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    Plan détaillé Texte intégral Les Guides illustrés Michelin des champs de bataille (1914-1918)Les Éparges : « un Guide »Les Éparges : « un diaporama »Les Éparges : des récits Notes de bas de page Auteur

    Tourisme et Grande Guerre

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Le champ de bataille des Éparges dans les Guides illustrés Michelin : pour une définition du « paysage de guerre »

    Nadège Mariotti

    p. 339-351

    Texte intégral Les Guides illustrés Michelin des champs de bataille (1914-1918)Les Éparges : « un Guide »Les Éparges : « un diaporama »Les Éparges : des récits Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Il est des mémoires d’histoire comme des mémoires de territoires. Quand la terre meurtrie révèle ses cicatrices, elle imprègne le visiteur de curiosité autant qu’elle suscite de relations avec un passé révolu. Le paysage qu’elle dévoile devient dès lors immortel : l’historicité qu’il porte devient transmissible à l’infini. Comme le rappelle le géographe Gérard Chouquer, « ce qui fait l’attachement des populations au paysage, c’est la richesse pérennisée de cette mémoire, c’est un pli jamais réellement déplié »1. Ce processus de patrimonialisation s’applique parfaitement aux Éparges (Meuse). Site hautement emblématique de la guerre au front, représentatif de la terrible « guerre des mines », sa légitimité est telle aujourd’hui qu’aucune contestation n’est possible.

    2Les Éparges, comme tous les champs de bataille de la Grande Guerre, sont d’abord fréquentés par les familles des soldats tombés au front. Perçu uniquement comme un lieu de pèlerinage, leur fréquentation est aussi directement liée au développement de l’automobile. Au début du XXe siècle, les frères Michelin décident de favoriser la consommation de pneumatiques en guidant les voyageurs motorisés ; ce sont les Guides rouges. En 1917, pour rendre hommage aux combattants, un premier guide des champs de bataille est édité. L’historienne Emmanuelle Danchin signale que ce « passage […] annonce avant l’heure, la mise en place d’un tourisme d’une forme bien particulière : le tourisme de champ de bataille »2. Pour autant, alors que le conflit mondial est encore palpable en 1919 peut-on considérer, dès cette époque, un champ de bataille comme un site patrimonial ? En quoi le contenu de ces guides permet-il de définir ce que sont les « paysages de guerre » aujourd’hui ?

    Les Guides illustrés Michelin des champs de bataille (1914-1918)

    3En plus de « faire une œuvre utile dans un esprit pédagogique », André Michelin précise que ses guides ont aussi une vertu profondément patriotique3 :

    « Nous publions ces ouvrages, malgré les difficultés de l’heure présente, parce qu’ils constituent, en même temps qu’un guide pratique, une évocation par l’image. Nous avons pensé que tous ceux qui ont eu, au front, un parent ou un ami cher seraient heureux de revivre, dès maintenant, reconstitués dans leur cadre véritable par une illustration abondante, les actions auxquelles ont pris part leurs poilus. […] De l’autre côté du front, l’ennemi prépare des guides spéciaux [guide Baedeker] destinés soi-disant à faciliter la visite des champs de bataille mais dont le but secret est surtout de démontrer que les Allemands n’ont pas commis les atrocités qu’on leur reproche […]. Non seulement nous devons lutter contre la propagande infâme mais nous devons la vaincre. »4

    4Tout est mis en œuvre pour promouvoir ces ouvrages. Dans L’Illustration du 3 mai 1919 apparaît la rubrique Le troisième samedi de Michelin. Il y est clairement énoncé que ce livre est un guide composé de cartes, de plans proposant des itinéraires commentés de visite. Il s’affiche comme un panorama illustré de photographies nombreuses de paysages, villages et monuments qui permettent au « touriste »5 de préparer son voyage. Enfin, un texte explicatif et informatif permet au lecteur de reconstituer la Grande Guerre à l’échelle nationale et locale.

    5Selon l’historien Antoine Champeaux, vingt-neuf guides sont écrits dans cette collection des champs de bataille6. Les premiers sites mis à l’honneur sont ceux liés aux batailles de la Marne en 19177. Dès 1919, d’autres champs de bataille complètent cette collection et en particulier Verdun par le biais de trois publications en 1919 : La bataille de Verdun, Verdun-Argonne-Metz et Le saillant de Saint-Mihiel8. Plusieurs pages sont consacrées aux Éparges.

    Les couvertures des Guides illustrés Michelin des champs de bataille 1914-1918 des années 1919, 1921, 1928, 1936, 2011

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    coll. Nadège Mariotti

    Les Éparges : « un Guide »

    6Ces ouvrages ambitionnent avant tout d’être « un guide, par les cartes, les itinéraires, la documentation touristique » qu’ils proposent9. Antoine Champeaux précise que « 988 cartes, croquis et plans figurent dans les guides », ce qui n’est pas surprenant lorsque l’on songe qu’André Michelin, « à sa sortie de l’École Centrale, est entré au service de la carte du ministère de l’Intérieur »10. En moyenne, trois plans sont présents par guide afin d’illustrer les circuits proposés aux touristes. Les Éparges ne figurent dans aucun itinéraire proposé dans le guide La bataille de Verdun de 1919. En revanche, un itinéraire intitulé La tranchée de Calonne, la crête des Éparges, la Woëvre figure dans celui de 1921. À leur tour, les autres guides Verdun-Argonne-Metz et Le saillant de Saint-Mihiel, publiés en 1919 et dans les années suivantes, offrent ce même parcours. Dans la réalité du terrain, les chemins de visite ne sont pas tout à fait identiques.

