Sur Artikulation

1Certes, j’ai une aversion contre tout ce qui est ouvertement illustratif et programmatique, mais cela ne signifie pas que je me défende contre les associations provoquées par la musique. Au contraire : les sons et les contextes musicaux éveillent toujours en moi une sensation de couleur, de consistance et de forme visible et palpable. À l’opposé : couleur, forme, constitution matérielle et même les notions abstraites se rattachent pour moi involontairement à des représentations sonores. Cela explique la présence de tant de traits « extra-musicaux » dans mes compositions. Surfaces et masses sonores qui s’enchaînent, s’entrecoupent ou se fondent – filets en suspension qui se déchirent et s’embobinent – matériaux mouillés, collants, gélatineux, fibreux, secs, cassants, granuleux et compacts – bribes, formules, éclats et traces de toutes sortes – constructions imaginaires, labyrinthes, inscriptions, textes, dialogues, insectes – états, événements, processus, fontes, métamorphoses,