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Fabrique du tourisme et expériences patrimoniales au Maghreb, XIXe-XXIe siècles

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Cyril Isnart
, 
Charlotte Mus-Jelidi
, 
Colette Zytnicki

Partie I : Préserver et visiter le patrimoine antique de la Tunisie

Barrages hydrauliques, tourisme et Antiquité : les projets d’un ingénieur visionnaire dans la Tunisie coloniale

Lassaad Dendani

Texte intégral

  • 1 Hammam Zriba, un village d’origine berbère situé entre deux pics rocheux et qui se trouve à 85 kilo (...)
  • 2 N. Oulebsir, Les Usages du patrimoine : monuments, musées et politique coloniale en Algérie (1830-1 (...)

1Comment un projet industriel, la création du barrage-réservoir de Hammam Zriba1 situé aux environs de Tunis et destiné à fournir de l’eau potable à la Tunisie coloniale, a-t-il pu faire naître l’idée d’un itinéraire touristique basé sur le patrimoine ancien et moderne ? L’idée semble à première vue assez étonnante. Elle fut néanmoins défendue par un ingénieur spécialiste en hydraulique, Jean Coignet, qui entendait ainsi établir un lien entre le passé antique et le présent colonial. On sait combien cette thématique unissant la gloire de l’Empire romain à celle de la France fut utilisée à cette période2.

  • 3 J.A. Rodier, J. Colombani, J. Claude, R. Kallel, Le Bassin de la Mejerdah, Paris, Office de la rech (...)

2Depuis les débuts de la mainmise de la France sur la Tunisie, de nombreux savants, dont Paul Gauckler, se sont intéressés aux installations et aux réseaux hydrauliques ainsi qu’aux techniques de gestion de l’eau qui remontaient en majorité à l’Antiquité. La Tunisie offrait une remarquable richesse en ouvrages hydrauliques, dont quelques-uns existent encore de nos jours. Il suffit de citer le pont Trajan à Béja construit sous Tibère, le pont-barrage d'El Bathan édifié en 1690, d’origine antique et toujours en usage3 ou le « temple » des eaux de Zaghouan transportant l’eau vers Carthage. Depuis l’installation du protectorat, des articles érudits furent consacrés à cette question qui intéressait vivement les colonisateurs français préoccupés par les problèmes de mise en valeur de la Tunisie. Mais il revient à l’ingénieur hydraulicien Jean Coignet de mêler étroitement projet industriel et mise en tourisme, patrimoine ancien et modernité.

  • 4 C. Llanes, Le Tourisme en Tunisie (fin XIXe-début XXe siècles : naissance, développement et spécifi (...)
  • 5 1909 est la date où J. Coignet avait présenté son projet de construction d’un barrage-réservoir à H (...)
  • 6 1936 est la date où J. Coignet avait présenté son projet de mise en tourisme du barrage-réservoir d (...)

3L’idée de transformer les futurs barrages en attractions touristiques s’explique également par le contexte général. En ce début du XXe siècle, le tourisme commence à se développer en Tunisie. C’est alors une activité réservée à la gentry internationale, fervente adepte des croisières ou des séjours dans les hôtels et les villas de luxe de la rive sud de la Méditerranée4. Les touristes sont également attirés par les ruines laissées par les anciennes civilisations phéniciennes ou romaines. Carthage devient ainsi un des lieux privilégiés du tourisme tunisien. Mais les témoignages de ce passé ne se résument pas aux traces urbaines. Les travaux hydrauliques menés par les Romains (ou d’autres peuples) attestent également de leur présence. Ne peuvent-ils à leur tour devenir des attractions touristiques ? Telle est l’interrogation pionnière de Jean Coignet. Depuis 1906, date de son arrivée en Tunisie, il ne cesse en effet de militer en faveur de la construction de barrages-réservoirs dans le pays. Il en défend l’idée dans plusieurs projets présentés de 19095 à 19366. Peu à peu germe l’idée d’allier installations hydrauliques modernes et mise en valeur touristique du passé antique de la Tunisie.

4C’est à la genèse de ces projets que nous nous consacrerons. Nous commencerons par retracer la carrière de Jean Coignet dont nous examinerons ensuite les diverses propositions de barrage à travers le pays. Nous nous interrogerons tout particulièrement sur les arguments qu’il utilise pour inciter les décideurs politiques à ratifier son projet : quel rôle jouent le passé antique et la mise en tourisme du pays dans son argumentaire ? Restera enfin à se pencher sur la réception des projets présentés par l’ingénieur.

Jean Coignet, un ingénieur hydraulicien

  • 7 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce 17, textes réglementaires relat (...)
  • 8 P. Lambert, Choses et gens de la Tunisie : dictionnaire illustré de la Tunisie, Tunis, Éditions C.  (...)