    7Les guides Verdun-Argonne-Metz publiés en 1919, 1926 et 1928 proposent l’itinéraire simplifié suivant : quitter Verdun par le Sud-Est et la R.N. 3, rejoindre la R.N. 64 en longeant la vallée de la Meuse11. À Dieue-sur-Meuse, prendre à gauche l’I.C. 5 qui rejoint, par la forêt d’Amblonville, la Tranchée de Calonne. À droite, suivre l’I.C. 3 jusqu’au croisement de La côte de Senoux. Tourner à gauche sur l’I.C. 13 vers Saint-Remy-la-Calonne et Combres. Après un arrêt qui permet d’explorer la crête des Éparges à pied, sur le plan, l’itinéraire se poursuit par le G.C.D. 10 vers Fresnes-en-Woëvre, Manheulles et par la R.N. 3, rejoint Verdun. Il est mentionné dans le descriptif qu’une autre fin de parcours est possible en faisant demi-tour à Combres pour rejoindre Saint-Remy-la Calonne, puis en prenant à droite l’I.C. 54 vers Trésauvaux, entre la crête de Montgirmont et la côte des Hures, pour rejoindre Fresnes-en-Woëvre. Le texte descriptif apporte des compléments informatifs sur les événements liés au conflit ou à ses conséquences12. Verdun-Argonne-Metz publié en 1936 offre le même itinéraire. Il est intéressant de noter que des éléments monumentaux, dont certains n’existent pas auparavant, apparaissent comme repères géographiques ou sites touristiques majeurs. Sur un plan plus précis13, au croisement de la tranchée de Calonne (I.C. stratégique 3) et de l’I.C. 13 vers Saint-Remy-la-Calonne se trouve le monument aux morts du 54e R.I.14. Dans le texte explicatif sur l’éperon des Éparges, le circuit se tourne davantage vers le tourisme mémoriel. Le guide La bataille de Verdun de 1921 présente un itinéraire légèrement différent et plus globalisant15. La visite proposée dans le guide Le saillant de Saint-Mihiel de 1919 s’échelonne, elle, sur trois jours16. Quant au guide actuel des champs de bataille (édition de 2011), il insère Les Éparges dans un parcours plus vaste encore17. L’itinéraire intègre non seulement les monuments et lieux commémoratifs, mais aussi les vestiges visitables ou non, les dernières découvertes (fosse d’Alain Fournier18), les manifestations littéraires et culturelles qui participent à la patrimonialisation des champs de bataille. Ce bref comparatif des parcours proposés au sein des guides Michelin des champs de bataille de 1919 à 2011 montre une évolution dans la réflexion de ce que peut être un site patrimonial et du regard touristique qui peut lui être porté. Ce ne sont plus seulement les vestiges qui attirent le touriste, mais surtout la manière dont ils sont interprétés et mis en valeur. Victimes du temps, ces vestiges, parfois disparus, donnent aujourd’hui à ces guides anciens valeur de témoignage, vérifiant la prédiction faite dans L’Illustration en 1920 : « plus les vestiges de la lutte s’effaceront sous la charrue et sous les ronces, plus vous aurez besoin des Guides illustrés Michelin »19. C’est bel et bien dans cet esprit que s’inscrivent les nombreuses photographies imprimées au fil des pages.

    Les Éparges : « un diaporama »

    8Les guides Michelin s’intitulent très exactement Guides illustrés et offrent « un panorama par la riche illustration de centaines de photographies »20 qu’ils proposent. Vingt-deux photographies illustrent les quatorze pages consacrées aux Éparges. Cependant, Verdun-Argonne-Metz de 1919 possède trois photographies de moins ; La bataille de Verdun de 1921 présente trente photographies pour dix-sept pages, alors que celui sur Le saillant de Saint-Mihiel de 1919 en affiche vingt-trois pour quatorze pages. Verdun-Argonne-Saint-Mihiel de 2011 reproduit trois pages de l’ancien guide Saint-Mihiel 1919 où figurent trois clichés pour six pages au total. Hélène Guillot précise que souvent la date est oubliée dans les légendes rédigées par les opérateurs21. Or, ici, dix-sept photographies sur vingt-deux indiquent une date allant de 1915 à 1920 : cela signifie qu’elles ont été attentivement choisies par les éditeurs Michelin et retenues justement pour leur précision chronologique. Placées au fil des pages, elles illustrent l’itinéraire pas à pas. Cependant, ensemble, elles offrent surtout une représentation concrète de l’évolution du paysage du champ de bataille et de ses alentours.

    9Roger Brunet et Robert Ferras, dans Les mots de la géographie, donnent pour définition de paysage :

    « Ce que l’on voit du pays, […] ce que l’œil embrasse… d’un seul coup d’œil, le champ du regard. Le paysage est donc une apparence et une représentation : un arrangement d’objets visibles perçu par un sujet à travers ses propres filtres, ses propres humeurs, ses propres fins. »22

    10La « vue générale du massif des Éparges, prise de la crête de Montgirmont » présente dans les guides, correspond parfaitement à cette définition23. La localisation par des lettres et des points précis permet de visualiser d’un seul regard le relief de cuesta surmonté par la crête des Éparges, les abris, tranchées, ravins à flancs de coteaux et au loin la plaine de la Woëvre. Il est même indiqué que la photographie est prise d’une tranchée qu’on aperçoit effectivement au premier plan. Aucune source n’est mentionnée et ne permet de connaître l’origine du cliché. Ces illustrations offrent un paysage complet et surtout un premier élément constitutif de la définition de « paysage de guerre » : territoire, ou portion de territoire, marqué par les stigmates d’un conflit ayant modifié en profondeur le sol et/ou ayant généré des formes identitaires spécifiques provoquées par l’action des belligérants.

