Contexte

1La décohabitation du domicile parental et l’insertion professionnelle représentent des transitions critiques vers l’âge adulte et l’accès à l’autonomie (Jauneau & Venet, 2023). Plusieurs facteurs influent sur les situations de cohabitation des jeunes au cours et à la fin de leurs études, ainsi que sur la manière dont ils décohabitent et entrent dans la vie active. Outre le niveau de diplôme obtenu à la sortie des études, très lié à l’âge, les trajectoires d’insertion professionnelle et de décohabitation diffèrent entre les sortants des études générales et professionnelles. Avoir connu une acculturation au monde de l’entreprise, via l’alternance ou un stage par exemple, sont des facteurs favorisant les trajectoires en emploi (Joseph et al., 2023) et de décohabitation précoce pendant les études (Joseph & Rinallo, sous presse). Toutefois, l’allongement des études et l’accès à l’emploi stable et durable exposent de plus en plus les jeunes à une dépendance prolongée vis-à-vis des ressources économiques de la famille d’origine (Castell et al., 2016). L’apport financier des parents devient à la fois un facteur supplémentaire de distinction des modes décohabitation en couple, en « solo » et en colocation et un facteur d’inégalités intragénérationnelles. Ce constat souligne la forte hétérogénéité de la population juvénile et se manifeste par une plus grande complexité dans l’imbrication des trajectoires professionnelles et de décohabitation (Cordazzo, 2018), et par la réversibilité des séquences qui les constituent.

Problématique

2À partir du constat que quitter le foyer parental n’est pas nécessairement synonyme d’émancipation financière et que l’accès à l’emploi n’est pas davantage synonyme de décohabitation systématique, comment les séquences de décohabitation et de transition études-emploi désynchronisées et destandardisées s’articulent-elles les unes aux autres et définissent des trajectoires type d’accès à l’autonomie ? Certaines caractéristiques des profils et des parcours (genre, origine sociale, disparités de soutiens parentaux ou institutionnels reçus, difficultés rencontrées) influencent-elles particulièrement le rattachement à un modèle de trajectoire type ? Les travaux comportent une dimension méthodologique importante et des enjeux spécifiques liés à la mobilisation de données inédites du dispositif sur l’entrée dans la vie adulte (EVA 2007).

Méthodologie

Résultats attendus

5S’agissant de la première exploitation des résultats complets du panel, la première étape consiste à vérifier la possibilité d’adapter la méthode aux spécificités de la source : construction des variables d’état pour les analyses de séquences, gestion des non-réponses une année donnée et des non-réponses partielles, pondérations appropriées de l’échantillon, choix d’une matrice de coûts de substitution pour l’appariement optimal, sélection de variables non millésimées susceptibles d’expliciter les typologies, etc. Plusieurs types de trajectoires études-emploi marqués par une sortie plus ou moins rapide des études et une insertion plus ou moins rapide ou réussie dans l’emploi stable sont attendues. De même, plusieurs types de trajectoires d’accès à un logement autonome sont susceptibles de se profiler et de se caractériser par des séquences de décohabitation plus ou moins tardives, plus ou moins définitives et plus ou moins facilitées par l’aide des parents. La combinaison des deux dimensions pourra également faire apparaître des correspondances entre type d’insertion et type de décohabitation.