Les cathédrales, le service funéraire et la ville (provinces ecclésiastiques d’Arles, Aix et Embrun, XIIe-XVe siècle)
Résumés
Au regard de la documentation nécrologique, la fonction du clergé cathédral au sein de la cité doit sans doute être repensée. C’est moins à l’identification d’une attitude générale des sociétés urbaines à l’égard de la mort qu’elle invite, démarche qui a conduit l’historiographie à le sous-estimer face au clergé des ordres religieux et en particulier des communautés mendiantes, qu’à un examen de la mort et de sa liturgie (service public, étymologiquement) comme lieu d’articulation entre ce clergé et la ville. Dans les diverses cathédrales documentées, ce type de relation se manifeste selon des modalités diverses, soit que la cathédrale exerce une indéniable attraction auprès des laïcs et de leurs fondations funéraires, soit que son rayonnement se limite à la société cléricale.
Concerning the obituary documentation, the function of the cathedral clergy within the city must undoubtedly be reconsidered. Identifying a general attitude of urban societies towards death led historiography to underrate the cathedral clergy in comparison to religious orders and in particular Mendicant communities. Death and its liturgy ―public service, etymologically― must be considered as a place of articulation between this clergy and city. In the documented cathedrals, this type of relationship manifests itself in various ways: either the cathedral has an undeniable attraction to the laity and their funerary foundations, or its influence is limited to clerical society.
Entrées d’index
Mots-clés : cathédrale, Provence, obituaire, nécrologe, clergé, chapitre, mort, anniversaire, rente funéraire
Keywords : cathedral, Provence, obituary, clergy, chapter, death, anniversary, funeral annuity
Texte intégral
1L’anthropologie, la psychanalyse comme l’histoire ont depuis longtemps exploré l’intuition de la mort comme motif de la culture, la mémoire comme moteur de rituel, la stèle comme symptôme instituant1. On perçoit son œuvre au cœur de ce qui motive l’institution comme processus de dépassement de la finitude. L’Église médiévale y joue sa part, d’autant plus que la crainte de la mort devient dans les derniers siècles du Moyen Âge le ressort essentiel de sa pastorale2. Les chanoines des cathédrales occupent une place singulière quoique longtemps négligée dans ce processus d’investissement de la mort par l’Église. C’est qu’en regard de son propre corpus nécrologique (testaments et fondations, comptes, livres des anniversaires, nécrologes et obituaires, épigraphie, notamment), la fonction du clergé cathédral au sein de la cité doit sans doute être repensée. C’est moins à l’appréhension d’une attitude générale des sociétés urbaines à l’égard de la mort qu’invitent ces archives ―démarche par ailleurs abondamment pratiquée, mais qui a conduit l’historiographie à sous-estimer les séculiers face au clergé des ordres religieux et en particulier des communautés mendiantes―, qu’à un examen de la mort et de sa liturgie, service public par excellence, comme lieu d’articulation entre ce clergé et la ville. Dans les Églises provençales suffisamment dotées de sources, ce type de relation se manifeste selon des modalités diverses dans les fonds d’intérêt nécrologique, soit que la cathédrale exerce une indéniable attraction auprès des laïcs et de leurs fondations funéraires, soit que son rayonnement se limite à la société cléricale, qu’il s’agisse d’association spirituelle, de fondation de chapellenie, d’élection de sépulture ou de messe obituaire. Dans le cadre de cet ouvrage, nous n’exposons qu’un type de document précis produit par les chapitres cathédraux, les nécrologes obituaires, et les quelques réflexions qu’ils nous inspirent. Une enquête plus large était par ailleurs en cours lors de la rédaction du présent texte3.
2Le nécrologe obituaire n’est qu’une pièce parmi bien d’autres pour analyser l’administration des échanges funéraires entre la communauté canoniale et la population qui, à divers titres, s’y affilie par la fondation d’anniversaire4. Car c’est ce point de vue que nous adoptons, qui interroge l’économie de la communauté canoniale, et non pas la question de la réception de la pastorale funéraire par ses ouailles, déjà très amplement travaillée depuis qu’il existe une histoire dite des mentalités, des actes pénitentiels et de la confession, et une attention soutenue pour la pratique testamentaire5. Dans le cas de la Provence et de ses trois provinces ecclésiastiques, les témoins documentaires qui nous sont parvenus ne sont pas nombreux. En outre, ils ne se prêtent que partiellement à ce type d’analyse. La plupart des communautés ont produit des nécrologes obituaires à usage interne, ce qui s’explique de deux manières. La source peut remonter à une phase ancienne où dominait la commémoration, aux XIIe et XIIIe siècles, tout particulièrement chez les communautés régulières, comme l’illustrent les notices nécrologiques de l’abbaye bénédictine Sainte-Croix de Châteauroux (diocèse d’Embrun), ou encore celles du calendrier de la cathédrale de Senez, dont le chapitre suivait la règle d’Augustin dès le XIIIe siècle au moins6. En second lieu, cela peut aussi refléter des choix funéraires spécifiques et, sous cet aspect, un faible ancrage de la communauté canoniale dans la société urbaine, qu’il soit volontaire ou subi.
