Conclusion
p. 115-118
Texte intégral
1 Philippe CALLÉ
2C’est toujours un moment périlleux, un peu difficile, que celui de la synthèse. Je voudrais simplement rapporter ce qui s’est dit au regard de notre projet initial. J’ai entendu parfois des reproches : nous n’avons pas assez parlé de la participation. Il est vrai que le projet initial portait bien sur ces trois opérations de consultation. Est-ce qu’elles avaient des caractéristiques communes, etc..? Et puis l’autre objectif c’était effectivement d’ouvrir sur d’autres journées de travail. Alors je voudrais remercier Jean-Claude RICHEZ et Laurent BESSE d’avoir largement balayé les perspectives de recherche. J’ai entendu l’appel de Laurent BESSE à de jeunes historiens, jeunes forcément, pour approfondir l’histoire du ministère et approfondir le lien entre le ministère et sa propre mémoire.
3Jean-Claude RICHEZ parlait du Comité d’histoire du ministère de la Culture. Je crois effectivement qu’il y a un problème de fond quant au rapport de notre ministère de la Jeunesse et des Sports, à sa mémoire et à la recherche. Le Comité d’histoire du ministère de la Culture a produit des travaux tout à fait considérables et tout à fait importants, qui comptent vraiment dans la recherche en sciences sociales, des travaux coordonnés, et c’est ça qui est intéressant. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de travaux historiques à Jeunesse et Sports parce que Laurent BESSE qui consacre beaucoup de temps à ça pourrait m’en vouloir, il y a d’autres historiens d’ailleurs, mais l’intérêt du ministère de la Culture c’est qu’il a suscité des travaux, il a coordonné autour de thèmes fondamentaux et mobilisé de manière organisée des chercheurs en sciences sociales, historiens, sociologues, politiste : Guy SAEZ, Jean-Luc BODIGUEL sur l’histoire des services du ministère de la Culture, Vincent DUBOIS sur la genèse d’une politique culturelle, et bien d’autres, etc. C’est un travail considérable qui nous pose une question de fond : pourquoi notre ministère de la Jeunesse et des Sports a-t-il un rapport assez distant à la recherche ?
4 Mais je ne vais pas tracer les pistes pour de prochaines journées d’études, ça c’est le Comité qui va se saisir de tout ce qui a été dit aujourd’hui. J’ai noté quand même deux ou trois points.
5Une première question a été soulevée concernant le sens démocratique. Est-ce qu’il y a dans l’action publique la recherche d’un sens démocratique ? Lorsque j’ai entendu l’exposé d’André-Jacques DODIN sur le Conseil de l’Europe, je me suis dit que lorsque l’on va vers une institutionnalisation de la consultation et de la participation des jeunes au travers des mouvements, on est bien quand même dans la recherche d’un sens démocratique.
6L’autre point qui a retenu mon attention ce sont les figures de la jeunesse. Il y a une sociologie de la jeunesse, j’ai dit que nous n’en parlerions pas de manière organisée aujourd’hui puisque c’est encore un volet très important ; et Gérard MAUGER a ouvert une petite fenêtre sur ces chercheurs en sociologie de la jeunesse. C’est vrai que c’est important parce que nous avons parlé des jeunes mobilisés, des exclus, des lycéens ; Laurent LARDEUX nous a ouvert des vues assez larges sur la démographie, la sociologie, les modes d’engagement de cette jeunesse. C’est une question que l’on pourrait approfondir que celle des figures de la jeunesse. Mais je reviens aux thèmes de notre journée.
