Chapitre 9

Le mobilier de Nora

François-Xavier Fauvelle et Romain Mensan

p. 163-194


Texte intégral

1Nous livrons dans ce chapitre une sélection raisonnée du mobilier issu des fouilles de Nora. Après une étude du corpus de céramique, nous présenterons un échantillon du mobilier issu des contextes stratigraphiques assurément médiévaux, c’est-à-dire ceux appartenant à des occupations d’espaces intérieurs, datées entre la fin du xiiie et le premier tiers du xvie siècle, et scellées par des niveaux de démolition. Nous livrons ensuite une étude du corpus des fusaïoles et parures de Nora (tous contextes), puis une étude du corpus des objets en métal (tous contextes).

9.1 La céramique de Nora (Guillaume Saint-Sever)

2L’inventaire, les descriptions, la photographie et le dessin de la poterie ont été réalisés, comme pour les autres éléments de mobilier, sur le terrain. Cette brève étude a donc été conditionnée par les nécessités de la fouille. Nous avons essentiellement recherché des critères morphologiques facilement discernables pouvant servir de critères chrono-stratigraphiques. L’étude s’est concentrée sur les objets ou fragments d’objets provenant des ensembles les mieux individualisés : d’une part les niveaux médiévaux les mieux scellés (correspondant à l’habitat médiéval de type rectiligne), d’autre part les niveaux modernes présents dans les couches végétales de surface (correspondant au bâti de type curviligne).

9.1.1 Observations générales sur l’ensemble du corpus céramique de Nora

3Sur le plan technique, les objets céramiques médiévaux et modernes présentent des caractéristiques communes. Si la plus grande partie de la production possède un dégraissant d’obsidienne et de rhyolite, d’autres modes de préparation de pâte ont également été identifiés, essentiellement pour les niveaux médiévaux. À cette préparation de base, du quartz, de la chamotte (argile cuite pillée) ou des éléments végétaux peuvent avoir été ajoutés. Pour quelques vases, l’obsidienne est absente des préparations mais cela ne concerne pas un type particulier ou une période précise. La proximité de nombreuses termitières abandonnées a pu fournir une quantité d’argile rouge importante. Cette argile, d’après quelques tests rapides effectués sur le terrain, s’avère propice à la confection de poteries. Très malléable et de très bonne résistance aux chocs thermiques, elle a dû être une source importante de matière première. Toutes les céramiques sont modelées. Quelques examens sur des sections de tessons montrent un feuilletage important de la pâte, marqué à l’intérieur ou à l’extérieur de la tranche1. Ces stigmates indiquent une confection des parties basses du vase par battage ou martelage, peut-être sur moule (Van Doosselaere 2005). Des techniques de creusage d’une motte ne sont pas à exclure, car il en résulte des stigmates proches mais au feuilletage moins marqué. Des traces de montage aux colombins se retrouvent souvent vers les bords des récipients, mais le manque d’outils d’analyse sur le terrain ne permet pas d’être plus précis. La majorité des pièces ont fait l’objet d’un lissage plus ou moins sommaire des surfaces internes et externes. Les pots globuleux des niveaux médiévaux ont des surfaces qui ont subi un raclage sur l’extérieur, donnant un aspect granuleux et rugueux à la panse de la céramique, qui n’est pas dénué d’esthétisme. Outre ces deux traitements simples, il existe des récipients (jattes et bouteilles) aux surfaces lustrées et brillantes. Il semblerait que deux techniques soient employées : un engobe lustré à base d’argile et un vernis ou enduit dont la nature nous échappe. Quelques pièces issues des niveaux modernes portent un engobe rouge à base argileuse qui a ensuite été lustré. Pour les niveaux médiévaux, l’engobe argileux est de couleur noire. Cet engobe adhère à la céramique et fait corps avec la surface ; son érosion se traduit par de petits éclatements circulaires2. D’autres pièces présentent en surface un réseau de micro-craquelures certainement dues à une rétractation différentielle de la surface et du cœur de la pâte lors de la cuisson. Le vernis est plus fin que l’engobe et les surfaces présentent beaucoup de rayures dues à un frottage de la céramique ou à une résistance mécanique moindre de la surface3. La majorité des tessons ont une surface et un cœur de couleur noire ou grisée. La technique de la cuisson enfumée est la plus répandue pour tous les types de pièces. La cuisson est de bonne qualité. De nombreux flammés sur les pièces laissent penser à une cuisson en meule, avec du combustible lent et étouffant empêchant l’air vif de circuler. Un chapage de cette meule donnerait le même effet et empêcherait l’oxydation des pièces. Les céramiques les plus fines, jattes et bouteilles, ont pratiquement toutes un cœur rouge pour une surface noire et brillante. Certaines peuvent avoir une alternance avec un cœur noir, une plage rouge proche des surfaces et une surface noire4. Les céramiques ont donc été cuites en deux temps, d’abord en atmosphère majoritairement oxydante, qui donne au cœur la couleur rouge vif, puis un enfumage contrôlé en fin de cuisson pour donner la couleur noire en surface. Ce dernier enfumage peut être réalisé en étouffant le foyer en fin de cuisson, mais peut également être réalisé en sortant les céramiques incandescentes du foyer et en les plongeant dans diverses matières organiques qui, en s’enflammant, libèrent une fumée qui fixe le carbone.

4Sur le plan typologique, les lèvres arrondies sont la forme la plus courante pour tous les niveaux archéologiques. Les lèvres arrondies représentent 84 % des formes de lèvres dans les niveaux modernes. Pour la céramique provenant des niveaux médiévaux, la lèvre arrondie domine légèrement (31 %), mais se partage avec les autres formes, amincies, biseautées, équarries et épaissies. Les fonds sont de trois types : rond, rond à pied annulaire, plat à pied annulaire. Les fonds retrouvés sont trop peu nombreux pour en tirer des observations quantitatives. Quelques fonds ronds possèdent des pieds annulaires courts de 1 à 3 centimètres5. On reconnaît quatre grands types de préhensions à Nora : les anses, les languettes, les cordons et les boutons. Les anses en boudin de différents diamètres sont de loin le système de préhension le plus représenté. Une série homogène de gros diamètre de couleur rouge est retrouvée en majorité dans les niveaux modernes. Une série de plus petit diamètre et de couleur sombre se retrouve dans les niveaux médiévaux. Certaines anses en boudins provenant des niveaux médiévaux sont attachées horizontalement et peuvent être redressées pour atteindre le niveau du bord6. Des anses en boudins à excroissance sont retrouvées dans les niveaux modernes. L’excroissance est alors formée par un pincement plus ou moins appuyé dans la partie sommitale. Les languettes sont faites d’un boudin d’argile collé. Elles ont une forme longue et peu large. Dans tous les cas, elles sont perforées et elles sont fixées à la carène des jattes. Ce système de préhension apparaît dans les niveaux médiévaux7 et est encore utilisé dans les niveaux modernes. Les cordons sont, pour la majorité, petits et lissés, accrochés au milieu supérieur de la panse. Ils paraissent avoir une fonction décorative plutôt que préhensive. Des cordons à impressions digitées sont retrouvés dans les niveaux médiévaux. Les boutons sont coniques et creux, présents sur des formes finement lustrées. Ici aussi le statut décoratif semble avoir été privilégié8.