3Une grande partie des notices nécrologiques provient des marges de martyrologes en usage dans les chapitres. Si l’on passe outre leurs propres familles respectives, deux types sont en usage en Provence, mais le premier est très faiblement représenté. Le martyrologe d’Usuard, moine de Saint-Germain-des-Prés († c. 877), semble avoir été diffusé dans la province d’Embrun7. Le seul témoin complet, composé au XIIe siècle, provient du monastère bénédictin Sainte-Croix de Châteauroux8. Il comporte cent cinquante notices nécrologiques dans ses marges, des XIIe et XIIIe siècles, dont environ quatre-vingts précisent la qualité de l’individu. Parmi ces dernières, on trouve ainsi deux archevêques, trois abbés, huit mentions d’un lien de fraternitas, vingt-six familiares, vingt-trois conversi, vingt-et-un moines, six clercs, deux donats9. On ne rencontre qu’une seule fondation, un seul anniversaire, une dédicace10. Il s’agit dans l’écrasante majorité d’associations spirituelles, notamment de clercs et de membres de la communauté monastique. C’est la cathédrale d’Embrun qui nous a livré le seul autre témoin d’un martyrologe d’Usuard en usage dans un chapitre. Il est de la fin du XIIIe siècle ou du début du suivant mais nous est parvenu sous la forme d’un très bref fragment11.
4Pour ce qui concerne le martyrologe d’Adon, évêque de Vienne († 875), composé vers 858, ce livre paraliturgique n’est attesté dans les chapitres cathédraux de Provence que par cinq manuscrits12. Les quatre plus anciens témoins concernent les provinces d’Arles et d’Aix. Le martyrologe du chapitre Sainte-Marie et Saint-Castor d’Apt est le plus précoce, il date de l’extrême fin du Xe siècle13. Le martyrologe du chapitre cathédral Notre-Dame des Doms d’Avignon a été rédigé entre 1047 et 106314. Vient ensuite un martyrologe d’Arles, en usage au chapitre cathédral Sainte-Marie de Toulon, sans doute transcrit vers 1153-116015. Pour sa part, le martyrologe du chapitre collégial Saint-Mary de Forcalquier date de la fin du XIIe siècle16. Le plus récent est celui du chapitre Saint-Sauveur d’Aix, copié en 1318 à partir d’un exemplaire ancien disparu17.
5Parmi ces cinq témoins issus de cathédrales, quatre comportent des annotations marginales rapportant des obits de membres du chapitre et de fondateurs d’anniversaires, constituant un nécrologe obituaire. Selon la distinction communément admise, mais le plus souvent difficile à rendre opératoire tant les notices se présentent en strates complexes, le nécrologe inscrit les obits des membres de la communauté canoniale et ceux qui y sont associés, tandis que l’obituaire y intègre aussi les fondateurs d’anniversaires18. On rencontre enfin des mentions nécrologiques dans des calendriers liturgiques, notamment de bréviaires, mais elles sont ponctuelles et donc très dispersées. Quelles que soient leurs appellations, ces notices de marge coexistent avec des obituaires en tant qu’ouvrages autonomes indépendants de martyrologes ou de calendriers, constitués de listes de défunts et de fondations. Au total, on rencontre ainsi trois formes de notices nécrologiques : des mentions marginales de martyrologes, qu’elles constituent des nécrologes ou des obituaires (Aix, Apt, Forcalquier, Toulon, en marges du martyrologe d’Adon ; Embrun, en marges de celui d’Usuard) ; des obituaires en tant que livres spécifiques (Apt, Avignon, Nice) ; des obits intégrés à des calendriers liturgiques notamment de bréviaires (Marseille, Senez, Apt, Avignon)19.
6Cette documentation signale non seulement la complexité des usages liturgiques et paraliturgiques dans les communautés canoniales, mais aussi celle des liens entre administration des rentes et service liturgique. C’est ce que suggèrent les Églises les mieux informées. Ainsi, pour Apt, le chapitre dispose d’un martyrologe d’Adon, composé à son intention à la fin du Xe siècle, vraisemblablement au moment de sa constitution en 99120. S’y adjoignent des notices nécrologiques, dont peu sont datées, principalement entre les années 1160 et 1374. Elles semblent indiquer que l’on a délaissé le livre à partir de la fin du XIVe siècle. La grande majorité des notices concerne le clergé de la cathédrale : un évêque pour la fin du XIIIe siècle, ainsi que des chanoines, ouvriers, sacristes, des clercs, chapelains et prêtres, un donat, outre deux clercs extérieurs (dont un archiprêtre de Billom, dans le diocèse de Clermont). On ne trouve que de très rares laïcs, telle la comtesse puis reine Béatrice de Provence († 1267), ainsi que quelques annotations historiques (consécration des autels, le 7 septembre 1272, ou l’éclipse solaire du 3 juin 1239). Enfin, le chapitre tient aussi deux autres livres. Un obituaire composé vers 1299-1303 ; un censier, avec une liste de chaque redevance en lien avec un anniversaire, assortie de la localisation du bien21. Ces formes d’écrits, à finalité domaniale, résultent sans doute de dispositions prises dans les statuts de 1266 et 1277, partageant les rentes de la cathédrale entre son clergé bénéficier et ses chanoines. Il s’agit là d’une nouvelle génération de document funéraire, liée à la pratique testamentaire et à la messe mortuaire, mais aussi à l’institutionnalisation du clergé cathédral.
7Questionner l’origine et la fonction des revenus funéraires au sein des Églises a conduit à évaluer la place de chacun des acteurs prenant en charge la pastorale de la mort auprès du peuple chrétien, principalement à travers le testament : clergé paroissial, communauté cathédrale et canoniale, communautés régulières et, parmi celles-ci, singulièrement les mendiants. Cela a consisté également à jauger le rayonnement de telle communauté auprès de tel type de population, afin d’en isoler les formes propres de dévotion : les laïcs, les femmes, les élites, qu’elles soient traditionnelles, marchandes, artisanales, etc. Ce propos a permis en dernier lieu d’identifier et de caractériser des discours et des représentations portant sur la mort22.