7Premier thème, donc les jeunes, ceux qui sont les objets, les destinataires, mais qui peuvent être et qui devraient être les acteurs de ces politiques de jeunesse. Deuxième point : au-delà de la figure de la jeunesse, des figures de la jeunesse, c’est l’action publique. C’était quand même le point de départ de notre proposition. En matière d’action publique, encore une fois, l’éclairage européen a été important parce que nous avons souvent au ministère de la Jeunesse et des Sports une position que je qualifierais entre guillemets « d’héroïque », nous avons en charge les jeunes, nous portons les jeunes, avec le problème de l’opposition aux mouvements. La question de la légitimité des uns et des autres a été soulevée plusieurs fois aujourd’hui, entre autres dans cette table ronde sur la consultation BALLADUR, et je remercie Laurent BESSE d’avoir permis et suscité l’élargissement du débat autour de cette consultation : nous avions peut-être été, dans notre proposition, un peu court en temps, donc je trouve qu’il était bien de consacrer plus de temps à cette consultation BALLADUR.
8Mais sur le thème de l’action publique et ces problèmes de légitimité je crois que nous avons là un point tout à fait important, notamment sur cette question de la participation comme dispositif de crise : c’est-à-dire l’inverse de la proposition européenne qui vise une institutionnalisation de la participation et de la consultation comme assise de la démocratie. Ce qui a été pratiqué au travers de ces trois consultations, c’est un peu l’extincteur, moyen exceptionnel pour résoudre une crise, et Denise BARRIOLADE l’a rappelé tout à l’heure, une fois que le feu est éteint, eh bien « allez voir ailleurs si j’y suis ».
9Le deuxième point portait sur le thème de l’action publique, et l’autonomisation ministérielle. Effectivement, on pourrait sur ce thème faire un parallèle avec le ministère de la Culture et quand je dis avec le ministère de la culture, c’est plutôt avec le Comité d’histoire du ministère de la Culture ; ça pourrait être intéressant un jour d’avoir peut-être pas une seule journée, mais deux jours d’étude, de séminaire avec lui sur certains thèmes, je pense à la culture populaire, l’éducation populaire, et au moment du partage en 1958 entre les deux. Oui, nous sommes bien dans cette histoire-là.
10Troisième point, ce sont les associations et la table ronde sur les associations, fédérations et mouvements. Là aussi il y a différents termes, une terminologie assez importante, assez variée. Alain GOZE a fait valoir très fortement et je crois que c’était bien, puis Claire JODRY aussi, le point de vue des grandes fédérations dans ces moments de crise parce qu’en fait ces consultations correspondent, à des périodes électorales un peu chaudes ; avec BALLADUR c’est sûr, les deux autres très probablement ; les positions de ces fédérations, de ces mouvements, formes de contrepouvoirs, sont dans une démarche très politique et Alain GOZE a souligné comment, y compris à gauche, les contre-pouvoirs associatifs posent problème, et c’est une question très sensible.
11Alors contre-pouvoir ou acteur institutionnel pour bien insérer les jeunes dans la construction des politiques publiques, pour reprendre les orientations européennes ? C’est un thème tout à fait important, la vie associative, l’autonomie associative, c’est aussi un thème qui parcourt l’histoire du ministère à intervalles réguliers. Je rappelle qu’en 1981, il y avait un projet de loi sur la vie associative, le développement de la vie associative, nous l’avions abordé en 2003 lors de la journée d’étude sur le Temps Libre ; ce projet de loi avait été un échec. Chantal BRUNEAU était avec nous ce matin, elle aurait beaucoup à dire sur ce thème-là.
12Voilà donc pour moi les trois thèmes autour desquels nous avons tourné aujourd’hui, les figures de la jeunesse, questions de sociologie, du recensement, de l’action publique ; ensuite ces phénomènes de crise ; et enfin le rôle et la place des associations. Ce n’est pas une synthèse, pas vraiment non plus une conclusion.
13Pour terminer, je voudrais sincèrement remercier, au nom de ceux qui avaient préparé cette journée, tous les intervenants qui ont répondu présent à notre invitation, y compris parfois en dernière minute. Certains n’ont pas pu venir et nous le regrettons. Nous travaillerons sur une suite parce qu’il y aura forcément sur ce thème des politiques jeunesses une suite à donner. En tout cas merci à tous. Je laisse Pierre FRANÇOIS, au nom de la Présidence du Comité d’Histoire, clore cette séance.
Auteur
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Philippe Callé
Inspecteur Jeunesse et sports honoraire, docteur en Science politique
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