5Différents types de décors sont présents sur la céramique de Nora : excisions, cannelures, décors plastiques, impressions, incisions, peinture. En ce qui concerne les excisions, deux tessons, dans les niveaux modernes, présentent une décoration à base d’enlèvement de pâte : leurs motifs sont similaires et forment une frise circulaire de chevrons resserrés dessinant un motif en dent de scie. Le décor de cannelures, consistant à écraser la pâte sans enlèvement de matière afin de créer un sillon large, ne se retrouve que sur quatre tessons, dont l’un seulement est médiéval9. Les décors plastiques par application d’un cordon lisse est assez fréquent et concerne exclusivement les formes de bouteille. Des pastilles ovalaires se retrouvent également sur les bouteilles10 ; elles sont faites d’une petite boule de pâte appliquée sur le col de ces vases. Certaines de ces pastilles rondes sont enfoncées en leur centre11, mais ce décor reste quantitativement anecdotique. Les impressions sont assez rares. Elles peuvent avoir été réalisées au doigt ou à l’aide d’une tige et, dans un cas, à l’aide d’un poinçon12. Ce type de décor se retrouve en faible proportion dans tous les niveaux. Les décors par incisions sont profonds et larges. Ils sont réalisés sur pâte sèche avant cuisson mais après le lustrage, comme peuvent en témoigner des ébrèchements le long des incisions13. Dans certains cas, le décor par incision a été réalisé après cuisson14. Les motifs sont assez variés, réalisés à base d’agencements de lignes droites. Mais on trouve également des lignes circulaires, des lignes de losanges, des chevrons, des quadrillages plus ou moins perpendiculaires. Le décor peint est assez fréquent et se retrouve sur les jattes ou sur les bouteilles à surface noire lustrée. Il se situe à l’intérieur ou à l’extérieur des jattes et sur le haut de panse des bouteilles. La peinture est blanche laiteuse15, mais dans la plupart des cas elle est très abîmée et ne se repère qu’en lumière rasante. Les motifs peints ont une largeur irrégulière, débutant par un point large et finissant souvent appointés, ce qui suppose une applique au pinceau qui donne une souplesse aux motifs. La composition de cette peinture très aqueuse reste énigmatique. Les motifs peints sont inscrits dans des registres verticaux ou horizontaux. Ils se composent soit de traits droits de 1 à 3 centimètres de longueur16, soit de zigzags plus longs jusqu’à 5 centimètres17. Les décors peints dominent au sein de l’échantillon médiéval (32 %).

9.1.2 Observations particulières au sujet du corpus médiéval de Nora

6Cette section a pour objet de fournir des critères chrono-stratigraphiques au sujet de la céramique provenant des niveaux médiévaux de Nora les mieux assurés. En ce qui concerne les formes, les pots entiers au dégraissant grossier sont issus de ces niveaux18. Un pot de facture fine diffère des formes culinaires ou de stockage plus frustres : lustré et enduit sur toute la surface, il possède un décor de courbes horizontales incisées, des préhensions en bouton et un petit cordon lisse19. Les plats associés aux niveaux médiévaux sont toujours relativement fins ; ils peuvent avoir le bord droit ou légèrement relevé20. Un exemplaire de bouteille à panse arrondie ou légèrement carénée est issu des niveaux médiévaux21. Les jattes issues de ces niveaux sont majoritairement de forme ouverte : 14 contre 5 de profil fermé. Leurs lèvres sont épaissies et parfois légèrement biseautées et ne portent pas de système de préhension. Des motifs de serpentiformes peints en blanc ornent souvent l’intérieur et parfois l’extérieur de ces poteries22. Les gobelets ne sont pas représentés dans ces niveaux. Concernant les éléments typologiques, les bords avec le côté de la lèvre arrondi sont le type le plus fréquent dans les niveaux médiévaux. Les anses en boudins sont le système de préhension le plus représenté ; elles sont de petit diamètre et de couleur sombre. Certaines anses en boudins sont attachées horizontalement et peuvent être redressées pour atteindre le niveau du bord23. Ces exemplaires se retrouvent uniquement dans les niveaux médiévaux. Les cordons sont en majorité petits et lissés, accrochés au milieu supérieur de la panse des bouteilles. Deux cordons à impressions digitées plus larges appartenant à des vases de grand diamètre proviennent des seuls niveaux médiévaux et sont étrangers aux couches modernes. Les décors de lignes circulaires incisées sont le seul décor de cette technique existant dans les niveaux médiévaux, mais ils ne concernent que quatre tessons. Dans ces niveaux, les motifs à la peinture blanche sont la principale technique décorative et se composent pour l’essentiel de zigzags ou serpentiformes.

9.1.3 Conclusion

7Les céramiques provenant de Nora correspondent à une ambiance céramique générale à l’Éthiopie médiévale du centre et de l’est. La céramique retrouvée est variée dans ses formes et ses finitions. Deux productions peuvent se distinguer : l’une, à la finition grossière, est vouée au culinaire et au petit stockage, l’autre est une vaisselle moins commune, objet d’une finition et d’un décor plus riche, à la cuisson mieux maîtrisée. Pour les différentes périodes, il manque les récipients de grand diamètre permettant le stockage et le transport, à l’instar des jarres actuelles servant au transport de l’eau. Des indices peuvent cependant s’y rapporter, qui proviennent du niveau végétal de surface, sous la forme de grosses anses en boudins, sans qu’aucun vase ne puisse cependant être identifié. Dans le vaisselier, il manque également un service individuel pour aliments solides, les jattes pouvant faire office de plats collectifs. Les bols doivent être l’élément de service à liquide individuel pour des boissons ou des aliments. Les objets à décors peints comme les jattes et les bouteilles semblent être dévolus à la présentation collective d’aliments.

9.2 Le mobilier médiéval en contexte stratigraphique sûr

8Afin de présenter un échantillon le plus représentatif possible des seules occupations assurément médiévales de Nora, nous sélectionnons les pièces diagnostiques parmi le mobilier céramique ainsi que tout le mobilier métallique, les petits objets en pierre, les coquillages et les perles, provenant des Maison 1, Maison 2 et Maison 3. Au sein de ce mobilier, nous sélectionnons uniquement celui qui appartient incontestablement aux occupations médiévales, dont les plus tardives sont enveloppées d’un sédiment pulvérulent et surmontées de niveaux de démolition. Le mobilier est présenté par maison (pour les corrélations stratigraphiques, voir la Fig. 5.22.

9.2.1 Maison 1 : céramique médiévale (Fig. 9.1)

9NOR-08-2-A01-2010-005 : fragment de récipient en céramique avec engobe noir sur la surface intérieure.

10NOR-08-2-A01-2010-006 : plusieurs fragments d’un même récipient en céramique prélevé brisé en place.

11NOR-08-2-A01-2010-007 : bord de récipient avec engobe noir.

12NOR-08-2-A01-2010-010 : bord de jatte carénée à surface lustrée. Trouvé en place servant de bouchon au pot NOR-08-2-A01-2010-009 (Fig. 9.2).