8Notre corpus nécrologique se prête mal à ce genre de démarche. En outre, il présente de nombreux biais. Il s’avère hasardeux d’en induire des données statistiques capables de nourrir une sociologie des pratiques funéraires. En revanche, il permet d’appréhender l’instrumentalisation de l’angoisse des fins dernières en vue d’une emprise accrue du clergé sur les consciences chrétiennes. Il reste cependant à mener des analyses précises sur la nature de la rente funéraire ainsi générée, plus globalement de celle qui est issue des fondations d’anniversaires, parmi les revenus des cathédrales. C’est l’objet d’une thèse récemment soutenue à laquelle nous renvoyons, comme un premier jalon de cette enquête23.
9Au miroir de leur documentation nécrologique et des liturgies funéraires, les cathédrales présentent des degrés fort divers de rayonnement auprès de chacune de leurs sociétés urbaines. Toulon offre l’exemple d’une communauté largement déployée sur la ville, du moins ses élites24. Elle recourt à un martyrologe composé à Arles vers 1153-1160, en deux campagnes de transcription. Il est resté en usage au chapitre toulonnais jusqu’en 1587. Des mentions nécrologiques paraissent en marge dès le XIIe siècle, entre c. 1160 et 1196 pour les notices dont la date est connue. Au total, on en dénombre 831, dont 41 % sont datées, surtout pour les XIVe et XVe siècles qui en représentent 80 %. Une première génération de notices se présente sous une forme brève, pour la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, à propos de quarante canonici regulares de Toulon et un autre de Marseille, avec en sus des associations spirituelles (consoror, confrater) ou des membres du clergé cathédral (canonicus noster, clericus noster). Aux XIVe et XVe siècles, on repère une plus large ouverture vers la population de la cité. Certes, les notices concernent l’élite citadine : les La Garde, les Signes, les Cuers puis Glandevès, les Solliès, autant de familles castrales du diocèse désormais urbanisées ; des notables urbains de noblesse plus récente, tels les Othoboni, les Medici, les Juvenis, mais aussi quelques artisans (pellicerius, masselarius) et des notaires (tels les Pavesii, qui instrumentent régulièrement pour le chapitre). Le clergé de la cathédrale demeure bien représenté, dans une plus grande variété de titres qu’à l’époque précédente : on dénombre ainsi ceux de vicaire perpétuel, clerc, prêtre, chanoine, clerc bénéficier, outre ceux des prélats de la métropole d’Arles. Pourtant, en dépit de sa modestie, la cité comporte aussi des couvents mendiants, avec successivement les frères de la Pénitence jusqu’en 1274, puis les Prêcheurs à qui l’ancienne église des Sachets est attribuée en 130425. Le couvent dominicain accroît son emprise dans la ville en acquérant de la reine Jeanne le palais royal en 1368, même si l’opération est ralentie par les actions qu’intentent le chapitre et l’évêque jusqu’au siècle suivant.
10La collégiale Saint-Mary de Forcalquier, dans le diocèse de Sisteron, offre un profil comparable26. Cette communauté séculière est attestée au XIIe siècle. Son martyrologe d’Adon abrite 750 obits inscrits jusqu’en 159327. Il a été transcrit sur place à l’usage du chapitre après 1143 et avant 1200, la même main intégrant alors des obits ou des éloges de saints locaux, tels Mary et Donat. Il comporte également des notes historiques28. Pour leur part, les notices nécrologiques s’étoffent au fil du temps : obits simples tout d’abord, mais avec précision de la qualité de l’individu, puis notices datées dès le début du XIIIe siècle, plus précises dès le milieu de ce siècle, avec indication de dates et de fondations, d’institutions d’héritiers (heres universalis), de legs (qui reliquid), d’anniversaire, et enfin renvoi au testament ou au rédacteur de la note (un notaire). Ces notices concernent le clergé de la cathédrale et de la collégiale : on y trouve évêque et prévôt de Sisteron, abbés de Saint-Martin de Cruis (ordre de Saint-Augustin), de Sainte-Marie de Lure (chalaisiens), prévôt de de Sainte-Marie et Saint-Jean-Baptiste de Chardavon (ordre de Saint-Augustin, puis ordre des ermites de Saint-Augustin semble-t-il), prévôt de Forcalquier, chanoines ainsi que clercs bénéficiers de Forcalquier (clericus intitulatus, canonicus, donatus, sacrista, capellanus, vicarius)29. Mais on compte aussi de nombreux notables de cette ville, d’une noblesse castrale souvent ancienne et urbanisée, tels les Charentesio, les Lincel, les Saint-Maime, les Forcalquier, les Ongles, les Pierrerue. Enfin, les notices évoquent aussi des testaments des XIVe et XVe siècles et des élections de sépultures dans l’église Saint-Mary au XVe siècle30. La collégiale n’est pas la seule communauté à administrer une pastorale funéraire. Outre un prieuré bénédictin de Saint-Victor de Marseille, à Saint-Promace, Forcalquier abrite un couvent de frères Mineurs signalé dès la fin des années 1240. Mais pour Toulon et Forcalquier, cette concurrence potentielle est limitée.
