elle en est la destinataire. Toutefois, André raconte par le menu ce qu’il fait, ce qui peut rétablir, au moins partiellement, un relatif équilibre entre ce premier réseau et les deux autres.

4C’est essentiellement à ses parents et à ses frères et sœurs qu’il s’adresse (fig. 2). Ils habitent ensemble à Lyon, 12, rue Molière et, à partir de 1913, 2, rue Pierre-Corneille (3e arrondissement). L’été se passe à Neuville-sur-Saône, dans une propriété léguée en 1901 par Madeleine Chevelu, épouse Villard, d’origine neuvilloise, à sa nièce et filleule Adélaïde Pascalin. Sa mère, née en 1862, est décédée en 1907 ; il n’a pu lui écrire que deux lettres. Il a envoyé quarante-quatre missives à son père, quatorze à sa sœur Marie-Louise qui fait office de mère de famille jusqu’à son entrée au Carmel de Fourvière en 1912, dix-sept à sa sœur Eugénie qui prend le relais de la précédente, treize à son frère Pierre, huit à son frère Henri, trois à sa sœur et filleule Suzanne. Deux autres lettres sont envoyées à ses sœurs sans plus de précisions. Vingt messages adressés par son père ont été retrouvés, de même que neuf rédigés par Eugénie, cinq par Pierre, quatre par Marie-Louise, trois par Henri et un par Suzanne. La figure du père est prégnante. Cependant, les lettres d’André étaient lues en famille et chaque membre lui écrivait à tour de rôle.

Fig. 2. – Famille d’André Ruplinger. Généalogie. Sources familiales.

Fig. 2. – Famille d’André Ruplinger. Généalogie. Sources familiales.

5Au-delà de ce premier cercle, André demande et reçoit des nouvelles des membres lyonnais de sa famille élargie. Du côté de son père, seule une sœur, « tante Suzanne », épouse Pichon, habite à Lyon. Son fils Henri a sensiblement le même âge qu’André puisqu’il effectue son service militaire à Belfort à partir d’octobre 1908 (18 novembre 1908) (fig. 3).

Fig. 3. – Famille de Jean Ruplinger (père d’André). Généalogie. Sources familiales.

Fig. 3. – Famille de Jean Ruplinger (père d’André). Généalogie. Sources familiales.

6En revanche, le père et les frères et sœurs de sa mère sont très souvent cités (fig. 4).

Fig. 4. – Famille d’Adélaïde Pascalin (mère d’André). Généalogie. Sources familiales (Odette Latreille et Noëlle Bourgerie).

Fig. 4. – Famille d’Adélaïde Pascalin (mère d’André). Généalogie. Sources familiales (Odette Latreille et Noëlle Bourgerie).

7Jean-Baptiste Pascalin, né à Lyon en 1831, a vécu à Marseille où Jean Ruplinger a épousé sa fille Adélaïde. Il est veuf depuis 1867 et vit, dans la période considérée, chez les Ruplinger ; il y meurt en 1911. Trois de ses enfants apparaissent dans la correspondance. Marie-Madeleine, religieuse visitandine à Marseille, écrit à son beau-frère au sujet de la vocation de Marie-Louise (22 novembre 1909). Joseph-Victor Pascalin, dit Tontaine (9 octobre 1908), s’est uni à « tante Adrienne » et ils ont des filles de l’âge de Suzanne (30 juillet 1909), habitent rue Sala (14 décembre 1913) et possèdent une maison de campagne à Francheville, dans la proche banlieue lyonnaise (27 mai 1909). Eugénie, dite Ninie, s’est mariée avec Eugène Beau ; ils ont un fils, Barthélemy, dit Thimy, habitent Écully (13 décembre 1908) puis font construire une maison (27 mai 1909) rue Coudée (actuelle rue Philippe-Gonnard) dans le 1er arrondissement de Lyon. Il est aussi question des Corcelette (14 avril 1910), de Charles Rey-Mury (13 septembre 1908) et du petit Joseph Carnet (16 mai 1909) que l’avis de décès de Jean-Baptiste Pascalin mentionne comme neveux et petits-neveux, donc issus de frères et sœurs du défunt.

8À Paris, André rencontre un de ses cousins germains, Pierre Sommen, fils de Catherine, sœur de son père, établie à Flasdorf, en Lorraine (10 février 1910) ; dans les lettres, elle apparaît avec son mari et ses fils, Eugène Trieux (sans doute né d’un premier mariage), Pierre et Jean-Pierre Sommen (1er novembre 1912). Surtout, il découvre des membres de sa famille maternelle qu’il ne connaissait pas, bien que des courriers soient échangés : Mme Villard « s’est plainte de ne pas avoir encore de réponse à la lettre qu’elle a adressée dernièrement à Lyon » (octobre 1909 ?). Ainsi Mme Bertin offre-t-elle à André « une jolie paire de boutons de manchettes en souvenir de sa première visite » et André réclame-t-il « qu’on [le] renseigne sur la généalogie Villard, sur ses branches et entrecroisements de branches, toutes choses qui pour [lui] sont encore fort obscures » (octobre 1909 ?).

9Deux familles le reçoivent : les Bertin et les Villard, la grand-mère maternelle d’André étant Marie-Louise Bertin, fille de Frédéric Bertin et de Louise Villard. André se rend chez Mme Antonine Bertin qui habite boulevard Pereire (17e arrondissement de Paris) et l’appelle « tante » (19 juin 1910). Il fréquente aussi la « cousine Thérèse », épouse de Georges Davaut, qui habitent rue Lacuée dans le 12e arrondissement (17 février 1910), ont deux filles, Solange et Geneviève (20 janvier 1909) et un garçon, Henri (30 novembre 1912). Il y rencontre la sœur de la cousine Thérèse et son mari, pharmacien, et sa mère. Les Paquette sont également des cousins, Lazarine, tante de Georges, s’étant unie à M. Paquette dont elle a eu deux fils, Gabriel et Joseph (commandant puis lieutenant-colonel, 26 juin 1913).

  • 4 Antoine Villard (Mâcon, 1867-Paris, 1934) a fait des études d’architecture à l’École des beaux-arts (...)

10Du côté Villard, André va chez Hélène Villard qui réside rue de Picpus (12e arrondissement) ; elle a une fille, Céline, mariée à un chanteur, M. de Witt (octobre 1909 ?), et deux fils, Marc, marié, habitant avenue de Saint-Mandé (12e arrondissement) (2 juin 1910), et Antoine, « peintre paysagiste et de quartiers citadins4 » (23 décembre 1909). Elle a aussi une belle-sœur à Paris, Marie (octobre 1909 ?). Il va une fois (décembre 1909) chez Mme Bloetschke, également citée dans l’avis de décès de Jean-Baptiste Pascalin au titre d’alliée.

