Introduction
p. 13-15
Entrées d’index
Mots-clés : enquête longitudinale, inégalités, cheminement scolaire, cheminement professionnel
Keywords : longitudinal survey, inequalities, school paths, occupational paths
Texte intégral
1. Trente journées du longitudinal
1Ces trentièmes journées du longitudinal peuvent en premier lieu être l’occasion d’un regard rétrospectif sur ce colloque, qui a ponctué la vie scientifique du Céreq et ses différents partenaires depuis 1994. Les journées du longitudinal, comme leur nom l’indique, se caractérisent par une entrée méthodologique, le longitudinal, sans pour autant imposer une approche qui serait supérieure aux autres et qui serait supposée mieux capter la dynamique du longitudinal. Les débats ont souvent été très riches entre les spécialistes des méthodes quantitatives, plus nombreux au début, et les spécialistes des méthodes qualitatives qui sont rapidement montés en puissance. Ils ont parfois été soutenus au sein même des méthodologies quantitatives entre celles et ceux qui privilégiaient des analyses basées sur des typologies de trajectoires et d’autres optant pour des modélisations économétriques et statistiques plus standards en économie et sociologie quantitatives. Mais ces journées ne peuvent pas se résumer à de simples querelles de spécialistes du monde de la recherche. Depuis leur création, en associant le monde académique et des acteurs institutionnels, producteurs ou utilisateurs de données longitudinales, elles ont également permis de penser à la manière de diffuser dans le débat public les résultats issus de ces données. Cette préoccupation était d’ailleurs centrale pour les deux initiateurs de ces journées, Maurice Ourtau et Patrick Werquin, à Toulouse, en 1994, qui précisaient en introduction des premières journées « la question du passage des outils ou même des résultats de la recherche scientifique à la décision de politique économique devient de plus en plus cruciale. Ce lien est d’autant plus important qu’une dichotomie ressort entre les outils développés par la recherche et l’utilisation que peuvent en faire les décideurs : la complexité des premiers nuit à une bonne appropriation des résultats par les seconds
» (Ourtau & Werquin, 1994, p. 7).
2Le succès de ces journées ne s’est pas démenti depuis. Moins exclusivement centrées sur le marché du travail, elles ont porté leur regard sur l’école, la formation tout au long de la vie, la transition à l’âge adulte, l’action publique… Si l’économie et la sociologie ont souvent été les disciplines dominantes pour de nombreux auteurs, elles ont également intégré d’autres disciplines comme la géographie, les sciences de l’éducation, la gestion… Les débats opposant des cadres théoriques ou disciplinaires différents ont souvent été considérés comme secondaires par rapport aux questions méthodologiques, même s’ils ne doivent pas être négligés. Lors d’un bilan d’étape de ces journées, réalisé par Alain Degenne et José Rose, après les sixièmes journées du longitudinal, José Rose expliquait, à juste titre, le succès de ces journées par l’intérêt et la puissance de l’outil, le longitudinal : « Je dirai que les analyses longitudinales sont prisées parce qu’elles ont un objet et une ambition clairement affichés : donner du sens aux trajectoires. Pour autant, elles ont des limites et ne dispensent pas d’un travail de fond sur les notions et les méthodes mises en œuvre. L’outil du longitudinal, par la puissance qu’il autorise, nous renvoie à la question traditionnelle de la recherche : l’écartèlement entre la complexité, la singularité de l’individu et la recherche de tendances, de types, d’idéaux-types.
» (Degenne, Rose & Fournier, 1999, p. 69).
2. Des journées au centre associé Céreq de Dijon, l’IREDU
3Une particularité de ces journées du longitudinal a été d’être presque systématiquement organisées par le réseau des centres associés au Céreq, 27 journées pour les centres associés et 3 par le Céreq Marseille. Ce n’est pas un hasard si l’IREDU, centre associé au Céreq de Dijon, a régulièrement organisé ces journées et nous accueille pour cet anniversaire, tant le longitudinal a été central dans le développement de ses recherches. Pour ne citer qu’un exemple, on peut se référer aux travaux pionniers de Duru-Bellat et Mingat (1993), qui ont permis de comprendre selon quel calendrier et à quels niveaux se structuraient les différenciations sociales dans les parcours de formation en France.