11En revanche, Apt se présente différemment. Cette petite cité épiscopale comporte une dense topographie religieuse et des communautés régulières diversifiées. Son cas questionne l’existence d’une stratégie épiscopale ou canoniale de monopole de la rente funéraire. Ce sont en effet les évêques eux-mêmes qui concourent à rendre plus complexe l’administration de celle-ci31. Le 26 décembre 1299, l’évêque Raymond Bot installe ainsi les moniales augustines de Sainte-Catherine dans la cité. Il les dote et promulgue leurs statuts en 1302. Depuis 1340, elles peuvent disposer de leur cimetière. En 1296, le même prélat attire aussi les Carmes, en l’église Saint-Paul à l’extérieur de la cité. Ces religieux entrent en conflit avec le chapitre en 1362. En 1364, ils finissent par lui céder l’église pour établir un couvent dans la cité. Les bénédictines de Sainte-Croix s’implantent plus tardivement, entre 1357 et 1370, avec l’appui du cardinal Anglic Grimoard, allié des Bot. Cette dernière fondation s’inscrit toutefois dans un mouvement général d’inurbamento des couvents du fait de l’insécurité, comme l’illustrent de nombreux autres exemples32. Les religieuses de Sainte-Croix disposent d’une chapelle dans la cité dès 1306. En définitive, seule l’installation des frères Mineurs s’accompagne de conflictualité avec l’évêque. Elle ne procède pas de la revendication par ce dernier d’un monopole que mettraient en cause ces religieux, mais d’un conflit plus ancien. L’arrivée des frères en 1247-1253 est promue par la famille des Simiane, qui conteste aux prélats la seigneurie de la cité33. Les franciscains s’implantent en l’église Saint-Georges, sur l’autre rive du Calavon, qui devient la nécropole du lignage. En outre, c’est elle qui abrite en 1317 la sépulture d’Elzéar de Sabran dont le culte suscite un procès de canonisation en 1351-1352, puis celle de son épouse Dauphine de Puimichel en 1360. Les funérailles de celle-ci sont certes célébrées en la cathédrale, mais c’est le couvent qui s’impose comme pôle de ces dévotions, ce que ponctuent l’élévation des reliques du couple en 1373 et la construction d’un tombeau monumental34. Pareilles pluralité et créativité spirituelles sont vraisemblablement liées à la proximité de l’Avignon pontificale35. Elles se traduisent par une diversité des pratiques testamentaires et funéraires, y compris pour les lignages urbains les plus impliqués dans le gouvernement de l’Église épiscopale. Les Bot disposent ainsi d’un tombeau familial dans la cathédrale, dans la nef nord, où ils instituent des chapellenies, mais ils sont également très investis auprès du couvent Sainte-Catherine qui abrite plusieurs filles du lignage ainsi que de leurs tombes, de même auprès des religieuses de Sainte-Croix et des frères Mineurs36.
12S’ils sont difficiles à quantifier, les revenus constituant les rentes funéraires et anniversaires provoquent un indéniable effet structurant sur le clergé de l’Église cathédrale. Il semble même que l’administration de ces types de ressources soit au cœur de l’institution des offices du chapitre cathédral. Elle concourt par ailleurs à charpenter les dignités, personnats et simples canonicats, ne serait-ce que par le lien intime qu’ils entretiennent avec le système des distributions. Elle n’est pas étrangère à l’émergence, aux côtés des évêques, non seulement d’une seigneurie canoniale, mais aussi d’un clergé cathédral parfois prolifique.
13À Apt, la seigneurie épiscopale connaît un essor notable et l’évêque accroît son emprise sur la cité durant le XIIe siècle37. Il contrôle le bourg épiscopal face aux Agoult-Simiane, tandis que le chapitre est implanté dans le quartier central du Mitan. Le prélat se conforte de légitimités extérieures et prestigieuses, avec les diplômes impériaux octroyés en 1162, 1178, 1186 puis 1193. Il possède des castra proches de la cité, tels Saignon, Saint-Martin, Clermont, Roquefure ou la Bastida Torretorum38. En revanche, le chapitre cathédral n’exerce pas de seigneurie autonome. Il gouverne en commun les revenus de la seigneurie d’Église, notamment les dîmes de paroisses castrales voisines d’Apt39. En la cathédrale, cela favorise l’émergence d’un clergé concurrent. Dès 1247, les clercs bénéficiers sont en nombre identique à celui des chanoines. Plusieurs phases de conflits émaillent leurs relations, avec pour objet le contrôle de la rente des revenus d’Église, dont les revenus funéraires40. Peu avant 1266, une convention est obtenue par un jurisperitus, selon laquelle quatre prébendes cléricales ou bénéficiales constituent l’assiette de treize puis dix-huit portions. Deux clercs collecteurs annuels sont chargés de gérer les ressources des clercs prébendés. En 1277, des revenus issus des mortalages sont associés aux précédents pour financer des vicaires. En 1323 puis 1337, de nouvelles négociations sont nécessaires à propos des prébendes. En 1372, les conflits semblent exacerbés. Une population locale de bénéficiers, appuyée par le prévôt, s’oppose aux chanoines souvent extérieurs à la cité. Grégoire XI doit commettre un arbitre, qui met en place un contrôle des comptes par un représentant des clercs et un autre des chanoines, des administratores bonorum capituli, en déterminant plusieurs offices spécialisés. Les documents comptables se trouvent entreposés dans un coffre. Les revenus sont assis sur huit prébendes pour treize clercs bénéficiers. Le sacriste voit son rôle accru dans leur gestion.