11Une autre branche de la famille Villard est établie à Lyon et a des relations suivies avec les Ruplinger, dont ils sont de lointains cousins : Jeanne Faujas, fille de Jenny Villard et de M. Faujas, ayant épousé Émile Jullien, professeur à l’université de Lyon, dont elle a eu trois enfants, Joseph, mort en bas âge, Victor, malade (12 octobre 1913), et Charlotte, amie de Marie-Louise et d’Eugénie, qui finit par s’installer chez les Ruplinger. Ils habitent Saint-Germain-au-Mont-d’Or, près de Neuville.

12Un autre cousin, le commandant Marion, réside à Belfort où il a pris sa retraite de major d’infanterie : la mère de Jean Ruplinger étant Suzanne Marion, il est, selon toute vraisemblance, le fils d’un frère de Suzanne, donc un cousin germain de Jean. Ils font d’ailleurs allusion à leur jeunesse commune (25 octobre 1913).

Amis

13À côté de cette famille, André a de nombreux amis apparus au fil des ans. Georges Chaurand est son « vieil ami d’enfance, [son] presque frère » (26 mars 1914). Il a connu Rank et Baptist Sewert durant un séjour estival à Munich (11 août 1909) où il habitait avec Baron (21 août 1908). De ses années de lycée, il a gardé des contacts avec Icard (septembre 1908, juillet 1910), Cornet-Auquier (19 juillet 1908), Cuzin (2 décembre 1909), Édouard (décembre 1908).

  • 5 Paul Tuffrau (1887-1973), qui fut blessé plusieurs fois pendant la Première Guerre mondiale, devint (...)
  • 6 Henri Morel (1889-1944) a été huit mois en captivité en Allemagne. À son retour, il s’est engagé da (...)

14De la khâgne, à laquelle il est très attaché, jusqu’à lui sacrifier quelques jours de vacances (9 juin 1909), sont cités Flandrin, admissible ayant abandonné (23 juillet 1908), Guilland et Ricaud, qui ont échoué (19 juillet 1908), et Zust, auquel il veut envoyer la liste des admissibles (23 juin 1910). Ce sont cependant les normaliens qui apparaissent le plus souvent : Charles Baux, Beuclerc, Lacoste, Immarigeon, khâgneux lyonnais, qui ont intégré la première année et sont « cothurnes » (14 novembre 1908) ; Béra, Delpy, Dubled, Morel qui sont ses « cothurnes » à partir de 1909 (2 décembre 1909). Il travaille avec Gauthier (26 juin 1913) et Houssay (6 décembre 1912), fréquente André Arnould, Rousselet (6 novembre 1912), Tuffrau5 (octobre 1910 ?) et Mathenet, major de la promotion (février 1910). De sa première année de service militaire sont nommés Boulay (24 avril 1909), Flamens (25 octobre 1908) et Salé, saint-cyrien (24 avril 1909). Parmi tous ses amis, Morel, « un vrai pays », reste, « de tout ce petit groupe que nous formons à cinq ou six, le préféré » (octobre 19106). André est très fidèle à ses amis et va leur rendre visite, ainsi à Tuffrau, installé à Vendôme après sa réussite à l’agrégation et son mariage (18 janvier 1913). Ils le lui rendent bien : Coronel, désormais professeur à Nice, vient lui présenter ses vœux entre deux trains (1er janvier 1914).

  • 7 En 1865, J. Chaubert assure la gestion de la manufacture d’allumettes Caussemille Jeune et Cie, fon (...)
  • 8 À l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, il publie L’industrie des allumettes en Algérie ( (...)
  • 9 Bottin mondain, 1924.
  • 10 Depuis le 5 février 1884. Mme Chaubet est décédée à Paris en 1931.
  • 11 Licencié en droit, il devint industriel et habitait 14, rue d’Anjou (Paris 8e) en 1924.

15Nombre des amis d’André deviennent ceux de la famille – « Ton ami Mouy prend la douce habitude de venir nous trouver à la maison », écrit Eugénie (Noël 1913) – en rejoignant d’autres plus anciens. MM. Deshaires (1er, 19, 20 mai 1909), Garin (16 septembre 1909), Griveaux (13 décembre 1908), Poujade (30 juillet 1909), Rougier (29 juillet 1914), les familles Gignoux (30 juillet 1909) et Schirk (6 juin 1909) sont lyonnais. M. Moulanges et Mme Grabinska (avril-mai 1911) habitent Neuville. M. Chardigny réside à Mâcon. Berthe Guedeney vient de Dijon (16 septembre 1909), alors que Léon Guedeney réside au Sénégal (1910). Parmi eux prédominent la famille Chaubet, installée à Paris, 39, rue du général Foy (8e arrondissement), et M. Rampal, de Marseille. Jules Chaubet est industriel7 et voyage beaucoup : en 1909, il revient de Gand où il a présidé la réception du ministre de France et se rend à Milan (2 décembre 1909) ; en mars 1910, il part deux mois en Algérie (17 mars 19108) ; en juin de la même année, il est en Grande-Bretagne (16 juin 1910). Il est officier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique, officier du Mérite agricole et grand officier de deux autres décorations françaises ou étrangères9. Il est marié10 et a deux enfants, Marthe et Jacques11, sensiblement de l’âge de Marie-Louise et d’André.

16Auguste Rampal est né à Marseille en 1863 ; il est le fils de Louis (1824-1890), docteur en médecine, professeur d’anatomie à l’École de médecine hygiéniste et médecine légale. Comme son père, il a été élu le 16 mars 1911 au premier fauteuil et a été trésorier de l’académie de Marseille de 1916 à sa mort (12 juin 1937). Dans la période considérée, il a écrit des ouvrages sur La condition de l’enfant dans le droit public ancien et moderne (Impr. marseillaise, 1896), Le patronage des libérés : notes sur le congrès de patronage de Lille et d’Anvers (C. et A. Latil, 1898) et Une relation inédite du voyage en Barbarie du médecin naturaliste marseillais Peyssonnel (Impr. nationale, 1908). Il est vraisemblable que ces amis, liés entre eux (Mme Chaubet est née Rampal-Caussemille et habitait Marseille, 15, rue de l’Arsenal, lors de son mariage) proviennent de l’installation des Pascalin à Marseille puisqu’ils fréquentent autant les Beau que les Ruplinger (Noël 1913, 29 juillet 1914).

Relations intellectuelles

  • 12 Marius-François-Pierre Roustan, dit Mario (1870-1942), agrégé de lettres, a été nommé au lycée de L (...)
  • 13 Camille Latreille (1870-1927), agrégé, docteur ès lettres, devint par la suite professeur à l’unive (...)