4Notons que ces journées seront également l’occasion de la remise d’un prix de thèse, le neuvième prix Jean-Claude Eicher pour le développement de la recherche en éducation. Jean-Claude Eicher, fondateur de l’IREDU, professeur de sciences économiques puis de sciences de l’éducation était persuadé bien avant la création de nos journées de l’intérêt des données longitudinales pour l’analyser l’insertion des diplômés du supérieur (Eicher & Paul, 1981).
5Mais ce colloque sera également l’occasion de découvrir la richesse et la diversité des travaux actuels de l’IREDU qui seront présentés durant ces deux journées. Un grand merci au centre associé, au laboratoire et à l’Université de Bourgogne Europe pour leur accueil et l’organisation du colloque.
3. Les inégalités scolaires et professionnelles
6Le thème de ces trentièmes journées est à la fois évident et ambitieux. On peut considérer que la double compréhension des inégalités scolaires et professionnelles est un objectif récurrent dans les travaux menés par le Céreq, depuis plus de cinquante ans, objectif qui a été largement présent depuis 1994 dans les journées du longitudinal. Sous le prisme du genre, de l’origine sociale ou du territoire, ces inégalités structurent les parcours scolaires, depuis la maternelle jusqu’à la fin des études, puis les parcours professionnels. Les enquêtes du Céreq sur la formation initiale comme sur la formation continue ont contribué à documenter ces inégalités en cherchant à comprendre comment les processus de sélection et d’autosélection affectaient cette dynamique. Bien entendu et heureusement, ces journées ne se limitent pas à une seule source de données. Le recours à de nouvelles données d’enquêtes, qualitatives ou quantitatives, mais aussi à des données administratives, en France et à l’étranger, fait tout l’intérêt de ces journées.
7L’ambition de ces trentièmes journées est également de porter un nouveau regard sur les inégalités dans trois directions : les liens qui peuvent être faits entre les différentes inégalités, les méthodes pour appréhender et mesurer ces inégalités et enfin, ce que l’on pourrait presque qualifier d’anomalies dans la dynamique de ces inégalités. Ces journées seront l’occasion de déterminer s’il s’agit réellement d’un renouvellement du regard porté sur ces questions. Il est toutefois intéressant de constater, à travers les différentes contributions, l’émergence de nouveaux outils, de nouvelles données, de nouvelles thématiques et de nouvelles interrogations scientifiques. À cela s’ajoute une ouverture internationale sur des terrains québécois, belges, brésiliens ou italiens qui nous proposent une autre lecture de ces inégalités.
8Enfin, il convient de remercier chaleureusement tous les intervenants qui présenteront leurs travaux, ainsi que l’ensemble des participants qui viendront les écouter, les discuter et contribuer à leur diffusion.
Bibliographie
Degenne, A., Rose, J., & Fournier, C. (1999). Nouvelles du longitudinal : échange entre Alain Degenne et José Rose, animé par Christine Fournier. Formation Emploi, 68(1), 69-75.
Duru-Bellat, M., & Mingat, A. (1993). Pour une approche analytique du fonctionnement du système éducatif. Paris : PUF.
Eicher, J.-C., & Paul J.-J. (1981). Analyse et confrontation des résultats de quelques enquêtes longitudinales. Communication au colloque L’insertion des jeunes à la sortie des études post-secondaires. Institut des sciences du travail de la faculté des sciences économiques sociales et politiques de l’Université catholique de Louvain, Louvain.
Ourtau, M., Werquin P. (1994). L’analyse longitudinale du marché du travail. Actes des 1ères JDL, Toulouse, 7 et 8 mars 1994. Marseille : Céreq, collection « Documents » (no 99), série « Séminaires ».
Auteur
-
Jean-François Giret
Directeur général du Céreq.

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