13NOR-08-2-A02-2004-004 : fragment de récipient en céramique avec engobe noir et percement pour une préhension par fil.

14NOR-08-2-A02-2004-005 : fragment de récipient en céramique.

15NOR-08-2-A02-2004-009 : fragments (remontés) de récipient en céramique présentant un engobe noir sur la surface intérieure.

9.2.2 Maison 1 : céramique et autre mobilier médiéval (Fig. 9.2)

16NOR-08-2-A01-2010-004 : « dé à coudre », alliage de cuivre. Diamètre à l’ouverture : 27 millimètres. Hauteur : 28 millimètres. Cabochon ?

17NOR-08-2-A01-2010-009 : pot entier trouvé en place sur un sol.

18NOR-08-2-A01-2010-012 : cauris avec percement sur le dos.

19NOR-08-2-A02-2004-011 : objet indéterminé, fer.

9.2.3 Maison 2 : céramique médiévale (Fig. 9.3)

20NOR-08-2-B03-2040-019 : pot à panse ronde.

21NOR-08-2-B03-2040-020 : fragment de céramique à décor hachuré incisé.

22NOR-08-2-B04-2036-010 : fragments d’un récipient à décors incisés sur pâte cuite.

23NOR-08-2-B04-2036-012 : fragments d’un récipient à décors incisés sur pâte cuite.

24NOR-08-2-B05-2038-018 : fragment de céramique à décor incisé et ondulations blanches.

25NOR-08-2-B05-2038-019 : fragments de céramique à ondulations blanches sur engobe noir.

9.2.4 Maison 2 : céramique médiévale (Fig. 9.4)

26NOR-08-2-B02-2054-016 : petit pot globulaire.

27NOR-08-2-B04-2036-013 : fragments de céramique à ondulations blanches sur engobe noir.

28NOR-08-2-B04-2050-016 : petit pot globulaire.

29NOR-08-2-B05-2038-020 : fragments de céramique à ondulations blanches sur engobe noir.

30NOR-08-2-B05-2038-023 : fragments de récipient à anse et décor incisé sur pâte cuite.

9.2.5 Maison 2 : céramique médiévale (Fig. 9.5)

31NOR-08-2-B02-2045-006 : cruche à panse carénée avec anse.

9.2.6 Maisons 1, 2, 3 : céramique médiévale (Fig. 9.6)

9.2.7 Maison 2 : coquillages provenant des niveaux médiévaux (Fig. 9.7)

32NOR-08-2-B02-2035-004 : cauris.

33NOR-08-2-B02-2036-003 : cauris.

34NOR-08-2-B03-2040-002 : cauris.

35NOR-08-2-B03-2040-003 : cauris.

36NOR-08-2-B03-2040-004 : cauris.

37NOR-08-2-B04-2036-004 : cauris.

38NOR-08-2-B05-2035-011 : cauris.

39NOR-08-2-B05-2035-013 : cauris.

40NOR-08-2-B05-2038-012 : cauris.

41NOR-08-2-B05-2038-015 : cauris.

9.2.8 Maison 2 : fusaïoles provenant des niveaux médiévaux (Fig. 9.8)24

42NOR-08-2-B02-2036-024 : fusaïole ?

43NOR-08-2-B03-2037-012 : fusaïole de 25 millimètres de diamètre pour 21 millimètres d’épaisseur, en roche de nature indéterminée. La perforation, entamée depuis chaque côté, est plus ou moins cylindrique et mesure 6 millimètres de diamètre.

44NOR-08-2-B03-2040-013 : fusaïole de 25 millimètres de diamètre pour 18 millimètres d’épaisseur, en roche indéterminée. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque extrémité et mesure 6,5 millimètres de diamètre.

45NOR-08-2-B03-2040-014 : fusaïole de 23 millimètres de diamètre pour 20 millimètres d’épaisseur, en roche indéterminée. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque extrémité et mesure 8 millimètres de diamètre.

46NOR-08-2-B03-2040-015 : fusaïole de 25,5 millimètres de diamètre pour 20 millimètres d’épaisseur, en roche indéterminée. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque extrémité et mesure 7,8 millimètres de diamètre.

47NOR-08-2-B04-2036-007 : fusaïole de 28 millimètres de diamètre pour 20 millimètres d’épaisseur, en roche indéterminée. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque extrémité et mesure 6,5 millimètres de diamètre.

48NOR-08-2-B05-2038-017 : fusaïole de 23 millimètres de diamètre pour 20,5 millimètres d’épaisseur, en roche indéterminée. La perforation tubulaire mesure 6 millimètres de diamètre.

9.2.9 Maison 2 : perles (toutes matières) et un objet en verre provenant des niveaux médiévaux (Fig. 9.9)25

49NOR-08-2-B02-2054-005 : fragment de col de récipient (possible flacon), en verre de couleur vert olive. Épaisseur de la paroi : 1,5 millimètres.

50NOR-08-2-B03-2037-016 : perle en test, de 16 millimètres de long sur 12 millimètres d’épaisseur. La perforation est ovalisée, suite probable d’une usure asymétrique due à une suspension.

51NOR-08-2-B03-2040-008 : perle rectangulaire aplatie, en cornaline, montrant huit facettes longitudinales. Elle mesure 23 millimètres de long pour 11,6 millimètres de large. Des négatifs d’enlèvements de mise en forme demeurent non polis. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque côté ; elle mesure 1,7 millimètre de diamètre.

52NOR-08-2-B03-2040-009 : perle biconvexe allongée en cristal de roche (quartz hyalin) montrant 6 facettes longitudinales légèrement torses. Elle est longue de 15 millimètres et épaisse de 10 millimètres. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque côté ; elle mesure 1,4 millimètre de diamètre.

53NOR-08-2-B03-2040-010 : perle brûlée, peut-être en cornaline, avec une partie manquante. Elle présente des facettes périphériques irrégulières, probablement 7 à l’origine, et mesure 16 × 17 millimètres pour une épaisseur de 10 millimètres. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque côté ; elle mesure 2,5 millimètres de diamètre.

54NOR-08-2-B03-2040-011 : perle en verre jaune, de 8 millimètres de diamètre pour une épaisseur de 6 millimètres. La perforation mesure 3 millimètres de diamètre. Il s’agit d’une perle enroulée sur un axe (wound bead).

55NOR-08-2-B03-2040-017 : fragment de petite perle étirée (drawn bead) en verre de couleur bleu-vert turquoise. Elle est épaisse de 3 millimètres. La perforation est tubulaire. Elle a subi un important recuit après segmentation, qui a arrondi ses angles.

56NOR-08-2-B03-2040-018 : perle brisée en quatre morceaux, en verre dont la couleur est altérée, foncée à l’origine (noire ?). Elle est épaisse de 3,5 millimètres pour un diamètre de 6,5 millimètres.

57NOR-08-2-B04-2036-006 : perle en cristal de roche de forme biconvexe allongée, présentant 6 facettes longitudinales légèrement torses et irrégulières. Elle mesure 22 × 16 millimètres. La perforation axiale tubulaire est quelque peu décentrée ; elle a été réalisée depuis chaque extrémité et est légèrement bi-directionnelle, ce qui fait que les deux perforations se rencontrent à peine, au milieu de la pièce. Aucun entonnoir n’est visible à l’amorce de la perforation, qui mesure 2,2 millimètres de diamètre.