17Le troisième réseau d’André, formé en trois temps, est intellectuel. Du lycée proviennent Endres et Mathelin, assistant et professeur d’allemand (13 septembre 1908), Mongin, professeur de latin (27 mai 1909), Cresson, professeur de philosophie (12 novembre 1908), Gruber, Roustan12 et Buche, professeurs de lettres (février 1910, 4 septembre 1908, 23 février 1910) comme l’est Camille Latreille13, souvent cité. Ce sont aussi les collègues de son père. De l’École normale émergent, outre ses amis avec lesquels nombre d’échanges sont d’ordre intellectuel (1er janvier 1911, lettre de Tuffrau), le directeur Ernest Lavisse (novembre 1909, 4 mai 1910) et le vice-directeur Tannery qui décède en octobre 1910. Sont également nommés les professeurs de la Sorbonne dont il suit les cours ou qu’il rencontre au bal de l’École normale : MM. Bourguet, professeur de grec (octobre 1909), Cazamian, professeur d’anglais (19 décembre 1909), Courbaud, professeur de grec (18 novembre 1909), Durant, professeur de latin (novembre 1909), Martinenches, professeur d’espagnol (19 décembre 1909). D’autres sont décrits de manière très subjective :

« [Brunot] nous explique la chanson de Roland et à propos de chaque mot nous fait un cours de phonétique : il n’a expliqué que trois mots en deux leçons ; j’espère cependant qu’il arrivera au bout du programme : il est d’ailleurs intéressant. […] [Chamard, professeur de littérature française] nous entretient avec non moins de succès de Chénier ; nous serons bientôt obligés de nous asseoir sur sa table. Pourtant, érudition mise à part, avec quelque peu d’entraînement, le premier venu d’entre nous en ferait autant » (18 novembre 1909).

  • 14 L’ancienne maîtresse de Félix Faure (1869-1954) est alors accusée du meurtre de son mari et de sa m (...)

18Fougère, professeur de grec, « amateur, fait intervenir les Apaches et Mme Steinheil14 dans ses leçons sur Démosthène ». Michaud, professeur de littérature française, « nous a fait une explication de Guez de Balzac qui n’aurait pas eu 8 à l’examen de Normale. C’est se moquer du monde ». Reynier, professeur de littérature française, « lequel disserte sur L’École des femmes est fort applaudi des petites demoiselles de toutes nationalités toujours prêtes à rire des traits d’esprit qu’il ne fait pas ». Mario Roques, professeur de littérature romane, est « un Méridional fort en train qui a trop de succès malheureusement auprès des étrangers et étrangères ; peste de ses cours ». Il en apprécie deux : le professeur de grec, Puech, « le plus sérieux et le plus consciencieux des cours que je suis » (25 novembre 1909), et le professeur de littérature, Gustave Lanson :

« Le maître Lanson explique à son cours de licence Le Neveu de Rameau. Ses explications sont tout simplement des chefs-d’œuvre. Sa réputation de critique à l’allemande est fausse. Il a toute la précision d’un Allemand mais avec cela l’intelligence d’un Français. Rien de plus frappant que de constater ce qu’il fait sortir d’un texte. » (octobre 1909 ?)

  • 15 Peut-être Georges, historien et économiste, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris (1 (...)
  • 16 Daniel Mornet (1878-1954) a été doyen de la faculté des lettres, président de la Société d’histoire (...)
  • 17 Sans doute Édouard, philosophe et mathématicien (1870-1954), déjà auteur de Dogme et critique (Blou (...)
  • 18 Alfred ou Maurice, frères, tous deux hellénistes, auteurs conjoints de l’Histoire de la littérature (...)
  • 19 André Pératé (1862-1947) est alors conservateur adjoint au musée de Versailles depuis 1893. Il a dé (...)
  • 20 Pierre de Nolhac (1859-1936) est alors conservateur en chef de Versailles depuis 1892. En 1907, il (...)
  • 21 Écrivain (1862-1924) qui a publié Jean-Jacques Rousseau et ses amies (Chailley, 1896).
  • 22 Philosophe (1832-1918), auteur du Fondement de l’induction (Ladrange, 1871), il a enseigné à l’Écol (...)
  • 23 Bernard Marcotte (1887-1927) était diplômé de philosophie. Rédacteur en chef au ministère des Trava (...)

19Des personnalités parisiennes forment la troisième strate. André va assister à la conférence de M. Blondel15 sur le problème social (28 avril 1910), à deux conférences de Marc Sangnier, le fondateur du mouvement social et religieux du Sillon, avant sa condamnation d’août 1910 (23 février, 3 mars 1910), à une autre de Daniel Mornet, « célèbre lansonien16 » (18 novembre 1911), à un débat contradictoire entre Leroy17 et Croiset18 (20 janvier 1910). Il rend visite à André Pératé19 (10 et 17 mars 1910), à Pierre de Nolhac20 (2 juin 1910), à Léo Claretie21 (janvier 1910) et à Jules Lachelier22 (20 janvier 1910). Il assiste à la soutenance des thèses de Couard (janvier 1910) et de Gaiffe (8 avril 1910). Il se lie d’amitié avec un poète, Marcotte23 (20 octobre 1911).

20Ce réseau intellectuel parisien complète celui, lyonnais, de son père : l’archiviste de la ville et du département Georges Guigue (1861-1926) (23 février, 3 mars 1910), le professeur Coville de l’université de Lyon (27 juillet 1914), le bibliophile Francisque Bréghot Du Lut (1850-1925), archiviste des hospices civils de Lyon, membre de la Société historique et littéraire de Lyon de 1885 à 1893 et héritier de son grand-père, Claude Bréghot Du Lut, qui écrivit le Catalogue des Lyonnais dignes de mémoire avec son cousin Antoine Péricaud (Techener, 1839).

21Ces trois réseaux d’ampleurs très inégales ont chacun leur histoire. Le plus ancien est évidemment le plus fourni et celui auquel André est le plus attaché. Au-delà, cependant, des liens du sang, les rapports amicaux et les liaisons intellectuelles qu’on ne peut qu’entrapercevoir ont aussi été importants. Ils lui ont ouvert bien des portes et bien des perspectives.