14À Aix en revanche, le chapitre est puissant et constitue une véritable seigneurie urbaine41. Il fonde ses prérogatives sur un diplôme d’Alphonse Ier d’Aragon accordé en 1186, qui lui octroie les juridictions sur le bourg Saint-Sauveur. Des privilèges pontificaux de 1175 et 1191 ainsi que plusieurs confirmations comtales puis royales, jusqu’en 1292, consolident cette base juridique. Les chanoines mènent de nombreuses acquisitions dans la cité et le bourg. Ils obtiennent en outre le castrum de Rians, au nord-est du diocèse, ainsi que les revenus de l’église paroissiale de la Ville des Tours. Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, le domaine s’accroît de donations de deux archevêques, Gui de Fos et Raymond Audiberti, tous deux provenant d’anciens lignages locaux. L’effectif des chanoines augmente, passant de treize à vingt au début du XIIIe siècle. Ce rayonnement juridictionnel et politique se double d’une aura spirituelle dans la cité. Le cimetière Saint-Sauveur et le baptistère sont des lieux d’inhumation recherchés. Dès le début du XIIIe siècle, se multiplient des legs pieux destinés à des fondations. La gestion des revenus funéraires assure une emprise seigneuriale sur une partie de la population urbaine et inscrit le chapitre dans les structures seigneuriales locales. Mais les flux sont difficiles à évaluer. Ils sont cependant exprimés en valeur monétaire, constituant en cela une rente assise sur des cens concernant des terres et des maisons. À Toulon, la rente est parfois fondée sur les salines.
15Le chapitre cathédral aixois lui-même traverse un seuil d’institutionnalisation, au sens étroit du terme. L’administration et la pastorale de la mort sont au cœur de ce processus et se manifestent par la confection de nouveaux outils d’administration. Longtemps le corpus résultant de ce mouvement a consisté en un chartrier. Dans les cathédrales où l’information est la plus riche, une mutation s’opère à la fin du XIIIe siècle et une réforme des archives s’avère nécessaire. À Aix, un recueil compilant legs et donations est élaboré en 1291, qui détaille les rentes constituées par la vente de biens, les baux, les cens et les reconnaissances de tenures afférentes. Il est flanqué d’une copie au début du siècle suivant42. À partir de 1308, sont rédigés des registres spécialement dédiés aux reconnaissances de censives liées aux anniversaires. Enfin, en 1318, est restauré le martyrologe et ses mentions nécrologiques par la rédaction d’un nouvel exemplaire43.
16L’outil documentaire est lié aux réorganisations des offices et des prérogatives au sein du clergé de la cathédrale. De nouvelles fonctions émergent, dotées des titres de bajulus, administrator, procurator, distributor. L’administrateur des anniversaires gère l’œuvre de ces derniers. À Aix, il est attesté dès 1233. La charge est d’abord confiée à un clerc puis à un chanoine, avant que l’une et l’autre qualité n’exercent de concert. L’œuvre des anniversaires est érigée en personne morale. Elle reçoit des reconnaissances, effectue des transactions, opère des aliénations, veille à l’enregistrement des actes, titres et instruments, soutient les procédures judiciaires. Les anniversaires assurent en outre les distributions en faveur des chanoines et du clergé de la cathédrale. À partir du milieu du XIVe siècle, un trésorier de la sacristie veille sur les registres de comptabilité dont on conserve des séries depuis 1376. Les bailes des anniversaires tiennent également des cahiers de comptes à partir des années 1470, tandis que des séries de registres de reconnaissances sont conservées à compter de 146044.
17Pareil corpus nous introduit au cœur d’un système de flux. Il souligne les deux temps de la circulation de la grâce et de l’œuvre des vivants à l’égard des âmes des défunts. En premier lieu, ce mouvement s’est exprimé en une association spirituelle, à la fois son cadre et son instrument. Celle-ci a circonscrit une communauté structurée par l’œuvre collective de la prière et du suffrage, dans une commémoraison. Les obits simples, avec un nom et un prédicat, soulignent alors la fraternité des défunts, le plus souvent explicitement (soror, confrater). Ainsi se perpétue un lien affectif en un rituel. En second lieu, s’est institué un échange davantage médiatisé. Il est passé par l’intercession matérielle. La monétarisation et la commercialisation, qui touchent particulièrement l’émergence des seigneuries ecclésiastiques urbaines aux XIIe et XIIIe siècles, et les cathédrales au premier chef, bouleversent non seulement ce que l’on entend désormais par valeur, mais aussi le lien entre la chose et son coût. Ces mutations, à l’œuvre depuis le début du XIIe siècle, se manifestent par un mouvement ambivalent : la diffusion de la valeur mobilière, en une monnaie métallique tout d’abord, puis immatérielle quand s’élaborent d’autres moyens de paiement ; autrement dit, la matérialisation de la valeur puis son abstraction, qui généralisent l’emploi de ce qui a la capacité d’incarner toute valeur45. De surcroît, ces processus s’agencent en un temps où l’on médite sans forcément l’expliquer la capacité de l’argent à s’accroître de lui-même, avec l’intérêt, la dette, le change, et tous les procédés consistant en ce que nous nommons création monétaire, de même aussi la notion de gain probable ou incertain46. Les XIIe et XIIIe siècles voient ces questions débattues chez les canonistes et les théologiens, sans qu’elles ne restent confinées aux seuls cercles des lettrés et des gradués: la culture notariale s’en imprègne précocement, comme l’attestent quelques jalons isolés47.