58NOR-08-2-B04-2036-008 : perle orange très semblable à NOR-08-2-B02-ØØØ-007 (Fig. 9.14), mais légèrement cintrée, ce qui indique une chauffe postérieure à l’étirement, qui a en outre quelque peu déformé la perforation. Elle mesure 9 millimètres de long pour 3,3 millimètres de diamètre. La perforation tubulaire mesure 1 mm seulement de diamètre.

9.2.10 Maison 2 : objets en métal et un creuset provenant des niveaux médiévaux (Fig. 9.10)

59NOR-08-2-B03-2037-001 : anneau de bague (?), alliage de cuivre, de 15,4 millimètres de diamètre intérieur.

60NOR-08-2-B04-2036-009 : fragment de creuset en céramique, épais de 6 millimètres, présentant une glaçure externe de couleur gris-vert. Aucune trace métallique n’est visible, mais il s’agit vraisemblablement d’un creuset d’orfèvre26.

61NOR-08-2-B05-2035-001 : objet plat en fer, probable lame de couteau cassée (à comparer avec NOR-08-2-B04-2033-001 et NOR-08-1-B08-0209-001), avec fiche d’emmanchement.

62NOR-08-2-B05-2038-002 : tube ou feuille roulée, fer. Douille d’emmanchement d’un outil ?

63NOR-08-2-B05-2038-003 : outil en fer, de type gradine, avec douille d’emmanchement.

64NOR-08-2-B05-2038-004 : faisceau corrodé de tiges de fer.

65NOR-08-2-B05-2038-005 : faisceau corrodé de tiges de fer.

66NOR-08-2-B05-2038-006 : faisceau corrodé de tiges de fer.

67NOR-08-2-B05-2038-007 : bague en alliage de cuivre, sertie d’une pierre translucide bleue, peut-être du quartz.

68NOR-08-2-B05-2038-008 : fragment d’outil, fer ; rivets ou boutons d’arrêt suggérant un possible emmanchement.

69NOR-08-2-B05-2038-009 : fragment de bracelet, alliage de cuivre ; section circulaire de 5,8 millimètres de diamètre.

70NOR-08-2-B05-2038-010 : pointe effilée et courbe, fer. Bouchon d’arrêt dans l’emmanchement.

9.2.11 Maison 3 : mobilier divers (Fig. 9.11)

71NOR-08-1-B03-0212-001 : cauris.

72NOR-08-1-B03-0212-002 : pot en céramique à une anse.

73NOR-08-1-B08-0230-002 : cauris.

9.3 Les coquillages de Nora

74Outre les coquillages provenant des contextes stratigraphiques assurément médiévaux des maisons de Nora, d’autres ont été trouvés. Nous présentons sur la Fig. 9.12 le reste du corpus. Tous sont des cauris, sauf :

75NOR-08-2-CØØ-2032-001 : mollusque univalve, peut-être du genre Oliva. L’apex est cassé.

9.4 Les fusaïoles de Nora (Bertrand Poissonnier et François-Xavier Fauvelle)

76Un ensemble de dix fusaïoles a été mis au jour dans les fouilles de Nora. Sept d’entre elles proviennent des seuls niveaux assurément médiévaux de la Maison 2 (Fig. 9.8). À l’exception d’une27, qui d’ailleurs n’est peut-être pas une fusaïole (nous ne la considérons comme telle qu’en raison de sa provenance commune avec le reste du corpus), elles sont façonnées dans une roche gris foncé de nature volcanique. Ces fusaïoles adoptent une morphologie généralement dissymétrique, avec une base relativement plane opposée à un sommet plus conique et des parois convexes. Parfois, la silhouette se rapproche de celle d’un barillet. La perforation, tubulaire, a toujours été entreprise de part et d’autre. Les mesures illustrent l’homogénéité de ce petit corpus. La hauteur varie de 18 à 24 millimètres avec une moyenne de 19,5 millimètres ; le diamètre externe varie de 23 à 32 millimètres, avec une moyenne de 25,7 millimètres. Le diamètre de la perforation varie de 5 à 7,8 millimètres, avec une moyenne de 6,5 millimètres.

77Trois fusaïoles proviennent de contextes archéologiques autres que les niveaux médiévaux de la Maison 2. Elles sont morphologiquement identiques à celles de la Maison 2 et pourraient donc aussi provenir d’un contexte médiéval. Il s’agit des suivantes :

78NOR-08-2-A01-2020-014 : fusaïole de 27 millimètres de diamètre pour 21 millimètres d’épaisseur, en roche indéterminée. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque extrémité et mesure 5,5 millimètres de diamètre.

79NOR-08-2-AØØ-2020-006 : fusaïole de 32 millimètres de diamètre pour 24 millimètres d’épaisseur, en roche indéterminée. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque extrémité et mesure 7 millimètres de diamètre.

80NOR-08-4-C02-4201-001 : fusaïole de 23 millimètres de diamètre pour 15 millimètres d’épaisseur, en roche indéterminée, d’aspect gréseux. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque extrémité et mesure 5 millimètres de diamètre.

81Les fusaïoles étant des accessoires liés au filage, on est tenté de mettre ces outils en relation avec la production de coton que la mémoire contemporaine attribue aux anciens habitants de ces régions. Le site islamique médiéval de Harlaa a livré des fusaïoles qui suggèrent que là aussi le filage et le tissage du coton étaient pratiqués (Insoll, MacLean et Blade Engda 2016). Des fusaïoles ont également été documentées dans les sites islamiques du Somaliland, bien qu’elles n’aient pas jusqu’à présent été associées à aucun contexte archéologue sûr (Insoll 2020). L’hypothèse de fusaïoles a été émise à propos d’objets trouvés en contexte aksumite, mais les auteurs eux-mêmes demeurent prudents au sujet de leur caractérisation fonctionnelle (Munro-Hay 1989, 313 ; Phillipson 2000, vol. I., 77, vol. II, 326, fig. 290)28. Il s’agit d’objets en céramique, en forme de disque, de cône ou de croix, mais qui n’ont a priori pas la symétrie nécessaire pour avoir été employés comme fusaïoles (Harrower et al. 2019, 1547). Le site d’Aksum a livré des graines de coton (Gossypium sp.), dans un contexte domestique où, associées à des graines de noog et de lin, elles ont pu être employées pour la fabrication d’huile (Phillipson et Phillips 1998, 36-37). La question du tissage du coton à Aksum reste donc une question ouverte. Il semble néanmoins bien établi que le coton était cultivé et filé en basse Nubie, dans le royaume de Méroé, dès le ier siècle de notre ère (Fuller 2014, 172-173). En l’état actuel de la documentation archéologique, le corpus de fusaïoles de Nora, appartenant assurément aux xive-xve siècles, semble être l’un des plus probants en ce qui concerne l’Éthiopie. En termes de sources écrites, l’histoire des techniques et des termes liés au coton et au métier à tisser est complexe, mais il semble que le coton et son tissage aient été introduits dans la Corne de l’Afrique par les Arabes et les Persans (Gervers 1988). Le site de Nora en livrerait donc un témoignage relativement ancien, à proximité des hauts plateaux chrétien.