De l’utilité des réseaux d’André

22Grâce à ces réseaux, André est rarement seul et en terre inconnue. D’ailleurs, rentré trop tôt à l’École en 1911, « il s’ennuie » (11 octobre 1911). Lors des vacances 1908, à Munich, il partage une chambre avec son camarade Baron. Ensemble, ils visitent la Nouvelle Pinacothèque, se rendent au café Luitpold où ils retrouvent M. Endres, M. Mathelin, sans doute professeur à Lyon, « M. Vernet, lecteur à l’université de Wurtzbourg, Mme Sarreté, munichoise mariée à un Français et directrice d’un institut privé très chic de la Ludwigstrasse, et une charmante demoiselle d’origine romaine » (13 septembre 1908). À Mâcon, il va dîner chez M. Chardigny (11 décembre 1908, 11 juillet 1909) ou lui rend visite (14 juin 1909). À l’École normale, il côtoie ses « cothurnes » et travaille le latin avec Gauthier et Houssay et le grec avec Morel. Le dimanche, il se rend chez certains membres ou amis de sa famille, comme Mme Bloetschke (décembre 1909), Mme Davault (janvier 1910), Mme Bertin (30 juin 1910), M. Chaubet (18 novembre 1909). Le plus souvent, il est invité à déjeuner – chez Mme Villard en octobre 1909, chez Mme Davault en octobre 1911 – ou à dîner – chez les Chaubet très régulièrement, chez Mme Villard en mai 1910, chez les Davault en juin 1910.

23Après le déjeuner, c’est avec Jacques Chaubet qu’il visite le Sacré-Cœur (2 décembre 1909), le musée Victor-Hugo (23 février 1910), le château de Versailles (2 juin 1910) ; Pierre Sommen l’accompagne au Louvre (25 novembre 1909). Après le dîner, on fait de la musique – chez Mme Villard le 19 février 1909, chez les Chaubet en janvier 1910 ; on chante – le 20 janvier 1910, Mme Chaubet lui fait chanter dans le salon les couplets qu’il a composés sur Michaud pour la revue de l’École ; on discute – sur « les effets de l’amour dans le cœur féminin » chez les Villard le 26 mai 1910 – ou les trois à la fois – le 2 juin 1910, chez Mme Marc Villard.

  • 24 A. Ruplinger, Charles Bordes, membre de l’Académie de Lyon (1711-1781), p. V.

24C’est encore en compagnie qu’André participe à la répétition générale de la Messe en si mineur de Bach (avec Marthe et Jacques Chaubet, 10 février 1910), qu’il entend l’orchestre Lamoureux (avec André Arnould, octobre 1910), Falstaff de Verdi (avec Morel, 10 juin 1910), qu’il assiste aux représentations de Phèdre à l’Odéon (avec Jacques Chaubet, 20 janvier 1910), de Chantecler (avec Morel et sa mère, 10 février 1910), de Faust à l’Odéon (avec Arnould, 11 janvier 1913), qu’il se rend à des réunions philosophiques avec Jacques Chaubet (octobre 1909, 19 juin 1910) ou politiques (avec Arnould, Houssay et autres, 15 mai 1913) et qu’il passe une soirée en tête-à-tête avec Pierre Sommen (10 mars 1910). S’il prend des leçons de danse, d’équitation et d’armes, c’est avec Jacques Chaubet (23 février 1910), et des leçons de violon, c’est avec Arnould (16 mars 1911). C’est encore avec un ami de l’École normale qu’il visite les villes d’art, Reims, Rouen, Chartres, et les châteaux de la Loire24. Quand il effectue son service militaire, il n’a qu’une hâte, revenir à Lyon auprès de son père et de ses frères et sœurs. Une fois, Morel vient passer deux jours avec lui à Clermont-Ferrand. Il passe ses vacances chez Mme Chaubet, avec ses enfants et Marie-Louise, à la villa Bon Accueil, à Saint-Gervais, en août 1908, chez M. Rampal à Marseille (24 juin 1909), à Neuville avec toute sa famille ou en Lorraine auprès de sa famille paternelle.

25Ces réseaux le mettent en relation avec des milieux différents. Les premiers membres de sa famille contactés lui en font connaître d’autres : Gabriel Paquette l’invite « à manger en compagnie de son frère, de sa femme née Petit de Julleville et [de] Mme Tiret » (15 février 1913) ; Hélène Villard le conduit chez sa belle-sœur, Mme Marie, et chez Mme Marc, sa nièce et sa bru ; elle l’invite à dîner « pour faire la connaissance de Céline, sa fille de passage à Paris » (octobre 1909) ; il rencontre ses fils, Marc et Antoine (23 décembre 1909) dont il va visiter l’atelier (6 et 13 janvier 1910) et voir l’exposition des œuvres (4 mai 1910). On lui fait également connaître des amis : Mme Bertin « lui envoie un billet d’entrée à la conférence de Blondel » (28 avril 1910) et l’invite à déjeuner avec sa famille (14 mai 1910) pour le mois suivant (19 juin 1910). Chez Thérèse et Georges Davault, il côtoie, outre la mère et la sœur de Mme Davault, le mari de cette dernière, pharmacien, la famille Philippon, Mlle Madeleine, amie d’enfance de sa cousine, « qui m’a l’air de directrice de cours », un monsieur, parent de la famille, professeur d’histoire « avec lequel [il] fait très ample connaissance » (25 novembre 1909), et M. Tabournel, un cousin (février 1910). Les Chaubet l’invitent avec M. Guirand (octobre 1909, 2 et 19 décembre 1909), un ingénieur chimiste aux Gobelins rencontré à Saint-Gervais (2 décembre 1909), M. Dumont, élève de Centrale, Laîné, externe des hôpitaux, Dechamp, qui sort du régiment (20 janvier 1910), M. Bonnet, un camarade de Jacques (janvier 1910), M. et Mlle Durnerin, amis de Jacques et de Marthe (3 mars 1910), leur cousin Georges Perraud (4 mars 1912), qui lui a servi de chauffeur quand il était chez M. Rampal (30 juillet 1909), et Jean de Lanier, le fils d’un sénateur belge (15 février 1913). Mme Chaubet le conduit à Versailles chez Pératé et envisage de le faire assister à une séance de l’Académie ; l’ensemble de la famille l’emmène chez le commandant Giraudet (19 décembre 1909).

  • 25 Ibid.

26Ces connaissances lui ouvrent de nouvelles portes car les réseaux nourrissent les réseaux. M. Blondel l’invite (26 mai 1910). Il rend « visite à madame à son jour de réception » (16 juin 1910) et « assiste en spectateur à une soirée où on bridgeait et causait » (20 février 1911). M. Tabournel « compte le présenter à M. de Nolhac » (février 1910). Après la conférence de Mornet, « une dame amie de cousine Thérèse m’a présenté à lui » (18 novembre 1911). Pératé l’invite à déjeuner au château de Versailles, qu’il lui fait visiter ensuite « dans les recoins » (10 et 17 mars 1910) ; il lui rend plus tard visite (2 juin 1910). Comme l’écrit son père, il avait profité de son séjour à Paris « pour élargir son horizon en tous sens25 ».

27Déjà utiles dans la vie quotidienne, ces réseaux le sont particulièrement en cas de grandes difficultés.