18La pratique testamentaire accompagne ce mouvement48. Elle se combine peu à peu aux usages liturgiques de la messe commémorative et du cantar, tandis que se déploie en l’économie du salut la dimension sacramentelle et eucharistique, bref que se polarise la fonction sacerdotale mais aussi pénitentielle des médiateurs du divin49. Ce sont là les faces d’un processus d’institutionnalisation porté tant par le droit que par le rituel, autrement dit par ce qui oblige et par ce qui est de l’ordre de la performance. Le nécrologe obituaire, outil de gestion de la mémoire, tient en cela certes de la liturgie ou de la paraliturgie, mais aussi du lien contractuel. Il est l’une des voies d’accès à la connaissance de ces processus.
19En définitive, deux flux immatériels se nouent ici, portés par la matière, en l’occurrence surtout le métal et le papier. La circulation de la grâce et son discours sur les effets du mérite ; la circulation de la rente, qui tient aussi du mérite de celui qui a, de celui qui donne. Tant il est vrai désormais que l’échange structure aussi bien ce que nous nommons le champ de l’éthique que celui de l’économique, et que la dette de vie les articule tous deux dans l’impératif du devoir. Assurément, l’obituaire consiste à mettre en correspondance la liste des rendez-vous célestes, une temporalité circulaire et obsessionnelle qui est le propre de la liturgie, à l’absence ou à l’angoisse de l’absence. Il dispose les défunts, chacun à sa place, et propose dans l’ordre du temps ce que la nécropole offre dans l’ordre de l’étendue : un monument, une construction mémorielle. Il est en cela l’une des pièces de cet édifice que l’on nomme culture, s’il s’avère que celle-ci n’est autre qu’un dispositif de récusation de la finitude. Il décrit à sa manière une communauté qu’il appartient à l’historien de retrouver et qui, pour la période qui nous occupe, nous conduit de la société des clercs et des desservants à la ville et à ses hiérarchies.
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Notes de bas de page
1 Freud, 1995, plutôt que Totem et Tabou (1re éd. en 1913) dont l’enjeu est moins la pulsion de mort que l’acte fondateur et son déni ; Legendre, 1994 ; puis, pour les travaux historiques, deux repères significatifs : Neiske, 2014 ; Borgolte ; Fonseca ; Houben, 2005.
2 Delumeau, 1983.
3 Chiama, 2018a ; Chiama, 2018b.
4 On trouvera une typologie devenue classique et des descriptions détaillées, dans : Huyghebaert, 1972 ; en particulier pour le Languedoc : Lemaitre, 1989 ; Lemaitre, 2000 ; Lemaitre, 2002 ; Lemaitre, 2004. Pour la Provence, on peut désormais aussi se reporter à Chiama, 2018b, 241-282 notamment.
5 Les recherches demeurées classiques de Jacques Chiffoleau ont, sur ce plan-là, ouvert une voie extrêmement féconde qui n’a pas fini de livrer ses fruits : Chiffoleau, 2011 ; parmi de nombreux autres travaux, quelques exemples : Stouff, 1998 ; Neukirchen, 2001 ; Michaud, 2012 ; Michaud, 2013. Les travaux se sont aussi multipliés dans les domaines germaniques : Rasche, 1998 ; Braumann, 2004.
6 Paris, Bibliothèque nationale de France, ms lat. 5554 ; Lemaitre, 1980-1992, no 3280. Carpentras, Bibliothèque Inguimbertine, ms 72, fol. 2-6v, calendrier de bréviaire, édité dans Pécout, 2016a. Châteauroux-les-Alpes, Hautes-Alpes, cant. Embrun. Senez, Alpes-de-Haute-Provence, cant. Castellane.
7 Pour les recensions et familles du martyrologe d’Usuard : Dubois, 1965.
8 Paris, Bibliothèque nationale de France, ms lat. 5554.
9 Petrus archevêque, aux calendes de mars (fol. 17v) ; Bernardus Martinus, abbé, au 8 des ides de mars (fol. 19) ; frater Maurellus sacriste, aux calendes de mai (fol. 30v) ; Johannes Giraudus abbé, au 3 des nones de mai (fol. 32), Vilelmus archevêque aux calendes de septembre (fol. 64) ; Petrus Orus abbé, au 11 des calendes de décembre (fol. 89). À l’exception de la note du folio 97, au 2 des calendes de janvier (Eodem die obiit dominus Petrus Magister primus abbas abbatie Sancte Crucis), au XIIIe siècle, les obits revêtent une forme plus longue : Anno Domini MoCCoLXoVIIo obiit Petrus Boscia familiaris (fol. 65).
10 Dédicace de l’église Sainte-Croix, aux nones de mai (Paris, Bibliothèque nationale de France, ms lat. 5554, fol. 32v) ; legs : Obiit Jacobus Nevera conversus <qui dimisit II solidos censuales domnui Sancte Crucis super vineam Bauzana XII denarios et super campum V solidos> (fol. 84v, addition à l’obit initial) ; au 8 des ides de décembre, Jeanne femme de Raymond Antonii et soror nostra fait une donation à l’église Sainte-Marie et Sainte-Croix, en présence de l’abbé Pierre Moranis, de Pierre Grossus senex, Gui moine et prêtre, frère Jacobus convers, frère Jean convers, frère Gastiniaus convers, dominus Ysoardus miles, Guillaume Bophari et Pierre Bofari (fol. 89) ; le 29 juin 1265, Guillaume Antonius et son épouse Pétronille élisent sépulture en le monastère Sainte-Croix, également leurs fils ; le 17 des calendes d’avril 1266, l’abbé Pierre reçoit un don de huit livres d’huile (fol. 89v).