5Né à Saint-Martin-en-Coalleux (Loire) le 25 janvier 1866, Jean Coignet était le sixième enfant d’une famille nombreuse. Ingénieur civil et expert agréé près les tribunaux7, il s’est passionné très tôt pour l’agriculture. Responsable d’importantes exploitations agricoles, il a commencé à y pratiquer les techniques d’irrigation, comme dans le domaine de la Feuillanne : « Il a dirigé avant son arrivée en Tunisie des exploitations agricoles et viticoles, ainsi que l’usine de pâtes et papiers d’alfa de Fos-sur-Mer. […] Il s’est occupé de nombreuses affaires minières, industrielles et agricoles et s’est spécialisé dans les questions d’hydraulique agricole8. » Il a ainsi participé aux travaux de mise en culture des marais de Fos, à l’aide de pompes centrifuges débitant chacune de 12 à 1 800 litres à la seconde. Jean Coignet était aussi vice-président de la Chambre de commerce de Lyon.

  • 9 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce 13. Ce document, qui contient u (...)

6Après avoir assuré la direction de l’usine de Fos-sur-Mer pendant deux ans, Jean Coignet a remis à la Direction générale de l’agriculture, du commerce et de la colonisation de Tunisie une étude sur la fabrication de la pâte d’alfa dans la Régence. En arrivant dans la colonie en 1906, Jean Coignet séjourna dans plusieurs régions du pays. Il devint le fondé de pouvoir d’un groupe de quelques capitalistes lyonnais tels Julien Ferrouillat et Julien de Pommerol. Cette collaboration a donné naissance à des projets comme celui des « Établissements Schwich et Baizeau », de « l’Ommium immobilier tunisien », du « Domaine de Sidi Salem » près de Mateur et de la « Société des olivettes du Maiana à Tébourba9. »

  • 10 J. Coignet, Alimentation de Tunis en eau potable : notice sur la création d’un barrage-réservoir à (...)
  • 11 J. Coignet, L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages-réservoirs : résumé des études et proje (...)

7Pendant plus de dix ans, Jean Coignet a rempli bénévolement le rôle d’ingénieur-conseil auprès de la Direction générale de l’agriculture, du commerce et de la colonisation. Il présenta dans ce cadre un projet du grand barrage à Hammam Zriba qui fut adopté à l’unanimité par la Conférence consultative de Tunis lors de sa séance plénière du 26 novembre 1912. En tant qu’ingénieur des travaux publics, il procéda à l’étude des eaux de ruissellement canalisées pour l’irrigation des cultures. Son credo était en effet qu’il fallait « empêcher les eaux de s’en aller à la mer10 ». Pour défendre son projet, il publia, sous les auspices de la Direction générale de l’agriculture, du commerce et de la colonisation, un ouvrage intitulé L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages-réservoirs11. Il y exposa une théorie toute nouvelle, celle de l’envasement des barrages-réservoirs et de leur étanchéité. J. Coignet fut l’initiateur d’une véritable politique de l’hydraulique agricole dans le protectorat.

  • 12 J. Coignet, Alimentation de Tunis..., op. cit.
  • 13 Ibid., p. 2.
  • 14 J. Coignet, Le Barrage-réservoir de Hammam Zriba : notice sur la pluviométrie et le ruissellement o (...)
  • 15 Ibid., p. 17.

8Durant son séjour en Tunisie, il laissa une œuvre abondante basée sur ses travaux d’ingénieur passionné d’hydraulique. Parmi ses études, nous pouvons signaler Notice sur la création d’un barrage-réservoir à Hammam Zriba près de Zaghouan12 qui se focalise sur les questions de l’alimentation de Tunis en eau potable. Un chapitre de l’ouvrage évoque la question du tourisme. Après avoir cité les bienfaits du barrage du point de vue de la capacité et du captage des eaux, Coignet rappelle qu’il peut constituer « avec ses gorges du hammam un pittoresque centre d’excursions13 ». Cette idée fut évoquée une année plus tard dans son livre Le Barrage-réservoir de Hammam Zriba : notice sur la pluviométrie et le ruissellement observés dans la région de Zaghouan où il affirme que « dans tous les pays, les grands barrages-réservoirs sont un but d’excursion ou de promenade14 ». Dans cette perspective, le barrage de Zriba peut constituer un centre touristique où l’on admirerait : « en même temps qu’un ouvrage imposant et un lac de cent hectares, les gorges si curieuses qui se trouvent entre l’emplacement du barrage et les bains thermaux de Hammam Zriba15 ».

  • 16 J. Coignet, L’Hydraulique agricole à l’époque romaine en Tunisie : réfutation des erreurs commises (...)
  • 17 R. Cagnat (1852-1937), historien et épigraphiste, il effectua plusieurs missions scientifiques nota (...)
  • 18 Henri Saladin (1851-1923) effectua en 1881-1882 une mission archéologique en Tunisie avec René Cagn (...)
  • 19 René du Coudray de la Blanchère, archéologue et historien, fut nommé directeur du Service des antiq (...)
  • 20 J. Coignet, Avant-projet d’utilisation du pont-barrage d’El-Bathan près de Tébourba, Tunis, août 19 (...)
  • 21 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce 13.
  • 22 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 12, cette pièce est une lett (...)

