À propos du choral de la seconde scène de l’acte II des Soldats, de ses sources et de sa signification

Heribert Henrich

doi:10.4000/books.contrechamps.810

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Regards croisés sur Bernd Alois Zimmermann

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Benoît Wirrmann, Revue d’Alsace, mis en ligne le 25 octobre 2013. URL : https://journals.openedition.org/alsace/1876 ; DOI : https://doi.org/10.4000/alsace.1876

À propos du choral de la seconde scène de l’acte II des Soldats, de ses sources et de sa signification

Heribert Henrich

p. 87-99

Dédicace

À la mémoire d’Elisabeth Fischer-Lorenz

Extrait

1Zimmermann a intitulé la seconde scène de l’acte II des Soldats « Capriccio, Corale e Ciacona II ». On sait qu’il s’agit d’une scène où trois éléments de l’action sont entre-tissés, et pour partie joués simultanément : la séduction de Marie par Desportes (« Capriccio ») ; un chant de la grand-mère de Marie qui, sous la forme d’une chanson populaire fictive, annonce le destin futur de celle-ci (« Corale ») ; enfin, une conversation agitée entre le fiancé de Marie, Stolzius, et sa propre mère au sujet de l’infidélité de Marie, au cours de laquelle il décide de se venger de Desportes (« Ciacona II », deuxième chaconne puisqu’elle se réfère par le contenu du texte et par la musique à une scène entre Stolzius et sa mère à l’acte I, intitulée « Ciaccona I »). Alors que le « capriccio » et la chaconne encadrent la scène, le choral représente en somme le moment où les trois fils de l’action se croisent – et avec eux les trois niveaux fondamentaux de la construction musicale.

2À cet en

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1 Texte de Paul Gerhardt, extrait de « O Welt, sieh’ hier dein Leben », publié pour la première fois in Johann Crüger, Praxis Pietatis Melica, Berlin 1647.

2 Akademie der Künste, Berlin, Bernd-Alois-Zimmermann-Archiv (abrégé par la suite AdK BAZ). 1.62.161b.108. Publié en français dans Bernd Alois Zimmermann, Écrits, Philippe Albèra éd., Genève 2010, p. 308.

3 AdK BAZ 1.62.161b.124. Publié en français dans Bernd Alois Zimmermann, Écrits, Philippe Albèra éd., Genève 2010, p. 311.

4 Aloyse Michaely, « Toccata – Ciacona – Nocturno. Zu Bernd Alois Zimmermanns Oper Die Soldaten », in Musiktheater im 20. Jahrhundert, Constantin floros, Hans Joachim Marx et Peter Petersen éd. (= Hamburger Jahrbuch für Musikwissenschaft, vol.), Laaber 1988, p. 127-204

5 AdK BAZ B9.

6 En effet, quand Herbort lui demande, à propos de la technique de la citation, si celle-ci ne s’adresse pas au seul auditeur « intellectuel », Zimmermann le conteste et explique que les citations suscitent chez les auditeurs d’un niveau culturel différent des champs associatifs autres. Une citation de Bach par exemple rendrait le boucher du coin « un tantinet mélancolique » ou « pieux », tandis que le professeur d’université l’associerait « vaguement à la Passion selon saint Mathieu » ou à la « musique baroque ».

7 Rappelons que Zimmermann attribuait encore en 1965 aux « autos sacramentales » une place prépondérante dans la préhistoire de l’opéra contemporain, à cause de l’interaction entre « poésie, musique, danse, gestuelle et espace » (voir « L’avenir de l’opéra », in Bernd Alois Zimmermann, Écrits, Philippe Albèra éd., Genève 2010, p. 207).

8 AdK BAZ 594.

9 Leipzig, Breitkopf.

10 Leipzig, Breitkopf. L’exemplaire de Zimmermann est conservé aux archives Zimmermann de l’Akademie der Künste à Berlin (AdK BAZ 1.62.288).