9.5 Les perles de Nora (Bertrand Poissonnier)29

82Un petit corpus de 22 perles30 a été collecté lors des fouilles de Nora31. Douze sont en verre, trois ou quatre sont en cornaline, trois ou quatre sont en test, deux sont en cristal de roche. Presque la moitié du corpus (9 sur 22) provient des niveaux médiévaux de la Maison 2 (Fig. 9.9). Le reste (Fig. 9.14) provient de différents contextes (trouvailles de surface, niveaux sédimentaires superficiels, trouvaille en fouille d’autres structures). Cela signifie que leur appartenance stratigraphique ne peut pas être établie. Il s’agit des suivantes :

83NOR-08-1-DØØ-0401-004 : perle étirée (drawn bead), ovalaire, en verre de couleur vert émeraude. Elle est longue de 6,5 millimètres pour une épaisseur de 4 millimètres. La perforation ovalaire mesure 1,8 millimètres au plus large. Elle a subi un important recuit après segmentation, qui a arrondi ses angles et déformé la perforation.

84NOR-08-1-DØØ-0401-005 : perle discoïde en test (?), noire ou noircie. Elle est plano-convexe, mesure 8 millimètres de diamètre pour une épaisseur de 2 millimètres. La perforation ovalaire a été réalisée depuis la face concave ; elle mesure 1,3 millimètre de diamètre.

85NOR-08-1-DØØ-0401-006 : perle en verre noir ou bleu très foncé, plus ou moins altérée en surface, prenant une teinte gris clair. Elle est épaisse de 5,5 millimètres pour un diamètre de 8 millimètres. Il s’agit d’une perle enroulée sur un axe (wound bead). Sa perforation mesure 2 millimètres de diamètre.

86NOR-08-1-DØØ-0401-007 : perle hexagonale en cornaline, de 11,5 millimètres pour 5 millimètres d’épaisseur maximale. Les arêtes présentent des méplats irréguliers. L’ensemble de la réalisation est peu sophistiqué et montre les nombreux négatifs des enlèvements de mises en forme. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque côté. Elle est un peu décalée par rapport à l’axe de la pièce et mesure 1,7 millimètre de diamètre.

87NOR-08-2-A01-2020-013 : perle en test. Elle est de forme rhomboïdale aplatie, longue de 31,7 millimètres et épaisse de 14 millimètres. La perforation axiale, plus ou moins tubulaire, a été réalisée depuis chaque extrémité ; elle mesure 3 millimètres de diamètre.

88NOR-08-2-B01-2033-001 : perle en verre jaune, épaisse de 5,5 millimètres pour un diamètre de 10,5 millimètres. Il s’agit d’une perle enroulée sur un axe (wound bead). Sa perforation mesure 2 millimètres de diamètre.

89NOR-08-2-B02-ØØØ-007 : perle de forme tubulaire en verre orange, très similaire à NOR-08-2-B04-2036-008. Elle est longue de 7 millimètres pour 4 millimètres de diamètre. La perforation tubulaire mesure 1,5 millimètre de diamètre. La surface montre de fines lignes parallèles qui sont caractéristiques du façonnage : il s’agit d’une perle élaborée à partir d’un tube étiré (drawn bead) qui a été sectionné aux deux extrémités.

90NOR-08-2-B02-ØØØ-017 : perle étirée (drawn bead), tubulaire, en verre orange. Elle est longue de 5 millimètres pour un diamètre de 3,7 millimètres. La perforation est de 1 millimètre de diamètre.

91NOR-08-2-B02-ØØØ-018 : perle de forme rectangulaire aplatie, en cornaline de couleur orange, présentant 6 facettes longitudinales auxquelles s’ajoutent 2 fins méplats latéraux, soit un total de huit facettes d’inégale surface. Elle est longue de 14,4 millimètres pour une largeur de 11 millimètres. La perforation tubulaire a été réalisée depuis chaque côté ; elle mesure 1,6 millimètre de diamètre.

92NOR-08-2-B02-ØØØ-022 : perle discoïde en test, brisée. Elle est épaisse de 3 millimètres pour un diamètre de 7,7 millimètres. La perforation fait 2,8 millimètres de diamètre.

93NOR-08-2-B02-ØØØ-024 : perle brisée en verre bleu foncé. Son diamètre est de 12 millimètres pour une épaisseur de 8 millimètres. La perforation tubulaire fait 3 millimètres de diamètre. Il s’agit d’une perle enroulée sur un axe (wound bead).

94NOR-08-2-B02-ØØØ-025 : 2 perles étirées (drawn bead), tubulaires, en verre orange, aux extrémités sectionnées. La première (à gauche, a), d’un diamètre de 4 millimètres, est longue de 4 millimètres ; sa perforation, tubulaire, mesure 1,3 millimètre de diamètre. La seconde (à droite, b), d’un diamètre de 3,5 millimètres, est longue de 4,5 millimètres ; sa perforation, tubulaire, mesure 1,1 millimètre de diamètre.

9.5.1 Perles en verre

95Les perles en verre comportent une série de cinq perles32 tubulaires oranges, aux extrémités sectionnées, du type dit drawn bead. Elles ont été obtenues par l’étirage d’un tube de verre sectionné (une fois refroidi) en de multiples perles. Cet étirage est la cause des fines stries, parallèles au grand axe des pièces, observables à la surface. Le diamètre de la perforation (présente dès l’origine dans le tube de fabrication) est de 1,2 millimètre en moyenne, et varie de 1 à 1,5 millimètre. Le diamètre externe des perles est de 3,8 millimètres en moyenne, et varie de 3,5 à 4 millimètres.

96Dans un cas33, la perle a subi un recuit qui l’a cintrée et légèrement déformée. Elle mesure 3,3 millimètres de diamètre externe pour une perforation de 1,7 millimètre. Le recuit des perles étirées n’est pas forcément effectué sur les sites de production, mais peut faire partie des traitements des populations réceptrices, qui « inculturent » en quelque sorte ces objets (Francis 2002, 17 ; Francis 1993, 7-8). La provenance de ces perles est incertaine. Il est cependant aujourd’hui attesté que les sociétés d’Éthiopie ont reçu d’innombrables perles d’origine indo-pacifique, si abondantes dans les tombes de la culture Shay, une culture « païenne » voisine des musulmans entre les xe et xive siècles (Fauvelle-Aymar et Poissonnier 2012 ; Fauvelle et Poissonnier 2016). Celles-ci sont cependant différentes et plus anciennes, liées aux productions du complexe culturel Srivijaya. Des perles d’origine indo-pacifique ont également été repérées sur le site urbain musulman d’Asbäri34, contemporain de Nora et seulement éloigné d’une vingtaine de kilomètres. On peut donc conjecturer que les habitants de Nora recevaient ces perles en verre étiré orange grâce à une interconnexion, fût-elle ténue, avec le bassin économique du monde islamique.