Deux temps forts de l’utilisation des réseaux

28De manière générale, la famille Ruplinger ne refuse pas de rendre service : Jean Ruplinger répond aux demandes formulées auprès de son fils pour une consultation médicale du sergent-major à Lyon et pour une pension en Allemagne pour son lieutenant (14 décembre 1913). Elle en attend parfois des compensations, par exemple après avoir traduit pour son fils un texte en allemand confié par le colonel :

« J’espère bien qu’après avoir livré ta traduction et les explications dont tu l’accompagneras, tu vas passer aux yeux émerveillés de ton colonel pour un monsieur très trapu et il n’osera pas te refuser un congé un peu prolongé pour Noël, le jour de l’An, les Rois, etc. Il te devra, il nous devra bien ça. » (15 décembre 1913)

29Elle ne dédaigne pas non plus de solliciter quelqu’un pour aider un de ses membres ou de ses amis. Ainsi André parle-t-il à son père du cas Flamens, un camarade de la caserne de Mâcon, qui veut passer dans l’active :

« Il serait heureux d’être recommandé par quelqu’un, M. le major Beau par exemple. Si vous pouviez faire quelque chose dans ce sens le plus tôt possible, faites-le je vous prie. » (25 novembre 1908)

30C’est le lieutenant-colonel Paquette qui, sur une carte du Conseil supérieur de la guerre, avertit André de son affectation à Clermont-Ferrand (1er octobre 1913). Quand Pierre part au service militaire, les commandants Paquette (19 juin 1913) et Marion (25 octobre 1913) sont sollicités. Lorsqu’il est soigné à l’infirmerie de la caserne d’Annecy, Charlotte Jullien, « dont une amie connaît un major de Desgenettes », tente vainement de le faire revenir à Lyon (10 décembre 1913) ; mais c’est son père qui va négocier, avec succès, à l’hôpital d’Annecy où il a été transféré, son retour chez lui (14 décembre 1913). Lorsqu’il veut être versé dans l’auxiliaire, André, « qui est du bâtiment », est interrogé et chargé d’intervenir auprès du cousin Paquette (24 février 1914). Quand il est atteint des oreillons et dépressif, ses sœurs ne cessent de lui écrire et Mme Chaubet veut louer une maison à Annecy et inviter la famille pour qu’elle le voie (22 mai 1914).

31Au-delà de ces services ponctuels, deux moments de la vie d’André montrent l’importance de la recherche de soutiens et surtout leur cheminement : son admissibilité à l’agrégation et l’élaboration de son diplôme d’études supérieures. L’admissibilité inattendue d’André à l’agrégation, alors qu’il est en service à Clermont-Ferrand, mobilise son père qui parle du problème à la famille Beau, aux Chaubet et à tous ses amis :

« Ils sont tous d’avis comme M. Rougier que j’ai vu aussi (tout le monde sait que tu es admissible par le journal) qu’il serait souverainement injuste que tu sois frustré du bénéfice de ton admissibilité. Le Dr Rougier aurait voulu que je télégraphie au ministre de la Guerre et au ministre de l’Instruction publique pour leur exposer le cas et réclamer ton droit. En cas de refus de la part de ces autorités, dit-il, vous auriez recours au Conseil d’État qui vous donnerait sûrement gain de cause ».

32Il a écrit « au cousin Paquette pour lui demander s’il n’y aurait rien à faire car enfin, il n’y a pas encore mobilisation et l’on pourrait bien [lui] accorder huit jours pour [son] oral ». Il est prêt à faire intervenir des hommes politiques ou des administrateurs.

  • 26 Jean-Victor Augagneur (1855-1931), professeur à la faculté de médecine de Lyon, a été conseiller mu (...)

33« Si tu le veux, j’écrirai pour toi à Augagneur26 ou à Coville […], nouveau directeur de l’Enseignement secondaire. Il a été professeur à la faculté de Lyon ; nous avons été ensemble plusieurs fois du même jury de baccalauréat moderne. On pourrait au besoin le lui rappeler si cela devait t’être utile » (27 juillet 1914).

34Il cite plusieurs personnes qu’André doit à toute force consulter :

« Si tu ne l’as pas encore fait, remue-toi et défends-toi. Écris à Puech [professeur à la Sorbonne et président du jury]. […] En ce cas te permettrait-on de passer l’oral un peu plus tard vers le 20 août puisque les examens durent généralement jusque vers cette époque. Le cas sans doute ne s’est pas encore présenté et Puech a dû s’en préoccuper. […] En tous cas l’administration universitaire se doit à elle-même de sauvegarder tes droits. Tu as conquis, et dans quelles conditions difficiles, ton admissibilité. Si tu es dans l’impossibilité de passer l’oral à cause des circonstances, il faudrait au moins que l’admissibilité te reste acquise pour l’an prochain. […] Écris à M. Hémon ; consulte M. Pineau [ami de la famille, recteur de l’académie de Clermont-Ferrand depuis mai 1914] » (29 juillet 1914).

35Les événements s’étant précipités, André ne put participer aux épreuves orales. C’est cependant l’élaboration du diplôme d’études supérieures d’André qui mobilise le plus vaste réseau. André s’en préoccupe dès février 1910, alors qu’il est en licence. Il a quelques hésitations : « Si j’hésite encore c’est que je me rappelle les exhortations de M. Jullien et de papa sans compter celles de M. Roustan » (20 janvier 1910), qui lui conseillait dès son entrée à l’École de faire une thèse de littérature comparée (4 septembre 1908). Il demande donc à son père d’interroger M. Gruber, son « ancien maître, sur un sujet de littérature comparée » (23 février 1910). Il se décide cependant pour un mémoire de littérature française sous la direction de Gustave Lanson. Or « Pâques approche et M. Lanson aime qu’à cette date ses futurs disciples se soient dénoncés à lui en lui proposant un sujet de mémoire » (23 février 1910). André envisage un travail en rapport avec sa ville natale et écrit à son père pour qu’il contacte MM. Buche et Latreille, « anciens maîtres lyonnais et lyonnaisisants qui pourraient fournir quelques renseignements utiles sur un sujet lyonnais » (23 février 1910). Il pense au séjour de Rousseau à Lyon et consulte le cousin Émile Jullien qui lui répond :

« Rousseau à Lyon me paraît un sujet très intéressant et vous trouverez pour le mener à bien sans trop de peine dans de nombreux mémoires et discours. Vous serez sans doute obligé de découper une tranche dans ce trop gros morceau. » (11 mars 1910)

36André hésite cependant (17 mars 1910). En définitive, il délaisse Rousseau pour Charles Bordes : « Il est convenu avec Lanson que mon diplôme l’an prochain (si je suis licencié) se fera sur Bordes. Lanson désirerait me voir faire une étude d’ensemble sur la vie et l’œuvre entière de Bordes » (2 juin 1910). Il y rajoute « une petite étude du cercle philosophique à Lyon au xviie siècle » (16 juin 1910).