    11Commençons par le sommet de la crête. Trois photographies d’entonnoirs sont visibles dans les guides24. Deux d’entre elles sont prises d’une lèvre ou du fond. À chaque fois, une personne ou un monument, en l’occurrence celui du Coq au point C, donne l’échelle et permet d’avoir une idée des dimensions du cratère ; « 60 m. de diamètre, 30 m. de profondeur » pour celui qui se trouve au point X. Sous la légende de la seconde photographie, figure la source : « Photo Sommer, Verdun ». Michelin n’hésite pas à utiliser des clichés de photographes indépendants et d’agences pour illustrer ces guides. Effectivement, à Verdun, existe un magasin dans lequel sont vendus des objets souvenirs et en particulier des cartes postales25. La troisième photographie est une vue aérienne de l’éperon des Éparges en 1918. La légende indique encore qu’il s’agit de « la série d’entonnoirs de mines et les entrées de mines ». Ne sont visibles que les traces des entonnoirs les plus récents ; les plus anciens ayant été recouverts par les suivants.

    Vue actuelle d’un entonnoir sur la crête des Éparges, 2014

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    Nadège Mariotti

    Extrait du plan 58, groupe des canevas de tir, Les Éparges, tirage du 14 juillet 1917, 5e édition

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    coll. Nadège Mariotti

    12Au sud-est se dessine le village de Combres, comme le précise le croquis réalisé à partir de cette photographie et présent dans les guides26. Aucune indication ne permet de connaître la source, cependant, d’autres clichés appartenant à la Section photographique de l’armée (SPA) sont tout à fait semblables27. Le rôle de l’aviation est majeur à cette époque pour la reconnaissance et le guidage des tirs d’artillerie.

    13Aujourd’hui, les stigmates sont toujours visibles. Sur le cliché panoramique de la « vue générale du massif des Éparges, prise de la crête de Montgirmont »28 figurent à la lettre E des « abris sur le flanc de la colline des Éparges ». Si ce cliché est bel et bien pris de Montgirmont, il s’agit sans doute d’abris français. Trois photographies montrent des cagnas. La première est intitulée : « Les Éparges en 1915. Pendant une période calme une fabrique de bagues s’est installée à l’entrée d’un abri »29. Un soldat se tient de profil, accroupi au premier plan et tient une lame de métal, dans ses mains. Au second plan, deux poilus sont assis à l’entrée d’une cagna en bois, creusé dans la pente et dénommé À la gerbe d’or. L’ensemble est consolidé par des sacs de ciment. Plus loin, en haut à droite, un panonceau indique la direction de la sape 15. La légende est surprenante car aucun des soldats ne semble fabriquer de bagues. Or, c’est le nom donné à l’abri qui donne l’explication en faisant ici référence à la bijouterie parisienne À la gerbe d’or, installée au 86 rue de Rivoli, face à la Tour St-Jacques, à Paris30. Durant le conflit, elle récolte auprès des poilus des bijoux et objets issus de l’artisanat de tranchée pour les vendre et reverser la somme récoltée aux soldats31. Le poilu du premier rang semble davantage fabriquer un coupe-papier. L’indication de la sape maintient un lien avec la réalité de la guerre, en particulier celle des mines qui sévit aux Éparges. Aucune source n’est mentionnée. Cependant, il s’agit d’’un cliché du 6 octobre 1915 de Paul Queste32, caporal chargé au sein de la Section photographique de l’armée de la formation des opérateurs et décoré d’une citation à l’ordre du régiment pour acte de bravoure en juillet 191733. Dans le paysage actuel, ces abris ont laissé des traces profondes.

    14La seconde photographie, présente dans tous les guides, est citée à la lettre D du panorama général34. Il s’agit du Ravin de la mort35 en 1915 : « Abris et entrées de mine français sur le versant de l’éperon des Éparges ». Un officier pose devant un paysage ravagé, aux arbres décimés, ne laissant apparaitre que leur tronc déchiqueté. La comparaison avec le cliché original36, conservé dans le fonds de l’ECPAD37, montre que les éditeurs Michelin ont recadré la photographie autour du personnage. Or, l’intérêt justement est peut-être ici d’illustrer l’isolement de ce soldat dans ce paysage aux aspects lunaires et qui semble irréel. Contrairement à la vue précédente, le photographe, Paul Queste, ne se situe pas face aux cagnas, mais au-dessus, les rendant ainsi invisibles. Une autre image du même fonds, non présente dans les guides, la précède. Le même officier marche dans un boyau, se dirigeant vers le Ravin de la mort. Le relief du ravin est encore perceptible aujourd’hui.

    15La « vue générale du massif des Éparges, prise de la crête de Montgirmont » indique par les lettres B et F des tranchées38. Huit photographies y montrent des soldats, souvent en alerte. Quatre d’entre elles apparaissent dans cinq guides39. Celle intitulée « Les Éparges. – Dans une tranchée ennemie conquise, un prisonnier ramené à l’arrière » est particulièrement intéressante40. La légende ne fait allusion qu’au second plan où effectivement un soldat allemand, reconnaissable à son casque à pointe, est accompagné de deux combattants français dont l’un tient un fusil. Cependant, ce qui choque davantage dans ce cliché est le cadavre dont on ne voit que le bas du corps au premier rang. Prendre une tranchée ennemie, ce n’est pas seulement faire des prisonniers, c’est aussi faire œuvre de mort. C’est la seule image qui rend compte de cette réalité ; et encore il s’agit, le précise-t-on, d’un ennemi. Sur le terrain, les opérateurs ont ordre de ne photographier, au nom de la propagande, que les cadavres allemands41. Seul le guide de 1936 ajoute une source à cette photographie : « Éditions F. Meiller, Vitry-sur-Seine ». L’ECPAD, dans son fonds, possède les clichés originaux de cette série sur Les Éparges dont l’auteur est inconnu42. Il arrive que, devant l’apport financier majeur que représente la vente de photographies des lieux de combats, les opérateurs de l’armée participent à ce commerce en fournissant, entre autres, des maisons d’édition de cartes postales43.