97Deux autres perles étirées, bien différentes des précédentes, ont été collectées à Nora. Toutes deux ont subi des recuits qui ont arrondi leurs angles et, dans le second cas, déformé la perforation. L’une35 est un fragment de petite taille, de couleur bleu-vert turquoise. L’autre36, de forme ovalaire, est de couleur vert émeraude. Il est difficile d’attribuer à coup sûr une provenance à ces deux perles. La seconde en particulier est proche d’une petite série de 14 spécimens signalée dans la collection Awad en provenance de Fustat (Égypte), site où elles auraient pu être produites (Francis 2002, 17 fig. 7). Les perles de Fustat montrent une fluorescence jaune quand elles sont soumises aux ultraviolets ; il n’a pas été possible de s’assurer que celles de Nora offraient la même caractéristique.

98Cinq perles sont d’un autre type, puisqu’elles ont été fabriquées par un enroulement de matière, à chaud, autour d’un axe : ce sont des wound beads. Deux sont de couleur jaune, et d’un type proche37. Il s’agit de coil beads, une production chinoise. Elles ont atteint en nombre la côte orientale africaine, comme à Kilwa (Chittick 1974, vol. II, 471-472). Les trois autres perles enroulées sont de couleur foncée, noire ou bleu foncé à l’origine, mais désormais plus ou moins fortement altérée38. Il est possible que l’une d’elles39 soit également d’origine chinoise.

9.5.2 Perles en cornaline

99Les perles en cornaline de Nora sont au nombre de trois ou quatre, l’une d’elle étant brûlée et son matériau difficilement identifiable. Les perforations tubulaires ont été entamées depuis chaque côté opposé. Deux exemplaires sont de forme rectangulaire aplatie et montrent huit facettes longitudinales d’inégale ampleur40. La troisième perle41 est de forme hexagonale. Les arêtes présentent des méplats irréguliers : la réalisation est peu sophistiquée et la perle a conservé les nombreux négatifs des enlèvements de mises en forme. La quatrième pièce42, brûlée, a une partie manquante en raison de la fracturation thermique. La perle présente des facettes périphériques irrégulières, probablement sept à l’origine. De telles perles en cornaline ont été produites en Inde depuis la civilisation de l’Indus jusqu’à aujourd’hui (Roux 2000).

9.5.3 Perles en cristal de roche

100Deux perles façonnées en quartz hyalin ont été collectées. La première43 est de forme biconvexe allongée, présentant six facettes longitudinales légèrement torses et irrégulières. La seconde44 est de forme biconvexe allongée, montrant six facettes longitudinales légèrement torses. Notons que des perles biconiques en quartz découvertes en contexte archéologique médiéval sur le site de Harlaa, dans l’Est éthiopien, percées mais non encore polies, suggèrent très fortement une production locale (peut-être à partir d’un matériau importé) (Insoll et al. 2017, 36-37).

9.5.4 Perles en test

101Quatre perles en test ont été collectées à Nora. Deux45 sont de type discoïde. La première est plano-convexe ; la perforation ovalaire a été réalisée depuis la face concave. La seconde est brisée. Une troisième perle46 en test est de forme rhomboïdale aplatie ; sa perforation axiale, plus ou moins tubulaire, a été entreprise depuis chaque extrémité. La quatrième perle47 en test, en forme de rondelle épaisse, est très arrondie et asymétrique ; sa perforation est ovalisée, conséquence probable d’une usure asymétrique due à une suspension.

9.6 Les objets métalliques de Nora (Chloé Capel et François-Xavier Fauvelle)

102Outre les objets métalliques et le creuset provenant des niveaux médiévaux assurés (Figs. 9.2, 9.10), les fouilles de Nora ont livré d’autres artefacts en métal (Fig. 9.13). Nous fournissons ici le reste du corpus :

103NOR-08-1-A01-0111-003 : clou « de tapissier », fer ; longueur : 31,1 millimètres ; tête de section carrée de 26 × 23 millimètres.

104NOR-08-1-A02-0110-003 : clou en fer.

105NOR-08-1-A02-0110-015 : clou en fer.

106NOR-08-1-A02-0111-012 : clou en fer.

107NOR-08-1-A02-0111-013 : clou en fer.

108NOR-08-1-A02-0111-014 : fragment d’outil, fer.

109NOR-08-1-B08-0209-001 : lame de couteau, fer ; longueur de la lame : 14 centimètres.

110NOR-08-1-DØØ-0401-008 : fragment d’anneau, fer ; section circulaire.

111NOR-08-1-DØØ-0402-009 : fragment d’anneau, fer ; section circulaire.

112NOR-08-2-B03-TAM-005 : fragment d’outil, fer.

113NOR-08-2-B03-TAM-006 : anneau, alliage de cuivre ; section ovoïde : 2,4 millimètres ; motif de chevrons.

114NOR-08-2-B03-TAM-007 : rondelle percée, alliage de cuivre. Pas de décor observable.

115NOR-08-2-B04-2033-001 : lame de couteau, fer. Longueur de la lame : 14 centimètres.

116NOR-08-4-C01-4007-001 : tige de section carrée (3,8 mm de côté), longue de 42,6 millimètres. Alliage de cuivre. Poinçon ?

9.6.1 Observations générales

117Notons en premier lieu la très faible quantité d’objets en métal retrouvée à l’échelle du site : seulement 27 objets et fragments (sans compter le creuset), parmi lesquels seulement cinq clous ! Cette faible quantité suggère une pratique de récupération et de recyclage systématique des objets usés.

118Deux métaux sont représentés parmi les artefacts récoltés à Nora : le fer et le cuivre (ou alliage cuivreux). Les objets étaient généralement peu corrodés : les cassures récentes laissaient apparaître une importante quantité de métal sain au cœur de la matière. Les objets en fer présentaient une corrosion d’oxydes ou d’hydroxydes de fer (teintes noires à brun-rouge), accompagnée la plupart du temps de produits de corrosion jaunes qui pourraient être des chlorures. Des sulfates (ou carbonates ?), présents également sur quelques objets, ont produit des tâches grises48. Parmi les sept objets en alliage cuivreux, deux49 présentent une couche de corrosion homogène et uniforme bleu-vert d’hydoxycarbonates ou d’hydroxysulfates. Cette couche, elle-même dissimulée sous une gangue de sédiments indurés, semble avoir recouvert une oxydation de cuprite, visible très ponctuellement. Deux objets50 en alliage cuivreux présentent des taches blanches très localisées : il s’agit soit de chlorures cuivreux, soit de produits de corrosion issus du métal allié au cuivre. La seconde option paraît plus vraisemblable, l’étain et le plomb étant les deux métaux dont les corrosions les plus fréquentes sont de couleur gris-blanc (oxydes d’étain, chlorures d’étain ou de plomb, carbonates et sulfates de plomb). L’étain est l’élément complémentaire le plus probable : localement, des produits de corrosion brun-jaune pourraient être des oxydes d’étain hydratés. Un dernier objet en alliage cuivreux51 attire l’attention par la particularité de sa corrosion. Très peu altérée, cette tige de section carrée présente une oxydation très fine de couleur noire et mate qui ne perturbe pas la surface de l’objet. Il s’agit probablement d’une réaction de passivation du métal, relativement courante sur les alliages cuivreux à l’air libre, plus rare sur les objets archéologiques (Mourey 1987, 57). La raison pour laquelle cet objet aurait subi une passivation, à l’inverse des autres artefacts en alliage cuivreux de Nora, reste à déterminer. La présence d’argent dans cet alliage peut avoir été un facteur52.