37Commence alors la collecte des documents. Dès le sujet sur Rousseau, André fait demander à M. Guigue s’il « aurait dans ses archives des documents intéressants. L’inédit ne [lui] déplairait pas » (23 février 1910) ; « Si maintenant M. Guigue pouvait découvrir un carton inédit de ses archives se rapportant de près ou de loin au sujet, il serait le plus aimable des hommes » (10 mars 1910). Le sujet définitif adopté, M. Latreille est encore sollicité : « Papa aurait-il la bonté de demander à M. Latreille si les archives de l’Académie de Lyon renferment quelques documents ? » (2 juin 1910) ; « Pouvez-vous demander à M. Latreille s’il entrevoit un moyen de retrouver les papiers de Bordes, en particulier sa correspondance ? » (octobre 1910) ; « Pourriez-vous, le cas échéant, demander à M. Latreille quelle lettre inédite de Voltaire il a publiée il y a un an ou deux dans la Revue de Lyon ? » (16 mars 1911). De son propre chef, Jean Ruplinger va « relancer les Bréghot Du Lut » qui le mettent en contact avec leur beau-frère et oncle, Francisque Bréghot Du Lut. Retiré au château de Confolin, près de Bourg-lès-Valence, et grippé, il fournit une première notice que Jean envoie à André et propose que ce dernier entre directement en contact avec lui (1911 ?). Rétabli, il lui donne une bibliographie notamment sur Fleurieu et Leclerc de La Verpillière, des conseils sur les recherches à effectuer dans les archives (19 février 1911), des renseignements sur les doctrines occultistes lyonnaises du xviiie siècle (15 mars 1911) et l’invite le 20 avril 1911 (7 avril 1911).

38Jean Ruplinger est ensuite mis à contribution pour le dépouillement des documents lyonnais, à tel point que son fils le qualifie « d’aimable collaborateur » (16 mars 1911). Il va travailler aux archives : « C’est aux archives que votre père cherche maintenant », écrit Bréghot Du Lut. C’est un bon coin et une source abondante » ; « Il faut que votre père continue à relever aux archives de l’état civil tous les actes relatifs aux Fusilier, aux Bordes et aux Taillandier pour les rattacher » (19 février 1911). Il se rend également à la bibliothèque de Lyon : « Papa fait de vrais stages pour toi à la bibliothèque », écrit Eugénie (s. d.). André lui donne des indications :

« J’ai relevé dans le catalogue des manuscrits de la bibliothèque de Lyon les références d’un dossier comprenant une correspondance échangée entre Condorcet et Claret à l’occasion d’un projet d’union entre les académies de France avec adjonction de quelques remarques manuscrites de Bouilloud, Mermet et Charles Bordes (autographes)… Si par hasard il y avait des lettres manuscrites de Condorcet inédites, elles seraient précieuses. En tous cas, les remarques de Bordes sont à voir : elles se rattachent à la question traitée dans le discours manuscrit que vous avez parcouru… J’ai trouvé dans ce même catalogue l’indication d’un mémoire rédigé par un certain abbé Bordes, peut-être le frère curé et une lettre écrite en 1708 par le Lyonnais Bordes, peut-être le père de notre polygraphe. » (16 mars 1911)

  • 27 L’abbé Aimé Guillon de Montléon (1758-1842), docteur en théologie, a traversé la Révolution, qu’il (...)

39Le père d’André prend aussi des initiatives ; il lit ainsi Guillon de Montléon27 et livre « deux petits renseignements extraits des pages 17 et 27 » sur le voyage de 1759 en Hollande et une épître envoyée à Bordes en 1770. Il se renseigne aussi sur « l’auteur du portrait à l’huile de [son] type placé dans la salle de l’académie » auprès de Félix Desvernay, ancien administrateur de la bibliothèque de la ville qui a fait l’inventaire des tableaux, qui « n’est pas éloigné de croire que c’est Nonotte » (8 mai 1911). Il se passionne pour le sujet : « Il a l’air content de ce qu’il déniche et déchiffre avec un peu de peine. » Un autre membre de la famille est sollicité. Bréghot Du Lut ayant suggéré qu’il « y aurait aussi un pèlerinage à faire à Francheville, à la mairie. On y trouverait le prénom de son frère le curé et probablement des actes concernant la famille, peut-être le mariage du frère aîné Louis avec une Sabot de Pizey » ; la famille Pascalin possédant une maison de campagne dans cette localité, André demande à son père : « Dois-je écrire directement au curé de Francheville pour avoir quelques renseignements et au maire ou puis-je compter sur une démarche de Tontaine ? » (16 mars 1911). Tontaine s’en charge.

40Le père d’André devient ensuite l’ordonnateur de la mise au propre du manuscrit. André envoie progressivement les chapitres rédigés. Jean les distribue pour recopiage et les renvoie au fur et à mesure qu’ils sont prêts. Au début de l’opération, il confie trois chapitres à des personnes étrangères à la famille, MM. Mailhes et Fayet. Comme ils ne donnent satisfaction ni en temps ni en qualité, il s’oriente ensuite vers « un autre maître d’études de Perrache mais, quand il a vu ce que c’était, il a reculé d’horreur : la besogne en effet n’est pas engageante ».

« Alors, nous rappelant la fable de La Fontaine, L’alouette et ses petits avec le maître du champ, nous avons pris nos faucilles, je veux dire nos plumes et, dès samedi soir, Marie-Louise, Ninie, Pierre et moi étions à l’ouvrage. Pierre fait « Le patriotisme local » commencé par Mailhes… Marie-Louise a entrepris le chapitre sur l’éducation ; moi je vais prendre les idées littéraires… Marie-Louise a trouvé hier en sortant de la messe une institutrice logée aux dames auxiliatrices qui s’est chargée de Rousseau ».

41Une autre copiste est recrutée pour finir « Le patriotisme local ».

« Si tu trouves à Paris dans ton voisinage surtout pour les derniers chapitres (car tu t’es mis trop en retard), il me semble que cela vaudrait mieux. Toutefois, si tu te trouvais pris au dépourvu, ne crains pas de faire appel à la rue Molière : nous passerons s’il le faut les nuits pour que tu ne sois pas dans la peine » (15 mai 1911).

« Ne vas donc pas t’amuser à passer les nuits et à t’y éreinter à la veille de tes examens sur ce travail de recopiage. Dis-nous seulement bien quelle est la limite extrême où tu veux que la copie te soit envoyée. On s’arrangera pour que tu l’aies à temps » (19 mai 1911).