    16Pour terminer ce panorama, les opérateurs Michelin parcourent les villes et villages exsangues au pied des côtes44. Ils rendent compte par leurs clichés de l’ampleur des destructions massives et des reconstructions nécessaires aux Éparges (quatre photographies dans cinq guides45), à Saint-Remy-la-Calonne46, à Fresnes-en-Woëvre47, à Ronvaux (une présence dans cinq guides48), à Trésauvaux (un seul cliché dans un guide49 et deux dans un autre50) et à Manheulles (trois photographies dans un seul guide51). En comparant la physionomie des villages détruits avec celle des villages actuels, l’objectif de l’appareil-photo montre que souvent la reconstruction s’est faite à l’identique.

    Vue actuelle du croisement entre la Tranchée de Calonne à droite et le chemin vers les Éparges à gauche, 2014

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    Nadège Mariotti

    17Au travers des photographies illustrant les itinéraires proposés dans ces ouvrages, il est possible d’ajouter un autre élément constitutif à la définition précitée du « paysage de guerre » pour l’époque. Au fait qu’il s’agit d’un territoire bouleversé par le conflit, s’ajoute l’appréhension de ce même territoire par la représentation et l’interprétation des traces matérielles et immatérielles laissées. Clément Puget rappelle que nous nous trouvons bien face à un « paysage d’événements », au sens de Virilio. Ce « paysage fluctuant au gré du regard et des passeurs d’Histoire – historiens et groupes sociaux –, soumis au temps, tributaire de l’action humanitaire répétée. »52

    Les Éparges : des récits

    18Cette entrée permet d’introduire un dernier aspect de la définition de « paysage de guerre ». Publiés en 2001, les actes du colloque international de Saint-Émilion insistaient sur le fait que :

    « Le temps et les civilisations ont laissé leurs empreintes et modifié l’ordonnancement du paysage : nous ne pouvons plus porter dessus le même regard. Aborder la question paysage implique de savoir le lire, l’interpréter, le conserver, le gérer et l’aménager ».53

    19Un paysage meurtri par un conflit, représenté uniquement par les traces qu’il a laissées (visibles in situ, sur des supports photographiques, filmiques ou textuels) est sujet à interprétation. La mise en récit d’un tel héritage signifie que le décor puisse accompagner une scénographie : c’est là tout l’enjeu d’une valorisation patrimoniale au plus près de la réalité.

    20Les guides sont ainsi le reflet d’une « Histoire par l’exposé des faits de guerre qui se déroulèrent dans les secteurs décris »54. Selon Antoine Champeaux, « la rédaction des 3 500 pages que constitue l’ensemble de la collection a exigé un très important travail de documentation : dépouillement des journaux, des récits publiés, des historiques, des journaux de marche d’unités, des communiqués, des almanachs et d’autres sources encore »55.

    21La moitié des guides de la période de l’entre-deux-guerres évoquent les affrontements aux Éparges à deux reprises56. Un court paragraphe situé au début de l’ouvrage dans la présentation des faits historiques, en particulier lors de la formation du Saillant de Saint-Mihiel, résume en 9 lignes les attaques et succès français d’avril 1915, les contre-attaques allemandes d’avril-mai 1915. Il est ensuite précisé qu’« à partir de ce moment la lutte revêtira un caractère de moindre acharnement, mais n’en continuera pas moins ardente et meurtrière ». C’est surtout au sein des pages qui présentent l’itinéraire que certains sites touristiques remarquables sont illustrés par un récit historique. Deux lieux sont particulièrement présents dans tous les guides : l’éperon des Éparges57 et la Tranchée de Calonne58. Cependant, devant la conformité des textes, seuls les ouvrages de 1919, 1926, 1928 et 1936 sont dans un premier temps évoqués.

    22Le 24 avril 1915, l’état-major allemand ordonne une attaque massive. L’auteur, inconnu, de l’ouvrage Le 106e régiment d’infanterie pendant la guerre : 1914-191959 relate les événements de façon identique aux guides. Les anciens guides de 1919 à 1936 ne mentionnent pas que deux écrivains survivants sont blessés le 25 avril 1915 sur la Tranchée de Calonne : Ernst Jünger, auteur d’Orages d’acier édité en 192060 et Maurice Genevoix dont l’ouvrage Les Éparges sort en 192361.

    Vue actuelle de la route de la Tranchée de Calonne à Saint-Remy-la-Calonne, 2014

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    Nadège Mariotti

    Tranchée de Calonne

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    À gauche : lignes allemandes, à droite : lignes françaises, ligne rectiligne verticale : Tranchée de Calonne.

    Extrait du plan 59, groupe des canevas de tir, Tranchée de Calonne, tirage du 6 février 1917, 2e édition (coll. Nadège Mariotti).