9.6.2 Outils et autres objets en fer

119Quatre objets en fer peuvent être rangés dans la catégorie des outils aratoires ou artisanaux ; ils sont dotés de dispositifs d’emmanchement (douille ou bouton d’arrêt) qui laissent supposer l’existence originale de manches en bois. Le premier53 est une sorte de pointe relativement effilée dont l’usage était certainement agricole : des ouvriers employés sur le chantier de Nora possédaient le même type d’outil, fixé sur un manche en bois coudé, et le maniaient pour retourner les pierres dans les champs ou aérer les sols (Simoons 1958, 391-392). Un autre outil en fer54 semble avoir été un tranchant de hache ou de houe, à moins qu’il ne s’agisse d’un objet destiné au travail du bois (Silverman 1999, 113). Du troisième outil55, brisé anciennement, ne subsiste que la douille d’emmanchement. Le quatrième outil56, peut-être consacré aux travaux d’artisanat (travail du cuir, du bois ?), se présente sous la forme d’un racloir muni de cinq dents triangulaires, d’un type assez proche de celui des gradines de sculpteurs. La fonction de trois autres objets en fer ne peut être assurée en raison de lacunes trop importantes ou d’une corrosion trop développée57.

120Trois objets sont vraisemblablement des lames de couteaux. Deux d’entre elles58, intactes et de forme similaire, proviennent des niveaux superficiels dans les secteurs d’habitat. La troisième59, probable lame bien qu’incomplète, provient de manière certaine des niveaux médiévaux de la Maison 2.

121Quatre grands clous60 ont été retrouvés. Ils ont des caractéristiques similaires : tête carrée, pointe de section carrée. Ils ne sont cependant pas parfaitement identiques, ce qui suggère une production à l’unité. Ces quatre clous, les seuls retrouvés, proviennent tous des niveaux superficiels de la Grande Mosquée. On pourrait suggérer qu’il s’agit de témoins de la charpente médiévale effondrée, encore que les vestiges de démolition ont fait l’objet d’un déblaiement postmédiéval, comme l’a montré la fouille61. Ils peuvent aussi être les témoins d’une charpente de substitution ayant couvert la mosquée au cours des derniers siècles. Un cinquième clou62, court et trapu, a une allure toute différente des précédents. Sorte de clou « de tapissier », il a pu avoir une fonction ornementale pour un plafond ou une porte. Notons enfin la présence de deux fragments d’anneaux en fer63 qui n’ont pas de fonction évidente. Leur courbure laisse la possibilité qu’il s’agisse de bracelets. Mais il est tout aussi possible qu’il s’agisse d’éléments d’outils, d’instruments, de harnachements d’animaux, parmi d’autres hypothèses.

9.6.3 Parures et autres objets en cuivre

122Des sept objets en alliage cuivreux découverts à Nora, cinq sont assurément des bijoux. On compte un fragment de bracelet64 sans décor visible à l’œil nu, un anneau65 sobre agrémenté d’un motif de chevrons, et un probable autre anneau 66. Une bague67 témoigne d’un travail plus poussé : elle est ornée d’une pierre ovoïde montée en bâte. La pierre, d’un diamètre de l’ordre d’un centimètre, translucide et d’une teinte gris-bleu, est sans doute du quartz. Enfin, une rondelle percée68 pourrait être un médaillon ou une pendeloque. Peut-être en raison de la corrosion, aucun éventuel décor n’a été décelé. Trois de ces cinq objets, dont la bague sertie, proviennent des niveaux médiévaux de la Maison 2. Les deux autres proviennent du tamisage des sédiments du même secteur : ils peuvent être également médiévaux mais nous ne pouvons le garantir.

123Relevons enfin la présence, parmi le mobilier en cuivre, de deux objets énigmatiques. L’un est la tige69 de section carrée, déjà mentionnée en raison du processus de passivation qu’elle a subie. Nous ne lui connaissons pas d’équivalent, mais notons que cet objet provient d’un secteur du site éloigné des zones d’habitat médiéval et d’une couche archéologique proche de la surface : il pourrait s’agir d’un objet moderne. L’autre70 est un cône creux évoquant un « dé à coudre » (simple appellation morphologique). Il pourrait s’agir d’un cabochon, d’un élément décoratif ou d’un petit réceptacle. Nous n’avons pas de point de comparaison, mais cet objet provient assurément des niveaux médiévaux de la Maison 1.

9.6.4 Des faisceaux de fils de fer : première attestation archéologique de la monnaie appelée ḥakuna ?

124Les niveaux médiévaux de la Maison 2 ont livré trois objets71 très semblables : des faisceaux ou fagots de tiges de fer soudées par la corrosion. Les modules des tiges sont comparables d’un fagot à l’autre : entre 40 et 50 millimètres de longueur pour une section ronde variant de 1 à 2 millimètres de diamètre. Le nombre de tiges, dans chaque fagot conservé, est estimé à environ trente (compté dans NOR-08-2-B05-2038-004) ou cinquante unités (dans les deux autres). Le premier, peut-être incomplet, pèse 8 grammes ; les deux autres ont un poids identique de 23 grammes. Ces objets évoquent une allusion faite par le chroniqueur mamelouk al-‘Umarī au milieu du xive siècle, à propos des systèmes monétaires employés dans les royaumes musulmans d’Éthiopie. Il écrit ceci :

Les habitants de ce pays font, pour la plupart, le commerce par des échanges de moutons, vaches, céréales, etc., sauf dans cinq des climats de la bordure musulmane, c’est-à-dire dans le climat de la cité d’Awfāt, où l’on emploie la monnaie d’or et d’argent, et dans les climats de Dawāro, Arabābni, Sarḥā et Hadya où ils ont une sorte de monnaie appelée ḥakuna, qui est un morceau de fer façonné en forme de longue aiguille : trois mille de ces aiguilles valent un dirham [d’Égypte]. (al-Umarī 1927, 26)

125Ailleurs, al-‘Umarī précise que « les échanges ont lieu en monnaie de fer, dont l’unité s’appelle ḥakuna ; c’est un morceau de fer de la longueur d’une aiguille et de l’épaisseur d’environ trois aiguilles. Il n’y a pas de cours pour les marchandises : une bonne vache se vend cinq mille ḥakunas, un bon mouton trois mille » (al-Umarī 1927, 14). Nous ne reconnaissons pas totalement nos objets dans ces descriptions, mais avouons que la mention du métal (le fer), de sa forme (en aiguille) et de sa quantité (il faut un grand nombre d’aiguilles) peut suggérer que les petits faisceaux de tiges de fer de la Maison 2 sont des ḥakuna. Notons, à titre de comparaison, que des fagots de fils de métal assez similaires, mais en cuivre, ont été documentés par centaines sur le site islamique médiéval de Koumbi Saleh (composante musulmane de la capitale du Ghâna du xie siècle), en actuelle Mauritanie, où ils sont interprétés comme une monnaie divisionnaire (Garenne-Marot et Mille 2004-2005).