9Dans L’Hydraulique agricole à l’époque romaine en Tunisie16, Coignet conteste l’idée d’une véritable hydraulique agricole romaine en Tunisie, défendue par les travaux de nombreux auteurs comme Paul Gauckler, René Cagnat17, Henri Saladin18, le docteur Imbeaux (ingénieur des Ponts-et-Chaussées) et René du Coudray de la Blanchère19. Coignet affirme au contraire que cette hydraulique agricole n’a pas existé et que la Tunisie n’a jamais été le grenier de Rome. L’Avant-projet d’utilisation du pont-barrage d’El-Bathan près de Tébourba20 est une étude sur les origines de ce barrage et les possibilités de son utilisation. Jean Coignet s’appuie sur de nombreuses sources, notamment sur des archives espagnoles21. Il met en doute des études antérieures qui attribuaient la naissance du monument à la période de colonisation romaine. Pour argumenter ses hypothèses, il cite Louis Drappier, ingénieur agronome, spécialement détaché au service des Antiquités de la Régence, dont les analyses sur les anciens travaux d’hydraulique vont dans son sens. Coignet contacta même des directeurs des travaux publics hollandais et espagnols pour montrer que l’édification du barrage d’El-Bathan remonterait en fait au début du XVIIIe siècle. Il présente ainsi une lettre écrite en espagnol, datée du 13 décembre 1915 et provenant de la direction des Travaux publics de Valence22.

  • 23 J. Coignet, « La houille blanche en Tunisie », La Dépêche tunisienne, 1er, 14 et 28 septembre, 16 o (...)
  • 24 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce 17, curriculum vitæ de J. Coign (...)

10On peut également ajouter quelques études que nous n’avons pu consulter, comme celle publiée sur le barrage-réservoir n° 37, sur l’oued Zeroud, à Sidi Saad, à cinquante kilomètres au sud-ouest de Kairouan ou celle sur le barrage-réservoir de Testour. Il fit paraître également des articles dans La Dépêche tunisienne qui traitaient des questions de l’hydraulique et de la houille blanche en Tunisie23. Il y évoqua les législations française et tunisienne et l’aide financière que pouvait apporter l’État aux constructeurs de barrages-réservoirs. Des études et des analyses sur la saline de Sidi El Hani ont été remises par Jean Coignet à la Direction générale des travaux publics et au Service des mines24.

  • 25 Nous devons rappeler que les notes des archives signalent que Jean Coignet « n’est titulaire d’aucu (...)

11En plus d’être un homme d’analyse, Jean Coignet était un homme de terrain25. Il a visité de nombreux barrages-réservoirs, tel celui de Dardennes, près de Toulon, ou le barrage François Zola près d’Aix-en-Provence, les bassins de Saint-Christophe et Réaltort sur le canal de Marseille. Il a ainsi fourni une bonne documentation à plusieurs administrations en Tunisie, en Afrique du Nord et en France sur la question de l’hydraulique agricole et industrielle.

Le patrimoine hydraulique et le tourisme en Tunisie à la fin du XIXe et au début XXe siècle

  • 26 P. Gauckler, Enquête sur les installations hydrauliques romaines en Tunisie, Tunis, vol. I, 1-3, 18 (...)
  • 27 G. Pignauvin, L’Hydraulique en Tunisie d’après les Romains : les applications modernes, la baguette (...)

12Depuis la naissance du tourisme en Tunisie vers la seconde moitié du XIXe siècle, le patrimoine hydraulique avait commencé à susciter la curiosité des premiers voyageurs dans la Régence. Les guides touristiques l’avaient inclus dans les principaux circuits proposés aux voyageurs, même si l’on accordait la priorité aux monuments historiques, surtout ceux d’origine romaine. En parallèle, plusieurs études furent menées pour inventorier les ouvrages hydrauliques anciens de la Tunisie. En 1898, sous les auspices de René Millet, Résident général de la Tunisie, Paul Gauckler26 avait été chargé de les répertorier. Le résultat de son enquête fut publié trois ans plus tard par la direction des Antiquités27.

  • 28 E. Violard, La Tunisie du Nord : les contrôles civils de Souk-el-arba, Béja, Tunis, Bizerte et Gram (...)
  • 29 Archives nationales de Tunisie, série MN, carton 18, dos. 6, participation de la Tunisie à la Semai (...)

13Pour sa part, au début du XXe siècle, Émile Violard dressa, dans son recueil sur la Tunisie, un tableau descriptif de l’état des installations hydrauliques de la Régence. Il notait que ces ouvrages, en majorité d’origine romaine, pouvaient constituer l’essence des sites archéologiques du pays, sans évoquer toutefois leur importance pour le tourisme. Dans son texte réservé à El-Bathan, Violard considérait néanmoins le pont-barrage comme une des curiosités de la Tunisie28. Quelques années plus tard, à l’occasion de la Semaine du tourisme colonial tenue à Bordeaux du 5 au 15 juin 1920, ce barrage était désigné par le contrôleur civil de Tunis comme l’une des attractions pouvant retenir l’intérêt des touristes à Tunis et ses environs. El-Battan, selon le fonctionnaire colonial, méritait la visite du fait de son importance historique et esthétique29.