    23Le guide Verdun-Argonne-Saint-Mihiel de 2011 diffère des guides qui l’ont précédé. Plus contemporain, il se veut avant tout et presque exclusivement un guide touristique. C’est pourquoi d’autres vestiges sont mis en valeur comme le Fort de Troyon, Vigneulles-les-Hattonchâtel, Hattonchâtel, Saint-Remy-la-Calonne, ou encore Dieue-sur-Meuse. Dans un esprit davantage tourné vers le tourisme de mémoire, sur la crête des Éparges, tous les monuments commémoratifs sont signalés et décrits. Ce guide présente aussi les découvertes archéologiques les plus récentes comme celle de la fosse d’Alain Fournier et de ses compagnons en 1991. Le lien est établi avec le tourisme culturel et une page entière est consacrée aux écrivains combattants. Un encart informe que chaque année se déroule le festival littéraire Le printemps du Grand Meaulnes.

    24Cette réflexion montre que par une mise en valeur patrimoniale originale, les représentations du site des Éparges préfigurent dès cette époque celles actuelles de tourisme de mémoire. À l’origine, les visites ont pour objectif d’aider celles et ceux qui font leur deuil, à comprendre, à voir où les êtres aimés ont vécus, ont combattus en héros et sont morts, à transmettre une histoire, la leur. Au fil du temps, le sentiment de ne pas être seul se renforce. Une évolution est palpable : de « pèlerinage de mémoire », le champ de bataille des Éparges devient « territoire de mémoire », une appropriation collective, un lieu de recueillement impersonnel et intemporel. Cet aspect rejoint les éléments réflexifs proposés par Philippe Boulanger :

    « Les lieux de mémoire de la guerre dans le paysage se définissent comme les manifestations volontaires de conserver le souvenir des combats et des destructions de la part des associations ou des collectivités locales. »62

    25En ce sens, le « paysage de guerre » définit dans cet article met en exergue les interactions entre les éléments naturels et humains d’un territoire bouleversé, remodelé, aujourd’hui historicisé à partir de l’étude du support patrimonial spécifique que représentent les Guides Michelin. En publiant ses guides des champs de batailles alors que les cicatrices du conflit mondial sont encore visibles au sol et à vue, Michelin contribuait dès cette époque à définir ce qui allait devenir le patrimoine de la Grande Guerre et, à travers lui, ces lieux de mémoire particuliers que sont les lieux des combats. Visibles au regard des promeneurs, ils représentent des territoires aux formes fragiles que les phénomènes d’érosion et de végétation ont commencé à détruire inexorablement. Les images et les textes présentés dans ces guides constituent dans ce sens d’inestimables témoignages. Ceci étant, la prise de conscience des évènements à l’origine de ce contexte ne peut se résoudre à une simple mise en récit des lieux.

    26Les vestiges de guerre n’ont-ils de sens que dans le cadre d’un patrimoine constitutif de la mémoire nationale ? Bien que l’archéologie de guerre se soit développée en France plus tardivement que dans les pays anglo-saxons63, elle coïncide parfaitement avec l’amplification des concepts de « territoire et lieux de mémoire ». La valorisation de ces territoires doit nécessairement passer par une politique de sensibilisation et d’éducation au passé récent. C’est pourquoi la sauvegarde et la protection de ces paysages, vestiges de champs de bataille et des restes humains qu’ils contiennent, constitue un véritable enjeu à la fois culturel et sociétal.

    Notes de bas de page

    1 CHOUQUER, Gérard, L’étude des paysages. Essais sur leurs formes et leur histoire, Paris, Errance, 2000, p. 45.

    2 DANCHIN, Emmanuelle, « Héroïsation des ruines et des combattants : la mise en place d’un tourisme de champ de bataille (1914-1921) », in AUZAS, Vincent, JEWSIEWICKI, Bogumil (dir.), Traumatisme collectif pour patrimoine. Regards sur un mouvement transnational, Québec, PUL, 2008, p. 237-260.

    3 Cité par CHAMPEAUX, Antoine, « Les Guides illustrés des champs de bataille, 1914-1918 », in CANINI, Gérard (dir.), Mémoire de la Grande Guerre. Témoins et témoignages, Nancy, PUN, 1989, p. 342 et 346.

    4 Ibid., p. 342 et 346.

    5 Appellation utilisée dans L’Illustration du 3 mai 1919.

    6 CHAMPEAUX, Antoine, art. cit., p. 344.

    7 Dossier de presse Michelin, Guide des champs de bataille, novembre 2011, p. 10.

    8 Étude menée à partir des guides Michelin parus à l’époque. Antoine Champeaux attribue la naissance de Verdun-Argonne-Metz à 1926, « Les Guides illustrés… » art. cit.

    9 Affiche publicitaire Michelin, 1919.

    10 CHAMPEAUX, Antoine, « Les guides illustrés Michelin des champs de bataille 1914-1918, mémoire de la Grande Guerre », in COUTAU-BEGARIE, Hervé (dir.), Les médias et la guerre, Paris, Economica, 2005, p. 531-532.

    11 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Verdun-Argonne-Metz, 1919, p. 125 pour le plan, p. 125-135 pour le descriptif de l’itinéraire.

    12 Ibid., p. 127 ; Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Verdun-Argonne-Metz, éditions de 1926 et de 1928, p. 127.

    13 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Verdun-Argonne-Metz, 1936, p. 150.

    14 Sur ce monument, il est inscrit : « En mémoire du 54e R.I. et de ses Morts – 22 sept. 1914 – 2 août 1915 ». Il fut érigé par les anciens du 54e R.I. le 26 juin 1932.

    15 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 111.

    16 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 15.

    17 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Verdun-Argonne-Saint-Mihiel, 2011, p. 160-169.

    18 Ce lieu est mis à jour en 1991.

    19 L’Illustration, 30 juillet 1920.

    20 Affiche publicitaire Michelin, 1919.

    21 GUILLOT, Hélène, « Le métier de photographe militaire pendant la Grande Guerre », Revue historique des armées, n°265, 2011, p. 87-102.