42Les paquets sont envoyés par un commissionnaire (19 mai 1911). Mais il peut arriver qu’un ami de passage, ainsi Jacques Chaubet, se charge de la besogne (8 mai 1911).

  • 28 P. Fabia (1860-1938) est alors professeur d’histoire romaine à l’université de Lyon. De 1911 à 1933 (...)
  • 29 L. Lévy-Schneider, né à Lyon, a d’abord enseigné au lycée de Lyon et à l’université de Nancy. Il ét (...)

43Le diplôme obtenu, André, alors à Clermont-Ferrand, veut faire publier deux articles, un sur Bordes, l’autre (non rédigé) sur l’abbé Jacquet. Il veut les confier à M. Latreille qui dirige la revue des Annales de Lyon. Il charge son père de prendre contact avec lui puis de négocier avec des membres de la rédaction, Philippe Fabia28 et Léon Lévy-Schneider29 notamment, au mieux de ce qu’il souhaite (23 et 28 janvier 1914, 19 février 1914) jusqu’à la parution dans le numéro de juillet. C’est à travers ces deux épisodes qu’on peut mesurer l’importance des trois réseaux d’André, qui ne cessent de s’entrecroiser.

*

  • 30 S. Ruplinger, Journal de guerre.

44Si la guerre met fin à la correspondance d’André, elle n’interrompt pas totalement ses réseaux. Les courriers reçus ou rédigés par la famille, lettres de condoléances pour les décès d’André (16 novembre 1914, 12 janvier 1915, 10 février 1915) et d’Henri (30 mars 1915), courrier de Jean Ruplinger à ses enfants (16 septembre 1915), la publication de son DES par son père (1915), l’hommage public rendu par Barrès à Paul Lantier et André Ruplinger lors d’une semaine du livre à Lyon (26 avril 1916)30, font ressurgir les noms des Morel mère et fils, de tante Suzanne et de Henri Pichon, de tante Ninie et de Thimy, d’Émile et de Charlotte Jullien, des Chaubet, de Lanson, qui préface l’ouvrage, et de tant d’autres qui ont aidé et sans doute aimé André, à l’image de Morel pour qui « il est encore le témoin et le guide » (10 février 1915).

Bibliographie

Akoun Jacky-Armand, La cote des peintres (2014-2015), Isandra, 2013.

Bénézit Emmanuel, Dictionnaire des peintres sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d’écrivains spécialistes français et étrangers, Paris, Gründ, 1976.

Danan Pierre-Emmanuel, « La manufacture d’allumettes de la Belle-de-Mai », La lettre électronique de MIP Provence, no 19, 2007.

Inquimbert Anne-Aurore, Un officier français pendant la guerre d’Espagne : carrière et érits d’Henri Morel (1914-1944), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.

Michel Jean-Marie, « Contribution à l’histoire industrielle des polymères en France », éd. numérique, Paris, Société chimique de France : http://www.societechimiquedefrance.fr/contribution-a-l-histoire-industrielle-des-polymeres-en-france-par-jean-marie-michel.

Roussard André, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Paris, A. Roussard, 1999.

Ruplinger André, Charles Bordes, membre de l’Académie de Lyon (1711-1781), préface de Gustave Lanson, Lyon, A. Rey, 1915.

Ruplinger Suzanne, Journal de guerre, éd. numérique :
http://www.chtimiste.com/carnets/ruplinger.htm.

Notes

1 Il figure à ce titre dans la base des « Morts pour la France » du site internet Mémoire des hommes (http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr).

2 Je remercie Mmes Odette Latreille et Noëlle Bourgerie de m’avoir signalé cette correspondance et de m’avoir permis de l’étudier et de la présenter.

3 Les sources exclusives de cette communication étant la correspondance non cotée d’André et de sa famille, le parti a été pris d’indiquer la date des lettres contenant les informations entre parenthèses dans le texte et non en notes.

4 Antoine Villard (Mâcon, 1867-Paris, 1934) a fait des études d’architecture à l’École des beaux-arts de Lyon avant de fréquenter l’École nationale des arts décoratifs et l’École supérieure des beaux-arts à Paris, où ses maîtres furent Lefebvre et Constant. Il a exposé au Salon des indépendants, au Salon d’automne et au Salon des Tuileries (E. Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs…, t. X). Son atelier était, au début du xxe siècle, 60, boulevard de Clichy (A. Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, p. 584). Ses toiles, d’abord de style impressionniste, ont évolué vers un réalisme constructif. Les musées de Brême, Gand, Le Havre, Lyon, Moscou, Londres (Tate Britain) et Paris (musée d’Art moderne) disposent de ses œuvres. Sa cote est très irrégulière : deux tableaux ont été vendus, en 2007, 360 et 210 euros (J.-A. Akoun, La cote des peintres [2014-2015]).

5 Paul Tuffrau (1887-1973), qui fut blessé plusieurs fois pendant la Première Guerre mondiale, devint professeur de lycée à Chartres, de khâgne à Louis-le-Grand et professeur d’histoire et de lettres à l’École polytechnique. Il a publié de nombreux ouvrages de littérature du Moyen Âge.

6 Henri Morel (1889-1944) a été huit mois en captivité en Allemagne. À son retour, il s’est engagé dans l’armée d’active. Ayant réussi à l’École supérieure de guerre (1930), il devint attaché militaire auprès de l’ambassadeur de France en Espagne (1935) et de la légation de France au Portugal (1936). En 1939, il rejoint son régiment en Tunisie. En 1942, il est à la 16division militaire de Montpellier et organise la résistance à l’occupation allemande. Jugé par Vichy pour abandon de poste, il est acquitté. Il est arrêté, déporté en mai 1943 et meurt à Neuengamme en septembre 1944 (A.-A. Inquimbert, Un officier français pendant la guerre d’Espagne…).

7 En 1865, J. Chaubert assure la gestion de la manufacture d’allumettes Caussemille Jeune et Cie, fondée à Marseille par son oncle, qui fusionne en 1874 avec Roche et Cie, s’installe à Paris et construit une nouvelle usine en Belgique (P.-E. Danan, « La manufacture d’allumettes de la Belle-de-Mai »). En 1889, il fonde à Paulilles (Pyrénées-Orientales) la Société générale pour la fabrication des matières plastiques, qu’il préside à partir de 1910 ; elle a des dépôts à Paris, Oyonnax, Ézy, Thiers et Milan et absorbe, en 1913, la Compagnie française du celluloïd. Il préside alors la Société industrielle des matières plastiques (J.-M. Michel, « Contribution à l’histoire industrielle des polymères en France »).