  • 30 J. Coignet, L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages…, op. cit., p. 136.
  • 31 J. Coignet, Alimentation de Tunis en eau potable…, op. cit., p. 48.

14Jean Coignet avait remarqué la richesse et la diversité de ce patrimoine hydraulique lors de ses premières visites en Tunisie. Ceci l’avait amené à signaler que « la Tunisie était le pays des barrages-réservoirs30 ». Cette idée lui permit de mêler les questions hydrauliques à celles du tourisme dans le projet de construction d’un barrage-réservoir dans la région de Hammam Zriba qu’il soumit à l’administration coloniale. Le but de cette construction était, selon Coignet, de contribuer à l’approvisionnement de Tunis en l’eau potable. Le 29 mai 1909, il avait reçu une réponse favorable de la part du directeur général des Travaux publics, mais les autres instances administratives tardaient à donner leur accord. En effet, les services de météorologie pensaient que « quand il y tombe un peu d’eau, elle ne ruisselle pas, elle s’infiltre dans le sol31 » et s’opposèrent à son idée. Cherchant à convaincre de l’opportunité de son projet, Coignet en vint à utiliser l’argument touristique dans la notice qu’il rédigea en 1912 : le barrage situé dans un lieu au passé légendaire, et non loin d’une source d’eau thermale, avait tous les atouts pour séduire les touristes.

  • 32 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 13.
  • 33 J. Coignet, L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages…, op. cit., p. 46.

15Notons, avant de se pencher sur l’argumentation alors déployée par Coignet, que la promotion du tourisme n’est toutefois pas une constante dans son œuvre. Il se contenta par la suite de remarquer la signalisation incomplète des routes, le manque d’esthétique des poteaux indicateurs et des pancartes ou le défaut d’éclairage dans les gares comme celle de Tebourba32. Dans l’introduction de son livre L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages-réservoirs, il ne cite pas le tourisme parmi la liste des avantages que pouvaient offrir les barrages-réservoirs. Il parle seulement de la régularisation des cours d’eau, de l’irrigation de grandes surfaces de terrains, de la création d’importantes forces motrices ou d’industries diverses et de l’alimentation en eau potable des villes et des centres de colonisation33. Mais le tourisme est bien au cœur de son projet à Hammam Zriba ou en d’autres lieux, et il y consacra bien des efforts durant de longues années.

Fig. 1. Plan indiquant l’emplacement du barrage et le circuit du défilé de la Hache.

Fig. 1. Plan indiquant l’emplacement du barrage et le circuit du défilé de la Hache.

Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, Textes réglementaires relatifs à la création de l’Office du tourisme et du Conseil supérieur du tourisme, ministère de l’Economie nationale, Organisation du commerce, Office du tourisme et Conseil supérieur du tourisme, 1937-1956, pièce 17.

Légende : A. La plaine où arrivent les mercenaires poursuivis par les troupes carthaginoises ; B. Le défilé ; C. La plaine, dont le fond en forme de fer de hache est environné de hautes falaises ; D. L’entrée du défilé de la hache ; E. L’emplacement du barrage-réservoir. HZ L’établissement thermal.

Les fondements historiques de la mise en tourisme du barrage-réservoir de Hammam Zriba

16Pour étayer sa proposition de faire du barrage-réservoir un lieu touristique, Coignet développa plusieurs arguments. Il mit d’abord en avant le critère du pittoresque :

  • 34 J. Coignet L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages…, op. cit., p. 63-64.

« L’entrée de cette gorge, de ce véritable canon, est caractéristique : elle est formée par une ramification du grand épointement jurassique du Zaghouan et constituée par une falaise à pic, dans laquelle l’oued El-Hammam, venant de la plaine, entre brusquement par un coude de près de 90 degrés. On ne peut moins faire, en admirant ce site, à la fois sauvage et grandiose, que de songer à la facilité qu’il y aurait à créer là un barrage-réservoir34. »

17Si la morphologie du site invite à y créer un établissement hydraulique, sa beauté appelle également sa mise en tourisme :

  • 35 J. Coignet, Alimentation de Tunis en eau potable, op. cit., p. 47.

« Comme l’utile ne perd rien à s’adjoindre les charmes de l’agréable, nous ne ferons que signaler en passant une heureuse conséquence de nos travaux, celle qui fera des gorges de l’oued Hammam un centre d’excursions des plus intéressants, à cause surtout de la présence du barrage, de l’établissement thermal et du voisinage de Zaghouan (ville et djebel). Dès que le barrage de Zriba sera construit et qu’une route le reliera au hammam et à Zaghouan, les Tunisiens et les touristes viendront admirer un paysage dont le pittoresque ne le cède en rien, surtout dans les gorges du hammam, à tant d’autres sites renommés35. »

18Coignet, qui savait combien le recours au passé antique était un élément essentiel de la politique coloniale de la France en Tunisie, utilisa donc une justification historique. Pour cela, il s’appuya sur un érudit qui crut reconnaître dans la région un des hauts lieux du passé punique. Voyons les faits d’un peu plus près.