    22 BRUNET, Roger, et FERRAS, Robert, THERY, Hervé (dir.), Les mots de la géographie, dictionnaire critique, Montpellier-Paris, Reclus, 1992.

    23 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 137 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, p. 123 ; 1926 et 1928, p. 137 ; 1936, p. 160 ; Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 23.

    24 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 118-119. La photographie de l’entonnoir avec le monument au coq n’est pas présente dans ce guide, mais figure dans Verdun-Argonne-Metz de 1919 alors que le monument n’est érigé qu’en 1924 (p. 132-134) ; 1926 et 1928 p. 132-134 ; 1936, p. 155-157. Ces photographies ne sont pas présentes dans le guide sur Le saillant de Saint-Mihiel, 1919. L’entonnoir de mines à l’extrémité de l’éperon Point X, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 118-119 ; Verdun-Argonne-Metz, 1926 et 1928 p. 132-134 ; 1936, p. 155-157. L’éperon des Éparges vu d’avion, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 115 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 129 ; 1936, p. 152.

    25 Collection personnelle, Attestation jointe à une douille décorée, artisanat de tranchée.

    26 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 115 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 129 ; 1936, p. 152.

    27 ECPAD, SPA 88 CT, reportage photo n° 5554, 3 septembre 1917.

    28 Ibid.

    29 Les Éparges en 1915. Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 6 ; 1926 et 1928, p. 10 ; 1936, p. 12 ; 2011, p. 167 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 27.

    30 Cette bijouterie change de propriétaire en 1950 mais conserve son nom jusqu’en 1983. Aujourd’hui, ce commerce est une bijouterie ; l’enseigne et le nom sont différents. Une bijouterie de nom identique existe également à Verdun durant le conflit.

    31 Informations issues de diverses publicités d’époque.

    32 ECPAD, SPA 22 B 1742, 6 octobre 1915.

    33 GUILLOT, Hélène, art. cit.

    34 Vue générale du massif des Éparges, prise de la crête de Montgirmont, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, op. cit.

    35 Le Ravin de la mort, nommé ainsi par les poilus, est en réalité le Ravin de la Fragaoulle, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 123 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 137 ; 1936, p. 160 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 24.

    36 ECPAD, SPA 22 B 1748, 6 octobre 1915.

    37 Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD).

    38 Vue générale du massif des Éparges, prise de la crête de Montgirmont, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, op. cit.

    39 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 116-117-120 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 130131- 134 ; 1936, p. 153-154 ; p. 157.

    40 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 117 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 131 ; 1936, p. 154.

    41 GUILLOT, Hélène, art. cit.

    42 ECPAD, D88, 1915.

    43 Ibid.

    44 CHAMPEAUX, Antoine, art. cit., p. 532.

    45 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 121-122 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 135-138 ; 1936, p. 158-159 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, deux photographies seulement p. 22-23.

    46 Ibid., 1921, p. 114 ; 1919, 1926 et 1928, p. 128 ; 1936, p. 151 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, deux photographies p. 21-22.

    47 Ibid., 1921, p. 124 ; 1919, 1926 et 1928, p. 138 ; 1936, p. 161 ; deux photographies dans Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 29. La statue du Général Marguerite, enfant du pays qui s’est illustré durant la guerre de 1870, est décapitée.

    48 Ibid., 1921, p. 127 ; 1919, 1926 et 1928, p. 138 ; 1936, p. 161.

    49 Ibid., 1921, p. 124.

    50 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 28.

    51 Ibid., 1919, p. 29-30.

    52 PUGET, Clément, « Des paysages d’événements en mémoire », in Christa Blümlinger et al. (dir.), Paysages et Mémoire, Cinéma, photographie, dispositifs audiovisuels, Paris, PSN, 2014, p. 69-77.

    53 Patrimoine et paysages culturels, Actes du colloque international de Saint-Émilion (30 mai-1er juin 2001), Bordeaux, Éditions Confluences, 2001, quatrième de couverture.

    54 Affiche publicitaire Michelin, 1919.

    55 CHAMPEAUX, Antoine, art. cit., p. 531.

    56 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 5 ; Verdun-Argonne-Metz, 1926 et 1928, p. 9 ; 1936, p. 11.

    57 Ibid. 1921, p. 115-119 ; 1919, 1926 et 1928, p. 129- 133 ; 1936, p. 152-156 ; 2011, p. 164 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 25-27.

    58 Ibid. 1921, p. 111-113 ; 1919, 1926 et 1928, p. 125- 127 ; 1936, p. 148-150 ; 2011, p. 162-163 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 17-20.

    59 Le 106e régiment d’infanterie pendant la guerre : 1914-1919, Châlons-sur-Marne, A. Robat, 1921, p. 31-32.

    60 JÜNGER, Ernst, Orages d’acier, Paris, Le livre de poche, janvier 2014 (réed.), p. 44-45.

    61 GENNEVOIX, Maurice, Les Éparges, Paris, Flammarion, 1923, p. 113-114.

    62 BOULANGER, Philippe, « Le paysage de guerre dans le canton de Lassigny (Oise) », in Ruralia, août 2001, en ligne, https://journals.openedition.org/ruralia/216.

    63 L’archéologie de guerre débute en France dans les années 1980 et au Royaume-Uni plus tôt, dans les années 1960. Lire à ce sujet les articles dans le présent ouvrage de Mark Connelly et Tim Godden, et d’Olivier Verdier.