11 Gap, Archives départementales des Hautes-Alpes, G 9. Lemaitre, 1980-1992, no 3276, avec édition des trois notices marginales, une messe anniversaire, un obit avec fondation d’anniversaire et sépulture, un anniversaire. Le feuillet conservé est antérieur à 1312 (en marge, obit du 17 janvier 1312 en addition), sans doute des dernières décennies du siècle précédent selon les initiales et la graphie. Le texte du martyrologe correspond aux 17, 16 (recto) et 15 (verso) des calendes de février. Il comprend au recto les éloges de Marcel pape, Honorat d’Arles, Titianus, Furseus, mais leur adjoint Ferréol : Eodem die apud Gratianopolim civitatem natalis beati Ferreolus episcopi et confessoris (17 des calendes de février) ; les éloges d’Antoine moine, de Speusippe, Eleusippe et Meleusippe, de Sulpicius, avec en sus Marcel de Die : Eodem die deposicio sancti Marcelli episcopi Diensis au verso (16 des calendes de février) ; la chaire de Pierre, les éloges de Prisca, Moseus et Ammonius (15 des calendes de février). L’éloge de Speusippus, Eleusippus et Meleusippus, qui s’achève sur ab urbe Lingonum, est sous sa forme développée identique à la notice du martyrologe d’Adon dans sa première famille. Le texte du martyrologe de la cathédrale d’Embrun se distingue de celui du monastère Sainte-Croix, plus proche de la recension d’Usuard, qui n’intègre ni la mention de Ferréol ni celle de Marcel, mais donne à la fin de la notice du 16 des calendes : Eodem die sancti Gennulfi episcopi et confessoris (Paris, Bibliothèque nationale de France, ms lat. 5554, fol. 6). Par ailleurs, sur les fondations anniversaires en la cathédrale d’Embrun, aussi peu documentées : Guillaume, 1912-1913 (à partir de Gap, Archives départementales des Hautes-Alpes, G 326) ; Labriolle, 1959.
12 Au sujet du martyrologe d’Adon lui-même et de ses recensions : Dubois ; Renaud, 1984.
13 Copenhague, Det Kongelige Bibliotek, ms Thott 134 Fol, édité Pécout, 2016b.
14 Avignon, Médiathèque Ceccano, ms 98 (159 folios). Manteyer, 1940.
15 Citta del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat. 540 (187 folios), édité Pécout, 2020, avec notre hypothèse de datation p. 34-41. Georges de Manteyer avait proposé une autre date, vers 1121, et suggéré que le texte avait transité d’abord dans le diocèse de Gap, entre 1064 et 1074. Manteyer, 1940 ; Manteyer, 1897.
16 Paris, Bibliothèque nationale de France, ms lat. 5248, édité Roman, 1887. Lemaitre, 1980-1992, no 3178. Le chapitre Saint-Mary de Forcalquier revendique des prérogatives de chapitre cathédral. Ses prétentions se forment progressivement à partir de la fin du XIIe siècle, pour aboutir au XVe siècle à la formulation d’un statut de concathédrale, avec le chapitre de la cité, Sisteron. Didier, 1954 ; Varano, 2011. Outre le martyrologe, le manuscrit 5248 recèle aussi une Passio Deivotæ virginis aux folios 156v-158 (éditée Passet, 1977).
17 Aix-en-Provence, Bibliothèque Méjanes, ms 14 (Rés. ms 37), édité Chiama ; Pécout, 2010.
18 Lemaitre, 2004.
19 Au total, on rencontre donc : pour la province d’Aix, sur six diocèses, deux obituaires de la cathédrale Sainte-Marie et Saint-Castor d’Apt : un martyrologe d’Adon du Xe siècle avec des obits des XIIe-XIIIe siècles (Lemaitre, 1980-1992, no 3164, obits édités par Pécout, 2016b) ; un livre obituaire élaboré vers 1299-1303, liste de noms de fondateurs et de leurs anniversaires, avec des additions jusqu’au XVe siècle (Apt, Trésor de la cathédrale, ms 33 ; Lemaitre, 1980-1992, no 3162, édité par Sauve, 1926) ; un martyrologe d’Adon du chapitre Saint-Mary de Forcalquier, du XIIe siècle, avec des obits entre 1075 et 1593, (Lemaitre, 1980-1992, no 3178, édité par Roman, 1887) ; pour la province d’Arles, sur huit diocèses, un martyrologe d’Adon de la métropole en usage à la cathédrale Sainte-Marie de Toulon, vers 1153-1160, avec ses obits en marge depuis les années 1160 jusqu’en 1587 (Lemaitre, 1980-1992, no 3272, édité Pécout, 2020) ; un Mortuologium de la cathédrale La Major de Marseille, en copie du XVIIIe siècle, comportant un calendrier avec des obits (Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 6G 440, no 1, 73 folios ; Lemaitre, 1980-1992, no 3260, édité Albanès ; Chevalier, 1910) ; un obituaire de la cathédrale Notre-Dame des Doms d’Avignon, de la fin du XVe siècle, avec des obits et un livre des distributions (Lemaitre, 1980-1992, no 3218) ; pour la province d’Embrun : un fragment d’un feuillet d’un martyrologe d’Usuard avec des notices obituaires, de la fin du XIIIe siècle (Lemaitre, 1980-1992, no 3276) ; un obituaire de la cathédrale Sainte-Marie de Nice, du XVe siècle, avec des additions jusqu’au XVIIe siècle (Lemaitre, 1980-1992, no 3286) ; un calendrier avec obits, dans un bréviaire de la cathédrale Sainte-Marie de Senez, du XIIIe siècle (édité Pécout, 2016a) ; dans un bréviaire de la Major de Marseille (Paris, Bibliothèque nationale de France, ms lat. 1018, fol. 1-6 ; Lemaitre, 1980-1992, no 3199) ; dans un sacramentaire en usage à Sainte-Marie-des-Doms d’Avignon puis à Sainte-Marie et Saint-Castor d’Apt (Cathédrale d’Apt, Trésor, ms 10, Lemaitre n° 3164b, édité Pécout, 2016b). Pour les calendriers de livres liturgiques, la recherche à venir livrera sans doute d’autres témoins.