  • 36 M. Coignet, « Le défilé de la Hache », L’Afrique du Nord illustrée, 21 mars 1931, p. 6.
  • 37 Les mercenaires, composés de paysans pauvres et d’esclaves, mirent le siège devant Carthage et prir (...)

19La proposition défendue par Coignet d’édifier un barrage-réservoir à Hammam Zriba résultait des recherches minières qu’il avait entreprises dans la région de Zaghouan et qui avaient donné lieu à plusieurs publications. Selon Marguerite Coignet, l’une d’entre elles avait été lue par un professeur d’histoire au collège Alaoui, M. Courtian, qui fut frappé « de l’analogie qui existait entre la description, les vues des gorges de l'oued El-Hammam et la peinture faite par Flaubert du fameux défilé de la Hache, dans son œuvre Salammbô36 ». À partir de là, Coignet va saisir l’argument historique et inscrire son projet dans la longue durée historique. Il rappelle, d’un côté, les guerres dites des mercenaires menées au temps d’Hamilcar pendant la période allant de 249 à 237 avant J.C., soit entre les première et deuxième Guerres puniques37. Mais il recourt également au roman Salammbô de Flaubert qui retrace le moment où Hamilcar piégea les mercenaires dans le défilé. L’auteur y décrit comment une partie d’entre eux y resta bloquée et mourut de faim tandis que les autres soldats arrivèrent à sortir et se firent écraser par une charge d'éléphants.

  • 38 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 14.
  • 39 Idem, pièce n° 13.

20Mettre en tourisme la région de Hammam Zriba revient à offrir au touriste un pèlerinage sur les traces du passé punique tout en lui rappelant une œuvre devenue un classique. Jean Coignet propose un circuit touristique en plusieurs étapes, s’appuyant plus sur le roman que sur la réalité historique, réinventant le chemin suivi par les mercenaires depuis les pentes sud-est de Zaghouan (où ils s’étaient réfugiés pour échapper aux éléphants d’Hamilcar) jusqu’au fameux défilé de la Hache, où ils furent tous massacrés38. Pour J. Coignet : « En dehors de l’intérêt historique qui s’attache au défilé où furent massacrés les mercenaires de Carthage, la visite des gorges de l’oued Hammam offre au touriste un spectacle impressionnant ; de grandes falaises à pic et d’abrupts permettent d’y faire réellement de l’alpinisme […]39. »

  • 40 Idem, pièce n° 17.
  • 41 M. Coignet, « Le défilé de la Hache », op. cit., p. 6-7.

21Pour convaincre l’administration de l’intérêt de son projet et des retombées touristiques qu’il était susceptible d’engendrer, Coignet guida par la suite plusieurs excursions : « Les gorges impressionnantes ont reçu la visite de centaines et de centaines de touristes, membres de sociétés régionales ou du Touring Club de France40 » écrivait-il. Il s’agissait d’excursions organisées par l’Institut de Carthage. En 1931, Marguerite Coignet publia dans L’Afrique du Nord illustrée un article sur le site agrémenté de photos montrant des randonneurs découvrant la région41. Celle-ci devint une destination touristique non seulement pour son pittoresque mais également pour la charge historique ancienne qu’elle était censée receler.

Le tourisme hydraulique : un projet pionnier resté inachevé

  • 42 Édouard Carteron a été désigné par le ministère des Affaires étrangères suite au départ de M. Thier (...)

22Le projet du barrage d’Hammam Zriba resta inachevé. Malgré la passion et l’investissement de Jean Coignet et l’accord et l’engagement du directeur général des Travaux publics en mai 1909, le barrage ne fut jamais réalisé. Sa construction fut empêchée par le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Après le conflit, Jean Coignet recommença ses démarches. Ses efforts conduisirent l’administration coloniale à publier une série d’arrêtés, tel celui du 28 juin 1920 qui permit l’ouverture d’une enquête de quinze jours sur la faisabilité du projet. Il fut suivi par un autre en date du 21 juillet 1920, fixant les membres de la commission chargée d’examiner le dossier. En 1936, Coignet reprit l’argument touristique pour faire aboutir son idée. Il contacta Edouard Carteron, ministre plénipotentiaire, Résident général-adjoint, président de la Commission du tourisme en 193642. Il lui envoya un dossier bien documenté, avec quelques réflexions sur le développement du tourisme en Tunisie. Il évoqua en particulier l’aménagement des circuits autour du défilé de la Hache et l’édification de panneaux indicateurs. Il proposa aussi de placer des échelles en fer pour permettre aux touristes de franchir les passages difficiles.

  • 43 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 13.
  • 44 Ibid.
  • 45 Ibid.
  • 46 Ce barrage a été construit entre 1930 et 1935. Il est situé à la limite des départements de l'Isère (...)
  • 47 Une commune française qui se situe dans le département de l’Indre en région Centre-Val-de-Loire. So (...)
  • 48 P. Bochin, « Comment le tourisme utilisera les lacs artificiels », Le Journal, 8 juillet 1931.
  • 49 L. Auscher, « La renaissance de Corps (Isère) ou l’union de la houille blanche et du tourisme », Re (...)