11 AdK BAZ 2.62.12 respectivement AdK BAZ 1.62.297.

12 Pedro Calderon, Des Menschen Unterhaltsprozeß mit Gott. Ein Weihespiel von der hl. Versöhnung […] aus dem spanischen Urtext […] unter Benutzung der Übersetzung von Franz Lorinser frei nachgestaltet von Hubert Rüttger, Bonn : Peter Hanstein Verlag, 1951. L’exemplaire utilisé et annoté par Zimmermann se trouve aux archives Zimmermann de l’Akademie der Künste à Berlin (AdK BAZ 1.62.154).

13 Sous sa forme d’origine « O Esca Viatorum » in Sirenes marianae, Würzburg 1647, et en traduction allemande « O Allerhöchste Speise » in Keusche Meerfrewlein oder Geistliche Gesäng Christo Jesu unserem Seeligmacher Mariae seiner Gebenedeyten Mutter zu Ehren auß Latein in Teutsch ubersetzt, Würzburg : Elias Michael Zinck, 1649.

14 Je me réfère ici à Charles Sanford Terry, Bach’s Chorals. Part I The Hymns and Hymn Melodies of the « Passions » and Oratorios, Cambridge 1915, p. 5-7, ainsi qu’à Hansjakob Becker : « O heil’ge Seelenspeise », in Geistliches Wunderhorn. Große deutsche Kirchenlieder, Hansjakob Becker, Ansgar Franz, Jürgen Henkys… éd., München²2003, p. 239-248.

15 Georg Forster, Ein ausszug guter alter un newer Teutscher liedlein, Nürnberg 1539.

16 David Wolder, New Catechismus Gesangbüchlein, Hamburg 1598, ainsi que Gesangbuch, Darinnen Psalmen und Geistliche Lieder, Eisleben 1598.

17 Johann Crüger, Praxis Pietatis Melica, Berlin 1647.

18 Cette interprétation est soutenue parce que Michael Gielen, chef de la création mondiale des Soldats et lié de manière assez intime à la pensée de Zimmermann, a dit dans une interview accordée à Max Nyffeler et diffusée le 16 novembre 2002 dans le cadre du deuxième programme de la Radio bavaroise (cit. d’après la transcription dans http://www.beckmesser.de/interpreten/gielen.html) : « Un exemple de sa technique de citation est donné par cette scène magnifique dans les Soldats où c’est au couple de jouer et où en même temps la vieille femme prévoit le malheur […]. Et pendant que la grand-mère fait sa prédiction calamiteuse, un choral de Bach sur le sacrifice humain passe dans l’orchestre, de façon à moitié cachée, à moitié évidente ». Le « sacrifice humain » peut-il signifier ici autre chose que l’idée de l’eucharistie ?

19 Pascal Decroupet, « Citation et collage dans Votre Faust d’Henri Pousseur et Die Soldaten de Bernd Alois Zimmermann », in Art & Fact, 1987, n° 6, p. 70-82.

20 AdK BAZ 1.62.51.8.

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Henrich, H. (2012). À propos du choral de la seconde scène de l’acte II des Soldats, de ses sources et de sa signification. In P. Albèra, P. Michel, & H. Henrich (éds.), Regards croisés sur Bernd Alois Zimmermann (1‑). Éditions Contrechamps. https://doi.org/10.4000/books.contrechamps.829

Henrich, Heribert. « À propos du choral de la seconde scène de l’acte II des Soldats, de ses sources et de sa signification ». In Regards croisés sur Bernd Alois Zimmermann, édité par Philippe Albèra, Pierre Michel, et Heribert Henrich. Genève: Éditions Contrechamps, 2012. https://doi.org/10.4000/books.contrechamps.829.

Henrich, Heribert. « À propos du choral de la seconde scène de l’acte II des Soldats, de ses sources et de sa signification ». Regards croisés sur Bernd Alois Zimmermann, édité par Philippe Albèra et al., Éditions Contrechamps, 2012, https://doi.org/10.4000/books.contrechamps.829.

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Albèra, P., Michel, P., & Henrich, H. (éds.). (2012). Regards croisés sur Bernd Alois Zimmermann (1‑). Éditions Contrechamps. https://doi.org/10.4000/books.contrechamps.810

Albèra, Philippe, Pierre Michel, et Heribert Henrich, éd. Regards croisés sur Bernd Alois Zimmermann. Genève: Éditions Contrechamps, 2012. https://doi.org/10.4000/books.contrechamps.810.

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