20 Pécout, 2016b.
21 Apt, Trésor de la cathédrale, ms 33, édité par Sauve, 1926. Il se présente comme une liste de noms (Omnia nomina mortuorum) à partir du 24 décembre, avec des mentions datées comprises entre 1275 et 1318, sous les épiscopats de Raymond (1275-1303) puis Hugues Bot (1303-1319). Il concerne des notables de la cité, tels les Artaud, Burgondion, Isnard, Bompas, Reillanne, Simiane. Il est lié aux distributions, indiquant de simples noms de fondateurs (avec obits ou non), ou des informations plus détaillées (noms, anniversaire, revenus tirés des cens liés à la fondation, biens sur lesquels ils sont assis). Apt, Trésor de la cathédrale, ms 27 (7 folios) : Hec sunt servicia in anniversariis infrascriptorum inter canonicos et clericos Aptensis Ecclesie dividenda et quorumdam rerum recipit helemosina partem terciam (Pécout, 2016b).
22 Je me bornerai à quelques jalons historiographiques représentatifs, tant la production en ces matières est florissante : Chiffoleau, 2011 ; Lauwers, 1997 ; en revanche, Francine Michaud, aborde surtout le testament comme matériau de l’histoire sociale et économique : Michaud, 2012 ; Michaud, 2013, de même Andrée Courtemanche : Courtemanche, 1993, 164-181. Pour un jalon du renouvellement de ces thématiques : Alexandre-Bidon ; Treffort, 1993 ; et pour un échantillon récent des recherches menées, avec une attention pour la sépulture, le traitement du corps défunt et la commémoration : Les Vivants, 2018.
23 Chiama, 2018b, 235-439. À la date de rédaction du présent travail, cette thèse était en cours d’achèvement.
24 Pécout, 2020.
25 Sur la topographie religieuse de Toulon : Pécout, 2020 ; Molina, 2015.
26 Sauve,1926. Au sujet de la collégiale et des autres communautés canoniales évoquées ci-dessous : Pécout, 2014.
27 Paris, Bibliothèque nationale de France, ms lat. 5248, édité dans Roman, 1887.
28 La peste, au 3 décembre 1347 (intravit in Provincia marina mortalitas) ; le départ d’Urbain V pour Rome, le 30 avril 1367 ; l’entrée du roi Louis II et de sa mère Marie de Blois à Forcalquier, le 22 juillet 1386 ; l’ouverture de la châsse de Mary devant le chapitre, le 7 septembre 1401 ; la fuite de Benoît XIII d’Avignon, le 12 mars 1403.
29 Cruis, Alpes-de-Haute-Provence, canton de Forcalquier ; Chardavon, commune de Saint-Geniez-de-Dromon, Alpes-de-Haute-Provence, canton de Forcalquier.
30 Sauve, 1926.
31 Pécout, 2016b.
32 Butaud ; Challet, 2009.
33 Mazel, 2002.
34 Baron, 1978 ; Mazel, 1999 ; Mazel, 2000 ; Mazel, 2010.
35 Pécout, 2020.
36 Pécout, 2016b.
37 Mazel, 2000.
38 Vaucluse, canton d’Apt, pour toutes ces localités.
39 Mazel, 2000.
40 Pécout, 2016b.
41 Pécout, 2016c, 129 et note 29.
42 Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 2G 2461 (140 folios parchemin) ; Lemaitre, 1980-1992, no 3153. 2G 2462 (71 folios parchemin) ; Lemaitre, 1980-1992, no 3154.
43 Chiama ; Pécout, 2010.
44 Chiama ; Pécout, 2010.
45 Piron, 2010.
46 Piron, 2007.
47 Dans le cas de Marseille en 1213 à propos de la notion d’antidora, chez un notaire ou scribe des moines de Saint-Victor : Piron, 2005, notamment n. 64.
48 Elle est depuis longtemps l’objet de nombreux travaux en Provence, du fait de la relative bonne conservation de fonds notariés médiévaux : Aubenas, 1927.
49 Que la médiation du sacerdoce en tant que ministère opère afin de mettre en relation le croyant et le divin ou bien qu’elle s’exerce afin d’assigner le geste cultuel, précatif ou sacrificiel à Dieu, comme le note Serge-Thomas Bonino. Barbero, 1953 ; Maccarone, 1972 ; Fioramonti, 2011 ; Bonino, 2000 ; Alberzoni, 2013.
Auteur
Université Jean Monnet (Saint-Étienne), UMR LEM-CERCOR
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