23Jean Coignet suggéra des tournées touristiques organisées autour de quelques installations hydrauliques. Il donne l’exemple d’un circuit dans la région de Bargou à Siliana programmée par des membres du Touring Club. Au cours de ce périple, les touristes « […] ont pu admirer les captages romains de Aïn Fourna et les ruines d’Aïn El-Bez, l’ancienne civitas Venitza43 ». L’excursion a été complétée par la visite des sources de Bou Saadia, le tunnel de Bou Tiss et les gorges de l’oued Dridja. L’autre exemple donné par Jean Coignet est celui du barrage d’Al-Bathan. C’était, selon lui, le monument le plus considérable et le plus intéressant de toute la Tunisie. Il demanda donc que l’on facilite l’accès des touristes à ce site en regrettant qu’« en Tunisie, il faut aussi une permission du directeur des Travaux publics, pour se promener sur la passerelle des grandes vannes du pont-barrage d’El-Bathan44 ». Il préconisa l’abolition de toute autorisation pour visiter les barrages-réservoirs afin de « […] ne pas imposer aux touristes des formalités vexatoires, inutiles et par surcroît illégales45 ». Ainsi, selon Jean Coignet, le barrage d’El-Bathan pouvait constituer le noyau d’une activité touristique prospère, comme cela se pratiquait en France, où des barrages avaient été mis en tourisme, tel celui de Sautet46. Il se référait en particulier un article intitulé « Comment le tourisme utilisera les lacs artificiels » publié dans Le Journal du 8 juillet 1931. Il y est question du barrage d’Éguzon47 où des associations de tourisme, des représentants des sociétés de chemin de fer et des syndicats d’initiative avaient inauguré un service touristique et nautique. Il s’agissait de créer un service de vedettes automobiles « qui, en liaison avec les services de transport départementaux, permettra aux touristes d’admirer sans fatigue et plus aisément que par la route les rives de la Creuse d’Éguzon à Crozant sur un parcours de douze kilomètres48 ». Pour donner une idée sur ce projet opéré par le Syndicat d’initiative de Grenoble, Jean Coignet évoqua aussi un article publié par Léon Auscher dans la Revue du Touring Club de France en janvier 1936 qui dévoile des projets de mise en tourisme de ce barrage49.

  • 50 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 13.

24En parallèle, Jean Coignet souligna l’importance de la publicité. Il évoqua le rôle des films qui pourraient être diffusés en Tunisie et à l’étranger, surtout en France. Pour lui : « Un bon film peut avoir beaucoup de succès, mais la simple photo, non animée, ne retient plus du tout l’attention du public50. » Mais rien n’y fit. Le projet de barrage d’Hammam Zriba resta lettre morte.

Conclusion 

25L’ingénieur des travaux publics qu’était Jean Coignet utilisa tous les arguments pour faire aboutir son projet. Il n’hésita pas à reprendre à son compte une justification patrimoniale et tenta d’inscrire le site d’Hammam Zriba sur la liste des circuits touristiques.

26On peut s’interroger sur les raisons qui l’ont poussé à évoquer de tels arguments. Jean Coignet, qui connaissait certainement bien l’administration coloniale en Tunisie, savait combien celle-ci était soucieuse, surtout pendant l’entre-deux-guerres, de rappeler à la mémoire des touristes – mais aussi des habitants du pays – le souvenir des anciens conquérants, phéniciens ou romains. La mise en valeur du site de Carthage pendant cette période en témoigne. Il connaissait par ailleurs les expériences de tourisme « industriel » qui avaient commencé à se développer en France, précisément autour de barrages hydrauliques.

  • 51 J. Coignet, La Dépêche tunisienne, 28 septembre 1919.

27Etait-il sincère dans son désir de transformer la région de Hammam Zriba en lieu touristique ? On ne peut l’affirmer. On a vu comment cette idée se forma peu à peu dans son esprit. Il semblerait toutefois que le recours au patrimoine ancien et au tourisme lui ait permis de trouver des arguments de poids contre les collègues qui s’opposaient à son projet. Il évoque en effet dans La Dépêche tunisienne du 28 septembre 1919 l’opposition suscitée par son idée venue d’ingénieurs hydrauliciens comme lui. Elle serait « due surtout aux idées professées autrefois par nos anciens grands maîtres d’hydraulique, tel M. Pavillier, qui disait souvent que la question (celle de l’hydraulique) était bien facile à résoudre en Tunisie car elle n’existait pas. La Régence, disait M. de Fages de Latour, est un pays anhydre51. » L’intérêt pour nous, qui nous interrogeons sur les questions patrimoniales et touristiques dans la Tunisie coloniale, est de voir comment l’on a pu instrumentaliser le passé antique pour servir des projets modernisateurs.

Bibliographie

Sources

Archives nationales Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, textes réglementaires relatifs à la création de l’Office du tourisme et du Conseil supérieur du tourisme, ministère de l’Economie nationale, Organisation du commerce, Office du tourisme et Conseil supérieur du tourisme, 1937-1956.

Archives nationales de Tunisie, série MN, carton 18, dos. 6, Participation de la Tunisie à la Semaine du tourisme colonial de Bordeaux du 5 au 15 juin 1920.