Fig. 9.1. Maison 1 : céramique médiévale.

Fig. 9.2. Maison 1 : céramique et autre mobilier médiéval.

Fig. 9.3. Maison 2 : céramique médiévale.

Fig. 9.4. Maison 2 : céramique médiévale.

Fig. 9.5. Maison 2 : céramique médiévale.

Fig. 9.6. Maisons 1, 2, 3 : céramique médiévale.

Fig. 9.7. Maison 2 : coquillages provenant des niveaux médiévaux.

Fig. 9.7 (suite).

Fig. 9.8. Maison 2 : fusaïoles provenant des niveaux médiévaux.

Fig. 9.8 (suite).

Fig. 9.9. Maison 2 : perles (toutes matières) et un objet en verre provenant des niveaux médiévaux.

Fig. 9.10. Maison 2 : objets en métal et un creuset provenant des niveaux médiévaux.

Fig. 9.11. Maison 3 : mobilier divers.

Fig. 9.12. Les coquillages de Nora.

Fig. 9.13. Objets en métal de Nora provenant de divers contextes archéologiques.

Fig. 9.14. Perles de Nora provenant de divers contextes archéologiques.

Notes de bas de page

1NOR-08-2-A02-2004-009 (Figs. 9.1, 9.6).

2NOR-08-2-B04-2036-012 (Fig. 9.3) ; NOR-08-2-B04-2036-013 (Fig. 9.4).

3NOR-08-2-B04-2036-013 (Fig. 9.4).

4NOR-08-2-B05-2038-019 (Fig. 9.3) ; NOR-08-2-A02-2004-009 (Fig. 9.1) ; NOR-08-2-B04-2036-013 (Fig. 9.4).

5NOR-08-2-B02-2045-006 (Fig. 9.5).

6NOR-08-1-B03-0212-002 (Fig. 9.6) ; NOR-08-1-B03-0213 004 (Fig. 9.6).

7NOR-08-2-B02-2035-008.

8NOR-08-2-B04-2036-012 (Fig. 9.3).

9NOR-08-2-B02-2035-015.

10NOR-08-2-A01-2009-008.

11NOR-08-2-B05-2038-018 (Fig. 9.3).

12NOR-08-2-A01-2010-006(Fig. 9.1).

13NOR-08-2-B03-2040-020.

14NOR-08-2-B04-2036-012 (Fig. 9.3).

15NOR-08-2-B04-2036-013 (Fig. 9.4).

16NOR-08-2-B04-2036-013 (Fig. 9.4).

17NOR-08-2-B05-2038-019 (Fig. 9.3).

18NOR-08-2-B04-2062-016 ; NOR-08-2-B02-2054-016 (Figs. 9.4, 9.6) ; NOR-08-2-A01-2010-009 (Figs. 9.2, 9.6) ; NOR-08-1-B03-0213-004 (Fig. 9.6).

19NOR-08-2-B05-2038-023 (Fig. 9.4).

20NOR-08-2-A02-2004-007 (Fig. 9.6) ; NOR-08-2-A02-2004-008 (Fig. 9.6).

21NOR-08-2-B02-2045-006 (Fig. 9.5).

22NOR-08-1-B03-0213-005 (Fig. 9.6) ; NOR-08-2-A02-2010-010 (Fig. 9.6).

23NOR-08-1-B03-0212-002 ; NOR-08-1-B03-0213-004 (Fig. 9.6).

24Description réalisée par Bertrand Poissonnier.

25Description réalisée par Bertrand Poissonnier.

26Des moules de coulée en pierre, vraisemblablement destinés à l’orfèvrerie, ont été signalés sur le site islamique médiéval de Harla ; voir J.-L. Le Quellec, B. Poissonnier et F. Thierry 1999 ; F.-X. Fauvelle et R. Mensan 2011.

27NOR-08-2-B02-2036-024.

28Merci à Hiluf Berhe Woldeyohannes de nous avoir indiqué ces références.

29L’étude qui suit a été rédigée en 2010.

30Au sens de « grain d’enfilage » (bead), et non pas de perle de coquillage (pearl).

31La cote NOR-08-2-B02-ØØØ-025 (Fig. 9.14) comprend deux unités.

32NOR-08-2-B02-ØØØ-007 ; NOR-08-2-B02-ØØØ-017 ; NOR-08-2-B02-ØØØ-025a ; NOR-08-2-B02-ØØØ-025b ; NOR-08-2-B04-2036-008.

33NOR-08-2-B04-2036-008.

34Observations personnelles de l’auteur sur le corpus de perles de ce site (encore inédit).

35NOR-08-2-B03-2040-017.

36NOR-08-1-DØØ-0401-004.

37NOR-08-2-B01-2033-001 ; NOR-08-2-B03-2040-011.

38NOR-08-2-B03-2040-018 ; NOR-08-2-B02-ØØØ-024 ; NOR-08-1-DØØ-0401-006.

39NOR-08-1-DØØ-0401-006.

40NOR-08-2-B03-2040-008 ; NOR-08-2-B02-ØØØ-018.

41NOR-08-1-DØØ-0401-007.

42NOR-08-2-B03-2040-010.

43NOR-08-2-B04-2036-006.

44NOR-08-2-B03-2040-009.

45NOR-08-1-DØØ-0401-005 ; NOR-08-2-B02-ØØØ-022.

46NOR-08-2-A01-2020-013.

47NOR-08-2-B03-2037-016.

48Sur NOR-08-1-A01-0111-003 ; NOR-08-1-A02-0110-003.

49NOR-08-2-A01-2010-004 ; NOR-08-2-B03-TAM-006 (provenant du tamisage de l’US 2037).

50NOR-08-2-B03-2037-001 ; NOR-08-2-B05-2038-007.

51NOR-08-4-C01-4007-001.

52Les sulfures d’argent, de couleur noire, peuvent constituer une couche de passivation efficace.

53NOR-08-2-B05-2038-010.

54NOR-08-2-B03-TAM-005 (provenant du tamisage de l’US 2037).

55NOR-08-2-B05-2038-002.

56NOR-08-2-B05-2038-003.

57NOR-08-1-A02-0111-014 ; NOR-08-2-A02-2004-011 ; NOR-08-2-B05-2038-008.

58NOR-08-1-B08-0209-001 ; NOR-08-2-B04-2033-001.

59NOR-08-2-B05-2035-001.

60NOR-08-1-A02-0110-003 ; NOR-08-1-A02-0110-015 ; NOR-08-1-A02-0111-012 ; NOR-08-1-A02-0111-013.

61Voir cet ouvrage, chap. 6, section « La Grande Mosquée ».

62NOR-08-1-A01-0111-003.

63NOR-08-1-DØØ-0401-008 ; NOR-08-1-DØØ-0402-009.

64NOR-08-2-B05-2038-009.

65NOR-08-2-B03-TAM-006.

66NOR-08-2-B03-2037-001.

67NOR-08-2-B05-2038-007.

68NOR-08-2-B03-TAM-007.

69NOR-08-4-C01-4007-001.

70NOR-08-2-A01-2010-004.

71NOR-08-2-B05-2038-004 ; NOR-08-2-B05-2038-005 ; NOR-08-2-B05-2038-006.


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