    Auteur

    • Nadège Mariotti

      Professeure d’histoire à l’ÉSPÉ (Université de Lorraine). Doctorante à l’IRCAV (Université Sorbonne Nouvelle), elle est également chercheure associée au Laboratoire lorrain en sciences sociales (2L2S) à l’Université de Lorraine. Ses recherches portent sur les représentations du monde du travail minier et sidérurgique à travers le geste technique dans les images animées de la fin du XIXe siècle à la fin des Trente Glorieuses.

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    1 CHOUQUER, Gérard, L’étude des paysages. Essais sur leurs formes et leur histoire, Paris, Errance, 2000, p. 45.

    2 DANCHIN, Emmanuelle, « Héroïsation des ruines et des combattants : la mise en place d’un tourisme de champ de bataille (1914-1921) », in AUZAS, Vincent, JEWSIEWICKI, Bogumil (dir.), Traumatisme collectif pour patrimoine. Regards sur un mouvement transnational, Québec, PUL, 2008, p. 237-260.

    3 Cité par CHAMPEAUX, Antoine, « Les Guides illustrés des champs de bataille, 1914-1918 », in CANINI, Gérard (dir.), Mémoire de la Grande Guerre. Témoins et témoignages, Nancy, PUN, 1989, p. 342 et 346.

    4 Ibid., p. 342 et 346.

    5 Appellation utilisée dans L’Illustration du 3 mai 1919.

    6 CHAMPEAUX, Antoine, art. cit., p. 344.

    7 Dossier de presse Michelin, Guide des champs de bataille, novembre 2011, p. 10.

    8 Étude menée à partir des guides Michelin parus à l’époque. Antoine Champeaux attribue la naissance de Verdun-Argonne-Metz à 1926, « Les Guides illustrés… » art. cit.

    9 Affiche publicitaire Michelin, 1919.

    10 CHAMPEAUX, Antoine, « Les guides illustrés Michelin des champs de bataille 1914-1918, mémoire de la Grande Guerre », in COUTAU-BEGARIE, Hervé (dir.), Les médias et la guerre, Paris, Economica, 2005, p. 531-532.

    11 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Verdun-Argonne-Metz, 1919, p. 125 pour le plan, p. 125-135 pour le descriptif de l’itinéraire.

    12 Ibid., p. 127 ; Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Verdun-Argonne-Metz, éditions de 1926 et de 1928, p. 127.

    13 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Verdun-Argonne-Metz, 1936, p. 150.

    14 Sur ce monument, il est inscrit : « En mémoire du 54e R.I. et de ses Morts – 22 sept. 1914 – 2 août 1915 ». Il fut érigé par les anciens du 54e R.I. le 26 juin 1932.

    15 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 111.

    16 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 15.

    17 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Verdun-Argonne-Saint-Mihiel, 2011, p. 160-169.

    18 Ce lieu est mis à jour en 1991.

    19 L’Illustration, 30 juillet 1920.

    20 Affiche publicitaire Michelin, 1919.

    21 GUILLOT, Hélène, « Le métier de photographe militaire pendant la Grande Guerre », Revue historique des armées, n°265, 2011, p. 87-102.

    22 BRUNET, Roger, et FERRAS, Robert, THERY, Hervé (dir.), Les mots de la géographie, dictionnaire critique, Montpellier-Paris, Reclus, 1992.

    23 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 137 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, p. 123 ; 1926 et 1928, p. 137 ; 1936, p. 160 ; Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 23.

    24 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 118-119. La photographie de l’entonnoir avec le monument au coq n’est pas présente dans ce guide, mais figure dans Verdun-Argonne-Metz de 1919 alors que le monument n’est érigé qu’en 1924 (p. 132-134) ; 1926 et 1928 p. 132-134 ; 1936, p. 155-157. Ces photographies ne sont pas présentes dans le guide sur Le saillant de Saint-Mihiel, 1919. L’entonnoir de mines à l’extrémité de l’éperon Point X, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 118-119 ; Verdun-Argonne-Metz, 1926 et 1928 p. 132-134 ; 1936, p. 155-157. L’éperon des Éparges vu d’avion, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 115 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 129 ; 1936, p. 152.

    25 Collection personnelle, Attestation jointe à une douille décorée, artisanat de tranchée.

    26 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 115 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 129 ; 1936, p. 152.

    27 ECPAD, SPA 88 CT, reportage photo n° 5554, 3 septembre 1917.

    28 Ibid.

    29 Les Éparges en 1915. Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 6 ; 1926 et 1928, p. 10 ; 1936, p. 12 ; 2011, p. 167 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 27.

    30 Cette bijouterie change de propriétaire en 1950 mais conserve son nom jusqu’en 1983. Aujourd’hui, ce commerce est une bijouterie ; l’enseigne et le nom sont différents. Une bijouterie de nom identique existe également à Verdun durant le conflit.

    31 Informations issues de diverses publicités d’époque.

    32 ECPAD, SPA 22 B 1742, 6 octobre 1915.

    33 GUILLOT, Hélène, art. cit.

    34 Vue générale du massif des Éparges, prise de la crête de Montgirmont, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, op. cit.

    35 Le Ravin de la mort, nommé ainsi par les poilus, est en réalité le Ravin de la Fragaoulle, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 123 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 137 ; 1936, p. 160 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 24.

    36 ECPAD, SPA 22 B 1748, 6 octobre 1915.

    37 Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD).

    38 Vue générale du massif des Éparges, prise de la crête de Montgirmont, Guides illustrés Michelin des champs de bataille, op. cit.

    39 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 116-117-120 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 130131- 134 ; 1936, p. 153-154 ; p. 157.

    40 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 117 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 131 ; 1936, p. 154.