L. Auscher, « La renaissance de Corps (Isère) ou l’union de la houille blanche et du tourisme », Revue du Touring Club de France, n° 494, 1936, p. 5-8.

P. Bochin, « Comment le tourisme utilisera les lacs artificiels », Le Journal, 8 juillet 1931.

J. Coignet, Alimentation de Tunis en eau potable : notice sur la création d’un barrage-réservoir à Hammam Zriba près de Zaghouan, Société anonyme de l’Imprimerie rapide de Tunis, 1912.

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J. Coignet, L’Hydraulique agricole à l’époque romaine en Tunisie : réfutation des erreurs commises à ce sujet par de nombreux écrivains, historiens, géographes, archéologues, ingénieurs, etc., Tunis, 1925.

J. Coignet, Avant-projet d’utilisation du pont-barrage d’El-Bathan près de Tébourba, Tunis, août 1915.

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J. Coignet, La Dépêche tunisienne, 28 septembre 1919.

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Notes

1 Hammam Zriba, un village d’origine berbère situé entre deux pics rocheux et qui se trouve à 85 kilomètres de Tunis et à 9 kilomètres environ au sud-est de Zaghouan. Son nom est lié à une source d’eaux chaudes qui a donné son nom au village.

2 N. Oulebsir, Les Usages du patrimoine : monuments, musées et politique coloniale en Algérie (1830-1930), Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2004.

3 J.A. Rodier, J. Colombani, J. Claude, R. Kallel, Le Bassin de la Mejerdah, Paris, Office de la recherche scientifique et technique d’outre-mers, 1981.

4 C. Llanes, Le Tourisme en Tunisie (fin XIXe-début XXe siècles : naissance, développement et spécificités en période coloniale, Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine, Université Toulouse II-Le Mirail, juin 2003 ; L. Dendani, Histoire du tourisme en Tunisie à l’époque coloniale : naissance, caractéristiques et évolution, thèse de doctorat en histoire sous la direction du prof. Abdelhamid Larguèche, Faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis, 2012.

5 1909 est la date où J. Coignet avait présenté son projet de construction d’un barrage-réservoir à Hammam Zriba.

6 1936 est la date où J. Coignet avait présenté son projet de mise en tourisme du barrage-réservoir de Hammam Zriba à Édouard Carteron, ministre plénipotentiaire, Résident général-adjoint, président de la Commission du tourisme.

7 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce 17, textes réglementaires relatifs à la création de l’Office du tourisme et du Conseil supérieur du tourisme, ministère de l’Économie nationale, Organisation du commerce, Office du tourisme et Conseil supérieur du Tourisme, 1937-1956. La pièce-source se présente sous la forme d’une liste des travaux et d’un curriculum vitae de J. Coignet et qui remonte à l’année 1936. Elle constitue un document parmi d’autres qui forment un dossier comportant tous les travaux de J. Coignet et surtout le projet de création d’un barrage-réservoir à Hammam Zriba. Ce dossier a été envoyé à Édouard Carteron, ministre plénipotentiaire, secrétaire général du gouvernement tunisien et président de la Commission du tourisme, pour solliciter la décoration de la légion d’honneur.

8 P. Lambert, Choses et gens de la Tunisie : dictionnaire illustré de la Tunisie, Tunis, Éditions C. Saliba Aîné, 1912, p. 120.

9 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce 13. Ce document, qui contient une pléiade de remarques et de suggestions formulées par J. Coignet, est intitulé « Quelques notes sur le tourisme en Tunisie ».

10 J. Coignet, Alimentation de Tunis en eau potable : notice sur la création d’un barrage-réservoir à Hammam Zriba près de Zaghouan, Société anonyme de l’Imprimerie rapide de Tunis, 1912, p. 1.

11 J. Coignet, L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages-réservoirs : résumé des études et projets, Imp. centrale, Tunis, 1917.

12 J. Coignet, Alimentation de Tunis..., op. cit.

13 Ibid., p. 2.

14 J. Coignet, Le Barrage-réservoir de Hammam Zriba : notice sur la pluviométrie et le ruissellement observés dans la région de Zaghouan, l’étanchéité de la cuvette des grands barrages-réservoirs, l’inutilité des barrages d’essais, l’intérêt que présente la construction des grands barrages-réservoirs, Imp. centrale, Tunis, 1913, p. 17.

15 Ibid., p. 17.

16 J. Coignet, L’Hydraulique agricole à l’époque romaine en Tunisie : réfutation des erreurs commises à ce sujet par de nombreux écrivains, historiens, géographes, archéologues, ingénieurs, etc., Tunis, 1925.

17 R. Cagnat (1852-1937), historien et épigraphiste, il effectua plusieurs missions scientifiques notamment en Tunisie.

18 Henri Saladin (1851-1923) effectua en 1881-1882 une mission archéologique en Tunisie avec René Cagnat en tant qu’architecte. Il devint par la suite un expert reconnu de l’art musulman.