8 À l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, il publie L’industrie des allumettes en Algérie (impr. de Giralt, 1900). Une usine d’allumettes existe alors à Alger, dans le quartier du Hamma, où deux rues portent les noms de Jules Chaubet et Caussemille, où est installée une école.

9 Bottin mondain, 1924.

10 Depuis le 5 février 1884. Mme Chaubet est décédée à Paris en 1931.

11 Licencié en droit, il devint industriel et habitait 14, rue d’Anjou (Paris 8e) en 1924.

12 Marius-François-Pierre Roustan, dit Mario (1870-1942), agrégé de lettres, a été nommé au lycée de Lyon où il était adjoint au maire. Nommé ensuite à Paris, il publia les Maximes de La Rochefoucauld (Larousse, 1913) et Les philosophes et la société française au xviiie siècle (Rey, 1906) et entama après la Première Guerre mondiale une carrière politique qui le conduisit au ministère de l’Instruction publique (1931-1932) puis de l’Éducation nationale (1935-1936). Il est l’auteur de la loi Roustan permettant le rapprochement des fonctionnaires mariés (1920).

13 Camille Latreille (1870-1927), agrégé, docteur ès lettres, devint par la suite professeur à l’université de Lyon, spécialiste du romantisme (La fin du théâtre romantique et François Ponsard, Hachette, 1899 ; Chateaubriand : le romantisme à Lyon, Fontemoing, 1905 ; Les dernières années de Lamartine, Perrin, 1925) et du sentiment religieux (Joseph de Maistre et la papauté, Hachette, 1906).

14 L’ancienne maîtresse de Félix Faure (1869-1954) est alors accusée du meurtre de son mari et de sa mère. Elle est acquittée en novembre 1909 après un procès très médiatisé.

15 Peut-être Georges, historien et économiste, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris (1856-1948) ; peut-être Maurice, son frère, philosophe (1861-1949) ; peut-être Charles, psychologue et médecin (1876-1939) ; peut-être un autre.

16 Daniel Mornet (1878-1954) a été doyen de la faculté des lettres, président de la Société d’histoire littéraire, directeur de la Revue d’histoire littéraire de la France. Il a publié Les origines intellectuelles de la Révolution française, 1715-1787 (Colin, 1933).

17 Sans doute Édouard, philosophe et mathématicien (1870-1954), déjà auteur de Dogme et critique (Bloud, 1906).

18 Alfred ou Maurice, frères, tous deux hellénistes, auteurs conjoints de l’Histoire de la littérature grecque (Thorin / Fontemoing, 1887-1899).

19 André Pératé (1862-1947) est alors conservateur adjoint au musée de Versailles depuis 1893. Il a déjà publié Le musée national de Versailles : description du château et des collections (Braun, 1896) et Versailles : le château, les jardins, les Trianons, le musée, la ville (Laurens, 1904).

20 Pierre de Nolhac (1859-1936) est alors conservateur en chef de Versailles depuis 1892. En 1907, il a contribué à fonder la Société des amis de Versailles. Spécialiste de Pétrarque, il a écrit sur l’histoire, l’humanisme de la Renaissance, le Moyen Âge et Versailles. André fait allusion en 1909 à sa candidature à l’Académie française, qu’il n’intégrera qu’en 1922.

21 Écrivain (1862-1924) qui a publié Jean-Jacques Rousseau et ses amies (Chailley, 1896).

22 Philosophe (1832-1918), auteur du Fondement de l’induction (Ladrange, 1871), il a enseigné à l’École normale de 1864 à 1875 ; son influence a été considérable.

23 Bernard Marcotte (1887-1927) était diplômé de philosophie. Rédacteur en chef au ministère des Travaux publics, il était en contact avec le milieu littéraire et intellectuel de la capitale, dont Paul Tuffrau, André Ruplinger, Henri Morel et Louis Jouvet. Il a publié des poèmes regroupés en 2013 dans un volume, des contes et une pièce de théâtre jouée par Louis Jouvet à l’université populaire du faubourg Saint-Antoine. Il est représenté dans un tableau de Lucien Jonas, Les Poètes (1909).

24 A. Ruplinger, Charles Bordes, membre de l’Académie de Lyon (1711-1781), p. V.

25 Ibid.

26 Jean-Victor Augagneur (1855-1931), professeur à la faculté de médecine de Lyon, a été conseiller municipal (1888), adjoint au maire (1891), maire (1900 et 1904) de la ville, puis gouverneur de Madagascar (1905) et député du Rhône (1910). De 1910 à 1914, il a occupé différents postes ministériels avant d’être nommé gouverneur de l’Afrique équatoriale française (1920).

27 L’abbé Aimé Guillon de Montléon (1758-1842), docteur en théologie, a traversé la Révolution, qu’il n’a pas appréciée. Il a beaucoup écrit sur l’histoire de Lyon, notamment l’Histoire du siège de Lyon, des événements qui l’ont précédé et des désastres qui l’ont suivie (Le Clère, 1797) et Mémoires pour servir à l’histoire de Lyon pendant la Révolution (Baudouin, 1824). Il a aussi rédigé des livres sur la religion, notamment l’Histoire générale de l’Église pendant le xviiie siècle (Gauthier, 1823) et La France catholique (1825).

28 P. Fabia (1860-1938) est alors professeur d’histoire romaine à l’université de Lyon. De 1911 à 1933, il a effectué des fouilles à Fourvière après avoir fondé l’Association lyonnaise de recherches archéologiques.

29 L. Lévy-Schneider, né à Lyon, a d’abord enseigné au lycée de Lyon et à l’université de Nancy. Il était professeur d’histoire contemporaine à l’université de Lyon depuis 1908. Il a publié Le conventionnel Jeanbon Saint-André : membre du Comité de salut public, organisateur de la marine de la Terreur, 1749-1813, (Alcan, 1901), et L’application du Concordat par un prélat d’ancien régime, Mgr Champion de Cicé (Rieder, 1921).

30 S. Ruplinger, Journal de guerre.

Table des illustrations

Titre Fig. 1. – André Ruplinger. Portrait au bal de l’École normale supérieure (1913). Archives familiales.
URL http://books.openedition.org/cths/docannexe/image/1106/img-1.jpg
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Titre Fig. 2. – Famille d’André Ruplinger. Généalogie. Sources familiales.
URL http://books.openedition.org/cths/docannexe/image/1106/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 44k
Titre Fig. 3. – Famille de Jean Ruplinger (père d’André). Généalogie. Sources familiales.
URL http://books.openedition.org/cths/docannexe/image/1106/img-3.jpg
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Titre Fig. 4. – Famille d’Adélaïde Pascalin (mère d’André). Généalogie. Sources familiales (Odette Latreille et Noëlle Bourgerie).
URL http://books.openedition.org/cths/docannexe/image/1106/img-4.jpg
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