    41 GUILLOT, Hélène, art. cit.

    42 ECPAD, D88, 1915.

    43 Ibid.

    44 CHAMPEAUX, Antoine, art. cit., p. 532.

    45 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 121-122 ; Verdun-Argonne-Metz, 1919, 1926 et 1928, p. 135-138 ; 1936, p. 158-159 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, deux photographies seulement p. 22-23.

    46 Ibid., 1921, p. 114 ; 1919, 1926 et 1928, p. 128 ; 1936, p. 151 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, deux photographies p. 21-22.

    47 Ibid., 1921, p. 124 ; 1919, 1926 et 1928, p. 138 ; 1936, p. 161 ; deux photographies dans Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 29. La statue du Général Marguerite, enfant du pays qui s’est illustré durant la guerre de 1870, est décapitée.

    48 Ibid., 1921, p. 127 ; 1919, 1926 et 1928, p. 138 ; 1936, p. 161.

    49 Ibid., 1921, p. 124.

    50 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 28.

    51 Ibid., 1919, p. 29-30.

    52 PUGET, Clément, « Des paysages d’événements en mémoire », in Christa Blümlinger et al. (dir.), Paysages et Mémoire, Cinéma, photographie, dispositifs audiovisuels, Paris, PSN, 2014, p. 69-77.

    53 Patrimoine et paysages culturels, Actes du colloque international de Saint-Émilion (30 mai-1er juin 2001), Bordeaux, Éditions Confluences, 2001, quatrième de couverture.

    54 Affiche publicitaire Michelin, 1919.

    55 CHAMPEAUX, Antoine, art. cit., p. 531.

    56 Guides illustrés Michelin des champs de bataille, La bataille de Verdun, 1921, p. 5 ; Verdun-Argonne-Metz, 1926 et 1928, p. 9 ; 1936, p. 11.

    57 Ibid. 1921, p. 115-119 ; 1919, 1926 et 1928, p. 129- 133 ; 1936, p. 152-156 ; 2011, p. 164 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 25-27.

    58 Ibid. 1921, p. 111-113 ; 1919, 1926 et 1928, p. 125- 127 ; 1936, p. 148-150 ; 2011, p. 162-163 ; Le saillant de Saint-Mihiel, 1919, p. 17-20.

    59 Le 106e régiment d’infanterie pendant la guerre : 1914-1919, Châlons-sur-Marne, A. Robat, 1921, p. 31-32.

    60 JÜNGER, Ernst, Orages d’acier, Paris, Le livre de poche, janvier 2014 (réed.), p. 44-45.

    61 GENNEVOIX, Maurice, Les Éparges, Paris, Flammarion, 1923, p. 113-114.

    62 BOULANGER, Philippe, « Le paysage de guerre dans le canton de Lassigny (Oise) », in Ruralia, août 2001, en ligne, https://journals.openedition.org/ruralia/216.

    63 L’archéologie de guerre débute en France dans les années 1980 et au Royaume-Uni plus tôt, dans les années 1960. Lire à ce sujet les articles dans le présent ouvrage de Mark Connelly et Tim Godden, et d’Olivier Verdier.

    Tourisme et Grande Guerre

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    Ce livre est cité par

    • Vincent, Johan. Evanno, Yves-Marie. (2025) Contributions to Economics Tourism Destinations and Policies in Europe During the 20th Century. DOI: 10.1007/978-3-031-88447-4_7
    • Sussman, Sarah. (2020) Recent Books and Dissertations on French History. French Historical Studies, 43. DOI: 10.1215/00161071-8552531
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    Ce chapitre est cité par

    • Gordon, Bertram M.. (2019) Toward a Deeper Understanding of History: War, Tourism, and their Links – The Case of the First World War. Via Tourism Review. DOI: 10.4000/viatourism.4611
    • Gordon, Bertram M.. (2019) Vers une meilleure compréhension de l’histoire :Guerre, tourisme et leurs liens - Le cas de la Première Guerre mondiale. Via Tourism Review. DOI: 10.4000/viatourism.4617

    Tourisme et Grande Guerre

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    Mariotti, N. (2019). Le champ de bataille des Éparges dans les Guides illustrés Michelin : pour une définition du « paysage de guerre ». In Y.-M. Evanno & J. Vincent (éds.), Tourisme et Grande Guerre. Ploemeur: Éditions Codex. https://doi.org/10.4000/books.codex.1712
    Mariotti, Nadège. « Le champ de bataille des Éparges dans les Guides illustrés Michelin : pour une définition du “paysage de guerre” ». In Tourisme et Grande Guerre, édité par Yves-Marie Evanno et Johan Vincent. Ploemeur: Éditions Codex, 2019. doi:10.4000/books.codex.1712.
    Mariotti, Nadège. « Le champ de bataille des Éparges dans les Guides illustrés Michelin : pour une définition du “paysage de guerre” ». Tourisme et Grande Guerre, édité par Yves-Marie Evanno et Johan Vincent, Éditions Codex, 2019, https://doi.org/10.4000/books.codex.1712.

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    Evanno, Y.-M., & Vincent, J. (éds.). (2019). Tourisme et Grande Guerre. Ploemeur: Éditions Codex. https://doi.org/10.4000/books.codex.1084
    Evanno, Yves-Marie, et Johan Vincent, éd. Tourisme et Grande Guerre. Ploemeur: Éditions Codex, 2019. doi:10.4000/books.codex.1084.
    Evanno, Yves-Marie, et Johan Vincent, éditeurs. Tourisme et Grande Guerre. Éditions Codex, 2019, https://doi.org/10.4000/books.codex.1084.
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