19 René du Coudray de la Blanchère, archéologue et historien, fut nommé directeur du Service des antiquités et des arts de la Régence de Tunis et fit adopter en 1886 une loi pour la conservation des monuments antiques et arabes. Il établit aussi un projet de musée à Tunis devenu en 1888 le musée du Bardo. Il fut également chef de la Mission de l'Afrique du Nord (1890) puis inspecteur général des Archives, bibliothèques et musées d'Algérie (1892).

20 J. Coignet, Avant-projet d’utilisation du pont-barrage d’El-Bathan près de Tébourba, Tunis, août 1915. Cette étude est un manuscrit de J. Coignet qui se compose de treize pages avec quelques photos et des plans du barrage d’El-Bathan. Elle résume les recherches faites par ce dernier pour retracer l’historique de cet ouvrage hydraulique.

21 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce 13.

22 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 12, cette pièce est une lettre en langue espagnole envoyée par un ingénieur en chef de la direction des Travaux publics de la province de Castellon (Espagne) à Jean Coignet le 13 décembre 1915.

23 J. Coignet, « La houille blanche en Tunisie », La Dépêche tunisienne, 1er, 14 et 28 septembre, 16 octobre 1919 et 2 novembre 1919.

24 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce 17, curriculum vitæ de J. Coignet, 1936.

25 Nous devons rappeler que les notes des archives signalent que Jean Coignet « n’est titulaire d’aucune décoration française ou étrangère ». Pourtant, il avait sollicité la décoration de la légion d’honneur en 1936.

26 P. Gauckler, Enquête sur les installations hydrauliques romaines en Tunisie, Tunis, vol. I, 1-3, 1897-1899 ; vol. II, 2-5, 1900-1912.

27 G. Pignauvin, L’Hydraulique en Tunisie d’après les Romains : les applications modernes, la baguette du sourcier à la portée de tous, Tunis, Imp. V. Hababou et Cie, 1932, p. 3.

28 E. Violard, La Tunisie du Nord : les contrôles civils de Souk-el-arba, Béja, Tunis, Bizerte et Grambalia, Rapport à M. le Résident général S. Pichon, Tunis, Imp. moderne, 1906, p. 216.

29 Archives nationales de Tunisie, série MN, carton 18, dos. 6, participation de la Tunisie à la Semaine du tourisme colonial de Bordeaux du 5 au 15 juin 1920.

30 J. Coignet, L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages…, op. cit., p. 136.

31 J. Coignet, Alimentation de Tunis en eau potable…, op. cit., p. 48.

32 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 13.

33 J. Coignet, L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages…, op. cit., p. 46.

34 J. Coignet L’Hydraulique en Tunisie et les grands barrages…, op. cit., p. 63-64.

35 J. Coignet, Alimentation de Tunis en eau potable, op. cit., p. 47.

36 M. Coignet, « Le défilé de la Hache », L’Afrique du Nord illustrée, 21 mars 1931, p. 6.

37 Les mercenaires, composés de paysans pauvres et d’esclaves, mirent le siège devant Carthage et prirent d’autres villes puniques. Amilcar prit la tête d’une répression féroce qui se termina dans le défilé de la Hache où les mercenaires furent exterminés en 237 avant J.C. Cette guerre inspira Flaubert pour son roman Salammbô.

38 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 14.

39 Idem, pièce n° 13.

40 Idem, pièce n° 17.

41 M. Coignet, « Le défilé de la Hache », op. cit., p. 6-7.

42 Édouard Carteron a été désigné par le ministère des Affaires étrangères suite au départ de M. Thierry, ministre plénipotentiaire, secrétaire général du gouvernement tunisien, en qualité de délégué à la Résidence générale de France à Tunis.

43 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 13.

44 Ibid.

45 Ibid.

46 Ce barrage a été construit entre 1930 et 1935. Il est situé à la limite des départements de l'Isère et des Hautes-Alpes. C’est une œuvre de la société Bonne et Darc. Il a 125 mètres de haut et une attitude de 700 mètres.

47 Une commune française qui se situe dans le département de l’Indre en région Centre-Val-de-Loire. Son barrage a été construit en 1926.

48 P. Bochin, « Comment le tourisme utilisera les lacs artificiels », Le Journal, 8 juillet 1931.

49 L. Auscher, « La renaissance de Corps (Isère) ou l’union de la houille blanche et du tourisme », Revue du Touring Club de France, n° 494, 1936, p. 5-8.

50 Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, pièce n° 13.

51 J. Coignet, La Dépêche tunisienne, 28 septembre 1919.

Table des illustrations

Titre Fig. 1. Plan indiquant l’emplacement du barrage et le circuit du défilé de la Hache.
Légende Archives nationales de Tunisie, série E, carton 258, dos. 10, Textes réglementaires relatifs à la création de l’Office du tourisme et du Conseil supérieur du tourisme, ministère de l’Economie nationale, Organisation du commerce, Office du tourisme et Conseil supérieur du tourisme, 1937-1956, pièce 17.
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Auteur

Historienne (histoire contemporaine), Institut supérieur des métiers du patrimoine de Tunis et Laboratoire du patrimoine à la faculté des lettres, des arts et des humanités de Manouba (Tunis, Tunisie).

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